Le vétérinaire Karel Van Noppen, assassiné par la mafia des hormones en février 1995

Le vétérinaire Karel Van Noppen, assassiné par la mafia des hormones en février 1995

Dans la société capitaliste, la situation des êtres vivants est une horreur. C’est un constat simple et évident en regard des scandale agro-alimentaires s’étant multipliés en Belgique ces vingt dernières années

La série des scandales et révélations en chaîne commence en février 1995 avec l’assassinat par balle de Karel Van Noppen, un vétérinaire travaillant pour les autorités publiques. Il faisait partie d’une cellule de l’institut d’expertise vétérinaire enquêtant sur la mafia des hormones.

Mais en septembre 1993 déjà, la maison d’un autre inspecteur vétérinaire avait été prise pour cible, plusieurs balles transperçant les fenêtres, alors qu’à cette même époque on ne compte plus les incidents lors desquels des contrôleurs sont tabassés ou essuient des coups de feu.

En octobre 1997 ont découvre le premier cas de «vache folle» en Belgique ; en janvier 1999, c’est la crise de la Dioxine − dans la foulée, l’Afsca est créé un an plus tard ; en juin 2017, c’est la révélation de l’affaire des œufs contaminés au Fipronil ; enfin, en février 2018, le scandale Veviba.

Avec ce dernier scandale qui n’en finit pas et on va de « découvertes » en « découvertes ». Il y a quelques jours, un rapport incriminait à nouveau l’abattoir bastognard : des informations indiquent que Veviba a vendu de la viande non-bio pour de la bio. Cette opération frauduleuse lui a permis d’augmenter ses marges…

Un rappel des fait récents s’impose ici :

Octobre 1997, crise de la vache folle

Octobre 1997, crise de la vache folle

– Le 27 septembre 2016, les autorités kosovares ont averti les services vétérinaires en Belgique que les étiquettes d’un lot de viande de l’entreprise Veviba ne correspondaient pas au contenu.

– Le 30 septembre 2016, les services de l’Afsca ont été informés par l’ambassade belge à Pristina.

– Le 6 octobre 2016, un procès-verbal d’infraction est rendu au procureur du parquet de Neufchateau.

– Le 21 octobre, un dossier judiciaire est ouvert, entraînant le secret de l’instruction.

– Le 10 mars 2017, une rencontre est organisée avec le procureur du roi de Neufchateau à la demande de l’Afsca, qui demande d’accélérer la cadence dans le dossier Veviba et dans d’autres dossiers transmis par l’agence. Le procureur répond qu’il faut attendre l’enquête.

– D’autres réunions ont lieu jusqu’au 28 février 2018, date à laquelle Veviba a subi un contrôle sur son site de Bastogne. Le 3 mars, un PV d’infraction est dressé. Le 6 mars, l’Afsca reçoit du juge d’instruction l’autorisation de donner une suite administrative aux infractions constatées.

– Concernant les travailleurs du site, on apprend que plus de septante d’entre eux ont été déclarés à l’ONSS (Office national de Sécurité sociale) la veille et l’avant-veille de la perquisition du 28 chez Veviba. La plupart sont des travailleurs provenant de Roumanie. Se pose alors la question de savoir quel était le statut de ces personnes auparavant.

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– Le 17 mars dernier, on apprend qu’un autre abattoir belge a envoyé de la viande périmée à un grossiste du Kosovo.

Il s’agit de l’entreprise flamande Vanlommel, spécialisée dans la viande de veau et basée à Olen (Province d’Anvers). En août 2017, une cargaison de 20 tonnes de viande étiquetée au nom de cet abattoir a été saisie par les autorités kosovares à la frontière avec l’Albanie. Il s’agissait de veau congelé. Dans le lot, 1,5 tonne était périmée d’un mois.

Il convient de relever que la société kosovare importatrice, Euro-IDA − cliente à la fois de Veviba et de Vanlommel − a à sa tête un mafieux (encore un !) qui n’a pas hésité à menacer les journalistes du site d’information « Insajderi » à l’origine de l’enquête locale en ces termes :

« Je vais vous mettre en morceaux avec une hache, je vais vous massacrer. Retenez ce que je dis, je vais prendre la kalachnikov et je vais tous vous buter. »

Entre temps, le patron du groupe Verbist, Louis Verbist, s’est exprimé face caméra pour la première fois à une télévision locale flamande. Il déclare ne pas comprendre pourquoi il est ainsi pointé du doigt. « Nous ne sommes ni des voleurs, ni des gangsters », déclare-t-il.

Il ajoute :

« À Bastogne, 170.000 kilos de viande ont été bloqués par un ministre. On préfère faire pourrir de la bonne viande »

Diederik Verbist, patron de Veviba

Diederik Verbist, patron de Veviba

Selon, lui l’entreprise est victime d’un acharnement médiatique qu’il ne comprend pas.

Ce discours ne doit pas surprendre : les capitalistes aiment passer pour des victimes. Mais Verbist ment, car les réelles victimes − et c’est là la véritable signification du scandale Veviba − ce sont en effet de manière dialectique d’un côté les masses populaires sur le plan de la consommation, de l’autre les animaux utilisés dans la production.

Avec le capitalisme, c’est de la dénaturation qui englobe humain et animaux dans la même spirale de destruction. Incapables d’assurer la sécurité alimentaire de la population belge, les ministres bourgeois de l’Agriculture et de la Santé, Denis Ducarme et Maggie De Block, font, pour l’un, l’apologie de la « clarté », de la « transparence », de la « viande de qualité » et de la mise sous tutelle de l’Afsca − dont le gouvernement n’a pourtant jamais cessé de réduire les moyens d’action ; alors que la seconde verse pour sa part dans la propagande la plus outrancière et la plus mensongère.

Et voici ce qu’ose déclarer celle qui, avant de devenir ministre, exerça comme médecin praticien durant 25 années :

« La Santé publique n’a jamais été atteinte. Je le répète, on n’a observé aucune augmentation des infections liées à l’alimentation, ni en province du Luxembourg ni ailleurs dans le pays. La première appréciation des risques avait établi qu’il existait un risque potentiel. L’Afsca a donc décidé de tout enlever du marché pour protéger les consommateurs. Une analyse a ensuite été faite dans un autre abattoir du groupe Verbist car il n’y avait plus de viande de plaie à Bastogne. Ces analyses ont été effectuées sur des échantillons de plaie (viande de catégorie 3). Elles ont indiqué la présence de listéria. Ce n’est pas surprenant car la viande de catégorie 3 n’est pas destinée à la consommation humaine. »

Maggie De Block, ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique

Maggie De Block, ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique

Ce que Maggie De Block omet de dire c’est que pour des questions de rentabilité inhérentes au système nihiliste dont Ducarme et elle-même sont les représentants, de la viande de catégorie 3 s’est retrouvée dans la viande hachée depuis bien longtemps. Mais manifestement, cela ne pose aucun problème à ses yeux.

Pas de problème non plus lorsque de la viande pourrie vieille de 12 années a failli se retrouver dans l’assiette des habitants du Kosovo.

Le capitalisme a développé les forces productives, mais leur gestion privée relève du chaos de la concurrence, de l’aberration des décisions des bureaucraties des entreprises, avec comme seul but le profit, au mépris de tout le reste.

Car les capitalistes sont prêts à tout, de manière pragmatique, pour gagner en efficacité dans le cadre de la concurrence internationale. La tendance à la guerre est parallèle aux magouilles, aux corruptions, aux contournements des lois… quand elles existent.

La situation des animaux dans l’industrie est par ailleurs de plus en plus comprise comme étant au moins problématique. Et en fait elle n’est pas que problématique : elle est absurde, elle est criminelle, elle relève d’un choix typiquement capitaliste d’exploitation et de mépris de la dignité du réel.

Le scandale Veviba est, pour cette raison, malheureusement annonciateur d’autres inévitables scandales du même type. Les capitalistes sont toujours plus agressifs, toujours plus prêts à tout !

C’est l’avenir qui se joue ici. Soit la bourgeoisie arrive à entraîner avec elle les habitants des villes, en s’appuyant sur l’individualisme et le culte de la petite propriété, soit au contraire la classe ouvrière prouve qu’il vaut mieux vivre dans des zones collectives, où la vie dans des immeubles à taille humaine permet une démarche écologique, une solidarité générale, un meilleur développement culturel, une vie véritablement épanouie.

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C’est le projet des communes populaires, qui s’intègrent harmonieusement à la nature, s’appuyant sur des zones agricoles reliées aux communes populaires, et protégeant de très larges espaces à la nature sauvage.

L’alternative pour les 30 prochaines années en Belgique est la suivante : soit la continuation du capitalisme avec généralisation de centres-villes riches et ayant tendance à former une oligarchie, et étalement toujours plus grand des zones urbaines, jusqu’à l’absorption complète de la nature.

Et finalement la généralisation de la barbarie pour une longue période, en raison du caractère dénaturé de l’humanité et de l’effondrement de toutes les valeurs de civilisation.

Soit la révolution socialiste, signifiant l’arrêt de la destruction de la nature, par le recul des villes et la construction de communes populaires conjuguant de manière harmonieuse nature et culture.

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
24 mars 2018


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