LUTTE COMMUNISTE MARXISTE-LÉNINISTE :
PLATE-FORME POLITIQUE ET RÉSOLUTIONS
(Conférence d’octobre 1972)

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PARTI COMMUNISTE ET LUTTE DE CLASSES

I. LUTTE DE CLASSES ENTRE BOURGEOISIE ET PROLÉTARIAT

Les problèmes de l’organisation des communistes, de la création du parti doivent être posés en fonction du rôle du parti dans la lutte des classes.

– La lutte du prolétariat au niveau politique existe antérieurement au parti : avec ou sans parti une lutte entre bourgeoisie et prolétariat existe à tous les niveaux.

Mais la lutte au niveau politique tant qu’elle n’est pas organisée par le parti communiste, ne peut aboutir à l’instauration de la dictature du prolétariat, ni même détruire durablement le pouvoir de la politique de la bourgeoisie.

– La lutte économique du prolétariat se manifeste dans les revendications portant sur les conditions et le prix de la vente de la force de travail. Elle ne met pas en question le fondement de l’exploitation, à savoir les rapports techniques et sociaux de production bourgeois.

En l’absence du parti, ces luttes restent dominées idéologiquement et politiquement par la bourgeoisie.

La classe ouvrière ne supprimera l’exploitation qu’en instaurant sa dictature sur les exploiteurs, en construisant le socialisme et le communisme.

II. LE MARXISME – SCIENCE AU SERVICE DU PROLÉTARIAT

Le parti doit montrer aux masses par qui et comment elles sont exploitées, quels sont leur véritables intérêts et comment les réaliser. Il doit aussi démasquer l’idéologie bourgeoisie et la remplacer dans les masses par l’idéologie prolétarienne, fondée sur la science marxiste, qui seule permet la connaissance réelle de la société ; bref, faire pénétrer le marxisme dans la lutte spontanée du prolétariat.
Ainsi, la lutte idéologique est partie intégrante du travail fondamental du parti : la lutte politique.

III. LE RÔLE DU PARTI DANS LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE

Le rôle du parti est d’organiser et d’éduquer la classe révolutionnaire, le prolétariat, de regrouper autour d’elle certaines fractions de classes et couches sociales dont les intérêts coïncident avec ceux du prolétariat qui constituent l’immense majorité de la population. Cela, afin de détruire la dictature de la bourgeoisie et d’instaurer la dictature du prolétariat.

Le premier acte de la révolution est de s’emparer de l’Etat et de détruire son appareil répressif, principal garant de la domination de la bourgeoisie, et son remplacement par l’Etat prolétarien. De nouveau, c’est à travers son avant-garde politique, le parti, que le prolétariat exerce son hégémonie au niveau du pouvoir de l’Etat.

Le parti joue aussi un rôle prépondérant dans le maintien et le renforcement de la dictature du prolétariat, condition indispensable pour engager le pays vers le socialisme et préparer ainsi la disparition des classes sociales donc l’extinction de l’Etat et du parti lui-même.

IV. STRATÉGIE RÉVOLUTIONNAIRE

La prise du pouvoir politique en tant que condition de la dictature du prolétariat n’est réalisable que lorsque les contradictions de classes à tous les niveaux de la formation sociale convergent en un point de rupture globale : la situation révolutionnaire est caractérisée par une crise des rapports de production, des rapports juridiques, des rapports idéologiques et principalement des rapports politiques.

L’Etat constitue le lieu de condensation de ces différentes contradictions. Le prolétariat organisé et ses alliés doit donc en priorité s’emparer du pouvoir politique et détruire l’appareil d’Etat bourgeois.

L’évolution des contradictions vers une telle situation dépend en grande partie de l’action du prolétariat lui-même et de son avant-garde politique.

Ces contradictions internes doivent être analysées dans leurs rapports avec la conjoncture internationale qui les surdétermine.

Il revient donc au parti de pouvoir, à chaque étape reconnaître l’articulation de ces différentes contradictions et d’élaborer une stratégie capable d’agir sur elles dans le sens du développement des forces du prolétariat et de l’affaiblissement de ses ennemis en vue de l’affrontement décisif.

De même, une fois la victoire emportée, il doit élaborer une stratégie qui vise à renforcer et à développer les conquêtes du prolétariat et à extirper l’ennemi de classe de ses derniers bastions. Cela exige de reconnaître dans chaque situation, la contradiction principale et les contradictions secondaires, et en fonction de cette analyse, de déterminer quelles sont les masses révolutionnaires, d’élever leur niveau de conscience et de les organiser dans la lutte.

LA SITUATION MONDIALE ET LA LIGNE GÉNÉRALE

1° Les principes révolutionnaires

La ligne générale du mouvement communiste international doit être fondée sur les théories scientifiques du matérialisme dialectique et du matérialisme historique qui mettent en lumière les lois générales du développement de l’histoire mondiale. Elle doit refléter les conditions concrètes de la révolution prolétarienne de notre temps et définir les tâches stratégiques qu’elles assignent au prolétariat international et aux peuples de tous les pays.

Les principes révolutionnaires en sont :

« Union de tous les prolétaires du monde, union de tous les prolétaires et de tous les peuples et nations opprimés du monde pour combattre l’impérialisme, le social-impérialisme et la réaction des différents pays, assurer la paix mondiale, faire triompher la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme, consolider le camp socialiste et accroître sa puissance, conduire la révolution mondiale du prolétariat étape par étape à la victoire totale et bâtir un monde nouveau sans impérialisme, sans capitalisme et sans exploitation de l’homme par l’homme ».

2° Un système lié de contradiction

La ligne générale définit la stratégie révolutionnaire mondiale à la stratégie contre-révolutionnaire mondiale de l’impérialisme, ayant à sa tête l’impérialisme US ; elle part de l’analyse concrète de la réalité mondiale d’aujourd’hui prise dans son ensemble, de l’analyse de classe des quatre contradictions fondamentales du monde contemporain ; celles-ci opposent

– le prolétariat à la bourgeoisie des pays capitalistes

– les pays et nations opprimés à l’impérialisme

– le camp socialiste au camp impérialiste

– les pays impérialistes, les groupes monopolistiques entre eux.

Cette ligne constitue le programme commun à tout le mouvement communiste international. Ces quatre contradictions forment un système lié pour toute la période historique contemporaine et qui s’achèvera avec la victoire mondiale de la révolution prolétarienne (disparition du système impérialiste de l’histoire) ; on ne peut donc en retrancher subjectivement l’une d’entre elles ou les privilégier unilatéralement, au contraire, elles sont présentes chacune dans les trois autres et se surdéterminent mutuellement.

Qu’elles forment un système lié permet de comprendre qu’elles puissent converger et former un point de rupture d’avec la chaîne impérialiste. Actuellement, le caractère extrêmement aigu de l’exploitation et de l’oppression impérialiste de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine provoquent une résistance sans cesse accrue qui sape cette domination elle-même. C’est vers ces vastes régions dominées par l’impérialisme que convergent aujourd’hui les contradictions du monde contemporain : elles en constituent le « maillon le plus faible » et la « zone des tempêtes ».

Les luttes de libération nationale et les révolutions démocratiques qui s’y développent font partie intégrante de la révolution prolétarienne de notre temps. Leur caractère et leur développement sont affectés par le soutien qu’elles reçoivent des pays socialistes et du prolétariat des pays impérialistes, ainsi que par les contradictions interimpérialistes qui favorisent ces luttes.

3° L’impérialisme et le social-impérialisme

D’autre part, on trouve l’impérialisme à l’un des pôles de chacune des contradictions. Le capitalisme américain est devenu le plus fort capital monopoleur du monde, il a conquis une position d’hégémonie au sein du camp impérialiste et est devenu le centre mondial de la contre-révolution, il est et reste le principal ennemi des peuples du monde, c’est lui qu’il faut isoler par priorité. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, le système impérialiste offrait un visage nouveau ; d’une part les belligérants d’Europe et le Japon se trouvaient ravagés par les destructions massives du conflit, et aux prises avec des contradictions nouvelles, aggravées par la création d’un camp socialiste dont le rayonnement était grand et par une offensive importante des peuples des colonies.

D’autre part, les USA, que la guerre avait renforcés, ont poursuivi leur expansion en « aidant » les anciennes métropoles à se relever pour lutter contre le socialisme. En outre, sous prétexte de soutenir le droit des peuples des colonies (celles des autres) à disposer d’eux-mêmes, ils ont progressivement occupé les positions des autres impérialistes, et appliqué une politique néo-colonialiste sur une grande échelle. Tous ces faits ont placé les USA dans une position d’hégémonie au sein du système impérialiste.

Mais après s’être stabilisées, les métropoles d’Europe et le Japon vont prendre un nouvel essor (CEE, puissance économique japonaise) qui entrera en conflit avec les intérêts US. Ainsi tout en pactisant et en s’alliant avec lui pour opprimer les peuples et menacer le socialisme, les différents impérialismes s’affrontent et s’opposent pour la conquête des marchés et défient l’hégémonie américaine dans maints domaines. Il s’ensuit une aggravation des contradictions inter-impérialistes qui, si elles sont correctement analysées et exploitées, peuvent favoriser la révolution des peuples.

Par ailleurs, le mode de production capitaliste est redevenu dominant en URSS et dans un certain nombre de démocraties populaires, à la fin d’une longue lutte entre les deux voies, perdue par le prolétariat. Le phénomène se caractérise par le développement d’une nouvelle bourgeoisie qui restaure les rapports sociaux (de production) capitalistes.

Cette bourgeoisie n’a pu être réprimée par le prolétariat car son parti s’était transformé en parti révisionniste sous l’influence interne de l’idéologie bourgeoise et la pression extérieure de l’impérialisme. Cette restauration du capitalisme en URSS a transformé cette dernière en une puissance social-impérialiste (socialiste en apparence mais impérialiste dans les faits) qui opprime les peuples d’Europe orientale ou menace leur indépendance. Tard venue pour le repartage du monde, elle doit recourir à des méthodes plus subtiles que les méthodes de pénétration impérialistes classiques pour mieux masquer son véritable caractère de classe.

Elle établit ses relations économiques avec les pays victimes de l’impérialisme selon les termes de l’échange propres au marché capitaliste et pratique une forme d’« aide » liée à la soumission politique, s’ingérant ainsi grossièrement dans les affaires intérieures de ces pays. Elle n’hésite même plus à faire la courte échelle aux visées expansionnistes, et à mettre la paix mondiale en danger pour s’aménager des positions plus favorables. Son emploi opportuniste de la coexistence pacifique vise en fait à s’accorder avec l’impérialisme américain pour étouffer la lutte des peuples tout en continuant à rivaliser avec lui pour la domination du monde. Tous ces faits démontrent à souhait la nature de classe de l’Union soviétique et font comprendre que la contradiction qui l’oppose aux USA est une contradiction qui oppose deux impérialismes entre eux.

II. LE FRONT UNI MONDIAL ANTI-IMPÉRIALISTE

1° Les composantes essentielles de ce front

C’est la compréhension profonde de cette réalité complexe qui sert de base à l’élaboration de la ligne générale aux marxistes-léninistes. En effet, face à l’impérialisme, au social-impérialisme et à toute la réaction, ils s’efforcent de mobiliser hardiment le prolétariat et les masses populaires, et de réaliser le front uni mondial anti-impérialiste le plus large possible en mettant en avant le mot d’ordre de combat : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », « Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous ».

Ce front uni doit avoir pour noyau solide les pays socialistes et le prolétariat international qui s’allient aux pays qui luttent pour l’indépendance et aux nations qui luttent pour la libération. Les grands courants qui composent ce front contribuent chacun à la lutte commune, dans les limites mêmes de la contradiction qui s’oppose à l’impérialisme ; cela mènera inévitablement à des révolutions populaires seules capables de résoudre ces contradictions. Mais en dernière analyse, c’est uniquement la révolution socialiste qui balayera définitivement l’impérialisme et le capitalisme de la surface du monde.

C’est la juste attitude de principe à adopter à l’égard de ces différents courants convergents de la révolution prolétarienne de notre époque qui distinguent les véritables révolutionnaires marxistes-léninistes des opportunistes de tout bord.

2° Les pays socialistes

La contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays impérialistes est une contradiction qui oppose deux système sociaux radicalement différents, elle est par nature antagoniste. Comme la révolution socialiste n’a pu vaincre d’abord que dans un, puis dans quelques pays, l’histoire a donc obligé les deux systèmes à co-exister durant toute une époque. Cependant, les pays socialistes ont toujours existé contre la volonté des impérialistes et la question de fond demeure celle-ci : qui, en définitive, l’empotera, du socialisme ou du capitalisme.

Les pays socialistes sont le résultat de la lutte conjointe des prolétaires du monde entier.

A ce titre, ils appartiennent non seulement aux peuples de ces pays, mais également aux prolétaires et aux peuples du monde entier. Ceux-ci sont en droit d’attendre des partis communistes des pays socialistes qu’ils s’en tiennent à une juste ligne marxiste-léniniste tant du point de vue de la transition interne vers le socialisme et le communisme que du point de vue de leur politique extérieure.

Dans les problèmes intérieurs touchant à la construction de la société socialiste, ils doivent établir et consolider sans cesse la dictature du prolétariat, promouvoir une ligne de masse conséquente afin de souder l’unité entre le parti, le peuple et l’Etat dans la collectivisation et la construction d’une puissante économie socialiste en partant du principe « compter sur ses propres forces ». Il leur appartient de ne jamais oublier la lutte des classes et de mener la révolution jusqu’à son terme dans les domaines politique, économique et idéologique en s’appuyant sur de larges mouvements de masses.

Par nature, le mouvement ouvrier est international. Nul prolétaire du monde ne peut rester insensible et impassible devant les luttes révolutionnaires des prolétaires et des peuples des autres pays. A plus forte raison incombe-t-il aux partis communistes au pouvoir de mettre en avant l’internationalisme prolétarien dans leurs relations extérieures.

Les rapports entre partis :

Les partis communistes doivent tenir compte des conditions historiques dans lesquelles ils sont amenés à établir leurs relations. Dans les conditions actuelles (voir annexe), les rapports entre partis doivent s’établir sur base de l’égalité en droit de tous et la mise en pratique de leur ligne politique marxiste-léniniste. Tout en s’apportant aide et soutien mutuels, ils échangent leurs points de vue et leurs expériences par voies de larges consultations et seules les décisions prises à l’unanimité sont obligatoires pour tous. C’est uniquement en adoptant ces principes dans leurs relations que les partis frères pourront résoudre correctement les divergences qui apparaissent entre eux, fonder et renforcer toujours plus un véritable centralisme démocratique à l’échelle mondiale.

Les rapports entre peuples :

Considérant les larges masses populaires des pays capitalistes comme leur allié naturel dans la lutte contre l’impérialisme et toute la réaction, le prolétariat au pouvoir développe au maximum l’amitié entre les peuples, et soutient énergiquement leur combat pour la libération nationale et la révolution. C’est là, au demeurant, un facteur qui peut contribuer grandement à neutraliser les menées agressives et subversives de l’impérialisme ayant pour but d’isoler les pays socialistes comme prémisses à leur agression directe.

Les rapports entre Etats :

L’existence de pays socialistes aux côtés de pays capitalistes a donné une forme nouvelle et un contenu nouveau aux relations entre Etats. Les relations entre Etats socialistes sont basées sur les principes de l’internationalisme, elles sont des relations de coopération et de solidarité de type nouveau, dans les domaines politiques, économiques, idéologiques, culturels et militaires. Les pays socialistes doivent établir leurs relations avec les pays capitalistes selon les principes de la coexistence pacifique et en établissant une nette distinction de classe entre les pays oppresseurs et les pays opprimés par l’impérialisme, et entre les pays impérialistes entre eux. Ils doivent apporter soutien et appui aux pays qui luttent contre l’impérialisme, et pour l’indépendance nationale.

La coexistence pacifique entre deux Etats implique qu’aucun des deux ne touche au système social de l’autre, cependant, la coexistence entre les Etats est une chose, la révolution des peuples en est une autre, et une politique de coexistence pacifique ne peut s’étendre jusqu’à la renonciation au soutien des luttes populaires : prendre une chose pour l’autre ou négliger l’une d’elles, c’est de l’aventurisme et de l’opportunisme et cette politique mène inévitablement à des catastrophes.

Les rapports avec les Etats impérialistes :

La coexistence d’Etats socialistes et d’Etats impérialistes est une réalité historique indépendante de la volonté humaine ; de plus, tant que subsistent l’impérialisme et les contradictions inter-impérialistes, subsiste le danger de guerre mondiale.

Il est légitime et souhaitable que les pays socialistes nouent des relations de coexistence pacifique avec les Etats impérialistes et jouent sur les contradictions qui les opposent afin d’éviter leur « union sacré e» contre les pays socialistes et pour écarter le danger de guerre mondiale.

3° Le mouvement national démocratique.

L’histoire des trente dernières années a vu le développement extraordinaire du mouvement d’indépendance nationale des colonies qui a désagrégé tout l’ancien système colonial et a donné naissance à de nombreux Etats juridiquement indépendants. Mais le capital monopoliste n’a pas renoncé pour autant à leur exploitation et pratique en grand une politique néocolonialiste de pillage des ressources naturelles et d’exploitation intensive de la force de travail de leurs peuples, cela en s’appuyant à l’intérieur de ces formations sociales sur les couches les plus réactionnaires des classes exploiteuses.

Dans certains de ces pays, la bourgeoisie nationale tente de se libérer au maximum du carcan impérialiste afin d’assurer son propre développement capitaliste : elle a donc entamé un processus de reconquête des richesses nationales, d’opposition au pillage et au contrôle et de recherche de meilleures positions dans le marché mondial.

Bien que le courant doive encore subir bien des revers contre un ennemi féroce qui ne renoncera pas de lui-même à l’intervention et à l’agression, il est déjà devenu une tendance réelle du monde contemporain. Par les coups qu’il porte aux impérialistes et par les nouvelles contradictions qu’il suscite en son sein, il revêt un caractère progressiste que nul ne saurait négliger ou rejeter. Mais le fait qu’une grande puissance essaie de se servir de la lutte d’un de ces pays pour ses propres intérêts ne saurait faire renoncer les communistes à soutenir le droit des nations à disposer d’elles-mêmes.

Dans les vastes régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, la pénétration massive de l’impérialisme depuis le 19è siècle a bouleversé l’articulation des modes de production qui existaient, freiné le développement des forces capitalistes qui s’y développaient naturellement. Du point de vue politique, les impérialistes se sont fait concéder des traités inégaux et des avantages illégitimes, militairement, ils n’ont pas hésité à recourir à la politique de la canonnière ou à la guerre d’agression. Du point de vue culturel, ils ont imposé une culture étrangère à ces peuples sous le prétexte de leur apporter la « civilisation ».

Tous ces faits ont transformé ces pays indépendants en colonies et en semi-colonies. Mais partout où l’oppression s’accroît, la résistance se renforce. La domination impérialiste a créé son propre contraire : le mouvement national démocratique. National, car il oppose toute la nation (les ouvriers, les paysans, mais aussi les intellectuels progressistes et la fraction nationale de la bourgeoisie qui luttent pour son propre développement) à l’impérialisme étranger, ennemi principal.

Démocratique, car il vise à renverser les piliers internes de cette domination : les grands propriétaires, les féodaux, les compradores, etc.

Dans ces formations sociales, il est du devoir du parti communiste : d’analyser concrètement les conditions objectives et subjectives et de déterminer scientifiquement le camp du peuple de celui de la réaction, de travailler à la réalisation du front uni le plus large possible en prenant pour fer de lance l’alliance du prolétariat et de la paysannerie, et en s’efforçant de rallier progressivement à la lutte les éléments intermédiaires instables.

De combiner au maximum les différentes formes de luttes, légales et illégales, politiques, économiques et idéologiques.

D’apporter la plus grande attention à la constitution de forces armées populaires de libération pour passer à la lutte armée et à la guerre populaire dès que toutes les conditions en seront réunies.

Il dirigera ainsi les masses populaires jusqu’à la révolution démocratique tout en les préparant à l’étape suivante : la révolution socialiste. En effet, les communistes ont le marxisme pour conception du monde et non le nationalisme bourgeois. Leur lutte ne s’arrête donc pas avec la révolution nationale bourgeoise, étape de la révolution prolétarienne.

Si le parti communiste ne maintient pas son indépendance complète et son autonomie tant du point de vue organisationnel que politique et idéologique mais si au contraire il se dissout dans le mouvement nationaliste bourgeois, ou se met à la traîne de sa bourgeoisie, s’il ne prend pas hardiment la direction du front national ou se détache d’une partie de celui-ci par une politique sectaire ou gauchiste, il ne pourra jamais conduire le peuple à la victoire et subira lui-même les conséquences de ses erreurs.

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, le camarade Mao Tsé-toung a clairement montré les grands changements intervenus dans la situation mondiale et l’intérêt des impérialistes de contrôler ces vastes « zones intermédiaires » qui les séparent des pays socialistes.

Que ces régions soient composées des quatre cinquièmes de l’humanité et que les luttes qui s’y développent portent de puissants coups directs à l’impérialisme et en aiguisent les contradictions internes en font un facteur essentiel de la révolution prolétarienne de notre temps et c’est un devoir internationaliste imprescriptible pour les prolétaires et les pays socialistes de leur apporter un soutien actif.

4° La lutte du prolétariat dans les pays capitalistes

a) La conquête du pouvoir d’Etat.

La contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes est la contradiction fondamentale du mode de production capitaliste, elle est antagoniste par essence et seule la révolution socialiste est à même de la résoudre (voir annexe). La Commune de Paris, puis la grande révolution d’Octobre ont dégagé les principes inébranlables de la théorie marxiste-léniniste de l’Etat et des tâches révolutionnaires du prolétariat quant à la conquête du pouvoir d’Etat. Il s’ensuit que les communistes des pays capitalistes doivent lutter non pas en réformistes mais en révolutionnaires conséquents, que les luttes qu’ils mènent ne visent jamais à « adapter » le système, mais à accumuler les forces pour l’abattre et détruire ainsi les bases sociales de l’exploitation. Renoncer à cet objectif de principe, travailler à la réforme du régime, c’est se soumettre à la bourgeoisie, c’est du révisionnisme, de la social-démocratie à 100 %.

b) La lutte des classes au sein du mouvement ouvrier

La lutte entre les deux voies a toujours existé au sein du mouvement ouvrier. Dès la naissance du premier Etat socialiste, les marxistes-léninistes ont dû combattre de nouvelles formes de révisionnisme liées aux conditions de la dictature du prolétariat du socialisme en construction.

Les luttes contre le trotskisme, le boukharinisme, le titisme ont été continuées par la lutte contre le révisionnisme de Khrouchtchev apparu au grand jour lors du XXème Congrès du PCUS. La conférence de 1957 des partis communistes a considéré « comme danger principal dans les conditions actuelles, le révisionnisme, instrument de l’opportunisme de droite », déclarant que « l’influence bourgeoise constitue la cause intérieure du révisionnisme et (que) la capitulation devant la pression de l’impérialisme en est la cause extérieure ».

Depuis cette date jusqu’au « neuf grands articles » jusqu’à la « lettre en 25 points », la lutte contre la voie capitaliste a consisté, pour l’essentiel, en la défense des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme et de la ligne qui s’en dégageait. Cette contre-offensive révolutionnaire porta la contradiction jusqu’à la rupture organisationnelle des marxistes-léninistes d’avec les révisionnistes ayant à leur tête la direction du PCUS.

Aujourd’hui, d’une part, ce processus a été mené à bien pour l’essentiel, mais le révisionnisme menace toujours et c’est une tâche très importante de continuer sa critique de classe : l’idéologie révisionniste imprègne encore la politique des organisations marxistes-léninistes ; l’aspect principal de la lutte passe aujourd’hui à l’intérieur des organisations prolétariennes. Mais les communistes disposent maintenant d’une nouvelle arme puissante pour mener ce combat, c’est l’arme de la révolution culturelle prolétarienne, de la pensée-maotsétoung.

D’autre part, on est souvent porté à commettre des erreurs de « gauche » lorsqu’on rectifie des erreurs de droite ; l’existence d’un courant dogmatique et sectaire représente un danger secondaire qui nuit à l’unité et ne peut être négligé.

c) Les tâches des communistes

Pour mener à bien la révolution, les communistes des pays capitalistes ont pour tâches essentielles de s’unir, d’unir les masses, et d’unir le mouvement révolutionnaire de leur pays aux révolutionnaires du monde entier.

S’UNIR

C’est une nécessité vitale pour le développement de la révolution dans un pays que les communistes réalisent l’unité de leurs rangs de classe. Là où le parti du prolétariat n’existe pas, leur tâche fondamentale est la construction du parti. Pour entreprendre cette construction, il faut nécessairement « allier la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique de la révolution dans leur pays », ce qui implique procéder à l’analyse concrète de la formation sociale dans laquelle ils combattent afin de pouvoir répondre concrètement à la question qui sont nos amis, qui sont nos ennemis ?

Cette analyse elle-même ne peut être que le résultat de la liaison étroite entre la pratique de la lutte de classes et de l’analyse scientifique marxiste qui naît de cette pratique. Construire le parti du prolétariat ne s’achève pas avec sa fondation, au contraire la lutte des classes continuera d’exister à l’intérieur du parti. Son édification constante doit revêtir nécessairement la forme d’une lutte soutenue de la voie socialiste contre la voie capitaliste.

UNIR LE PEUPLE

Lénine a clairement montré comment « l’idéologie impérialiste pénètre également dans la classe ouvrière, qui n’est pas séparée des autres classes par une muraille de Chine » (t. 22, p. 308) et comment « l’aristocratie ouvrière » trouve son expression dans les partis ouvriers-bourgeois. Dans les pays capitalistes avancés, une très grande partie de la classe ouvrière est sous la coupe des partis sociaux-démocrates et révisionnistes (SD de type nouveau), il revient aux communistes de mener une lutte intense et prolongée pour liquider leur influence sur le prolétariat.

Et pour cela, développer de larges organes de propagande prolétarienne à caractère de masse. Ils doivent travailler jour après jour à organiser, unifier, éduquer, diriger le prolétariat dans ses luttes contre toutes les formes d’exploitation et de domination capitaliste pour la conquête du pouvoir d’Etat. L’expérience historique a démontré que le prolétariat seul ne pouvait vaincre un ennemi puissant et organisé ; il est donc nécessaire que les communistes des pays capitalistes travaillent à la réalisation d’alliances de classes anticapitalistes, alliances que détermine l’analyse concrète de la conjoncture de la lutte de classes.

UNIR LE PEUPLE AUX PEUPLES RÉVOLUTIONNAIRES DE TOUS LES PAYS

Une des conditions de la victoire sur la social-démocratie est l’attitude à adopter à l’égard des luttes de libération nationale. Contre les pacifistes bêlants, contre le chauvinisme impérialiste, l’opportunisme, le parti éduque le prolétariat et le peuple à distinguer les guerres justes des guerres injustes et apporte un soutien effectif aux luttes de libération nationale. Face aux campagnes impérialistes, il développe la sympathie et le soutien aux pays qui construisent le socialisme.

Enfin, il œuvre à l’unité du Mouvement Communiste International en y apportant sa contribution tant théorique que pratique.

ANNEXE 1

LA COEXISTENCE PACIFIQUE ENTRE ETATS A SYSTÈMES SOCIAUX DIFFÉRENTS

I. L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN

Le principe fondamental qui détermine la ligne générale de la politique extérieure d’un pays En effet, l’état prolétarien doit contribuer à la victoire des pays dominés, des peuples et classes exploitées sur l’impérialisme et la bourgeoisie.

Comme le disait Lénine :

« L’alliance avec les révolutionnaires des pays avancés et avec tous les peuples opprimés contre les impérialistes de tout poil, telle est la politique extérieure du prolétariat ».

Cette politique affecte le caractère et le développement des quatre contradictions fondamentales en ce sens qu’elle accule l’impérialisme à la défensive et contribue à la victoire de la révolution mondiale.

Le principe de l’internationalisme prolétarien doit guider tous les aspects de la politique extérieure des pays socialistes qui distinguent leurs relations avec les autres pays socialistes, avec les peuples et les nations opprimés, avec les pays impérialistes. L’application de l’internationalisme prolétarien à ces trois types de relations permet de déterminer le contenu de la politique extérieure de l’Etat socialiste :

« Développer, sur base du principe de l’internationalisme prolétarien, les relations d’amitié, d’entraide et de coopération entre les pays du camp socialiste ; sur base des Cinq principes, chercher la coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents, et lutter contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme ; soutenir la lutte révolutionnaire de tous les peuples et nations opprimés. Ces trois aspects sont reliés entre eux et aucun d’eux ne peut être absent ». (Deux politiques de coexistence pacifique diamétralement opposés, pp. 25-26).

La coexistence pacifique n’est donc pas le tout de la politique extérieure d’un Etat socialiste. Réduire la politique extérieure à la coexistence pacifique reviendrait à nier le soutien que doit apporter un pays socialiste à la lutte des peuples dominés et du prolétariat des pays capitalistes avancés contre l’impérialisme et la bourgeoisie. Ce serait en somme nier l’existence des quatre contradictions fondamentales, la lutte de classe au plan international et verser dans le révisionnisme en rejetant les principes du marxisme-léninisme.

II. LA COEXISTENCE PACIFIQUE

La coexistence pacifique constitue le principe qui règle les rapports entre Etats à systèmes sociaux différents.

a) La coexistence pacifique est une arme de l’Etat prolétarien pour contrecarrer les menées bellicistes des impérialistes. En effet, ceux-ci ne peuvent accepter de respecter les principes de la coexistence pacifique : « respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique, non-agression mutuelle ». Par sa nature, l’impérialisme doit intervenir économiquement, politiquement et au besoin, par les armes, dans les affaires extérieures des autres pays. De plus, il ne peut tolérer l’existence et le renforcement de pays socialistes qui contestent son système de domination du monde.

En établissant des relations sur base des Cinq principes avec les pays impérialistes, les pays socialistes les acculent à la défensive. Cette politique permet aux pays socialistes de se développer et de se renforcer face à l’impérialisme. L’évolution de la contradiction entre l’impérialisme et les pays socialistes en faveur de ces derniers induit des effets favorables pour les peuples dominés et le prolétariat exploité qu’ils soutiennent, et, en conséquence, renforce le camp de la révolution en accentuant la défaite générale de l’impérialisme.

b) La coexistence pacifique exclut donc toute forme de coopération générale et pacifique entre Etats prolétariens et Etats capitalistes. Les relations économiques et politiques entre Etats à systèmes sociaux différents selon les cinq principes de la coexistence pacifique ne peuvent jamais déboucher sur une collaboration amicale ; ce serait nier le caractère antagoniste de ces Etats, renoncer à la lutte des classes et verser dans le révisionnisme. Encore une fois, disons-le, l’Etat prolétarien impose à son propre avantage des relations à l’Etat capitaliste avec lequel il conclut des accords de politique extérieure.

c) La coexistence pacifique ne s’applique pas à la politique des partis communistes et des peuples dominés vis-à-vis des pays impérialistes et des classes dominantes : « C’est seulement après avoir fait triompher la révolution qu’il est possible pour le prolétariat et qu’il lui est nécessaire d’appliquer une politique de coexistence pacifique. Pour ce qui est des peuples et nations opprimés, ils ont pour tâche de renverser la domination de l’impérialisme et de ses laquais, de lutter pour leur propre libération, ils ne doivent pas et ne peuvent pas appliquer la coexistence pacifique avec l’impérialisme et ses laquais ». (Deux politiques de coexistence pacifique diamétralement opposées, p. 28).

ANNEXE 2

SUR LE PASSAGE PACIFIQUE AU SOCIALISME

En prétendant que la lutte pacifique, plus particulièrement l’opposition parlementaire, est la voie privilégiée que doivent suivre les communistes pour mettre fin au système capitaliste, les révisionnistes nient la réalité de l’Etat bourgeois et proposent une honteuse contrefaçon du marxisme. En cela, ils sont les successeurs des sociaux-démocrates opportunistes dont la politique a été clairement affirmée par Kautsky pour qui :

« Le rôle de la grève de masse ne peut jamais être de détruire le pouvoir d’Etat, mais seulement d’amener le gouvernement à des concessions sur une question donnée ou de remplacer un gouvernement hostile au prolétariat par un gouvernement allant au-devant des besoins du prolétariat… Mais jamais et en aucun cas, cela (c’est-à-dire la victoire du prolétariat sur le gouvernement, LC) ne peut mener à la destruction du pouvoir d’Etat ; il ne peut en résulter qu’un certain déplacement du rapport des forces à l’intérieur du pouvoir d’Etat… Le but de notre lutte politique, reste donc comme par le passé, la conquête du pouvoir d’Etat par l’acquisition de la majorité au parlement et la transformation de ce dernier en maître du gouvernement ».

I. L’ETAT BOURGEOIS

Les sociaux-démocrates présentent en général l’Etat comme l’incarnation du bien public répondant aux besoins de l’ensemble de la population d’un pays. Suivant cette conception, l’Etat serait situé au-dessus des intérêts et des conflits de classe ; ceci, pour pouvoir gouverner au bénéfice de toutes les couches de la population. La seule lutte possible au niveau de l’Etat serait l’amélioration de la machine d’Etat par voie de représentation parlementaire.

Cette interprétation constitue une négation du caractère réel de l’Etat qui est :

« un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; (l’Etat) est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elle et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l’ordre, et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’Etat ». (F. Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat).

L’Etat s’inscrit dans une société divisée en classes sociales opposées et sa fonction est de conjurer les antagonistes susceptibles de détruire cette société. L’insertion de l’Etat dans une société divisée en classes constitue la preuve du caractère de classe de cet Etat. De quelle classe ? A cette question, Engels répond dans l’ouvrage déjà cité :

« Comme l’Etat est né du besoin de refréner des oppositions de classes, mais comme il est né en même temps, au milieu du conflit de ces classes, il est, en règle générale, l’Etat de la classe la plus puissante, de celle qui domine du point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée ».

Marx et Engels ont indiqué que les instruments par lesquels l’Etat exerce la domination de classe de la bourgeoisie sur le prolétariat et les classes exploitées sont essentiellement l’armée permanente et la bureaucratie. Aujourd’hui, la connaissance que nous avons du développement de l’Etat correspond au stade monopolistique du mode de production capitaliste, nous permet, tout en reconnaissant le rôle décisif de l’appareil répressif, de mieux percevoir l’importance des appareils idéologiques dont dispose l’Etat pour maintenir et accroître la domination de la bourgeoisie sur les classes exploitées.

II. QUELLE LUTTE ?

Face l’Etat de la classe bourgeoise, la question que tous les révolutionnaires doivent se poser est de savoir quelle lutte le prolétariat doit mener. Ils ne pourront répondre justement qu’en fixant le but ultime de leur action politique. Ce but est fonction de la nature réelle de l’Etat, car comme le souligne Marx dans son analyse de la Commune de Paris, la classe ouvrière :

« n’a pas d’utopies toutes faites à introduire par décret du peuple. Elle sait que pour réaliser sa propre émancipation, et avec elle cette forme de vie plus haute à laquelle tend irrésistiblement la société actuelle de par son propre développement économique, elle aura à passer par de longues luttes, par toute une série de processus historiques, qui transformeront complètement les circonstances et les hommes. Elle n’a pas à réaliser d’idéal, mais seulement à libérer les éléments de la société nouvelle que porte dans ses flancs la vieille société bourgeoise qui s’effondre » (K. Marx, La guerre civile en France ; voir Lénine, L’Etat et la Révolution).

Si la classe ouvrière n’a pas d’utopies à proposer, c’est parce qu’elle dispose d’une analyse scientifique de l’Etat et de son fonctionnement. Cette analyse est une arme capitale dans sa lutte contre l’Etat. Cependant, pour bien l’utiliser, il importe de ne pas en escamoter les éléments principaux.

C’est ce que font les opportunistes qui en appellent aux classiques du marxisme en falsifiant leur pensée. L’exemple le plus frappant de cette pratique est l’interprétation qu’ils donnent de la célèbre phrase de l’Anti-Dühring : « L’Etat n’est pas « aboli », il s’éteint ». En appliquant cette phrase à l’Etat bourgeois, ils la placent dans un contexte tout différent de celui qu’envisageait Engels.

Mieux, ils escamotent une partie essentielle de sa pensée puisqu’ils passent sous silence ce qu’il avait affirmé quelques lignes plus haut, à savoir que :

« le prolétariat s’empare du pouvoir d’Etat et transforme les moyens de production d’abord en propriété d’Etat. Mais par-là, il se supprime lui-même en tant que prolétariat, il supprime toutes les différences de classe et oppositions de classes et également d’Etat en tant qu’Etat ».

Quand Engels parle de l’extinction de l’Etat, il vise cet Etat mis en place par le prolétariat lors du renversement de la bourgeoisie. L’Etat bourgeois, par contre, doit être détruit par le processus révolutionnaire, car il constitue un instrument de domination du prolétariat aux mains de la bourgeoisie. Cette destruction s’opère par la mise en place de la dictature du prolétariat.

La dictature du prolétariat instaure un nouvel Etat qui supprime l’armée et la bureaucratie comme corps indépendants du peuple, et socialise les moyens de production. Elle instaure donc la démocratie. Le nouvel Etat, la dictature démocratique du prolétariat, sous l’effet d’une lutte de classes prolongée, s’éteindront progressivement pour disparaître lors de l’avènement de la société communiste.

C’est ce qu’exprime Lénine dans son commentaire du passage cité par Engels :

« Il (Engels) parle de la « suppression », par la révolution prolétarienne, de l’Etat de la bourgeoisie, tandis que ce qu’il dit de l’« extinction » se rapporte à ce qui subsiste de l’Etat prolétarien, après la révolution socialiste. L’Etat bourgeois, selon Engels, ne s’« éteint pas », il est « supprimé » par le prolétariat au cours de la révolution. Ce qui s’éteint après cette révolution, c’est l’Etat prolétarien, autrement dit, un demi-Etat » (Lénine, L’Etat et la Révolution).

En conclusion, on peut dire, à la suite de Marx et Engels, que

« la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’Etat toute prête et de la faire fonctionner pour son propre compte ».

III. COMMENT DÉTRUIRE L’ETAT BOURGEOIS ?

L’histoire des révolutions, de la Commune de Paris à la guerre de libération nationale au Vietnam, montre que celles-ci ont réussi uniquement là où l’Etat bourgeois a été détruit par la violence révolutionnaire des masses. En effet, comme le disent les camarades chinois :

« La bourgeoisie ne se retire pas volontiers de la scène de l’histoire, c’est là une loi générale de la lutte des classes » (Thèses sur le problème du passage pacifique, nov. 1957).

Cette loi, constamment vérifiée par l’histoire, est déjà présente dans les écrits de Marx et d’Engels. Nous en donnons pour preuve ce remarquable passage de La guerre civile en France :

« La civilisation et la justice de l’ordre bourgeois se montrent sous leur jour sinistre chaque fois que les esclaves de cet ordre se lèvent contre leurs maîtres. Alors, cette civilisation et cette justice se démasquent comme la sauvagerie sans masque et la vengeance sans loi. Chaque nouvelle crise dans la lutte de classes entre l’appropriateur et le producteur fait ressortir ce fait avec plus d’éclat. Les atrocités des bourgeois en juin 1848 elles-mêmes disparaissent devant l’indicible infamie de 1871. L’héroïque esprit de sacrifice avec lequel la population de Paris – hommes, femmes et enfants – combattit pendant huit jours après l’entrée des Versaillais, reflète aussi bien la grandeur de sa cause que les exploits infernaux de la soldatesque reflètent l’esprit inné de cette civilisation dont ils sont les mercenaires et les défenseurs ».

En face de la volonté de la bourgeoisie de maintenir à tout prix l’ancien ordre des choses, y compris la répression la plus barbare, la tâche principale du parti révolutionnaire est de préparer le prolétariat à riposter de manière adéquate en maintenant vive la conscience de l’éventualité d’une âpre lutte armée et en s’y préparant activement en fonction des conditions de la situation concrète.

A ceux qui ressassent constamment les possibilités d’un passage pacifique, nous devons dire :

« qu’à notre connaissance, il n’y a pas encore un seul pays pour lequel une telle possibilité revêt une signification réelle »

et que :

« l’insistance sur une telle possibilité ne peut avoir pour effet d’atténuer le caractère réactionnaire de la bourgeoisie, ni d’endormir la bourgeoisie ».

Par contre :

« si l’on mettait trop l’accent sur la possibilité du passage pacifique, et surtout sur la possibilité de prendre le pouvoir par la conquête d’une majorité parlementaire, cela pourrait facilement entraîner le relâchement de la volonté révolutionnaire du prolétariat, du peuple travailleur et du parti communiste, et les désarmerait sur le plan moral ». (Thèses sur le problème du passage pacifique)

L’expérience historique de la révolution prolétarienne montre que c’est une erreur grave de réduire le passage au socialisme à une lutte pacifique et de développer ce seul point de vue dans la propagande du parti concernant l’Etat bourgeois. Est-ce à dire qu’il ne faut pas indiquer la possibilité du passage pacifique ? Non, pour deux raisons :

« 1. Le fait d’indiquer la possibilité du passage pacifique montre que, sur la question du recours à la violence, nous sommes, avant tout, sur la défensive, ceci permet aux partis communistes des pays capitalistes d’éviter les attaques qui leur sont lancées à ce sujet, et apporte des avantages sur le plan politique : contribuer à gagner les masses, à enlever tout prétexte à la bourgeoisie et à l’isoler.

2. Si, à l’avenir, dans les conditions où un brusque changement surviendrait dans la situation internationale ou dans la situation intérieure d’un pays déterminé, la possibilité réelle d’un passage pacifique se présentait pour ce pays, il serait aisé de saisir cette occasion de gagner le soutien des masses pour résoudre la question du pouvoir d’Etat par les moyens pacifiques ». (Thèses sur le passage pacifique).

IV. L’ACTION PARLEMENTAIRE

Si, comme nous l’avons montré, c’est une erreur grave de réduire la tactique révolutionnaire à une lutte pacifique, nous devons admettre a fortiori que le passage au socialisme par la voie parlementaire est une vaste illusion.

Cela signifie-t-il que les marxistes-léninistes ne doivent jamais entrer dans les parlements bourgeois ? Ceux qui répondent positivement à cette question considèrent que le parlement a fait son temps, historiquement et politiquement. A la suite de Lénine, nous reconnaissons que :

« le parlementarisme a historiquement fait son temps » au point de vue de l’histoire universelle, autrement dit, l’époque du parlementarisme bourgeois est terminée : l’époque de la dictature du prolétariat a commencé. C’est indéniable. » (Lénine, La maladie infantile du communisme, le « Gauchisme »).

Mais du point de vue politique, nous devons tenir compte des conditions concrètes d’une formation sociale donnée, et voir dans quelle mesure la combinaison des moyens légaux et illégaux peut réellement affaiblir l’Etat bourgeois.

Si l’action des masses est toujours plus importante que l’action parlementaire (Lénine), celle-ci ne doit pas toujours être négligée. Dans certaines conditions, par exemple là où les larges masses exploitées vivent encore dans l’illusion de l’importance de l’action parlementaire, le parlement peut constituer une tribune de propagande pour extirper cette illusion.

C’est le sens que donne Lénine à l’action parlementaire quand il écrit :

« Tant que vous n’avez pas la force de dissoudre le parlement bourgeois et toutes les autres institutions réactionnaires vous êtes tenus de travailler dans ces institutions précisément parce qu’il s’y trouve encore des ouvriers abrutis par la prêtraille et par l’atmosphère étouffante des trous de province. Autrement, vous risquez de n’être plus que des bavards » (La maladie infantile du communisme).

L’opportunité de la lutte parlementaire dépend toujours de l’analyse de la situation concrète et ses modalités doivent toujours être déterminées par le projet révolutionnaire de la destruction de l’Etat bourgeois. En ce sens, si la lutte parlementaire se justifie dans certaines conditions, elle a toujours pour but de contribuer à développer le conscience révolutionnaire des masses et à affaiblir l’Etat bourgeois. Elle ne peut jamais remplacer ni se subordonner l’action directe des masses.

V. L’ACCUMULATION DES FORCES

Le premier but de la révolution prolétarienne étant la destruction de l’Etat bourgeois, la tâche principale du mouvement révolutionnaire est d’accumuler les forces nécessaires à cette destruction. Les modalités de la lutte seront toujours fonction des conditions objectives imposées au mouvement révolutionnaire. En tout cas :

« le prolétariat et le parti communiste de tout pays ne doivent nullement relâcher leur effort pour préparer la révolution (Thèses sur le passage pacifique).

LES TÂCHES EN BELGIQUE

Au stade actuel du développement des forces révolutionnaires dans notre pays, la tâche fondamentale des marxistes-léninistes en Belgique est de construire le Parti du prolétariat. Il faut pour cela poser clairement les conditions dans lesquelles cette tâche doit être accomplie, et se donner les moyens de l’accomplir.

1. La construction du Parti prolétarien en Belgique, de même que dans les autres métropoles impérialistes, ne se fera pas du tout dans les mêmes conditions que celles qui ont présidé à la constitution des anciens Partis communistes sous l’égide de la IIIe Internationale.

Il n’y a pas et ne saurait y avoir aujourd’hui d’organisation mondiale du prolétariat à laquelle les Partis nationaux pourraient adhérer et sur laquelle ils pourraient s’appuyer dans le mouvement même de leur constitution.

Les marxistes-léninistes des métropoles impérialistes ont combattu le révisionnisme moderne et se sont constitués en mouvements et organisations autonomes au cours de processus relativement longs, qui connaissent encore toutes sortes de vicissitudes. Ces mouvements et organisations se sont développés inégalement.

Non seulement ni sur le plan international ni sur le plan national – dans les pays où plusieurs organisations coexistaient – leurs stratégies ne sont unifiées, mais en règle générale le processus de lutte idéologique tendant à l’unification est encore peu avancé.

En Belgique, une fraction du PCB qui se réclamait du marxisme-léninisme a tenté de se former en parti en opérant une scission d’avec le parti révisionniste. Cette tentative a échoué, suite sans doute à une mauvaise appréciation de sa situation originaire et de ses tâches 1.

Ainsi, alors même que le PCB n’avait pas su mettre en avant une ligne politique prolétarienne capable de contrer la mainmise idéologique et politique de la social-démocratie sur la classe ouvrière, la scission des marxistes-léninistes d’avec le parti révisionniste moderne s’est faite dans des conditions et sur des positions telles que le mouvement marxiste-léniniste n’a pas pu fournir une opposition sérieuse ni au révisionnisme moderne ni au révisionnisme ancien et qu’il n’a donc pu entraîner les masses sur des positions nouvelles.

Si nous ne pouvons pas encore nous prononcer sur le moment où le PCB a abandonné définitivement la ligne prolétarienne, nous pouvons cependant affirmer que pendant une période prolongée et jusqu’à nos jours, la place de l’organisation politique du prolétariat en Belgique est restée vide. Ce vide, cette absence de direction politique a favorisé le développement de toutes sortes de déviations, spontanéisme, économisme, anarchisme petit-bourgeois, qui ont affecté et continuent d’affecter à des degrés divers les luttes populaires et ceux-là mêmes qui dans ces luttes se réclamaient du marxisme-léninisme.

Pendant le même temps, la ligne révisionniste a pu se renforcer au sein du PC sans que des représentants authentiques du prolétariat puissent le forcer à dévoiler ses contradictions.

Le vide politique que nous avons signalé, avec pour corollaire une emprise accrue de l’idéologie bourgeoise sur la classe ouvrière et sur les autres couches populaires, le peu de résultats positifs qu’ont laissé l’ancien Parti communiste et le parti de Grippa, l’impossibilité d’une direction unique du prolétariat mondial, tous ces facteurs rendent aujourd’hui difficile la tâche des communistes en Belgique, et les obligent à d’autant plus de rigueur qu’ils ne doivent compter que sur leurs propres forces. Les marxistes-léninistes de Belgique sont aujourd’hui encore divisés. Pour créer le Parti, il leur faut donc entreprendre de s’unir, il leur fait confronter leurs positions respectives, c’est-à-dire se critiquer mutuellement et confronter leurs positions à la réalité, c’est-à-dire pratiquer l’autocritique.

Et puisque la lutte idéologique a pour enjeu la construction du Parti, c’est sur ces deux questions : « Quel Parti ? » et « Comment construire le Parti ? » que cette lutte s’engage.

2. Comment construire le Parti prolétarien, c’est-à-dire un parti qui représente les intérêts de classe du prolétariat, qui dirige effectivement et efficacement le combat du prolétariat ?

Le Parti doit être implanté dans les masses, travailler au milieu d’elles, et se gagner les éléments les plus avancés de la classe ouvrière et des autres couches et classes populaires ; faire progresser la lutte du prolétariat dans ses étapes successives par une stratégie et des tactiques appropriées fondées sur l’analyse concrète de cette étape ; éduquer le prolétariat et les masses populaires par un travail de propagande et d’organisation adapté au niveau de conscience des masses et tendant à élever le niveau. La stratégie des communistes n’est pas le plan d’action d’une société secrète. On n’entraîne pas les masses par la seule vertu de l’exemple. On ne peut pas non plus leur demander de nous croire sur parole.

A chaque étape, la stratégie et la tactique des communistes, pour pouvoir pénétrer les masses et guider leur action doivent leur être reposées et soumises à leur critique. C’est pourquoi le premier acte par lequel les communistes se constitueront en Parti, sera la diffusion dans les masses d’un programme explicite.

Transformer le monde implique le connaître. Et construire le Parti du prolétariat – du moins de la manière que nous indiquons – c’est déjà commencer à transformer la réalité sociale. Aussi dans la première période de la construction du Parti, notre tâche principale revêt-elle deux aspects :

– le travail d’analyse de la formation sociale belge, et

– le travail d’implantation dans les masses.

Ils vont de pair, se stimulent et se renforcent mutuellement.

Le travail d’analyse de classe doit être entrepris hardiment et méthodiquement : nous disposons pour cela de l’arme de la science marxiste. Il nous incombe, en tant que communistes, d’acquérir une connaissance et une compréhension approfondie du matérialisme historique et du matérialisme dialectique, de connaître leur développement passé et de suivre attentivement leur développement présent, de savoir reconnaître et dénoncer les déformations que certains en ont produites, de mettre en œuvre ces disciplines dans la conduite de nos analyses afin d’élaborer une connaissance concrète de la réalité que nous prétendons transformer, de répandre la science marxiste parmi les masses afin de les armer pour la lutte, enfin de développer et d’affiner nous-mêmes cette science.

D’autre part, le travail d’implantation dans les masses doit être entamé et développé aujourd’hui avec une claire conscience des limites de nos connaissances et de nos forces.

Notre pratique sociale doit avoir pour but de rassembler les matériaux de base de l’analyse, d’éprouver la validité de nos connaissances et de préparer l’organisation de la lutte de classe.

Dans le travail de masse, ne jamais proposer des mots d’ordre qui ne reposent sur une connaissance concrète, qu’on ne puisse expliquer et défendre politiquement. Savoir expliquer les principes de notre action en partant des conditions concrètes et du niveau de compréhension des masses.

Montrer dans la propagande le but et les méthodes de la propagande. En organisant des luttes, montrer le procès d’organisation. Populariser le principe et les méthodes de la lutte politique de classe prolétarienne. Faire connaître les résultats de cette lutte notamment en popularisant les réalisations des pays socialistes. Tenter de briser l’isolement du prolétariat en gagnant à sa cause les plus larges masses populaires, c’est-à-dire dans chaque conjoncture et à chaque étape, les couches sociales qui sont susceptibles de s’allier à lui. Élargir la lutte en tentant de porter la position de classe prolétarienne sur tous les fronts, d’y promouvoir et d’y organiser l’initiative populaire.

Ne négliger aucune force disponible.

3. Nous avons dit que la lutte idéologique entre les divers groupes qui se réclament du marxisme-léninisme doit porter sur les questions « Quel Parti ? » et « Comment le construire ? ».

Il ne suffit pas pour cela d’en référer aux principes généraux qui guident le mouvement communiste, principes sur lesquels à peu près tous ceux qui se disent marxistes-léninistes peuvent arriver à un accord verbal. Il ne peut s’agir d’accord verbal ; nous devons arriver à un accord sur des points concrets. D’abord à un accord sur les conditions générales de la construction du parti et le procès de cette construction.

Ensuite sur la manière dont nous entendons mener l’analyse, sur les méthodes et les résultats de ces analyses, ainsi que sur les méthodes et les résultats du travail de propagande et d’agitation . Enfin sur l’élaboration de la stratégie globale des communistes.

RÉSOLUTION INDOCHINE

Depuis son élection, le président Nixon prétend mettre fin à la guerre d’agression américaine en Indochine. Jusqu’à présent il a retiré une partie des troupes terrestres.

Ce retrait n’a pas fait avancer la paix d’un pouce, bien au contraire. En réalité, il masque le véritable caractère du stade actuel de la guerre et constitue une duperie de l’opinion publique mondiale. En effet, en retirant leurs troupes, les Américains ont tenté de « vietnamiser » la guerre, c’est-à-dire obliger les Vietnamiens à défendre les intérêts impérialistes à leur place.

Cette politique a été mise en échec par le peuple vietnamien et ses alliés Lao et Khmer, si bien que l’Administration américaine a développé, à un degré jamais atteint auparavant, une guerre de destruction massive des populations et du milieu naturel. Deux cent mille hommes sont actuellement engagés dans le pilonnage des villes, villages, digues et routes, avec un acharnement particulier sur les régions nouvellement libérées. L’utilisation d’instruments de plus en plus perfectionnés donne à l’agression un caractère technologique qui fait fi de l’existence même des populations.

Le développement de la guerre aérienne et technologique n’a pas empêché les Forces Armées Populaires de Libération du Sud-Vietnam de poursuivre leur offensive généralisée de façon victorieuse. Cette offensive a permis d’instaurer le pouvoir populaire dans la province de Quang Tri ; d’affranchir du contrôle ennemi de vastes territoires du Binh Dinh, des Hauts-Plateaux, du Nord-Est du Nam Bâ, de démanteler de nombreux hameaux stratégiques dans le delta du Mékong, et même de menacer directement la ville de Saigon.

Au Nord-Vietnam, loin de briser la résistance, le blocus du port d’Haiphong et le bombardement des digues ont provoqué la riposte du peuple dont le travail intense et l’ingéniosité, fruits d’une longue expérience de lutte, ont de nouveau révélé leur efficacité face au potentiel militaire de l’impérialisme US.

Au Cambodge, les forces pro-américaines ont pratiquement perdu tout contrôle de l’intérieur du pays et l’étau des Forces Armées Populaires de Libération Nationale du Kampuchea s’est encore resserré autour de la capitale, ce qui montre l’étendue de l’implantation du pouvoir populaire dans ce pays.

Au Laos, les Forces Armées du Front Patriotique Lao ont mené de vigoureuses offensives au cours de la saison sèche, leur assurant le contrôle des régions stratégiques de la plaine des Jarres et du Plateau des Bolovens.

En Indochine, nous avons de nouveau la preuve que, avec des moyens techniques relativement faibles, le peuple en armes peut vaincre un adversaire doté d’une puissance de feu considérable. Car les moyens mis en œuvre par l’impérialisme et ses laquais pour défendre leurs intérêts sordides ne peuvent rien faire face à la cause juste de la défense de l’indépendance nationale.

Outre la domination militaire, les Etats-Unis ont imposé au Sud-Vietnam un régime économique axé sur l’effort de guerre. Ainsi, ils ont subordonné l’économie sud-vietnamienne à leurs seuls intérêts immédiats, bloqué la production de biens nécessaires à la vie du peuple et contribué uniquement à enrichir des politiciens et militaires véreux ainsi que la bourgeoisie compradore.

Du point de vue politique, les Américains ont mis en place et continuent à soutenir des régimes de plus en plus désavoués par les peuples d’Indochine.

Au Sud-Vietnam, l’ampleur de l’isolement du régime de Saigon est fonction principalement de l’implantation du GRP dans les masses, mais aussi de l’existence d’une troisième force qui se distingue profondément de celle qui s’est affirmée dans le passé. En effet, elle ne se présente pas comme une troisième possibilité de pouvoir entre le GRP et le régime de Thieu.

La contestation de la présence américaine et du régime de Thieu la range du côté du GRP qui en fait une composante du futur gouvernement de concorde nationale. Niant la non-représentativité de son gouvernement, Thieu s’ingénie à la détruire par une répression systématique.

Devant ces menées américaines et de leurs alliés, comment croire à leur volonté de paix ?

Ils se refusent toujours à régler la question du pouvoir politique au Sud-Vietnam et veulent subordonner le règlement politique à une solution militaire, ce qui reviendrait, en cas de cessez-le-feu, à jeter les forces populaires dans les mains de l’appareil policier du régime Thieu.

Pour mettre fin à la guerre, les Américains doivent accepter les propositions constructives du plan de paix en sept points du GRP, précisées par les déclarations du 2 février et du 11 septembre 1972, c’est-à-dire quitter le Vietnam avec leurs troupes et matériel de guerre et cesser toute ingérence dans les affaires intérieures du Sud-Vietnam. Les parties vietnamiennes pourront alors régler leurs problèmes entre elles et constituer un gouvernement de concorde nationale à trois composantes, première étape vers la réunification du pays.

Au stade actuel de l’agression, les peuples du monde doivent poursuivre leur soutien aux peuples d’Indochine en lutte pour leur libération.

La proximité d’une éventuelle fin du conflit ne doit en rien relâcher notre effort de solidarité. En effet, les provocations de l’impérialisme US en Indochine ne s’arrêteront pas avec la signature d’un accord politique suivi d’un cessez-le-feu, comme l’ont montré les sabotages successifs des accords de Genève de 54 sur l’Indochine, de 62 sur le Laos.

D’autre part, la reconstruction des pays d’Indochine exige le soutien résolu des peuples du monde car la victoire des peuples d’Indochine représente une contribution capitale à la cause de libération des peuples et nations opprimés.
Cette victoire et sa consolidation contribueront à renforcer le Front uni mondial antiimpérialiste pour précipiter la défaite générale de l’impérialisme.

En conséquence, la Conférence de Lutte Communiste, réunie les 14 et 15 octobre 1972, réaffirme son soutien à la lutte des peuples d’Indochine ainsi qu’aux gouvernements et organisations qui les représentent, et charge le CD de définir un plan d’action pour concrétiser ce soutien.


UNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LÉNINISTES DE BELGIQUE) :
LUTTONS POUR QUE LUTTE COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE)
ABANDONNE LE SECTARISME ET L’OPPORTUNISME

INTRODUCTION

A l’intérieur du mouvement marxiste-léniniste, la lutte pour l’unité des communistes authentiques bat son plein. Une contradiction aiguë oppose le désir d’unité au sectarisme. L’issue de la lutte doit être la fondation du Parti du prolétariat.

L’UC(ML)B, convaincu du succès de la ligne léniniste d’unification, mène une vigoureuse campagne contre l’esprit de cercle et a fait une proposition concrète pour la réalisation de l’unité.

Cependant le sectarisme est encore dominant, et aveugle fort les esprits. C’est pourquoi il est nécessaire d’approfondir toujours plus la ligne pour l’unité. En particulier, les critères déterminant qui appartient au marxisme-léninisme et qui appartient au néo-révisionnisme soulèvent beaucoup de controverses. Cette question est d’ailleurs la question essentielle à résoudre pour pouvoir créer le Parti.

Certains choisissent des critères qui ne conviennent qu’à eux-mêmes, en fonction de leurs propres désirs et non des nécessités de la Révolution : c’est le cas d’Alle Macht aan de Arbeiders (AMADA) et de Lutte Communiste (LC).

Sur quels critères sommes-nous fondés pour déterminer la ligne de démarcation entre les marxistes-léninistes et les révisionnistes ?

1. « Dans la confusion qui règne actuellement au sein du mouvement marxiste-léniniste belge (confusion due notamment à l’absence de lutte idéologique systématique), il est normal de ranger dans le mouvement toutes les organisations qui affirment vouloir appliquer les principes communistes et dont il n’y a pas lieu de douter de la véracité, même si leur pratique est encore insuffisante ou si elle n’est pas encore réellement dégagée de l’économisme » (Bulletin marxiste-léniniste 1, p. 22).

2. « Les marxistes-léninistes se définissent idéologiquement et théoriquement en construisant leur ligne et leur style sur les principes pour lesquels Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Tsétoung ont victorieusement lutté. Au point de vue politique, ils situent avec justesse la contradiction principale caractérisant la situation générale qu’ils ont pour tâche de transformer. Il s’agit actuellement en Belgique d’unir, par la construction du Parti, le mouvement ouvrier spontané et la théorie communiste. » (Bulletin marxiste-léniniste 2, p. 10)

3. « Le mouvement marxiste-léniniste belge est constitué par les organisations qui posent pour tâche centrale la construction du Parti ». (Bulletin marxiste-léniniste 3, p. 5)

4. « Les organisations ALLE MACHT AAN DE ARBEIDERS, LUTTE COMMUNISTE et L’UNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LENINISTES) DE BELGIQUE se sont placées sur les positions communistes minimums, en s’orientant sur les principes du marxiste-léniniste-pensée-maotsétoung, en s’assignant pour tâche principale de construire l’authentique Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique et en se démarquant dans les faits de la voie bourgeoise dans le mouvement marxiste-léniniste, incarnée par le soi-disant « PCMLB » néo-révisionnistes (Clarté) et « PCMLB » néo-révisionnistes (L’Exploité) ». (Proposition de l’UC(ML)B à tous les communistes (marxistes-léninistes) de Belgique pour la réalisation de leur unité).

5. « Les véritables organisations marxistes-léninistes adhèrent sincèrement aux principes du communisme défendus par Marx, Engels, Lénine, Staline Mao Tsétoung, Enver Hoxha, et s’efforcent de les appliquer. Elles se sont donné pour tâche principale actuelle de construire l’authentique Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique. Par là, elles se sont, tout au moins dans les faits, démarquées du néo-révisionnisme, même si certaines organisations n’ont pas encore tiré entre l’ennemi et elles une délimitation idéologique conséquente » (Pour l’unité des communistes (marxistes-léninistes) et de la classe ouvrière, p. 21).

Les citations 1, 2 et 3 insistent justement sur l’attachement aux principes marxistes-léninistes dans la construction du Parti. Ceux qui adhèrent réellement à ces principes sont marxistes-léninistes, ceux qui le font faussement sont néo-révisionnistes. Ces citations n’indiquent pas explicitement l’ennemi principal, à savoir le néo-révisionnisme. Or, les néo-révisionnistes se fixent apparemment les mêmes tâches que les marxistes-léninistes, en les menant au révisionnisme. Les citations 4 et 5 indiquent que les marxistes-léninistes se démarquent nécessairement du néo-révisionnisme, quelles que soient leurs déviations et leurs insuffisances. Ainsi l’ennemi principal est explicitement dénoncé, afin qu’il soit chassé des rangs communistes et afin que les marxistes-léninistes soient mis en garde.

Ces critères communistes ont été appliqués par l’UC(ML)B. Ils ont permis de distinguer l’ami et l’ennemi dans le mouvement marxiste-léniniste de Belgique. Le développement actuel du mouvement marxiste-léniniste, sa marche vers l’unification, son influence grandissante, opposés à la dégénérescence des Partis néo-révisionnistes, confirment notre analyse.

Certains répliquent :

« Mais AMADA et LC n’ont pas encore pris clairement position contre le néo-révisionnisme ! ».

Il est vrai que ces organisations marxistes-léninistes n’ont pas encore une conscience claire de la nature du néo-révisionnisme et qu’elles sont hésitantes à son sujet ; la démarcation qu’elles font est donc peu nette, mais elle est réelle dans la mesure où leur idéologie est marxiste-léniniste ; elles corrigeront leurs erreurs, progresseront dans la voie du marxisme-léninisme et dénonceront tôt ou tard le néo-révisionnisme.

Nous devons en premier lieu avoir une grande confiance en elles et manifester un grand désir d’unité ; en second lieu, nous devons nous démarquer nettement et clairement pour chasser le néo-révisionnisme et réaliser l’unité organisationnelle des marxistes-léninistes.

Sur quoi se fonde notre confiance ?

Elle provient du développement de l’Histoire internationale et nationale.

A l’heure actuelle, le mouvement marxiste-léniniste est en plein développement dans le monde. De nombreux Partis s’édifient et se consolident, en rejetant le révisionnisme. La tendance principale dans le monde est à la révolution, ce qui signifie que les impérialistes et les révisionnistes s’affaiblissent de jour en jour, pendant que le camp de la révolution est le plus puissant et se renforce constamment. Dans ces conditions, nous devons avoir une confiance illimitée dans le développement du mouvement marxiste-léniniste et de la révolution.

Lorsque les révolutionnaires adhèrent au marxisme-léninisme, s’appuient honnêtement et sincèrement sur les principes marxistes-léninistes, ils sont d’authentiques communistes.

Mettre l’accent sur leurs déviations, sur leurs erreurs plus ou moins graves, est une marque de méfiance, de sectarisme envers le marxisme-léninisme montant. Il ne fait aucun doute que la volonté révolutionnaire basée sur l’attachement aux principales vaincra toutes les difficultés et mènera à la victoire, par l’application de plus en plus stricte du marxisme-léninisme aux conditions concrète du pays.

Les vicissitudes de toutes sortes sont passagères, les succès dominent : tel est le sens de l’Histoire. En ce qui concerne le mouvement marxiste-léniniste, il en va ainsi : les marxistes-léninistes qui désirent la révolution, qui rejettent le révisionnisme en s’appuyant sur la théorie communiste sont les guides de la Révolution mondiale. Leurs erreurs seront corrigées, les défaites changés en succès. Il ne peut en être autrement.

Les révisionnistes de tout poil, surtout les néo-révisionnistes qui se camouflent le plus perfidement, ont choisi le camp de la bourgeoisie ; ils trahissent la révolution sciemment ; leur idéologie est réactionnaire, empreinte d’arrivisme, de conspiration, de manœuvres hypocrites, de mensonges éhontés et s’exprime aussi par l’antagonisme à l’égard des marxistes-léninistes, par le refus de la critique et de l’autocritique, le mépris de l’activité de masse, une politique réformiste, un fonctionnement bureaucratique. Leur idéologie s’exprime à travers chacun de leurs actes et s’attire la même haine que la bourgeoisie.

Dans le mouvement marxiste-léniniste, au contraire, les déviations opportunistes seront combattues avec patience et persévérance. De la sorte, elles seront corrigées, parce que l’intérêt de la révolution l’exige.

Entre les organisations marxistes-léninistes belges, il existe une concordance sur les tâches principales : respect des principes fondamentaux du marxisme-léninisme, nécessité primordiale de construire le Parti, refus de considérer l’Exploité et Clarté comme des Partis authentiques. Les organisations marxistes-léninistes authentiques sont de formation récente. Elles se composent de révolutionnaires qui n’ont pas de responsabilité dans la trahison du révisionnisme. Dans ces organisations il existe une volonté révolutionnaire basée sur l’attachement aux principes marxistes-léninistes. Ceci fonde notre confiance en elles et crée une perspective favorable à la lutte contre le sectarisme.

Comment est tracée notre ligne de démarcation avec le révisionnisme ?

Notre ligne de démarcation vise à combattre les crimes du révisionnisme et du réformisme. La nature des sociaux-démocrates et des révisionnistes belges ne soulève pas de controverses parmi les marxistes-léninistes parce que leur trahison est ouverte, flagrante. Cependant, en rester là est tout à fait insuffisant ! Attendre, dans tous les cas, la trahison ouverte pour se prononcer serait extrêmement dangereux, parce que le processus de dégénérescence resterait ignoré et pourrait donc se produire dans nos propres rangs, à notre insu.

Au moment de la trahison ouverte, il est souvent trop tard pour réagir immédiatement de façon efficace, tant la pourriture est profonde.

Quelle a été la raison principale de la victoire de la Révolution d’Octobre en 1917 ?

« L’histoire du Parti nous apprend, tout d’abord, que la victoire de la révolution prolétarienne, la victoire de la dictature du prolétariat est impossible sans un parti révolutionnaire du prolétariat, exempt d’opportunisme, intransigeant vis-à-vis des conciliateurs et des capitaulards, révolutionnaire vis-à-vis de la bourgeoisie et de son pouvoir d’Etat.

L’histoire du Parti nous apprend que laisser le prolétariat privé d’un tel parti équivaut à le laisser sans direction révolutionnaire ; or, le laisser sans direction révolutionnaire, c’est ruiner la cause de la révolution prolétarienne ». (Histoire du Parti communiste (bolchéviks) de l’URSS, p. 391).

Lénine et le PC(b) de l’URSS ont mené une lutte acharnée et intransigeante contre le révisionnisme et l’opportunisme, et ont construit ainsi la direction unique et révolutionnaire du prolétariat insurgé. II faut donc attaquer les sources de l’opportunisme et du révisionnisme, et pas seulement les effets flagrants. Il nous faut analyser et dénoncer le révisionnisme, surtout celui qui se propage parmi nous : le révisionnisme à la façade marxiste-léniniste, c’est-à-dire le néo-révisionnisme.

C’est d’autant plus vrai que le néo-révisionnisme n’a pas encore eu l’occasion de trahir ouvertement une révolution ou un mouvement révolutionnaire, et qu’il se camoufle facilement derrière sa façade marxiste-léniniste. Nous n’avons nullement l’intention d’attendre qu’il déroule sa carrière jusqu’à la trahison ouverte, puisque devant nous se dresse le Parti néo-révisionniste Clarté-L’Exploité semant la confusion dans les rangs marxistes-léninistes.

Notre ligne de démarcation repose sur une analyse scientifique des organisations marxistes-léninistes et soi-disant marxistes-léninistes, basée sur la confiance dans le marxisme-léninisme et dans la révolution. L’analyse porte sur l’idéologie, la plate-forme politique, le fonctionnement et la pratique, à partir de la création de l’organisation jusqu’à son activité actuelle. Elle fournit un bilan de l’organisation et détermine sa nature de classe.

L’analyse de L’Exploité et de Clarté aboutit à une conclusion claire et nette : Clarté et L’Exploité mettent en avant la « dictature du prolétariat », l’« internationalisme prolétarien » et la « construction du Parti » pour développer par derrière une ligne révisionniste, anticommuniste.

La critique de Lutte Communiste permet d’approfondir la compréhension du marxisme-léninisme et du révisionnisme, car cette organisation marxiste-léniniste est certainement celle qui est la plus influencée par le révisionnisme. Nous confirmerons par ce texte que, malgré de nombreux points communs entre les néo-révisionnistes et Lutte Communiste, les uns sont dans le camp de la bourgeoisie et LC dans le camp du prolétariat. En même temps, cette critique servira (c’est notre espoir et notre but) à éloigner LC du bourbier révisionniste. Nous sommes décidés à avoir une grande confiance dans la volonté révolutionnaire de LC et à le critiquer durement pour le détourner de la voie révisionniste.

Il est malaisé de définir complètement la physionomie politique de LC, parce que cette organisation s’est jusqu’à présent très peu exprimée (plate-forme d’octobre 1972, périodique n° 0, 1 et 2). Il y a eu trois discussions entre nos organisations. Quant à la pratique, quelques activités nous ont permis de comparer nos positions et nos styles de travail.

Nous soutenons l’essentiel de la plate-forme de LC, parce qu’elle défend le marxisme-léninisme contre le révisionnisme et le réformisme.

Cependant elle est marquée par le sectarisme et l’intellectualisme, qui sont des obstacles importants à la construction du véritable Parti communiste.

LC est l’exemple-type d’une organisation adhérant au marxisme-léninisme, mais entraînée vers le néo-révisionnisme, à cause de l’esprit de cercle et de l’opportunisme.

Nous considérons LC comme une organisation marxiste-léniniste, et nous maintenons ce point de vue contre les sectaires.

Mais, conscients des grandes faiblesses de cette organisation, nous demandons à tous les marxistes-léninistes de lutter avec LC pour qu’il abandonne l’esprit de cercle et l’opportunisme en général, et qu’il s’unisse aux marxistes-léninistes.

ORIGINE DE LUTTE COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE)

LC est issu du mouvement étudiant liégeois et s’est formé en 1972. Dès son origine, LC dénonça le révisionnisme moderne et décida de construire le Parti du prolétariat. Auparavant, des futurs membres de l’organisation avaient établi des contacts avec des organisations marxistes-léninistes, mais aucun d’eux n’avait une expérience d’activités marxistes-léninistes.

L’organisation nouvelle est donc inexpérimentée, issue de la pratique en milieu étudiant. Elle porte encore de nombreux stigmates de la petite-bourgeoisie intellectuelle. Principalement, le sectarisme, le repli sur soi-même.

Le fait de former une nouvelle organisation au lieu de rallier une organisation existant à l’époque (AMADA, TPT, OC, UR, GR), indique déjà une volonté de posséder « son » groupe, aggravant la division des marxistes-léninistes, au lieu de contribuer à leur unification.

Mais la responsabilité de LC n’est pas unique. AMADA n’incita certainement pas LC à renoncer à son projet parce que sectaire lui-même, tandis que TPT formula sa proposition pour l’unité sans saisir encore solidement la question. TPT ne mit pas l’accent sur la nécessité de combattre l’esprit de cercle et de rejoindre immédiatement une organisation marxiste-léniniste. Il critiqua surtout l’intellectualisme du groupe à l’égard de la théorie (attachement au révisionnisme Althusser, philosophe du P’C’F) et à l’égard de la pratique (sous-estimation de la pratique dans la classe ouvrière) (Bulletin marxiste-léniniste 1, p. 35-55)

Cependant, LC entrait de plain-pied dans le mouvement marxiste-léniniste, ce qui doit être salué comme un progrès certain de ce groupe et du mouvement en général.

La décision de former une organisation marxiste-léniniste en quittant la petite-bourgeoisie étudiante a renforcé le camp marxiste-léniniste en Belgique et favorise la fondation du Parti. Le repli sur soi-même est un aspect secondaire, à l’origine des erreurs actuelles.

LE SECTARISME DE LUTTE COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE)

QUI UNIR ET COMMENT UNIR

Après un an de silence sur la question de l’unité des marxistes-léninistes, LC a pris position dans sa plate-forme et dans son périodique.

« C’est une nécessité vitale pour le développement de la révolution dans un pays que les communistes réalisent l’unité de leur rangs de classe. Là où le parti du prolétariat n’existe pas encore, leur tâche fondamentale est la construction du parti » (Plate-forme, p. 10, voir supra).

« Les marxistes-léninistes de Belgique sont aujourd’hui encore divisés. Pour créer le parti, il leur faut donc entreprendre de s’unir, il leur faut confronter leurs positions respectives, c’est-à-dire se critiquer mutuellement et confronter leurs positions à la réalité, c’est-à-dire pratiquer l’autocritique » (Ibid. p. 21).

Dans sa brochure Pour l’unité des communistes (marxistes-léninistes), et de la classe ouvrière, l’UC(ML)B a montré tout le dispositif de cette prise de position. Cependant, les lacunes sont flagrantes. En effet, LC, après avoir justement souligné l’importance de l’unité, n’indique pas QUI unir et donne à la question COMMENT une réponse erronée.

Sur la question QUI unir.

LC ne détermine aucune ligne de démarcation entre le marxisme-léninisme et le néo-révisionnisme, n’analyse aucune des organisations existantes pour la qualifier politiquement.

Il ne prend pas la peine de déterminer quelles sont les organisations marxistes-léninistes et quelles sont les organisations révisionnistes, afin d’unir les unes et de dénoncer les autres. LC ne s’occupe pas de savoir QUI UNIR, parce qu’il refuse de voir et de condamner la voie bourgeoise dans le mouvement marxiste-léniniste. L’attentisme de LC, le manque de critères pour se démarquer du néo-révisionnisme est un compromis avec la bourgeoisie : cela conduit à l’entente avec l’ennemi et au rejet de l’ami.

A tout moment, il faut connaître les amis et les ennemis.

A l’intérieur du mouvement marxiste-léniniste, les communistes et les révisionnistes mènent entre eux une lutte à mort, LC ne prend aucune part active pour renforcer le quartier général prolétarien, n’a aucune compréhension de l’enjeu de la lutte et a tendance à soutenir le quartier général bourgeois.

Il en découle que la proposition d’unité faite par LC s’adresse à des partenaires indéterminés. Pour répondre à la question COMMENT UNIR, la plate-forme trace un chemin qui va plutôt au-devant de la question : « comment en pas unir » !

« Nous avons dit que la lutte idéologique entre les divers groupes qui se réclament du marxisme-léninisme doit porter sur les questions « Quel parti ? » et « Comment le construire ? ».

Il ne suffit pas pour cela de s’en référer aux principes généraux qui guident le mouvement communiste, principes sur lesquels à peu près tous ceux qui se disent marxistes-léninistes peuvent arriver à un accord verbal. Il ne peut s’agir d’accord verbal ; nous devons arriver à un accord sur des points concrets. D’abord à un accord sur les conditions générales de la construction du parti et le procès de cette construction.

Ensuite sur la manière dont nous entendons mener l’analyse sur les méthodes et les résultats de ces analyses, ainsi que sur les méthodes et les résultats du travail de propagande et d’agitation. Enfin sur l’élaboration de la stratégie globale, etc. » (Plate-forme, p. 22-23).

LC détaille longuement les points qui selon lui nécessitent un accord : la construction du Parti, les méthodes et les résultats de l’élaboration de la stratégie globale, etc.

En outre :

« L’unité ne se fera pas par un concours entre groupes dont le gagnant serait celui qui ferait la meilleure rédaction sur le marxisme-léninisme. Elle se fera sur la ligne politique qui démontrera dans la pratique qu’elle est juste – c’est-à-dire qu’elle est la meilleure arme pour le prolétariat – et qui s’élabore dans cette pratique ». (Périodiques n° 0 et 1).

Qu’un accord est nécessaire est l’évidence même : sans accord, pas d’unité. Mais jusqu’où l’accord doit-il aller ?

Tout en refusant de se démarquer du néo-révisionnisme, LC voudrait donc que les organisations marxistes-léninistes reconnaissent la justesse de sa ligne en son entier. C’est la condition qu’il met à s’unir avec elles !

Cette exigence inouïe plonge LC dans des contradictions insurmontables, puisqu’il n’admet l’existence actuelle d’organisations marxistes-léninistes que pour s’apprêter à les rejeter.

Ensuite, il n’y a pas lieu d’attendre pour se démarquer un moment, d’ailleurs non défini (et pour cause), où la ligne juste aura démontré sa valeur ; la nature d’une organisation et d’une ligne peut et doit être définie à tout moment, à toute étape du développement de celles-ci.

Refuser de se démarquer avec l’ennemi et refuser de s’unir avec les amis, c’est remettre à plus tard l’accomplissement de notre tâche la plus urgente, l’édification du Parti du prolétariat.

Sectarisme et attentisme sont les deux tactiques mises en œuvre par les opportunistes qui manquent gravement à leurs devoirs à l’égard de la classe ouvrière.

Il est possible et nécessaire d’engager dès aujourd’hui l’édification du PC(ML)B. C’est à cette fin que l’UC(ML)B s’est démarquée nettement du néo-révisionnisme et c’est dans ce but qu’elle a fait aux marxistes-léninistes authentiques une proposition concrète d’unification.

La réponse apportée à ces deux questions détermine la création du Parti.

L’UC(ML)B demande à tous les camarades qui n’ont pas encore rallié fermement cette position de rectifier leur ligne, afin de se mettre sans réserve au service du prolétariat.

LUTTE COMMUNISTE ENCOURAGE LE SCISSIONNISME

LC, qui a choisi le sectarisme à l’égard des organisations marxistes-léninistes, poursuit sa logique et encourage même le scissionnisme.

En même temps que sa plate-forme, LC a défini ses structures et son fonctionnement (texte non public).

Il y est écrit :

« LC n’est qu’une des organisations du mouvement ML dont la composition est jusqu’ici assez mouvante. Cette désunion empêche l’application des aspects strictement organisationnels du centralisme au niveau du mouvement dans son ensemble. Elle implique même que nous acceptions comme inévitable dans cette période que des militants passent d’une organisation m-l à une autre, simplement parce qu’ils estiment la ligne de celle-ci plus correcte. Nous devons rejeter seulement ceux que leur fantaisie petite-bourgeoise amène à soutenir successivement des positions politiques contradictoires.

Pour l’essentiel, notre lutte pour le centralisme au niveau du mouvement doit se traduire dans le travail d’unification politique, contre le chauvinisme de fraction et le régionalisme ».

C’est là affirmer en même temps le blanc et le noir !

Dans le premier paragraphe, LC encourage fortement le scissionnisme en ouvrant la porte à des petits-bourgeois dégénérés et à des scissionnistes arrivistes qui abandonnent les organisations marxistes-léninistes, le plus souvent parce qu’ils en sont chassés. Certains d’entre eux ont déjà trouvé refuge chez LC qui s’empresse de les couvrir. C’est une aide considérable à la désunion des marxistes-léninistes, au scissionnisme néo-révisionniste. Dès lors le deuxième paragraphe de cette citation se retourne contre LC et devrait lui faire comprendre que « le chauvinisme de fraction et le régionalisme n’ont de meilleur défenseur que LC lui-même ! »

RAPPORTS ENTRE LUTTE COMMUNISTE ET L’UC(ML)B

Ces rapports ont confirmé le sectarisme exacerbé de LC.

La première discussion entre LC et l’UC(ML)B eut lieu en juin 1972. Elle porta sur des questions de l’unité et de la théorie, et permit de connaître les positions de LC (la plate-forme n’existait pas encore). De la part de l’UC(ML)B, il y avait un manque de chaleur, de volonté d’unité ; chez LC se manifestait presque de l’antagonisme.
La deuxième réunion eut lieu en mars 1973. Cette discussion porta sur la critique de la plate-forme de LC et traçait le plan pour la suite des discussions, en cernant les divergences existantes.

La troisième réunion eut pour thème le néo-révisionnisme et se déroula également en mars. LC l’interrompit brutalement. Cependant une réunion de discussion sur la fascisation fut prévue. Elle n’a pas eu lieu, car peu après LC fit savoir qu’il considère l’UC(ML)B comme « non marxiste-léniniste », c’est-à-dire comme révisionniste.

D’autre par une série de propositions pratiques faites par l’UC(ML)B ont généralement été refusées par LC :

– Campagne contre la fascisation du régime :

L’UC(ML)B dans sa campagne contre la fascisation centrée sur les projets Vrancks et Vanden Boeynants, a organisé des meetings et a participé à la manifestation d’AMADA. LC a décliné toute proposition d’unité d’action, parce qu’il estime qu’il n’y a pas de fascisation. Est-ce une raison suffisante pour ne pas faire le front uni des marxistes-léninistes contre les projets fascistes ? En cette occasion, LC, poussant très loin le sectarisme, a facilité objectivement les attaques bourgeoises contre les marxistes-léninistes et la classe ouvrière.

– Meeting du 8 mars à Seraing contre les projets Vrancks et Vanden Boeynants, organisé par les jeunesses syndicales :

A ce meeting, des dirigeants réformistes et révisionnistes de Liège sont venus jeter la confusion sur ces projets en camouflant le rôle répressif de l’Etat capitaliste et en défendant le PSB. Ces traîtres se donnaient une façade combative pour empêcher la prise de conscience révolutionnaire du prolétariat. A nouveau, LC refuse toute collaboration.

– Campagne Staline :

A l’occasion du 20ème anniversaire de la mort du camarade Staline, l’UC(ML)B a organisé une campagne pour propager son œuvre et combattre les révisionnistes et les petits-bourgeois anticommunistes qui la calomnient. LC, invité à participer à cette campagne, n’a pas donné suite à cette proposition.

– Campagne 1er Mai :

L’UC(ML)B a organisé un meeting, puis a participé à la manifestation d’AMADA (annexe 1). LC se contente d’envoyer une délégation de deux camarades. Il a préféré vendre son journal dans les manifestations révisionnistes et réformistes, plutôt que de renforcer les activités marxistes-léninistes. En cette occasion, le mouvement marxiste-léniniste est apparu ouvertement un premier Mai, contre les révisionnistes et les réformistes. Les marxistes-léninistes ce jour-là ont amené l’avant-garde ouvrière à renouer avec les traditions de lutte du 1er Mai. Cette manifestation contribue également à l’unification du mouvement. LC fut absent, à la traîne des révisionnistes et des réformistes, sans égards pour l’unité du mouvement.

– Solidarité avec les dockers en grève

L’UC(ML)B a proposé à LC d’organiser un meeting et des collectes en commun. LC a refusé, en exigeant la formation d’un « comité ouvrier » qui, lui, se chargerait de ces activités. Il a ainsi rendu impossible le travail de propagande communiste, mené en commun.

Certaines activités ont donné lieu à l’unité d’action ; elles sont d’importance secondaire :

– un tract de riposte contre une pétition du syndicat d’un secteur de Cockerill demandant l’interdiction de distribuer à l’extérieur de l’usine ; ce tract fut fait à l’initiative de l’UC(ML)B ;

– vers la fin de la grève de Colard, une cellule de LC est intervenue, à la demande de l’UC(ML)B ;

Une seule activité a été proposée par LC : préparation commune à une manifestation Vietnam. L’UC(ML)B n’ayant pas eu sur ce point un esprit d’unité suffisant, a fait l’autocritique devant LC, envers les marxistes-léninistes. LC s’est toujours tenu à l’écart du mouvement marxiste-léniniste, par sectarisme. Il a considéré l’UC(ML)B et AMADA comme marxistes-léninistes, mais il va jusqu’à refuser de faite l’unité d’action avec eux.

En acceptant l’unité d’action, l’absurdité de la division des marxistes-léninistes apparaîtrait de façon plus évidente : chacun serait forcé de conclure qu’aucune activité importante ne peut avoir lieu dans collaboration ! De plus, les limites de l’unité d’action seraient rapidement apparues : manque de centralisation et de discipline uniques, lutte idéologique non active et non permanente, d’où pratique peu efficace. L’exemple de Colard montre certains aspects de cette absurdité, puisque LC et l’UC(ML)B doivent à présent « se partager » les mêmes ouvriers d’avant-garde qui, à juste titre, considèrent ces deux organisations comme communistes !

Des conséquences néfastes de la division des marxistes-léninistes apparaissent à l’évidence dans la pratique : la classe ouvrière divisée par les révisionnistes et les réformistes est par-dessus le marché désunie par les marxistes-léninistes eux-mêmes ! Cette vérité aveuglante aurait dû amener LC à liquider son sectarisme. Mais le sectarisme a toujours été le plus fort.

Quiconque participe aux activités communistes à Liège sait que LC considère l’UC(ML)B comme un « concurrent ». Dès le moment où l’UC(ML)B a décidé d’intervenir à Liège – aucun groupe marxiste-léniniste n’ayant d’activité dans les usines importantes de la région – ceux qui allaient former LC ont lâché la bride à leur « régionalisme », au lieu de se réjouir du développement de l’activité communiste.

Cette hostilité qui existe depuis le début, et qui s’est exprimée de mille façons plus désagréables les unes que les autres : refus d’activités communes, mise à l’écart des militants de l’UC(ML)B, etc, indique bien la profondeur du sectarisme. Naguère, LC considérait encore l’UC(ML)B comme une organisation marxiste-léniniste.

Maintenant il vit dans l’espoir de l’écroulement prochain de l’UC(ML)B, comme un de ses responsables l’a affirmé crûment : en qualifiant l’UC(ML)B de « révisionniste », LC s’est mis au bord du scissionnisme et doit rapidement revenir sur sa décision.

Ce comportement est d’autant moins fondé que LC ne s’est jamais mis en peine de porter à l’UC(ML)B des critiques, de façon élaborée et argumentée. Au contraire, il a toujours tendance à éviter la lutte idéologique, malgré notre invitation à la mener activement.

Dans son journal (Unité rouge n° 26), l’UC(ML)B a invité les organisations marxistes-léninistes à prendre position, dans une tribune libre, sur les questions de l’édification du Parti et de l’unification des marxistes-léninistes, parce qu’elles n’avaient pas encore pris spontanément l’initiative de porter la discussion devant la classe ouvrière. LC, n’a jamais donné aucune suite à cette proposition. Nous espérons que la proximité du scissionnisme alertera la volonté révolutionnaire des camarades de LC et se transformera en une bonne chose : le rejet déclaré du scissionnisme néo-révisionniste et la recherche de l’unité des marxistes-léninistes.

L’OPPORTUNISME ENVERS LE NÉO-RÉVISIONNISME

En mars de cette année, LC a reconnu être dépourvu de toute analyse du « PCB » (Voix du Peuple), de Clarté et de L’Exploité. Cela ne l’empêche nullement de se prononcer (prudemment) sur la Voix du Peuple et d’agir en opportuniste avec les néo-révisionnistes :

« En Belgique, une fraction du PCB qui se réclamait du marxisme-léninisme a tenté de se former en parti en opérant une scission d’avec le parti révisionniste. Cette tentative a échoué, suite sans doute à une mauvaise appréciation de sa situation originaire et de ses tâches » 2. (Plate-forme, p. 20)

La prudence de LC est très relative : « sans doute », sa « connaissance reste à produire », mais en attendant il se prononce nettement pour la nature marxiste-léniniste du Parti de Grippa. En effet, l’énumération des « erreurs » est très générale et s’applique à des marxistes-léninistes suivant un cours opportuniste : « Impréparation idéologique et théorique, absence d’une ligne politique claire … ».
Cette position est intenable.

Lors d’une discussion avec l’UC(ML)B, LC alla jusqu’à traiter le Parti de Grippa de « prémarxiste » !!, tant le révisionnisme de ce Parti est évident. De même, LC excuse Clarté et L’Exploité de leur révisionnisme, en affirmant qu’ils se sont formés alors qu’il n’existait pas encore de mouvement marxiste-léniniste !

Ces trois Partis sont néo-révisionnistes : ils sont liés par une même chaîne, que la fusion de L’Exploité et de Clarté vient encore de souder davantage. La direction de ces Partis a la même origine : le révisionnisme. Leur idéologie, leur ligne, leurs méthodes de direction, leur pratique sont du révisionnisme empreint de socialfascisme.

Ils sont les maîtres de l’arrivisme, des manœuvres, de la dénonciation, de l’hypocrisie. Dès qu’ils eurent quitté le « PCB », ils mentirent sur leur passé révisionniste et refusèrent de faire la moindre autocritique. L’activité de leur Parti est à leur image. Le bulletin marxiste-léniniste 2 dévoile clairement la nature bourgeoise de ces Partis.

LC, en entamant un processus d’unification avec les néo-révisionnistes, tout en écartant l’UC(ML)B, fait un choix grave. Il prouve ainsi combien son idéologie est influencée par le révisionnisme, combien son esprit de cercle le conduit à des compromis pourris. Pourquoi LC pactiserait-il avec des révisionnistes notoires ? La première raison est que LC suit une ligne opportuniste qui l’aveugle en partie.
La seconde raison est que LC emploie des méthodes douteuses, sans principe, pour essayer de recruter quelques militants de ces Partis.

Cette attitude opportuniste de LC à l’égard des révisionnistes est intenable. Il faut que LC trace les deux lignes dans le mouvement marxiste-léniniste et qualifie le révisionnisme de L’Exploité et de Clarté. Ce serait un progrès certain.

La voie de la conciliation avec la bourgeoisie est la voie menant droit à la trahison. Le marxiste-léniniste exige une dénonciation vigoureuse de tous les courants du mouvement ouvrier qui lui sont opposés. C’est la condition première du développement de l’activité communiste, de la création du Parti.

Notre tâche fondamentale est de construire ce Parti, qui guidera la classe ouvrière dans la révolution prolétarienne pour instaurer la dictature du prolétariat. Pour l’accomplir, nous devons principalement combattre le réformisme et le révisionnisme qui paralysent la classe ouvrière, qui détruisent les Partis révolutionnaires pour les transformer en Partis bourgeois. Si nous ne remplissons pas ce devoir, si nous passons des compromis avec ces traîtres, nous introduisons nous-mêmes le révisionnisme dans nos rangs.

Aucun succès momentané, aucun développement numérique ne justifie le compromis avec le révisionnisme. Notre but n’est pas de « récupérer » des scissionnistes, mais de préparer la révolution prolétarienne. Cette voie est effectivement difficile aujourd’hui, justement à cause de la trahison révisionniste ; nous vaincrons parce que nous serons restés fermes sur les principes, fidèles aux intérêts fondamentaux du prolétariat, inflexibles avec les traîtres camouflés.

Le refus de dénoncer le néo-révisionnisme est une manifestation grave de compromis avec la bourgeoisie.

L’OPPORTUNISME DANS LA PROPAGANDE ET LA PRATIQUE DE MASSE

Dans sa plate-forme, LC prend nettement position contre le révisionnisme moderne et la social-démocratie, pour le renversement armé de l’Etat et l’instauration de la dictature du prolétariat. Mais il ne tient pas solidement cette lutte en main et se laisse envahir par l’opportunisme.

Sur la question fondamentale de l’Etat et la fascisation.

La position de LC sur la fascisation confirme sa vue opportuniste sur l’Etat capitaliste. LC soutient la brochure d’« Action communiste » intitulée « Fascisme ou Etat fort ? », que nous dénonçons par ailleurs. Cette brochure est contre-révolutionnaire.

Sa base idéologique – la confiance dans la bourgeoisie et le manque de confiance dans le prolétariat – se retrouve dans le refus de lutter contre la fascisation.
La fascisation est la tactique de la bourgeoisie pour mettre en place le fascisme. Elle correspond au renforcement du rôle répressif de l’Etat capitaliste, à la préparation de la dictature terroriste de la partie la plus réactionnaire du capital financier. Elle découle de la nature de l’impérialisme et de l’Etat capitaliste.

A l’époque de l’impérialisme, les crises et les luttes du peuple obligent les capitalistes à abandonner le masque de la « démocratie » bourgeoise et à préparer le fascisme. L’attaque contre l’avant-garde de la classe ouvrière, contre les révolutionnaires est un signe important du processus de fascisation. Les réformistes et les révisionnistes soutiennent la fascisation en s’opposant à la lutte révolutionnaire du prolétariat.
LC passe à côté de la nature réelle de l’Etat capitaliste, ne croit pas au danger fasciste, sous-estime gravement le projet Vranckx et les autres mesures fascistes contre le peuple et les marxistes-léninistes.

Dans l’article « A quelles nécessités répondent les plans de réforme des forces armées », le plan Vanden Boeynants est conçu comme « un embrigadement idéologique » ; à aucun moment le rôle répressif de l’Etat, qui est son rôle principal, n’est mis en avant, ainsi que la nécessité pour le prolétariat de le briser par la violence. L’article est complètement petit-bourgeois, sans vigueur, sans leçon politique ; il faut aussi se demander pourquoi le projet Vranckx est passé sous silence, alors qu’il vise principalement la construction du Parti du prolétariat. Dans l’article « Autour d’IBRAMCO », (périodique 2), l’accent est mis sur le rôle économique de l’Etat. Mettre l’accent sur le rôle idéologique ou économique de l’Etat revient à cacher l’essentiel, son rôle politique et militaire de force de répression contre le peuple et les communistes.

Dès lors, la tâche du prolétariat de brise cet Etat par la violence est le plus souvent passée sous silence.

Le refus de LC de participer à la manifestation marxiste-léniniste de Deurne contre la fascisation et pour le socialisme, est le résultat de ses fausses conceptions. Cela signifie que LC divise le front marxiste-léniniste dans sa lutte contre la fascisation et contre son fer de lance, le projet Vranckx. Le sectarisme de LC et sa passivité devant les attaques de la bourgeoisie affaiblissent ainsi la lutte immédiate de la classe ouvrière.

Un autre exemple. Le 8 mars à Seraing, les réformistes et les révisionnistes montent un meeting contre les projets Vanden Boeynants et Vranckx. LC refuse de collaborer avec l(UC(ML)B pour y défendre les positions marxistes-léninistes contre les réformistes et les révisionnistes et se contente de distribuer un tract démocratique (où les objectifs socialistes étaient absents) ; il se tait devant la liquidation réformiste et révisionniste.

Au nom de « l’attachement aux principes » LC affirme qu’il n’y a pas de fascisation afin de ne pas « tromper le peuple » et oppose… la division des marxistes-léninistes, le compromis avec les réformistes et les révisionnistes, l’abandon des tâches politiques. « L’attachement aux principes » coûte cher au prolétariat lorsqu’il devient le prétexte du renoncement aux véritables principes : l’unité des marxistes-léninistes, contre le révisionnisme et le réformisme, la lutte contre l’Etat capitaliste pour le socialisme.

Sur la question fondamentale du réformisme et du révisionnisme.

L’opportunisme de LC envers les directions syndicales et les révisionnistes s’exprime clairement dans la position que LC prend devant les luttes de la classe ouvrière
Les deux articles : « Colard, quelle sécurité ? » et « La bourgeoisie et l’emploi » concernent la région de Liège où LC a une connaissance directe de la trahison réformiste.

L’article sur Colard relate les faits avant et après la grève, en axant l’article sur la médecine du travail et non sur la lutte des ouvriers. Surtout, il n’y a aucune explication de la trahison des directions syndicales, alors que celles-ci ont refusé de reconnaître la grève, qu’elles ont essayé chaque jour de faire reprendre le travail, LC n’indique aucune perspective communiste, alors que les marxistes-léninistes ont joué un rôle important dans cette lutte. Il aurait suffi de relater correctement les faits, bien connus de LC. Or, l’article est tout à fait économiste. Voici les « leçons » que LC tire de la lutte :

« Exploités par les patrons, trahis par les délégués, trompés par les médecins, les ouvriers n’ont pas le choix : la seule solution est d’organiser la lutte directe eux-mêmes. En s’unissant et en s’organisant, les travailleurs peuvent imposer leurs revendications et particulièrement de meilleures conditions de travail et de sécurité ».

C’est là de l’opportunisme qui s’oppose à la dictature du prolétariat et à la construction du Parti. Les communistes montrent à la classe ouvrière la voie de la révolution socialiste ; ils édifient le Parti communiste à travers tous les événements de l’exploitation et de l’oppression du peuple. Ils apportent cette magnifique perspective à la classe ouvrière pour qu’elle ne prenne conscience et se libère du capitalisme. L’expérience de Colard montre la nécessité d’une solide cellule communiste qui prépare l’unité des ouvriers dans la lutte pour le socialisme. L’expérience montre aussi pratiquement la nécessité de l’unité des marxistes-léninistes. L’article sur l’emploi à l’occasion de la grève à la construction mécanique de Cockerill, est du même genre. Il se termine par la perspective :

« CONCLUSION : DÉJOUONS LES MANŒUVRES DES PATRONS »

C’est d’autant plus insuffisant que dans cette lutte les directions syndicales n’ont pas été percées à jour par les travailleurs. (Voir article Unité rouge, n° 27). Les illusions, les idées fausses des ouvriers s’en vont progressivement ; elles s’en vont tout à fait quand les communistes leur indiquent les moyens réels de mener une lutte qui soit une préparation, une école pour la prise du pouvoir.

Dans la « Résolution sur le journal » (non publiée), LC protège le révisionnisme moderne en affirmant que :

« (Le journal) devra enfin s’attacher particulièrement à combattre le développement des courants bourgeois dans la classe ouvrière, à savoir principalement la social-démocratie ».

Le révisionnisme moderne trompe encore beaucoup d’ouvriers parmi lesquels de nombreux ouvriers avancés.

L’ « oubli » de LC est inacceptable.

Pendant la grève des dockers de Gand et d’Anvers, l’opportunisme de LC envers le révisionnisme moderne s’est clairement manifesté. Lorsque les dirigeants du P’C’B feignaient de soutenir la grève, LC en s’abstenant de dévoiler leur véritable rôle, en se retranchant derrière un comité, les a objectivement soutenus ! Ensuite, quand ils se sont dévoilés ouvertement, LC s’est alors écrié :

« Des leaders révisionnistes du P’C’B’ ont essayé (de) trahir la volonté de lutte inébranlable de la masse des dockers ». (Périodique n° 2).

En matière de suivisme, LC bat tous les records.

Constater passivement que « des leaders révisionnistes du P’C’B’ » brisent la lutte, n’éclaire pas les travailleurs sur l’activité néfaste – anticommuniste – du Parti révisionniste. L’essentiel – la trahison des objectifs fondamentaux du prolétariat – manque. Lorsque les révisionnistes tentent de briser les luttes, ils veulent empêcher le développement de la conscience de classe des travailleurs, la transformation des luttes spontanées en une lutte de classe consciente pour le socialisme. (Voir Unité rouge, n° 30). Leur opposition à la violence de masse, leur soutien aux directions syndicales et leurs attaques social-fascistes contre les marxistes-léninistes pendant la grève des dockers, n’ont pas eu d’autre but.

Généralement, LC, pour éviter toute démarcation avec les réformistes et les révisionnistes, se réfugie derrière les comités de lutte et, à la manière des trotskistes, « fait de l’entrisme », c’est-à-dire qu’il ne défend pas ouvertement ses objectifs.

La tactique « entriste » de LC est complètement opportuniste, parce qu’elle amène LC à ne plus intervenir de façon autonome ! Prenons des exemples concrets.

– Le Comité « Unité dans la lutte » (UDL) de la FN.

A la FN, LC n’intervient pas publiquement et travaille seulement dans le comité.
Ce comité est un comité d’opposition syndicale ; il se préoccupe des conditions de travail et dénonce certains aspects du réformisme, tout en conservant des illusions sur la possibilité de « reconquérir les syndicats ». Il réunit quelques ouvriers avancés. Il est évident que les marxistes-léninistes doivent avoir des rapports avec lui, suivant le principe d’unité-critique-unité, afin de faire triompher les positions communistes dans les luttes économiques. Même à l’intérieur du comité, LC ne critique pas vigoureusement les illusions réformistes et ne défend pas la voie révolutionnaire. Pire, lors de la grève spontanée des 600 limeurs, fondeurs, graveurs et soudeurs pour des augmentations de salaire, UDL s’est rangé derrière le syndicat qui s’opposait à cette lutte, sous prétexte qu’elle « sabotait » la lutte pour l’emploi ! LC suivit docilement UDL. Et lorsque UDL chercha des prétextes pour chasser les membres de l’UC(ML)B, LC se mit à « l’avant-garde » et contribua fortement à l’exclusion.

Le sectarisme à l’égard des marxistes-léninistes, l’opportunisme à l’égard du réformisme sont les deux facettes de l’esprit de cercle très étroit de LC. Le repli sur soi-même, le mépris du marxisme-léninisme et de l’unité des marxistes-léninistes, conduisent LC à abandonner la construction du Parti et la diffusion du marxisme-léninisme, à se ranger à la queue du réformisme, à s’opposer même à une grève juste !

– Pendant la grève de Colard, des militants de LC sont intervenus à la demande de l’UC(ML)B. Là, LC participa ouvertement, avec notre organisation. Mais, à l’issue de la grève, LC essaya de former un comité de lutte avec des ouvriers avancés, proches du communisme mais non organisés, alors que l’UC(ML)B proposait de former un cercle de sympathisants. Ainsi, LC rabaisse l’éducation politique de la classe ouvrière au niveau des revendications économiques au lieu de l’élever au niveau de la conscience politique.

– La solidarité avec la grève des dockers.

LC a refusé d’organiser un meeting de solidarité et des collectes avec l’UC(ML)B pour former un « comité ouvrier liégeois de soutien pour la lutte des dockers », peu représentatif et peu actif. De la sorte, LC abandonnait une nouvelle fois l’éducation communiste sur les leçons de la grève des dockers :

– trahison des directions syndicales et des révisionnistes du P’C’B ;

– nécessité de la violence révolutionnaire pour faire la révolution ;

– nécessité du Parti pour guider la classe ouvrière vers la victoire finale.

Ces enseignements essentiels du marxisme-léninisme ont été mis en avant par la grève des dockers. Mais LC a refusé de les diffuser.

« Que le mouvement soit un phénomène important, cela est hors de discussion. Mais le tout est de savoir comment comprendre la « définition des tâches » par ce mouvement de masse ; elle peut être comprise de deux façons : ou bien l’on s’incline devant la spontanéité de ce mouvement, c’est-à-dire que l’on ramène le rôle de la social-démocratie à celui d’une simple servante du mouvement ouvrier comme tel (..) ; ou bien l’on admet que le mouvement de masse nous impose de nouvelles tâches théoriques, politiques et d’organisation, beaucoup plus compliquées que celles dont on pouvait se contenter avant l’apparition du mouvement de masse (…). Il suffira d’indiquer que le Rabotchéié Dielo (Journal des économistes russes) a jugé impossible d’assigner come première tâche au mouvement ouvrier de masse le renversement de l’autocratie, tâche qu’il a rabaissée (au nom du mouvement de masse) au niveau de la lutte pour les revendications politiques immédiates… » (Lénine, Que faire ?, t. 5, p. 397).

Il revient au Parti d’accomplir ces tâches :

« Il a été désormais historiquement démontré que sans son Parti, la classe ouvrière, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle vit et agit, ne peut acquérir d’elle-même une conscience de classe. Ce qui transforme la classe ouvrière de « classe en soi » en « classe pour soi », c’est le Parti. Bien entendu, la lutte, l’action, trempent et mettent à l’épreuve les masses et les révolutionnaires, elles leur enseignent bien des choses. Mais tant qu’un parti politique doté d’un programme clair, d’une stratégie et d’une tactique scientifiques, fait défaut, la lutte, soit demeure à mi-chemin, soit échoue. C’est ce qu’enseigne aussi l’expérience du mouvement révolutionnaire actuel et des nombreuses luttes des peuples des divers continents ». (Enver Hoxha, Rapport présenté au VIe congrès du Parti du Travail d’Albanie », p. 234-235).

Si les communistes cessent de voir dans la construction du Parti leur tâche principale, ils favorisent objectivement la domination du réformisme. Il n’y a que deux voies : la voie prolétarienne ou la voie bourgeoise. Le Parti prépare la classe ouvrière à suivre la voie révolutionnaire armée pour la prise de pouvoir.

Les communistes ne peuvent JAMAIS abandonner la construction du Parti et la propagande des idéaux communistes dans la classe ouvrière. Ils travaillent dans des comités de lutte, ou les fondent, lorsque ceux-ci sont indispensables au travail communiste, à l’assimilation du marxisme-léninisme par la classe ouvrière. Les comités de lutte ne jouent un rôle important que parce qu’ils contribuent à l’unité du prolétariat, qu’ils favorisent la liquidation de l’idéologie réformiste et facilitent l’éducation communiste et la construction de cellules. Lorsque LC abandonne les tâches principales des communistes et verse dans l’opportunisme, il freine la prise de conscience révolutionnaire du prolétariat, pour essayer d’obtenir quelques succès faciles.

En écrivant :

« Bien sûr, il est assez évident qu’on ne reverse pas la bourgeoisie dans une seule usine. Mais il n’est pas non plus impossible que les comités ouvriers s’unissent un jour dans une seule organisation nationale »,

LC commence à théoriser ses erreurs et à verser dans l’anarcho-syndicalisme. Le Parti est l’instrument principal de la lutte révolutionnaire pour le socialisme. C’est le Parti qui prépare la révolution socialiste parce que lui seul peut éclairer le peuple sur la stratégie et la tactique à suivre Le Parti doit guider les organisations de masse pour qu’elles servent à l’éducation révolutionnaire du peuple. Il est faux de penser que des organisations professionnelles comme les comités ouvriers pourraient remplacer le Parti. C’est démissionner de ses tâches communistes, répandre des illusions dans la classe ouvrière, et capituler devant le réformisme et le révisionnisme.

L’attachement aux faits particuliers, quotidiens coupés de la solution socialiste, aurait pu traduire au moins un grand esprit de dévouement de la part de LC. Mais, une fois de plus, les paroles et les écrits ne correspondent pas aux actes. Cette organisation, si « soucieuse des revendications immédiates des travailleurs » n’a pas sa pareille pour faire le vide quand les travailleurs entrent en lutte.

Les principales luttes à Liège ont été, cette année :

– la grève de la construction mécanique à Cockerill ;

– le meeting du 8 mars à Seraing contre VDB et Vranckx ;

– la grève des limeurs, fondeurs, graveurs et soudeurs de la FN ;

– la grève de Colard ;

– la grève des cokeries de Cockerill.

Dans toutes ces luttes, LC fut absent ou passif. Dans les deux dernières, il intervint timidement, à la fin de la grève, sans esprit combatif, sans initiatives.

Ces faits devraient inciter LC à avoir plus de confiance dans la classe ouvrière, à se dévouer plus pour la cause révolutionnaire. Le mérite de commencer une activité communiste dans la classe ouvrière doit aboutir au dévouement total, à la révolution.

LC ne se montre pratiquement jamais comme une organisation marxiste-léniniste
Le plus souvent, il cache son drapeau, espérant ainsi s’implanter plus facilement. C’est la voie du rejet du marxisme-léninisme et du manque de confiance dans la classe ouvrière. Croire que l’on se « coupe » des masses lorsqu’on défend les idéaux du marxisme-léninisme est une position opportuniste, contraire au marxisme-léninisme, à l’Histoire révolutionnaire, à la réalité belge.

Marx, dans le Manifeste, écrivait déjà :

« Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner ! (Manifeste du Parti communiste, Pékin, p. 76)

LC ne voit pas que la classe ouvrière est capable de renverser le capitalisme lorsqu’elle s’empare du marxisme-léninisme.

L’histoire de notre pays a montré combien le prolétariat belge est révolté contre le capitalisme. Après la guerre 40-45, les grèves générales de 1950 et 1960 ; la grève du Limbourg de 1970, la grève des dockers de 1973 ont été des combats formidables du prolétariat qui ont fait trembler le régime. Toutes ces luttes prolongent d’autres luttes qui se produisent depuis 150 ans en Belgique. Pourquoi n’ont-elles pas conduit à la révolution socialiste ? La raison principale est qu’il a manqué et qu’il manque le Parti du Prolétariat, l’Etat-major de la Révolution.

Les Partis ouvriers ont soit trahi la cause révolutionnaire, soit n’ont jamais été révolutionnaires. Le «PCB » et le PSB sont des Partis réformistes, traîtres à la classe ouvrière. Seules les trahisons réformistes et révisionnistes ont pu détourner le prolétariat de la voie révolutionnaire. Il appartient aux marxistes-léninistes de construire le véritable Parti communiste et de gagner la classe ouvrière au communisme en chassant les courants réformistes. Or, LC craint d’intervenir ouvertement, et ses périodiques ne contiennent que quelques bribes de marxisme-léninisme. L’essentiel est composé d’informations particulières dans le style économiste le plus pur.

LA THÉORIE SELON LUTTE COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE)

LC dit accorder une grande importance à la théorie. La théorie marxiste-léniniste est une arme décisive pour combattre à fond le révisionnisme et déterminer les lois de la révolution. La théorie marxiste-léniniste permet de faire l’analyse de classe, et par conséquent de connaître les alliés et les ennemis de la classe ouvrière, les alliés privilégiés et les alliés hésitants. Cette question est primordiale, puisque la classe ouvrière doit isoler les capitalistes pour vaincre.

Mao Tsétoung trace les caractéristiques d’un Parti révolutionnaire en écrivant :

« Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutte contre l’impérialisme et ses valets » (Citations, p. 1-2).

En Belgique, le domaine théorique est encore aux mains des réformistes et des révisionnistes. Sur toutes les questions politiques importantes (impérialisme, Etat, capitalisme de monopole, etc…), ils publient des ouvrages mensongers et défendent de fausses positions, sans que les marxistes-léninistes aient déjà une analyse concrète de la situation concrète ni un programme mobilisateur à leur opposer.

Le travail théorique est tout à fait indispensable pour éclairer l’activité pratique.
S’il est donc juste d’attirer l’attention du mouvement sur la lutte théorique, il faut reconnaître que LC s’en tient plus à des paroles qu’à des actes. LC n’a « produit » aucune analyse jusqu’à présent et n’a même pas critiqué sérieusement celles qui existent ! Jamais on ne vit « théoricien » négliger à ce point la théorie ! C’est d’autant plus étonnant de sa part qu’il met l’accent sur les « méthodes d’analyse » pour déterminer la ligne idéologique et politique dans son ensemble, au lieu de juger une organisation sur son influence réelle, actuelle dans la construction du Parti.
La vanité des critères de LC pour se démarquer éclate ici, parce que, pris au sérieux, ils condamneraient LC en tout premier lieu !

Quelle est la question de LC sur la théorie ?

« Le travail d’analyse de classe doit être entrepris hardiment et méthodiquement : nous disposons pour cela de l’arme de la science marxiste. Il nous incombe, en tant que communistes, d’acquérir une connaissance et une compréhension approfondies du matérialisme historique et du matérialisme dialectique, de connaître leur développement passé et de suivre attentivement leurs développements présents, de savoir reconnaître et dénoncer les déformations que certains en ont produites, de mettre en œuvre ces disciplines dans la conduite de nos analyses afin d’élaborer une connaissance concrète de la réalité que nous prétendons transformer, de répandre la science marxiste parmi les masses afin de les en armer pour la lutte, enfin de développer et d’affiner nous-mêmes cette science ». (Plate-forme, p. 22)

Tout cela est juste, mais trop général. Dans le bulletin marxiste-léniniste 3, paru quelques mois avant la plate-forme de LC, nous proposions plus concrètement un plan d’étude. LC aurait pu soit s’y appuyer, soit le critiquer plutôt que de se tenir en retrait.

Il est cependant positif d’insister sur le travail théorique, d’abandonner (malheureusement sans critique-autocritique) les théories révisionnistes d’Althusser et consorts. Il faudra encore juger des résultats concrets de cette rectification et souhaiter que la question des méthodes d’analyses ne serve plus de moyen pour traiter des marxistes-léninistes en ennemis.

Nous sommes décidés à critiquer à fond les théoriciens révisionnistes, à la fois pour acquérir réellement la méthode d’analyse marxiste et pour chasser les notions révisionnistes introduites parmi les marxistes-léninistes. Il ne suffit pas de laisser Althusser de côté pour éliminer son influence néfaste ; il faut démolir pierre par pierre son édifice révisionniste. LC ne l’ayant pas fait, il ne peut prétendre être totalement débarrassé des théories révisionnistes : le balai doit encore passer.

CONCLUSION

Le bilan de LC est le bilan d’une organisation marxiste-léniniste dont la ligne est sectaire et opportuniste.

LC est une nouvelle organisation quittant la petite-bourgeoisie intellectuelle pour défendre le marxisme-léninisme. Il se place ainsi dans le mouvement marxiste-léniniste. Passer de la petite-bourgeoisie au prolétariat est un pas difficile, surtout lorsqu’il n’existe pas encore de Parti pour tracer clairement la voie révolutionnaire. LC a entrepris ce passage, il y a peu. AMADA et TPT-UC(ML)B, entrés en 1971 dans le mouvement marxiste-léniniste sont eux aussi encore en butte à toutes sortes de déviations petites-bourgeoises.

Cependant, ces trois organisations, se plaçant dans le développement prodigieux du marxisme-léninisme, s’appuyant de mieux en mieux sur la théorie marxiste-léniniste et pratiquant un style de travail de plus en plus correct, formeront sans aucun doute le Parti du prolétariat.

L’abandon par TPT de sa ligne opportuniste, et la formation de l’UC(ML)B plaçant l’unité des marxistes-léninistes et la fondation du Parti au premier plan, augurent de la victoire de la ligne marxiste-léniniste.

Nous sommes persuadés que LC et AMADA rejetteront à leur tour leur ligne opportuniste et répondront positivement à la proposition d’unité de l’UC(ML)B qui met fin à la division des marxistes-léninistes et qui permet de créer l’authentique Parti communiste.

Pour que la ligne opportuniste soit vaincue, il faut la critiquer à fond avec ses principaux aspects. Dans le cas de LC, l’opportunisme est déjà fort prononcé ; il rapproche dangereusement cette organisation du néo-révisionnisme. LC est très sectaire avec les marxistes-léninistes et opportunistes avec les révisionnistes et les réformistes. Quelle en est la cause ?

LC est fort pénétré d’idéologie petite-bourgeoise individualiste, d’esprit de cercle. Il manque de confiance dans le peuple et dans le marxisme-léninisme. Envers les autres marxistes-léninistes, traités en « concurrents », LC fait preuve de beaucoup de prétention. Refusant de reconnaître son sectarisme, il préfère traiter l’UC(ML)B de révisionniste pour « justifier » son refus de s’unir.

D’autre part, LC refuse de dénoncer le néo-révisionnisme, préférant pactiser avec lui.
Cette double tactique dans le mouvement marxiste-léniniste place LC au bord du scissionnisme.

Devant le réformisme et le révisionnisme dominants dans le mouvement ouvrier, LC capitule, faiblit et choisir les compromis. Il se réfugie derrière des comités de base et ne défend pas les principes marxistes-léninistes contre les ennemis de la classe ouvrière. LC pratique l’opportunisme, parce qu’il craint de se « couper » des masses en restant ferme sur les principes. Au lieu de gagner les masses au communisme et de construire le Parti, LC se laisse gagner par le réformisme et délaisse le communisme.

LC doit être conséquent avec les positions marxistes-léninistes de sa plate-forme et dénoncer fermement les ennemis introduits dans la classe ouvrière, en défendant la politique communiste.

APPEL A LUTTE COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE)

Camarades, nous vous demandons de réfléchir à cette vérité essentielle :

« C’est seulement par l’unité du Parti communiste qu’on réalisera l’unité de toute la classe et celle de toute la nation ». (Mao Tsétoung, Citations, p. 277)

Elle exige que l’on mette au premier plan de nos préoccupations la construction du Parti communiste sur la base du marxisme-léninisme. Elle exige ensuite que l’on abandonne tout sectarisme pour réaliser l’unité des communistes, indispensable pour fonder le Parti et réaliser l’unité de la classe ouvrière.

Le sectarisme est actuellement la déviation la plus dangereuse, parce qu’il mène droit au scissionnisme néo-révisionniste.

Vous avez développé le sectarisme jusqu’à traiter l’UC(ML)B en ennemie, vous rapprochant ainsi des positions néo-révisionnistes de Clarté et de L’Exploité.
L’abandon de cette position serait certainement un progrès vers l’unité des marxistes-léninistes et un éloignement de la trahison révisionniste.

Nous sommes convaincus que votre volonté révolutionnaire et votre attachement au marxisme-léninisme vous feront accomplir ce premier pas et corriger les erreurs dues à l’esprit de cercle qui marque encore le jeune mouvement marxiste-léniniste authentique. Il importe de reconnaître que les divergences existant entre nous sont très profondes, puisque nous considérons que votre ligne sectaire et opportuniste est à rejeter. Mais ces divergences occupent la seconde place en regard de ce qui nous unit, de ce qui nous situe dans le même camp marxiste-léniniste.

L’unification de nos organisations est donc possible et nécessaire pour construire le Parti unique du prolétariat.

Le processus d’unification que nous proposons se fonde d’abord sur la démarcation radicale avec les néo-révisionnistes scissionnistes, dont le bilan prouve qu’ils sont les pires ennemis des marxistes-léninistes au sein du mouvement. Ensuite, la démarcation à l’intérieur des rangs communistes doit se faire dans un but d’unité, pour mieux préparer l’unité organisationnelle.

« L’unité dans les questions de programme et de tactique est la condition nécessaire, mais insuffisante, de l’unification du Parti, de la centralisation de son travail. (…) Pour obtenir ce dernier résultat, il faut encore l’unité d’organisation, inconcevable dans un parti dépassant tant soit peu le cadre étroit d’un cercle sans des statuts validés, sans soumission de la minorité à la majorité, de la partie au tout ». (Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière, t. 7, p. 405)

La démarcation entre LC, AMADA et l’UC(ML)B a commencé à se faire, et elle montre notre accord sur la nécessité primordiale de construire le Parti dans le respect des principes marxistes-léninistes. Cet accord sur les questions essentielles est suffisant pour réaliser l’unité organisationnelle. En aucun cas, les désaccords apparus ne peuvent remettre en question l’accord fondamental : ils se résoudront, au contraire, d’autant mieux que la lutte idéologique et toute notre activité seront organisées selon le principe du centralisme démocratique national.

Seuls les révisionnistes avérés qui s’opposent sciemment à la construction du Parti et aux principes marxistes-léninistes doivent être écartés de l’unification.

VIVE L’UNITÉ DES MARXISTES-LÉNINISTES
A BAS LE SECTARISME !
CONSTRUISONS L’AUTHENTIQUE PC(ML)B !
VIVE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE !

ANNEXE

Le 18.04.1973

Camarades,

Le Premier Mai est une journée de lutte des travailleurs. Depuis longtemps, en Belgique, elle n’est plus célébrée de façon révolutionnaire ; depuis que les réformistes et les révisionnistes s’en sont emparés.

Il appartient aux marxistes-léninistes et aux travailleurs révolutionnaires de lui redonner son vrai sens.

Or, aujourd’hui, le mouvement marxiste-léniniste représente une force nationale en plein développement. La possibilité existe enfin de manifester dans un esprit révolutionnaire, localement et nationalement, malgré notre désunion provisoire. Réaliser cette possibilité est certainement conforme aux intérêts du peuple belge, d’autant plus que ce Premier Mai pourrait aussi contribuer à l’unité des marxistes-léninistes, à condition qu’ils manifestent ensemble.

C’est pourquoi nous sommes persuadés que vous vous rendrez à la manifestation nationale d’AMADA, à Gand.

A Liège, nous organisons en plus un meeting le matin du Premier Mai. Il aura lieu sur les thèmes suivants :

– Contre l’exploitation capitaliste,

– Contre le projet 430,

– Contre le réformisme et le révisionnisme,

– Pour l’unité des marxistes-léninistes,

– Pour le socialisme.

Nous voulons aussi affirmer une présence marxiste-léniniste à Liège et ne pas abandonner aux réformistes et aux révisionnistes le drapeau rouge de la Révolution dans ce centre prolétarien. Si LC (m-l) se joignait à ce meeting, sa portée n’en serait que plus grande.

Malgré notre volonté actuelle de rompre les rapports entre nos deux organisations, nous espérons qu’en cette occasion vous reviendrez sur votre décision et que vous accepterez de collaborer au meeting, avant de nous rendre ensemble à Gand.

Salutations communistes,
UC(ML)B

  1. Quelques éléments de ces erreurs sont repérables bien que leur connaissance approfondie reste à produire : impréparation idéologique et théorique, absence d’une ligne politique claire, mauvaise compréhension du centralisme démocratique, critique insuffisante des positons révisionnistes quant à la lutte des classes en Belgique
  2. Quelques élément de ces erreurs sont repérables bien que leur connaissance reste à produire : impréparation idéologique et théorie, absence d’une ligne politique claire, mauvaise compréhension du centralisme démocratique, critique insuffisante des positions révisionnistes quant à la lutte des classes en Belgique.

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