Prenons un pays qui est très avancé à l’époque médiévale. Prenons ses classes sociales et considérons les toutes comme hautement combatives.
On a alors la situation en Bohême au début du XVe siècle : la royauté puissante luttant pour établir la monarchie absolue, la noblesse tentant d’arracher au clergé ses propriétés terriennes, la bourgeoisie essayant d’arracher des prérogatives aux patriciens par ailleurs puissants dans les villes, les artisans et commerçants bataillant pour s’affirmer…
Et, plus de 350 ans avant Gracchus Babeuf en France, une plèbe en quête d’une république sociale. Cela donna, il y a six cent ans de cela, des masses issues de tisserands, d’artisans, de paysans, pratiquant la guerre de guérilla pour établir l’égalité sociale la plus complète, dans le collectivisme.
C’est une période formidable, d’une importance historique capitale. D’ailleurs, la tempêtehussite – terme venant de Jan Hus, prédicateur rejetant la hiérarchie au sein de l’Eglise, ainsi que l’intervention politique de celle-ci – pava directement la voie à Martin Luther.
À côté de Martin Luther, on trouvera également Thomas Müntzer, l’autre titan de la Réforme allemande, qui développait des thèmes collectivistes directement en référence à la révolution « taborite », du nom d’une colline de Bohême où les paysans en armes avaient établi une communauté égalitaire…
8 décembre 2015
Prenons un pays qui est très avancé à l’époque médiévale. Prenons ses classes sociales et considérons les toutes comme hautement combatives. On a alors la situation en Bohême au début du 15e siècle : la royauté puissante luttant pour établir la monarchie absolue, la noblesse tentant d’arracher au clergé ses propriétés terriennes, la bourgeoisie essayant […]
10 décembre 2015
« Pour rendre plus clairs les principes exprimés par Aristote et aussi pour résumer toutes les manières d’instituer les autres types de gouvernement, nous dirons que tout gouvernement s’exerce avec le consentement de sujets ou non. Le premier est le genre des gouvernements droits, le second le genre des gouvernements déviants. » (Defensor pacis, I, […]
12 décembre 2015
Après Marsile de Padoue, c’est l’anglais John Wyclif qui va de nouveau mettre en avant la thèse de la prédominance de la royauté sur l’Église. Ayant étudié à Oxford, puis devenu docteur en théologie en 1371/1372, John Wyclif étudia par la suite la philosophie dans l’esprit dominant à Oxford, opposé au « nominalisme » dominant […]
14 décembre 2015
Le royaume des pays tchèques est issu d’une Grande Moravie formée à l’ombre de l’empire fondé par Charlemagne, à la fin du 9e siècle. Se livrant au christianisme avec Rastislav puis Sventopluk, le royaume englobait les actuelles Moravie, Bohême, Slovaquie, Hongrie nord-occidentale et une partie orientale de l’Allemagne. La Grande Moravie s’est effondrée sous le […]
16 décembre 2015
À la fin du Moyen-âge, on était dans l’époque où les masses font irruption dans la religion, après les périodes romane et gothique. Une grande figure de la prédication fut Konrad von Waldhausen, mort en 1469, qui depuis Prague irradia au-delà même de la Bohême. Autrichien d’origine, il critiquait les ordres mendiants pour leur mode […]
18 décembre 2015
Thomas Stitny (environ 1333-1406) a eu une conception qui va directement paver la voie au protestantisme. Lorsque Thomas Stitny explique que « À la nuit succède le jour qui nous éclaire et nous invite au travail », il formule déjà de manière synthétique la philosophie de la Réforme, celle de la bourgeoisie naissante. Issu d’une […]
19 décembre 2015
Le mouvement de critique de l’Église possédait ainsi à la fin du XIVe siècle une véritable tradition, une véritable force idéologique. En 1394 le mouvement réformateur possédait même sa propre église à Prague, construite en trois années, faisant 800 m² et pouvant faire se rassembler 3000 personnes: la chapelle de Bethléem, où le prêche était […]
21 décembre 2015
Né vers 1370, Jan Hus est celui qui a synthétisé les prédications pragoises et formulé celles-ci politiquement sous la forme d’un averroïsme politique ouvert, mais cependant religieux, dans une perspective de morale individuelle. Il n’y a en effet pas de classe matérialiste au 14e siècle, puisqu’il n’y a pas de classe ouvrière. Aussi, la bourgeoisie […]
23 décembre 2015
La mise à mort de Jan Hus fut un véritable détonateur. Lors de son procès à Constance, Jan Hus ne se rétracta jamais et il devint le grand martyr de la cause anti-Église en pays tchèque. Lors de son procès, ce furent d’ailleurs 250 membres de la petite et moyenne noblesse qui protestèrent, puis un […]
25 décembre 2015
Dans les campagnes, le processus de diffusion des idées hussites prit davantage de temps qu’en ville, en raison du manque de communication et des efforts de la réaction pour empêcher le mouvement d’éclore. Le mouvement lancé était cependant irréversible, et à partir du printemps 1419 des rassemblements se firent sur les collines et les hauteurs, […]
28 décembre 2015
L’organisation militaire hussite s’appuya principalement sur une grande figure : Jan Žižka (environ 1360-1424). Ayant fait ses armes en Pologne, sous le condottiere morave Jan Sokol de Lamberk, il était retourné à Prague et avait été nommé chambellan de la reine. En 1419, il avait pris part à la journée du 30 juillet et était […]
29 décembre 2015
Tabor comme lieu de rassemblement de masse fut le lieu d’une effervescence sans pareil. Les prêcheurs populaires-révolutionnaires avaient réussi à synthétiser une ligne pour mobiliser les masses. L’objectif révolutionnaire était clair, et ce d’autant plus que la contre-révolution était d’une grande force. Cela produisit en réaction une grande élévation du niveau politico-militaire des masses taborites. […]
31 décembre 2015
Tabor, en tant que lieu d’effervescence populaire, disposait également d’une démarche communiste. Dans les villes de Pisek, Wodnian et Tabor, des organisations communistes se développèrent, parvenant à prendre le pouvoir à Tabor. La région disposait d’une petite industrie aurifère et de tisserands ; les revendications communistes existaient dans la région depuis plusieurs années déjà. Le […]
2 janvier 2016
Les Taborites les plus radicaux ne disposaient pas d’un mode de production adéquat par rapport à leurs exigences. S’ils anticipaient le communisme futur, leur démarche revenait cependant à se précipiter dans le passé, dans un égalitarisme étant celui du premier christianisme, dans l’esprit du communisme primitif. Cette situation d’arriération bloquait la compréhension de la lutte […]
4 janvier 2016
L’une des grandes faiblesses de la révolution taborite est de ne pas avoir su se lier aux gueux des villes. Mais, après l’écrasement du communisme taborite, Jan Žižka put réussir à collaborer avec Jan Želivský afin de combattre les villes de Bohême encore contrôlées par le patriciat et le haut clergé. Le grand succès de […]
5 janvier 2016
L’Église catholique était une force développée, avec un parcours historique profond ; elle tenta ainsi de se montrer plus habile que les forces nouvelles, en appuyant autant que possible l’opportunisme. Elle louvoya autant que possible et appuya la noblesse hussite, qui était prête à abandonner les Quatre articles de Prague, à part la communion sous […]
7 janvier 2016
Pour bien marquer la fin de la question hussite, l’Eglise catholique organisa la signature, lors d’un Concile à Bâle en 1436, les Compactats de la Bohême hussite, avec l’accord de l’empereur Sigismond : l’hussitisme se voyait reconnu partiellement. L’Eglise catholique avait alors perdu la grande majorité de ses propriétés foncières. Cependant, une nouvelle dynastie se […]
9 janvier 2016
Voici, à titre d’illustration, le Prager Anschlag (Manifeste de Prague) de Thomas Müntzer. « Moi, Thomas Müntzer, natif de Stolberg et résidant à Prague, la ville du saint et valeureux combattant Jean Huss J’ai l’intention d’emplir d’un chant nouveau à la louange de l’Esprit-Saint les trompettes éclatantes qui sonneront le mouvement. De tout mon cœur […]