Le jeune État soviétique souleva un très grand enthousiasme chez les jeunes artistes, avec parfois une large incompréhension. En effet, Lénine avait toujours souligné l’importance de l’héritage national, alors que les artistes happés par le futurisme ne voyaient les choses que par le prisme de la modernité la plus totale, avec une interprétation plus ou moins délirante.

Le kiosque à journaux conçu par Alexandre Rodtchenko en 1919 reflète cette vision très forcée des choses ; à l’esthétique ultra-géométrique s’associe un idéalisme très prononcé, puisque le kiosque dispose d’une plate-forme où peut prendre place un propagandiste.

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Dans cette autre version, on peut lire inscrit en grand : « L’avenir est notre seul but ».

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Le club ouvrier imaginé en 1925 est déjà d’un esprit beaucoup plus concret, avec son journal mural profitant de bandes mobiles pour faire défiler automatiquement les pages, un éclairage puissant, un endroit pour les annonces, etc. Les couleurs employés sont uniquement le gris, le rouge, le noir et le blanc.

En voici l’entrée et les panneaux de présentation, montré lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, à Paris la même année.

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Voici la table avec double fauteuil imaginée pour le jeu d’échecs, ainsi que la bibliothèque.

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De manière bien plus concrète, Alexandre Rodtchenko réalisa de nombreuses affiches pour la compagnie aérienne Dobrolet et la promotion de son financement.

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Fondée en 1923, Dobrolet devint Aeroflot en 1932.

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Sur l’affiche suivante, on peut lire :

« Ayez honte que votre nom ne soit pas encore sur la liste des actionnaires de Dobrolet. Tout le pays accorde de l’intérêt à cette liste. Un rouble fait de chacun un actionnaire. Dobrolet. Vente d’actions. Moscou, Prombank, Iljinka, place de la bourse 2/7, et dans toutes les agences de Dobrolet et de la banque industrielle d’État. »

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La participation d’Alexandre Rodtchenko à un projet aussi important que l’établissement d’une compagnie aérienne dans le pays montre le passage de l’artiste se voulant d’avant-garde, mais sans perspective, à une dimension active dans le cadre de l’État soviétique. C’était tout une nouvelle dynamique qui se mettait en place.

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Alexandre Rodtchenko mena une activité ininterrompue en faveur de l’imagerie de l’industrie nouvelle et sa diffusion. Il fit également les couvertures de numéros de la revue L’auditeur de la radio, en 1929.

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Voici deux paquets conçus par lui pour les confiseries de l’usine d’État Octobre rouge.

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Cependant, c’est sa collaboration avec l’écrivain Vladimir Maïakovski qui va donner un élan marquant à son activité. Le graphisme de celui qui est devenu un designer se combine avec les slogans du poète pour former des affiches en faveur de l’industrie naissante.

Voici une affiche expliquant que « la presse est notre arme », avec des titres de la presse publié par le Mospoligraf, puis une autre en faveur des crayons diffusés par cet organisme.

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Le photomontage réalisé pour l’oeuvre Pro èto (Au sujet de cela) de Vladimir Maïakovski de 1923 est particulièrement célèbre. On peut y voir Lilya Brik, connue pour également être sur l’affiche des éditions Lengiz.

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Les illustrations pour Pro èto se révèlent par contre encore totalement imprégnés de futurisme, avec l’approche expressionniste dans le collage.

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Alexandre Rodtchenko travailla également pour le Mosselprom, l’administration moscovite des coopératives rurales, imaginant leur design, façonnant avec sa femme Varva Stepanova, elle-même une artiste, des slogans pour le bâtiment.

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Alexandre Rodtchenko réalisa également des affiches pour le cinéma, comme pour Le cuirassé Potemkine, le classique de Sergeï Eisenstein.

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Voici ses affiches pour le réalisateur Dziga Vertov, notamment son film intitulé Ciné-Oeil.

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