Article publié dans le Drapeau Rouge, Organe central du Parti Communiste de Belgique, le 24 juin 1933

Lorsqu’en juillet 1932, des centaines de milliers d’hommes et de femmes de notre classe ouvrière de Wallonie luttaient, avec un héroïsme admirable, contre la politique de famine et de misère du gouvernement Renkin, le ministère obtenait, du Parlement, un vote de confiance unanime des trois partis nationaux (clérical, libéral, social-démocrate).

Et à la Chambre, des bancs social-démocrates, étaient lancées, a l’adresse de la fraction communiste, des injures : « Taisez-vous, assassins ! Vos mains sont rougies du sang des ouvriers ! »

Il ne faisait point de doute qu’en face des attaques inouïes, dirigées par le gouvernement de pleins pouvoirs, contre les conditions d’existence des masses, les chefs social-démocrates recouraient à la même tactique.

Dans le Borinage, pour briser l’élan des masses qui veulent lutter contre l’application des nouveau arrêté-loi, les chefs social-démocrates ont lancé le mot d’ordre : « Sabotez les meetings communistes ! Empêcher que les communistes puissent mobiliser les masses ! » Plusieurs meetings organisés dimanche et lundi dernier, dans le Borinage, ont été illustrés par des attaques de groupes formés par les chefs social-démocrates.

Les chefs social-démocrates déclarent : « C’est notre politique qui peut faire triompher les revendications ouvrières. La politique communiste conduit la classe ouvrière à la défaite. »

Or, toute la politique de la social-démocratie consiste à gagner du temps, à empêcher le déclenchement de la lutte des masses, à faire dévier la puissante vague de mécontentement, de colère, qui soulève le pays travailleur vers l’impasse des palabres parlementaires, des négociations dans les coulisses, avec la promesse que le gouvernement reviendra – plus tard – sur les dispositions prises.

Nous avons eu la curiosité de revoir, depuis décembre dernier, les positions prises par les chefs social-démocrates en face de l’incessante offensive de la bourgeoisie. Elles sont hautement caractéristiques !

Au Congrès de décembre du P.O.B., le rapporteur Vandervelde déclare, aux acclamations du Congrès : « Le jour où il s’agira de faire des économies pour combler le déficit, nous empêcherons qu’encore une fois, le lourd fardeau soit porté par les pauvres. »

La politique d’« opposition constructive » y était formulée et approuvée et la Résolution votée déclare : « que les parlementaires ne doivent pas se cantonner dans une opposition négative, mais qu’ils doivent, au contraire, défendre une politique constructive afin de réaliser le programme présenté au corps électoral. »

Le 29 décembre, le gouvernement emportait en quelques heures, à la Chambre, le vote des pleins pouvoirs – pour quinze jours – en vue de « réaliser l’équilibre budgétaire ».

Le Conseil Général du P.O.B., réuni le mercredi 4 janvier l933, décide, à l’unanimité, « de combattre la politique de dictature et d’arbitraire du Bloc des Droites ».

Balthazar déclare : « Il faut mener la bataille avec la dernière énergie en dehors du Parlement ». Hubin renchérit et affirme : « La bourgeoisie est sortie de la légalité. Nous devons dire que nous sommes prêts à résister aussi longtemps qu’il le faudra et jusqu’au bout ». En conclusion de quoi, il est décidé d’envoyer une délégation auprès de Jaspar pour communiquer la protestation du Conseil Général à la politique du gouvernement.

Pendant ce temps, le plan du gouvernement des affameurs est entré en action. Quatorze cent cinquante millions d’impôts nouveaux et 550 millions de « compressions » frappent la classe ouvrière et les masses laborieuses. Le 15 mars, le Conseil Général se réunit pour entendre le rapport sur l’activité du Comité d’Action constitué le 4 janvier 1933. Le rapporteur Wouters énumère les « succès remportés contre le gouvernement » (!) et qui sont au nombre de six (Le « Peuple » du 16 mars 1933) : 1) Retrait de la circulaire Carton de Wiart relative au chômage ; 2) Stabilisation des salaires des mineurs ; 3) Lutte contre les prix usuraires (!) ; 4) Taxe sur les bénéfices exceptionnels des contingentements ; 5) Réduction des droits d’accises sur les allumettes ; 6) Exonération des minima de 10.000 et 12.000 francs de la taxe de crise.

Mais pendant le temps ou les chefs socialistes enregistrent les « victoires » de leur action, le gouvernement prépare une nouvelle loi des pleins pouvoirs. Les prolétaires et les petites gens des villes et des campagnes protestent, expriment de plus en plus énergiquement leur mécontentement et leur colère.

Les chefs social-démocrates parlent alors de « grève générale » à préparer. Puis, à leur Congrès, ils repoussent tout recours aux méthodes éprouvées de la lutte des masses ; ils parlent d’un référendum qu’ils repoussent immédiatement après ; Vandervelde déclare « attendre le mot d’ordre des masses » et, finalement, toute l’histoire se termine par l’organisation d’un pétitionnement.

Et durant le même temps, les mesures gouvernementales sont appliquées. La misère toujours plus lourde écrase des centaines de milliers de ménages prolétariens.

Voilà, camarades socialistes, les fruits de la politique de « l’opposition constructive » ! Voilà les fruits de la politique du « moindre mal » !

Cette politique apporte la défaite constante pour les prolétaires de toutes conditions. C’est pourquoi, vous, les travailleurs socialistes, vous lutterez avec nous, pour battre le gouvernement des pleins pouvoirs, contre l’application des arrêtés de famine.


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