veviba-1.jpgLa crise générale du capitalisme repose sur la chute tendancielle du taux de profit ; les monopoles doivent aller toujours plus loin dans l’exploitation pour satisfaire leurs besoins insatiables et exponentiels en profits.

Cela signifie toujours plus de chômage, toujours plus de précarité ; il n’y aura pas de reprise, mais une spirale de l’appauvrissement général des masses, alors qu’une minorité toujours plus infime s’appropriera encore et encore plus les richesses produites par la société.

Cela veut dire également que ce qui va être produit par le capitalisme consistera toujours plus en des produits emblématiques pour la classe sociale aisée et inversement en des marchandises toujours plus infâmes pour les masses, avec toujours plus d’obsolescence programmée, de sucre, de produits chimiques, de viande, voire de viande avariée.

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Le 28 février dernier, une perquisition diligentée par un juge d’instruction était menée sur le site de l’abattoir Veviba à Bastogne. Lors de celle-ci une vaste fraude a été mise à jour puisque de la viande non étiquetée ou avec des dates non conformes a été découverte.

De plus, de la viande de catégorie 3 constituée de morceaux de carcasse «potentiellement à risque», non destinés à la consommation se sont retrouvés dans la viande hachée ayant été vendue − ou destinée à l’être − dans les grandes surfaces de Belgique et probablement des Pays-Bas.

La crise générale du capitalisme étant passée par là, les masses populaires se sont paupérisées. N’ayant pas d’autre choix, elles sont devenues d’importantes consommatrices de produits de boucherie transformés vendus à bas prix, comme les hamburgers, les saucisses ou la viande hachée.

Ce sont donc clairement les masses qui étaient visées par des activités criminelles qui ne sont rien d’autre qu’une agression perpétrée à leur encontre par les tenants cyniques d’un système capitaliste pourri, sans valeurs morales, sans valeurs culturelles qui ne peut que transformer la réalité en marchandises, toute réalité, même la réalité vivante.

Ce cynisme, nous en avons un exemple très parlant avec ce document de présentation émanant de Veviba et qui constitue en quelque sorte sa «profession de foi» commerciale :

« Tel un agriculteur veillant jalousement sur sa production, Veviba cultive avec précaution un trio de valeurs inestimables dans ce métier : la transparence, l’efficience économique et l’ouverture (…). Chez Veviba, le développement durable n’est pas un simple slogan, c’est un mode de vie, une manière de produire respectueuse de la région et de ses travailleurs ».

(…)

« De l’arrivée des animaux dans les centres d’abattages à la sortie des produits finis, la traçabilité est bien plus qu’une obligation légale, bien plus qu’un respect des normes toujours plus sévères, c’est pour nous une obsession. Parce que la réputation de nos fournisseurs et la satisfaction de nos clients comptent plus que tout »

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A ce jour, il n’est toujours pas précisé depuis combien de temps dure cette activité criminelle. Il est cependant possible de s’en faire une idée puisque dès septembre 2016, un commerçant du Kosovo prévient les autorités belges que sur les quatre containers de viande qu’il a achetés chez Veviba à Bastogne, l’un d’eux contient de la viande avariée.

Dès lors, une instruction judiciaire est ouverte, mais il faudra attendre février 2018 pour voir les autorités réagir : 20 contrôleurs de l’Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) et 41 policiers perquisitionnent enfin l’abattoir bastognard.

En regard de ce qui est découvert, des scellés sont placés sur l’atelier de découpe de viande alors que l’abattoir proprement dit reste quant à lui ouvert.

Dans les jours qui suivent − lors d’un contrôle plus approfondi dans cette horreur qu’est le gigantesque entrepôt frigorifique de Veviba où sont stockées plus de 2.000 palettes de produits de boucherie − deux-cents palettes sont examinées : 133 d’entre elles seront déclarées non conformes. Près de 70% donc ! Entre autres «anomalies» constatées, la date de congélation mentionnée sur l’étiquette ne correspond pas à la date réelle de congélation de la viande telle que mentionnée dans les registres.

L’entrepôt frigorifique est lui aussi placé sous scellées.

Veviba (pour Verbist Viande Bastogne) est propriété du puissant groupe Verbist. Troisième acteur du secteur de la viande en Belgique, Verbist est présent depuis une cinquantaine d’année dans le secteur de la viande bovine.veviba-4.jpg

Originaire de Flandre, il installe en 1995, une unité de production à Bastogne où il emploie quelque 250 travailleurs pour plus de 500 dans toute la Belgique.

Le groupe Verbist qui concentre à lui seul 30% des abattages en Belgique est aussi implanté à Izegem (Flandre Occidentale) et à Rochefort (Province de Namur), ce dernier abattoir ayant été racheté en 2014. Quant à l’abattoir d’Izegem, c’est là qu’avaient été tournées, en septembre de l’année dernière, les images de maltraitance animale d’une cruauté terrible, ce qui lui a valu une fermeture temporaire sur ordre du ministre flamand Ben Weyts.

Entre 2011 et 2015, Veviba a enregistré une progression de son chiffre d’affaire de 29%, passant de 10,7 à 14 millions d’euros, ce qui lui vaudra d’être classé parmi les « trois gazelles » luxembourgeoises, titre décerné par le magasine bourgeois Trends Tendances à des entreprises dont la croissance avait été jugée remarquable.

Suite au scandale, le ministre libéral de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Denis Ducarme, dont nous avions déjà parlé au moment de l’affaire des oeufs au Fipronil est monté au créneau pour exiger la clarté via un rapport demandé à l’Afsca. Il souhaite également mettre en place des assises «qualité et respect».

Il souligne :

«Il doit y avoir un avant et un après Veviba. Cette affaire a jeté l’ombre sur la filière viande de notre pays, alors que celle-ci propose des produits de grande qualité. La filière viande ne peut évidemment pas être réduite à Veviba».

Concernant l’Asfca relevons que cette agence qui est connue pour être d’une grande intransigeance lorsqu’elle effectue des contrôles sanitaires dans les petits commerces, s’est cepandant montrée d’un laxisme total − comme cela avait déjà été le cas dans l’affaire des oeufs au Fipronil − lorsqu’elle intervenait chez Veviba.

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Alors que des organisations syndicales dénonçaient depuis des mois ce qui s’y passait et que des contrôles sanitaires étaient censés s’y dérouler quotidiennement, comment expliquer que l’Asfca n’a jamais rien détecté, alors que le groupe Verbist était dans le collimateur des autorités depuis longtemps ?

Quant à Ducarme qui est obligé de réagir pour faire bonne figure, il a beau prétendre que les choses changeront, alors qu’elles ne changeront pas, ce qui est typique de la petite secte bourgeoise-libérale mystique à laquelle il appartient, et qui prétend que tout va changer en bien grâce a un marché toujours plus largement libéralisé.

L’incantation de Ducarne sur les assises «qualité et respect» est pure hypocrisie, car cette affaire montre une nouvelle fois que les capitalistes sont prêts à contourner les lois pour faire du profit, que les institutions ne maîtrisent rien dans le contrôle. Ce qu’il est dès lors important de comprendre ici pour toute personne progressiste, c’est que les usines de la mort dans lesquelles les animaux sont abattus par milliers ne relèvent en aucun cas de la culture devant être celle du communisme.

Pour le matérialisme dialectique, la vie est de la matière plus développée. Elle dispose à ce titre d’une dignité. C’est un point de vue qui affirme le caractère universel de la matière, posant de ce fait que tout être vivant relève, en particulier, de cet universel. Pour cette raison, le communisme implique un respect toujours plus grand du vivant.

La question animale, par sa dimension matérialiste, ne peut pas être résolue par le mode de production capitaliste. L’ouverture aux animaux présuppose, en effet, un rapport communiste qui est absolument étranger à la substance même de la domination du capital.

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [B]
12 mars 2018


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