Depuis maintenant deux mois, les bureaux des journalistes, des éditeurs, des scientifiques, des politiciens et même des syndicalistes sont ornés d’un nouvel exemple de la pensée autoritaire et de la mentalité ghettoïsante de cette république occidentale de la nation allemande. Cette fois, les personnes internées ne sont pas des membres de l’intelligentsia polonaise ou des Juifs ni même des communistes tièdes ou à temps partiel. Cette fois-ci, les internés sont les sceptiques qui s’opposent à la politique nucléaire de la République fédérale, des gens qui réaffirment leurs positions même si elles sont partagées par l’extrême gauche, des gens qui estiment que le cœur de la question est plus important que l’idéologie de ceux qui en font la promotion. Dès septembre 1957, le journaliste Winfried Martini a publié dans le Rheinischer Merkur1 de sombres méditations sur le rôle joué par les intellectuels allemands en matière politique.

20 mai 1958 : première brève prise de parole publique de Ulrike Meinhof à Münster lors d'un rassemblement d'opposants aux armes nucléaires

20 mai 1958 : première prise de parole publique de Ulrike Meinhof à Münster lors d’un rassemblement d’opposants aux armes nucléaires.

Son article fait clairement référence à son livre Das Ende aller Sicherheit dans lequel il plaide pour la suppression de la démocratie, acte qu’il qualifie d’« exercice de la liberté politique », et demande l’instauration d’un État de droit autoritaire s’articulant sur les classes sociales, sur le modèle du régime de Salazar, ce dictateur portugais qui « pratique la discipline exclusivement spirituelle du thomisme ». On nous mettait alors en garde contre les intellectuels dont les déclarations sont trop conformes aux directives gouvernementales, on transformait la distraction proverbiale des scientifiques en vertu et on rejetait l’avertissement des Dix-huit de Gottingen, le qualifiant de maladresse de savants2 . Le livre intitulé Rotbuch [Livre rouge] qui a atterri sur notre bureau a été publié en 1960 par un comité qui se nomme « Sauvez la liberté ». Dans ce livre, on brandit tout d’abord une liste de personnes connues de la République fédérale sur lesquelles ces sauveurs de la liberté ont des soupçons ; alors que cette liste « n’a aucun rapport avec les qualités de ceux qui l’ont dressée » et alors qu’elle ne comporte qu’un « nombre infime de communistes », le fait est que, où que ces noms apparaissent − sur des pétitions, des appels ou des invitations à participer à des événements ou à des conférences −, « il serait sage d’établir si ces gens ne serviraient pas en réalité de façade à des organisations clandestines ou à des services culturels communistes » (p. 136-137)3.

Rappelons ici que McCarthy a été le président d’une commission sénatoriale chargée « d’enquêter sur les activités antiaméricaines » ; pas plus d’une dizaine de personnes ont été arrêtées, mais des centaines, des milliers de personnes figuraient sur ces listes effrayantes qui ont inondé la radio, la presse, les associations, les organisations et les hautes instances de l’État. Ces listes ont eu des répercussions dans toute la société : manuscrits refusés, promotions bloquées, étouffement de tout débat sur les politiques intérieure et extérieure de l’Amérique et empoisonnement complet du climat démocratique aux États-Unis.

Cette liste, produite par le club « Sauvez la liberté », emprunte aux pires traditions d’un pays ami et elle est publiée par un comité dont le nom prêterait à penser qu’il entend cautériser leurs points de contact et non préparer leur retour sur le sol allemand.

Ce Rotbuch est plus qu’un monstrueux index établi par quelques ennemis professionnels du communisme. Il s’inspire beaucoup trop d’une politique qui fraye avec les interventions de notre gouvernement dans les pourparlers Est-Ouest et dans les projets de loi que prépare le ministre de l’Intérieur pour abolir notre souveraineté. Et même si ce club devait fermer boutique- ce que nous espérons de tout cœur -, ses fondateurs et ses sympathisants n’en demeurent pas moins ministres du gouvernement Adenauer.

La presse, la radio, les éditeurs, les syndicats, l’armée, les mouvements pour la paix et antinucléaires, la « section culturelle » des partis politiques et leurs organisations de jeunesse ont été passés au peigne fin dans l’idée de déceler des informations sur les opinions politiques et les curriculums de leurs membres. Et lorsqu’il manquait des données compromettantes, les blancs ont été comblés par des suppositions visant à établir une relation entre une opinion publiquement affichée et la doctrine Pankow4 − pour donner une image négative de l’une et de l’autre −, l’objectif étant de se débarrasser une fois pour toutes du problème de l’opposition démocratique en République fédérale. Les auteurs de ce livre entendent « démasquer les infiltrés communistes », qui prospèrent sur la « naïveté » et l’«ignorance» de leurs « victimes » (p. 8) ; dans cette guerre froide, ils veulent contribuer à la victoire, car «si nous devions la perdre, une guerre chaude nous réduirait inévitablement en poussière», et ils veulent que l’on reconnaisse davantage le rôle important joué par « l’industrie de l’infiltration, qui constitue le front déterminant du système de défense politique de notre démocratie » (p. 7, 8).

Ainsi sont présentés les concepts de contrées occidentales et de système de classes. Et si on les examine de plus près, le sens de leur contenu a de quoi effrayer, mais cet examen nous permet également d’adopter une position franche face à un loup qui a déjà jeté sa peau de mouton et s’apprête à mordre.

Le vocabulaire est belliciste, empreint du jargon des Freikorps5 formés après la Première Guerre mondiale. Ce n’est évidemment qu’un élément annexe, mais étant donné notre expérience en la matière et la perte amère de notre innocence, il a de quoi effrayer. L’attitude est foncièrement élitiste, comme celle du ministre de l’Intérieur6, qui vient de réhabiliter une théorie de tout temps ouvertement utilisée par des pays fascistes pour justifier, de façon totalement irrationnelle, une accession illégitime au pouvoir ; nous constatons que cette théorie est utilisée chez nous. Car qui a pu autoriser les éditeurs de ce livre à accuser des centaines de professeurs, journalistes, syndicalistes, commentateurs, étudiants et jeunes gens de faire preuve d’ignorance ou de naïveté face à un phénomène que justement ces personnes examinent depuis des années ? C’est ce « groupe d’individus appartenant à l’élite » qui a répondu à l’« appel» de l’« idéal commun». Leur pensée rappelle les commentaires de Stuckart et Globke sur la race7. De plus, leur désir de gagner la guerre froide et non d’y mettre fin le plus tôt possible par des accords bilatéraux révèle un désir de la prolonger – mais pendant combien de temps ? Combien de temps encore l’esprit qui « s’est révélé » aux éditeurs de ce livre leur donne-t-il pour enflammer la traînée de poudre qu’est la guerre froide, mettre un terme à ce jeu diabolique du passé et lui apporter une solution finale ?

Leurs positions se déclinent ainsi : bellicistes voire militaristes, avec des penchants élitistes voire antidémocratiques ; ce sont de farouches soldats de la guerre froide voire des partisans d’une guerre préventive contre la RDA et l’Union soviétique, à la Schlamm8.

Le document est structuré dans cette optique. Tous les chapitres comportent une introduction censée capter, ou plutôt embrumer, la perception du lecteur quant à la gravité des menaces qui pèsent sur notre liberté. Il cloue au pilori des professeurs dont les étudiants déclarent avec fierté avoir suivi les cours. Il attaque des écrivains aujourd’hui connus comme « nos rares grands auteurs » depuis Thomas Mann et Musil, de même que des peintres, sculpteurs et compositeurs que la classe moyenne en Allemagne connaît au moins de nom.

« Le théâtre principal de cette guerre froide » serait l’opinion publique, et les agitateurs communistes auraient pour objectif de déstabiliser, pervertir et désorienter le public (p. 10). Les publications qui collaborent à ce sale travail vont des Blätter für deutsche und internationale Politik à konkret en passant par la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Rundschau et Diskus9. Quiconque proteste contre l’accumulation des armes ou défend la liberté d’expression est réputé faire partie de la cinquième colonne. Le fait d’exprimer ouvertement notre opposition n’est pas considéré comme l’expression de nos droits démocratiques, ni même comme l’accomplissement de notre devoir, mais comme une manœuvre visant à semer la confusion et la perversion.

Sous le titre « La sape de la volonté des Allemands de l’Ouest de se défendre » (sic !), toute attitude critique à l’encontre de la Bundeswehr est attribuée à l’agit-prop de Berlin-Est. Il y a des références au « tapage autour de Génération 22 » (p. 28). Les opinions divergentes en matière de politique internationale ou nationale sont dénigrées parce que considérées comme « produites à dessein » (p. 93), tandis que les velléités de rejet à l’égard des associations militaires ou des organisations traditionnelles d’anciens combattants (en particulier la Verband deutscher Soldaten et le Stahlhelm und Kyffhauser10) sont classées dans la catégorie de la « Sape de la pensée défensive » ! (p. 94)

Quiconque lutte pour la paix « est − sciemment ou inconsciemment − quelqu’un qui lutte pour la révolution mondiale », puisque le « slogan de la paix » dissimule tout simplement une « supercherie planifiée » qui sent le léninisme à plein nez, comme l’apprend le lecteur naïf (p. 102). À la malhonnêteté des fondateurs présumés du « mouvement pour la paix » ouest-allemand correspondent les motivations des professeurs des collèges et universités proches de ce mouvement, qui recourent à la « démagogie d’opposition » pour compenser le « peu d’attention que suscite leur activité professionnelle dans le public » (p. 3). Absolument personne ni rien n’échappe à la condamnation : ces « sauveurs de la liberté » qualifient les partis politiques, les Églises et les universités de fiasco. Des députés du Bundestag − Helmuth Kallbitzer, Helene Wessel, Arno Behrisch et Peter Nellen −, la Fédération allemande des associations étudiantes, l’Association des étudiants socialistes, les Falken11, le Syndicat allemand des employés de la fonction publique, la Confédération des syndicats allemands, la Fédération des jeunes catholiques allemands, les Jeunesses protestantes d’Allemagne, les écoles de formation des enseignants, les centres de formation continue, les centres paroissiaux, le député britannique Conny Cillacus, le représentant de l’Église Kloppenburg et l’ancien représentant de l’Église protestante en RDA Probst Grüber, tous ces gens et bien d’autres encore − ils sont légion − sont affublés d’épithètes stéréotypées, comme « infiltrés communistes, suspects, perméables, vulnérables », et ainsi de suite.

Au printemps 1957, dix-huit physiciens allemands ont publié un manifeste dans lequel ils mettaient la République fédérale en garde contre une éventuelle participation à la course aux armements nucléaires et annonçaient qu’ils ne contribueraient pas à la production d’armes nucléaires en Allemagne. Les Allemands de l’Ouest ont été choqués par la réplique condescendante de M. Adenauer : celui-ci a déclaré que ces dix-huit scientifiques allemands n’étaient pas suffisamment compétents en politique pour émettre une mise en garde, qui de toute façon était inutile, et il a tenté de l’exclure du débat politique allemand. Sa réponse a révélé un manque de respect inédit pour les chercheurs et un mépris pour la vigueur de la vie démocratique et du pluralisme, pourtant censés avoir été garantis lors de l’instauration de la démocratie parlementaire après 1945. Et les médias ont renchéri tant par la voix de personnes comme M. Winfried Martini, mentionné plus haut, qu’à travers la presse chrétienne-démocrate locale, dont les réactions ont été encore plus virulentes. Par exemple, lorsque des étudiants et des enseignants sont descendus dans la rue, pendant l’été 1958, pour clamer leur opposition au réarmement nucléaire de la République fédérale, un quotidien de Münster a écrit : « Ne croyez pas aux slogans de ces gens […] qui sont prêts à tout abandonner à la dictature bolchevique : vous et leur famille, leurs convictions et leur liberté, leur existence et leur avenir. Répondez à ces gens comme ils le méritent, par le rejet et la calomnie. » Ces propos étaient dirigés contre le comité local de « Lutte contre la mort nucléaire », cofondé par des professeurs de l’université de Münster. Les journaux locaux de l’ensemble du territoire de la République fédérale se sont alors relayés pour persécuter les hérétiques, tandis que les grands quotidiens gardaient le silence et évoquaient à peine les protestations des centaines de milliers de citoyens ou décrivaient le mouvement antinucléaire comme un ramassis d’individus sans influence, isolés et sectaires. Deux méthodes pour une même fin. Comme aucune d’elles ne fonctionnait, et que venait de se créer, à Gelsenkirchen, le Comité permanent de l’assemblée de tous les opposants au réarmement nucléaire, M. Schröder a franchi tous les garde-fous et appelé le Bundestag à lancer une chasse aux sorcières et à réhabiliter l’Inquisition – non pas pour poursuivre les ennemis de la Constitution, mais pour réduire au silence et éliminer les démocrates et les opposants aux armes nucléaires.

Dès lors, les idées diffusées sur les ondes et dans la presse avaient mâché le travail des plus hautes instances du Bundestag. Parallèlement, la loi interdisant le référendum sur le réarmement nucléaire a été adoptée. Les électeurs étaient ainsi privés du droit de donner leur avis sur un aspect de la politique allemande où il était question de vie et de mort, et leurs députés avaient le choix entre se comporter comme des petits-bourgeois obéissants et appliqués [sine ira et studio] ou perdre leur poste et leur droit à la liberté d’expression suite à des dénonciations de leurs collègues ou à des interventions ministérielles.

La troisième phase vient de s’engager avec la publication par le comité « Sauvez la liberté » de ce Rotbuch, dans lequel il énumère, sur des pages et des pages, les noms de ses victimes dans un ordre alphabétique parfait, mêlant les vivants et les morts, bafouant l’anonymat et lançant ainsi l’ouverture du Nouveau Ghetto allemand. La « méditation » sur le rôle politique des intellectuels dans notre pays s’est transformée en invitation au pogrome. Les avertissements adressés à titre individuel se sont transformés en instruments de persuasion des grands inquisiteurs chrétiens-démocrates. Les sauveurs de la liberté ont montré leur véritable visage : ce sont les pionniers d’un nouveau fascisme allemand.

Le système est clair et parfaitement hideux. Mais cela ne leur suffit pas. L’opposition a accumulé des faits qu’il est impossible de neutraliser sans recourir à la force. Alors, en l’absence de preuve d’éventuels contacts subversifs, la seule solution est de lancer l’assaut dans les médias et de publier des mensonges éhontés et des inventions grossières. Le Rotbuch n’a pas peur du ridicule et va même jusqu’à reprendre des propos diffamatoires alors même qu’un démenti a déjà été publié dans le Bulletin du gouvernement fédéral. Ce faisant, il offre au lecteur une telle pléthore de contre-vérités éclatantes qu’il annihile toute propension à croire ce qui y est écrit. La vis a été trop serrée, l’attaque parée. Des poursuites judiciaires ont été engagées ; Jesko von Puttkammer12 a obtenu une décision du procureur fédéral ; il paraît que le club se désintègre.

Mais cette affaire n’est pas la première du genre, ce qui est loin d’être anodin. Rappelons simplement qu’au moment où s’estompaient les remous provoqués par la « Lex Soraya13 » est apparue une loi bien plus délétère sur la protection de l’honneur, la loi de M. Schaffer14 : au moment où la colère suscitée à Stuttgart par les lois d’exception de 1958 promues par M. Schröder semblait s’être dissipée, il a manœuvré pour faire adopter une loi sur le service d’urgence − en d’autres termes, une loi permettant de lever une Volkssturm, soit une armée d’enfants et de vieillards. Nous ne connaissons pas encore la nature des changements qui seront apportés à la Constitution à la suite de la parution de ce Rotbuch assemblé par un comité déshonorant, dont les fondateurs sont encore aujourd’hui ministres du gouvernement Adenauer − des ministres qui projettent de mettre les téléphones sur écoute et de censurer le courrier, des ministres qui ont fait démarrer la production de fusées ouest-allemandes, des ministres qui veulent mobiliser la Bundeswehr contre des ouvriers en grève, des ministres qui continuent à prôner le réarmement nucléaire de la Bundeswehr en pleine détente mondiale, des ministres qui annoncent la « libération » de l’Est allemand, des ministres qui réclament la peine de mort pour les traîtres.

Nous ne sommes pas portés à croire que Bonn projette un Blitzkrieg contre la RDA, même si le caractère irrationnel d’un acte ne garantit pas en soi qu’il ne sera pas perpétré. L’Allemagne a déjà connu une époque où les gens se disaient : « Ça ne peut pas être vrai. » Et pourtant c’était vrai, et cela a coûté la vie à des millions d’entre eux. Il est clair que cela ne doit pas arriver ; il est clair que les tendances politiques de la République fédérale d’aujourd’hui justifient toutes sortes de craintes ; il est clair qu’en pareille situation seuls les idiots et les imbéciles sont optimistes. C’est pourquoi tous ceux qui sentent, ces temps-ci, planer ce climat de suspicion, de défiance et de malaise doivent s’unir pour empêcher que ne se reproduise ce que l’on n’a pas empêché dans le passé. On dit : « Mieux vaut prévenir que guérir. » Aujourd’hui, nous n’avons vraiment pas besoin de preuve pour savoir que nous devons agir avec précaution.

  1. Le Rheinischer Merkur est un hebdomadaire conservateur chrétien fondé en 1945 par le journaliste Franz Albert Kramer (1900-1950). Son premier numéro fut publié le 16 mars 1946 à Coblence.
  2. Ce groupe de dix-huit physiciens nucléaires ouest-allemands publia, le 12 avril 1957, une déclaration contre les armes nucléaires, la « Gottinger Erklärung der 18 Atomwissenschaftler ». Ce texte fut repris dans Vaterland, Muttersprache, Berlin, Wagenbach, 1994, p. 139.
  3. Rotbuch [Livre rouge] fut publié au printemps 1960. Y figuraient les noms de 452 professeurs d’université, écrivains et artistes parmi lesquels Wolfgang Abendroth, Max Born, Otto Dix, Werner Egk, Ida Ehre, Leonhard Frank, Willi Geiger, Albrecht Goes, Helmut Gollwitzer, Karl Hubbuch, Hans Henny Jahn, Erich Kastner, Wolfgang Koeppen, Peter Lühr, Alfred von Martin, Martin Niemôller, Carl Orff, Otto Pankok, Hans Purrmann, Franz Radziwill, Ernst Rowohlt, Luis Trenker, Fritz von Unruh, Wilhelm Wagenfeld, Alfred Weber et Günther Weissenborn. Les auteurs soupçonnaient ces personnes de « produire de la culture promouvant le communisme » et prétendaient qu’ils étaient à la solde de Moscou. Le comité « Sauvez la liberté » fut fondé par l’ultraconservateur Franz Josef Strauss et le démocrate-chrétien Rainer Barzel (1924-2006), député au Bundestag.
  4. Pankow est un quartier de Berlin qui faisait autrefois partie de la zone soviétique. Il renvoie ici au gouvernement de l’Allemagne de l’Est, car nombre de ses administrations clés y avaient leur siège.
  5. Les Freikorps étaient des groupes paramilitaires formés d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale.
  6. Gerhard Schröder (1910-1989), qui était membre de l’Union chrétienne-démocrate (parti conservateur}, fut aussi ministre des Affaires étrangères de 1961 à 1966 et ministre de la Défense de 1966 à 1969.
  7. Wilhelm Stuckart (1902-1953), politicien national-socialiste. Hans Globke (1898-1973) rédigea le commentaire officiel de la loi du Reich sur la citoyenneté (lois de Nuremberg). Malgré son passé nazi, Globke fut, pendant des années, directeur de la chancellerie fédérale d’Adenauer.
  8. William S. Schlamm (1904-1978), qui travaillait pour Die Welt, était un commentateur conservateur et anticommuniste.
  9. Ces journaux et revues couvrent un spectre politique qui s’étend de l’extrême gauche, par exemple konkret, aux libéraux ou au centre-gauche, par exemple la Süddeutsche Zeitung.
  10. La Verband deutscher Soldaten, c’est-à-dire l’Association des soldats allemands, était, à l’époque du Kaiser, une organisation d’anciens combattants ayant des penchants nationalistes. Le Stahlhelm, littéralement « casque d’acier », désigne par métonymie l’armée allemande d’avant 1945. Le Kyffhäuser est le mont sur lequel est érigé le fameux mémorial à l’empereur allemand Frédéric Barberousse (1122-1190).
  11. Nom d’une organisation de jeunesse socialiste.
  12. Jesko von Puttkammer était rédacteur en chef au journal social-démocrate Vorwärts. Par la suite, il occupera des postes d’ambassadeur dans divers pays, notamment en Israël et en Yougoslavie.
  13. La « Lex Soraya » innovait en matière pénale : les récits portant sur la vie privée des chefs d’État étrangers devenaient passibles de sanctions pénales. Sous la pression du chah d’Iran, cette loi fut rapidement approuvée par le gouvernement fédéral, mais rejetée au Bundestag.
  14. Pendant la période où il fut ministre de la Justice (1957-1961) et dans le cadre de sa « grande réforme du droit », Fritz Schaffer (1888-1967, Union chrétienne-sociale) élabora plusieurs projets de loi sur la « protection de l’honneur ». En d’autres termes, son programme conservateur entendait ériger en infraction toute vérité verbale ou écrite visant une personne, si cette vérité était réputée constituer une intrusion dans la sphère privée de ladite personne. Toute personne déclarée coupable d’avoir « commenté en public la vie privée d’étrangers » risquait deux ans d’emprisonnement. Cette mesure visait surtout la presse et entendait dissuader la publication de reportages, « indépendamment du caractère véridique ou mensonger des déclarations. Aucun élément prouvant la véracité des déclarations ne sera[it] recevable. »

Revenir en haut de la page.