ETA, l’organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, revendique les actions suivants :

– Le 8 février, à Bergara, l’attentat à l’explosif réalisé au tribunal contre l’appareil de la justice de l’Espagne, avec des dégâts matériels.

– Le 23 février, à Bilbao, l’attentat à l’explosif préparé contre les forces de police de l’Espagne dans un relais de Télévision sur la colline Arnotegi. L’explosion de la bombe avait provoqué des dégâts matériels.

– Le 29 février, à Derio, l’attentat à l’explosif contre le siège du PSOE, avec des dégâts matériels.

– Le 7 mars, à Mondragon, l’attentat mortel par balles contre Isaias Carrasco Miguel, membre du PSOE.

– Le 21 mars, à Calahorra (Rioja), l’attentat à la voiture piégée contre la caserne de la Garde Civile, avec un garde civil blessé et de gros dégâts matériels.

En 2004, lorsque Zapatero avait accédé à la présidence de l’Espagne, au terme de huit années de répression et d’oppression sauvage contre Euskal Herria avec le PP au pouvoir, on attendait de voir quelle suite allait donner le Gouvernement du PSOE à la possibilité d’un règlement, par la négociation, du conflit entre Euskal Herria et l’État espagnol.

Par la suite, au cours du processus de négociation, le Gouvernement de l’Espagne a fait le mauvais choix. Faisant du mensonge et de la tromperie les caractéristiques principales de sa politique, Zapatero a eu pour but d’affaiblir la lutte menée par l’indépendantisme basque et de conduire ETA vers un processus de reddition, en trouvant une fausse issue qui allait laisser le conflit sans solution.

L’État espagnol n’a pas voulu développer de processus de reconnaissance des droits d’Euskal Herria, et Zapatero a pris exactement la même voie que Gonzalez et Aznar. Le Gouvernement du PSOE, en adoptant des mesures d’exception, en menant à son terme la suppression des libertés démocratiques et en étendant à tous les domaines la répression, a accompli de nouveaux pas dans la stratégie qui vise à briser la lutte d’Euskal Herria.

En suivant, au nom de l’unité de l’Espagne, la consigne selon laquelle « tout est bon contre l’indépendantisme », le ministre Rubalcaba a réactualisé la pratique du terrorisme d’État acquise sous le commandement de Gonzalez.

Le PSOE, tenant d’une main la Constitution de l’Espagne, a fait faire de l’autre main un tour supplémentaire à la noria criminelle de la répression.

Sans écarter aucune manœuvre pour défaire les promoteurs de l’indépendance et ceux qui militent pour elle. En brisant tous les droits et toutes les libertés démocratiques. Les militants du PSOE ne vont tout de même pas s’imaginer qu’ETA, en voyant que c’est en toute impunité que les militants basques sont torturés, détenus, condamnés à perpétuité, et qu’on illégalise les partis, va rester les bras croisés, n’est-ce pas ?

Les socialistes du PSN et du PSE qui se disent progressistes et démocrates, s’ils le sont réellement, doivent s’éloigner de cette stratégie sauvage et faire en sorte que soit mis un terme à la politique néofasciste qui a pour but de prolonger la négation d’Euskal Herria et l’état d’exception qui y a cours.

Et maintenant, en 2008, Zapatero, après avoir gagné les élections pour le Gouvernement de l’Espagne, se trouve nez à nez avec ce même conflit qu’ils n’ont pas voulu régler durant le processus de négociation et avec toutes les conséquences induites par ce conflit. Et il en sera de même en 2009, en 2010, en 2011…L’État espagnol n’aura en effet ni stabilité politique ni paix tant qu’il n’aura pas reconnu le droit à l’autodétermination et à la territorialité d’Euskal Herria.

Lorsque Rubalcaba annonce la « violence » pour de nombreuses années, il le fait en disant qu’ils ont l’intention de continuer à nier les droits d’Euskal Herria et de continuer à imposer par la force le projet de « l’Espagne unie ». Les menaces et les prédictions de Rubalcaba nous montrent que l’État espagnol est en train de préparer une nouvelle période d’oppression de 30 ans pour l’avenir.

Suivant la politique du mensonge et de la manipulation, à la base de ce message destiné à mettre sur le compte d’ETA la responsabilité de la prolongation de l’affrontement armé, il n’y a rien d’autre que la dissimulation de l’intention mesquine du gouvernement de l’Espagne de justifier par anticipation la suppression de tous les droits. Il n’y a là que le désir de blanchir les rafles, les incarcérations et les tortures infligées aux citoyens basques, ainsi que les agressions auxquelles se livre le terrorisme d’État.

L’État espagnol a fait le choix de continuer à imposer les limites de la Constitution espagnole au détriment de la volonté des citoyens basques. Et le PNV est actuellement et sera à l’avenir son compagnon de route, comme Urkullu l’a clairement fait comprendre lors de l’Aberri Eguna.

En 79 nous avons vu les dirigeants du PNV et d’EE [Euskadiko Ezkerra] soumis devant Suarez. Ils avaient alors donné l’accolade de la Moncloa, en signant le Statut de Gernika qui maintenait notre pays divisé, nié et privé de souveraineté.

Trente ans plus tard, les dirigeants du PNV persévèrent dans le même esprit, recherchant cette fois-ci un nouveau pacte qui apportera le renouvellement du Statut de la Moncloa.

D’une manière identique à celle que nous avions dénoncée alors, les dirigeants du PNV sont prêts à vendre les droits d’Euskal Herria « contre un plat de lentilles », et cela pour la sauvegarde de leurs intérêts. C’est là ce qu’ils essayent de faire. Sur les ondes d’EiTB, l’activité de la gauche abertzale est passée sous silence et boycottée, au point que la réalité de ce pays en arrive à être défigurée.

Mais comment n’en serait-il pas ainsi, alors que celui qui était à la tête de la télévision jusqu’à présent avait prédit que ceux qui se battent pour l’indépendance allaient fondre comme le sucre dans l’eau ? En Euskal Herri passer d’un poste de direction d’ETB à un poste de direction du PNV n’est qu’une simple mutation : c’est l’affaire d’une journée.

Le contexte politique que nous avions connu à la fin du franquisme nous revient à l’esprit, les simulacres de transition, les petitesses collaborationnistes et les trahisons. Face à tout ceci, par contre, se donne à entendre la voix d’un peuple qui veut trancher pour son avenir et être indépendant.

Face à l’État français, c’est par milliers que des voix se sont élevées en criant que nous sommes un peuple, c’est par milliers que des citoyens en s’abstenant ont crié que ça suffit à Zapatero et consorts.

D’Atarratze à Balmaseda, d’Irunberri à Bergantzu, d’Ondarroa à Lizartza, le choix fait par les citoyens indépendantistes a montré que la répression ne réduira jamais au silence la lutte qui a pour but l’édification de l’État d’Euskal Herria.

Parce que contre toutes les politiques d’assimilation qu’on nous impose de Paris et de Madrid, le choix que nous, les citoyens basques, avons fait, c’est celui de faire naître notre propre système d’éducation basque, c’est de revendiquer et d’obtenir que la langue basque soit officielle, c’est de développer un cadre économique propre.

La jeunesse basque n’a pas fait preuve de légèreté : elle n’a pas renoncé à la responsabilité qui lui revient cette fois encore. Comme au temps du franquisme, après s’être rebellé contre les obstacles, la répression, l’éducation imposée et les lois linguistiques, le jeune d’aujourd’hui, à partir de son choix de s’exprimer et de vivre en Euskara, sait qu’il est en train de bâtir un des piliers les plus importants de l’État d’Euskal Herria du futur, et il s’applique à cette tâche.

Parce qu’il sait très bien qu’autrement, nous connaîtrons le malheur d’être assimilés par les États français et espagnol.

Par ailleurs, les conditions de vie de la classe ouvrière et, en somme, des citoyens, par suite des féroces règles du jeu du système néo-libéral et des politiques des administrations qui gèrent et appliquent ces règles dans notre pays, sont sans cesse en train de se dégrader.

D’autant plus quand on nous annonce un changement de cycle économique et une crise économique sévère. Euskal Herria a besoin des possibilités structurelles de solutions qui accompagneront l’édification de son propre État, c’est-à-dire pour bâtir un système économique et social fondé sur la justice sociale. Euskal Herria a besoin du cadre démocratique apte à offrir les moyens de structurer un espace socio-économique qui lui soit propre, afin d’édifier l’avenir en adéquation avec les droits des citoyens.

A cause de tout ceci, ETA veut faire connaître ce qui suit :

1.- Les pactes politiques qui recherchent la prolongation de la situation d’oppression et de négation d’Euskal Herria ne feront que porter tort à notre pays, et par conséquent le conflit perdurera.

2.- Le fait d’imposer un autre cycle autonomique espagnol à Euskal Herria produira un approfondissement dans la destruction de notre peuple et dans le processus d’assimilation. Par conséquent, l’UPN, le PSOE et le PNV doivent savoir que nous n’avons jamais admis et que nous n’admettrons jamais le cadre autonomiste espagnol. Les pactes qui poursuivent cet objectif-là, nous qui voulons la liberté totale d’Euskal Herria, nous les combattrons comme nous l’avons fait ces trente dernières années.

3.- Sarkozy et Alliot-Marie n’ont pas d’autre solution que l’abandon de la politique et des mécanismes d’assimilation qu’ils ont mis en place contre Euskal Herria, parce qu’ils ne peuvent pas tourner le dos au cycle favorable à l’indépendance qui a fleuri en Euskal Herri.

4.- C’est seulement l’acceptation du droit à l’autodétermination d’Euskal Herria qui peut apporter le changement politique à notre peuple, en ouvrant la possibilité de concrétiser tous les projets politiques pour l’avenir.

5.- Les temps sont venus de se battre pour la reconnaissance de tous les droits d’Euskal Herria et d’unir les forces sur la voie de la construction de l’État d’Euskal Herria. Nous avons la certitude de l’adhésion d’une large majorité des citoyens basques au projet de l’Etat d’Euskal Herria ; dans ce projet, nous, tous les citoyens basques, nous avons notre place, et nous adressons à tous les citoyens basques un appel à travailler et à lutter pour cela.

Euskal Herria, mars 2008

 


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