ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, confirme à travers ce communiqué qu’était l’un de ses membres le combattant originaire d’Elizondo Kepa Arizmendi, « Baztan », décédé à Bayonne début juin.

De même, notre Organisation reconnaît qu’était l’un de ses membres Joxe Antonio Otxoantesana, « Okana », originaire d’Ondarroa, décédé au Mexique.

L’un comme l’autre, des modèles d’une militance conséquente, des militants qui ont connu sur une durée de plus d’une décennie la fuite, la clandestinité et l’exil. En même temps que la peine que nous a causée la mort de ces deux compagnons, qu’il nous soit permis de transmettre à leurs proches et à leurs amis nos condoléances, en premier lieu.

De la même façon, et alors qu’il va y avoir quatre mois que l’ennemi a fait disparaître Jon Anza, Euskadi Ta Askatasuna, au moyen du présent communiqué, renouvelle sa dénonciation.

Bien que durant ces mois il n’y ait pas eu de nouvelles de la disparition de Jon, il est surprenant que les policiers de l’Etat français, menant l’enquête en interrogeant la compagne de Jon ainsi que des membres de la famille de ce dernier, se montrent enclins à privilégier l’hypothèse d’une intervention de la Police de l’Etat espagnol ou de la Garde Civile dans cette disparition.

Nous ignorons si ces indications des policiers visent à blanchir la France de sa responsabilité ou à montrer du doigt l’implication unilatérale de l’Espagne. De toute façon, la France est entièrement responsable de la disparition de Jon, que celle-ci soit le fait de ses propres policiers ou des policiers de l’Etat espagnol qu’elle a fait entrer sur son territoire.

Par ailleurs, ETA revendique les actions armées suivantes qui ont été accomplies au cours des derniers mois :

– Le 19 juin, à Arrigorriaga, l’exécution menée à bien au moyen d’une bombe placée dans sa voiture du chef très connu de la police de l’Etat espagnol Eduardo Puelles Garcia.

Puelles Garcia, sur l’ordre de l’Audience Nationale de l’Espagne, a été ces dix dernières années à la tête d’opérations de police effectuées en Alava, au Guipuzcoa et en Biscaye contre de nombreux militants de la gauche abertzale et contre de jeunes indépendantistes. Il a assuré également la coordination de diverses opérations menées contre ETA.

Il était parfois le plus vil des experts en torture du commissariat ; d’autres fois, à l’issue d’une séance où il avait tenu le rôle du « bon policier », c’était lui qui dirigeait, dans la rue, les opérations de persécution de militants indépendantistes, en vue d’obtenir leur collaboration au moyen de la menace. Comme même un de ses proches parents l’a reconnu, Puelles Garcia n’a jamais été une victime : il était un chaînon de la Répression ainsi que de l’Oppression exercée par l’Espagne, un chef mercenaire de l’Espagne.

– Le 10 juillet, à Durango, dans le cadre de la campagne contre les partis fascistes d’Espagne, l’attentat à l’explosif contre le siège qu’y possède le PSOE, qui a causé la destruction du siège en question.

ETA, dans l’attentat contre le siège du PSOE à Durango, comme dans les attentats qui présentent ces caractéristiques, a procédé à deux appels pour prévenir de l’explosion. Le premier à la Mairie et le deuxième au numéro de téléphone des secours d’urgence. Lors de la tentative d’appel au numéro des secours d’urgence, les policiers qui étaient de permanence au 112 ont coupé l’appel du militant de l’ETA qui était en train d’appeler au nom de notre Organisation, afin que le militant rappelle et qu’ils aient le temps de l’interpeller.

C’est un mensonge, une nouvelle fois, ce qu’ont dit le Ministère de l’Intérieur de l’Espagne, le conseiller de l’Intérieur de Lakua ainsi que les reporters d’EiTB sur ordre du policier-journaliste Alberto Surio. Si nos concitoyens ont pendant un moment été en danger, cela a été par suite de décisions prises par les dirigeants du PSOE, de Lakua et de Madrid. Nous appelons nos concitoyens à prendre exactement les mêmes mesures de protection et de sécurité avec ces sièges que celles qu’il convient de prendre avec n’importe quelle autre installation militaire, en s’en éloignant, et en raison des risques dus aux sièges du PSOE et du PP qui se trouvent au-dessous de leurs appartements, à faire pression pour en obtenir la fermeture.

Nous adressons aux responsables et aux gérants de ces sièges un avertissement clair : qu’ils ferment ces sièges, ou qu’ils vident de leurs habitants les immeubles où ils sont implantés. Seuls éviteront d’être ou de devenir des objectifs d’ETA les dirigeants, ainsi que les sièges de leurs partis, qui se manifestent contre l’illégalisation, et, s’agissant du conflit que connaît le Pays Basque, en faveur d’une solution politique, fondée sur le dialogue, et démocratique.

– Nous revendiquons également l’attentat réalisé au moyen d’un véhicule chargé d’explosif le 29 juillet à Burgos (Espagne), contre la caserne de la Garde Civile.

Par suite de l’attentat, l’édifice qui abrite la caserne a subi des dommages considérables, et beaucoup de personnes y résidant ont été blessées.

A propos de l’attentat réalisé contre la caserne de la Garde Civile de Burgos, Alfredo Perez Rubalcaba, le ministre de l’Intérieur de l’Espagne, s’est efforcé de développer un point de vue selon lequel il s’agissait d’une tentative d’attentat qui visait les familles de la Garde Civile et qui n’avait pas atteint son objectif : quand, alors que la caserne se trouve tout à fait démolie, Rubalcaba déclare que l’attentat « a échoué », il confond sa volonté avec celle de l’ETA.

C’est lui qui guettait l’apparition de contradictions au sein d’ETA, et non pas ETA qui souhaiterait voir tués les proches et les enfants des gardes civils. C’est lui qui joue avec la vie des civils. C’est lui qui peut prendre des mesures pour que cela ne se produise pas et qui ne les prend pas.

Rubalcaba s’est mué en ministre du mensonge, de la désinformation et de la propagande : les soi-disant attentats d’anniversaire d’ETA, les prétendus débat interne et informations d’ETA, les militants drogués et ivrognes d’ETA, l’effondrement et l’affaiblissement des supposés responsables…

Tout est bon pour défigurer l’oppression et le conflit politique qu’Euskal Herria est en train de vivre tant avec la France qu’avec l’Espagne. Tout est bon pour agir contre ETA, même si ce n’est que pour masquer l’échec du pari de la répression et les craintes ressenties par l’appareil policier. Sur le parking de la plus grande caserne de la Garde Civile qu’il y ait à proximité d’Euskal Herria, ETA a laissé, garé durant une demi-journée, bourré d’explosifs, un véhicule signalé depuis trois mois par la presse et que toutes les polices ont recherché.

C’est là un fait qui ne peut être dissimulé que par le rabâchage de la propagande, de la désinformation et des mensonges assénés avec assurance. Comme ces dernières années, ce qui, ces dernières semaines, nous apparaît comme ayant « échoué » et réellement stérile, c’est seulement la stratégie répressive et le recours au tout-policier.

– En dernier lieu, nous revendiquons l’attentat réalisé le 30 juillet à Majorque (Pays catalans) contre la Garde Civile au moyen d’une bombe placée dans leur voiture, attentat au cours duquel ont trouvé la mort les gardes civils Carlos Saenz de Tejada et Diego Salva Lezaun.

Ce que veut ETA avec détermination, c’est ouvrir la voie à une solution démocratique qui permette de dépasser l’oppression d’Euskal Herria ; pour cela, c’est avec les armes que nous nous opposons à l’assujettissement qu’avec les armes l’Espagne impose à notre pays.

ETA n’a pas la volonté d’imposer quelque projet que ce soit, contrairement à ce qu’affirment les dirigeants espagnols. Ce qu’ETA poursuit comme objectif depuis de longues décennies, c’est une solution politique négociée rendant possible la concrétisation, de manière démocratique, de tous les projets politiques. L’autodétermination, la parole au peuple.

Mais les gouvernants d’Espagne et de France continuent à promouvoir l’oppression, la répression et l’issue policière. Ils se sont trompés par le passé et font fausse route actuellement encore.

Il y a peu, nous avons dit que venaient les errements répressifs, auxquels allaient succéder les réajustements politiques, et avec cela à nouveau la nécessité de trouver une issue politique et démocratique, fondée sur la justice, au conflit que vit Euskal Herria avec la France et l’Espagne.

Mais les dirigeants de l’Espagne et de la France ne connaissent que l’oppression et la répression. Et nous, les citoyens basques, par suite de l’impossibilité de décider de notre avenir politique, nous avons à supporter dans notre chair les conséquences de leur pari pour la répression.

La semaine dernière, la police autonome à la botte de l’Espagne a tué Remi Ayestaran à Villabona. Ertzaintza : mot composé paraît-il de « herri » et « zaintza » (ce qui signifie « protection du Pays Basque »). Le nom « Espainiazaintza » (« protection de l’Espagne ») serait plus juste pour désigner ces policiers basques gonflés d’orgueil qui tuent impunément.

Le fascisme espagnol, ces derniers mois, tente de réaliser des avancées dans une offensive politique répressive contre les milliers et milliers de citoyens, parents ou non des prisonniers, qui agissent pour la défense des Prisonniers Politiques Basques.

Les fascistes veulent en finir maintenant avec le soutien, l’affection et la solidarité que le peuple offre aux Prisonniers Politiques Basques. Ou, pour mieux dire, veulent donner le coup de grâce à ces diverses manifestations d’appui. Et voilà leur première victime.

Remi, c’est l’Ertzaintza d’Ares qui l’a tué. Remi, c’est l’alliance fasciste PP-PSOE du Caudillo Lopez qui l’a tué. Remi, ce sont les stratèges de l’illégalisation et de la répression qui l’ont tué. Mais Remi, l’ont également tué, en réclamant davantage de mesures policières, de prison et de répression, ceux qui ne jouent pas d’autre rôle que celui d’agitateur idéologique de la stratégie répressive, comme Txema Urkijo, Iñigo Lamarca, Maite Pagazaurtundua et Marixabel Lasa.

Ces bourreaux déguisés en victimes sont aussi les responsables du décès de Remi, eux qui incitent à la chasse aux sorcières contre la gauche abertzale. C’est précisément eux qui, s’activant à longueur de journée avec un salaire confortable et au nom de la paix et des victimes, portent cette responsabilité.

Tout comme les responsables politiques et les gouvernants qui, ces derniers jours, ont appuyé et ranimé l’oppression, la répression et la viabilité de la voie policière. C’est vraiment honteux et lamentable qu’au Congrès espagnol, tant le PNV qu’Aralar et Eusko Alkartasuna, ceux-ci par l’intermédiaire de NaBai, aient pu écrire, en accord avec les gouvernants espagnols, le communiqué significatif suivant :

« Nous voulons manifester à tous les membres de la Garde Civile notre reconnaissance pour leur travail et pour leur sacrifice permanent en défense de l’Etat de Droit, de notre liberté et de nos droits. De la même façon, notre appui et nos remerciements vont au travail que réalisent toutes les Forces et les Corps de Sécurité de l’Etat, qui obtiendront, comme tant d’autres fois, que les assassins soient remis à la justice et paient pour leur crime ».

NaBai et le PNV en viennent maintenant à louer les meurtres, tortures et menaces effectués au cours des dernières décennies en Euskal Herri par la Garde Civile. La fermeture d’ « Egunkaria » et de quelques autres organes de communication, tout comme l’opération contre Gaztesarea, voilà en quelque sorte un travail en faveur de notre liberté à nous, les citoyens basques. Ils en viennent maintenant à souligner le sacrifice et le travail qu’ont représenté pour la Garde Civile les cas de torture d’Igor Portu comme de milliers de nos concitoyens.

NaBai et le PNV, dans le communiqué signé conjointement avec le PP-PSOE, en viennent maintenant à dire que la Garde Civile, la Police espagnole et l’Ertzaintza sont les garants de la liberté et des droits de nous autres, citoyens basques. Qu’ils expliquent cela aux proches de Remi, aux militants basques qu’ils ont violentés durant toutes ces années dans les casernes, aux citoyens qui sont retournés chez eux tout tremblants à la nuit noire après un contrôle. Qu’ils expliquent cela aux proches de Jon Anza.

Que NaBai dise cela à la veuve et aux fils d’Angel Berrueta, ou à Alain Berastegi que les policiers ont séquestré, torturé et menacé à Arbizu durant de longues heures. C’est la même issue politique qu’Oreja, Acebes et Rubalcaba qu’en viennent à offrir le PNV, NaBai, ERC, BNG et ces gens qui vivent sur le filon politicard entourés de fascistes dans les couloirs de Madrid : nous laisser, nous, membres de l’ETA, pourrir en prison jusqu’à la mort, c’est là, paraît-il, la recette pour régler le conflit politique.

Qu’ils expliquent cela aux citoyens basques, qu’ils insèrent dans leurs programmes électoraux ces « Viva ! » à la Garde Civile et à l’Espagne.

Toutefois, pour Remi Ayestaran, il n’y a pas au Congrès espagnol de rassemblement particulier, ni de déclaration institutionnelle. Pour Remi Ayestaran, il n’y a pas de minute de silence.

Pour les proches de Remi Ayestaran, il n’y a pas d’indemnisation. Pour aller aux hommages à Remi Ayestaran, le PNV, NaBai et autres partis n’interrompent pas leurs vacances, ils ne prennent pas part à l’hommage : parce que Remi est un élu d’ANV qui devrait être en prison, un terroriste.

Pour Remi, il n’y a pas d’hommage au Parlement de Vitoria, parce que c’est là un espace où l’on honore seulement les oppresseurs de notre pays, et qui leur est réservé.

En cela consiste la tragédie de notre pays : devant l’oppression exercée par l’Etat, les politiques locaux font étalage de trahison. C’est honteux, lamentable. Nos condoléances les plus sincères aux proches et amis de Remi Ayestaran. Vive Remi !

Vive Baztan ! Vive Okana ! Vive le Pays Basque libre ! Vive le Pays Basque socialiste ! En avant jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !

En Euskal Herri, août 2009

EUSKADI TA ASKATASUNA

E. T. A.


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