la_revolution_russe_la_guerre_civile_1918-1920__1.jpgLa révolution socialiste s’était imposée, mais deux forces entendaient ne pas faire durer le nouveau régime : d’un côté, les impérialistes de l’Entente, qui avaient perdu leur allié russe, craignaient la paix et la diffusion du socialisme, et de l’autre les forces réactionnaires en Russie même.

Ces deux forces n’avaient pas d’autres choix que de converger. Seule l’Entente disposait des moyens matériels, et seules forces réactionnaires disposaient de cadres, issus de l’armée, et de personnes capables de rejoindre une éventuelle armée contre-révolutionnaire, à partir des réseaux des paysans riches – les koulaks – et des cosaques, population rassemblée de manière semi-militaire et dont les membres devinrent des gendarmes tsaristes.

C’est ainsi que se combina l’intervention de différents pays impérialistes – Angleterre, de France, du Japon, des Etats-Unis – avec la réaction russe, alliant formation de l’armée blanche et envoi de troupes.

Le Parti bolchévik comptait lui 313 766 membres alors qu’il tenait son VIIIe congrès en mars 1919, puis 611 978 membres au IXe Congrès, en mars 1920.

Il put organiser la résistance aux premières attaques des armées blanches, mais s’attela surtout à construire une vaste armée rouge.

Il dut également organiser le « communisme de guerre » dans une situation de pénurie généralisée ; en 1922, sur 136 millions de personnes, il y a 4,6 millions d’ouvriers employés, contre 11 millions en 1913. L’économie industrielle devait être réorganisée tout en développant une alliance avec la paysannerie moyenne, dont le soutien était décisif pour le maintien du régime.

Au VIIIe congrès du Parti bolchevik, du 18 au 23 mars 1919, Lénine explique :

« Des socialistes, les meilleurs représentants du socialisme d’autrefois, lorsqu’ils croyaient encore à la révolution et la servaient sur le plan théorique et idéologique, parlaient de neutraliser les paysans, c’est-à-dire de faire de la paysannerie moyenne une couche sociale qui, si elle n’apporte pas une aide active à la révolution prolétarienne, du moins ne l’entrave pas, reste neutre et ne se range pas aux cotés de nos ennemis.

Ce coté abstrait, théorique de la question, est pour nous parfaitement clair. Mais il est insuffisant. Nous sommes entrés dans une phase de la construction socialiste où il s’agit d’élaborer de façon concrète, en détail, en nous inspirant de l’expérience du travail à la campagne, les règles et les directives fondamentales que nous devons suivre pour conclure avec le paysan moyen une alliance solide. »

Et grâce à un solide pouvoir d’État porté par les masses, par une organisation rigoureuse (avec le GOELRO qui était le Plan d’État pour l’électrification de la Russie, le GOSPLAN qui était la Commission du plan d’État, etc.), les bolchéviks purent organiser une armée rouge qui en 1920 avait écrasé ses ennemis.

Voici comment le Précis d’histoire du PCUS(b) explique les raisons de cela, en soulignant l’importance des commissaires politiques :

la_revolution_russe_la_guerre_civile_1918-1920__2.jpg« Comment expliquer en ce cas que l’Armée rouge, qui avait tant de défauts graves, ait vaincu l’armée des envahisseurs et des gardes blancs, exempte de tous ces défauts ?

1° L’Armée rouge a vaincu parce que la politique du pouvoir des Soviets pour laquelle elle se battait était une politique juste, conforme aux intérêts du peuple ; parce que le peuple sentait et concevait cette politique comme une politique juste, comme sa politique à lui, et la soutenait jusqu’au bout.

Les bolcheviks savaient qu’une armée qui lutte au nom d’une politique injuste, non soutenue par le peuple, ne peut pas vaincre. Telle était précisément l’armée des envahisseurs et des gardes blancs.

Cette armée avait tout : de vieux chefs expérimentés, un matériel de premier ordre, des munitions, des équipements, des vivres. Il ne lui manquait qu’une chose : le soutien et la sympathie des peuples de Russie, qui ne voulaient ni ne pouvaient soutenir la politique antipopulaire des envahisseurs et des « régents » gardes blancs. Et l’armée des envahisseurs et des gardes blancs fut battue.

2° L’Armée rouge a vaincu parce qu’elle était fidèle et dévouée jusqu’au bout à son peuple, ce qui lui valait l’amour de ce peuple, qui la soutenait comme son armée à lui. L’Armée rouge est issue du peuple. Et si elle est fidèle à son peuple comme un fils est fidèle à sa mère, elle aura le soutien du peuple, elle vaincra. Tandis qu’une armée qui va contre son peuple subira nécessairement la défaite.

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3° L’Armée rouge a vaincu parce que le pouvoir des Soviets avait réussi à alerter tout l’arrière, tout le pays, pour servir le front. Une armée sans un arrière fort pour soutenir le front par tous les moyens, est vouée à la défaite. Les bolcheviks savaient cela, et c’est pour cette raison qu’ils avaient transformé le pays en un camp retranché qui approvisionnait le front en matériel de guerre, en munitions, en équipements, en vivres, en contingents de renfort.

4° L’Armée rouge a vaincu parce que : a) les soldats rouges comprenaient le but et les objectifs de la guerre, et se rendaient compte qu’ils étaient justes ; b) la conscience que le but et les tâches de la guerre étaient justes, fortifiait leur esprit de discipline et leur valeur combative ; c) ceci étant, la masse des soldats rouges a fait preuve, à tout instant, dans sa lutte contre l’ennemi, d’une abnégation sans exemple et d’un héroïsme sans précédent.

5° L’Armée rouge a vaincu parce que son noyau dirigeant, à l’arrière et au front, était le Parti bolchevik, soudé par sa cohésion et sa discipline, puissant par son esprit révolutionnaire et sa volonté de consentir tous les sacrifices pour faire triompher la cause commune, insurpassé par sa capacité à organiser les mul­titudes et à les diriger de façon judicieuse, dans une situation complexe.

Lénine a dit :

« C’est uniquement parce que le Parti était sur ses gardes, parce que le Parti était rigoureusement discipliné et que son autorité unissait toutes les institutions et toutes les administrations, parce que des dizaines, des centaines, des milliers et, en fin de compte, des millions d’hommes suivaient comme un seul le mot d’ordre du Comité central, c’est uniquement parce que des sacrifices inouïs furent consentis, que le miracle qui s’est produit a pu se produire. C’est uniquement pour cela qu’en dépit des campagnes redoublées, triplées, quadruplées des impérialistes de l’Entente et des impérialistes du monde entier, nous nous sommes trouvés en mesure de vaincre. » (Lénine)

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6° L’Armée rouge a vaincu parce que :

a) elle a su former dans son sein des dirigeants militaires d’un type nouveau comme Froun­ze, Vorochilov, Boudionny et autres ;

b) dans ses rangs combat­taient des héros-nés comme Kotovski, Tchapaev, Lazo, Chtchors, Parkhomenko et bien d’autres ;

c) l’éducation politique de l’Armée rouge était faite par des hommes tels que Lénine, Staline, Molotov, Kalinine, Sverdlov, Kaganovitch, Ordjonikidze, Kirov, Kouibychev, Mikoïan, Jdanov, Andréev, Pétrovski, Iaroslavski, Dzerjinski, Chtchadenko, Mekhliss, Khrouchtchev, Chvernik, Chkiriatov, d’autres encore ;

d) l’Armée rouge comptait dans son sein ces organisateurs et agitateurs peu communs qu’étaient les commissaires militaires, dont l’activité cimentait les rangs des soldats et qui implantaient parmi eux l’esprit de discipline et l’intrépidité au combat, réprimaient avec énergie, — rapidement et sans merci, — les actes de trahison de certains chefs et, au contraire, soutenaient avec courage et résolution l’autorité et la gloire des commandants, membres et non-membres du Parti, qui avaient prouvé leur dévouement au pouvoir des Soviets et s’étaient montrés capables de diriger d’une main ferme les unités de l’Armée rouge.

« Sans commissaires militaires, nous n’aurions pas eu d’Armée rouge », disait Lénine.

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7° L’Armée rouge a vaincu parce qu’à l’arrière des armées blanches, à l’arrière de Koltchak, de Dénikine, de Krasnov, de Wrangel, travaillaient dans l’illégalité des bolcheviks admirables, membres et non-membres du Parti, qui soulevaient les ouvriers et les paysans contre les envahisseurs, contre les gardes blancs ; qui minaient l’arrière des ennemis du pouvoir des Soviets et, par là même, facilitaient l’avance de l’Armée rouge. Nul n’ignore que les partisans d’Ukraine, de Sibérie, d’Extrême-Orient, de l’Oural, de Biélorussie, du bassin de la Volga, qui disloquaient l’arrière des gardes blancs et des envahisseurs, ont rendu un service inappréciable à l’Armée rouge.

8° L’Armée rouge a vaincu parce que le pays des Soviets n’était pas seul dans sa lutte avec la contre-révolution des gardes blancs et l’intervention étrangère ; parce que la lutte du pouvoir des Soviets et ses succès avaient suscité la sympathie et l’aide des prolétaires du monde entier. Si les impérialistes voulaient étouffer la République soviétique par l’intervention armée et le blocus, les ouvriers de ces pays impérialistes sympathisaient avec les Soviets et les aidaient.

Leur lutte contre les capitalistes des pays ennemis de la République soviétique a fait que les impérialistes ont dû renoncer à l’intervention. Les ouvriers d’Angleterre, de France et des autres pays qui avaient participé à l’intervention, organisaient des grèves, refusaient de charger le matériel de guerre destiné aux envahisseurs et aux généraux blancs ; ils formaient des « comités d’ac­tion » sous le mot d’ordre « Bas les mains devant la Russie ! »

« Aussitôt que la bourgeoisie internationale, disait Lénine, lève la main contre nous, ses propres ouvriers la saisissent au poignet. » »


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