7. Dans cette conjoncture de transition, la caractéristique dominante du programme politique général est la conquête des masses à la lutte armée et leur organisation sur ce terrain, les deux étant des conditions essentielles pour le passage à la phase de la guerre civile général.

Ce passage n’apparaît pas comme objectivement possible sans que soient patiemment formés tous les instruments organisationnels que la situation requiert. C’est-à-dire tant que le prolétariat métropolitain n’a pas conquis la capacité politico-militaire de manifester sa force dans un mode unitaire, mais également dans ses formes multiples que sa structure complexe revendique.

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Le système du Pouvoir Prolétaire est justement la manifestation organisée, autonome et offensive de cette unité du multiple.

La croissance du pouvoir rouge dans la métropole impérialiste s’opère à partir de trois points décisifs, qui définissent par là leur originalité historique respective, par exemple par rapport aux expériences soviétique et chinoise.

A. Il s’est consolidé dans les lieux de condensation maximum du pouvoir ennemi, comme sa négation antagonique organisée. Il n’a pas de territoire libéré particulier, parce qu’il fait face à l’ennemi à l’intérieur de son propre territoire et dans ses propres institutions : dans les usines capitalistes, dans les quartiers, dans les prisons, dans l’école.

Il n’est pas « légal », mais tire sa légitimité du consensus que son action collecte dans les masses prolétaires.

B. Il se manifeste sous la forme de bases rouges invisibles, des réseaux clandestins de masses, qui agissent dans les centres vitaux de la formation sociale capitaliste, assument l’ensemble des devoirs requis d’une révolution prolétaire qui veut être social, et qui investissent tous les rapports sociaux, à partir de celui de la production, qui est fondamental.

Tandis qu’il attaque, use, désarticule et brise l’appareil d’État existant, il construit les institutions stables de la dictature du prolétariat, de l’État prolétarien, et exerce cette dictature dans les formes théorique, politique, coercitive de manière toujours plus décisive et étendue.

C. Le pouvoir rouge est donc processus, rapport, système.

Processus, parce que dans la destruction du pouvoir ennemi il construit et se renforce lui-même.

Rapport, parce qu’il existe seulement en tant que négation/destruction vivante de l’État impérialiste et du mode de production que celui-ci garantit.

Système, parce que de manière interne il se stratifie, dans une dialectique articulée et complexe, de multiples niveaux de conscience et d’organisation, expression des figures multiples qui forme le prolétariat métropolitain ainsi que de leur histoire.

Le système du pouvoir rouge est de fait la manifestation organisée, autonome, articulée et offensive de cette « unité du multiple » et ne soutient pas la réduction unilatérale à l’une ou l’autre de ses composantes essentielles, qui sont : le Parti Communiste Combattant en formation, les organismes révolutionnaires de masse, le mouvement des masses révolutionnaires.

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Il ne soutient pas, en outre, la séparation entre le « politique » et le « militaire » de quelque forme que ce soit, parce que le contenu et la forme, dans la guerre de classe prolétarienne de longue durée pour le communisme, coïncident.

La défense de ce principe essentiel, dans chaque phase de la lutte révolutionnaire et dans chaque organe du système du pouvoir rouge, constitue une condition de classe à laquelle on ne peut nullement renoncer pour la victoire.

Encore à critiquer est la thèse qui soutient que le système du pouvoir prolétaire se construit de lui-même et non pas plutôt dans le rapport au pouvoir ennemi, le pouvoir de la bourgeoisie.

En substance, cette thèse nie que le lieu de fondation du pouvoir réside dans le camp de la pratique des classes en lutte. Elle ne comprend pas que le pouvoir est un rapport de force entre les classes, ou dit de manière meilleure, un ensemble de rapports qui sont reliés dialectiquement, à tous les niveaux de la formation sociale capitaliste, les classes sociales dans leurs intérêts antagoniques.

Un pouvoir prolétaire « séparé », « indépendant » du pouvoir de la bourgeoisie n’existe à aucun niveau, ni économique, ni idéologique et encore moins politique. Le pouvoir d’une classe est en fait sa capacité de réaliser ses propres intérêts spécifiques à l’intérieur du rapport de domination et de subordination qui est déterminée et duquel elle est déterminée. Le pouvoir de la classe est donc l’ensemble des pratiques organisées qu’elle sait développer dans le rapport avec les autres classes, pour affirmer et imposer ses intérêts.

Les pratiques organisées pour réaliser les intérêts économiques, politiques, idéologiques.

Les pratiques organisées contre les autres pratiques organisées pour nier ces intérêts et pour en imposer d’autres.

C’est en cela que consiste l’essence de la guerre de classe et c’est pour cela qu’elle définit comme ses sujets d’un côté l’État, qui est le « centre d’exercice du pouvoir » politique, militaire et également toujours plus idéologique et économique, de la bourgeoisie impérialiste ; de l’autre le Système du Pouvoir Rouge.

Construire le pouvoir prolétarien veut dire lutter contre le pouvoir de la classe adverse. Hors de cette relation, dans la société capitaliste métropolitaine, il n’y a pas pour le prolétariat aucune pratique de pouvoir qui peut effectivement aboutir à la libération.

C’est dans l’attaque au cœur de l’État que s’ouvre l’horizon de ses intérêts de classe, fondant toujours plus pleinement son programme politique général, renforçant et étendant son autonomie.


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