Qiao Guanhua, 15 novembre 1971

Personne n’ignore que la Chine est un des membres fondateurs des Nations unies.

En 1949, le peuple chinois a renversé la domination réactionnaire de la clique de Tchiang Kai­chek et fondé la République populaire de Chine.

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Dès lors, les droits légitimes de la Chine à l’ONU auraient dû tout naturellement revenir à la R.P.C.

C’est en raison de l’obstruction du gouvernement américain que la République populaire a été si longtemps frustrée de ses droits légitimes aux Nations unies et que la clique de Tchiang Kai­chek, répudiée depuis longtemps par le peuple chinois, a pu usurper le siège de la Chine au sein de cette organisation. Il s’agit là d’une intervention grossière dans les affaires intérieures de la Chine et d’une violation impudente de la Charte des Nations unies. Cette situation injustifiable a maintenant été redressée…

Vingt­-six ans se sont écoulés depuis la fondation de l’ONU. Vingt­-six ans ne représentent qu’une courte période dans l’histoire de l’humanité, mais cette période a été témoin de profonds changements dans la situation mondiale. L’ONU, à ses débuts, ne comptait que cinquante et un pays membres ; ce nombre est aujourd’hui de cent trente et un. Les quatre­-vingts pays qui sont venus grossir ses rangs, sont pour la plupart devenus indépendants après la seconde guerre mondiale.

Depuis plus de vingt ans, les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine mènent une lutte inflexible pour la conquête et la sauvegarde de l’indépendance nationale, contre l’agression et l’oppression étrangères.

En Europe, en Amérique du Nord et en Océanie, des mouvements de masse et des courants sociaux sont apparus qui tendent à modifier la situation existante.

Un nombre croissant de pays moyens et petits sont en train de s’unir pour s’opposer à l’hégémonisme et à la politique du plus fort pratiqués par une ou deux « super­puissances », pourobtenir le droit de régler chacun ses propres affaires en toute indépendance et pouvoir jouir d’un statut d’égalité dans les relations internationales.

Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération, et leurs peuples veulent la révolution : c’est d’ores et déjà devenu un courant irrésistible de l’histoire…

Le peuple chinois a connu les pires souffrances sous l’oppression impérialiste. Depuis plus d’un siècle, les impérialistes ont déclenché de nombreuses guerres d’agression contre la Chine et lui ont imposé un grand nombre de traités inégaux.

Ils ont partagé la Chine en sphères d’influence, pillé ses ressources et exploité son peuple. Personne n’ignore la misère et l’absence de liberté qui furent celles du peuple chinois. Pour conquérir l’indépendance, la liberté et la libération nationale, le peuple chinois a mené sans défaillance, vague après vague, une longue et héroïque lutte contre l’impérialisme et ses laquais, et a fini par mener sa révolution à la victoire sous la direction de son grand dirigeant, le président Mao Zedong et du parti communiste chinois.

Après la fondation de la République populaire de Chine, il a ignoré les rigoureux blocus établis par l’impérialisme et tenu ferme, face à de fortes pressions extérieures. En maintenant l’indépendance et l’autonomie et en comptant sur ses propres forces, il a fait de son pays un Etat socialiste qui connaît un début de prospérité.

Les faits prouvent que la nation chinoise est entièrement capable de tenir sa place parmi les nations.

Taiwan est une province chinoise, et ses quatorze millions d’habitants sont des compatriotes qui nous sont liés par la chair et le sang.

En vertu de la déclaration du Caire et de Potsdam, Taiwan a été restitué à la Chine après la seconde guerre mondiale, et nos compatriotes de Taiwan sont revenus dans les bras de la patrie. En 1949­1950, le gouvernement américain a plus d’une fois confirmé ce fait officiellement ; il a déclaré publiquement que la question de Taiwan relevait des affaires intérieures de la Chine et qu’il n’avait pas l’intention d’intervenir dans ces dernières.

Ce n’est qu’avec l’éclatement de la guerre de Corée que le gouvernement américain est revenu sur sa parole en envoyant des forces armées occuper le territoire chinois de Taiwan et le détroit de Taiwan où elles continuent de stationner à ce jour… Au nom du gouvernement de la République populaire deChine, je tiens à réaffirmer solennellement ce qui suit : Taiwan est une partie inaliénable de territoire chinois et l’occupation armée de Taiwan et du détroit de Taiwan par les Etats­Unis ne peut modifier en rien la souveraineté de la République populaire de Chine sur Taiwan.

Toutes les forces américaines doivent se retirer de Taiwan et nous sommes résolument opposés à tout complot visant à détacher Taiwan de la patrie. Le peuple chinois libérera Taiwan et nulle force ne saurait l’en empêcher…

Le gouvernement américain, en se livrant à une agression armée contre le Vietnam, le Cambodge et le Laos, et en foulant aux pieds l’intégrité territoriale et la souveraineté de ces trois pays, a aggravé la tension en Extrême­Orient et suscité une opposition énergique de tous les peuples du monde, y compris le peuple américain.

Le gouvernement et le peuple chinois soutiennent résolument les peuples des trois pays d’Indochine dans leur guerre de résistance à l’agression américaine, pour le salut national… Le gouvernement américain doit retirer immédiatement et inconditionnellement des trois pays Indochinois toutes les forces armées des États-Unis et de ceux qui sont à leur remorque pour laisser les peuples de ces pays régler leurs affaires en toute indépendance, sans intervention étrangère. Voilà la clé de la détente en Extrême­-Orient.La Corée reste divisée à ce jour. Depuis longtemps les volontaires du peuple chinois se sont retirés de la Corée, alors que les troupes américaines stationnent aujourd’hui encore en Corée du Sud. L’unification pacifique de la patrie est l’aspiration commune de tout le peuple coréen.

Le gouvernement et le peuple chinois soutiennent résolument le programme en huit points formulé en avril dernier par la République populaire démocratique de Corée pour l’unification pacifique de la patrie, ainsi que ses justes exigences concernant l’abrogation de toutes les résolutions illégales de l’ONU sur la question coréenne et la dissolution de la « Commission des Nations unies pour l’unification et le relèvement de la Corée ».

L’essence du problème du Proche-­Orient réside dans l’agression contre le peuple palestinien et les autres peuples arabes à laquelle se livre le sionisme israélien, avec le soutien et l’encouragement des super­puissances.

Le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement le peuple palestinien et les autres peuples arabes…

Ils sont convaincus qu’en persistant dans la lutte et en s’en tenant à l’unité, ceux­ci pourront à coup sûr recouvrer les territoires perdus et les droits nationaux du peuple palestinien.Le gouvernement estime… que personne n’a le droit de passer des transactions politiques à leur insu, en sacrifiant leur droit à l’existence et leurs intérêts nationaux…

Sans indépendance économique, l’indépendance d’un pays est incomplète. L’économie arriérée des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine résulte du pillage impérialiste.

Combattre ce pillage économique et protéger les ressources nationales relèvent de la souveraineté imprescriptible de tout pays indépendant.

La Chine est encore un pays économiquement arriéré, un pays en voie de développement. Comme la majorité des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, elle appartient au Tiers monde…

Nous sommes depuis toujours d’avis que tous les pays, grands ou petits, doivent se traiter d’égal à égal, et que les cinq principes de la coexistence pacifique doivent servir de normes pour les relations entre Etats.

Le peuple d’un pays, quel qu’il soit, a le droit d’opter, conformément à sa propre volonté, pour le système social de son choix…

Nous nous opposons à la théorie impérialiste et colonialiste selon laquelle les grands pays sont supérieurs aux petits pays tandis que les petits pays sont subordonnés aux grands pays… Nous soutenons que les affaires d’un pays doivent être prises en main par le peuple de ce pays, que les affaires mondiales doivent l’être par les pays du monde, et que celles de l’ONU doivent l’être conjointement par tous les pays membres de cette organisation, sans qu’il soit permis aux super­puissances d’exercer sur les Nations unies leur contrôle et leur monopole. Les super­puissances veulent se placer au­-dessus des autres et les tenir sous leur férule.

La Chine n’est pas aujourd’hui et ne sera jamais demain une super­puissance qui soumet les autres à l’agression, à la subversion, au contrôle, à l’intervention et aux vexations.

Qu’une ou deux super­puissances intensifient l’expansion des armements et la préparation à la guerre et développent considérablement l’armement nucléaire constitue une menace sérieuse pour la paix internationale.

Il est donc compréhensible que les peuples du monde aspirent au désarmement et surtout au désarmement nucléaire. C’est dans l’ordre des choses qu’ils demandent la dissolution des blocs militaires, le retrait des troupes étrangères et le démantèlement des bases militaires… A aucun moment et en aucune circonstance, la Chine ne sera la première à utiliser les armes nucléaires.

Si les Etats­Unis et l’Union soviétique voulaient réellement procéder au désarmement, ils devraient prendre l’engagement de ne pas employer les premiers l’arme nucléaire. Ce n’est pas là une chose difficile à faire.

Y souscriront-­ils ? Voilà une sévère épreuve qui permettra de savoir si oui ou non ils ont le désir sincère de désarmer…

Soutenir les justes luttes des peuples de partout est un devoir qui nous incombe. Nous avons donc fourni une aide à certains pays amis pour les aider à développer leur économie en toute indépendance…

Nous avons apporté une aide militaire sans contrepartie. Nous ne serons Jamais des marchands de canons…

L’économie de notre pays se trouve encore dans un état relativement arriéré et notre aide est fort limitée sur le plan matériel, elle est essentiellement d’ordre politique et moral… Nous espérons pouvoir changer graduellement cette situation où nos moyens ne sont pas à la mesure de nos intentions…


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