Note du Centre MLM [B] – 20 mai 2016 : Voici un document de l’Union des Communistes (Marxistes-Léninistes) de Belgique analysant et critiquant le programme électoral d’AMADA, futur PTB. Il s’agit d’une analyse scientifique de haut niveau pour l’époque, dans laquelle il apparaît que déjà en 1974, alors qu’AMADA n’était pas encore organisé en parti – il faudra attendre 1979 pour voir cela se réaliser –, l’opportunisme et le sectarisme pavant la voie au révisionnisme et au réformisme étaient déjà bien présents dans cette organisation.

Ainsi, ceux qui au sein du PTB d’aujourd’hui éprouvent de la nostalgie pour la période où Ludo Martens dirigeait cette organisation, considérant qu’elle était alors « véritablement révolutionnaire », doivent assimiler cette vérité qu’à l’époque il n’a jamais été répondu à des questions politico-idéologiques très importantes, voire décisives pour le succès de la révolution en Belgique.

Que la ligne faite d’autosatisfaction, de triomphalisme et de beaucoup de confusion théorique a empêché de résoudre correctement les problèmes les plus importants de l’édification du parti, et que la source politique et idéologique de cet état de chose est en partie à rechercher dans la faiblesse dont AMADA a toujours fait preuve face au réformisme et au révisionnisme.

Pour les communistes, c’est dès la fondation de l’organisation qu’un cap correct, basé sur le matérialisme dialectique doit être fixé. Une erreur infime au départ peut avoir des conséquences catastrophiques à l’arrivée. L’interview que Raoul Hedebouw, porte-parole national du PTB, a accordée au quotidien Le Soir d’aujourd’hui [20 mai 2016] en témoigne à l’envi.

A une certaine époque, prétendant s’appuyer sur Mao Zedong, AMADA s’appuyait en fait sur Deng Xiaoping et sur la Chine social-fasciste d’après Mao Zedong.

Aujourd’hui, Hedebouw s’appuie quant à lui de manière ouverte sur le théoricien du « socialisme français » Jean Jaurès, sur les nationalisations des grandes entreprises sous le capitalisme, et sur le « libéralisme social » en tant que modèles à suivre. Tout ceci témoigne de l’état politique et culturel pitoyables dans lequel se trouve le PTB représenté par Hedebouw et « dirigé » par Mertens…

Critiquer le capitalisme tout en l’acceptant afin de tenter de se faire une « place au soleil » : voila en concentré la stratégie adoptée par Hedebouw et les siens.

Colportant sa camelote, Hedebouw explique au Soir :

(…)
Question : Vous parlez de sortir du cadre libéral. Pour quel type de société ?

Réponse : La société socialiste. Jaurès appelait à une rupture avec le capitalisme.

Question : Les trois premières mesures que vous prendriez si vous étiez au pouvoir ?

Réponse : Un : instaurer la taxe des millionnaires. Deux : la réduction du temps de travail. Trois : assurer la transition écologique et énergétique − l’Etat doit reprendre le contrôle de la production énergétique et nationaliser Electrabel.

Question : Vous oubliez la création d’entreprises…

Réponse : Non. Plein d’entrepreneurs ne reçoivent pas les crédits pour se relancer parce que les banques ne pensent qu’à faire du bénéfice à court terme. Je vois une société de création d’entreprises, pas aux mains des grands financiers.
(…)

Le Soir, 19 mai 2016

Existe-il une contradiction dans le fait que Raoul Hedebouw évoque Jean Jaurès tout en appelant à la multiplication de petites entreprises en tant que « gestion sociale » du pays ? Pas du tout, puisque pour Jaurès, le socialisme consiste en la généralisation de la petite propriété privée à travers le capitalisme.

Jean Jaurès n’a, en théorie et en pratique, jamais été un « socialiste », c’est-à-dire un membre de la social-démocratie. Sa base idéologique, la même que le « socialisme français » dont il est à l’origine par ailleurs, n’a rien à voir avec le marxisme qui est lui la base historique de la social-démocratie réelle, historique, qui s’est développée en Allemagne, en Autriche et en Bohême-Moravie, et dont le programme de Hainfeld est un éminent exemple.


Union des Communistes (Marxistes-Léninistes) de Belgique : Critique du programme électoral d’AMADA

Introduction : La participation d’AMADA aux élections

Le capitalisme se débat dans une crise de plus en plus grave. La bourgeoisie essaie par tous les moyens d’en faire porter les conséquences par la classe ouvrière. Les masses laborieuses entrent en lutte pour défendre leurs conditions de vie et leurs droits démocratiques.

La classe ouvrière prévoit l’avenir que le capitalisme veut lui préparer ; elle s’interroge sur la nature, le rôle, les prises de position du PSB et du P « C » B révisionniste, à la lumière des trahisons successives dans les récentes grèves ; Les ouvriers d’avant-garde portent un intérêt croissant aux progrès de la lutte des peuples dans le monde.

Dans la période de crise et de luttes qui se préparé, chaque jour accroît la soif politique des ouvriers conscients qui veulent répondre à la volonté grandissante des masses de lutter contre l’exploitation capitaliste.

La décadence de l’impérialisme et la montée de la révolution dans le monde décuplent la volonté des ouvriers d’en finir avec le capitalisme. La situation internationale, excellente pour les peuples du monde entier, place les nouvelles forces marxistes-léninistes devant des responsabilités immenses et exaltantes. En Belgique, elles doivent construire un véritable parti communiste, capable d’analyser la réalité sociale de notre pays à la lumière du socialisme scientifique, et de diriger la classe ouvrière sur la voie de la révolution socialiste et de l’internationalisme prolétarien.

Pendant la période électorale, la bourgeoisie présente aux masses laborieuses ses différents partis, dont le programme est fondamentalement le même : maintenir en place la dictature capitaliste et l’exploitation du travail. Le rôle du parlement et des élections est de créer des illusions sur la dictature bourgeoise, de faire croire aux masses qu’elles participent démocratiquement au pouvoir.

Les soi-disant partis « ouvriers », le PSB et le P « C » B révisionniste, jouent un rôle particulier : ils doivent employer l’influence qu’ils ont dans la classe ouvrière pour aider la bourgeoisie dans sa lutte contre la révolution socialiste. Par leur démagogie et. Leurs manœuvres réformistes, ils parviennent encore à tromper un grand nombre d’ouvriers et de travailleurs.

Les communistes se servent des élections. Et du parlement comme tribune pour éclairer les travailleurs sur la nature, de l’Etat capitaliste et sur la nécessité de l’abattre par une lutte armée et d’instaurer la dictature du prolétariat. Ils dénoncent les programmes et l’activité contre-révolutionnaire des partis « ouvriers » traitres et des partis bourgeois. Ils combattent les illusions et les préjugés réformistes des travailleurs et proclament sans compromis le programme révolutionnaire de de la classe ouvrière. A la dictature de la bourgeoisie, les communistes opposent la lutte pour la dictature du prolétariat ; aux illusions trompeuses de la démocratie bourgeoise et à la fascisation, ils opposent l’objectif du renversement armé du capitalisme, la destruction de la machine d’Etat capitaliste.

L’UC(ML)B a soutenu sans réserve la participation aux élections d’Alle Macht aan de Arbeiders qui, dans l’article d’Amada n° 63, « De houding van de kommunisten tegenover de verkiezingen » [« L’attitude des communistes vis-à-vis des élections », ndlr], définissait les tâches de la campagne sur la base des directives de la IIIème Internationale communiste.

Le grand enthousiasme des travailleurs, ouvriers et ouvrières, jeunes et vieux, leur soutien-actif à la campagne d’AMADA, prouvent que le prolétariat reprend confiance dans les forces authentiquement communistes. Nous devons également comprendre qu’il exige aussi beaucoup d’elles.

La critique que l’UC(ML)B développe dans ce texte porte sur l’agitation-propagande électorale d’AMADA et a pour but de renforcer la combativité du mouvement marxiste-léniniste, afin qu’il soit entièrement digne de la confiance et des espoirs que la classe ouvrière, de plus en plus, place en lui.

Dans sa campagne, AMADA a mobilisé les ouvriers et a rapproché des sympathisants du marxisme-léninisme. L’orientation de l’agitation-propagande est l’orientation communiste. Elle s’inspire des intérêts réels de la classe ouvrière et elle appuie pour l’essentiel sur la théorie marxiste-léniniste. Cependant, AMADA ne se tient pas aux positions communistes avec fermeté. De façon permanente, AMADA les infléchit, et ses erreurs illustrent clairement l’opportunisme qui entache ses conceptions sur l’internationalisme prolétarien, le socialisme, la révolution et l’édification du parti communiste. Ceci se manifeste dans toute sa propagande, marquée par une déviation spontanéiste, économiste. AMADA ouvre ainsi la porte à l’idéologie réformiste, sous la forme de l’anarcho-syndicalisme.

L’UC(ML)B appelle les dirigeants et les militants d’AMADA à la vigilance idéologique et à rectifier leurs conceptions sur les questions fondamentales du marxisme-léninisme ainsi que leur ligne d’édification du parti.

Notre critique porte surtout sur le « Strijdprogramma » [Programme de lutte, ndlr] (Amada n °67) ; elle est complétée par des remarques sur les journaux édités pendant la campagne, ainsi que sur les tracts nationaux et les meetings nationaux et locaux.

La situation politique actuelle dans le monde et les tâches des marxistes-léninistes

Le programme de lutte s’ouvre par un chapitre intitulé :

« Dans le monde entier, le système capitaliste se désagrège de plus en plus ». Il comporte plusieurs oublis et erreurs très graves, qui falsifient l’orientation du mouvement communiste international.

1. AMADA parle, dans ce chapitre, de la lutte des peuples opprimés contre l’impérialisme, des contradictions existant entre les pays capitalistes et de la lutte du prolétariat dans les pays capitalistes.

La première chose qui saute aux yeux de tout communiste, de tout révolutionnaire est l’absence dans ce tableau des pays socialistes et du mouvement communiste (marxiste-léniniste) international. Les quatre grandes contradictions qui caractérisent la situation mondiale sont ainsi ramenées à trois par AMADA. Cet oubli est aggravé par le fait que le social-impérialisme soviétique est également passé sous silence.

2. AMADA parle de la désagrégation croissante du capitalisme. Mais ce n’est là qu’un aspect de la réalité. L’autre aspect, ce sont les progrès du socialisme et de la révolution dans le monde. Cet aspect est négligé par AMADA. Dans sa déclaration du 20 mai 1970, le camarade Mao Tsé-toung a dit :

« Le danger d’une nouvelle guerre mondiale existe, et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd’hui, dans la monde, la tendance principale, c’est la révolution. »

Quand AMADA aborde cette question (Strijdprogramma, p.11) 1, c’est pour dire qu’une guerre mondiale est possible, du fait de l’impérialisme, et que seule la « lutte révolutionnaire » (Mao Tsé-toung dit : « La révolution », la Grande Révolution culturelle prolétarienne, Recueil de documents importants, p.91) peut la conjurer. La tendance principale n’est pas indiquée. Pourtant, les peuples du monde ne cessent pas de faire d’immenses progrès sur le chemin de la révolution.

Au Xème congrès du Parti Communiste chinois, le camarade Chou En-lai a déclaré :

« A présent, la situation internationale est marquée par de grands bouleversements de par le monde. ‘A l’approche de la tempête, le vent emplit le pavillon’. C’est ainsi que se manifeste, à l’heure actuelle, les diverses contradictions fondamentales du monde, dont Lénine a fait l’analyse. La détente est un phénomène temporaire et superficiel, tandis que de grands bouleversements continueront à se produire. Ces bouleversements sont un bien et non un mal pour les peuples. Ils ont plongé l’ennemi dans Le chaos et provoque une division dans leurs rangs ; en même temps, ils ont éveillé les peuples et les ont aguerris. Sous leur impulsion., La situation internationale évolue dans un sens encore plus favorable aux peuples et défavorable à l’impérialisme, au révisionnisme moderne et à la réaction des différents pays. »

Il est clair qu’AMADA reconnaît ces positions fondamentales du marxisme-léninisme, dans les termes que nous venons de rappeler. Mais il est tout aussi clair que cette reconnaissance manque de fermeté politique. Quand AMADA donne son point de vue sur la situation mondiale, il n’éprouve pas le besoin de parler des pays socialistes ni du mouvement communiste international (ni d’ailleurs du social-impérialisme).

Quand, à la fin du programme de lutte (Strijdprogramma., p. 15-1 6), il parle de la Chine, c’est pour donner quelques exemples du fonctionnement de la société socialiste, à titre d’illustrations pédagogiques. Il ne fait pas état de la Chine pour indiquer l’immense force politique qu’elle représente objectivement dans le monde. Quand AMADA parle du social-impérialisme (Strijdprogramma, p. 11), ce sera en fonction du danger qu’il représente pour la paix en Europe et non pour indiquer la portée théorique et pratique que la restauration du capitalisme en URSS a dans le monde. Le révisionnisme est l’idéologie bourgeoise infiltrée dans le mouvement communiste ; il est la politique que les nouveaux tsars soviétiques mettent en pratique dans le monde entier. Le social-impérialisme écrase le peuple soviétique sous sa domination ; il a envahi la Tchécoslovaquie, il menace la Chine et l’Europe, ; il cherche à étendre son influence dans le tiers-monde.

De telles lacunes dans le programme d’AMADA ne sauraient s’expliquer par le simple hasard. Cette négligence a une cause idéologique, qui est le peu d’intérêt qu’AMADA en général à tout ce qui dépasse son champ d’action immédiat. AMADA ne rejette certainement aucune des analyses que nous venons de rappeler, mais in ne voit pas la nécessité de les reprendre dans son programme de lutte. Ce manque d’esprit communiste, cette étroitesse de vues est une forme larvée de chauvinisme.

Pendant toute la campagne électorale, l’internationalisme prolétarien a été proprement mis aux oubliettes. L’éducation communiste qu’AMADA donne aux ouvriers s’arrête de préférence aux frontières de la Belgique. Il leur apporte ainsi une vision déformée de la réalité, une vision centrée sur les intérêts nationaux et particuliers. Les tâches de solidarité envers les pays socialistes sont restées lettre morte ; l’existence même du mouvement communiste international, qui est le facteur décisif de la lutte contre le révisionnisme moderne et pour la révolution socialiste dans le monde, n’est même pas mentionnée.

D’autre part, la cause idéologique qui amène AMADA à passer sous silence la tendance principale dans le monde sera examinée plus loin. Elle se rapporte à la déviation économiste qui entache la ligne d’AMADA.

La conception de la dictature du prolétariat et du socialisme

1. Le mot d’ordre central de la campagne d’AMADA a été :

« Votez pour la lutte de classe révolutionnaire ».

Ce mot d’autre est opportuniste.

L’objectif des communistes n’est pas la « lutte de classe », même si on y accole le mot « révolutionnaire », mais la révolution socialiste, la dictature du prolétariat. C’est ce thème-là qui devait être la pierre de touche, le noyau de toute la propagande. En général, il n’est apparu au cours de la campagne de façon secondaire, en arrière-plan, comme conclusion d’un article ou d’un discours.

Si on ne fixe pas clairement cet objectif qui est au centre de notre programme marxiste-léniniste et la cible de la trahison révisionniste, si on ne l’explique pas inlassablement, le mot d’ordre de « lutte de classe révolutionnaire », perd sa signification véritablement révolutionnaire et il crée une confusion qui peut servir le réformisme. (Ceci apparaîtra tout à fait clairement quand nous verrons ce qu’AMADA appelle « lutte de classe révolutionnaire » et « unité révolutionnaire de tous les ouvriers »).

2. AMADA a parfois parlé du socialisme et de la dictature du prolétariat, mais il s’est toujours montré incapable d’en parler de façon scientifique (ni d’ailleurs, de façon enthousiaste). Voici ce que serait le socialisme, à en croire le tract national n° 1 :

« Ceci sera le socialisme : les ouvriers auront les armes en leurs mains et formeront une armée ouvrière ; il sera édifié un tout nouvel Etat avec des représentants d’ouvriers et de travailleurs, et contrôlé par les organisations ouvrières révolutionnaires ; les capitalistes seront privés de toutes les usines, et la production sera organisée selon les intérêts et les exigences des masses travailleuses ; une nouvelle justice sera formée pour réprimer les anciens capitalistes et protéger les ouvriers et les travailleurs. »

Ceci ne sera nullement « le socialisme », mais bien un compromis entre le socialisme et l’anarchisme. AMADA sait pourtant que le régime de la société construisant le socialisme est la dictature du prolétariat, dans laquelle la classe ouvrière, alliées aux autres classes et couches révolutionnaires (les « travailleurs ») exerce seule le pouvoir. Cette dictature est dirigée par le parti communiste.

Encore faut-il remarquer que l’aspect violent de l’ordre socialiste, la raison d’être de la « dictature », est mentionnée dans cette « définition » d’AMADA. C’est très rare, sinon unique pour toute la campagne.

Mais surtout, AMADA n’a jamais expliqué qu’« en fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste ; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine » (Mao Tsé-toung, Citations, p.27) ni que « le but de la révolution socialiste est de libérer les forces productives » (ibid., P. 29).

Chez AMADA, les lois du matérialisme historique prennent la forme suivante :

« Après la révolution socialiste, la production sera encore plus fortement développée (« encore plus » que sous le régime capitaliste !), … il y aura un plan national… (Strijdprogramma, p. 15). Le socialisme ne serait-il qu’un capitalisme amélioré ?

En réalité :

« le fondement économique de (la) violence révolutionnaire, le gage de sa vitalité et de son succès, c’est que le prolétariat offre et réalise un type supérieur d’organisation sociale du travail par comparaison avec le capitalisme. Voilà le fond de la question. Voilà la source et le gage de la victoire complète et inéluctable du communisme » (Lénine, La grande initiative, t.29, p. 423.)

AMADA n’a rien fait pour propager cette inébranlable foi dans la révolution, dans l’avenir de l’humanité. Il n’a pas montré à la classe ouvrière le rôle historique qu’elle doit assurer : s’émanciper et libérer avec elle le peuple travailleur, et marcher vers la société sans classes. AMADA explique souvent que les capitalistes, avec l’aide des réformistes, veulent faire de la classe ouvrière une classe d’esclaves. Les prolétaires le savent bien. Ce que les communistes ont à leur dire, c’est ceci :

« vous êtes la classe la plus révolutionnaire de l’histoire, et vous devez devenir la classe dirigeante de la société nouvelle ».

Quand AMADA veut parler du socialisme, il en donne une image étriquée qui rabaisse notre but. Il cite une série de faits particuliers, empruntés à la Chine. Mais le socialisme représente un progrès historique créant un système nouveau et complet de rapports entre les hommes, façonnant un homme nouveau, le sujet conscient, le créateur de l’histoire.

« Le communisme est le système complet de l’idéologie prolétarienne en même temps qu’un nouveau régime social. Il diffère de toute autre idéologie et de tout autre régime social, il est le plus parfait, le plus progressiste, les plus révolutionnaire, le plus rationnel de toute l’histoire de l’humanité. L’idéologie et le régime social du féodalisme sont entrés au musée de l’histoire. Ceux du capitalisme sont, eux aussi, entrés au musée dans une partie du monde… ; partout ailleurs, il ressemble à ‘un moribond qui décline rapidement, comme le soleil derrière les collines de l’ouest’ ; ils seront bientôt bons pour le musée. Seuls l’idéologie et le régime social du communisme se rependent dans le monde entier avec l’impétuosité de l’avalanche et la force de la foudre » (Mao Tsé-toung, Citations, p. 26-27)

La lutte pour le socialisme

Remplacer le mot d’ordre de « révolution socialiste » par celui de « Lutte de classe révolutionnaire » ne serait qu’un demi-mal si AMAMA donnait à ce slogan son sens véritable de lutte consciente opposée au réformisme et au révisionnisme pour la dictature du prolétariat.

Mais AMADA déforme la conception marxiste-léniniste de la lutte de classe et du rôle que le Parti communiste doit y jouer pour que le prolétariat puisse assurer sa victoire. A propos de la grave crise économique qui menace, AMADA écrit :

« Dans cette situation de misère infinie, causée par le capitalisme, les masses laborieuses sentiront d’elles-mêmes (nous soulignons) qu’il ne reste qu’une seule issue, le renversement armé de la dictature du capitalisme. » (Strijdprogramma, p. 14)

L’idée que la crise elle-même entraînera la classe ouvrière sur la voie du socialisme est une erreur dangereuse.

La conscience révolutionnaire, socialiste ne pourra être introduite et développée dans le mouvement ouvrier que par un long et dur travail de l’avant-garde, des communistes. Et ceci suppose que le parti se montre capable de développer une politique scientifique, dans sa liaison avec les masses.

La politique d’AMADA relève d’un économisme que Lénine a entièrement réfuté dans sa lettre contre les opportunistes russe dans les années 1900.

« Lénine a montré que les ‘économistes’ trompaient la classe ouvrière en prétendant que l’idéologie socialiste pouvait naître du mouvement spontané de la classe ouvrière ; car en réalité, l’idéologie socialiste ne naît point du mouvement spontané, mais de la science » (Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’URSS, p. 41-42)

Lénine nous enseigne que cette science ne naît pas de la lutte du prolétariat elle-même, mais qu’elle est apportée au mouvement ouvrier de l’extérieur :

« L’histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu’à la conscience trade-unioniste, c’est-à-dire à la conviction qu’il faut s’unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. » (Que faire ? t. 5, p. 382)

En s’écartant de ce point de vue, AMADA tombe tout naturellement dans certaines appréciations gauchistes au sujet des luttes actuelles. La qualification de « révolutionnaire » appliquée à toute lutte de masse combative, telle la grande grève des dockers, en est un exemple des plus évident. Une telle analyse jette des illusions sur la situation réelle de la classe ouvrière et tend, par conséquent à rabaisser les tâches des communistes.

De telles conceptions donnent naissance à des positions de ce genre :

« La voie qu’AMADA montre dans la lutte de classe est la voie que tous les ouvriers d’avant-garde veulent suivre : la lutte de masse radicale, irréconciliable qui fait trembler le capital et ses laquais et les fait reculer. La lutte de masse révolutionnaire qui jour après jour, année après année est rendue plus forte et plus large, qui est tirée vers le but final de la classe ouvrière : la libération définitive de l’esclavage capitaliste par la révolution socialiste » (Amada n° 64)

La « lutte de masse radicale » avançant « jour après jour » est typique du style des réformistes combatifs, des anarcho-syndicalistes. En réalité, la lutte pour le socialisme naît de la fusion entre le mouvement ouvrier spontané et la théorie marxiste-léniniste ; cette fusion est réalisée par le parti communiste agissant sur la base de son programme scientifique.

Tels sont les facteurs politiques et théoriques de la lutte révolutionnaire. En insistant de façon unilatérale sur le caractère radical de la lutte résultant des conditions objectives (la crise du capitalisme), AMADA obscurcit les tâches principales du parti ; il sous-estime précisément ce qui dépend de nous, communistes, d’apporter â la lutte de classe du prolétariat !

La tendance à l’économisme se manifeste chez AMADA aussi bien quand il parle de la crise que quand il parle du mouvement ouvrier :

a) la crise, la misère, le fascisme sont surtout agités devant le prolétariat comme des épouvantails. Alors que la situation révolutionnaire est excellente dans le monde, AMADA, qui semble avoir une plus grande confiance dans l’efficacité révolutionnaire de la misère que dans celle de la théorie et de la conscience socialiste, se complaît à ne parler uniquement de l’aspect économique de la situation à venir. Le capitalisme va au-devant d’une crise économique qui le ravagera et qui plongera la classe ouvrière dans la misère et le chômage.

C’est là un fait que les révolutionnaires prévoient et doivent annoncer à la classe ouvrière pour la préparer à la lutte. Ils lui disent que sa situation matérielle et sociale ne va faire qu’empirer dans les années prochaines et que la lutte est pour elle le seul moyen pour se défendre. Ils lui disent aussi et surtout que la situation politique est très favorable, et il l’encourage à accélérer l’issue révolutionnaire. AMADA parle sans cesse de la crise mondiale de 1929, et il est certain que la crise qui se prépare présente avec elle de grandes ressemblances ; mais il est vrai aussi que le rapport général des forces dans le monde a changé depuis lors et que le prolétariat de Belgique a de puissants alliés dans le monde dans les peuples qui construisent le socialisme et dans les peuples qui remportent victoire sur victoire contre l’impérialisme.

Les communistes doivent surtout montrer la faiblesse fondamentale des capitalistes et la force invincible de la classe ouvrière quand elle s’empare des idées socialistes. La fascisation et le fascisme ne sont pas seulement un régime de terreur imposé à la classe ouvrière désorganisée, ils sont aussi un signe de la faiblesse de la bourgeoisie.

b) Il est erroné de faire croire que la lutte révolutionnaire n’est pas autre chose que la lutte dure, la lutte radicale. Bien entendu, les communistes combattent le légalisme, le pacifisme, l’esprit de conciliation comme des manifestations de la collaboration de classe. Ils dénoncent « l’ordre, le calme et la dignité » que les contre-révolutionnaires de toutes sortes veulent imposer à la classe ouvrière. C’est là un point essentiel de la démarcation avec le réformisme et le révisionnisme, parce que l’esprit d’« oser lutter, oser vaincre » est une qualité prolétarienne indispensable à la victoire dans la lutte révolutionnaire.

Mais cela ne suffit pas pour se délimiter entièrement du réformisme et du révisionnisme.

Outre l’enthousiasme révolutionnaire et la question des formes de lutte, il y a un aspect politique de démarcation entre le prolétariat et la bourgeoisie, qui tient dans le rapport qu’il faut mettre entre la réforme et la révolution. La théorie marxiste-léniniste enseigne que :

« La social-démocratie révolutionnaire subordonne la lutte pour les réformes, comme partie de tout, à la lutte révolutionnaire pour la liberté et le socialisme ». (Lénine, Que faire ? t. 4, p. 414)

Staline a réaffirmé que :

« pour le révolutionnaire (…), le principal, c’est le travail révolutionnaire, et non la réforme ; pour lui, la réforme n’est que le produit accessoire de la révolution ». (Staline, Des principes du léninisme, Ed. Pékin, p. 100)

Mais le rabaissement de la conscience socialiste mène AMADA à présenter au contraire l’idéal révolutionnaire comme la meilleure garantie d’une lutte économique combattive et efficace :

« Celui qui ne veut pas en définitive renverser le capitalisme par la révolution armée, celui-là ne veut pas non plus se battre de façon inflexible pour l’amélioration du sort de l’ouvrier. Plus il y a d’ouvriers pour voir cela, plus il y en aura qui voudront une véritable unité révolutionnaire. Les ouvriers qui veulent l’unité de la classe ouvrière doivent en premier lieu se réunir dans le nouveau parti communiste ouvrier. » (Amada n° 64, p.7 et Strijdprogramma, p. 12)

Seul le point de vue révolutionnaire peut réellement guider la lutte économique et démocratique : c’est indéniable. Mais est-ce là l’enseignement que les marxistes-léninistes doivent mettre en avant, est-ce vraiment « cela » qu’il importe le plus le plus que les ouvriers voient ?

La question est la suivante : lorsque les communistes traitent du rapport entre la lutte économique et, la lutte politique, sur quel aspect de la contradiction doivent-ils toujours mettre l’accent ?

AMADA présente les choses comme si l’objectif révolutionnaire servait essentiellement à mieux mener les luttes quotidiennes. On en vient ainsi à le subordonner, à le mettre au service des revendications économiques et des grèves.

Ainsi, à propos de Lip, AMADA trouve à dire seulement que, « grâce à la lutte de masse révolutionnaire, l’usine a pu rester ouverte » (Strijdprogramma, p.6). C’est là un incontestable succès de la lutte, mais n’est-il pas plus important d’expliquer concrètement comment, grâce à cette lutte, des milliers d’ouvriers français ont élevé le niveau de leur conscience révolutionnaire ?

Pour le marxisme-léninisme, la lutte revendicative et les réformes tirent leur importance politique du fait qu’elles aident à rapprocher la classe ouvrière de son objectif final. Toute mobilisation, toute lutte, toute lueur de conscience révolutionnaire sont utilisés par le Parti pour élever le niveau de conscience du prolétariat.

Au contraire :

« tout culte de la spontanéité du mouvement ouvriers tout amoindrissement du rôle de ‘l’élément conscient’, du rôle de la social-démocratie signifie par là même – qu’on le veuille ou non, cela n’y fait absolument rien − un renforcement de l’influence de l’idéologie bourgeoise sur les ouvriers » (Lénine, Que faire ? t. 5, p. 389)

Mais si les luttes économiques sont des luttes révolutionnaires du fait de leur caractère radical et si la classe ouvrière « doit sentir d’elle-même » la nécessité du socialisme, à quoi bon un Parti, à quoi bon la théorie marxiste-léniniste ?

Lénine posait cette question :

« quel est le rôle de la social-démocratie si ce n’est d’être ‘l’esprit’ qui non seulement plane au-dessus du mouvement spontané, mais élève ce dernier au niveau de ‘son programme’ ? » (Que faire ? t.5, p. 403-404)

Le Parti en assurant ce rôle, est un facteur indispensable de la victoire socialiste du prolétariat.

« Ce qui transforme la classe ouvrière de ‘classe en soi’ en ‘classe pour soi’, c’est le Parti. Bien entendu, la lutte, l’action trempent et mettent à l’épreuve et les révolutionnaires, elles leur enseignent bien des choses. Mais tant qu’un parti politique doté d’un programme clair, d’une stratégie et d’une tactique scientifique, fait défaut, la lutte, soit demeure à mi-chemin, soit échoue. C’est ce qu’enseigne aussi l’expérience du mouvement révolutionnaire actuel et de nombreuses luttes de divers continents. » (Enver Hoxha, Rapport présenté au VIe congrès du Parti du Travail d’Albanie, p. 235)

Quel pauvre écho fait AMADA à ces paroles marxistes-léninistes quand il doit à son tour expliquer pendant la campagne électorale le rôle des communistes aux masses. Ayant dénoncé les fausses promesses des partis bourgeois, AMADA déclara :

« Les vrais communistes ne peuvent faire qu’une seule promesse pendant la campagne électorale : la promesse qu’ils se battront toujours au premier rang de la classe ouvrière, qu’ils seront sur la brèche dans toutes les grandes luttes que la classe ouvrière entreprendra au cours des prochaines années pour défendre ses droits » (Strijdprogramma, p.4).

Sa « tâche principale », AMADA la voit ainsi :

« Notre tâche principale, nous devons surtout l’accomplir après les élections : faire en sorte que la lutte de classe directe soit aussi massive, aussi radicale et aussi directe que possible, de façon à ce que dans chaque bataille la conscience et l’organisation des ouvriers progressent. » (Amada n° 66, p. 3)

Le mouvement marxiste-léniniste doit participer aux luttes revendicatives et s’efforcer d’en prendre la direction, parce qu’il est le seul à pouvoir défendre de façon entièrement conséquente tous les intérêts des travailleurs et surtout parce que :

« sa tâche est de transformer cette politique trade-unioniste (syndicaliste) en lutte politique social-démocrate (communiste), de profiter des lueurs de conscience politique social-démocrate » (Lénine, Que faire ?, t.5, p. 425, notes).

Et encore cela est-il très loin de suffire. L’activité d’un parti communiste embrasse bien d’autres tâches, dont l’inexécution rendrait ce qui précède vain et inutile. Le parti communiste uni à essentiellement pour tâche de tracer le chemin politique de la révolution, de définir les classes et les couches amies, les classes et les couches ennemies, d’établir la stratégie et la tactique.

A l’étape actuelle, les communistes − encore désunis − ont dans l’accomplissement de ces tâches, un grand retard sur la combativité croissante du peuple. Le point de vue d’AMADA est un point de vue suiviste qui consiste à courir derrière les événements au lieu d’apprendre à les prévoir, à les préparer dans l’intérêt de la révolution. AMADA s’assigne comme tâche principale d’étendre et de radicaliser les luttes.

La préoccupation d’intensifier l’activité des masses et de vouloir restreindre sa propre activité politique et théorique, est une caractéristique de l’économisme. Jamais AMADA ne s’est soucié jusqu’à présent de préparer sérieusement les véritables moyens de « transformer la lutte spontanée en lutte communiste ». Cette tâche ne peut être accomplie à fond que si le rôle de la conscience socialiste, de la théorie marxiste-léniniste est pleinement reconnu.

« … notre tâche, celle de la social-démocratie, est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme (le syndicalisme) à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. » (Lénine, Que faire ? t.5, p.392)

Il faut, dit Lénine un peu plus loin, mener « une lutte acharnée contre la spontanéité ».

AMADA, au contraire, encourage les ouvriers à penser que la volonté de lutte, la combativité, l’esprit de lutte de classe dispensent la classe ouvrière et son avant-garde de s’emparer de la science, rendent inutile que le parti crée et propage la théorie révolutionnaire, les lois de la révolution en Belgique, fasse l’analyse des classes, élabore le programme scientifique de la classe ouvrière.

Les carences, qu’AMADA veut se cacher à lui-même et à la classe ouvrière, apparaissent pourtant de façon criante dans la façon qu’il a de se démarquer des partis « ouvriers » traîtres (le P « C » B révisionniste et le PSB) et les partis de la bourgeoisie (la Volksunie). C’est là la conséquence la plus lourde de la sous-estimation de nos taches : la déviation spontanéiste entraîne nécessairement la faiblesse devant l’ennemi de classe et l’incapacité à la dénoncer à fond.

Dénonciation de l’ennemi de classe

a. Les partis « ouvriers » bourgeois

La dénonciation des faux partis « ouvriers », agents de la bourgeoisie infiltrés dans le mouvement ouvrier, est une question essentielle de la révolution. Les camarades albanais, dans un article de Zëri i Popullit, rappellent ainsi la position du marxisme-léninisme en ce domaine :

« C’est précisément parce que les sociaux-démocrates sont l’officine de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, que sans un ferme combat pour démasques et défaire, idéologiquement et politiquement, la social-démocratie, la classe ouvrière ne peut pas mener sa lutte avec succès et ne peut la conduire jusqu’à la victoire. « C’est un fait que les ‘partis ouvriers bourgeois’, en tant que phénomène politique – a écrit V. I. Lénine – ce sont déjà constitués dans tous les pays capitalistes avancés, et que sans une lutte décisive et implacable sur toute la ligne, contre ces partis, ou ce qui revient au même, contre ces groupes, ces tendances, etc., il ne saurait être question ni de lutte contre l’impérialisme, ni de marxisme, ni de mouvement ouvrier socialiste » (t. 23, p. 130). Et J.V. Staline, en tant que révolutionnaire et marxiste conséquent, a souligné : « Le social-démocratisme aujourd’hui est l’appui idéologique du capitalise. Lénine avait mille fois raison quand il disait que les politiciens social-démocrates de nos jours sont ‘les véritables agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, les commis ouvriers de la classe capitaliste’ ; que dans ‘la guerre civile entre le prolétariat et la bourgeoisie’, ils se rangent inévitablement ‘du côté des Versaillais contre les communards’. Il est impossible d’en finir avec le capitalisme sans en avoir fini avec le social-démocratisme dans le mouvement ouvrier. « C’est pourquoi l’ère de l’agonie du capitalisme est en même temps celle de l’agonie du social-démocratisme dans le mouvement ouvrier. » (Les questions du léninisme, éd. de Tirana, p.258). Et plus loin : « La tâche de tous les communistes c’est de combattre, de toute leurs forces, impérialisme, l’impérialisme, américain en tête, et la lutte contre le révisionnisme moderne fait partie intégrant de la lutte contre l’impérialisme, parce que le révisionnisme moderne est la création et l’allié de l’impérialisme, la manifestation de l’idéologie bourgeoise sur le plan théorique et pratique, le ‘Cheval de Troie’ de l’impérialisme dans le camp socialiste et dans le mouvement communiste international. Aujourd’hui apparaissent plus actuelle que jamais les mots du grand Lénine, selon lesquels sans mener un combat ferme et conséquent jusqu’au bout contre l’opportunisme et le révisionnisme on ne peut pas combattre avec succès l’impérialisme. Sans démasquer et écraser le révisionnisme, on ne peut pas défendre et bâtir avec succès le socialisme et le communisme. » » (Les révisionnistes modernes sur la voie de la dégénérescence social-démocrate et de la fusion avec la social-démocratie, Zëri i Popullit, 1964, in : Le Parti du Travail d’Albanie en lutte contre le révisionnisme moderne, 1971, p. 312-313 et 353-354)

Comment AMADA s’y prend-il pour dénoncer ces ennemi ?

Le P « C » B révisionniste

En lançant la campagne électorale, AMADA se fixait comme but d’arracher le plus grand nombre possible d’ouvriers à l’emprise du révisionnisme. Le P « C » B était, à juste titre, considéré comme une cible privilégiée. Il fallait donc tracer une claire ligne de démarcation avec ceux qui, au sein du mouvement, sont des ennemis les plus directs et les plus dangereux de la révolution, qui se disent « communistes » et qui dans la réalité sont des défenseurs acharnés de la collaboration de classe.

En ce qui concerne le travail d’AMADA sur ce front, nous devons dresser un constat de carence, et c’est très grave, parce que une dénonciation déficiente du révisionnisme crée inévitablement auprès des ouvriers une conception fausse du communisme. Si le révisionnisme n’est pas attaqué dans son essence − la trahison de la révolution socialiste sous couvert du masque du communisme −, l’idéal marxiste-léniniste ne peut apparaître clairement à avant-garde et aux masses ouvrières. La ligne marxiste-léniniste se construit en opposition à la ligne révisionniste. Lorsque la guerre contre le révisionnisme n’est menée qu’à moitié, notre programme marxiste-léniniste reste également à mi-chemin , c’est-à-dire que l’on construit alors un programme opportuniste. Ceci s’est d’ailleurs manifesté chez AMADA pendant sa campagne.

La question stratégique essentielle qui nous oppose au révisionnisme est la question dite du « passage pacifique au socialisme ».

Ce point central n’a, de toute la campagne, été qu’effleuré au passage, tant dans la propagande écrite que dans les meetings. Jamais il n’a été démonté clairement, à la lumière de la théorie marxiste-léniniste et de l’expérience révolutionnaire de la classe ouvrière internationale. Même quand dans son programme de lutte, AMADA parle de la révolution armée, il s’abstient d’attaquer directement le programme et la pratique du P « C » B.

Dans une campagne électorale communiste, les questions du parlement et de « la loi parlementaire » doivent être serrées de près.

« Le communisme se refuse (…) à voir dans le parlementarisme une des formes de la société future ; il se refuse à y voir la forme de la dictature de classe du prolétariat ; il nie la possibilité de la conquête durable des Parlements ; il se donne pour but l’abolition du parlementarisme. Il ne peut dès lors être question de l’utilisation des institutions gouvernementales bourgeoises qu’en vue de leur destruction. C’est dans ce sens et uniquement dans ce sens que la question peut être posée. » (IIe congrès de l’Internationale communiste, Le Parti communiste et le parlementarisme, in : Quatre premiers congrès mondiaux de l’Internationale communiste, p. 67)

C’est dans ce sens qu’a été écrit l’article « L’attitude des communistes devant les élections » (Amada n°63, p.6). Mais ce n’est pas tout à fait dans ce sens que la campagne a été effectivement menée.

AMADA a placé l’objectif de la dictature du prolétariat au second rang de sa propagande et a défendu des conceptions opportunistes sur la lutte des classes. Il était inévitable que cela l’entraîne dans une position opportuniste sur le parlement (position qui s’est surtout manifestée dans la propagande orale et dans les tracts). Dans la question des élections et du parlement, la démarcation avec les partis bourgeois s’est faite essentiellement sur les thèmes :

« les partis bourgeois font beaucoup de promesses ; elles sont fausses ; AMADA n’en fait qu’une : être toujours à la tête des luttes pour défendre les droits des ouvriers », « au parlement, les partis bourgeois racontent des mensonge ; AMADA dira la vérité sur les plans de la bourgeoisie », « les parlementaires bourgeois sont corrompus, ceux d’AMADA vivront parmi les travailleurs et la lutte des classes ».

Tout cela est vrai, mais manque l’essentiel de la propagande communiste sur le parlementarisme : il fallait dire et répéter qu’AMADA se présentait précisément pour détruire les illusions que les ouvriers gardent sur l’Etat et le parlement, pour expliquer que la classe ouvrière doit se préparer à détruire l’Etat − et le parlement qui en fait partie. Cela dépasse de très loin les fausses promesses des partis capitalistes et la corruption des parlements bourgeois, ne pensez-vous pas, camarades ?

L’essentiel de la propagande devait porter sur la révolution armée pour le socialisme, et toute participation aux élections ou au parlement devrait être expliquée aux masses « dans ce sens uniquement ».

Lénine est très clair sur ce sujet :

« La nécessité d’inculquer systématiquement aux masses cette idée − et précisément celle-là – de la dictature violente est à La base de toute la doctrine de Marx et Engel. » (L’Etat et la Révolution, Ed. Pékin, p. 25)

A plus forte raison, quand les communistes participent aux élections bourgeoises. Dans les meetings, les candidats anciens résistants, ou anciens membres du PC ont parlé de la résistance armée et de l’ignoble trahison des révisionnistes qui ont appelé à rendre les armes à l’Etat capitaliste. AMADA en a-t-il profité pour éduquer, pour susciter une discussion sur ce sujet ? A-t-il expliqué de ce point de vue sa participation aux élections ? Pas autrement que par une phrase par-ci par-là.

Dans le programme de lutte, le document central de propagande pour la campagne, il n’y a pas un mot sur cette question !!! Enfin, AMADA avait déclaré aussi que pour les communistes il ne s’agit pas de « racoler les voix », mais seulement de propagande révolutionnaires (Amada n° 63, p.6). Cette promesse-là ne fut pas tenue non plus, car comment expliquer la candidature d’un sympathisant tel que Demaegt qui s’en tint, d’ailleurs en toute clarté, à une propagande petite-bourgeoise, démocratique et progressiste ?

AMADA croit arranger les choses en plaçant ce candidat sur ses listes à une place « non-éligible ». Mais le caractère « éligible » ou « non éligible » d’un candidat n’est nullement un critère. Le critère du Parti à l’égard d’un candidat est évidemment le même que celui qu’il doit avoir envers ses parlementaires : les uns et les autres doivent mériter la confiance des masses pour leur fermeté idéologique et politique de communistes.

Voici, pour fixer les idées, ce qu’en disait des partis communistes plus développés, la IIIe Internationale dans le texte déjà cité :

« Les partis communistes doivent renoncer à la vieille habitude social-démocrate de faire exclusivement élire des parlementaires ‘expérimentés’ et surtout des avocats. De règle, les candidats seront pris parmi les ouvriers. (…) Les Comités centraux ne doivent approuver que les candidatures d’hommes qui, de longues années durant, ont donné des preuves indiscutables de leur dévouement à la classe ouvrière. » (p. 68-69)

Pour attaquer le révisionnisme, AMADA s’est borné à dénoncer le sabotage des luttes économiques, et il en est resté en général à décrire cette conséquence de la trahison des intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. AMADA a également mis en avant le fait que le P « C » B cherche à s’allier avec la social-démocratie pour former le soi-disant « front des progressistes », Mais comme le rôle politique du PSB (ce parti de dirigeants « corrompus », de « voleurs », etc.) est déjà, de l’avis d’AMADA, fort démasqué devant les masses ouvrières, on pourra rapidement expédier le rôle du P « C » B :

« Ainsi y le P « C » veut l’unité avec les dirigeants du PSB, dont la corruption, la vénalité, la volonté de pouvoir sont de plus en plus démasqués devant le travailleur » (Amada n ° 64, p. 7)

Dès lors :

« La direction du P « C » est devenue un appendice impuissant et incolore du PSB et des directions syndicales » (Amada n° 64, p. 3)

Ce n’est pas vrai. Le révisionnisme n’est pas « impuissant » et moins encore « incolore ». Le révisionnisme reste un danger réel ; il reste un rempart des capitalistes et, en période de crise grave, les marxistes-léninistes devront être préparés à affronter en eux des ennemis qui s’opposeront par tous les moyens de la violence et de la ruse bourgeoise a la montée de la révolution. « Incolores », les agents du social-impérialisme soviétique ? C’est pousser la myopie politique fort loin. Propager l’idée que les révisionnistes sont devenus un groupe insignifiant, c’est désarmer les ouvriers idéologiquement.

La caution que les révisionnistes donnent au réformisme « de gauche » trompe encore beaucoup d’ouvriers dans le pays. Les communistes ont à cœur d’expliquer patiemment et concrètement les crimes et les trahisons du révisionnisme, en se fondant sur la toute-puissante doctrine marxiste-léniniste et en attaquant l’ennemi dans son essence contre-révolutionnaire. C’est seulement ainsi que nous pourrons unir la classe ouvrière pour faire la révolution.

Or, qu’oppose AMADA au « front des progressistes »?

Le nouveau mot d’ordre d’AMADA, sorti de la campagne électorale, est celui de

« l’unité révolutionnaire de tous les ouvriers en lutte contre le capital » (Strijdprogramma, p.12).

Qu’est-ce AMADA entend par là ?

« Seul AMADA défend chaque jour l’unité révolutionnaire de tous les ouvriers dans les actions de masse combatives.

Pour pouvoir se battre avec force contre le capital et ses auxiliaires, tous les ouvriers de n’importe quelle tendance politique doivent s’unir. Les vrais communistes doivent toujours se soucier de l’unité de toute la classe ouvrière sur une base révolutionnaire. Nous combattons la politique de collaboration de classes des dirigeants du faux PC, mais nous considérons chaque ouvrier membre du PC comme un camarade. Cela n’a pas d’importance que nous divergions sur beaucoup de points avec un ouvrier appartenant au PC, à la Volksunie, ou au PSB. Nous voulons parvenir à l’unité avec tous, pour la lutte de masse radicale, offensive, la seule qui fasse reculer le patronat et qui arrache l’amélioration du sort des ouvriers. »

L’« unité révolutionnaire » est donc en fait « l’unité avec tous, pour la lutte de masse radicale », c’est-à-dire, pour parler clairement, l’unité combative. Ce qui cadre tout à fait avec les grèves qu’AMADA veut appeler « révolutionnaires ».

Poursuivons la lecture :

« Nous désirons que chaque ouvrier membre du PSB, du PC ou de la Volksunie se batte honnêtement et avec dévouement pour les intérêts communs de tous les camarades. Dans sa lutte il constatera que les dirigeants du PSB, du PC ou de la Volksunie inventent toute sorte de ruses pour freiner et arrêter sa lutte. »

Ce refrain spontanéiste « dans sa lutte il constatera… », nous le connaissons déjà aussi. Cela correspond entièrement à « la masse sentira d’elle-même… »

Voilà comment l’opportunisme rabaisse la vraie « unité révolutionnaire », qui est la lutte pour le socialisme, à n’être que l’unité pour « les intérêts communs de tous les camarades ».

« Mais pour, malgré tout, justifier la présence du parti, AMADA continue :

« C’est pourquoi (?!, parce que l’ouvrier a déjà « constaté » ?) AMADA dénonce toujours ouvertement la politique de la direction du PSB, du PC ou de la Volksunie parce qu’elles sont toutes opposées au renversement du pouvoir d’Etat capitaliste. Celui qui ne veut pas en définitive le capitalisme par la révolution ouvrière armé, celui-là ne veut pas non plus lutter de façon intransigeante pour l’amélioration du sort de l’ouvrier.

Plus il y a d’ouvriers qui comprennent cela, et plus il y aura de partisans d’une véritable unité révolutionnaire. » (Strijdprogramma, p.12)

Pendant toute sa lutte contre les économistes, à l’époque de l’édification du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, Lénine a sans cesse insisté sur les exigences que les communistes doivent poser dans leur travail d’agitation-propagande et d’éducation. En concluant son article « A propos des grèves », écrit à cette époque, il indique sans ambiguïté comment se forme « l’unité révolutionnaire » de la classe ouvrière :

« Lorsque tous les ouvriers conscients deviennent des socialistes, c’est-à-dire qu’ils aspirent à cette émancipation, lorsqu’ils s’unissent à travers tout le pays pour propager le socialisme parmi les ouvriers, pour enseigner aux ouvriers tous les procédés de lutte contre leurs ennemis ; lorsqu’ils forment un parti ouvrier socialiste luttant pour affranchir tout le peuple de l’oppression gouvernementale et pour émanciper tous les travailleur du joug du capital, alors seulement la classe ouvrière adhère sans réserve au grand mouvement des ouvriers de tous les pays, avec ces mots : ‘Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !’ » (t. 4, p. 330)

AMADA insiste beaucoup sur le fait que les ouvriers « de toute opinion politique » peuvent rejoindre « l’unité révolutionnaire » de la classe. Il est juste que les communistes doivent réaliser avec les ouvriers influencés par la social-démocratie l’unité d’action dans les luttes quotidiennes. Mais ils doivent aussi et surtout transformer cette unité d’action en unité révolutionnaire, en unité qui se donne consciemment comme but d’accomplir les tâches de la révolution. Ceci suppose en premier lieu que les communistes mènent une lutte idéologique intense au sein de la classe ouvrière contre la spontanéité, c’est-à-dire contre les illusions réformistes.

En participant à la campagne électorale, AMADA créait une excellente occasion de proclamer bien haut, en opposition avec tous les programmes bourgeois, le programme de la classe ouvrière : la dictature du prolétariat. Les formules de « lutte de classe révolutionnaires » et d’« unité révolutionnaire de la classe ouvrière (avec le contenu que nous venons de voir) sont des formules de compromis avec le réformisme, si les communistes n’insistent pas sur leur vrai sens de lutte, d’unité pour le dictature du prolétariat. Dans aucun meeting, dans aucun tract, cet objectif n’a été expliqué. Il a fallu attendre la dernière semaine de la campagne et le programme de lutte pour que cette question soit abordée. Au lieu de confondre lutte économique radicale et lutte révolutionnaire, unité révolutionnaire et unité combattive, AMADA ferait de se rappeler que :

« la social-démocratie se propose précisément, en organisant les ouvriers, de transformer par la propagande et l’agitation, leur lutte spontanée contre les oppresseurs en une lutte de toute la classe, en la lutte d’un parti politique déterminé pour les idéaux politiques et sociaux déterminés » (Lénine, Notre tâche immédiate, t. 4, p. 222)

Incapable de se délimiter correctement du révisionnisme, il était inévitable qu’AMADA défende lui-même des positions et des conceptions qui plus d’une fois penchent dangereusement vers le réformisme.

Citons-en quelques exemples :

– Sur la question centrale de l’Etat ; AMADA met presque toujours l’accent sur le rôle économique (subsides aux monopoles…), alors qu’il est indispensable d’expliquer surtout le rôle politique, militaire de l’Etat, l’instrument principal de la contrer révolution 2.

– A propos de l’activité des médecins de Hoboken.

Des militants d’AMADA ont mis Leurs connaissances médicales au service du peuple ; Ils sont ainsi un exemple de dévouement communiste hautement apprécié par les travailleurs. Ces médecins communistes soignent au prix de remboursement de la mutuelle et font de la propagande contre la « médecine du travail ». La « justice » bourgeoise a essayé de réprimer leur activité, mais devant la solidarité des masses, elle laisse faire.

AMADA a construit sur ces faits la théorie politique suivante :

« Une chose que la bourgeoisie ne pouvait tolérer légalement, fut en peu de temps conquise par les ouvriers par la voie de l’action révolutionnaire de masse directe : la médecine du peuple gratuite et communiste ». (Amada n° 66, p.3)

C’est une théorie classique du réformisme et de l’anarcho-syndicalisme : la théorie du grignotage de la société bourgeoise, la constitution de la société « communiste » au sein même de la société capitaliste, par la voie de l’action directe.

« Seule la lutte de masse peut garantir aux ouvriers la sécurité et la santé au travail. » (Strijdprogramma, p.7)

Les ouvriers doivent lutter chaque jour pour neutraliser le plus possible les effets de l’organisation du travail criminelle du capitalisme, mais sous ce régime d’esclavage, la sécurité et la santé au travail ne sont jamais assurées et ne peuvent l’être, parce que le système de la production est dominé par la seule loi du profit. Essayer de faire croire le contraire, c’est dire que le capitalisme peut être fondamentalement amélioré. Les communistes disent : il faut lutter pour défendre un maximum les conditions de travail, en préparant le socialisme, qui seul « garantit à la classe ouvrière la sécurité et la santé au travail ».

Le PSB

Le programme politique du PSB est expédié une fois pour toute en quelques lignes (Strijdprogramma, p.12).

Une importance plus grande est attachée au rôle que le PSB joue dans la politique économique du capitalisme. AMADA parle d’abondance des fonction occupées par les dirigeants du PSB dans les banques, les conseils d’entreprises, les organismes de l’entreprise publique (Ibramco). Ce genre de dénonciation ne touche pas le fond de la question et est aussi bien à la portée des réformistes « de gauche », les trotskistes par exemple. Le fond de la question est le rôle politique joué par la social-démocratie au profit du capitalisme, au sein de la classe ouvrière.

A propos de réformes de structures, AMADA, parlant de l’aspect économique conclut :

« voilà précisément se dont les capitalistes ont besoin » (Strijdprogramma, p.3).

Les capitalistes ont certainement le plus besoin de rationaliser et de recevoir des milliards de l’Etat, pour faire face à la concurrence internationale, mais s’ils associent la social-démocratie à leur plan, c’est parce qu’ils ont aussi besoin de sa complicité afin que la classe ouvrière ne se révolte pas contre sa politique. Venons-y : comment AMADA dénonce-t-il les ruses du réformisme et la violence des mesures social-fascistes ?

Bien qu’il affirme qu’« en ce moment, il (le grand capital) contribue à donner la préférence à la ruse plutôt qu’à la force pour maintenir son pouvoir » (Amada n° 63, p .2), est constant qu’AMADA s’est toujours montré particulièrement faible dans la dénonciation systématique des ruses du réformisme et qu’il a généralement centré sa critique sur l’aspect répressif de la social-démocratie.

(A ce propos, il est étonnant de constater qu’AMADA a, pendant sa campagne, presque entièrement passé sous silence cet aspect de la politique du PSB. Dans Le tract national n°2 intitulé « la vérité sur le PSB », le projet 430 n’est même pas nommé 3.)

Au début de la campagne. (Amada n° 64, p.6-7), AMADA fit, une tentative, qui devait rester la seule, pour dénoncer un point important de la propagande réformiste, la déclaration de Lambion sur le « front des progressistes ». C’est là une cible importante : Lambion l’héritier de Renard, est un des démagogues réformistes les plus en vue et jouit encore d’une influence importante dans le syndicalisme liégeois.
AMADA commence par poser correctement la question. Il écrit :

« Lambion sait très bien que le capitalisme ne peut jamais apporter de solution aux problèmes de la classe ouvrière. Le peuple est saigné à blanc. (…) Le peuple supportera-t-il cela toujours ? En aucun cas. Lambion sait que la révolution viendra et il essaie de trouver une ‘issue’ au capitalisme. »

Le « front des progressistes » est, en effet, une manœuvre de la bourgeoisie pour détourner la classe ouvrière de la révolution socialiste et entraîner les masses laborieuses sur ses positions. Lambion ne le cache pas, et il affirme nettement, ainsi qu’AMADA le fait ressortir, que son plan est destiné à empêcher la révolution.

AMADA commente :

« Les réformes de Lambion sont un plan visant à faire tenir debout le capital agonisant. Il veut gagner les travailleurs à ce plan à ce au nom du ‘front des progressistes’. (…) Les ouvriers doivent élire tous ces briseurs de grève au parlement ; là, tous ces dirigeants syndicaux ‘progressistes’ vont se réunir en un front, avec les dirigeants du PCB et du PSB ils remporterons la majorité et ils accompliront les ‘réformes ‘ du capitalisme ! »

D’autre part, Lambion, dans une déclaration cynique, prétend qu’il n’est plus nécessaire de se battre pour « la plupart des revendications matérielles et sociales », car elles seraient satisfaites par « n’importe quel gouvernement » : ce serait une caractéristique de la « société de consommation ».

Cette attaque en règle d’un chef réformiste contre la classe ouvrière est bien décrite par AMADA, mais il ne lui oppose pas une riposte correcte. Nous avons déjà critiqué « l’unité révolutionnaire » qu’AMADA veut opposer au « front des progressistes ». Mais Lambion a aussi attaqué les communistes sous le nom de « gauchistes », d’« anarchistes », etc. et AMADA en guise de réponse à cette attaque écrit :

« Lambion veut faire croire que les vrais communistes pensent seulement à la révolution de demain. Comme si lui, Lambion, se trouvait chaque jour sur la brèche pour les intérêts quotidiens de salaire, de durée et de condition de travail ! »

Ainsi, Lambion nous attaque directement sur le front de la révolution… et AMADA lui répond sur la question des intérêts quotidiens. Cette piteuse réplique, presque une excuse, au lieu d’affirmer hautement le but fondamental, l’avenir radieux de la classe ouvrière et l’écrasement inévitable du réformisme, à la face de ce plat démagogue !

AMADA s’est par là coupé lui-même l’herbe sous le pied pour dénoncer à fond le réformisme, et il laisse Lambion attaquer la révolution. Cette erreur au départ de la campagne, qui est bien dans la ligne d’AMADA, a donné le ton pour la suite. La démagogie « de gauche » n’a plus été réellement inquiétée par la propagande d’AMADA.

A cause de ces erreur opportunistes, économistes, les militants ne sont pas armés pour éduquer la classe ouvrière dans le communisme. D’une façon conséquente, vraiment révolutionnaire.

Aussi, pendant toute la campagne, AMADA a-t-il concentré le feu sur les conséquences les plus évidentes de la trahison réformiste et révisionniste.

AMADA s’est livré à une dénonciation facile, économiste, d’un bas niveau politique, sur la corruption des dirigeants réformistes, les scandales et les divers abus auxquels ils sont mêlés (RTT, spéculations de Wyninckx, prix des panneaux électoraux de Simonet, etc.).

AMADA a aussi expliqué sans relâche qu’il ne faut pas croire aux promesses des dirigeants socialistes, car ils s’apprêtent à soutenir la hausse des prix et les licenciements. Bref, tout ce que les ouvriers savent déjà. Le point le plus bas a été atteint dans les explications qui doivent justifier la candidature de Demaegt :

« en ce moment les partis de droite et les fascistes essaient d’exploiter ce scandale (de la RTT) au maximum dans leur intérêt ».

La candidature de Demaegt permettrait, selon AMADA, une explication du scandale favorable aux marxistes-léninistes (tract adressé aux sympathisants). Ici la faiblesse politique, devant le réformisme confine à un aveu d’impuissance politique.

Le sabotage de la lutte économique est un excellent terrain de dénonciation, que les communistes doivent toujours utiliser en le rapportant à la trahison des intérêts fondamentaux de la classe ouvrière par la social-démocratie.

Voici ce que déclarait Staline, à ce sujet, à Herzog, membre du PCA, en 1925 :

« Il faut clouer la social-démocratie au pilori non pas dans les problèmes planétaires, mais dans la lutte quotidienne de la classe ouvrière pour améliorer sa situation matérielle et politique ; les salaires, la journée de travail, le logement, les assurances, les impôts, le chômage, la vie chère, etc., toutes ces questions doivent jouer un rôle important, sinon décisif. Battre les social-démocrates chaque jour, sur ces questions, en démasquant leur traîtrise, telle est la tâche.

Mais cette tâche serait incomplètement réalisée si les questions pratique quotidiennes n’étaient pas rattachées aux questions capitales de la situation internationale et intérieure de l’Allemagne, et si, dans le travail du parti, toute cette action quotidienne n’était pas éclairée du point de vue de la révolution et de la conquête du pouvoir par le prolétariat.

Mais seul est capable de faire cette politique un parti qui a à sa tête des cadres de dirigeants suffisamment expérimentés pour renforcer leur propre parti, en mettant à profit toutes les bévues de la social-démocratie, et suffisamment préparé au point de vue théorique pour que les succès parties ne leur face pas oublier les perspectives du développement révolutionnaire. » (Des perspectives du PCA et de la bolchévisation, p. 8-9)

Alors, et alors seulement, nous pourrons écrire que le PSB « perd totalement » son emprise sur les travailleurs (Amada n° 66, p. 6).

Camarades d’AMADA ! Soyez rassurés que les ouvriers qui vous écoutent, qui lisent vos tracts et qui viennent à vos meetings, sont bien convaincus des crimes flagrants de la social-démocratie. Ce qui manque encore à beaucoup d’entre eux – a cause, précisément, du poids du réformisme −, c’est la confiance en leur propres forces, la conscience des idéaux prolétariens, qu’ils atteindront sous la direction de leur parti.

Tous les ouvriers sont écœurés par la corruption des dirigeants social-démocrates et savent à quoi s’en tenir quant à leurs promesses électorales. Pourquoi ne sont-ils pas en même temps gagnés au communisme ? Parce qu’ils ont été habitués depuis des dizaines d’années à regarder leur sort et leur avenir dans le cadre du capitalisme. Notre tâche, à nous communistes, est de briser ce cadre.

Les travailleurs débordaient d’enthousiasme aux meetings, parce que l’organisation marxiste-léniniste AMADA leur ouvre un nouvel avenir. Ils ont vu, à la tribune, des ouvriers combatifs, ardents pour la cause du socialisme. Mais AMADA n’a pas suffisamment armé cet enthousiasme révolutionnaire.

AMADA confond deux choses : d’une part, la révolte spontanée des ouvriers devant les trahisons quotidiennes ouvertes et devant la corruption des dirigeants socialistes – d’autre part, les idées réformistes inculquées par ces dirigeants, qui empoisonnent le prolétariat et qui ne disparaitront que grâce à la lutte prolongée, tenace et implacables que les marxistes-léninistes leur livrent.

b. Les partis de la bourgeoisie

Le mouvement marxiste-léniniste ne procède pas encore une analyse approfondie des classes en Belgique et des partis politiques (de leur programme, de leur base sociale, de leurs contradictions internes, etc.). Il en découle pour nous qu’il est d’une importance capitale d’élaborer et d’appliquer une juste méthode, une méthode marxiste-léniniste, dans l’analyse que nous devons faire à ce sujet.

AMADA n’a pas attendu pour se lancer dans des affirmations à l’emporte-pièce qui risquent de le lancer dans une tactique ultra-gauche.

AMADA parle des « fascistes avérés des partis de droite » (CVP, PVV, VU, FDF) (Amada n° 63, p. 4), du PSB en tant que « parti social-fasciste » (Amada n° 63, p. 1) ; La Libre Belgique est un journal « fasciste » (Amada n° 64, p. 2) ; Tindemans et Van Eynde sont aussi des « fascistes » (Amada n° 64, p. 2). Bref, tout ce qui dans ce pays est de droite, réactionnaire, répressif est automatiquement qualifié de « fasciste ».

Si l’on prenait ces déclarations à la lettre, on en viendrait facilement à la conclusion que le fascisme est imminent et que la tâche centrale serait de l’abattre avant de pouvoir établir la dictature du prolétariat. Il faudrait en ce cas constituer un front populaire antifasciste. Mais comme AMADA ne parle jamais en ce sens, force est de constater qu’il ne semble heureusement pas prendre lui-même au sérieux ses propres affirmations alarmistes.

Dans le cas de la Volksunie – et ceci est beaucoup plus inquiétant −, AMADA nous donne un aperçu sur sa méthode d’« analyse ».

Un certain nombre d’ouvriers avancés sont encore influencés par la VU, qui voient en elle un parti d’opposition au capitalisme, sans distinguer sa nature bourgeoise. C’est une tâche de communistes de dénoncer ce parti devant la classe ouvrière, en démontant de façon scientifique les intérêts de classe qu’il défend, son programme, le danger qu’il représente pour la classe ouvrière. AMADA, parant au plus pressé, a pris ce raccourci :

« Pour savoir comment la Volksunie évoluera, et quel est son vrai visage politique, nous n’avons qu’a regarder Lode Claes. Celui-ci déclare d’ailleurs avec insistance : ‘La proposition de poser ma candidature a été approuvé unanimement par le parti’. » (Amada, n°66, p. 2).

L’analyse d’un parti politique réduite à la dénonciation personnelle d’un de ses dirigeants : on ne peut caricaturer d’avantage la tâche des communistes !

Quels résultats concrets a donnés cette méthode ?

Eh bien, les ouvriers auront appris en suivant la carrière dudit Lode Claes, qu’il est banquier, ex-nazi et francophone (si ce soi-disant flamingant « parle en fait le français à la maison » et a par-dessus le marché « épousé une bourgeoise francophone », c’est bien la preuve que la question nationale n’est qu’un truc démagogique de la Volksunie !). Voilà ce qu’AMADA sert à la classe ouvrière en réfutation du chauvinisme !

La critique marxiste-léniniste doit mettre en accusation l’irresponsabilité avec laquelle AMADA ose traiter des questions de cette importance. Pourquoi développer des positions justes et éduquer la classe ouvrière sur la question nationale, pourquoi reconnaitre franchement le retard actuel de nos analyses, à quoi bon surtout se casser la tête pour étudier sérieusement cette question, quand il est si facile d’éluder les problèmes, puisque de toute façon Lode Claes, et avec lui toute la Volksunie apparemment, se moque de la question flamande ?

Nous passons sur l’apostrophe démagogique adressée à Slegers, pour noter en fin d’article, les bons conseils donnés à la Volksunie (occupez-vous donc un peu plus des intérêts des ouvriers et revoyez donc vos projets de lois « ridicules » sur la défense de l’emploi) …

Cet article est le seul sur de toute la campagne qu’AMADA a consacré à la Volksunie 4.

La conception du Parti communiste

1) A ce sujet, la première déviation qui saute aux yeux, c’est l’affirmation répétée à satiété qu’AMADA est la « seule » organisation qui construise le Parti et prépare la révolution. Prenons ces deux exemples parmi beaucoup d’autres :

« AMADA doit aussi dans cette lutte électorale, se présenter devant toute la classe ouvrière, comme le seul véritable parti ouvrier capable de diriger et d’impulser la lutte de classe d’ne manière nouvelle, révolutionnaire. » (Amada, n) 64, p. 2)

« Seul AMADA défend chaque jour l’unité révolutionnaire de tous les ouvriers dans des actions de masse combattives… » (Strijdprogramma, p. 12)

En présentant dans son journal (Amada n° 63) le texte de critique qu’il adresse à l’UC(ML)B, AMADA a écrit que les communistes doivent agir dans un esprit d’unité. Nous nous demandons quel peut bien être le sens concret de ces paroles si AMADA, en s’adressant aux larges masses et en leur parlant de la construction du parti, s’abstient systématiquement de nommer les deux organisations marxistes-léninistes implantées en Wallonie et à Bruxelles, l’UC(ML)B et Lutte Communiste (m-l).

La vérité est que AMADA est incapable de justifier de façon communiste la division qu’il nous impose depuis trois ans, et qu’il préfère ne pas soulever cette affaire qui ne peut susciter que les questions et les critiques de tous les ouvriers conscients, de tous les militants communistes conséquents.

La prétention sectaire de la direction d’AMADA doit être balayée, pour que deviennent possible l’unification du mouvement et la création du parti. Il est nécessaire d’expliquer la vérité à la classe ouvrière, de lui faire connaitre le plus largement possible et de façon véridique les positions des trois organisations marxistes-léninistes, afin que l’unité puisse se faire en toute clarté.

2) Tout au long de notre critique, nous avons mis en évidence la façon dont AMADA rabaisse les tâches d’étude et d’éducation que nous devons mener à bien pour édifier le solide noyau de l’avant-garde, capable d’organiser la classe ouvrière pour la révolution socialiste.

AMADA a noyé sa propagande sur la question du Parti dans l’opportunisme ambiant de sa campagne. Le parti a été présenté comme un syndicat révolutionnaire, ou même parfois comme un syndicat tout court :

« Les ouvriers qui veulent l’unité de la classe ouvrière doivent en premier lieu se réunir dans le nouveau Parti communiste ouvrier. » (Amada, n° 64, p. 7)

L’« unique » promesse d’AMADA c’est d’être toujours à la tête de la lutte, de la soutenir, de la radicaliser, contre les licenciements, pour les salaires. Jamais AMADA ne parle de travailler à la tâche qui seule peut faire du mouvement marxiste-léniniste le véritable guide de la classe ouvrière : établir le bilan du mouvement communiste de Belgique, faire l’analyse de classe de notre pays, élaborer le programme, la stratégie et la tactique. C’est essentiellement que le PC se distingue de tout le reste du mouvement ouvrier. Le Parti est le guide politique de la classe ouvrière, armé de la théorie marxiste-léniniste et du programme scientifique pour éclairer sa pratique révolutionnaire. Il est l’organisation suprême du prolétariat, son Etat-Major, formé de ses éléments d’avant-garde. La tâche du Parti ne se limite pas, comme le pense AMADA, à mener la lutte revendicative en tenant « devant les yeux » l’objectif socialiste, au milieu des contradictions de classes nationales et internationales.

3) Dans son programme de lutte (Strijdprogramma, p. 13), AMADA soulève une question très importante, à vrai dire décisive pour le succès de la révolution en Belgique. C’est une question que posent tous les ouvriers conscients : « quelle voie devons-nous suivre pour ne pas tomber à notre tour dans la trahison de faux PC qui nous ont précédés ? » (en réalité, il n’y en a pas eu qu’un seul, mais quatre : outre le P « C » B, le PCB (voix du Peuple de Grippa, et les deux partis issus de lui et aujourd’hui réunis sous le nom de Clarté-l’Exploité – « Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique » −, mais c’est là une question qu’AMADA a voulu ignorer jusqu’à présent).

Voilà maintenant la réponse d’AMADA à la question posée : l’avenir marxiste-léniniste du nouveau Parti est garanti par :

1 l’éducation communiste des ouvriers du parti,
2 la pratique de la critique et de l’autocritique,
3 l’application du centralisme démocratique,
4 et la ligne de masse.

Cela suffira-t-il pour maintenir le Parti sur la voie marxiste-léniniste ? Absolument pas.

Le camarade Mao Tsé-toung dit que :

« La justesse e la ligne idéologique et de la ligne politique est déterminante en tout » et que « pour les membres du parti, la première question, qui est aussi la plus importante, est celle de la pensée-directrice et de l’orientation politique, c’est-à-dire qu’il faut pratiquer le marxisme-léninisme, et non le révisionnisme. » (cité dans Pékin-information, 52, 1971, Renforcer l’esprit du parti prolétarien).

C’est sur cette base idéologique et politique, et sur cette base seulement, que les questions de style de travail et d’organisation soulevées par AMADA, prennent toute leur importance. Parler d’éducation, de la critique-autocritique, de centralisme démocratique et de la ligne de masse, en faisant complètement abstraction de la ligne politique, de la lutte contre le révisionnisme et des autres tâches politiques du Parti, est du verbiage idéaliste, des simagrées petites-bourgeoises.

Pour nous en tenir à l’essentiel, nous voyons :

1) que les tâches principales actuelles des communistes − unifier le mouvement cet élaborer le programme − sont délibérément mises au rancart par AMADA.

AMADA prétend reconnaître le principe du centralisme démocratique, mais il refuse obstinément d’étendre cette reconnaissance à l’ensemble du mouvement marxiste-léniniste authentique de Belgique. AMADA affirme aussi fièrement que, dans son organisation, la base peut critiquer la direction. Lorsque la critique de la base touchera la ligne d’édification du parti et du programme, nous nous espérons sincèrement que la direction se rendra compte de ses erreurs et saura les reconnaitre.

2) que la lutte contre le révisionnisme est dangereusement négligée. Il y a un an, dans son journal (Amada n°35, p.5) AMADA avait répondu à la question « Comment garantir l’avenir marxiste-léniniste du Parti, bien mieux qu’aujourd’hui, en écrivant à propos de la trahison du PCB :

« Comment cela doit-il être expliqué ? Où est la source de cette trahison ? Tout révolutionnaire doit pouvoir répondre à cela. Tout révolutionnaire doit apprendre du passé du mouvement ouvrier comment la trahison commence et comment elle se développe. Ce n’est que de cette manière qu’il peut être vigilent et veiller à ce que ni lui-même, ni son parti ne prennent inconsciemment le même chemin… »

La situation n’a pas changé depuis lors le mouvement n’a toujours pas fait le bilan du PCB qui permette de répondre à ces questions. Pourquoi AMADA ne parle-t-il plus de cette position fondamentale, alors que la campagne électorale a montré sa faiblesse devant le réformisme et le révisionnisme ?

Les marxistes-léninistes doivent être conscients des difficultés de la construction du parti et se préparer à les vaincre. Ils doivent les exposer à la classe ouvrière et mobiliser les ouvriers d’avant-garde en les armant effectivement la théorie marxiste-léniniste, afin qu’ils participent pleinement à la création de leur parti.

Conclusion

Nous avons voulu, dans ce texte, critiquer certaines manifestations de la ligne opportuniste d ‘AMADA, apparues lors de la campagne électorale et dans le programme de lutte.

Toutes les critiques que nous portions à la ligne d’AMADA dans notre brochure « AMADA a inventé un complot de l’U(ML)B afin d’empêcher l’unification des marxistes-léninistes et la création du Parti uni de la classe ouvrière », ont trouvé ci une nouvelle application. Il est de mauvaise augure qu’après cette critique et après la critique du Bulletin marxiste-léniniste n° 3, AMADA, au lieu de rectifier sa ligne, ne cesse au contraire d’aggraver son opportunisme.

Au centre du bilan qu’AMADA a fait de sa campagne électorale, il place le fait que l’agitation-propagande a commencé avec une semaine de retard sur le plan de travail prévu !

Nous invitons tous les camarades d’AMADA à ne pas porter leur attention sur le style de travail uniquement et à se préoccuper plutôt de la ligne politique qu’ils propagent dans les masses.

Cette ligne empêche de résoudre correctement les problèmes les plus importants de l’édification du parti. Et surtout, l’autosatisfaction, le triomphalisme d’AMADA l’empêchent de prendre conscience qu’en réalité, nous sommes en retard, dans notre travail politique et théorique, sur les besoins des masses.

La bourgeoisie s’oppose à la construction du parti authentique de la classe ouvrière, en répandant à l’intérieur de nos rangs le révisionnisme et l’opportunisme. Aujourd’hui, la forme la plus dangereuse de l’idéologie bourgeoise est l’esprit de cercle, le sectarisme, parce qu’il s’oppose directement à la création du parti.

D’autre part, les organisations marxistes-léninistes sont encore mal armées, dans la lutte contre le révisionnisme et le réformisme, parce qu’elles ne connaissent pas bien l’histoire de leur propre classe et celle des trahisons qui ont détourné celle-ci de la révolution. Elles n’ont aussi qu’une vue très sommaire de la situation nationale et internationale.

AMADA, qui ne pose même pas sérieusement ces questions, décrète que la tâche principale des communistes, est attellement de « développer la lutte de masse ».

Dans sa campagne électorale, les conséquences de cette ligne sont nettement apparues : la sous-estimation de la lutte contre le réformisme et le révisionnisme mène nécessairement à des compromis avec le réformisme et le révisionnisme.

A la réunion générale des militants d’Anvers, le dimanche après les élections, un membre, d’AMADA, ex-membre du PCB a demandé avec force qu’AMADA se démarque du parti révisionniste sur la question de la théorie marxiste-léniniste (« pourquoi l’absence des portraits des cinq grands dirigeants ? »), de la révolution armée et de la dictature du prolétariat essentiel des interventions, d’ailleurs, portait là-dessus, Les ouvriers communistes ressentent donc ces lacunes dans la propagande d’AMADA.

En proposant de faire, à l’occasion du Ier mai, une campagne sur le socialisme, AMADA reconnaît implicitement la justesse de la critique et montre sa volonté de s’en tenir à l’orientation marxiste-léniniste. Mais, concrètement, AMADA passera d’une dénonciation opportuniste du PSB et du PCB à une campagne « socialisme » basée sur une brochure économiste sur la République populaire de Chine 5.

Tant qu’AMADA ne renoncera pas à sa présomption, tant qu’il n’attaquera pas de front ses faibleses, il est inévitable que sa pratique dégénère, que sa propagande glisse de plus en plus dans l’opportunisme.

A la réunion du 17 mars, AMADA a reconnu que la campagne avait été mal préparée politiquement. Mais ce n’est pas une question de circonstances. La source politique et idéologique de cette « mauvaise préparation » n’est autre que la faiblesse dont AMADA a toujours fait preuve devant le réformisme et le révisionnisme ; aussi est-il bureaucratique de la part de la direction de rejeter toutes les erreurs critiquées sur le dos du bureau provincial.

Pour établir un véritable bilan des élections, AMADA devrait soumettre à la critique sa dénonciation du réformisme et du révisionnisme. Si AMADA prend ce travail à cœur, il pourra reconnaître ses faiblesses et celles du mouvement, abandonner ses positions sectaires et économistes et créer les bases correctes du parti. C’est pourquoi la lutte idéologique au sein du mouvement et au sein d’AMADA sur le bilan de la campagne sera un facteur de délimitation des deux lignes.

Cette lutte remettra aussi à sa juste place les accusations d’AMADA sur l’« intellectualisme » l’« agnosticisme » de l’UC(ML)B. Elle fera mieux apparaître les tâches théoriques qui sont posées devant nous.

Seul le centralisme démocratique assurera une lutte idéologiquement correcte entre les deux lignes et permettra d’édifier le parti. Ce sera un coup décisif pour le révisionnisme et le réformisme. Seule l’unité des marxistes-léninistes dans un seul parti formera la base du front unique prolétarien éclairé par le marxisme-léninisme.
Pour faire avancer résolument l’édification du parti, AMADA doit donc abandonner le sectarisme qui le tient éloigné du reste du mouvement marxiste-léniniste.

La lutte idéologique précédant l’unification permettra de dégager clairement les deux lignes sur toutes les questions importantes de l’édification du parti. Cette critique de la campagne électorale d’AMADA est une contribution dans ce sens.

Renforçons notre critique du réformisme et du révisionnisme !

Vive l’unité des marxistes-léninistes !

En avant vers la fondation du Parti !

31 mars 1974

  1. Toutes les référence de ce texte renvoient au texte original néerlandais. Les traductions sont de nous UC(ML)B.
  2. Dans son programmé de lutte, AMADA revendique « le désarmement de la bourgeoisie » et « l’armement du prolétariat » (Strijdprogramma, p.6). Il est clair que le « désarmement de la bourgeoisie » ne se revendique pas : il se décrète par le prolétariat insurgé. A la prendre à la lettre, cette revendication est réformiste, car elle ne peut avoir pour effet que de semer des illusions sur la nature de l’Etat capitaliste et de son armée, mais nous n’insistons pas sur ce point, car il semble bien que l’erreur AMADA soit ici de nature théorique (confusion entre revendication et mot d’ordre de propagande). Mettons donc cette bévue sur le compte du style d’improvisation, qui règne en maître à AMADA.
  3. Ce qui n’empêche pas AMADA de qualifier le PSB de parti « social-fasciste » (par exemple, Amada n° 6, p.2), mais on n’en aurait jamais fini de relever toutes ses inconséquences.
  4. AMADA s’est senti obligé de faire une sorte d’autocritique en revenant sur la question nationale au bas d’un tract national : tous les ouvriers, flamands et wallons, ont un seul ennemi, y est-il dit : les capitalistes. Il avait fallu descendre bien bas pour avoir à rétablir de pareilles vérités !
  5. La brochure « De opbouw van het socialisme in China », parle uniquement des progrès économiques réalisés par le R.P. de Chine et de l’idéal de « servir le peuple » qui inspire le socialisme. Elle est muette sur toutes les questions politiques (la dictature du prolétariat le Parti, l’armée etc. qui sont au centre de la construction du socialisme. Elle n’explique pas non plus pourquoi et comment le prolétariat de Belgique doit suivre la leçon politique de la Chine.

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