La propagande armée est la méthode fondamentale pour, détruire l’équilibre artificiel existant entre les réactions des masses populaires et le « pouvoir politique de l’oligarchie, et pour ainsi convaincre les masses, pour la révolution. Les luttes économico-démocratiques des ouvriers contre l’oligarchie sont supprimées par la terreur.

Dans les pays où l’appareil policier est présenté aux masses comme étant « surpuissant », la propagande armée est la seule méthode permettant de rentrer en contact avec les masses et permettant « de les informer des réalités politiques

La stratégie de lutte militaire politisée (PASS) nous montre comment doivent être construites aussi bien la direction de la lutte révolutionnaire que sa tactique. Pour cette raison la stratégie PASS doit être bien comprise et la lutte révolutionnaire doit être menée conformément à elle. Ceci est particulièrement valable pour la période suivant le putsch militaire du 12 septembre 1980, période où l’équilibre artificiel était très stable et se renforçant en même temps que la dépolitisation gagnait toutes les couches des masses.

La propagande armée comprend aussi bien la guerre de guérilla urbaine que la guerre de guérilla rurale, ainsi que les caractères de la guerre psychologique et de la guerre d’usure. Si l’on parle alors de propagande armée, on entend directement par-là guerre de guérilla (tant urbaine que rurale).

Le rapport entre la guerre de guérilla et la propagande armée ne doit être compris qu’en tant que rapport entre une méthode de lutte et les moyens lui correspondant.

Autrement dit : une guerre de guérilla qui est menée suivant un but politico-révolutionnaire et qui s’entend en tant que lutte politique de masse est de la propagande armée. La décision de savoir comment elle doit être menée et pratiquée concrètement, demande une analyse concrète de la situation concrète. On ne peut mener correctement la propagande armée qu’en faisant une telle analyse.

Le but de la guerre d’avant-garde est de détruire l’équilibre artificiel, et de provoquer ainsi les réactions des masses face au système en place, afin d’exploiter ces réactions en faveur de la direction de la guerre populaire.

La propagande armée est la forme fondamentale de cette guerre et elle exige de nous une planification analogue de ta guerre de guérilla.

Une guerre de guérilla doit être planifiée selon les caractères propres à chaque pays. Généralement parlant, la guerre de guérilla exige une juste traduction d’une politique de développement militaires. Comme l’explique Mahir Çayan dans le texte « La stratégie révolutionnaire du THKP », le conflit militaire se développe à partir d’une longue phase et commence par des activités de guérilla jusqu’à la phase de diffusion et de consolidation à partir de laquelle la guérilla devient une armée organisée et peut obtenir la victoire.

Les actions armées qui ne sont pas menées suivant une politique de développement militaire ne correspondent pas aux normes de la stratégie PASS, et la propagande armée peut alors perdre la sympathie des masses, De nombreux groupes en Turquie et partout dans le monde ont fait de telles expériences.

En aucun cas propagande armée ne peut signifier mener des actions armées n’importe quand et dans n’importe quel but. Une guerre de guérilla qui n’est pas menée selon la stratégie PASS ne peut atteindre son but stratégique.

Cela ne veut pas dire qu’une organisation qui mène une telle guerre de guérilla va directement la perdre et se démanteler. Elle peut tout à fait construire suffisamment de cellules pour exécuter des actions de guérilla, mais elle n’atteint jamais par-là ses véritables buts stratégiques. La meilleure illustration de cela est l’exemple de VIRA.

« Comme nous le savons déjà, la notion de guerre de guérilla n’a pas de fonction déterminante. Même des sécessionnistes qui luttent contre une autorité centrale, même de petites unités de combat peuvent continuer à combattre leurs ennemis par des actions de guérilla » (Mahir Cayan)

Pour cette raison, les organisations qui exécutent des actions armées ne partagent pas pour autant la stratégie de la propagande armée.

Dans des pays où les périodes d’évolution et de révolution sont clairement séparées les unes des autres, les partis prolétariens forment pour certaines tâches des unités armées qui exécutent des actions armées à diverses reprises, notamment dans des périodes d’évolution.

Au début du siècle, Lénine donnait comme exemple : « Nous avons besoin d’unités de combat, formées de travailleurs politiquement actifs, qui ont fait leur service militaire, afin de pouvoir tuer les provocateurs et les traîtres, mais aussi pour libérer des détenus, et en tant que service d’ordre lors d’actions et de manifestations ».

Par sa présentation nous comprenons la différence entre les groupes révolutionnaires qui choisissent la propagande armée en tant que moyen de lutte et des organisations qui ont choisi la lutte armée dans des temps de crise et en tant que méthode « dans des périodes d’évolution et de révolution ».

Mahir Çayan a expliqué cette différence dans son oeuvre « La Révolution Ininterrompue » de la manière suivante : « Dans notre pays, un groupe qui veut expliquer les réalités politiques par un journal, qui veut convaincre les masses pour la révolution et qui a construit des cellules dans les usines afin d’opposer une résistance, peut tout à coup avoir des difficultés financières et pour cette raison faire quelques banques ou exécuter des actions de sabotage. Mais ces actions ne font pas partie de la propagande armée »

Il y a aujourd’hui dans notre pays, la Turquie, plusieurs groupes et organisations qui partagent leur opinion. Ils pensent que, parce que les masses sympathisent avec les actions armées, il est possible d’organiser les masses par ces mêmes actions. Mais ils font l’erreur de ne pas construire l’organisation dans un but nécessaire et auquel on aspire, mai de la construire en fonction des réactions provoquées par les actions armées.

A première vue, ce type d’organisation, dont il existe quelques exemples et qui aspirent à la lutte armée, appartiennent à ce cadre politico-idéologique, mais ce n’est pas le cas dans les faits. Leur concept de révolution va s’avérer tôt ou tard révisionniste.

Ces groupes révisionnistes ont été fondés afin d’imposer leurs propres intérêts, ils n’ont rien à voir avec la propagande armée. Mais, pour les masses ils paraissent être des groupes révolutionnaires, tant que la différence stratégique entre la propagande armée et leurs actions armées ne leur est pas perceptible.

(Dans les pays de la périphérie, comme en Turquie, de tels groupes révisionnistes ont certes la possibilité de mener leurs actions armées. La différence stratégique entre organisations révolutionnaires et groupes révisionnistes qui construisent des unités armées, consiste dans l’acceptation ou le refus de la « Stratégie Militaire Politisée de Combat »).

Mahir Çayan vit cela des années auparavant et il l’interpréta ainsi : Certains groupes qui n’étaient pas très importants ont pu, à travers la propagande armée, fonder de petites unités de guérilla et ainsi gagner en prestige. Mais cela n’a pas plus d’importance qu’une note dans l’Histoire.

La propagande armée est une méthode de lutte importante. Au stade de la guerre d’avant-garde, la propagande armée a pour but de commencer la guerre populaire par la destruction de l’équilibre artificiel.

Une guerre de guérilla qui a ce but (au sein de la propagande armée) est une part constituante de la guerre prolongée ; plus précisément, elle est la force dirigeante de la guerre populaire prolongée.

Pour cette raison, la guerre de guérilla doit être préparée déjà dans la phase de guerre d’avant-garde et doit orienter toutes ces actions vers celle-ci.

La guerre de guérilla de propagande armée est à distinguer des simples actions armées parce que ces dernières ne correspondent pas à la stratégie PASS. L’organisation révolutionnaire qui a choisi la propagande armée en tant que méthode de lutte doit considérer la guérilla urbaine et la guérilla rurale en tant qu’unité dialectique, et doit employer ces deux formes de lutte afin d’expliquer les circonstances politiques. Elles peuvent ainsi d’un côté informer les masses, et de l’autre développer la guerre de guérilla et l’élargir Ainsi peut naître une unification des forces armées et des masses.

Une organisation révolutionnaire qui a choisi la propagande armée en tant que méthode de lutte doit mener la lutte de guérilla rurale et de guérilla urbaine selon la stratégie que cela suppose.

La politique du développement militaire et la stratégie militaire politisée de combat (PASS) n’exigent pas seulement – le développement de la guérilla urbaine. Les actions de la guérilla urbaine ne sont pas le moment déterminant pour la lutte des masses pour leur libération.

Du fait que la guérilla rurale est le germe de l’armée populaire, il faut construire une liaison entre la guérilla urbaine et la guérilla rurale, et une guerre de guérilla ne peut pas être menée à la campagne par une poignée de groupes de guérilla consistant en militants dispersés et désorganisés.

Comme disait Che Guevara : « Le mouvement de guérilla doit absolument être planifié et préparé à l’avance, sinon il n’a pas de fonction d’unification et de délivrance pour un peuple dispersé et affaibli par les défaites » a cet égard, de nombreux exemples des pays latino-américains (Turquie après le 12 septembre 1980), montrent à quel point mots du Che correspondent à la réalité.

Il est évident « que dans les villes, même si elles ne sont pas industrialisées, il est très difficile, sinon impossible, de former des groupes de guérilla, car les masses sont soumises à des influences idéologiques qui propagent une idée de libération par les formes de lutte « pacifiques », ce qui freine la « naissance de la guérilla urbaine » (Che Guevara) Pour cette raison il est beaucoup plus difficile d’organiser une guérilla urbaine que de fonder une guérilla rurale.

La propagande armée qui est menée par la guérilla rurale doit continuer à exister même pendant qu’on lutte dans les villes. Ce n’est pas la seule raison pour laquelle la politique de développement militaire exige l’organisation et la naissance concomitante d’une guérilla urbaine, et d’une guérilla rurale.

Le but d’une telle politique n’est pas de fonder une guérilla urbaine et de réaliser dans le plus bref délai des actions armées de la plus grande envergure possible, le but de cette politique est de mener une lutte de guérilla rurale soutenue par une guérilla urbaine.

La limitation de la guérilla urbaine peut s’expliquer de la manière suivante : la relation des militants de la guérilla aux masses leur est rendue plus difficile à cause de leur illégalité. Une unité qui, à la campagne, peut se mouvoir librement, peut se retirer pour se développer.

Car la situation de la campagne offre a la guérilla rurale toutes les possibilités de mener une guerre d’agression qui peut durer longtemps. Mais les militants de la guérilla urbaine ne peuvent répéter que certaines opérations, et ils se replient sur leurs positions de départ. Ils sortent d’une maison, font une action et retournent à cette maison.

La guérilla rurale est par contre un facteur très important pour changer l’équilibre des forces et fonder l’armée populaire par une intégration progressive et continuelle des paysans.

Il n’y a que la guérilla rurale qui ait cet avantage. La guérilla urbaine ne peut, en raison de son isolement, organiser une armée populaire dans les villes. Du fait qu’il n’existe pas de relation continuelle entre l’avant-garde armée et les masses, les unités d’avant-garde ne peuvent pas se développer vers une armée populaire »

Les organisations armées qui croient que la lutte de guérilla dans les villes est la lutte dirigeante pour la construction d’une résistance des masses sont malheureusement condamnées à périr tôt ou tard. Car si elles veulent augmenter la quantité et l’effet de leurs actions armées, elles doivent accroître le nombre de leurs militants, et la lutte des masses devient pour eux une lutte de « masses » de leurs militants, qui doivent forcément abandonner leur clandestinité.

Cela mène finalement à la destruction de la guérilla urbaine, comme le montrent les exemples du Brésil et du Venezuela dans les années soixante, et celui des Tupamaros dans les années 70, où les unités de la guérilla urbaine sont entrées dans ce cercle vicieux.

Pour cette raison, les organisations qui jouent leur va-tout dans la guérilla urbaine et qui négligent la guérilla rurale devraient reconsidérer leurs buts et leurs méthodes. Les organisations qui ne suivent pas une juste stratégie militaire et, ainsi, ne suivent pas non plus de politique sophistiquée de développement militaire, courent le risque de se laisser influencer par des événements de la politique quotidienne et par-là de ne plus pouvoir suivre leurs buts révolutionnaires.

Tant que ces déviations ne sont pas maîtrisées (nous les appelons du « foquisme urbain »), elles vont créer une situation de concurrence au sein du mouvement révolutionnaire. Un exemple de ce type de déviation est décrit ainsi par Carlos Marighella :

« Actuellement le problème principal est la dislocation des organisations révolutionnaires qui, chacune, lutte pour la direction. La pratique est le seul critère. Elle était la source de la lutte armée en zone urbaine. Le choix a commencé à se faire parmi les organisations, l’aptitude à mener l’action était déterminante. Il y a encore des groupes qui continuent la lutte pour la direction. Mais en attendant on a pris les armes ; on ne peut plus remporter la direction par des discussions de problèmes et par des propositions dogmatiques qui sont loin de la réalité sociale du Brésil.

Mais il y a aussi une erreur décisive de l’autre côté. Dans la lutte pour la direction, la thèse suivante était familière : celui qui a tiré le premier entraîne les autres avec lui. Pour cette raison, des actions partielles furent entreprises, actions qui dépassent les forces ou qui ne sont pas opportunes. De telles d’erreurs sont fatales, les organisations qui les commettent mettent en jeu la vie de leurs combattants et leur propre vie »

Mais le danger qui naît d’une telle déviation n’a pas seulement ceci pour seul résultat, elle peut mener à un autre problème très sérieux.

La guérilla urbaine peut succomber à la tentation de s’étendre au-delà de ses limites et d’essayer de nouvelles voies. La guérilla urbaine se développe ainsi vers une chose bâtarde entre guérilla urbaine et guérilla rurale, et les différences entre elles sont gommées. La guérilla urbaine transporte le foquisme à la campagne et initie, ainsi la guérilla rurale. Au lieu de cela il faut que le développement de la guerre de guérilla rurale influence et soutienne la guérilla urbaine.

Notre politique de développement militaire telle qu’elle est décrite par Mahir Çayan dans « La Révolution Ininterrompue » dépend de notre avancée révolutionnaire. Chaque déviation de cette voie révolutionnaire serait en même temps une déviation de la ligne stratégique, comme le prouvent nos expériences.

Une juste politique de développement militaire exige une campagne de désaliénation sur les réalités politiques pour l’exécution de la propagande armée. Mais à part le but général détermine par les réalités politiques, il y a des buts tactiques qui sont créés par les situations réelles. Eux aussi doivent être évalués dans le cadre de la politique de développement militaire.

Toute organisation révolutionnaire qui déjà au début de la guerre d’avant-garde essaie d’organiser de grandes unités, est forcée d’intégrer des parties des masses qui sont abêties par les médias impérialistes et qui ont mis tout leur espoir pour la lutte révolutionnaire dans un des partis légaux du système.

Les campagne de désintoxication sur les réalités politiques consistent en l’exécution d’actions qui détruisent l’équilibre artificiel. Pendant le temps de la dépolitisation des masses, la propagande armée a pour tâche d’être un facteur de politisation. Aujourd’hui cette tâche ne consiste pas seulement à démasquer le fascisme du régime du 12 septembre et à propager la vérité sur le système politique turc, mais surtout aussi à informer les masses des possibilités et des perspectives.

La tâche tactique est la destruction des facteurs qui mènent à la dépolitisation, en même temps qu’il faut viser le but que la situation concrète du moment a fait naître.

La tâche tactique est de propager la vérité sur les « décrets SS » et de « rendre coup pour coup ». Cette seconde tâche détermine alors non seulement les buts mais aussi les formes d’action de la propagande armée.

La stratégie militaire politisée de combat

La guerre populaire est une nécessité urgente tant pour les pays colonisés durant la première et la deuxième phase de crise que dans les pays maintenus sous-développés.

Toutefois, l’impérialisme a ajouté des qualités nouvelles aux révolutions de la troisième phase de crise. L’autorité centralisée de l’Etat a été renforcée et l’appareil d’oppression et de contrôle a été étendu à tout le pays suite au développement du capitalisme. « Parallèlement au développement du marché interne du pays, l’urbanisation, la communication et le transport se sont fortement développés et ont recouvert le pays comme un filet.

Le faible contrôle féodal sur le peuple durant les phases précédentes a fait place à une autorité étatique et oligarchique beaucoup plus forte. L’armée, la police et toutes les formes de l’appareil de pacification et de propagande de l’Etat oligarchique ont étendu leur hégémonie dans tout le pays.

II faut ajouter que l’appareil de propagande de l’impérialisme et de l’oligarchie a atteint un niveau monstrueux, incomparable avec celui de la première et de la deuxième phase de crise. On doit aussi mentionner les expériences de l’impérialisme face aux guerres de libération des phases précédentes »

Du fait que, dans la troisième phase de crise, l’impérialisme est devenu un phénomène interne à ces pays, et que, bien qu’elle soit cachée, son occupation s’étende à tout le pays, ce ne sont pas les autorités régionales qui doivent être décapitées, mais bien l’Etat centralisé qui est intégré au bloc impérialiste.

II n’est plus possible pour les révolutionnaires prolétariens d’organiser des insurrections spontanées de paysans, de détruire rapidement le pouvoir des autorités régionales, de fonder des zones libérées et de réunir dès le début les masses dans de grandes unités (soviets) pour lutter. Ce changement ne résulte pas seulement de causes militaires et logistiques, mais aussi des spécificités de la troisième phase de crise.

A cause du pouvoir de l’Etat centraliste et de son appareil de propagande et de pacification, les réactions spontanées des masses n’atteignent jamais les dimensions de la première et de la deuxième phase de crise. S’ajoute à cela le fait que les masses populaires n’ont pas d’expérience de lutte, en particulier les masses prolétariennes.

Pour gagner de larges masses à la Révolution, c’est-à-dire pour faire passer les masses à la guerre populaire, l’équilibre artificiel doit être brisé, et c’est pourquoi la guerre populaire est un combat militaire politisé. « La pratique de la guérilla avec des buts politiques et en tant que moyen de dévoiler la réalité politique, c’est-à-dire de concevoir cette lutte comme une lutte politique de masse, est appelée la stratégie militaire politisée de combat.

Sous la direction du marxisme-léninisme et en partant de l’analyse révolutionnaire des rapports et des contradictions de la troisième phase de crise de l’impérialisme et de leur reflet en Turquie et de l’histoire de notre pays, de ses qualités sociales, politiques, économiques et psychologiques notre parti a déterminé la stratégie militaire politisée de combat comme stratégie de la révolution »

La première phase de cette stratégie de lutte dans les pays maintenus dans le sous-développement est la guerre d’avant-garde. La propagande montre aux masses que l’oligarchie n’est pas du côté du peuple et qu’elle n’est pas si puissante, si inattaquable ni si invulnérable. Cette propagande est menée sur base d’actions armées de l’avant-garde.

La propagande armée est la forme fondamentale du combat politique d’avant-garde dans ces pays. Elle comprend la propagande, l’agitation et l’organisation des meilleurs éléments des masses sur base des actions armées. L’importance politique de la propagande armée l’emporte sur l’aspect militaire.

Pour passer à la guerre populaire, l’équilibre artificiel doit être brisé en faveur du peuple. Au début, l’avant-garde lutte seule. A partir de la propagande armée, elle prend de plus en plus la supériorité politique sur l’ennemi. La sympathie des masses pour le mouvement armé se transforme en soutien puis en participation. A ce stade, les révolutionnaires ont obtenu une supériorité politique absolue. Giap écrit dans son oeuvre « L’art militaire de la guerre populaire » : « La guerre populaire recommencera quand on aura gagné la supériorité politique absolue sur un ennemi matériellement plus puissant »

La propagande armée est la forme principale de lutte de cette stratégie. « La stratégie révolutionnaire qui considère la propagande armée comme étant la forme principale de lutte, et les autres formes de lutte telles les luttes politiques, économiques et démocratiques comme dépendantes d’elle, est la stratégie militaire politisée de combat »

II ne faut pas pour autant entendre que les autres formes de lutte sont entièrement négligées. « L’organisation qui intègre la propagande aimée en tant que forme de lutte fondamentale mène les autres formes de lutte économique et démocratique tant que possible et selon ses forces. Mais ces formes de lutte sont secondaires.

La propagande armée est la forme de lutte fondamentale. Cela ne veut pas dire que l’on reste spectateur des actions économiques et démocratiques des masses. L’organisation essaie, selon ses forces, de mobiliser les masses à lutter pour ses droits et revendications économico-démocratiques.

Elle essaie de canaliser chaque réaction contre l’oligarchie Mais au début. elle n’est pas présente partout Elle ne participe à aucune action. de masse qui dépasse ses moyens et qu’elle ne saurait protéger par les armes. En dehors de la propagande armée, elle s’efforce pour obtenir conscientisation et éducation politique, propagande et travaux d’organisation, selon ses forces. Lutte de masse classique et propagande armée se succèdent. Oui, elles sont étroitement liées, elles dépendent l’une de l’autre. L’une influence l’autre. Les formes de lutte autres que la propagande armée dépendent de cette dernière et sont développées sous sa dépendance »

Tous les genres de pacifisme de notre pays affirment que la guerre d’avant-garde serait une nouvelle forme d’anarchisme. Ils s’appuient sur le fait que la crise nationale ne serait pas encore mûre et que les conditions objectives pour une telle lutte seraient inexistantes.

Les pacifistes n’ont pas compris que les conditions objectives pour mener des actions armées sont différentes des conditions pour l’insurrection armée. Leur erreur vient du fait que les crises nationales des pays « conservés sous-développés » ne sont pas conformes à la définition de la crise nationale de Lénine : « Pour que les conditions objectives de la Révolution soient réunies dans ce pays, il faut qu’il y ait une crise nationale en plus de la crise mondiale générale.

D’après Lénine, A) le niveau de conscience et d’organisation du prolétariat pour la révolution doivent être suffisamment élevés, c’est-à-dire que les conditions subjectives pour la Révolution doivent être mûres ; B) il doit y avoir une crise nationale qui influence en même temps les oppresseurs et les opprimés »

Chez Lénine, la phase d’évolution est longue, et la phase de révolution courte. Les pacifistes s’en tiennent à ces thèses et affirment que, dans cette phase, des actions armées sont déplacées.

Toutefois, si on analysait les faits concrets, on verrait que la crise permanente et générale du capitalisme se reflète dans les pays maintenus sous- développés par une dynamique interne perturbée et d’une manière très violente. En conséquence, une crise nationale permanente se développe dans ces pays, même si elle n’est pas encore mûre. L’existence de cette crise dessine les conditions objectives pour un enchevêtrement des phases d’évolution et de révolution et donc pour l’acceptation du caractère fondamental des actions armées.

Le camarade Mahir Çayan explique ainsi les qualités nouvelles de la crise nationale : « Les pratiques concrètes des pays vivant sous hégémonie impérialiste (…) c’est-à-dire qu’il existe des conditions objectives pour mener des actions armées » ! ( n’y a pas d’autre voie que la propagande armée, laisser mûrir la crise nationale et mobiliser les masses populaires dans le Front de la Révolution. L’organisation qui mène la guerre d’avant-garde

Dans les pays sous-développés, la stratégie de lutte politique et sa première étape, la guerre d’avant-garde, peuvent être réalisées par une organisation qui, partant des principes déjà décrits, conçoit dans une même entité dialectique la campagne et la ville ; la propagande armée et les autres formes de lutte qui en dépendent. Cette organisation doit être l’organisation spécifique du prolétariat, qui dirige ses luttes économico-démocratiques, idéologiques et politiques. A ce propos, la direction idéologique du prolétariat est déterminante.

Pour le marxisme-léninisme, une telle organisation est appelée Parti.

On doit ici insister sur le fait qu’il est décisif pour l’organisation de remplir les fonctions d’un parti et non de s’intituler ou non « Parti ». Par exemple, l’organisation politique qui menait à Cuba la lutte de guérilla dans la Sierra Maestre et dans les villes s’appelait « Mouvement du 25 juillet ». Qui a lu les écrits de Castro et de Che Guevara sait que cette organisation n’était rien d’autre que le Parti.

Dès qu’une organisation minimale a créé en son sein l’unité idéologique, a bâti sa structure hiérarchique sur les principes léninistes, a formé une structure dirigeante des luttes politiques (fondamentales), économico-démocratiques et idéologiques, elle peut remplir les fonctions d’un parti. Sa lutte s’étend du plus petit et plus simple au plus grand et au plus compliqué. Sa structure suit aussi cette voie. Au début l’organisation a des contacts limités mais sûrs avec les meilleurs éléments du peuple. Ses cadres sont des révolutionnaires professionnels.

Au cours de la lutte, quand l’organisation se développe qualitativement et quantitativement, les éléments du prolétariat domineront aussi quantitativement. L’organisation qui réalise la stratégie militaire politisée de combat est une organisation de combat. II en résulte que ses cadres sont à la fois cadres politiques et militaires. -(…) le principe directeur de « cette organisation est le principe de l’unité de la direction politique et militaire. »

Dès 1e début, des forces anti-impérialistes et anti-oligarchiques non marxistes ont participé à la lutte. Pour cette raison il faut distinguer le Parti du Front. Pour devenir membre du parti, il ne suffit pas de lutter contre l’impérialisme et l’oligarchie. Un membre du parti doit être marxiste-léniniste et posséder les qualités nécessaires.

Le Front doit dans sa lutte reconnaître la direction du Parti. II mène son combat sous l’ordre et sous le commandement du parti.

Le 30 mars 1972, le THKP-C a essuyé une défaite. Aujourd’hui la tâche de l’avant-garde est de lier l’Avant-garde Révolutionnaire du Peuple (HD0) au Parti-Front Populaire de Libération de Turquie (THKP-C) pour en faire un parti et un front qui puissent mener successivement la guerre d’avant-garde et la guerre populaire.


Revenir en haut de la page.