Le PTB n’est pas le parti des travailleurs

Nous savons que de nombreux communistes sincères font partie du PTB en tant que militants de base. Bien souvent, ces camarades ont rejoint le PTB dans l’espoir de pouvoir y travailler pour la révolution, de militer au sein d’une organisation qui défendrait les intérêts des travailleurs et dont le but serait le renversement de la classe bourgeoise et la construction du socialisme. Il est de leur devoir de militant de critiquer constamment la direction de leur parti : « Chaque militant communiste doit se poser la question s’il saurait réagir correctement au cas où des fautes sérieuses se produiraient dans le travail de direction du parti » (extrait de la brochure du PTB « La crise du mouvement révolutionnaire en Europe »).

Occupation de l'ambassade du Pérou en soutien au PCP et à la Guerre populaire - Bruxelles, le 11 mars 1993

Occupation de l’ambassade du Pérou en soutien au PCP et à la Guerre populaire – Bruxelles, le 11 mars 1993

Nous, le Collectif d’Agitation et de Propagande Communiste, sommes convaincus que, depuis longtemps déjà, des fautes très graves se produisent et se perpétuent dans le travail de direction du PTB. Nous allons montrer maintenant pourquoi le PTB, du fait de ces déviations politiques, n’est pas un parti révolutionnaire, et en quoi il entrave les progrès de la lutte communiste révolutionnaire en Belgique.

Le PTB est avant tout un parti révisionniste

En 1914, Lénine écrit : « Le révisionnisme ou ‘révision’ du marxisme est à l’heure actuelle l’une des principales manifestations, sinon la principale, de l’influence bourgeoise sur le prolétariat et de la corruption des prolétaires par la bourgeoisie. »1 Le révisionnisme se caractérise notamment par le fait qu’il « vide le marxisme de son contenu révolutionnaire, qu’il met au premier plan, qu’il exalte ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. »2

En quoi ceci s’applique-t-il au PTB ? C’est à cela que nous allons répondre.

Le PTB est révisionniste parce qu’il est opportuniste

Au lieu d’élever les contradictions du particulier vers le général, l’opportunisme sacrifie le général au particulier, demain à aujourd’hui, la Révolution aux luttes sans lendemain. « ‘Le but final n’est rien, le mouvement est tout’, proclamait l’opportuniste Bernstein. L’opportunisme au sein du mouvement ouvrier, disait Lénine, est un meilleur défenseur de la bourgeoisie que la bourgeoisie elle-même, il est notre principal ennemi »3.

Ainsi le PTB collabore-t-il avec « tous les partis et organisations d’ouvriers et de travailleurs »4, et cela sans que le PTB n’exige une quelconque unité politique. Le PTB veut regrouper des forces au détriment de la ligne politique : son affirmation « Pour les marxistes, une méthode d’action est la meilleure si elle permet de mobiliser un maximum la force des masses » le prouve admirablement !

Il n’est donc pas étonnant que le PTB organise des campagnes antiracistes du type Objectif 479.917 dont les mots d’ordre petits-bourgeois regroupent des scouts aux anarchistes !

En ce qui concerne Objectif, les revendications étaient « démocratiques et radicales »5, non révolutionnaires. Il faut bien sûr comprendre ici « démocratique » au sens bourgeois, puisque le but est d’obtenir le droit de vote pour les immigrés. « Partageons tous les mêmes illusions de démocratie, Belges ou immigrés ! », tel est donc le mot d’ordre du PTB. Non seulement le PTB mène sa campagne en se basant sur les résultats électoraux des fascistes, mais en plus il entend utiliser le parlementarisme pour lutter contre le racisme et le fascisme.

Pour cela le PTB tente de rassembler autour de lui de nombreuses forces, et non pas de les gagner à une politique unique : celle de la Révolution. Etre révolutionnaire, c’est lutter contre le capital sous toutes ses formes : démocratie bourgeoise ou fascisme. Certes, le PTB se targue de défendre quotidiennement les intérêts concrets des travailleurs et du peuple.

Ce n’est pas cette lutte partielle, pas plus que la participation populaire faible, mais non négligeable, à ces luttes, qui font du PTB une organisation révolutionnaire. En effet, cette lutte est dépolitisée par le PTB, vidée de la possibilité d’élever cette contradiction partielle au niveau de la contradiction globale révolutionnaire, à savoir la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat.

Le PTB, comme les syndicats depuis longtemps déjà, oublie le but et se concentre sur les moyens. Le combat que le PTB prétend mener contre les licenciements, le racisme, etc., est lui-même déforcé par l’absence de perspective révolutionnaire, et parce que le PTB s’allie à n’importe qui (sauf au Vlaams Blok et aux vrais révolutionnaires). La politique authentiquement révolutionnaire doit défendre quotidiennement les intérêts des travailleurs et elle le fait mieux que n’importe quelle organisation révisionniste, car elle vise sans cesse le but final : la prise du pouvoir par le prolétariat.

En ce qui concerne le soutien que le PTB apporte parfois à d’autres organisations communistes, il s’agit d’un soutien purement opportuniste. Ainsi le PTB soutient-il depuis peu la lutte juste menée par le Parti Communiste du Pérou, mais ce soutien n’est pas basé sur une analyse politique. Si son soutien était politique, le PTB exprimerait ses divergences avec le PCP, p.ex. à propos de la lutte armée pour le communisme en Europe : le Président Gonzalo voit dans la lutte armée en Europe un moyen efficace pour combattre le révisionnisme6. Le PTB, lui, n’analyse pas cette position et n’en parle même pas. Si le PTB soutient aujourd’hui le PCP [Après avoir soutenu unilatéralement le MRTA (Movimiento Revolucionario Tupac Amaru), guévariste péruvien ndlr], c’est parce que − face à l’avancement de la Guerre Populaire au Pérou − il ne pouvait plus faire autrement.

Le PTB est révisionniste parce qu’il « s’incline servilement devant la démocratie bourgeoise » 7

Le révisionnisme a historiquement toujours enseigné au peuple que c’est au parlement que le prolétariat doit gagner le pouvoir ; comme le dit Lénine, le révisionnisme verse ainsi un vin nouveau dans les vieilles outres de l’état bureaucratique.

Nous n’affirmons pas ici que le PTB croit conquérir le pouvoir par les élections, ni qu’il conquerra le pouvoir d’ailleurs. Toutefois sa participation aux élections (très régulière, ce que nous rappelons aux camarades qui seraient peu habitués au folklore politique bourgeois en Belgique) a pour seule fonction de cautionner la démocratie bourgeoise.

Vu la très grande importance de la démocratie bourgeoise dans l’idéologie bourgeoise actuelle, tout ce qui rentre dans le jeu des élections et du parlementarisme est extrêmement nuisible pour le mouvement révolutionnaire. Le Parti Bolchevique de Lénine ne se présentait à la Douma que quand il était sûr d’y entrer massivement (mais pas nécessairement en tant que vainqueur des élections). Il siégeait au parlement pour exercer sa force contre la bourgeoisie, non pour exposer sa faiblesse et légitimer l’ordre politique bourgeois, comme le fait le PTB. Le parlementarisme est la voie du révisionnisme ; sa critique est la voie de la révolution.

Le PTB est révisionniste parce qu’il « prône la collaboration de classe »8

La collaboration avec des éléments progressistes issus de la petite-bourgeoisie fait sombrer le PTB dans le progressisme sans réel contenu politique. Cette collaboration se manifeste notamment dans les activités pacifistes, humanistes, antiracistes du PTB, mais aussi dans des campagnes du genre « Médecine pour le Tiers-Monde » (où le PTB s’allie avec des tiers-mondistes petits-bourgeois).

Le PTB est révisionniste parce qu’il refuse la violence révolutionnaire

Toutes les luttes que mène actuellement le PTB sont des luttes légales ou syndicales. Cela montre son respect effréné de la légalité bourgeoise. Ce culte de la légalité atteint son summum quand le PTB, développant ses inquiétudes paranoïaques concernant l’augmentation des forces de répression, pousse des cris d’hystérie devant toute action ou initiative révolutionnaire, qui amène nécessairement une accentuation de la répression. Laissons le Président Mao répondre aux angoisses du PTB : « Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre nous et l’ennemi ». Celui qui se subordonne à la légalité se subordonne à la bourgeoisie.

Le PTB est aussi un parti monopoliste

Se prétendant « seule alternative révolutionnaire dans les domaines politique et organisationnel et dans la pratique »9, le PTB cherche à monopoliser toute lutte révolutionnaire, toute initiative communiste, ce qui est en contradiction avec son ouverture apparente à « toute organisation d’ouvriers et de travailleurs ». Mais cette ouverture apparente n’est rien d’autre que de l’opportunisme visant à rassembler des forces autour de lui. Il frise souvent le ridicule, réclamant la propriété privée de mots d’ordre tels que « Tout le pouvoir aux ouvriers » et des photos de Marx, Engels et Mao. Nous citons : « En reprenant certains de nos mots d’ordre (‘Tout le pouvoir aux ouvriers’), en reproduisant les photos de Marx, Engels, Mao, les CCC cherchaient à faire croire que leur activité provocatrice avait une quelconque relation avec le PTB. »10

Allant plus loin, le PTB prétend effectuer des campagnes de solidarité envers diverses luttes ouvrières, mais on découvre bien vite que c’est dans le but de s’approprier tout soutien à ces luttes : ainsi le Collectif Ligne Rouge [collectif de soutien aux Cellules Communistes Combattantes, ndlr] avait versé une somme importante aux mineurs britanniques en grève ; par malheur l’argent devait transiter par le PTB : « En versant de l’argent sur ce compte, [ils] cherchaient à [s’assimiler au] PTB. »11

Dans ce but monopoliste, le PTB tente d’éviter, ou carrément d’écarter, tout débat politique. Ainsi, nous ne relevons aucune critique politique dans l’article diffamatoire de Solidaire sur notre action d’occupation de l’ambassade du Pérou en soutien au Parti Communiste du Pérou. Le PTB se contente de traiter notre action d’internationalisme prolétarien de « provocation policière ». Bien sûr, cette fuite devant le débat politique − s’accompagnant de nombreuses calomnies et injures − permet au PTB de nier a priori, et sans même devoir en discuter, la pertinence, l’efficacité et la justesse de toute action et de toute lutte qu’il ne contrôle pas. Cela s’étend caricaturalement à tous les militants que le PTB ne connaît pas : « Si [les CCC] avaient eu les moindres origines marxistes, le PTB les aurait certainement connues ».

Même les organisations petites-bourgeoises concurrentes au PTB ne sont pas épargnées : dans le Solidaire du 17/2/93, le PTB assimile le discours du POS [Parti Ouvrier Socialiste, ancien nom de la LCR belge ndlr] à celui du Vlaams Blok sous le titre « des similitudes remarquables ». Tout cela parce qu’ils critiquaient tous deux la campagne opportuniste Objectif 479.917. Bien que nous n’ayons aucune sympathie pour le POS, la bonne foi la plus élémentaire nous interdit pourtant pareil amalgame !

Nous en arrivons ici à un sujet important : le PTB dénie à toute organisation (communiste sincère, ou petite-bourgeoise) le droit de critiquer sa ligne sans être immédiatement qualifié de fascistes ou de flics, et il n’émet jamais aucune critique politique envers les autres partis et leurs actions. Pire encore, le PTB n’entreprend jamais d’autocritique publique : quand il abandonne une position politique, il ne juge pas nécessaire d’expliquer pour quelles raisons il défendait cette position auparavant, et en quoi il trouve ces raisons erronées.

Même le Parti Communiste, celui des avant-gardes du prolétariat, celui que nous communistes devons construire aujourd’hui, celui qui à juste titre pourrait prétendre inclure et globaliser toutes les luttes, se doit de critiquer les lignes et les actions politiques qu’il juge fausses. C’est ce que faisait le Parti Ouvrier Social-Démocrate Russe dirigé par Lénine : non seulement il critiquait la ligne des autres partis, mais en plus il répondait sans cesse aux critiques adressées au Parti12. Le PTB se croit sans doute au-dessus de cela.

Conclusion

Nous disons que le PTB sert actuellement les intérêts de la bourgeoisie au sein du prolétariat. Cela ne signifie pas que des fascistes, des flics ou des agents secrets manipulent le PTB. Cela signifie que la ligne politique de cette organisation, jadis sincèrement communiste (aux débuts d’AMADA-TPO), a dévié et s’est retournée contre la Révolution.

Cette déviation n’est pas due à des « manipulations suspectes », mais à des erreurs politiques de jugement − comme le refus de la violence révolutionnaire − et à un manque au niveau du débat politique et de l’analyse précise (économique, stratégique…). Une telle situation est causée par l’importance croissante des tendances bourgeoises au sein du parti. C’est cet essor de la bourgeoisie qui fait triompher le révisionnisme, et il n’en fut d’ailleurs pas autrement en URSS après Staline.

Dans le cas du PTB, c’est sa collaboration de classe avec une partie de la « gauche » humaniste, réformiste et petite-bourgeoise (pacifistes bêlants, défenseurs indignés des droits de l’homme et du « Tiers Monde ») qui a permis aux tendances bourgeoises de se développer.

« Rien pour la Révolution, tout pour aujourd’hui », disait Lénine, raillant le révisionnisme. Et que fait aujourd’hui le PTB ? Il cherche à monopoliser et à gérer les luttes à son profit. Il travaille au profit du réformisme, du révisionnisme, de l’idéologie petite-bourgeoise, de la légalité et de la démocratie bourgeoise ; il travaille donc contre la Révolution. C’est pourquoi nous pensons que tout camarade sincère doit quitter le PTB afin de participer à la construction d’une organisation authentiquement révolutionnaire.

Abattons le révisionnisme pourri !

Pour la Révolution !

C.A.P.C.
(Collectif d’Agitation et de Propagande Communiste)

  1. Lénine, « Sur la lutte contre le révisionnisme », recueil de citations édité par le Parti Communiste du Pérou
  2. Ibidem
  3. Ibidem
  4. en page 2 de chaque Solidaire
  5. Solidaire du 17/2/93
  6. Interview du Président Gonzalo dans « El Diario », juillet 1988
  7. Lénine, « Sur la lutte contre le révisionnisme ».
  8. Ibidem
  9. « Parti et front », PTB, p.5
  10. Solidaire du 7/4/93, dans « Discréditer la solidarité avec la révolution péruvienne ? », p.18.
  11. Ibidem
  12. Lénine, Œuvres complètes, tomes 1-45, Editions du Progrès, Moscou, 1966

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