ANNEXE 6

ÉDIFIER LE PARTI.

(L’Exploité n° 41 du 24 octobre 1972)

Dimanche 15 octobre dernier, des camarades de notre parti et des marxistes-léninistes « isolés » se rencontraient à Charleroi. Rapidement, le thème central de la discussion fut : « A quand un véritable et solide parti communiste dans notre pays ? »

A l’issue de cette discussion, nous prîmes, unanimes, la décision de rechercher toutes les initiatives nécessaires à hâter les prises de contact et le processus d’unification entre les diverses organisations ayant pour objet la liquidation du régime capitaliste, la prise du pouvoir par la classe ouvrière, l’instauration de la dictature du prolétariat, sur la base de la théorie marxiste-léniniste.

Nous sommes résolus à aller de l’avant avec audace. Les barrières qui empêchent les différents groupes de se retrouver au coude à coude dans le même combat sont, la plupart du temps, fort minces et, plus fréquemment encore, artificielles.

Quant à la barrière qui empêche des centaines de révolutionnaires, dans tout le pays, de participer à ce combat, elle est bien réelle : c’est la division même au sein de ceux qui se proclament marxistes-léninistes.

On peut même parler de « régionalisation », chaque groupe entendant considérer son coin de terre comme sa « chasse gardée ». Cette situation est d’un ridicule dont l’histoire du mouvement révolutionnaire ne rira pas.

Car ce qui est à considérer, c’est la situation générale, les aspirations de la classe ouvrière et les perspectives qui s’offrent pour l’instauration du socialisme.

Nous ne sommes pas seuls à penser, dans ce pays, que notre impuissance à trouver le chemin de l’unité risque de nous faire manquer, dans un avenir proche, le rendez-vous avec les travailleurs pour un assaut décisif contre le régime.

Ce qui unit toute une série de groupes, organisations et « partis », est nettement plus important que ce qui les divise. Aussi, cette division paraîtrait-elle ahurissante à un observateur non prévenu.

Disons-le franchement à nous aussi, elle paraît ahurissante. Quant à la classe ouvrière, demandez-lui son avis et c’est un autre qualificatif qu’elle appliquera à cette situation.

Alors, camarades, d’où que voussoyiez, la voulez-vous cette unité dont on ne parle jamais que dans l’abstrait ?

Dans chaque groupe, certains lèvent un doigt sentencieux et exposent :

« Pour que cette unité soit réelle, solide et profitable, il faut qu’elle se base sur les principes. »

Mais… tout le monde est d’accord là-dessus ! Et si l’on examine les principes invoqués par les uns et par les autres, on s’aperçoit qu’ils sont pratiquement identiques.

D’autres, plus réticents encore, proclament :

« Avant tout, examinons les expériences du passé afin d’éviter le retour d’erreurs semblables. Une fois d’accord sur l’analyse de ce passé du mouvement révolutionnaire en Belgique, nous pouvons aller de l’avant pour l’unité. »

L’argument est de taille, reconnaissons-le. Encore qu’un accord soit aisé à réaliser sur l’analyse des phénomènes les plus récents, connus de tous : le révisionnisme, le grippisme. Quant au passé plus lointain, nous avons souvent, à son sujet, des opinions tranchées qui méritent, bien sûr, une étude plus fouillée. Mais n’est-il pas possible d’envisager cette étude dans le cadre d’un parti déjà unifié ? L’histoire du parti communiste (bolchévique) d’URSS n’a pas vu le jour en 1917…

Peut-être notre parti, tout entier consacré aux tâches pratiques de la lutte quotidienne, n’accorde-t-il pas une place assez grande à la confrontation théorique? Nous sommes forcés d’en convenir. Les militants de « L’EXPLOITE » n’ont jamais caché que leur plus grand handicap est leur faiblesse idéologique. C’est pourquoi, ces derniers mois, nous avons mis sur pied une formule nouvelle d’étude des enseignements du camarade Mao Tsétoung, avec la collaboration chaleureuse et bénéfique de camarades n’étant pas membres de notre organisation.

Mais, les autres organisations sont-elles sans faiblesse ; leur expérience ne renferme-t-elle que des aspects positifs? Personne ne se hasarderait à pareille affirmation.

Si nous attachons trop peu d’importance à des points fondamentaux pour d’autres, il convient à nos interlocuteurs de nous démontrer notre erreur et non de considérer celle-ci comme un obstacle insurmontable.

Nous croyons avoir à apprendre beaucoup les uns des autres. Et, de cette somme d’expériences, de réflexions et d’analyse, peut sortir un enseignement fort riche dont la mise en pratique doit faire progresser à pas de géant un véritable parti marxiste-léniniste.

Les camarades de « CLARTE », lors d’un récent congrès, ont mis au point un document volumineux représentant l’essentiel de leur ligne politique. Ils désirent que nous étudiions ce document. Ils ont raison. Et nous l’étudierons avec soin, mème si nous sommes quelque peu effrayés par l’ampleur de la tâche.

Les camarades d’une organisation liégeoise nous ont fait part, brièvement, de leur propre expérience et de leurs projets. Nous estimons avoir tout à gagner à nouer avec eux des liens étroits et à accorder la plus grande attention aux formes données à leur action.

Il est certain que d’autres groupes, d’autres camarades, organisés ou non, ont quelque chose à apprendre à tous les marxistes-léninistes de ce pays.

Quant à nous, notre collaboration, modeste sans doute, peut ne pas être négligeable. Elle consiste en notre pratique constante d’une liaison quotidienne avec la classe ouvrière, en
la recherche inlassable des moyens d’organiser le parti communiste marxiste-léniniste au sein des entreprises − ce qui constitue notre souci principal.

Nous croyons qu’il suffirait de bien peu de choses pour que cette richesse théorique et pratique soit rassemblée en un patrimoine commun, au service d’une organisation unique déterminée à mener à bien la révolution prolétarienne.

En réalité, la plupart des camarades de la base ont le sentiment que la pierre d’achoppement réside ailleurs. Il ne s’agirait que de problèmes de personnes, d’animosités anciennes, d’ambitions inavouées quant à la future direction du parti communiste marxiste-léniniste à construire.

Ont-ils tort ?

A nous tous de le démontrer.

En ce qui concerne, nous, militants de « L’EXPLOITE », nous répétons, simplement, ce que nous avons déjà affirmé à maintes reprises : la question des personnes devant constituer la direction du parti enfin unifié ne nous intéresse strictement pas. Nous n’émettons aucune prétention à ce sujet.

Seule nous intéresse la ligne politique que déterminera et APPLIQUERA ce parti auquel nous aspirons. Nous voulons que cette ligne réponde, notamment, dans les faits, au principe LA CLASSE OUVRIÈRE DOIT EXERCER SA DIRECTION EN TOUT.

LE COMITÉ CENTRAL.


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