BLACK PANTHER PARTY : LE PROGRAMME EN 10 POINTS
CE QUE NOUS VOULONS – CE QUE NOUS CROYONS

15 octobre 1966

1 – Nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de déterminer la destinée de notre Communauté Noire.

Nous croyons que les Noirs ne seront pas libres tant qu’ils ne pourront pas décider de leur propre destinée.

2 – Nous voulons le plein emploi pour notre peuple.

Dessin d’Emory Douglas illustrant le point 5 du Programme en 10 points du BPP et la doctrine de l’autodéfense armée

Dessin d’Emory Douglas illustrant le point 5 du Programme en 10 points du BPP et la doctrine de l’autodéfense armée

Nous croyons que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral de fournir à chacun un emploi ou un revenu garanti. Nous croyons que si les hommes d’affaire américains ne veulent pas nous garantir le plein emploi, alors les moyens de productions doivent leur être retirés et placés entre les mains de la communauté, ainsi les gens de cette communauté pourront s’organiser et employer tous ses membres et leur donner un mode de vie haut de gamme.

3 – Nous voulons que cesse le pillage de la communauté noire par les Blancs.

Nous croyons que ce gouvernement raciste nous a volé, et aujourd’hui, nous exigeons le remboursement de l’arriéré de la dette impayée de deux mules et de 40 acres qui furent promis il y a un siècle en compensation de l’esclavage et du meurtre massif des Noirs.

Nous accepterons le paiement en espèces qui sera distribué à toutes nos communautés. Les Allemands aident aujourd’hui les Juifs en Israël à titre de réparation du génocide de leur peuple. Les nazis tuèrent 6 millions de Juifs. Les racistes américains ont pris part au massacre de plus de 50 millions de Noirs ; voilà pourquoi nous considérons que notre requête est bien modeste.

4 – Nous voulons des logements décents, aptes à abriter des êtres humains.

Nous croyons que si les propriétaires blancs ne fournissent pas de logements décents à la communauté noire, alors le logement et la terre devront être transformé en coopératives ainsi, avec l’aide du gouvernement, nous pourrons construire des logements décents pour les gens.

5 – Nous voulons l’éducation pour notre peuple qui exposerait la véritable nature décadente de la société américaine. Nous voulons une éducation qui nous apprenne notre véritable histoire et notre rôle dans la société actuelle.

Nous croyons en un système éducatif qui donnera à notre peuple la connaissance de lui-même. Si un homme n’a pas la connaissance sa position dans la société et dans le monde, alors il n’a qu’une faible chance pour qu’il s’intéresse à quelque chose d’autre.

6 – Nous voulons que tous les hommes noirs soient exemptés du service militaire.

Nous croyons que les Noirs ne devraient pas être forcés de se battre dans le service militaire pour défendre un gouvernement raciste qui ne nous protège pas. Nous ne combattrons ni ne tuerons d’autres gens de couleur dans le monde qui, comme les Noirs, sont persécutés par le gouvernement raciste blanc américain. Nous nous protégerons nous-mêmes contre la brutalité et la violence exercées par la police et les militaires racistes, par tous les moyens nécessaires.

7 – Nous voulons une fin immédiate aux meurtres et aux brutalités de la police.

Nous croyons qu’il est en notre devoir de faire cesser la brutalité policière contre nos communautés noires en s’organisant en groupes d’autodéfense noirs destinés à défendre la communauté noire de la brutalité et de l’oppression de la police raciste. Le second amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique donne le droit de porter des armes. Nous pensons donc que les Noirs doivent s’armer eux-mêmes pour l’autodéfense.

8 – Nous voulons la liberté pour tous les Noirs détenus dans les prisons et pénitenciers fédéraux, d’Etat, de comté et municipaux.

Nous croyons que tous les Noirs devraient être relâchés des innombrables prisons parce qu’ils n’ont pas été jugé en toute justice et en toute impartialité.

9 – Nous voulons que tous les Noirs, lorsqu’ils comparaissent devant un tribunal, soient jugés par un Jury composés de leurs pairs, ou par des gens issus de leurs communautés noires, comme le stipule la Constitution des Etats-Unis.

Nous croyons que les tribunaux devraient s’en tenir à la Constitution des Etats-Unis afin que les Noirs soient jugés équitablement. Le 14ème amendement de la Constitution des E.U. donne à tout homme le droit d’être jugé par ses pairs. Un pair est une personne d’un milieu économique, social, religieux, géographique, historique, identique et de même origine raciale. Pour le juger, la Cour devra être forcé de sélectionner un jury dans la communauté noire d’où provient l’accusé noir. Nous avons été, et nous sommes toujours jugés par des jurys composés uniquement de Blancs qui n’ont aucune compréhension de la mentalité du Noir moyen dans la Communauté.

10 – Nous voulons de la terre, du pain, des logements, un enseignement, de quoi nous vêtir, la justice et la paix, et comme notre objectif principal : un plébiscite supervisé par l’Organisation des Nations Unies se déroulant dans la « colonie » noire, et auquel ne pourront participer que des sujets noirs « colonisés », afin de déterminer la volonté du peuple noir quant à sa destinée nationale.

Quand au cours de l’Histoire humaine, il devient nécessaire pour un peuple de rompre les liens politiques qui l’assujettissaient à un autre, et de se faire parmi les puissances du monde la place de nation indépendante et à part entière à laquelle lui donnent droit les lois de la nature et du Créateur, le respect des opinions d’autrui exige que ce peuple fasse connaître les raisons qui l’ont poussé à la rupture.

Nous tenons pour vérités premières que les hommes naissent égaux ; qu’ils ont été pourvus par le créateur de certains droits inaliénables parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Que pour sauvegarder ces droits, des gouvernements ont été institués parmi les hommes, qui détiennent leurs pouvoirs légitimes du consentement des gouvernés ; que chaque fois qu’un type de gouvernement s’avère aller à l’encontre de ces fins, il est du droit des gens de le modifier ou de l’abolir, et d’instituer un nouveau gouvernement reposant sur des principes tels, et organisant ses pouvoirs d’une manière telle, qu’il paraisse plus en mesure d’assurer leur sécurité et leur bonheur.

La prudence, bien sûr, exige que les gouvernements depuis longtemps établis ne soient pas changés pour des raisons futiles et éphémères ; et l’expérience montre effectivement que l’homme est plus enclin à souffrir, lorsque les maux sont supportables, qu’à user de son droit pour changer la situation à laquelle il est habitué. Mais quand une longue suite d’abus et d’usurpations, poursuivant invariablement le même objectif, montre la volonté d’un gouvernement à exercer un despotisme absolu à l’encontre de l’homme, il est de son droit, il est de son devoir de détruire un tel gouvernement et de se donner de nouveaux garants pour sa sécurité future.


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