cahiers d’éducation communiste – juin 1973

ucmlb_cahier_ec.jpgUNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LÉNINISTES) DE BELGIQUE

DÉNONÇONS JUSQU’AU BOUT LE NÉO-RÉVISIONNISME SCISSIONNISTE !

Quand le « Parti communiste de Belgique » (Voix du Peuple) néo-révisionniste a, en 1966-67, ouvertement rejeté le marxisme-léninisme en s’opposant à la Révolution culturelle et en attaquant le Parti du Travail d’Albanie, deux groupes ont abandonné le navire en perdition : le « Parti communiste de Belgique (marxiste-léniniste) » (L’Exploité) et le « Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique » (Clarté). Ils se déclarèrent les « représentants authentiques du marxisme léninisme en Belgique » et prétendirent chacun être le Parti du prolétariat.

En réalité, ces deux soi-disant « Partis marxistes-léninistes » ont repris la succession de la trahison grippiste : les Partis qu’ils ont tenté de remettre sur pied sont des Partis néo-révisionnistes.

Le néo-révisionnisme est la forme la plus récente du révisionnisme, celle qui agite le drapeau rouge de la pensée de Mao Tsétoung pour mieux la combattre. Il est, au sein du mouvement marxiste-léniniste, l’ennemi principal du communisme, celui qui a pris la forme la plus dangereuse, la plus subtile : le néo-révisionnisme est la bourgeoisie s’avançant sous e masque du marxisme-léninisme.

Le néo-révisionnisme fait grand cas de sa prétendue « appartenance » à la tradition communiste de Belgique. Il se donne pour « L’héritier des traditions révolutionnaires et les fruits de la lutte contre la dégénérescence révisionniste (des deux « PCB ») » : il se présente comme le continuateur des aspects positifs qu’eut autrefois le « PCB » révisionniste et de ceux qu’il attribue au « PCB » néo-révisionniste ; en même temps, il serait le critique des aspects négatifs de ces Partis. Mais, en réalité, il n’est ni l’un ni l’autre, et il ment deux fois. Les néo-révisionnistes n’ont pas la moindre trace de la combativité, du dévouement, de l’abnégation qu’eurent beaucoup de membres du PCB pendant les premières décennies de son existence ; en revanche, l’esprit de trahison qu’ils alimentèrent largement au « PCB » après la guerre et ensuite au « PCB » (Voix du Peuple), chez leur frère de classe Grippa.

La véritable façon de continuer la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier belge est d’en dresser le bilan scientifique pour en tirer les leçons positives et négatives, animés de l’idéal de servir le peuple sur la base du marxisme-léninisme. Ce sont les tâches que les marxistes-léninistes ont commencé à accomplir et que les néo-révisionnistes ont toujours rejetées.

Les organisations marxistes-léninistes véritables, qui se sont formées en s’opposant au révisionnisme moderne et qui, depuis leur origine, ont refusé de reconnaître en le « PCBML » et le « PCMLB » le Parti marxiste-léniniste, aujourd’hui se renforcent en luttant pour leur unité, en construisant le programme scientifique du prolétariat, en se liant à la classe ouvrière et en organisant son avant-garde. En se démarquant de plus en plus nettement avec tous les traîtres au prolétariat, elles posent solidement les bases idéologiques du Parti.

L’UC(ML)B a fait en 1972 l’analyse concrète et le bilan du parti grippiste et de ses héritiers, le « PCBML » et le « PCMLB ».

Sentant son existence compromise par cette critique et par les progrès théoriques et pratiques du véritable mouvement marxiste-léniniste, le « PCMLB », pour réaffirmer sa respectabilité de « PC », a tenu en juillet de l’année passée un « congrès » qui a adopté un « programme » et des « statuts ». Dans sa dernière brochure « Sur la construction du Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique » le « PCMLB » précise la tactique actuelle du néo-révisionnisme : faire le front commun Clarté-L’Exploité contre le communisme et contre l’édification du véritable Parti. L’Exploité, de plus en plus divisé et de plus en plus démasqué, a entendu cet appel et vient de conclure avec ses confrères de Clarté une alliance pour essayer de renforcer leur cause commune contre le marxisme-léninisme et la classe ouvrière.

Craignant par-dessus tout la critique et la lutte idéologique, le « PCBML » et le « PCMLB » ne se sont pas risqués à s’adresser aux organisations marxistes-léninistes autrement que par des insultes et des calomnies. Clarté et l’Exploité savent que la critique leur apporte la mort. Ils s’efforcent donc encore plus de tromper les militants honnêtes et l’avant-garde de la classe ouvrière, ainsi que le mouvement communiste (marxiste-léniniste) international.

L’existence des imposteurs néo-révisionnistes est un obstacle à l’unification nationale et internationale des marxistes-léninistes, dans la mesure où ils sont encore à même de semer la confusion sur leur compte. Les Partis néo-révisionnistes sont des Partis scissionnistes. « Est scissionniste celui qui applique un programme et une ligne allant à l’encontre de la volonté révolutionnaire et les intérêts fondamentaux du prolétariat et des masses travailleuses » (Les dirigeants du PCUS – les plus grands scissionnistes de notre temps, Débat sur la ligne générale du mouvement communiste international, p. 329).

Pour qu’un Parti communiste puisse se créer, la condition essentielle à remplir au préalable est de vaincre la contre-révolution à l’intérieur, l’ennemi qui s’oppose le plus directement aux marxistes-léninistes en se parant faussement de toutes leurs armes : l’idéologie prolétarienne, le socialisme scientifique.

Les communistes ont le devoir de déjouer le complot contre-révolutionnaire des néo-révisionnistes.

Cette brochure d’éducation poursuit deux objectifs : démasquer Clarté et L’Exploité jusqu’au bout, en soumettant leur ligne et leurs actes à la critique du marxisme-léninisme ; sur la base de cette critique, renforcer l’unité idéologique des communistes authentiques et contribuer ainsi à l’édification du Parti.

Juin 1973

I. LE CONGRES DU « PCMLB » (CLARTÉ) A « SYSTÉMATISÉ » LA LIGNE NOIRE
AU SEIN DU MOUVEMENT MARXISTE-LÉNINISTE

Clarté présente « sans fausse modestie » les documents de son congrès comme « un outil précieux de la construction du Parti révolutionnaire prolétarien et de son édification, dans la réalisation de l’unité des marxistes-léninistes » (Sur la construction du Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique, p. 3). Pour imposer la thèse selon laquelle le « PCMLB » serait le véritable Parti communiste de Belgique, Clarté explique qu’il est issu de la tradition communiste belge (c’est-à-dire du « PCB » révisionniste et du « PCB » néo-révisionniste), qu’il aurait eu « le mérite historique » d’avoir démasqué Grippa devant le mouvement communiste belge et international, et que depuis lors une « lutte idéologique longue et ferme » au sein du Parti aurait assuré la victoire à une « ligne de gauche », la « ligne marxiste-léniniste ». C’est cette « ligne de gauche » qui présente aujourd’hui le bilan de la lutte et l’ensemble de ses positions politiques.

Chacune des affirmations du « PCMLB » sur son histoire est trafiquée et chacune de ses positions est une tromperie révisionniste.

1. L’IDÉOLOGIE DU « PCMLB » EST L’IDÉOLOGIE BOURGEOISE

A. LE RÔLE DES DIRIGEANTS ACTUELS DU « PCMLB » DANS L’ANCIEN PARTI GRIPPISTE (1964-1967) ; LA RUPTURE AVEC LE GRIPPISME ET LA CONFÉRENCE DE LA LOUVIÈRE (NOVEMBRE 1967)

Les dirigeants du « PCMLB » ont fait partie de la direction du « Parti communiste de Belgique » et du Parti grippiste. Ils ont eu une responsabilité importante dans l’imposture de ces Partis, ils ont directement collaboré à cette trahison de la classe ouvrière, à cette oppression de centaines de révolutionnaires honnêtes.

Quelle est leur attitude actuelle devant ce fait qu’ils ne peuvent nier ?

A aucun moment – ni lors de la scission ni plus tard dans leur congrès – ils n’ont fait une autocritique sincère et sérieuse de leur crime.

Aussi, le passé est un boulet qu’ils traînent depuis 1967 et qui devient de plus en plus lourd à mesure que la critique communiste du néo-révisionniste s’approfondit et s’amplifie dans le mouvement.

Pour s’en affranchir, ils multiplient les fausses autocritiques et les déclarations mensongères.

Essayant de justifier la participation au Comité central de Grippa, Clarté ose écrite que « Le comité central était court-circuité, on lui mentait. Mais il a commis la lourde faute de laisser faire sans réagir : il a tardé à prendre conscience des réalités » (Congrès, p. 34). Le comité central du Parti communiste centralise les idées justes des masses et des membres du Parti ; armé de la théorie marxiste-léniniste et d’une vigilance de classe à toute épreuve, il forge les plans de guerre du prolétariat et le guide jusqu’à la victoire finale. Le Comité central du Parti communiste est le quartier général de la révolution. Mais les futurs dirigeants du « PCMLB » se laissaient faire » par Grippa, « sans réagir ». Aujourd’hui ils ont l’audace de plaider « l’inconscience ». Ce fut une « lourde faute », disent-ils. « Lourde faute » qu’ils se gardent bien de définir et de critiquer d’une façon révolutionnaire, en partant des intérêts de la classe ouvrière. A quelle idéologie obéissaient donc ces membres inertes d’un comité central révisionniste ? Et à quelle idéologie continuent-ils à obéir aujourd’hui pour insulter de la sorte le prolétariat ?

Toutefois, dit le « PCMLB », « quand Grippa eut trahi ouvertement (…), le comité central encore que tardivement a eu le mérite de se révolter et de porter la discussion dans les organisations existantes. Des jeunes (une minorité) à Bruxelles se sont révoltés spectaculairement. » (p. 35) C’est faux. La vérité historique est que lorsque Grippa a trahi ouvertement, les jeunes révolutionnaires sont montés à l’assaut et une partie du Comité central les suivit de façon opportuniste, parce qu’il savait la cause grippiste perdue et qu’il voulait renflouer l’épave à son profit, faire du grippisme sans Grippa. Tous les agissements du « PCMLB », de 1967 à aujourd’hui, le prouvent.

En novembre 1967, Clarté « rompit » donc avec Grippa et tint une conférence nationale à La Louvière.

A propos de ces opérations, les dirigeants du « PCMLB » mêlent le blanc et le noir, à la manière de leur maître Liou Chao-chi, pour pouvoir conclure par un bilan « positif ».

« La conférence de La Louvière s’est déroulée dans une confusion totale et sans débat idéologique en profondeur, sans auto-critique réelle. Ce qui réunissait les participants, c’était la défense de la Chine socialiste et du camarade Mao Tsétoung, calomniés par Grippa (…). Cela était certainement très important, mais c’était bien insuffisant ! Aucune analyse de la situation en Belgique n’a été faite. On doit avoir le courage de dire, parce que l’expérience l’a prouvé, que bien peu de camarades comprenaient les apports de la Grande Révolution culturelle prolétarienne (…).

En fait, la porte du Parti était grande ouverte à tous les courants révisionnistes existants : spontanéistes, opportunistes tant de « gauche » que de droite, charriant les conceptions du sectarisme et du libéralisme.

Ces courants se sont manifestés jusqu’au sein du comité central où tout travail devenait difficile, sinon impossible. Le Comité central, au lieu de diriger le Parti, était devenu un club de discussions stériles et vaines, au niveau idéologique très bas » (p. 42).

C’est dans cette situation que le Comité central aurait acquis « le mérite historique (…) d’avoir démasqué Grippa aux yeux des marxistes-léninistes, des révolutionnaires et des travailleurs de Belgique et du monde entier, de l’avoir tué politiquement » (p. 35) et qu’il aurait pris « des décisions capitales » à propos de la reconstruction du Parti (p. 140). Ces victoires « historiques » ont été remportées par une conférence qui n’avait été préparée « par aucun débat idéologique » et qui s’est « déroulée dans une confusion totale » ! Un tel mépris de la révolution et de la théorie marxiste-léniniste doit trouver son « excuse » dans « la volonté de faire vite » (p. 140) ! La lutte entre le futur Comité central et les jeunes révolutionnaires est décrite de la même façon opportuniste. D’une part, le « PCMLB » reconnaît qu’il n’a pas « provoqué de débat idéologique » (p. 135) et avoir fait la scission de façon bureaucratique (p. 141) avec des « camarades qui dans leur immense majorité voulaient la révolution » ; d’autre part, il décide cyniquement que « sans doute la rupture était inévitable » (p. 35).

Les contradictions dans lesquelles le « PCMLB » s’enferme lui-même par ses récits embarrassés et hypocrites, démontrent la nature de classe de toute son entreprise. Aussi, ce que le « PCMLB » dit aujourd’hui de la construction du Parti grippistes, s’applique mot pour mot à la construction de son propre Parti.

« Le Parti fut reconstruit à la hâte, sans débat idéologique (…). La ligne de ce Parti consistait à peindre en rouge tous les slogans des révisionnistes (…) » (p. 34). « Il n’y eut aucune analyse de la dégénérescence révisionniste du PCB, parce que (…) il n’existait aucune unité idéologique dans le Parti. La conférence de Bruxelles (…) était une immense duperie. » (p. 139).

Le « PCMLB » recommença ainsi en petit ce que le « PCB » (Voix du Peuple) avait tenté de faire « en grand ». L’idéologie était identique dans les deux entreprises : l’arrivisme, le désir effréné de jouer un rôle « historique » dans le mouvement communiste international.

B. LA LUTTE ENTRE LES DEUX LIGNES AU SEIN DU « PCMLB » (1967-1972)

Quel cours a suivi la « ligne de droite » ?

Le « PCMLB » ne donne nulle part une analyse systématique de cette ligne. Il se contente d’énumérer certaines de ses positions et de ses pratiques :

– Belgique, colonie américaine (p. 18) ;

– lutte pour que les subventions gouvernementales aillent exclusivement aux capitalistes belges (p. 19) ;

– contrôle ouvrier, adhésion au rassemblement des progressistes, fédéralisme, lutte contre l’unité des marxistes-léninistes, électoralisme (p. 35-36) ;

– liste de positions, à la page 141.

La mention de ces positions a en tout cas l’intérêt de bien situer le niveau de la lutte idéologique au sein du « PCMLB ». Il s’agit de positions qui se réclament ouvertement du révisionnisme moderne, du trotskisme, de la social-démocratie, comme le « PCMLB » le dit lui-même (p. 19). C’est à cette ligne qu’il fallut livrer une longue et dure lutte. C’est cette ligne qui « à certains moments » a dominé dans le Parti (p. 6) ! La « lutte » au sein du Parti opposait le révisionnisme moderne au néo-révisionnisme, des révisionnistes de droite à des révisionnistes « de gauche » : ceux-ci craignaient que leurs adversaires, en l’emportant, ne nuisent à la façade, au renom international de leur entreprise, et ils les firent taire.

Quel bilan la « ligne de gauche » (les dirigeants actuels) établit-elle de la lutte ? Le récit de cette lutte est inconsistant et incohérent. Les dirigeants du « PCMLB » s’opposent à ce point à la vérité qu’ils ne parviennent pas à parler d’eux-mêmes sans se contredire à tout moment.

Voici comment ils retracent les données générales des démêlés internes au « PCMLB ».

A les en croire, « La lutte a été longue, dure et difficile. Si on n’avait pas porté la lutte, le Parti serait mort : il n’y aurait plus qu’une amicale de droitiers fatigués, répétant interminablement des slogans sans vie. Au cours de cette lutte, nous nous sommes enrichis considérablement, un effort idéologique a été déployé » (p. 36).

Examinons cette affaire de plus près.

D’abord, pendant deux ans (fin 69-début 70), le Comité central resta donc ce club de droitiers fatigués, etc. (p. 42). Puis la « bataille » commença, on ne saurait dire exactement quand (p. 43). Sur quelle délimitation ? Cela dépend des personnes et les moments : « Ce serait (…) une conception fausse de croire qu’il y a eu une ligne de démarcation bien nette. Tel peut se tromper au sujet des élections et voir clair au sujet des syndicats. En outre, il n’y a pas de camarade qui puisse se vanter d’avoir toujours raison » (p. 142).

Telles sont les données d’une lutte qu’on dit « très ferme » (p. 44) et dont l’enjeu ne fut pas moins que l’alternative « parti marxiste-léniniste ou parti révisionniste-bis » (p. 35).

Comment le « PCMLB » explique-t-il la raison de sa « victoire » de la « ligne de gauche » sur la « ligne de droite « ?

Le seul élément concret qu’il donne c’est que le Parti aurait reconnu la nécessité de s’organiser sur la base de cellules, et cette reconnaissance serait une leçon de la grève des mineurs du Limbourg et des autres grèves spontanées de 1970 :

« C’est au contact des travailleurs en lutte, à l’unisson avec eux, que nous avons trouvé la force et la volonté de changer la ligne du parti, de partir au combat idéologique contre l’aile droite du parti. C’est ainsi que nous avons compris la portée réelle de ce principe léniniste : la nécessité absolue d’organiser le Parti en Cellules » (p. 43).

Cette explication a l’avantage pour le « PCMLB » de présenter une image très flatteuse de son travail de masse : en réalité, sa participation aux luttes ouvrières de 1970, comme à toutes les luttes ouvrières en général, fut quasi-nulle.

D’ailleurs on ne voit pas en quoi cette rectification visant à assurer la prééminence des cellules sur les comités a pu assurer au Parti d’éviter rien moins que « la mort » (p. 36) ! En réalité, il s’agit seulement de faire croire que le « PCMLB » a réellement rectifié son idéologie et sa pratique, et qu’il est capable de se mettre à l’école des masses.

Les enseignements positifs que l’on peut tirer de ce bilan prétendument vital son nuls. Le « PCMLB » est dans l’impossibilité de présenter un bilan scientifique et honnête de la lutte interne et de son activité, parce que cela reviendrait pour lui à déposer le masque.

La raison en est que tous les dirigeants de Clarté, qu’ils soient « de droite » ou « de gauche » sont des bourgeois, des arrivistes qui ont fait carrière d’abord au « PCB », puis au « PCB » (Voix du Peuple), et qui n’ont pas cessé aujourd’hui de tromper des révolutionnaires et de les détourner du socialisme.

C. LA CAMPAGNE DE DIFFAMATION CONTRE LES MARXISTES-LÉNINISTES

Le « PCMLB » a lancé contre les marxistes-léninistes une campagne de diffamation et d’insultes. C’est la seule lutte qu’il mène réellement.

Le « PCMLB » a clairement vu le danger. Les organisations marxistes-léninistes sont une force qui se construit contre lui et qui met de plus en plus en cause son apparence de « Parti marxiste-léniniste ».

Incapable de réfuter de façon politique la critique communiste, il en est réduit aux imprécations et au dénigrement.

Le « PCMLB » a accusé l’UC(ML)B d’imaginaires « complots anti-albanais et il s’est livré à des dénonciations policières. Ces attaques s’étendent à des camarades marxistes-léninistes étrangers, qui sont impudemment traités de « provocateurs » (Clarté, 187 et 188, 1972) (Voir annexes 1, 2, 3 et 4).

Selon le « PCMLB », les dirigeants d’Alle Macht aan de Arbeiders (AMADA) « s’allient aux notables de la Volksunie » (p. 147) et « il n’a pas l’impression » que cette organisation, « formée par des étudiants de l’Université Catholique de Louvain, ait totalement rompu avec l’Eglise » (p. 148).

Quand les militants d’AMADA luttent aux côtés des dockers d’Anvers et de Gand et dénoncent les dirigeants du « PCB », ils s’attirent de la part du révisionnisme moderne des insultes qui répondent à celles du « PCMLB » : « AMADA est le produit de l’Université catholique et des collèges, renforcé par des ex-membres de la Volksunie et de la VMO (Vlaamse Militantenorde, organisation fasciste), des petits-bourgeois devenus hystériques qui appellent à la révolte armée à condition que d’autres le fassent » (Rode Vaan, 31 mai 1973). Le « Drapeau Rouge » et « Clarté » puisent aux sources de la même idéologie, ils ont les mêmes ennemis et ils lancent contre eux les mêmes attaques.

Les marxistes-léninistes ne s’abaisseront pas à suivre les néo-révisionnistes sur leur terrain de prédilection. Ils prennent ces insultes pour ce qu’elles sont : le signe de l’impuissance politique et de la rage d’être démasqués.

Le plus grand nombre des révolutionnaires belges est déjà fixé sur la nature du « PCMLB ». Le « PCMLB » le sait, et il oriente dès lors ses manœuvres dans la direction du mouvement communiste (marxiste-léniniste) international.

Dans son « Message à tous les Partis et Organisations marxistes-léninistes du monde entier », le « PCMLB » déclare que « tout en critiquant les positions gauchistes, nous traitons en amis tous ceux qui veulent la révolution même s’ils se trompent, mais nous repoussons les attaques des aventuriers et éléments désagrégateurs qui se font donneurs de leçons et n’arrivent pas à cacher leur opportunisme foncier » (p. 175).

Le « PCMLB » voudrait assimiler les marxistes-léninistes au révisionnisme moderne et faire de ce point de vue la ligne générale du mouvement communiste (marxiste-léniniste) international.

Mais ce qui, dans l’esprit des néo-révisionnistes de Clarté, doit être l’« argument suprême », le « fer de lance » de leur offensive, c’est leur « théorie » selon laquelle le Parti communiste doit se construire autour « des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière » (comme est censé le faire le « PCMLB »), et non autour « de noyaux petits-bourgeois intellectuels et étudiants » (comme sont censés le faire les organisations marxistes-léninistes). Ce serait là, selon le « PCMLB », la clé du marxisme-léninisme (p. 32). Il se complaît à ce point dans cette innovation « théorique » qu’il y revient à plusieurs reprises, et jusque dans ses statuts !

« Si l’étude complète et scientifique des groupes qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung (voire du maoïsme) est nécessaire nous devons acter qu’il a parmi eux une distinction fondamentale à faire, liée en général à leur composition sociale.

La première catégorie comprend des groupes à direction petite-bourgeoise, essentiellement étudiante. Le plus important d’entre eux est assurément « Alle macht aan de arbeiders » (AMADA), autour duquel les autres, parfois fort réduits, font en quelque sorte figure de satellites : longtemps le journal de l’un d’eux n’a pas été autre chose qu’une traduction de celui d’AMADA.

Ces groupes qui ont entre eux maintes contradictions se caractérisent cependant par une identique théorisation de leur composition de classe. Après avoir beaucoup varié de position sur la constitution du parti qu’ils remettent sans cesse à plus tard, ils ont émis la théorie selon laquelle le parti ouvrier prolétarien doit être constitué à partir d’un centre dirigeant composé uniquement d’intellectuels et d’étudiants auxquels viendront s’agglomérer les ouvriers d’avant-garde. Comme ceux-ci tardent à venir ou lorsqu’ils viennent ne restent pas bien longtemps, on compense cet échec en déguisant des étudiants en ouvriers, donc en renouvelant les erreurs populistes dénoncées par Lénine. Il est certain, et plus encore dans un pays industriel avancé comme le nôtre, avec un prolétariat majoritaire, aux riches traditions de lutte de classe, que le parti doit être construit autour de l’avant-garde ouvrière » (p. 146-147).

« Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique ne peut se construire qu’à partir des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière. La conception que ce Parti ne peut se construire qu’à partir de noyaux petits-bourgeois intellectuels et étudiants, qu’eux seuls sont capables d’éclairer la classe ouvrière est une conception foncièrement révisionniste de mépris de la classe ouvrière ; de cette façon, on ne peut que construire un parti petit-bourgeois oscillant constamment entre l’opportunisme et l’aventurisme. C’est une conception étrangère au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung et elle doit être combattue avec fermeté ». (p. 160-161). Ce passage constitue également l’article 5 des statuts, p. 166).

Le « PCMLB » se figure peut-être avoir trouvé là une arme « terrible » contre les marxistes-léninistes, mais en réalité cette arme se retourne contre lui.

L’alternative qu’il pose est une fausse alternative, une alternative que le marxisme-léninisme n’a jamais posée. Le Parti ne se forme pas plus autour d’un noyau d’« ouvriers » qu’il ne se forme autour d’un noyau d’« intellectuels ».

Il se forme autour d’un noyau de communistes.

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement, le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste » (Lénine, Que faire ?, t. 5, p. 391).

Ce qui importe essentiellement, c’est le critère idéologique, la position de classe des membres du Parti, et non leur origine sociale.

« « Un comité d’étudiants n’est pas ce qu’il nous faut : il est instable ». Tout à fait juste. Mais la conclusion, c’est qu’il faut un comité de révolutionnaires professionnels, ouvriers ou étudiants, peu importe, ils sauront faire leur éducation de révolutionnaires professionnels » (Ibid. p. 473).

Pendant la première étape de la construction du Parti, les communistes intellectuels jouent un rôle primordial, parce qu’à cette étape la tâche principale est d’introduire la théorie révolutionnaire dans le mouvement ouvrier et qu’ils sont encore à ce moment les seuls porteurs de cette théorie. C’est là la véritable « clef » du marxisme-léninisme pour la situation actuelle du communisme en Belgique.

« Dans tous les pays d’Europe occidentale, le socialisme et le mouvement ouvrier ont d’abord existé indépendamment l’un de l’autre. Les ouvriers luttaient contre les capitalistes, organisaient des grèves et montaient des associations, cependant que les socialistes se tenaient à l’écart du mouvement ouvrier et créaient des théories qui critiquaient l’actuel régime capitaliste, le régime bourgeois, et réclamaient son remplacement par un autre régime social d’un ordre supérieur, le régime socialiste. La séparation entre le mouvement ouvrier et le socialisme faisait que l’un et l’autre était faibles, peu développés : les doctrines socialistes, non fusionnées avec la lutte ouvrière, restaient simplement des utopies, de pieux souhaits sans effets sur la vie réelle ; le mouvement ouvrier demeurait axé sur des détails, fragmenté, n’acquérait pas d’importance politique, n’était pas éclairé par la science d’avant-garde de son temps. Aussi constatons-nous que, dans tous les pays européens, s’est manifestée une tendance de plus en plus marquée à fusionner le socialisme et le mouvement ouvrier au sein d’un mouvement social-démocrate unique. Par suite de cette fusion, la lutte de classe des ouvriers devient une lutte consciente du prolétariat pour s’affranchir de l’exploitation dont il est l’objet de la part des classes possédantes : en même temps il s’élabore une forme supérieure du mouvement ouvrier socialiste : le parti ouvrier social-démocrate indépendant. L’orientation du socialisme vers la fusion avec le mouvement ouvrier est le principal mérite de K. Marx et de F. Engels : ils ont créé une théorie révolutionnaire qui a expliqué la nécessité de cette fusion et qui a fait un devoir aux socialistes d’organiser la lutte de classe du prolétariat » (Lénine, Un mouvement rétrograde dans la social-démocratie russe, t. 4, p. 264-265).

Il y a donc une raison objective pour laquelle les communistes intellectuels ont un rôle essentiel à jouer, et qu’ils sont, au début surtout de la construction du Parti, les seuls à pouvoir assumer.

« L’histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu’à la conscience trade-unioniste, c’est-à-dire à la conviction qu’il faut s’unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. » (Lénine, Que faire ?, t. 5, p ; 382).

Dans son travail d’éducation et d’organisation, le Parti s’emploiera à recruter les ouvriers avancés : il a pour devoir de former des cadres et des responsables ouvriers. Ces ouvriers communistes assumeront ainsi des fonctions dirigeantes : mais ce sera parce qu’en même temps ils seront devenus des théoriciens.

« Certes, il ne s’ensuit pas que les ouvriers ne participent pas à cette élaboration (de l’idéologie socialiste). Mais ils n’y participent pas en qualité d’ouvriers, ils y participent comme théoriciens du socialisme, comme des Proudhon et des Weitling ; en d’autres termes, ils n’y participent que dans la mesure où ils parviennent à acquérir les connaissances plus ou moins parfaites de leur époque, et à les faire progresser » (Ibid. p. 391, note).

Dans sa brochure « Construire le Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique », Clarté revient longuement sur cette question. Il se rend compte qu’il s’est mis en contradiction avec l’enseignement de Que faire ?, et il s’acharne dès lors contre le léninisme et tous ceux qui l’appliquent.

« Quand Lénine écrit-il « Que faire ? » et où l’écrit-il ? En 1902, en Russie tsariste, pays semi-féodal, à la classe ouvrière embryonnaire, illettrée et dont il n’hésite d’ailleurs pas à dire ( ?) qu’elle est abrutie par l’autocratie. Il s’agit de construire pour la première fois un parti ouvrier révolutionnaire.

(…)

« Que faire ? » est un classique du marxisme-léninisme et les lois de l’organisation du Parti révolutionnaire, de ce que doit être le journal marxiste-léniniste, de la primauté de la diffusion de ce journal ont une portée universelle. Mais appliquer mécaniquement à la Belgique de 1973 ce qui était valable pour la Russie de 1902, c’est du dogmatisme » (p. 15).

Le « PCMLB » est d’avis que la théorie léniniste de la construction du Parti est tout juste bonne pour des ouvriers illettrés et abrutis. Le « PCMLB » est d’avis que ceux qui appliquent encore cet enseignement aujourd’hui sont des « dogmatiques ».

Nous pensons que le « Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique, vient de donner lui-même un rude coup à sa façade « marxiste-léniniste ». Le chemin de la polémique concrète est un chemin périlleux pour tous les faussaires, qui se réfugient d’ordinaire derrière les grandes déclarations officielles pour cacher ce qu’ils pensent et ce qu’ils font réellement.

Est-il vrai qu’on ne trouverait dans Que faire ? que des règles sur l’organisation et sur le journal ? Non !

« Les principes théoriques développés dans Que faire ? ont constitué la base de l’idéologie du Parti bolchévik. »

« La portée historique de Que faire ? vient de ce que, dans cet ouvrage célèbre :

1. Lénine a, le premier dans l’histoire de la pensée marxiste, mis à nu jusqu’aux racines les origines idéologiques de l’opportunisme, en montrant qu’elles revenaient avant tout à s’incliner devant la spontanéité du mouvement ouvrier et à diminuer l’importance de la conscience socialiste dans ce mouvement ;

2. Il a porté très haut l’importance de la théorie, de l’élément conscient, du Parti en tant que force qui dirige le mouvement ouvrier spontané et l’imprègne de l’esprit révolutionnaire ;

3. Il a brillamment justifié ce principe marxiste fondamental, d’après lequel le Parti marxiste, c’est la fusion du mouvement ouvrier et du socialisme ;

4. Il a fait une analyse géniale des fondements idéologiques du Parti marxiste ». (Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’URSS, p. 43).

Ces raisons expliquent en même temps pourquoi les révisionnistes de toutes sortes sont toujours si acharnés à nier les principes défendus par Que faire ? : c’est parce que Que faire ? met en évidence la primauté de l’idéologie socialiste et l’importance essentielle de la théorie scientifique du socialisme. Ce sont là les fondements du Parti communiste, fondements dont le « PCMLB » est complètement dépourvu et qu’il a remplacés par l’arrivisme bourgeois et la démagogie anticommuniste.

A en croire Clarté, la classe ouvrière de Belgique ferait aujourd’hui exception à ce principe, jusqu’aujourd’hui universel, que « par ses seules forces la classe ouvrière ne peut arriver qu’à la conscience trade-unioniste (syndicaliste) ».

« Quoi qu’en disent certains qui ignorent l’histoire du mouvement ouvrier belge, la classe ouvrière n’est pas devant une page blanche. Nous n’en sommes plus à époque où seuls des intellectuels d’avant-garde savaient ce qu’est le socialisme. Le mouvement ouvrier belge a quelques 125 ans avec ses points forts et ses points faibles, ses aspects positifs et ses aspects négatifs. Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique ne commence pas avec rien. Il est l’héritier de toutes les expériences positives qu’il y a eu dans le P.C. sous la direction de Jacquemotte et dans la tentative de reconstitution du P.C. sur des bases marxistes-léninistes de 1963 à 1967. En même temps, il se forme avec l’enrichissement de toutes les données de la lutte contre le révisionnisme dans le PCB qui dégénérait et dans l’embryon de Parti reconstitué de 1963 à 1967. Il y a eu de grandes heures révolutionnaires sous la direction de l’ancien PC, dont les plus glorieuses se situent durant les dures années de l’occupation hitlérienne où le Parti a su réaliser un front uni anti-fasciste – le Front de l’Indépendance, a su construire une centrale syndicale révolutionnaire – Les Comités de Lutte Syndicale (plus tard Confédération Belge des Syndicats Uniques), a su éditer un organe central qui a été le journal clandestin qui a paru le plus grand nombre de fois et avec le plus fort tirage et surtout a su diriger la lutte armée (Armée Belge des Partisans et Milice Patriotique) ». (Sur la construction du Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique, p. 15-16).

Nous savions déjà que le « PCMLB » aime à s’attribuer une part dans tous les mérites du mouvement ouvrier belge, comme si le prolétariat de notre pays était redevable de quoi que ce soit à cette clique de bourgeois et comme si Clarté n’avait pas mené depuis 1967 une politique consciemment révisionniste, une politique empêchant la classe ouvrière de s’emparer de la théorie révolutionnaire.

Le prolétariat belge a une tradition de lutte héroïque contre le capitalisme et le fascisme. Pouvons-nous en conclure qu’il « sait ce qu’est le socialisme » ?

Le « PCMLB » a déjà lui-même, sans le vouloir, donné la réponse à cette question.

« Le mouvement ouvrier existe de longue date en Belgique (…) Comme partout, il a eu un double aspect : aspect réformiste donc bourgeois qui a été dominant et aspect révolutionnaire qui n’a jamais été le fait que d’une minorité » (p. 12).

L’essentiel à retenir est que la fusion du marxisme-léninisme et du mouvement ouvrier belge n’a jamais été réalisée. Le prolétariat a de tout temps résisté au capitalisme, avec courage, avec abnégation, souvent avec héroïsme, mais « il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement ». En l’absence d’un Parti communiste, armé de la théorie marxiste-léniniste et menant la classe ouvrière au combat sur la base d’un programme scientifique, la conscience de la classe des ouvriers reste dominée par le réformisme.

Quand l’avant-garde est trompée et opprimée par des Partis révisionnistes, quand elle doit subir les coups d’un « PCB » où l’aspect bourgeois est dominant » d’un « PCB » (Voix du peuple) dont « la ligne consiste à peindre en rouge tous les slogans des révisionnistes », d’un « PCMLB », « club de droitiers fatiguées » et fabricant de faux congrès, d’un faux programme et de faux statuts « communistes », alors la classe ouvrière non seulement reste soumise au réformisme, mais en plus les bribes de vrai communisme auxquelles elle pourrait avoir accès sont déformées et stérilisées par l’action contre-révolutionnaire de ces Partis. Voilà l’expérience amère à laquelle ces traîtres ont soumis l’avant-garde. Voilà la vérité sur les rapports du prolétariat et du communisme en Belgique, en ce qui concerne l’activité des différents faux « PCB ».

En essayant d’effacer la ligne de démarcation entre idéologie socialiste et idéologie bourgeoise, et en la remplaçant par une « autre ligne de démarcation » de son invention (les « ouvriers » et les « étudiants »), le « PCMLB » a pour but d’étouffer la critique en rejetant la théorie et les principes du marxisme-léninisme et en discréditant ceux qui y demeurent fidèle. Sa « théorie » révisée de la construction du Parti abandonne tout point de vue de classe prolétarien et fait tomber le « PCMLB » dans le radotage.

« Mais en définitive quelle est la condition fondamentale pour qu’un Parti révolutionnaire prolétarien soit fondé ? Relisons les textes des camarades chinois et albanais ; interrogeons ces camarades. La réponse est claire : la condition fondamentale pour constituer le Parti, c’est l’existence d’une classe ouvrière, même embryonnaire » (Sur la construction du Parti marxiste-léniniste de Belgique, p. 7).

Le « PCMLB » pose une question qui est dans son essence une question idéologique : quelles sont les conditions à remplir pour pouvoir créer correctement un Parti ? Et il y répond en mettant en avant un fait objectif : il faut qu’il y ait une classe ouvrière !

Mais relisons, en effet, les classiques et demandons-leur quelle est « la condition pour qu’un Parti communiste puisse être constitué ». Cette condition, c’est que les communistes se soient démarqués idéologiquement et organisationnellement avec la bourgeoisie qui prend un masque révolutionnaire pour tromper les militants honnêtes et l’avant-garde en semant la confusion dans leurs rangs.

« Le Parti ouvrier social-démocrate marxiste de Russie s’est formé dans la lutte, d’abord contre le populisme, contre ses conceptions erronées et nuisibles à la cause de la révolution.

C’est seulement quand les populistes eurent été battus dans le domaine idéologique, qu’il fut possible de déblayer le terrain pour la création d’un parti ouvrier marxiste de Russie » (Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’URSS, p. 29).

C’est d’ailleurs une question que le « PCMLB » n’a pu éluder complètement. A son congrès, il déclara :

« Les révolutionnaires qui, fin 1963, avaient voulu reconstituer le Parti Communiste, marxiste-léniniste, étaient certes animés des meilleures intentions. Mais comment cette entreprise a-t-elle pu être détournée par un aventurier révisionniste ? Comment le calamiteux Bureau Politique qui a secondé Grippa quotidiennement a-t-il pu persévérer en allant de catastrophe en catastrophe ? Si cela n’était pas analysé à fond, nous ne pourrons pas construire et édifier le Parti marxiste-léniniste » (p. 136).

Nous sommes d’accord : si « nous n’analysons pas à fond » pourquoi et comment la classe ouvrière a toujours été détournée de la révolution par les révisionnistes et les néo-révisionnistes, « nous ne pourrons pas construire et édifier le Parti marxiste-léniniste ».

Mais cette analyse que le « PCMLB » n’a pas faite en 1967, au sortir du « PCB » néo-révisionniste, qu’il n’a toujours pas faite à son congrès de 1972, et qu’il ne pourrait faire qu’en dénonçant sa propre nature bourgeoise.

L’absence de démarcation autre que verbale avec le révisionnisme moderne et le grippisme, les campagnes de diffamation contre les communistes (marxistes-léninistes) qui construisent le véritable Parti de la classe ouvrière, le rejet de la théorie léniniste du Parti, sont, au point de vue idéologique, les caractéristiques principales des contre-révolutionnaires conscients du soi-disant « Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique ».

2. LES POSITIONS DU « PCMLB » SUR LA LUTTE DES CLASSES ET LA RÉVOLUTION SOCIALISTE

A. LE PROGRAMME RÉVISIONNISTE DU « PCMLB »

Remarquons tout d’abord que la conception que le « PCMLB » se fait du capitalisme (p. 156, II) et de la mission historique du prolétariat révolutionnaire (p. 97, n° 43), révèle clairement, à propos des fondements mêmes de l’activité communiste, les bases idéologiques révisionnistes du Parti.

« Le capitalisme est le pire de tous les maux,

– parce qu’il exploite quotidiennement les travailleurs ;

– parce que les salaires sont insuffisants et que les prix ne cessent d’augmenter ;

– parce que les salaires insuffisants amènent les travailleurs à faire des heures supplémentaires ;

– parce que dans les usines, les cadences sont sans cesse accélérées ;

– parce que comme conséquence du mépris patronal pour la vie et la santé des travailleurs, des cadences infernales, des journées interminables, le nombre d’accidents de travail ne cesse d’augmenter ;

– parce qu’il y a toujours plus de fermetures d’usines, de licenciement, de chômage ;

– parce que les paysans travailleurs, les petits commerçants, les artisans sont ruinés en nombre toujours plus grand et que ceux qui subsistent ont des conditions de vie de plus en plus difficiles ;

– parce que la production se faisant selon la seule loi du profit et non des besoins de la population, les travailleurs étant toujours payés au plus bas, il en résulte des déséquilibres, des récessions, des crises économiques ;

– parce qu’il y a par les monopoles capitalistes des pays avancés, exploitation féroce des pays dits du tiers monde et qu’il en découle la misère atroce de ces peuples ;

– parce que le développement du capitalisme se fait de façon inégale, que les monopoles et les gouvernements à leur service reposent sans cesse l’exigence d’un nouveau partage du monde, qu’il en résulte des politiques agressives et des guerres impérialistes. »

« Le premier devoir d’un révolutionnaire est de faire la révolution.

Si nous voulons mettre fin à l’extorsion quotidienne de la plus-value, il faut faire la révolution.

Si nous voulons mettre fin aux salaires insuffisants, à la hausse permanente des prix et à la pratique capitaliste qui consiste à nous reprendre d’une main ce qu’on est forcé de nous accorder de l’autre, il faut faire la révolution.

Si l’on veut mettre fin à la pratique des heures supplémentaires, à la productivité à l’américaine, aux cadences infernales, il faut faire la révolution.

Si l’on veut mettre fin à la corruption et à la pollution que le régime capitaliste sécrète par tous ses pores, il faut faire la révolution.

La seule façon conséquente de défendre l’indépendance nationale, c’est de faire la révolution.

La seule façon conséquente de soutenir la cause de la libération des peuples et en premier lieu les peuples indochinois et le peuple palestinien en armes, c’est de faire la révolution.

La seule façon d’empêcher une troisième guerre mondiale, c’est de faire la révolution.

La seule façon de battre l’impérialisme américain, le pire ennemi des peuples, ainsi que son complice et rival, le social-impérialisme soviétique, c’est de faire la révolution. »

Non seulement le « PCMLB » noie des objectifs essentiels (faire obstacle à la guerre mondiale) dans une série de revendications particulières, mais surtout il se borne à parler d‘une série de maux qui frappent le prolétariat et le peuple travailleur et qui sont autant d’effets du capitalisme, et il se contente de présenter le socialisme comme le remède de ces maux. C’est là une vue étriquée et fausse du socialisme, qui témoigne d’une conception réformiste de l’histoire. Ce que le « PCMLB » propose à la classe ouvrière, c’est de supprimer les conséquences du capitalisme, d’améliorer le capitalisme. La cause en est qu’il reste attaché à la conception bourgeoise du monde et qu’il est incapable de préparer la transformation révolutionnaire de la société.

Les communistes indiquent au prolétariat :

1. Que le socialisme et le communisme représentent le progrès historique de l’humanité, et que ce progrès repose sur des fondements objectifs. Le système capitaliste a atteint son stade suprême, il a depuis longtemps épuise toutes ses possibilités progressives, il se désagrège de plus en plus ; le système socialiste lui succèdera inévitablement, parce qu’il peut seul assurer l’essor des forces productives. C’est une loi de l’histoire.

« Le but de la révolution socialiste est de libérer les forces productives. La transformation de la propriété individuelle en propriété collective socialiste dans les domaines de l’agriculture et de l’artisanat, et celle de la propriété capitaliste en propriété socialiste dans l’industrie et le commerce privés aboutiront nécessairement à une libération considérable des forces productives. Et les conditions sociales seront ainsi créées pour un énorme développement de la production industrielle et agricole ». (Mao Tsétoung, Citations, p. 29).

« En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste ; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine. Quels que soient les efforts réactionnaires pour freiner la roue de l’histoire dans son mouvement en avant, la révolution éclatera tôt ou tard et sera nécessairement victorieuse » (Mao Tsétoung, Citations, p. 27).

2. Que cette nécessité sera réalisée par la révolution socialiste armée : c’est la tâche historique de la classe ouvrière de vaincre complètement et définitivement les classes exploiteuses.

« Les changements qui interviennent dans la société proviennent surtout du développement des contradictions à l’intérieur de la société, c’est-à-dire des contradictions entre les forces productives et les rapports de production, entre les classes, entre le nouveau et l’ancien. Le développement de ces contradictions fait avancer la société, amène le remplacement de la vieille société par la nouvelle » (Mao Tsétoung, Citations, p. 10).

« L’ennemi ne périra pas de lui-même. Ni les réactionnaires chinois, ni les forces agressives de l’impérialisme américain en Chine ne se retireront d’eux-mêmes de la scène de l’histoire » (Mao Tsétoung, Citations, p. 12).

3. Qu’en établissant le socialisme (à chacun selon son travail ») et le communisme (à chacun selon ses besoins), la classe ouvrière supprimera progressivement le système des classes sociales : elle se libérera elle-même et elle libérera l’humanité de toute exploitation de l’homme par l’homme.

« Le communisme est le système complet de l’idéologie prolétarienne en même temps qu’un nouveau régime social. Il diffère de toute autre idéologie et de tout autre régime social, il est le plus parfait, le plus progressiste, le plus révolutionnaire, le plus rationnel de toute l’histoire de l’humanité. L’idéologie et le régime social du féodalisme sont entrés au musée de l’histoire. Ceux du capitalisme sont eux aussi, entrés au musée dans une partie du monde (..) ; partout ailleurs, ils ressemblent à « un moribond qui décline rapidement, comme le soleil derrière les collines de l’ouest »; ils seront bientôt bons pour le musée. Seuls l’idéologie et le régime social du communisme se répandent dans le monde entier avec l’impétuosité de l’avalanche et la force de la foudre ; ils feront fleurir leur merveilleux printemps » (Mao Tsétoung, Citations, p. 26-27).

A l’étape actuelle de la lutte de classe en Belgique et de l’édification du Parti, le mouvement communiste (marxiste-léniniste), quand il sera organiquement uni, aura pour tâche principale de construire le programme scientifique de la classe ouvrière. Il doit assimiler la théorie du socialisme scientifique, en liaison avec la pratique, et définir les lois de la révolution en Belgique.

Bien que « l’analyse des classes sociales qu’il a entreprise est encore insuffisante et qu’elle devra être complétée et approfondie en tous domaines… (p. 93), le « PCMLB » estime que ses thèses sont déjà « une analyse en profondeur des thèmes principaux (…) du (…) congrès (p. 9) et que celui-ci a été d’un « haut niveau politique » !

La façon dont le « PCMLB » élabore ces fameuses « thèses » relève de l’empirisme le plus étroit. Ce sont des « analyses » fondées sur des informations éparses, des impressions, des citations.

Le « PCMLB » a rejeté complètement toutes les tâches d’étude, d’analyse et d’enquête liées à la pratique révolutionnaire, qui seront pour des années les tâches principales du mouvement marxiste-léniniste.

Il consacre à cette question un seul paragraphe (p. 93), qui suffit à révéler complètement sa conception praticiste, bourgeoise de la connaissance.

« Cet approfondissement (de l’analyse) ne peut se faire que par la pratique, dans la lutte des classes et dans une liaison plus étroite avec le masses populaires. (…) Ce n’est que par des enquêtes à la base, à travers la lutte quotidienne, en contact avec les masses que l’on peut avancer dans cette connaissance ».

En dehors de cette voie le « PCMLB » ne voit que l’intellectualisation de ceux qui, « en dehors de la pratique », travaillent dans les « instituts de recherche ». Praticisme ou intellectualisme, telles sont pour ce Parti les deux modalités, l’une « correcte », l’autre erronée de la connaissance !

L’idéologie révisionniste et la théorie bourgeoise de la connaissance ne peuvent produire qu’un programme réformiste.

Le programme du « PCMLB » en est une preuve concrète.

Le « PCMLB » assure qu’il se pose comme objectifs la révolution socialiste, la dictature du prolétariat.

D’autre part, il présente une série de revendications économiques (p. 163-164). Aucun rapport, aucun lien n’est établi entre ce programme maximum et ce programme minimum. C’est la caractéristique essentielle de la conception révisionniste du programme. D’une part, une « reconnaissance » de principe, tout à fait creuse et formelle, une affirmation de façade qui doit servir de caution « marxiste-léniniste » au Parti, de l’autre, privées de liens organiques avec cette affirmation, des revendications partielles par lesquelles le Parti s’imagine qu’il créera ses « liaisons » avec les masses.

Comment établir le lien entre le besoins fondamentaux de la classe ouvrière (la révolution, le socialisme) et ses revendications particulières : c’est toute la question de l’analyse de classe, du programme scientifique, de la stratégie et de la tactique, question que le « PCMLB » ne pose même pas, parce qu’il la considère comme résolue pour l’essentiel.

« En se liant à la classe ouvrière, le Parti la rend consciente qu’elle est la classe dirigeante de la révolution. Il ne s’agit pas seulement de lutter pour les revendications immédiates, mais d’aller à la révolution, pour renverser le pouvoir des monopoles capitalistes, pour instaurer la dictature du prolétariat, édifier le socialisme et le communisme ». (p. 115)

Tous les mots sont là, que le « PCMLB » agite comme des hochets magiques (encore qu’il faudrait dire au lieu de « renverser le pouvoir des monopoles : « renverser l’Etat capitaliste »), mais toutes les questions politiques de fond que les communistes se posent et résolvent pour savoir comment aller à la révolution, toutes ces questions-là sont simplement mises de côté par le « PCMLB ».

« Tirer au clair le rapport des classes dans la prochaine révolution : telle est la tâche principale d’un parti révolutionnaire » (Lénine, A propos des deux lignes de la révolution, t. 21, p. 435).

Telle est la tâche que les bourgeois de Clarté n’ont pu que jeter par-dessus bord. Selon eux, l’agitation autour du programme minimum doit suffire. A la suite du passage de la p.115 que nous venons de citer, le congrès déclare en effet :

« C’est pourquoi, dans les articles de « Clarté », dans nos tracts, par voie d’affiches et de chaulages, nous reposons constamment les données de cette lutte (la lutte pour les revendications immédiates).

Se préoccuper iniquement des revendications immédiates (et encore, dans le cas du « PCMLB », ce n’est pas qu’une « préoccupation » simulée), a pour conséquence qu’on perd de plus en plus de vue le lien qu’il faut établir entre elles et le but final, et qu’on perd ainsi de plus en plus de vue le but final lui-même. C’est la marque essentielle du révisionnisme.

« Le maître mot de Bernstein : ‘Le but final n’est rien, le mouvement est tout’ , traduit la nature du révisionnisme mieux que quantité de longues dissertations. Définir sa conduite en fonction des circonstances, s’adapter aux événements du jour, à la versatilité de menus faits politiques, oublier les intérêts vitaux du prolétariat et les traits essentiels de l’ensemble du régime capitaliste, de toute l’évolution capitaliste, sacrifier ses intérêts vitaux au nom des avantages réels ou supposés de l’heure : telle est la politique révisionniste » (Lénine, Marxisme et révisionnisme, t. 15, p. 34).

Le « PCMLB » croit s’en tirer en prouvant que son programme est « prolétarien », du fait qu’il reprend les revendications spontanément mises en avant par les ouvriers.

« Il faut se garder de recommencer les erreurs des directions du temps de Lalmand et de Grippa qui présentaient de mirifiques revendications sorties toutes armées de leurs bureaux coupés de la réalité sociale. Les revendications que nous reprenons sont celles émises par les travailleurs au cours de leurs luttes et particulièrement des grèves qu’ils ont déclenchées ». (p. 116).

Une fois de plus, la question est mal posée. La contradiction n’est pas entre « revendications sorties des bureaux » et « revendications sorties des usines », mais entre revendications réformistes et revendications communistes. La ruse du « PCMLB » avait été déjà celle des économistes russes qui disaient que « l’indice le plus caractéristique de l’orientation de notre mouvement, ce sont naturellement les revendications présentées par les ouvriers ». A quoi Lénine répondit :

« Nous demandons : pourquoi alors ne range-t-on pas parmi les indices de notre mouvement les revendications des social-démocrates et des organisations social-démocrates ? » (Lénine, Un mouvement rétrograde dans la social-démocratie russe, t. 4, p. 264).

Et il revint sur cette question importante dans Que faire ?

« Reconnaissant entièrement la lutte politique qui surgit spontanément du mouvement ouvrier lui-même (ou plutôt : les desiderata et revendications politiques des ouvriers) (la Rabotchaïa Mysl, l’organe des économistes) se refuse absolument à élaborer elle-même une politique social-démocrate spécifique, qui répondrait aux tâches générales du socialisme et aux conditions russes actuelles ». (Lénine, t. 5, p. 394)

Le programme que Clarté vient d’improviser à son congrès est la mise en œuvre d’une ligne réformiste, une ligne opposée à la révolution socialiste.
Mis en pratique, ce programme détourne la classe ouvrière de la conscience révolutionnaire et de la lutte prolétarienne.

B. COMMENT LE « PCMLB » PRÉTEND GUIDER LA CLASSE OUVRIÈRE A LA RÉVOLUTION SOCIALISTE

Le « PCMLB » a repris à son compte toutes les thèses révisionnistes que Lénine a combattues comme le danger principal pendant les premières années de la social-démocratie russe.

Le « PCMLB » rabaisse systématiquement la conscience socialiste au niveau de la lutte syndicale.

Examinons ses principales affirmations et soumettons-les à la critique du marxisme-léninisme.

Le « PCMLB » défend deux thèmes privilégiés, celui de la lutte quotidienne et celui de la lutte dure.

Selon lui, la conscience socialise du prolétariat se formerait et progresserait dans la lutte quotidienne spontanée des ouvriers contre les capitalistes.

« C’est la classe ouvrière qui creuse le tombeau de la bourgeoisie capitaliste. C’est elle qui tous les jours, dans les grandes usines, se trouve face à face avec l’exploiteur, qui se bat contre lui ou ses représentants pour de petites choses ou pour de plus grandes, qui est forte de son nombre. Pour elle, la lutte des classes est une réalité quotidienne et c’est ainsi que se forge la conscience de classe, la conscience révolutionnaire » (p. 79-80)

« La lutte gréviste est un puissant moyen de combat. Même les grèves pour des revendications immédiates ont un caractère politique ». (p. 115)

La conscience socialiste se formerait donc d’elle-même dans la lutte des ouvriers contre les patrons. C’est là une théorie spontanéiste, contredite par le marxisme-léninisme et par toute l’histoire du mouvement communiste international.

« Lénine a montré que les « économistes » trompaient la classe ouvrière en prétendant que l’idéologie socialiste pouvait naître du mouvement spontané de la classe ouvrière ; car, en réalité, l’idéologie socialiste ne naît point du mouvement spontané, mais de la science ». (Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’URSS, p. 41-42).

La classe ouvrière est éclairée par la conscience socialiste quand elle poursuit son objectif historique, qui est de construire le socialisme et le communisme.

« Tous conviennent que nous devons organiser la lutte de classe du prolétariat. Mais qu’est-ce que la lutte de classe ? Lorsque les ouvriers d’une fabrique ou d’une profession, affrontent leur ou leurs patrons, est-ce là la lutte de classe ? Non, ce n’en est encore qu’un faible embryon. La lutte des ouvriers ne devient lutte de classe que lorsque tous les représentants d’avant-garde de l’ensemble de la classe ouvrière de tout le pays ont conscience de former une seule classe ouvrière et commencent à agir non pas contre tel ou tel patron, mais contre la classe des capitalistes tout entière et contre le gouvernement qui la soutient. C’est seulement lorsque chaque ouvrier a conscience d’être membre de la classe ouvrière dans son ensemble, lorsqu’il considère qu’en luttant quotidiennement, pour des revendications partielles, contre les patrons ou tels fonctionnaires, il se bat contre toute la bourgeoisie et tout le gouvernement, c’est alors seulement que son action devient une lutte de classe. « Toute lutte de classe est une lutte politique ». On aurait tort de comprendre ces paroles célèbres de Marx en ce sens que toute action des ouvriers contre les patrons est toujours une lutte politique. Il faut les comprendre ainsi : la lutte des ouvriers contre les capitalistes devient nécessairement une action politique dans la mesure où elle devient une lutte de classe. La social-démocratie se propose précisément en organisant les ouvriers, de transformer par la propagande et l’agitation leur lutte spontanée contre les oppresseurs en une lutte contre toute la classe, en la lutte d’un parti politique déterminé pour des idéaux politiques et socialistes déterminés. Pareille tâche ne saurait être réalisée par le travail local à lui seul » (Lénine, Notre tâche immédiate, t. 4, p. 221-222)

Lorsque l’économisme se met à parler de « révolution », il rejoint l’anarcho-syndicalisme. L’anarcho-syndicalisme est une théorie petite-bourgeoise selon laquelle la classe ouvrière, organisée dans des syndicats, mènera une lutte de plus en plus dure, de plus en plus ample contre le capitalisme, jusqu’à déboucher un jour, par la grève générale, par l’insurrection de tous en même temps, sur la révolution.

« La lutte de classe n’est pas une guerre en dentelles. C’est une lutte qui doit aller s’amplifiant (pieux souhait !) jusqu’à déboucher sur la révolution. (…) Il est (…) juste de multiplier les grèves sauvages ! (…) Que les ouvriers, les autres travailleurs multiplient les occupations d’usines ! (…) Nous préconisons de généraliser l’abandon de l’outil, cet abandon que le patron craint par-dessus tout. (…) Popularisons cette idée de la séquestration des patrons ». (p. 30-31)

La propagande révolutionnaire par excellence aux yeux du « PCMLB » sera dès lors d’appeler à la lutte dure. Et il s’imagine qu’il suffit, pour être révolutionnaire, de faire des appels verbaux au fusil.

« Si nous n’éduquons pas la classe ouvrière dans l’idée que ‘le pouvoir est au bout du fusil’, si nous ne lui expliquons pas quotidiennement, dans les faits, cette vérité de base ; si nous ne faisons pas dès à présent tout ce qui est nécessaire pour armer les travailleurs avec l’idéologie et à la fois avec les fusils, nous tomberons immanquablement dans les marécages de l’opportunisme et du révisionnisme. Et si la classe ouvrière n’est pas consciente qu’elle doit prendre les armes, elle ne les prendra pas. Cela, nous devons le faire comprendre à partir de faits concrets, en montrant dans l’exploitation quotidienne que le régime capitaliste engendre les maux les plus exécrables et qu’il n’est possible d’y mettre fin que par les armes ». (p. 100)

A partir de l’élément spontané, qui n’est, selon Lénine, que la forme embryonnaire du conscient, la « stratégie » et la tactique du « PCMLB » passent immédiatement à la lutte armée.

L’idéologie bourgeoise se manifeste ici clairement en des thèses qu’un anarchiste pourrait contresigner de bon cœur.

L’idée que le « PCMLB » se fait de l’activité d’un Parti communiste à l’étape actuelle découle entièrement de ces conceptions spontanéistes.

Pour le congrès :

« il s’agit maintenant d’aller au travail, d’expliquer la ligne du Parti aux travailleurs et de l’appliquer. Et aussi, dans la pratique et par la pratique, de développer cette ligne, de la préciser, d’y faire de nouveaux apports » (p. 178)

De fait, le « PCMLB » a dressé tout un « plan d’action » : construire un « syndicat de type nouveau » (p. 30), élargie le travail envers les femmes et les jeunes (p. 31-32, 122), etc.

Sur le papier, le « PCMLB » lâche la bride à un activisme débordant. Sur le papier, car on a rarement vu devant la pratique des fonctionnaires plus rassis que les responsables du « PCMLB » ! C’est là un autre aspect de la façade « militante », « révolutionnaire » du Parti, destinée surtout à tromper le mouvement communiste (marxiste-léniniste) international sur la nature et l’activité de Clarté. Mais les marxistes-léninistes, qui sont réellement actifs dans toutes les luttes de la classe ouvrière, constatent que les gens du « PCMLB » y ont une apparence des plus fantomatiques : dans toutes les grèves des dernières années, à Ford, General Motors … et en particulier dans la grève des mineurs du Limbourg en 1970 et dans la grève des dockers de cette année, le « PCMLB » a brillé par son absence.

A propos des luttes ouvrières et des tâches communistes d’agitation et de propagande, les positions du « PCMLB » sont révolutionnaristes. En parole, il est très « radical » : il croit se rattraper ainsi de son inaction dans la réalité.

Le « PCMLB », qui prête à la lutte spontanée un contenu révolutionnaire qu’elle n’a pas, refuse ne même temps de voir les importants aspects positifs qu’ont réellement les grèves actuelles. Son idéologie bourgeoise le rend totalement incapable de discerner les véritables amorces de la lutte de classe du prolétariat, parce qu’elle le détourne des progrès que le mouvement ouvrier fait aujourd’hui vers le socialisme et qu’elle lui fait haïr les communistes qui aident la classe ouvrière à avancer de la sorte.

Voyez par exemple, ce que Clarté trouve à dire à propos de la grande grève des dockers, après sept semaines de lutte (201, 1973).

Le principal enseignement que Clarté tire de la grève est ce qu’il appelle « la pratique du syndicalisme révolutionnaire » et qui s’est manifestée par l’appui financier apporté à la grève par la classe ouvrière et dans la direction du comité de grève.

« (…) ce qui est infiniment plus important, c’est la formidable solidarité qui s’est manifestée à leur égard, solidarité de classe très féconde, marquée par l’esprit de syndicalisme révolutionnaire. Des centaines de milliers de francs, plus probablement des millions, ont été récoltés dans les usines et dans les quartiers populaires. Dans certaines entreprises, des travailleurs ont dit : « Puisque c’est ainsi, ce mois-ci, nous ne payerons pas notre cotisation syndicale et nous la verserons à la caisse de grève des dockers. » Juste réplique des travailleurs qui fustigent ainsi les dirigeants syndicaux en les touchant à l’endroit où ils sont le plus sensibles ».

« Déjà des dockers de plus en plus nombreux comprennent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C’est dans la mesure où les dockers agiront ainsi qu’ils vaincront. Exiger que les syndicats versent les indemnités de grève, cela est juste puisqu’ils détiennent l’argent versé par les travailleurs. Pour le reste, ce sont les dockers eux-mêmes qui doivent diriger la grève, et la victoire sera acquise non si les syndicats prennent la direction de la grève (pour la trahir) mais si les dockers font plier les patrons. Voilà la leçon essentielle à tirer. »

Le « PCMLB » place ainsi toute la question exclusivement sur le terrain de la lutte économique. Le « point le plus sensible » des directions syndicales serait … leur porte-monnaie, et la « leçon essentielle » de la grève, ce serait l’autonomie nécessaire des dockers dans leur lutte salariale.

En réalité, la grève des dockers représente avant tout un pas dans la fusion du marxisme-léninisme et du mouvement ouvrier. AMADA, en indiquant le but socialiste de la classe ouvrière, en aidant les dockers à démasquer les dirigeants révisionnistes et social-démocrates dans leur rôle politique contre-révolutionnaire, en éclairant et soutenant la juste violence de masse contre la répression capitaliste, a donné aux dockers et à la classe ouvrière des armes politiques pour lutter contre le capitalisme. Tout le mouvement marxiste-léniniste authentique a coopéré dans ce sens dans le pays, en popularisant la lutte, en l’éclairant politiquement. La classe ouvrière a ainsi élevé son niveau de conscience et renforcé sa solidarité prolétarienne, grâce à la défense de classe que les dockers ont assurée du droit de grève, grâce à leur lutte énergique contre la fascisation. La lutte des dockers est un pas en avant dans l’édification du Parti.

Pour ce qui est de l’ennemi, le véritable point sensible des directions syndicales (et des révisionnistes) c’est la façade qui cache leur nature de classe, leur rôle d’agents du capitalisme. Du point de vue de la classe ouvrière et de son avant-garde, la leçon essentielle à tirer de la grève, c’est que l’autonomie de la direction de la lutte par rapport aux syndicats, n’est importante que parce qu’elle permet de liquider progressivement l’influence révisionniste, réformiste et qu’elle favorise l’établissement de l’orientation communiste dans la lutte. Clarté défend, comme d’habitude, une position trade-unioniste radicale, qui est opposée à la position marxiste-léniniste.

Quelles sont, dans les luttes ouvrières actuelles, les tâches des communistes ?

La classe ouvrière refuse de porter les conséquences de la crise du capitalisme. Les luttes que mènent actuellement les ouvriers sont des luttes économiques, des luttes de résistance à l’exploitation et à l’oppression capitalistes. Les ouvriers se mobilisent et combattent pour la défense de leur niveau de vie et pour l’amélioration de leurs conditions de travail.

Ces luttes sont encore séparées de la théorie scientifique du socialisme ; la conscience de classe du prolétariat est encore dominée par l’idéologique bourgeoise, le réformisme.

Les communistes (marxistes-léninistes) ont pour tâche d’unir le mouvement ouvrier et la théorie marxiste-léniniste. Ils doivent démasquer les réformistes et les révisionnistes et liquider leur influence, organiser les ouvriers avancés dans le Parti, et gagner la classe ouvrière au communisme, la mobiliser dans la lutte contre le capitalisme et lui indiquer l’objectif socialiste de la lutte, ainsi que les moyens politiques d’y parvenir.

Les communistes (marxistes-léninistes) ont pour tâche de faire de la lutte économique et de la lutte politique une seule lutte de classe.

En combattant pour la satisfaction de leurs besoins quotidiens, les ouvriers se heurtent à la contrainte de la paix sociale, ils apprennent à connaître et à démasquer la collusion du patronat, du gouvernement, des directions syndicales et des révisionnistes, ils affrontent la répression de l’Etat capitaliste. En imposant ses mesures fascistes, le Capital, aidé par la social-démocratie, place les luttes économiques sur le terrain politique. L’unité des intérêts de la classe ouvrière, l’unité du Capital et le rôle de l’Etat apparaissent de façon sensible. Les directives syndicales perdent de plus en plus de leur influence.

Ces conditions favorisent la prise de conscience révolutionnaire ; les communistes doivent s’en saisir pour conduire la classe ouvrière dans sa lutte politique.

La lutte politique, c’est la lutte du prolétariat uni et conscient de ses intérêts révolutionnaires contre le capitalisme, c’est la lutte pour le socialisme. La lutte se hausse au niveau politique quand le prolétariat, sous la direction de son avant-garde, se constitue en classe et s’oppose à la classe des capitalistes, quand il prend conscience que son objectif fondamental, c’est de renverser l’Etat bourgeois et de faire la révolution.

Telles sont les tâches qu’accomplissent actuellement les véritables organisations marxistes-léninistes. Elles gagnent ainsi les meilleurs éléments à la cause révolutionnaire et elles commencent à exercer de l’influence sur les masses.

C. LES STATUTS RÉVISIONNISTES DU « PCMLB »

Dans le Parti communiste, les statuts, la réglementation concrète du centralisme démocratique, sont un instrument au service de l’élaboration et de l’application de la ligne par toute l’organisation. Ils favorisent le renforcement de la vigilance de classe et de la morale prolétarienne ; ils sont une arme qui permet d’organiser la lutte contre le révisionnisme, ainsi que la lutte idéologique à l’intérieur du Parti.

Les statuts du « PCMLB » obéissent à des buts diamétralement opposés.

Nous savons qu’envers les organisations marxistes-léninistes, le « PCMLB » a dressé sa « ligne de démarcation et qu’afin de neutraliser la lutte de l’idéologie prolétarienne contre l’idéologie bourgeoise, il met en avant la contradiction entre les « ouvriers et les « étudiants », exactement à la façon des révisionnistes modernes et des syndicalistes de droite (les « ouvriers à l’usine, les étudiants à l’université ».

C’est le sens de l’article 5 :

« L’attitude à l’égard de la classe ouvrière et son rôle dirigeant est la pierre de touche pour tous les révolutionnaires. Le Parti révolutionnaire prolétarien ne peut se construire qu’à partir des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière. La conception que ce Parti ne peut être construit qu’à partir de noyaux petits-bourgeois intellectuels et étudiants, qu’eux seuls sont capables d’éclairer la classe ouvrière est une conception foncièrement révisionniste de mépris de la classe ouvrière ; de cette façon, on ne peut construire qu’un parti petit-bourgeois oscillant constamment entre l’opportunisme et l’aventurisme.

Cette conception est étrangère au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung et doit être combattue avec fermeté. »

A cette première frise de barbelés dressée contre l’ennemi de l’extérieur correspond une seconde ligne de fortification, cette fois opposée à la légitime révolte des militants opprimés.

Le « PCMLB », en reprenant quelques articles des statuts du Parti communiste chinois, a pris le soin d’y introduire certaines « corrections », de manière à plier les statuts communistes selon ses intérêts révisionnistes.

Ainsi l’article 3 des statuts du PCC :

« Tout membre du Parti communiste chinois doit :

1. Etudier et appliquer de façon vivante le marxisme, le léninisme, la pensée-maotsétoung.

2. Lutter pour les intérêts de l’immense majorité de la population de la Chine et du monde.

3. Etre capable de s’unir avec le plus grand nombre, y compris ceux qui, à tort, se sont opposés à lui, mais qui se corrigent sincèrement de leurs erreurs. Cependant, il faut être particulièrement vigilant afin d’empêcher les arrivistes, les comploteurs et les individus à double face d’usurper la direction du Parti et de l’Etat, à quelque échelon que ce soit, et de garantir que la direction du Parti et de l’Etat soit à jamais entre les mains des révolutionnaires marxistes.

4. Consulter les masses pour tout problème.

5. Pratiquer courageusement la critique et l’autocritique ».

devient chez le « PCMLB »

« Article 10. – Tout membre du Parti a pour devoir :

a) d’étudier et d’appliquer de façon vivante le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung ;

b) de lutter pour les intérêts de la classe ouvrière et de l’immense majorité des travailleurs ;

c) de s’unir aux masses, notamment de militer, sous la direction du Parti, dans une organisation de masse ;

d) de respecter la discipline du Parti (nous soulignons) ;

e) de pratiquer à tout moment avec courage la critique et l’autocritique ».

L’article 12 du PCC :

« Les organisations de base du Parti doivent porter haut levé le grand drapeau rouge du marxisme, du léninisme, de la pensée maotsétoung, donner la primauté à la politique prolétarienne et faire s’épanouir le style qui consiste à unir la théorie à la pratique, à se lier étroitement aux masses populaires, à pratiquer la critique et l’autocritique. Leurs tâches principales sont les suivantes :

1. Diriger les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’étude et l’application vivantes du marxisme, du léninisme, de la pensée maotsétoung ;

2. Eduquer constamment les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’esprit de la lutte des classes et de la lutte entre les deux lignes, les diriger dans la lutte résolue contre l’ennemi de classe ;

3. Propager et matérialiser la politique du Parti, appliquer ses résolutions, accomplir les tâches assignées par le Parti et l’Etat ;

4. Se lier étroitement aux masses, se tenir constamment au courant de leurs opinions et de leurs désirs, développer au sein du Parti une lutte idéologique positive afin que la vie du Parti soit pleine de dynamisme ;

5. Recruter de nouveaux adhérents, appliquer la discipline du Parti, procéder constamment à la consolidation des organisations du Parti, rejeter ce qui est altéré et absorber le nouveau, afin de maintenir les rangs du Parti dans toute leur pureté »

sort des griffes du « PCMLB », transformé de la façon suivante :

« Article 14. – Les cellules ont pour tâche fondamentale (nous soulignons) la réalisation de la politique du Parti, elles développent dans ce sens les actions de propagande, d’agitation et d’organisation.

Il appartient à la cellule de veiller avec un soin attentif à l’éducation politique de ses membres (nous soulignons) ; de se lier étroitement aux masses, de discuter de la vie du Parti, de faire des suggestions et des critiques.

La cellule recrute de nouveaux membres et les entraîne dans la lutte du Parti ».

Le « PCMLB » a fait là un réel effort d’« adaptation » du marxisme-léninisme à la réalité concrète de son organisation. Les critiques du révisionnisme, la lutte entre les deux lignes, idée directrice fondamentale de l’édification et de la consolidation du Parti, sont rejetées : elles risqueraient de mettre en danger les bases mêmes de l’organisation néo-révisionniste. Evidemment de parler de corde dans la maison d’un pendu, les arrivistes, les comploteurs, les individus à double face n’ont, pour renforcer leur oppression, qu’à en appeler à la discipline et à former les instruments dociles de leur volonté contre-révolutionnaire.

II. L’AGONIE DU « PCBML » (L’EXPLOITÉ)

L’Exploité est une organisation néo-révisionniste qui réussit encore à jeter le trouble sur sa vraie nature. En plus du masque marxiste-léniniste habituel des néo-révisionnistes, L’Exploité a soigné particulièrement sa présentation morale en donnant de son Parti une image fausse, faite de modestie, d’honnêteté et de sincérité. L’Exploité feint d’avoir de bons liens avec la classe ouvrière et d’être prêt à l’écouter, à défendre ses désirs. Il s’est signalé par le nombre d’appels à l’unité des marxistes-léninistes et par l’insistance apparente à combattre la division des marxistes-léninistes. Il sait combien les qualités dont il fait étalage ont de l’importance pour les marxistes-léninistes et pour la classe ouvrière. C’est pourquoi L’Exploité s’en sert largement. Tous ces artifices n’empêchent pas son effondrement ; mais une dénonciation intransigeante est nécessaire pour qu’une telle bassesse, une telle démagogie puissent être démasquées au plus vite.

1. L’ORIGINE DE L’EXPLOITÉ EST LE PARTI GRIPPISTE (1963-1967)

Les dirigeants de L’Exploité proviennent du « PCB » (Voix du Peuple) de Grippa et ont scissionné lorsque celui-ci a trahi ouvertement le marxisme-léninisme en s’opposant à la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

Le « PCB » (Voix du Peuple) était un Parti néo-révisionniste de la pire espèce qui a retardé considérablement la construction du véritable PC(ML)B en utilisant le marxisme-léninisme à des fins révisionnistes et en détournant des centaines de révolutionnaires sincères de la voie juste.

Des dirigeants de L’Exploité ont fait partie des organes dirigeants du « PCB » (Voix du Peuple) ; ils ont donc eu un rôle important dans les activités néfastes de ce Parti, après avoir été en général des piliers du « PCB » révisionniste. Le poids du révisionnisme pèse sur L’Exploité, sur les dirigeants, sur la ligne. L’autocritique sincère n’est jamais venue, si à la scission de 1967, ni après le bulletin marxiste-léniniste 2, auquel L’Exploité n’a pas répondu.

Cependant, L’Exploité, comme Clarté, ne peut nier son histoire, et il doit y revenir pour se « justifier ». Dans le « bilan » de L’Exploité, présenté dans « Contradictions n° 2 » (annexe 5), ses origines grippistes sont dès lors exposées de façon à confirmer sa ligne « juste » :

a) en soulignant « l’importance » historique du « PCB » (Voix du Peuple) ;

b) en mettant en avant la « dénonciation » de Grippa par L’Exploité, ferme « défenseur » du marxisme-léninisme ;

c) en tirant des « leçons » du « PCB » (Voix du Peuple) qui « confirment » la ligne actuelle de L’Exploité et « excusent » ses erreurs.

a) « Nul doute que la création, en 1963, d’un nouveau Parti, proclamant sa volonté d’en revenir aux principes de la lutte de classes, à la théorie marxiste-léniniste enrichie des enseignements du camarade Mao Tsé-toung, sera considérée comme un moment important de l’évolution du mouvement révolutionnaire » (p. 181).

« (…) le carcan de l’appareil révisionniste fut brisé, (…) les notions de lutte de classes et de dictature du prolétariat furent remises en honneur, au moins théoriquement ( !!), (…) l’on en revint à un internationalisme prolétarien militant » (p. 182).

« Avec le recul du temps, peut-être estimera-t-on mieux que cette expérience aura posé un jalon fondamental sur la route de la révolution prolétarienne dans notre pays » (p.182).

Sur un ton prudent, L’Exploité affirme que le « PCB » (Voix du Peuple) serait un « jalon fondamental », que « le carcan de l’appareil révisionniste fut brisé », que le « PCB » (Voix du Peuple) fut un « moment important ». Il est sous-entendu que les dirigeants de L’Exploité ayant participé à cette glorieuse épopée, l’honneur en rejaillit sur eux.

b) Cependant le « PCB » (Voix du Peuple) a suscité la révolte et le dégoût de nombreux révolutionnaires et il a connu un lamentable échec avec la trahison ouverte de Grippa revenant au révisionnisme moderne. Il faut que L’Exploité s’explique là-dessus. Spéculant sur le fait que l’analyse du bulletin marxiste-léniniste 2 n’est pas encore complètement admise, L’Exploité concentre toutes les responsabilités sur le seul Grippa et espère ainsi se dédouaner.

« Au carcan révisionniste, Grippa avait substitué un nouveau carcan caractérisé par un manque maladif de confiance dans les masses et le Parti, par un mépris – peut-être en partie inconscient – de la classe ouvrière, par une conception idéaliste de l’homme providentiel désigné par le cours de l’histoire pour prendre la tête des marxistes-léninistes du monde capitaliste ». (p.182).

C’est la thèse de Grippa, homme malade, mégalomane. Tout serait de la faute de Grippa. Or, des dirigeants de L’Exploité ont siégé dans le Comité central du « PCB » (Voix du Peuple), ils ont participé à l’élaboration et l’application de la ligne néo-révisionniste. Ils doivent donc faire une autocritique approfondie de leur activité pour rejoindre le marxisme-léninisme. Mais ils s’y refusent obstinément et se retournent contre le seul Grippa. La justification « théorique » de L’Exploité, c’est la « conception idéaliste de l’homme providentiel désigné par le cours de l’histoire » de Grippa qui serait la cause de la ligne politique « faussement révolutionnaire » du Parti.

La « conception idéaliste de l’homme providentiel » que L’Exploité reprend à son compte pour rejeter le seul Grippa vise à cacher la réalité : Grippa, le principal dirigeant du « PCB » (Voix du Peuple), était entouré d’autres arrivistes et conspirateurs qui ont soutenu totalement sa ligne révisionniste, parmi lesquels les dirigeants de L’Exploité et de Clarté.

Ces comparses présents dans le Bureau politique et le Comité central ont accepté et soutenu activement leur « secrétaire » Jacques Grippa ; ils font donc partie des principaux responsables des crimes commis par le Parti révisionniste.

Pour se couvrir, les dirigeants de L’Exploité essaient d’accuser le seul Grippa et prétendent même avoir été à la tête de la lutte contre lui :

« Nul plus que nous – désignés comme les « communistes de L’Exploité » – n’a critiqué avec autant de rudesse, n’a combattu avec autant de véhémence, la ligne politique faussement révolutionnaire de Grippa, sa négation du centralisme démocratique, son refus d’accepter les leçons de la révolution culturelle prolétarienne en Chine, sa pratique petite-bourgeoise des manœuvres, des alliances sans principe, de l’opportunisme le plus plat mêlé au sectarisme échevelé, érigé au rang de méthode permanente de direction ». (p. 181-182)

et, en toute modestie,

« Comme Liou Shao-shi fut balayé en Chine par les gardes rouges, Grippa fut rejeté en Belgique par les militants les plus liés à la classe ouvrière (entendez : les militants de L’Exploité) ». (p. 182)

Donc, la seule responsabilité est celle de Grippa, qui refuse d’entendre les critiques « rudes » et « véhémentes » des futurs dirigeants de L’Exploité ! Et lorsqu’enfin, ce Parti est qualifié politiquement de révisionniste en 1967, ces militants deviennent tout naturellement des marxistes-léninistes !

Ainsi, tout est prévu. Mais la vérité est impossible à étouffer. Les dirigeants de L’Exploité ont eu des rôles importants dans le « PCB » de Grippa et ils ne pourront jamais faire oublier ce fait. Ils ont été de fidèles comparses de Grippa jusqu’au moment où celui-ci renia ouvertement en 1967 la façade marxiste-léniniste. A ce moment, du jour au lendemain, sans même essayer de lancer la lutte dans le Parti. Les dirigeants de Clarté prirent un chemin semblable quelques mois plus tard.

Aucune analyse critique-autocritique du « PCB » (Voix du Peuple) n’a été faite et n’est faite. La scission fut une rupture entre bourgeois en désaccord sur la tactique à suivre pour tromper les révolutionnaires. A l’heure actuelle, L’Exploité essaie non seulement de se dédouaner, mais il veut en plus se mettre en valeur et prendre une place de choix dans l’histoire du mouvement révolutionnaire, en servant du « PCB » (Voix du Peuple). Pour faire coup double, L’Exploité ose même tirer des « leçons » de l’expérience du « PCB » (Voix du Peuple) qui « confirment » sa ligne révisionniste et « excusent » ses « erreurs ».

c) Quelle leçon tire-t-il de cette expérience qui ne fut pas « loin de là, purement négative » ?

« Pour Grippa, un groupe de penseurs, intellectuels de préférence, devait entraîner la classe ouvrière sur la voie révolutionnaire ». (p. 182)

« Pour les camarades qui voulurent « construire le parti » et créèrent « L’Exploité », en juin 1967, il fallait en finir de considérer la classe ouvrière comme une masse de manœuvres destinée à porter au pouvoir un groupe de théoriciens constituant une sorte d’élite du mouvement révolutionnaire ». (p. 183)

L’Exploité « systématise » cet « enseignement » :

« Et l’on peut dire, aujourd’hui, que la principale contradiction qui a présidé à l’éclatement du parti, fut celle de la conception du rôle de la classe ouvrière, des liens entre celle-ci et le parti » (p. 182).

Toutes les critiques que L’Exploité aurait portées au Parti de Grippa (« ligne politique faussement révolutionnaire », « négation du centralisme démocratique », « opportunisme le plus plat », etc.) et qui ne sont jamais développées, se ramènent finalement à la construction intellectuelle-ouvrier ! L’Exploité se sert de l’échec du « PCB » (Voix du Peuple) pour « justifier » sa ligne révisionniste et pour attaquer violemment la théorie marxiste-léniniste :

« Pour lui (Grippa), il fallait asséner à ceux-ci (les travailleurs) des exposés-massues sur la théorie marxiste-léniniste, leur imposer des slogans et des programmes revendicatifs concoctés pendant d’interminables palabres du comité central et du bureau politique ». (p.186)

L’Exploité conclut :

« (…) les grands exposés théoriques de dialectique marxiste tombent comme un coup d’épée dans l’eau. Ils ne peuvent toucher les éléments les plus révolutionnaires du prolétariat parce que ne répondant pas aux questions concrètes posées par ceux-ci, parce qu’écrits ou proférés en un langage hermétique réservé aux initiés, parce qu’écrasant les principes élémentaires sous une masse désespérante de considérations savantes, terriblement abstraites ». (p. 184)

Ce seul aspect « négatif » critiqué de façon développée par L’Exploité est inventé. Le « PCB » (Voix du Peuple) a méprisé complètement la théorie marxiste-léniniste et la classe ouvrière. Présenter Grippa comme un « théoricien » marxiste-léniniste vise à déprécier la théorie marxiste-léniniste. L’Exploité espère ainsi éloigner les révolutionnaires du véritable marxisme-léninisme et apparaître lui-même comme « authentiquement » marxiste-léniniste. Mais le marxisme-léninisme est la théorie du prolétariat. Lorsque le prolétariat s’empare du marxisme-léninisme, il le transforme en une force matérielle révolutionnaire ! Le prolétariat aspire au marxisme-léninisme qui lui permet de connaître ses amis et ses ennemis, de renverser le capitalisme et d’instaurer le socialisme. La révolution socialiste résulte de la fusion du mouvement ouvrier avec le socialisme scientifique, de la prise de conscience révolutionnaire du prolétariat.

« Dans la période initiale de sa pratique, période de destruction des machines et de la lutte spontanée, le prolétariat ne se trouvait, dans sa connaissance de la société capitaliste, qu’au degré de la connaissance sensible et n’appréhendait que des aspects isolés et la liaison externe des différents phénomènes du capitalisme. Il n’était encore que ce qu’on appelle une « classe en soi ». Mais dès la seconde période de sa pratique, période de lutte économique et politique consciente et organisée, du fait de son activité pratique, de son expérience, acquise au cours d’une lutte prolongée, expérience qui fut généralisée scientifiquement par Marx et Engels et d’où naquit la théorie marxiste qui servit à l’éduquer (souligné par l’UC(ML)B), il fut à même de comprendre l’essence de la société capitaliste, les rapports d’exploitation entre les classes sociales, ses propres tâches historiques, et devint alors une « classe pour soi » (Mao Tsétoung, De la pratique, t. 1, p. 336).

La théorie marxiste-léniniste joue un rôle décisif. Lénine a écrit :

« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites de l’action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l’opportunisme » (Que Faire ?, t. 5, p. 376).

Lénine précisait concrètement la nécessité de la théorie marxiste :

« Pour la social-démocratie russe en particulier, la théorie prend une importance encore plus grande pour trois raisons trop souvent oubliées, à savoir : tout d’abord, notre Parti ne fait encore que se constituer, qu’élaborer sa physionomie et il est bon d’en avoir fini avec les autres tendances de la pensée révolutionnaire, qui menacent de détourner le mouvement du droit chemin (…).

Deuxièmement, le mouvement social-démocrate est, par son essence-même, international. Il s’ensuit encore qu’un mouvement amorcé dans un pays jeune ne peut être fructueux que s’il s’assimile l’expérience des autres pays. (…) Il faut pour cela savoir faire l’analyse critique de cette expérience et la contrôler soi-même. Il n’est que de se rendre compte combien s’est développé et ramifié le mouvement ouvrier contemporain, pour comprendre quelle réserve de compétences théoriques et d’expérience politique (et révolutionnaire) est nécessaire pour accomplir cette tâche.

Troisièmement, la social-démocratie russe a des tâches nationales comme n’en a jamais eu aucun parti socialiste du monde. Nous aurons à parler plus loin des obligations politiques et d’organisation que nous impose cette tâche : libérer un peuple entier du joug de l’autocratie » (« Que faire ? », t. 5, p ; 376-377)

L’instrument de la fusion du socialisme et du mouvement ouvrier, le porteur de la science marxiste est le Parti du prolétariat. C’est pourquoi Staline soulignait :

« Il faut que le Parti absorbe tous les éléments de la classe ouvrière, leur expérience, leur esprit révolutionnaire, leur dévouement infini à la cause du prolétariat. Mais pour être vraiment un détachement d’avant-garde, il faut que le Parti soit armé de la théorie révolutionnaire, de la connaissance des lois du mouvement, de la connaissance des lois de la révolution ». (Des principes du Léninisme, Pékin, p. 104).

Issu d’un Parti qui a toujours renié le marxisme-léninisme, L’Exploité refuse de faire la moindre autocritique et camoufle la vraie nature du « PCB » (Voix du Peuple), essayant au contraire de le mettre en valeur pour se présenter lui-même comme un « héritier du mouvement révolutionnaire ».

Selon L’Exploité, l’aspect négatif de ce Parti est qu’il se serait appuyé sur la théorie marxiste-léniniste ! Ainsi, L’Exploité justifie son propre rejet de la théorie marxiste-léniniste, son mépris profond à l’égard de la théorie révolutionnaire.

Mais, prudent, il feint en même temps la modestie et reconnaît d’avance une certaine « faiblesse idéologique », ce qu’il considère lui-même comme une autocritique largement suffisante pour son révisionnisme.

« Nous l’avons dit, les militants qui créèrent « L’Exploité » étaient les plus liés à la classe ouvrière. (…) Il ne faut donc pas s’étonner si l’on trouve parfois des pointes d’ouvriérisme dans leurs positions, en réaction – néfaste mais difficilement évitable – contre la primauté donnée par Grippa à son état-major d’intellectuels, de théoriciens. » (p. 183)

A nouveau s’exprime la haine de la théorie, camouflée sous la confusion entre intellectuels au service de la bourgeoisie et intellectuels qui servent le prolétariat, entre idéologie bourgeoise et marxisme-léninisme.

L’Exploité écrit plus loin que « sa principale faiblesse se (situe) sur le plan idéologique » (p. 183). « Cette faiblesse idéologique est générale, tant à la « base » qu’à la direction » du Parti ». (p. 183) Mais la seule explication concrète, ce sont les « pointes d’ouvriérisme » qualifiées de « difficilement évitables » ! L’apparente modestie cache une nouvelle autocritique mensongère, elle camoufle la plus grande prétention, le révisionnisme flagrant ! L’Exploité est de la même nature que le « PCB » (Voix du Peuple) et ne parvient pas à le cacher ; telle est le vérité. Il essaie de se déguiser en enfilant l’habit de l’ouvrier, mais la classe ouvrière n’a qu’un seul habit, le marxisme-léninisme ; elle démasque les traîtres introduits dans ses rangs.

2. L’EXPLOITE FACE AU MOUVEMENT MARXISTE-LÉNINISTE (1970-1973)

Pendant plusieurs années, L’Exploité « chercha » l’unité avec Clarté ; cette entreprise a longtemps échoué, parce que l’arrivisme est trop grand dans ces deux Partis et qu’aucun Comité central n’était prêt à partager le pouvoir. Durant cette période, L’Exploité exprima ouvertement sa haine contre les révolutionnaires et le véritable mouvement marxiste-léniniste naissant, traités « de petits groupes irresponsables (49, 1971) qui, bien que se disant révolutionnaires, refusent la base même du marxisme-léninisme (…) et ne peuvent fournir un travail révolutionnaire conséquent au service du peuple » (32, 1970) ou encore de « petits rigolos (…) qui font des démonstrations savantes aux ouvriers » (11, 1971).

L’idéologie révisionniste de L’Exploité se manifestait ici ouvertement. Mais devant la montée du mouvement marxiste-léniniste authentique, l’échec de l’unification avec Clarté, et ses propres insuccès, la tactique changea. L’Exploité voulut, en peu de temps, se mettre à la tête » de l’unité des marxistes-léninistes en lançant de nombreux appels pressants. Pour parfaire son image de groupe non prétentieux et non sectaire, L’Exploité reconnut des « erreurs », fit des « autocritiques ».

L’Exploité n° 41 (1972) (annexe 6) commence par un article « Édifier le Parti », qui contient toutes sa position profondément hypocrite sur l’unité. S’alignant apparemment sur l’UC(ML)B, il écrit :

« Ce qui unit toute une série de groupes, organisations et « partis » est nettement plus important que ce qui les divise ».

« Dans chaque groupe, certains lèvent un doigt sentencieux et exposent : ‘Pour que cette unité soit réelle, solide et profitable, il faut qu’elle se base sur les principes’. Mais … tout le monde est d’accord là-dessus ! Et si l’on examine les principes invoqués par les uns et par les autres, on s’aperçoit qu’ils sont pratiquement identiques. »

L’Exploité en rajoute, pour mieux cacher son révisionnisme :

« Les militants de « L’Exploité » n’ont jamais caché que leur plus grand handicap est leur faiblesse idéologique ».

Les principes que L’Exploité avance pour réaliser l’unité des marxistes-léninistes paraissent être les mêmes que ceux que nous avançons. Mais il ne peut les citer qu’en niant un autre principe fondamental du marxisme-léninisme :

« L’unité avec les opportunistes, c’est l’alliance des ouvriers avec ‘leur’ bourgeoisie nationale et la scission de la classe ouvrière révolutionnaire internationale.

(…) Si dure que soit, en certains cas, la lutte contre les opportunistes qui règnent dans maintes organisations, quelque forme particulière que prenne, dans certains pays, le processus des partis ouvriers se débarrassant des opportunistes, ce processus est inévitable et fécond » (Lénine, Le socialisme et la guerre, t. 21, p. 322).

Staline systématisa cet enseignement pour la construction du Parti et la préparation de la révolution :

« La voie du développement et du renforcement des partis prolétariens passe par leur épuration des opportunistes et des réformistes, des social-impérialistes et des social-chauvins, des social-patriotes et de social-pacifistes. Le Parti se fortifie en s’épurant des éléments opportunistes » (Des principes du léninisme, Pékin, p. 118).

C’est pourquoi nous avons d’abord tracé une ligne de démarcation nette et claire entre le révisionnisme et le marxisme-léninisme. Sur la base d’une analyse marxiste-léniniste, nous avons déterminé la nature bourgeoise, néo-révisionniste du « PCB » (Voix du Peuple) et de ses rejetons « PCMLB » (Clarté) et « PCBML » (L’Exploité). Dès lors, le camp de l’ami et le camp de l’ennemi sont délimités. Introduire l’ennemi dans nos rangs, c’est introduire le révisionnisme, le scissionnisme. Il n’en est pas question. Seuls les marxistes-léninistes véritables peuvent et doivent réaliser leur unité afin de forger ensuite l’unité du peuple. Ils doivent se démarquer du néo-révisionnisme, le chasser de leurs rangs et se débarrasser de son influence.

L’Exploité estompe complètement, cela va de soi, la ligne de démarcation. En parlant « d’accord sur les principes », L’Exploité est tout à fait sans principe. L’Exploité espérait ainsi que les marxistes-léninistes ne découvrent pas sa nature révisionniste et il détournait bassement le juste désir d’unité de la classe ouvrière, pour éviter toute démarcation sérieuse et traiter de « sectaires » ceux qui dénoncent son scissionnisme néo-révisionniste.

« Les barrières qui empêchent les différents groupes de se retrouver au coude à coude dans le même combat, sont, la plupart du temps, fort minces et, plus fréquemment encore, artificielles » (41, 1972).

Et aussi tôt L’Exploité en profitait pour éviter le point crucial :

Encore qu’un accord soit aisé à réaliser sur l’analyse des phénomènes les plus récents, connus de tous : le révisionnisme, le grippisme » (41, 1972).

Qu’est-ce que d’ailleurs que le « grippisme » ? Ni Clarté, ni L’Exploité ne réussiront à éviter cette pierre d’achoppement, malgré tous leurs artifices.

Enfin, L’Exploité, sans aucune retenue, exposa son avis sur les divergences actuelles :

« Il ne s’agirait que de problèmes de personnes, d’animosités anciennes, d’ambitions inavouées quant à la future direction du parti communiste marxiste-léniniste à construire » (41, 1972).

En réalité, il s’agit là des seules divergences qui opposaient Clarté et L’Exploité. Le révisionnisme tendait plutôt à les rapprocher contre l’ennemi marxiste-léniniste commun, mais l’arrivisme les tint éloignés pendant un temps. Le même article saluait d’ailleurs le Congrès de Clarté et faisait seulement allusion à Lutte communiste (marxiste-léniniste).

Plus tard, L’Exploité revint sur cette question, poussant violemment à l’unité sans principe :

« Que reste-t-il à vaincre ? A la fois peu et beaucoup de choses. Peu, parce qu’il ne s’agit pas de contradictions insurmontables. Beaucoup parce qu’il s’agit d’habitudes profondément enracinées, de suspicions et procès d’intention, extrêmement tenaces, de tendances au « bluff » suscité par la crainte de se trouver en « position de faiblesse » face à l’interlocuteur – ce qui indique, tout compte fait, une vue petite-bourgeoise du problème de l’unité.

… Ce qui est à craindre, c’est que le régime capitaliste en difficulté nous mettre, brutalement, tous d’accord. Il nous reste, à ce moment-là, de nombreuses heures à discutailler sur tel ou tel mot, à donner l’un ou l’autre sens à telle ou telle virgule. C’est là un jeu passionnant derrière les barreaux d’une prison … » (11, 1973).

Devant ce genre d’affirmations, Lénine s’exclamait :

« Il est ridicule et stupide d’affirmer, lisons-nous, qu’il existe une contradiction inconciliable entre les tendances politiques du n° 101 du Loutch (Trotski) et de la Pravda ! Croyez donc, cher auteur, qui ni le mot de ‘stupide’ ni celui de ‘ridicule’ n’effraie les ouvriers ; ils vous demanderont de parler avec eux comme avec des adultes sur le fond du problème : Vous n’avez qu’à exposer ces tendances ! Montrez un peu si l’éditorial du Loutch est ‘conciliable’ avec la social-démocratie ! Vous ne saurez satisfaire les ouvriers par des paroles, même ‘conciliatrices’, même emmiellées ». (La question de l’unité, t. 18, p. 576).

Les faits eux-mêmes se chargent de démontrer le scissionnisme de L’Exploité. A la suite du n° 41 (1972), l’UC(ML)B envoya une lettre (annexe 7) en proposant une discussion entre les deux organisations afin de mettre à l’épreuve le « désir d’unité » de L’Exploité . L’Exploité ne répondit pas. Pour les marxistes-léninistes c’est une preuve flagrante de l’hypocrisie de L’Exploité, qu’on doit caractériser par un désir d’unité en paroles, scissionniste en réalité.

Dans L’Exploité n° 17 du 1er mai, l’éditorial reprenait les litanies habituelles sur l’unité mais, en plus, cite nommément les organisations considérées comme marxistes-léninistes :

« C’est un 1er mai d’unité :

… « Il reste des anathèmes à oublier, des excommunications à discuter, des rancunes et des rancœurs à faire passer au second plan, bien loin derrière les intérêts supérieurs du prolétariat et de la révolution socialiste.

… L’unité des marxistes-léninistes est à portée de la main. Elle est l’espoir de centaines de militants. Elle est le souhait de milliers de travailleurs d’avant-garde ». (17, 1973)

Après ce « vibrant » appel à l’unité, le scissionnisme abject éclate :

« En cette journée du 1er mai 1973, nous saluons fraternellement nos camarades de « Clarté », nous leur souhaitons d’atteindre et de dépasser les objectifs de diffusion de leur périodique.

Nous sommes de tout cœur avec nos camarades de « LUTTE COMMUNISTE » à Liège, engagés avec audace et sérieux dans la voie de la pratique révolutionnaire.

Nous félicitons chaleureusement nos camarades d’AMADA engagés dans un dur et juste combat aux côtés des travailleurs des ports de Gand et d’Anvers… ».

L’Exploité se garde bien de nommer l’UC(ML)B ! Sans avoir jamais porté la moindre critique à cette organisation, en effaçant toute ligne de démarcation, L’Exploité cache en réalité la crainte de la critique, la crainte d’être démasqué.

L’UC(ML)B, qui représente son principal ennemi, est écarté hypocritement, sans un mot.

Quand L’Exploité rendit compte de la manifestation du 1er mai à Gand, où l’UC(ML)B fut active, il mentit une nouvelle fois :

« La manifestation était organisée à l’invitation et par les camarades d’AMADA. De nombreuses organisations d’autres parties du pays, des camarades de L’Exploité, de « Lutte communiste », des camarades espagnols et d’autres nationalités y prirent part. » (19, 1973)

Mais les progrès de la critique communiste du néo-révisionnisme, les contradictions internes de L’Exploité et l’implantation de l’UC(ML)B dans son « fief » de Charleroi, ont poussé L’Exploité et Clarté à fusionner leurs deux entreprises sous une enseigne unique.

Lorsque l’accord fut enfin conclu, L’Exploité libéra sa haine contenue conter les marxistes-léninistes et laissa tomber le masque.

L’article « Etre attaqué par l’ennemi est une bonne chose » (22, 1973) (annexe 8) révèle le scissionnisme de L’Exploité et confirme, si nécessaire, l’analyse du bulletin marxiste-léniniste 2.

Contre l’UC(ML)B L’Exploité use de la calomnie contre-révolutionnaire ; elle est puisée dans les arguments habituels des révisionnistes du « PCB » et du « PCMLB » (Clarté).

L’Exploité crie à la provocation en affirmant que « le jour n’est pas loin, espérons-le, où l’on découvrira le fil conducteur de cette entreprise de confusion et de division ». Il feint de croire que l’activité d’UC(ML)B pourrait orienter les travailleurs « vers d’autres solutions, de type fasciste », etc.

C’est l’aveu, non de « faiblesse idéologique » mais du révisionnisme le plus bas, le plus misérable. Et L’Exploité ose commencer son article en assurant qu’il lutte contre le « sectarisme ». Il avait crié le plus fort « à l’unité » pour cacher qu’il est pour la scission.

Les marxistes-léninistes doivent en tirer les leçons. Il est absolument nécessaire de se démarquer totalement des néo-révisionnistes. Sinon chacune de leurs tactiques, plus ou moins habiles, pourra jeter la confusion. L’Exploité réussit à tromper des marxistes-léninistes sur sa vraie nature. Saisissant la question primordiale de l’unité des marxistes-léninistes, il a camouflé soigneusement son scissionnisme en se servant de la division des marxistes-léninistes.

Pour chasser ces scissionnistes, les écarter de leurs rangs, les marxistes-léninistes doivent s’unir entre eux et offrir un rempart solide au révisionnisme sous toutes ses formes. Les marxistes-léninistes, déjà unis pour l’essentiel sur l’idéologie et la politique, ne le sont pas encore organisationnellement.

La réalisation du centralisme démocratique national qui s’obtiendra par l’unité organisationnelle des marxistes-léninistes est donc le maillon à saisir pour la construction du véritable Parti communiste. Il nous faut apprendre jusqu’au bout à distinguer l’ami et l’ennemi. Dans quel but ? Nous devons unir les marxistes-léninistes, unir le peuple et chasser l’ennemi.

3. L’EXPLOITÉ DÉFEND ET APPLIQUE UNE LIGNE RÉFORMISTE

La ligne politique de L’Exploité est manifestement réformiste, à tel point qu’il fait un semblant d’autocritique pour « excuser » les aspects trop visibles. Effectivement, à plusieurs reprises, L’Exploité a insisté sur sa « faiblesse idéologique », espérant ainsi que tout soit dit.

En « tirant les leçons » de l’expérience du « PCB » (Voix du Peuple), L’Exploité avait exprimé sa haine de la théorie marxiste-léniniste. Cette opposition irréductible au marxisme-léninisme se retrouve dans la ligne du journal.

Si pendant un temps, L’Exploité s’est acharné à considérer l’impérialisme américain comme ennemi principal, il a bientôt abandonné (sans autocritique évidemment) ses prétentions stratégiques pour se limiter aux nouvelles d’usines. De temps à autre, comme dans le n° 43 (1972), l’impérialisme américain (ou étranger) réapparaît :

« La situation est donc fort claire (sic), la politique charbonnière belge correspond aux intérêts financiers actuels des impérialistes étrangers. Voilà situés les VRAIS ENNEMIS ».

Mais ce qui caractérise la ligne actuelle est écrit crûment dans Contradictions n° 2 :

« Grippa et ses lieutenants n’avaient, de la classe ouvrière, qu’une connaissance extrêmement superficielle. Ils n’en connaissaient nullement le langage et ignoraient tout de ses problèmes. En réalité, ils n’avaient aucune confiance – tout comme les révisionnistes, en fin de compte – dans la capacité révolutionnaire du prolétariat de notre pays.

Le point de vue des militants de « L’Exploité » était tout autre. Pour eux, il fallait partir des luttes, des petits conflits quotidiens des travailleurs, pour démontrer la nécessité d’arracher le pouvoir des mains des exploiteurs.

Pour reprendre un exemple dont nous avons souvent usé (!), il fallait pouvoir arriver à la notion de la nécessité de la révolution en partant d’une revendication pour des chaussures de sécurité ». (p. 186)

Laissons Lénine répondre :

« La conscience politique de classe ne peut être apportée à l’ouvrier que de l’extérieur, c’est-à-dire de la lutte économique, de l’extérieur de la sphère des apports entre ouvriers et patrons. Le seul domaine où l’on pourrait puiser cette connaissance est celui des rapports de toutes les classes et catégories de la population avec l’Etat et le gouvernement, le domaine des rapports de toutes les classes entre elles » (Que faire ?, t. 5, p. 431).

Les tâches fondamentales du prolétariat sont de diriger toutes les classes révolutionnaires dans la prise de pouvoir politique, et dans l’instauration de la dictature du prolétariat, tout en pratiquant l’internationalisme prolétarien.
Partir essentiellement des problèmes de l’usine (soi-disant dans une perspective révolutionnaire, souvent même formellement absente), en rejetant la théorie marxiste-léniniste, en rejetant dans les faits la préparation de la révolution socialiste et la pratique de l’internationalisme prolétarien, caractérise la ligne réformiste de L’Exploité.

Comment apparaît la perspective « révolutionnaire » ?

« Et si les capitalistes font appel à l’Etat, c’est uniquement pour que celui-ci, qui est à leur service, leur permette de réaliser des bénéfices plus importants avec l’aide de la communauté et non pour faire bénéficier celle-ci des richesses créées par le peuple.

Il n’y a qu’une solution : liquider le régime, arracher le pouvoir aux parasites et aux exploiteurs, créer un Etat où la classe ouvrière sera au pouvoir. Un Etat dont la loi sera le respect de l’individu, et non le gonflement des portefeuilles de quelques individus.

Certes, cela signifie la révolution puisque les capitalistes ne voudront jamais abandonner de plein gré leurs privilèges. Mais … cette bataille-là, il faudra DE TOUTE MANIÈRE la mener.

Car, dans l’état actuel de décrépitude du régime, il est absolument certain que la haute finance prépare son « pouvoir fort » pour éviter l’effondrement. Et, à ce moment-là, il sera bien tard pour ouvrir les yeux et organiser la contre-attaque. C’est aujourd’hui qu’il faut se préparer aux luttes pour le pouvoir ». A.H. (49, 1972)

Le marxisme-léninisme nous enseigne que pour prendre le pouvoir, la classe ouvrière doit briser l’Etat capitaliste par la révolution socialiste armée. L’Etat capitaliste est avant tout l’appareil de répression, le détachement armé de la bourgeoisie contre le peuple. Ecrire que la « communauté » aide ( !) l’Etat à faire réaliser aux capitalistes des bénéfices plus importants et que sa loi est « le gonflement des portefeuilles de quelques individus », est de la pure démagogie réformiste cachant la nature réelle de l’Etat capitaliste et les tâches fondamentales du prolétariat.

Poursuivant sa ligne réformiste, L’Exploité décrit l’Etat prolétarien dont la loi serait « le respect de l’individu ». C’est faux. L’Etat prolétarien exerce la dictature du prolétariat sur la bourgeoisie pour que celle-ci ne reprenne plus jamais le pouvoir. Pour le peuple règne la démocratie, alors que les capitalistes sont soumis à la dictature de la classe ouvrière. La lutte des classes entre bourgeoisie et prolétariat ne se termine pas avec la prise de pouvoir par le prolétariat, elle n’atteint son terme qu’avec l’avènement du communisme, la disparition des classes.

La loi du « respect de l’individu », est la thèse habituelle des humanistes bourgeois et des révisionnistes qui s’opposent à la lutte de classe acharnée contre la bourgeoisie, à la dictature du prolétariat.

Le Parti, détachement organisé de l’avant-garde du prolétariat, est l’arme principale du prolétariat pour accomplir ses tâches historiques. Mais, ayant abandonné les objectifs fondamentaux du prolétariat, L’Exploité se découvre comme un Parti réformiste préoccupé uniquement par les revendications économiques.

Il en devient caricatural :

« Les organisations syndicales sont donc devenues des instruments de la dictature capitaliste.

… Bien sûr, ce n’est plus là un syndicat, camarades !

Si le patron te force à te syndiquer, c’est qu’il y a intérêt.

Alors ? Eh bien, tu peux au moins faire quelque chose, camarade : rejoins les rangs des communistes.

Ce n’est certainement pas rentable, financièrement – d’accord. Mais avec nous, tu feras du bon boulot dans la voie de l’édification d’une société socialiste (cette dernière phrase est en lettres grasses) ! » A.H. (8, 1973)

Comme L’Exploité parle uniquement des conditions de vie à l’usine, le Parti perd sa principale raison d’être ; il n’a plus d’autre fonction que de maintenir la façade marxiste-léniniste !

Au début de sa carrière, L’Exploité préconisait la ligne des « comités partout ».

Dans Contradictions n° 2, L’Exploité attribue cet abandon de la construction de cellules au fait d’avoir « étudié Mao Tsé-toung d’une manière théorique » !

« Nous en sommes donc arrivés à la conclusion que partir d’un comité « large » pour parvenir à une organisation du parti était « atteler la charrette avant les bœufs. (…)

Si nous avions étudié la pensée de Mao Tsé-toung en la liant à la pratique et non d’une manière théorique, nous aurions déterminé immédiatement que la première chose à faire était de créer une organisation du parti à l’entreprise et non une espèce de « front uni » invertébré, sans ligne politique, sans principe organisationnel, sans perspective ». (p. 190)

Jamais on ne vit tel mépris de l’idéologie marxiste-léniniste !

La cause de « l’erreur » est le révisionnisme de L’Exploité, et nulle autre. D’ailleurs, L’Exploité le prouve lui-même en reniant sa nouvelle position sur les cellules un peu plus tard :

« Et ces quelques dizaines (de travailleurs conscients) constituaient une véritable force, un noyau robuste et combatif de ce qui pourrait devenir un front uni (!), non seulement pour soutenir les luttes économiques des travailleurs, mais aussi – et surtout – pour des objectifs politiques tels que la lutte contre le fascisme menaçant ». A.H. (17, 1973)

Et, après la grève de Caterpillar :

« Il est évident qu’un coup terrible vient d’être asséné au mythe de la « puissance » des organisations syndicales « traditionnelles ».

Alors, camarades, le moment est venu, pour vous, de penser à construire vos propres organisations de combat ». A.H. (16, 1973)

Sans doute, L’Exploité a-t-il encore trop étudié le marxisme-léninisme « d’une manière théorique », mais il n’ose reprendre cette « justification ». En réalité, L’Exploité tend à abandonner toute façade marxiste-léniniste pour prendre la voie « facile » du réformisme « traditionnel », dans l’espoir de quelque succès.

Dernièrement, L’Exploité a fait un pas supplémentaire , si c’est encore possible. Il a soutenu hypocritement « un groupe d’ouvriers de Caterpillar » qui a diffusé un tract commençant par : « A TOUS NOS COPAINS DE L’USINE ».

Or, ce tract est celui d’un groupe dirigé par des éléments opposés complètement au marxisme-léninisme, ayant abandonné le spontanéisme du MSE (Mouvement syndical Etudiant) pour s’intéresser passivement aux conditions de travail des ouvriers. Ce groupe, au nom de l’« antisyndicalisme », a refusé de soutenir la grève de Caterpillar sous prétexte qu’elle était « reconnue » par les directions syndicales ! L’Exploité connaît la dégénérescence de ce groupe, mais il le soutient pour cette seule et unique raison qu’il est farouchement hostile au marxisme-léninisme, à la révolution socialiste.

La fin de l’article dévoile l’intention véritable de L’Exploité :

« …nous sommes convaincus qu’il (le groupe originaire du MSE) effectue un travail utile à la classe ouvrière. Autrement utile que celui de certains phraseurs dont l’activité principale semble devoir toujours être de briser l’élan révolutionnaire des masses, de saboter les initiatives des travailleurs sous le couvert de phrases « gauchistes », de réaliser partout, un travail de sape profitable aux patrons et à leurs agents de directions syndicales » A.H. (24, 1973).

L’Exploité n’en est donc plus à un reniement près pour tenter de camoufler son révisionnisme. Sa haine du mouvement marxiste-léniniste véritable provient de ce que celui-ci sonne le glas du néo-révisionnisme par sa dénonciation intransigeante, fidèle aux principes et conforme à l’intérêt de la classe ouvrière.

Pour résumer la ligne de L’Exploité :

« Pour le réformisme, la réforme est tout ; le travail révolutionnaire, lui, n’est là que pour l’apparence, pour en parler, pour jeter de la poudre aux yeux. C’est pourquoi, avec la tactique réformiste, dans les conditions du pouvoir bourgeois, une réforme devient de façon inévitable un instrument de renforcement de ce pouvoir, un instrument de désagrégation de la révolution » (Staline, Des principes du léninisme, Pékin, p. 99-100).

Si le scissionnisme de L’Exploité à l’égard du mouvement marxiste-léniniste est flagrant, il faut également savoir quelle attitude il prend devant les masses, comment il essaie d’y introduire sa ligne réformiste, d’autant plus que, comme nous venons de le voir, L’Exploité accuse les marxistes-léninistes de « briser l’élan révolutionnaire des masses ».

4. LE FONDEMENT IDÉOLOGIQUE DE L’EXPLOITE EST LE MÉPRIS DE LA CLASSE OUVRIÈRE ET LA CONFIANCE DANS LA BOURGEOISIE

L’attitude qu’elle prend devant la classe ouvrière révèle l’idéologie, la nature communiste ou bourgeoise d’une organisation. Les marxistes-léninistes servent de tout cœur la classe ouvrière, ont pleinement confiance en elle, en sa capacité de renverser le capitalisme et de construire un monde nouveau sans exploiteurs. Dès le début de leur activité ils s’efforcent de se lier à la classe ouvrière, de partir de ses besoins pour développer une ligne politique marxiste-léniniste.

L’Exploité, au contraire, méprise la classe ouvrière et les tâches communistes. Pendant la grève du Limbourg en 1970, qui a vu 24.000 travailleurs démasquer les directions syndicales, attaquer les permanences syndicales, créer leurs propres organisations de lutte, employer la violence de masse contre la gendarmerie venue à la rescousse pour briser la grève, L’Exploité a osé écrire :

« Il n’est pas du tout étonnant de constater, après des grèves, là où les comités ont exercé une certaine influence, un renforcement des syndicats traditionnels…

Enfin, conséquence inéluctable de l’action négative de ces comités de lutte, les travailleurs de ces entreprises, refroidis par un tel échec de leur lutte, sont désabusés et déçus ». (50, 1971)

Il définissait lui-même son mépris des tâches communistes lorsqu’il a explicité sa conception de la cellule :

« … Cette cellule doit rester secrète, son travail se limitant à écouter, à voir ce qui se passe, à en tirer les conclusions après discussion du groupe. Ces conceptions retournent dans la masse des travailleurs par l’intermédiaire des militants du Parti qui n’ont pas de rapport avec l’usine et ne risquent pas ainsi d’être licenciés ». (2, 1972)

Cette position suiviste, réactionnaire ne s’est jamais démentie. Si L’Exploité a appris à feindre le soutien formel aux luttes ouvrières, son mépris de la classe ouvrière éclate toujours :

« Un des premiers objectifs à atteindre, c’est de fournir aux travailleurs une information qu’ils ne peuvent trouver nulle part ailleurs … Outre cette mission nécessaire d’information, d’autres tâches doivent être remplies par notre hebdomadaire ». (3, 1973)

Ces « autres tâches » secondaires sont la défense de la façade marxiste-léniniste. L’essentiel est ainsi tracé.

Quel est le point de vue marxiste-léniniste sur les tâches du Parti ?

« Le parti ne peut être un parti véritable, s’il se borne à enregistrer ce qu’éprouve et pense la masse de la classe ouvrière ; s’il se traîne à la remorque du mouvement spontané ; s’il ne sait pas surmonter la routine et l’indifférence politique du mouvement spontané ; s’il ne sait pas élever les masses au niveau de la compréhension des intérêts de classe du prolétariat. Il faut que le Parti se trouve en tête de la classe ouvrière ; il faut qu’il voie plus loin que la classe ouvrière ; il doit conduire le prolétariat, et non pas se traîner à la remorque du mouvement spontané. Les partis de la IIe Internationale qui prêchent le « suivisme », sont des agents de la politique bourgeoise qui condamne le prolétariat au rôle d’instrument entre les mains de la bourgeoisie. Seul un parti se considérant comme un détachement d’avant-garde du prolétariat, et capable d’élever les masses au niveau de la compréhension des intérêts de classe du prolétariat, seul un tel parti est capable de détourner la classe ouvrière de la voie du trade-unionisme et de la transformer en une force politique indépendante ». (Staline, Des principes du Léninisme, Pékin, p. 104-105)

Même la « mission d’information » que L’Exploité s’assigne est jugée par lui trop astreignante !

« Cette vente (du journal) offrait l’inconvénient (!) d’exiger des militants une discipline très rude : la présence, chaque semaine, par n’importe quel temps, le même jour, à la même heure, au même endroit » (p. 189).

Quels sont les buts avoués de L’Exploité ?

« – l’affirmation de la présence du parti, recréant chez les travailleurs une confiance perdue depuis longtemps dans les organisations politiques ;

– le contact permanent avec les travailleurs, la nécessité de connaître leurs préoccupations, d’écouter leurs critiques, de répondre à leurs questions, de riposter à certaines attaques ;

– l’image donnée à la classe ouvrière de militants communistes dévoués, sérieux, modestes, intégrés dans le peuple … ;

– la possibilité de nouer des liens réguliers avec les travailleurs d’avant-garde, de les aider à effectuer un travail politique à l’intérieur de l‘usine » (p. 189)

L’Exploité n’a nullement l’intention d’éduquer la classe ouvrière, de la mobiliser, de se mettre à sa tête, mais, au contraire, il vise à la maintenir sous le joug de la bourgeoisie en se contentant de « l’écouter » et de « l’aider ».

Lorsque les marxistes-léninistes écoutent la classe ouvrière, quand ils font des enquêtes, c’est pour saisir les idées justes, saisir les besoins révolutionnaires et, à la lumière du marxisme-léninisme, les transformer en mots d’ordre éducateurs, mobilisateurs dans la perspective de la révolution socialiste et de l’internationalisme prolétarien. Les marxistes-léninistes se portent au premier rang de la lutte :

« Le peuple chinois est dans le malheur, nous avons le devoir de l’en tirer ; pour cela, il faut lutter de toutes nos forces. Or, quand il y a lutte, il y a sacrifice : la mort est chose fréquente. Comme nous avons à cœur les intérêts du peuple, les souffrances de la grande majorité du peuple, mourir pour lui, c’est donner à notre mort toute sa signification ». (Mao Tsétoung, Servir le peuple, t. 3, p. 186)

L’Exploité est une officine de vente d’un journal qui se prétend marxiste-léniniste. Il affirme que :

« La principale force du parti communiste (m-l) éditant L’Exploité fut, au cours des cinq années qui suivirent, cette liaison permanente, naturelle, profonde, avec la classe ouvrière ». (p. 183)

« Une influence réelle et exercée par le parti à la Providence, Hainaut-Sambre, aux charbonnages de Saint-Jacques et du Petit Try, à Lifermag (récupération de métaux)… (p. 193)

C’est complètement mensonger. L’Exploité ne possède d’influence réelle nulle part, il entretient seulement des contacts nécessaires à l’élaboration du journal.

Pendant la dernière grève, au Petit Try, L’Exploité était absent.

A propos de la grève à Carterpillar, L’Exploité a écrit :

« Les communistes sont donc pleinement, totalement, aux côtés du personnel de Caterpillar ». (14, 1973)

Et, plus tard :

« Notre parti, au travers de la lutte des travailleurs de Caterpillar a déjà pu mesurer certaines de ses faiblesses et de ses insuffisances.

… il nous faut étudier sérieusement ces faiblesses et ces insuffisances et chercher à les corriger au plus tôt ». (15, 1973)

Personne ne saura quelles sont ces « faiblesses » et ces « insuffisances ». La vérité est qu’à Caterpillar, L’Exploité fut complètement inactif.

Mais cela ne l’empêche nullement de se vanter avec des mensonges flagrants :

« Et si des ouvriers d’Hainaut-Sambre se retrouvaient, mercredi matin, aux portes de Caterpillar, ce fut uniquement, pour la plupart, en réponse à l’appel publié en supplément de L’Exploité, mardi soir » (16, 1973)

Ni de mettre dans la bouche des ouvriers de Hainaut-Sambre des paroles mensongères :

« personne si ce n’est L’Exploité, ne nous appela à la grève, encore moins à une manifestation sur Caterpillar ». (16, 1973)

En réalité, L’Exploité se borna à sa vente routinière du journal, et ne prit en main aucune des tâches de direction de la grève. Tout le travail de mobilisation et de propagande communiste fut assurée par l’UC(ML)B : participation au piquet, intervention dans les assemblées syndicales, organisation des appels à la solidarité…, ce que L’Exploité se garde bien de dire.

L’Exploité, comme Clarté d’ailleurs, est totalement absent des luttes de la classe ouvrière belge et de tout événement politique en général. Ni meeting, ni manifestation, ni présence active (ou même passive). Les mensonges de L’Exploité et de Clarté peuvent faire illusion lorsque les marxistes-léninistes ne sont pas encore implantés dans les régions où ces imposteurs prétendent militer. Mais le développement du mouvement marxiste-léniniste authentique met à nu la vérité à leur sujet : ils sont tout à fait étrangers à la classe ouvrière, ils la méprisent et ils se servent de ses luttes pour fabriquer leur journal et paraître « révolutionnaires ».

La venue de l’UC(ML)B à Charleroi entraîne l’effondrement de L’Exploité qui devient tout à fait incapable de cacher son idéologie bourgeoise.

5. L’AGONIE DE L’EXPLOITE, SON UNIFICATION AVEC CLARTÉ

La prétendue critique du « PCB » (Voix du Peuple), la position sur l’unité des marxistes-léninistes qui révèle le scissionnisme, la ligne et la pratique réformistes, démontrent l’idéologie bourgeoise de L’Exploité. Son destin est celui des imposteurs révisionnistes. Démasqué par les marxistes-léninistes, sans influence sur les masses, déchiré par les contradictions internes, il n’a plus d’autre recours que de rejoindre les débris de Clarté. L’unification avec Clarté met bien en lumière ce que L’Exploité écrivait pour expliquer la division :

En 1969 :

« Il y a des habitudes à vaincre des égoïsmes à étouffer, des susceptibilités à calmer, des rancunes personnelles à rejeter (6, 1969) ;

et en 1973 :

« (…) il s’agit d’habitudes profondément enracinées, de suspicions et procès d’intention (…) » (11, 1973).

Envers Clarté, cette position était vraie ; seule la concurrence des ambitions empêchait l’unité.

Aujourd’hui, les circonstances ont changé : le mouvement marxiste-léniniste authentique menace également les deux cliques et les oblige à faire taire leurs querelles de clocher. Tel est le sens de l’unification Clarté-L’Exploité en un seul Parti néo-révisionniste.

Le communiqué commun annonçant l’unification de Clarté et de L’Exploité rend compte de l’idéologie de ces deux groupes révisionnistes (annexe 9).

Le Parti « unifié » reprend les aspects « habiles » de la façade marxiste-léniniste de Clarté et de L’Exploité ; c’est un assemblage sans principes révisionnistes.

Origine révisionniste camouflée

« Notre Parti est le continuateur de l’œuvre d’un certain nombre de militants communistes qui, en 1963, ont entamé la reconstruction du Parti Communiste sur des bases marxistes-léninistes (…).

Le premier dirigeant de ce Parti ayant trahi, nous nous sommes révoltés contre lui et contre la clique d’aventuriers et de courtisans qui l’entouraient. (…) Dès à présent, (notre Parti) déclare que la dégénérescence du Parti, sous la direction de Grippa, a sa base dans une rupture plus formelle que profonde d’avec le révisionnisme (…). (ibid.)

La responsabilité du révisionnisme reviendrait à Grippa et à sa clique, pendant que les dirigeants de Clarté et de L’Exploité auraient toujours suivi le marxisme-léninisme ! Mais eux-mêmes faisaient partie « des aventuriers et courtisans qui l’entouraient » et ils ont, au moins, prêté la main à la « rupture plus formelle que profonde d’avec le révisionnisme ». Clarté et L’Exploité ont toujours eu en commun l’art de dissimuler leur participation active aux organes dirigeants du Parti de Grippa, dont ils formaient la majorité des membres. Ce seul fait leur reste dans la gorge, parce qu’il prouve que les dirigeants sont des arrivistes et des conspirateurs. Leur prétendue révolte survient en 1967, après quatre ans d’existence du Parti, et seulement lorsque Grippa a trahi ouvertement. A ce moment les dirigeants de L’Exploité ont déserté en rejetant sur Grippa et sa clique (comprenant encore les futurs dirigeants de Clarté) les crimes dont ils se sont tous rendus coupables. Puis quelques mois plus tard, les dirigeants de Clarté, voyant le navire sombrer, ont « rejoint » les jeunes en révolte et ont rejeté sur Grippa et L’Exploité les mêmes crimes.

Il est clair que le « PCB » (Voix du Peuple), le « PCMLB » (Clarté) et le « PCBML » (L’Exploité) sont unis par le révisionnisme et l’arrivisme.

Défense de l’unité pour cacher le révisionnisme et le scissionnisme

Le communiqué traite de « deux ailes » du Parti, comme si cette existence séparée de six ans allait de soi. Leur ligne contre-révolutionnaire engendre sans cesse le scissionnisme, et les six années passées ont vu deux Partis néo-révisionnistes dévoiler publiquement leur arrivisme en n’arrivant pas à s’unir. C’est pourquoi ni la séparation ni l’unification tardive de L’Exploité et de Clarté ne sont expliquées. Sur la séparation L’Exploité parla naguère de façon trop révélatrice de « rancœurs », d’« ambitions inavouées quant à la future direction du parti (…) » (41, 1972)

Aujourd’hui, ils doivent abandonner ce particularisme pour faire front contre le mouvement marxiste-léniniste authentique qui les dénonce, les isole et les liquide. Ils doivent même, eux qui sont remplis de haine pour le marxisme-léninisme, faire un appel formel à l’unité avec les « groupes se réclamant du marxisme-léninisme ».

Poursuite de la ligne réformiste

« Le Parti tout entier tient à souligner que le « Recueil des documents du Premier Congrès du PCMLB, même s’il n’émane que d’une aile du Parti, celle organisée autour de « Clarté », est le fruit d’une lutte idéologique intense et est l’élément de base du processus de réunification du Parti ». (Ibid).

Le Parti « unifié » reprend les thèses du Congrès de Clarté parce qu’elles sont mieux fabriquées que les positions trop visiblement réformistes de L’Exploité.

Le rejet de la théorie marxiste-léniniste est rappelé dans la formule « construire le Parti autour de l’avant-garde ouvrière ».

L’Exploité et Clarté défendent une ligne réformiste, basée sur les revendications immédiates non rattachées au but final où l’anarcho-syndicalisme remplace la ligne marxiste-léniniste en la déformant. Leur Parti est un Parti de réformes à façade marxiste-léniniste, au langage pseudo-révolutionnaire.

Attitude bourgeoise devant la classe ouvrière

« Le Parti tout entier tient à souligner l’importance de l’expérience qu’a acquise l’aile organisée autour de L’Exploité dans son travail en direction des entreprises, l’efficacité avec laquelle a été construit un réseau de correspondants ouvriers dans la région de Charleroi d’où il est résulté une remarquable diffusion de la presse ». (24, 73).

Pour Clarté, pas un mot de son activité de masse, et pour cause.

L’Exploité et Clarté sont de faux « communistes » qui se servent des luttes de masses pour leurs intérêts d’arrivistes. Ils utilisent les luttes remarquables de la classe ouvrière pour remplir leur journal de mensonges grâce auxquels ils apparaissent frauduleusement « actifs », « renforçant leur organisation », ou même « à la tête des luttes ». De la sorte, ils écartent des ouvriers du marxisme-léninisme et rendent service à la pire réaction !

Il ne fait aucun doute que ces subterfuges sont voués à un échec complet. Pour les néo-révisionnistes de Clarté et de L’Exploité, l’heure n’est plus éloignée où, chassés du mouvement marxiste-léniniste, leur liquidation politique sera complète.


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