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cahiers d’éducation communiste, 12 mars 1973

I – LES COMMUNISTES DOIVENT CONSTRUIRE L’UNITÉ DE LA CLASSE OUVRIÈRE : LE FRONT UNI PROLÉTARIEN POUR LE SOCIALISME.

Le prolétariat est soumis à l’exploitation et à l’oppression de la bourgeoisie. Cet esclavage est la situation politique et économique de tous les ouvriers dans le système capitaliste. Leur intérêt fondamental est donc un intérêt commun à toute leur classe : supprimer l’exploitation et instaurer le pouvoir de l’Etat socialiste. Aussi longtemps que le prolétariat n’aura pas pris le pouvoir, il se trouvera .dans les chaînes de la bourgeoisie.

A. LES OBSTACLES A L’UNITÉ DE LA CLASSE OUVRIÈRE

Ce n’est pas parce qu’ils ont tous le même intérêt fondamental que les prolétaires sont unis automatiquement. L’unité de la classe ouvrière, son opposition radicale et sans faille à la bourgeoisie, ne se fait pas d’elle-même, spontanément.

La bourgeoisie emploie tous les moyens pour empêcher qu’une telle unité se forme.

Le système capitaliste a créé l’opposition fondamentale de la bourgeoisie et du prolétariat, mais il oppose aussi les ouvriers entre eux, pour ce qui est de leurs intérêts immédiats et particuliers. Les ouvriers doivent vendre leur force de travail aux patrons, pour vivre et pour entretenir leur famille. Ils sont ainsi obligés de se faire la concurrence : ils sont tous vendeurs de la même marchandise. En temps de crise du capitalisme, en période de sous-emploi, cela se fait durement sentir aux ouvriers.

La bourgeoisie utilise cette contradiction et s’efforce de l’aiguiser. Son but est de diviser le prolétariat et d’opposer des fractions d’ouvriers à d’autres fractions d’ouvriers. C’est là une politique qu’elle mène à la fois sur le plan international et national.

La bourgeoisie des pays impérialistes plonge dans la misère les peuples du tiers-monde et des pays sous-industrialisés et y réduit un grand nombre de travailleurs au chômage. En faisant venir cette main-d’œuvre sans emploi dans les pays développés, elle parvient à lui imposer les travaux les plus durs et les plus pénibles, à maintenir le taux général des salaires relativement bas et à créer des inégalités et des contradictions entre travailleurs nationaux et travailleurs immigrés.

Contre les ouvriers du pays, la bourgeoisie utilise la même politique de division. Elle a constitué une couche d’ouvriers privilégiés, à qui elle confie des tâches de surveillance et de contrôle, qu’elle dispense du travail manuel et qu’elle corrompt par des salaires plus élevés et des primes de tout genre : c’est le cas des brigadiers, des petits chefs, des contremaîtres, etc., qui forment l’aristocratie ouvrière. Le salaire à la pièce, les primes de production, les inégalités de salaire pour les hommes, les femmes, les jeunes, etc. sont autant de moyens qui servent avant tout à diviser le prolétariat.

Cette politique a pour effet d’obscurcir la conscience de classe d’un certain nombre d’ouvriers. La méfiance des Belges envers les étrangers ou des étrangers envers les Belges, les catégories de salaires, les différences entretenues d’un atelier à l’autre, etc., etc. sont des obstacles que la bourgeoisie oppose à la conscience des ouvriers qu’ils forment une seule classe aux intérêts identiques et qu’ils doivent faire bloc contre l’ennemi commun.

B. LA POLITIQUE DES PARTIS BOURGEOIS ET DES SYNDICATS BOURGEOIS A L’INTÉRIEUR DE LA CLASSE OUVRIÈRE A POUR BUT DE DIVISER LE PROLÉTARIAT ET DE LE DÉSARMER

La bourgeoisie n’emploie pas seulement des moyens économiques pour diviser le prolétariat. Aiguiser la concurrence entre les ouvriers, créer des différences artificielles entre les salaires, etc. ne sont qu’un aspect de ses manœuvres.

L’aspect le plus important de sa tactique de division est l’aspect politique. La bourgeoisie a ses agents à elle, infiltrés dans les rangs de la classe ouvrière. Ce sont les partis bourgeois qui se disent « Partis ouvriers », comme le P« S »B et le P« C »B révisionniste et les syndicats bourgeois qui se disent « syndicats ouvriers », comme la FGTB et la CSC.

En Belgique, c’est surtout par le moyen des « syndicats ouvriers » que la bourgeoisie « organise » le prolétariat, selon son propre intérêt d’exploiteur.

Aujourd’hui les directions syndicales se sont fait l’instrument de répression des capitalistes, en cassant les grèves, licenciant les délégués honnêtes, bradant les droits syndicaux. Mais de tout temps, même lorsqu’ils combattaient encore réellement pour les réformes et les salaires, les syndicats belges suivaient une ligne réformiste et ils étaient donc déjà un instrument aux mains de la bourgeoisie. Déjà alors, le travail principal des directions syndicales consistait à détourner la classe ouvrière de son but socialiste fondamental et de concentrer toute son attention sur la lutte quotidienne et les réformes.

Les ouvriers luttent et doivent lutter pour leurs intérêts de classe immédiats. S’ils renonçaient à cette tâche, ils ne pourraient même plus entreprendre un combat plus vaste et plus important contre le capitalisme, et leur misère économique ne ferait qu’empirer. Mais en faisant passer les besoins immédiats (la défense du salaire, la sécurité sociale, l’amélioration des conditions de travail) avant les intérêts fondamentaux (la lutte de classe contre le capitalisme avec le but final de prendre le pouvoir, l’internationalisme prolétarien) au point de jeter ces derniers à la poubelle, les partis et les syndicats réformistes ont toujours agi au profit du Capital. Ils gagnèrent la confiance des ouvriers en assurant la défense des intérêts professionnels. Par ce moyen ils inculquaient l’idée bourgeoise que la révolution serait « inutile » : la classe ouvrière parviendrait à améliorer son sort petit à petit, les « différences » entre la bourgeoisie et le prolétariat disparaîtraient progressivement. L’activité des partis et des syndicats réformistes fut de tout temps une activité contre-révolutionnaire. La lutte pour les salaires est subordonnée à la lutte pour le pouvoir, comme la partie est subordonnée au tout. Prendre la partie pour le tout, c’est trahir le prolétariat et la révolution socialiste.

Les révisionnistes du soi-disant Parti « Communiste » de Belgique, en mettant en avant « l’amélioration des conditions de vie matérielles et morales des masses travailleuses » tout en renonçant à la dictature du prolétariat et à la lutte armée, se sont mis sur les positions de la social-démocratie.

Les faux « communistes » et les social-démocrates du PSB et de la FGTB sont la cause principale de la division de la classe ouvrière. Ils s’appuient sur l’aristocratie ouvrière et sur les bureaucrates du mouvement ouvrier qu’ils ont eux-mêmes mis en place : dirigeants, permanents, responsables des coopératives, des mutuelles, représentants siégeant dans les organismes de l’Etat capitaliste.

Ayant renoncé à la lutte économique elle-même, les dirigeants du PSB et des syndicats se démarquent de plus en plus devant les masses ouvrières. Au lieu de soutenir les justes revendications des travailleurs, ils les sabotent, tantôt par la force, tantôt par la ruse. Un très grand nombre d’ouvriers a déjà l’expérience directe de cette trahison. En montrant ouvertement sa nature bourgeoise, la social-démocratie s’affaiblit : son influence commence à décliner, car la classe ouvrière se rend de mieux en mieux compte du rôle de saboteurs que les syndicats jouent dans la lutte économique. Les communistes doivent, avec elle, tirer les leçons politiques de cette trahison et organiser la classe ouvrière contre la bourgeoisie et contre les manœuvres des réformistes et des révisionnistes.

C. UNITÉ DES COMMUNISTES OU SCISSIONNISME DES BOURGEOIS

Le premier mot d’ordre lancé à la classe ouvrière par les premiers dirigeants communistes, Marx et Engels, a été : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». C’est le mot d’ordre de l’internationalisme prolétarien et de l’unité révolutionnaire de la classe ouvrière.

Pour vaincre dans la lutte de classes, l’arme principale du prolétariat est son organisation. C’est l’organisation de son avant-garde, le Parti Communiste authentique, qui a pour devoir d’unir la classe. Il réalise cette tâche en indiquant au prolétariat le but du socialisme ; en l’organisant pour atteindre ce but et en dirigeant activement ses luttes politiques et économiques ; en liquidant l’influence des réformistes et des révisionnistes ; en soutenant les pays socialistes et les luttes révolutionnaires dans le monde.

Le Parti créera ainsi le front uni prolétarien, l’unité de la classe ouvrière dressée contre la bourgeoisie et les traîtres qu’elle a placés dans nos rangs. Il est l’état-major qui réalise l’unité de pensée et d’action du prolétariat. « Les tâches du Parti, dans les conditions du capitalisme, sont extrêmement étendues et variées. Le Parti doit diriger la lutte du prolétariat dans les conditions extrêmement difficiles du développement intérieur et extérieur ; il doit mener le prolétariat à l’offensive lorsque la situation impose cette offensive ; il doit soustraire le prolétariat aux coups d’un adversaire puissant, lorsque la situation impose la retraite ; il doit inculquer à la masse innombrable des ouvriers sans-parti et inorganisés l’esprit de discipline et de méthode dans la lutte, l’esprit d’organisation et la fermeté. » (Staline, Des principes du léninisme, p.107-108)

Dans la lutte des classes, le prolétariat forge son unité, et l’instrument de son unité est le Parti.

En Belgique, il n’y a pas actuellement de Parti communiste (marxiste-léniniste) authentique. Il existe plusieurs organisations, Alle Macht aan de Arbeiders, Lutte communiste (M-L) et l’UC(ML)B dont le premier devoir est de s’unir pour édifier ensemble le Parti du prolétariat.

« C’est seulement par l’unité du Parti communiste que l’on réalisera l’unité de toute la classe et celle de toute la nation… » (Citations du Président Mao Tsé-toung, p.277)

Les tâches que nous devons accomplir pour unir le peuple sont immenses.

La bourgeoisie est défendue par son Etat armé, et elle a le soutien du capitalisme international. Sa domination est renforcée. par les idées défaitistes, pessimistes, pacifistes, égoïstes qu’elle inculque au peuple par ses partis réformistes et révisionnistes et par ses moyens de propagande (télévision, radio, journaux, école, etc.).

Nous devons briser cet Etat, et nous le briserons, si nous nous unissons en un seul Parti.

Si nous, communistes, restions nous-mêmes divisés, nous ne pourrions jamais unir le peuple et représenter fermement ses intérêts. Au contraire, notre division découragerait le peuple et faciliterait l’action de la bourgeoisie.

La devise des communistes est : UNE SEULE CLASSE, UN SEUL PARTI Ce mot d’ordre s’oppose radicalement à l’esprit de fraction, l’esprit de scission qui freine l’unification du peuple et des communistes et qui sert toujours les intérêts de la contre-révolution.

Depuis le début, le mouvement communiste a toujours lutté pour construire et consolider son unité.

Les premiers grands dirigeants communistes, Marx et Engels, ont fondé la première Internationale en 1864, puis la deuxième Internationale, en 1889. En même temps, ils jouaient un rôle décisif dans la construction des premiers Partis communistes.

Ces organisations unifiées des communistes ont développé une activité importante dans la classe ouvrière ; elles étaient craintes par la bourgeoisie. La Commune de Paris, en 1871, première Révolution prolétarienne, donna un immense élan à l’Internationale. L’Etat bourgeois essaya de détruire cette unité par tous les moyens. Il envoya sa police pour réprimer, emprisonner, massacrer les communistes. Mais ces brutalités réactionnaires, au lieu de décourager les communistes, ont au contraire renforcé leur détermination et forgé leur unité, parce que leur programme révolutionnaire, leur dévouement, leur héroïsme dans la lutte suscitaient l’enthousiasme des masses. Les meilleurs éléments rejoignaient les rangs des Partis prolétariens (vers 1900, le Parti communiste allemand comptait 1 million et demi d’ouvriers sur les 15 millions de la classe).

Cependant, l’arme la plus importante de la bourgeoisie contre-révolutionnaire, c’est l’appui qu’elle trouve à l’intérieur des Partis communistes et ouvriers eux-mêmes. Le Parti allemand qui dans les années 1900 avait été le plus important Parti de la IIe Internationale, finit par s’écrouler sous les coups d’ennemis de l’intérieur, les dirigeants renégats Bernstein et Kautsky et d’autres qui rejetèrent le marxisme, sous prétexte de le revoir, de le « réviser ». Ils collaborèrent étroitement avec la bourgeoisie et trahirent les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière, c’est-à-dire la dictature du prolétariat et l’internationalisme prolétarien. Ces révisionnistes s’opposèrent à la préparation de la guerre civile pour établir le socialisme, et ils se mirent à la traîne de la bourgeoisie. A leur avis, il fallait compter avant tout sur l’action parlementaire et sur les réformes. En 1914, au début de la guerre mondiale entre les impérialistes, ils votèrent les crédits de guerre demandés par le militarisme bourgeois et ils poussèrent la classe ouvrière à se faire massacrer et à tuer ses frères de classe étrangers pour le compte de « sa » bourgeoisie. Les révisionnistes défendaient ainsi une ligne social-chauvine socialiste en paroles, chauvine dans les faits.

Lénine et les communistes restés fidèles au prolétariat et au marxisme dénoncèrent la trahison révisionniste et travaillèrent sans relâche à l’unité des communistes et du prolétariat. En Russie, le Parti préparait activement la révolution. Il avait tiré une stricte ligne de démarcation avec le camp de la trahison :

« L’unité avec les opportunistes (il s’agit des révisionnistes), n’étant rien d’autre que la scission du prolétariat révolutionnaire de tous l.ee pays, marque en fait, aujourd’hui, la subordination de la classe ouvrière à ‘sa’ bourgeoisie nationale, l’alliance avec celle-ci en vue d’opprimer d’autres nations et de lutter pour les privilèges impérialistes. » (Lénine, Le socialisme et la guerre, 1915, t.21, p.322). En épurant les rangs communistes des éléments scissionnistes bourgeois, le Parti de Lénine resta uni et dirigea la première révolution socialiste victorieuse.

L’épuration dut aussi se faire au niveau international. Les dirigeants bourgeois infiltrés à l’intérieur des Partis font dévier la ligne communiste et minent la combativité de l’organisation : les révolutionnaires doivent les chasser, sinon le Parti communiste deviendra un Parti bourgeois. Dans tous les Partis de la IIe Internationale, les communistes rompirent avec les révisionnistes et à l’initiative du Parti de Russie, ils fondèrent la IIIe Internationale, en 1919. A la mort de Lénine en 1924, Staline reprit le flambeau et fut pour trente ans le guide principal du prolétariat international. Le Parti communiste de l’URSS, ayant à sa tête Staline, dirigea magnifiquement la construction du socialisme en Union soviétique et aida de toutes ses forces les Partis communistes et les luttes révolutionnaires dans le monde.

Après la deuxième guerre mondiale, dans laquelle l’URSS joua un rôle décisif, plusieurs Partis communistes prirent le pouvoir, en Asie et en Europe. Il exista dès lors un camp socialiste comprenant un tiers de la population mondiale, soutenu par tous les Partis communistes du monde, par les luttes de libération nationale et par le prolétariat international.

Le rapport des forces entre le socialisme et l’impérialisme avait changé en faveur de la Révolution. La force des peuples du monde et des communistes est invincible, inépuisable lorsqu’ils s’unissent résolument.

Le développement de la Révolution mondiale effraya l’impérialisme qui était incapable d’anéantir par la force les pays socialistes.

Mais tout danger contre-révolutionnaire n’était pas pour autant écarté. Les meilleures forteresses se prennent de l’intérieur.

La clique de Khrouchtchev usurpa le pouvoir en URSS en 1956, peu de temps après la mort de Staline. Ces révisionnistes modernes « adaptèrent » à leur tour le marxisme-léninisme, abandonnèrent complètement les tâches fondamentales des communistes et collaborèrent activement avec l’impérialisme. Ils devinrent, comme avaient été les traîtres de 1914, des agents de la bourgeoisie à l’intérieur du mouvement communiste et ouvrier, et ils provoquèrent une nouvelle scission dans le mouvement communiste international.

Dans les pays socialistes où ils s’emparèrent du pouvoir, en URSS et dans la plupart des démocraties populaires d’Europe, ils se transformèrent en une nouvelle bourgeoisie et ils rétablirent le capitalisme. Les dirigeants révisionnistes de l’URSS sont devenus aujourd’hui des social-impérialistes : socialistes en paroles, impérialistes dans les faits, cherchant à dominer le monde.

Les marxistes-léninistes authentiques, suivant l’exemple du Parti communiste chinois et du Parti du Travail d’Albanie resserrèrent les rangs du prolétariat international et luttèrent fermement contre les révisionnistes qui avaient imposé leur direction dans le plus grand nombre des Partis communistes. Dès 1963, la scission du mouvement communiste international était accompli ouvertement.

En opposition avec les renégats du communisme, un nouveau mouvement communiste (marxiste-léniniste) international a commencé depuis cette date à se constituer. Dans de nombreux pays du monde, de nouveaux Partis se sont créés et se consolident. Ils préparent dès aujourd’hui de nouvelles victoires dans le développement de la Révolution mondiale.

Chaque scission des communistes avec les révisionnistes a permis à la cause du prolétariat de se renforcer et de remporter de grands succès.

Toutefois, la bourgeoisie continue à se démener et cherche inlassablement à diviser les communistes, et à les faire dévier de leur chemin. Dans plusieurs pays, de nouveaux révisionnistes sont déjà apparus à l’intérieur du mouvement communiste (marxiste-léniniste) et essaient d’empêcher son unification. Ces néo-révisionnistes font semblant de parler des objectifs fondamentaux du communisme, mais ils pratiquent le révisionnisme. Ils continuent la lignée des Kautsky et des Khrouchtchev.

La Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine et la révolutionnarisation idéologique en Albanie ont déjà démasqué de tels révisionnistes. Ils connaîtront le même sort que la bourgeoisie.

La dénonciation par les masses et la destitution des renégats Liou Chao-chi et consorts a été une grande victoire de la révolution et du mouvement communiste.

Le camarade Hoxha, systématisant l’expérience du mouvement communiste international a déclaré :

« L’histoire du mouvement communiste international prouve qu’il est passé tantôt de l’unité à la scission et tantôt de la scission à une unité nouvelle, sur une base nouvelle plus élevée. Dans la lutte entre le marxisme-léninisme d’une part et l’opportunisme et le révisionnisme de l’autre, la victoire est toujours revenue au marxisme-léninisme. Après chaque combat livré contre l’opportunisme et le révisionnisme, le mouvement communiste a remporté de grandes victoires historiques, et le marxisme-léninisme s’est développé pour se hausser à un échelon supérieur. » (Enver Hoxha, Rapport d’activité du comité central du Parti du Travail d’Albanie présenté au Ve congrès du Parti du Travail d’Albanie, 1966, p.209)

La scission est toujours provoquée par la bourgeoisie, car elle seule a intérêt à diviser les communistes en introduisant parmi eux son idéologie, en envoyant parmi eux ses agents, afin de jeter la confusion dans les rangs de la Révolution.

En chassant les scissionnistes, les communistes et les peuples se sont chaque fois renforcés. La tendance principale dans le monde est la Révolution !

II – BREF HISTORIQUE DU MOUVEMENT COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE) DE BELGIQUE.

A. LE SCISSIONNISME NEO-REVISIONNISTE

En Belgique, le révisionnisme et le réformisme dominent depuis longtemps le mouvement communiste et ouvrier. Ces courants bourgeois ont détourné la classe ouvrière de la voie révolutionnaire. Les réformistes sont représentés par le PSB et la FGTB, les révisionnistes modernes par le P« C »B (« Drapeau Rouge »).

Le prolétariat et le peuple belges ont prouvé à de nombreuses reprises leur haine du capitalisme et de ses agents. Dans les dernières années, la Grande Grève de 1960-61, la grève des mineurs du Limbourg de 1970, le mouvement de grèves spontanées qui l’a suivie témoignent de la combativité de la classe ouvrière. Les luttes démocratiques des jeunes, les révoltes des paysans et des commerçants mettent en évidence l’incapacité fondamentale du capitalisme à résoudre ses propres contradictions. Mais le camp de la révolution a toujours manqué d’un Parti communiste authentique pour l’unir et le conduire fermement à la victoire.

1. Le « Parti Communiste de Belgique » (« Voix du Peuple »)

A l’occasion de la scission intervenue dans le mouvement communiste international entre le révisionnisme obéissant à la baguette du Parti communiste de l’Union soviétique et les communistes authentiques qui sous l’impulsion donnée par le Parti communiste chinois et le Parti du Travail d’Albanie, allaient former le mouvement marxiste-léniniste, de profondes contradictions éclatèrent au sein du « PCB » (« Drapeau Rouge »).

En 1963, plusieurs centaines de membres du Parti furent exclus. Dirigés par Grippa, ces militants mettaient en cause certaines positions ouvertement contre-révolutionnaires du Parti ; ils entendaient défendre le marxisme-léninisme et reconstituèrent aussitôt un nouveau Parti : le « Parti Communiste de Belgique » (« Voix du Peuple »).

Très vite, il apparut que la direction du « nouveau » parti était composée de bourgeois. Ces arrivistes s’étaient couverts du masque « marxiste-léniniste » pour cacher leur véritable nature de classe. Ils espéraient ainsi satisfaire leur soif de pouvoir ; ils se firent passer pour de « grands dirigeants marxistes-léninistes » et ils trompèrent nombre de militants honnêtes.

La scission avec le « PCB » (« Drapeau Rouge ») n’était pas une scission entre communistes et bourgeois mais une scission entre bourgeois. C’est ce que montre l’analyse de l’idéologie des dirigeants, de la ligne politique du Parti et de son fonctionnement.

Tous les dirigeants du nouveau Parti avaient eu des responsabilités dans le Parti révisionniste ; la plupart avaient eu des fonctions dirigeantes. Pendant de nombreuses années, ils avaient suivi une ligne révisionniste. Ils ont participé aux principales trahisons du Parti. Ils ont endossé notamment : la remise des armes des partisans à la bourgeoisie et la démobilisation de la résistance en échange de quelques postes de ministres ; l’opposition à la lutte de libération nationale du peuple congolais et le soutien à la répression armée de la bourgeoisie colonialiste belge ; le refus constant d’éduquer le prolétariat et de le préparer activement à la révolution socialiste armée, refus qui s’est manifesté clairement lors de la Grande Grève ; le soutien aux trahisons du révisionnisme international.

Au lieu de reconnaître franchement et honnêtement leurs graves erreurs, les dirigeants du « PCB » (« Voix du Peuple ») n’ont jamais analysé correctement la politique révisionniste. Ils affirmèrent qu’ils avaient défendu une ligne marxiste-léniniste et qu’eux n’avaient jamais été révisionnistes. Or, il n’existe pas la moindre trace de cette prétendue « ligne marxiste-léniniste » ! Aucune preuve de leur « lutte » n’a pu être apportée. Ils accumulèrent les mensonges pour échapper à l’autocritique. Régulièrement ils modifiaient leur « bilan » du Parti révisionniste et ils inventaient d’autres « faits ». D’abord, à les en croire, le « PCB » (« Drapeau Rouge ») était devenu révisionniste en 1960 ; ensuite, ils changèrent d’avis et décrétèrent que l’année 1943 représentait le tournant principal. Leur ligne, la ligne « marxiste-léniniste », serait apparue en 1960 ; selon la seconde version, elle aurait existé depuis 1943 ! Pendant toutes ces années noires de révisionnisme, certains dirigeants de la « Voix du Peuple » siégeaient au comité central du Parti et prenaient part à l’exclusion de nombreux révolutionnaires honnêtes.

Toute la clique des dirigeants grippistes a trempé dans la trahison du révisionnisme. Aucun d’eux n’a jamais fait une autocritique honnête. Ils songeaient seulement à préserver la façade afin de conserver la direction dans le nouveau Parti.

Tous les procédés étaient bons pour rester au pouvoir. Leur intérêt égoïste l’emportait de loin sur l’intérêt de la Révolution. Dès le début ils utilisèrent les manœuvres, les mensonges, les méthodes social-fascistes pour réduire au silence les révolutionnaires qui posaient des questions et cherchaient la vérité.

Le Parti alla d’échec en échec, et il perdit progressivement son influence. Il ne parvint pas à s’implanter dans la classe ouvrière, et des groupes entiers de membres scissionnaient. Le Parti faisait semblant d’ignorer la situation et proclamait qu’il remportait succès sur succès. Lorsque des critiques étaient portées contre la ligne et l’activité, elles étaient considérées comme des attaques et s’attiraient aussitôt une riposte violente. Tout était mis en œuvre pour abattre ceux qui les émettaient : attaques personnelles, calomnies, décorticage de la vie privée. Ils étaient enfin dénoncés publiquement comme des « flics », et parfois même pourchassés dans les organisations de masse où tout opposant du Parti devenait nécessairement un « contre-révolutionnaire ».

Un tel Parti n’est évidemment pas un véritable Parti communiste. L’ambition personnelle, l’arrivisme des dirigeants commandait toute l’activité de l’organisation.

Quelle ligne politique avait ce Parti au masque « marxiste-léniniste » ?

Le programme du Parti était un assemblage de revendications ramassées à gauche et à droite. La plupart d’entre elles provenaient du « PCB » (« Drapeau Rouge »), avec un peu de surenchère pour se « démarquer ». D’autres revendications (par exemple, le fédéralisme) étaient ajoutées en vue de faciliter le « recrutement » et d’étendre la clientèle du Parti. A l’occasion, les objectifs fondamentaux de la classe ouvrière étaient rappelés, afin d’assurer la façade « communiste ». Mais le programme changeait suivant les circonstances. Ainsi, en 1963-1964, l’ennemi principal désigné avait été la bourgeoisie belge, puis progressivement, ce fut l’impérialisme américain. Aucune explication sérieuse n’était donnée, et cette transformation de la stratégie n’entraînait d’ailleurs aucune modification dans la tactique du Parti.

Le programme du « PCB » (« Voix du Peuple ») était un programme complétement réformiste. Il ne reposait sur aucune analyse scientifique, marxiste-léniniste. Son seul but était d’attirer le plus grand nombre possible d’ouvriers à n’importe quel prix, quitte à abandonner les tâches fondamentales du prolétariat et des communistes.

Pour tromper les révolutionnaires, il affirmait bruyamment un « soutien » de façade aux pays socialistes et aux luttes de libération nationale, et une « dénonciation » tout aussi formelle du révisionnisme moderne.

Le Parti refusait d’éduquer la classe ouvrière et son avant-garde dans l’esprit du communisme pour préparer la Révolution socialiste. Il méprisait profondément la théorie du marxisme-léninisme. La propager aurait alimenté la critique, ce qu’il redoutait par-dessus tout. Une ligne politique mise au service de l’arrivisme ne peut être que révisionniste.

Le fonctionnement du Parti, le déroulement de la lutte idéologique obéissaient au même impératif. La direction ne pouvait admettre l’existence d’une minorité, elle ne pouvait tolérer aucune, lutte idéologique prolongée avec des opposants, parce qu’elle craignait que l’on se pose la question du pourquoi. A la présomption, à la vanité ne peuvent convenir que le centralisme bureaucratique, la dictature bourgeoise au sein du Parti, l’écrasement de toute minorité, la « démocratie » bourgeoise hypocrite, le paternalisme envers les éléments dociles.

Dans un tel Parti, les scissions étaient inévitables, d’une part entre les arrivistes eux-mêmes, d’autre part entre les arrivistes et les membres révolutionnaires, honnêtes.

a. La première scission sépara Grippa du second dirigeant du Parti. La deuxième vit partir deux autres cadres dirigeants du Parti. Chaque fois, les discussions se menaient au sommet. La base était informée de la nécessité d’exclure et recevait quelques jours pour se mettre au courant des positions en présence. Ceux qui soutenaient la minorité, ceux qui hésitaient seulement, étaient rapidement chassés. Il n’y avait pas de lutte idéologique patiente, animée d’un réel désir d’unité. Toute divergence était grossie et conduisait aussitôt à l’exclusion. Les deux premières scissions se produisirent en fonction de positions d’ailleurs extrêmement confuses et sur la base de critiques entremêlées relatives tant à des thèmes de propagande qu’aux méthodes de direction, au militantisme des uns et à la vie privée des autres… Il s’agissait essentiellement de règlements de compte entre « meneurs » visant à conserver le pouvoir ou à s’en emparer.

b. En 1967, Grippa et d’autres dirigeants s’opposèrent à la Grande Révolution culturelle prolétarienne et au camarade Mao Tsé-toung. Peu de temps après, ils s’attaquèrent également au Parti du Travail d’Albanie et au camarade Enver Hoxha. Le Parti abandonnait la façade du néo-révisionnisme pour reprendre celle du révisionnisme moderne. Ce nouveau retournement de veste perdit Grippa définitivement : il se heurta à l’opposition d’une grande partie de la base.

Les dirigeants de la Fédération de Charleroi se saisirent du changement de façade pour faire sécession et construire un nouveau « Parti » dans leur région : le « Parti communiste de Belgique (marxiste-léniniste) » (« L’Exploité »). Ils se détachèrent du « PCB » sans mener de lutte idéologique. Les contradictions entre les deux « Partis »s’exprimèrent par des critiques personnelles lancées de part et d’autre.

A la fin de l’année 1967, l’antagonisme de Grippa avec le Parti communiste chinois et le Parti du Travail d’Albanie devenait ouvert, public. Une partie de la base, en particulier des membres des Jeunesses communistes et des Etudiants communistes, espéraient faire changer le Parti de position, mais ils se firent violemment attaquer. La majorité des dirigeants hésita sur la meilleure façade à choisir et décidèrent finalement de soutenir la base révoltée. La scission s’opéra en quelques jours, suite à des sanctions immédiates. A ce moment le « PCB » (« Voix du Peuple ») s’effondra et il ne fut plus qu’un groupuscule, appendice du révisionnisme moderne.

Les dissidents fondèrent immédiatement un nouveau Parti, le troisième de cette espèce en Belgique : le « Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique » (« Clarté »).

Cette courte histoire d’un Parti néo-révisionniste doit nous servir d’exemple négatif. Elle met en évidence que le scissionnisme est le lot inévitable des révisionnistes, jusqu’à leur écroulement final. Les arrivistes bourgeois provoquent nécessairement l’une scission après l’autre, parce qu’ils défendent leur direction bureaucratique par tous les moyens. Avec eux, avec les révisionnistes, aucune unité n’est possible sur une base révolutionnaire. Seule la révolte ouverte, la dénonciation constante les démasqueront devant le peuple et les communistes qui se laissent encore tromper par leur imposture.

Les néo-révisionnistes sont les héritiers directs du révisionnisme moderne, à l’époque où le marxisme-léninisme remporte des victoires toujours plus grandes dans le monde. Ils se sont donné pour tâche d’entraver la construction du Parti révolutionnaire, en semant la confusion et en introduisant en erreur les militants et l’avant-garde de la classe ouvrière. Leur politique est de diviser les rangs de la révolution : ils sont les pires ennemis de la construction du véritable Parti communiste (marxiste-léniniste). La complaisance à leur égard est lourde de conséquences graves dans l’édification du Parti : toute atténuation, tout adoucissement tendant à estomper la ligne de démarcation entre marxisme et révisionnisme obscurcit la conscience communiste dans nos rangs et est une aide apportée à l’ennemi. Inversement, l’unité des véritables marxistes-léninistes sera le plus solide rempart contre la bourgeoisie infiltrée.

2. Le « PCBML » (« L’Exploité ») est l’une des caricatures du « PCB » (« Voix du Peuple »)

Lorsque la base révoltée eut attaqué la façade néo-révisionniste du « PCB » et lorsque celui-ci dut en revenir au révisionnisme moderne, d’autres imposteurs prirent sa succession et ont continué l’entreprise bourgeoise de leur ancien maître. Ainsi que le remarquait Engels dans l ’Anti-Dühring, « la disparition d’un charlatan d’envergure n’est souvent que l’occasion pour un successeur de moindre taille mais averti en ces affaires de présenter à nouveau la marchandise du premier sous une autre enseigne. »

C’est exactement ce qui s’est passé dans le mouvement, en 1966- 1967. Derrière l’enseigne de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, deux « Partis » se sont formés, de la même façon dont Grippa et consorts avaient constitué le leur derrière la façade de la Lettre en 25 points en 25 du Parti Communiste de Chine.

La plus grande partie du comité central du « PCB » (« Voix du Peuple ») quitta le navire en perdition, les uns pour fonder le « PCBML » (« L’Exploité »), les autres le « PCMLB » (« Clarté »). Tous, pour cacher leur véritable nature bourgeoise, reportèrent leur trahison du marxisme-léninisme sur le dos des révisionnistes modernes et de Grippa.

Les dirigeants du « PCBML » s’étaient donc soi-disant « démarqués » du grippisme sur la base de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Mais toute l’activité du nouveau Parti, tant dans la pratique que dans les « développements » théoriques, a constamment rejeté les acquis de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et la pensée de Mao Tsé-toung. Le Parti n’a jamais remis en cause la ligne et l’idéologie du Parti de Grippa ; il en fut, au contraire, le fidèle continuateur (il reprit d’ailleurs d’emblée le « programme » du « PCB » (« Voix du Peuple ») en ajoutant quelques revendications). Il limita sa « critique » du néo-révisionnisme à certains aspects du fonctionnement du Parti et à certaines attaques contre la personne de Grippa. Ainsi, dans le document-réponse à « Forger, tremper, renforcer le parti marxiste-léniniste » (septembre 1967), les dirigeants de « L’Exploité » se contentèrent de critiquer des aspects du style de travail (triomphalisme) et le centralisme bureaucratique. Eux-mêmes refusèrent toujours de présenter l’autocritique déclarant que tout reproche à leur égard devait être mis sur le compte de leur « inexpérience » : « En fait, dès la scission avec le Parti révisionniste, les organismes dirigeants du Parti ont été un peu fictifs … Rien d’étonnant à ce que les néophytes aient été quelque peu passifs face aux vieux routiers, et surtout face à Grippa. »

Ceci prouve qu’entre l’idéologie du « PCB » (« Voix du Peuple ») et l’idéologie des dirigeants de l’ancienne fédération de Charleroi, il n’y a aucune différence. Leur « revirement » politique, leur soudain « attachement » à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, découle du fait qu’ils avaient compris que refuser ce « soutien », c’était se démasquer irrémédiablement devant le mouvement révolutionnaire.

Sur la question de l’unité, « L’Exploité » a toujours prétendu défendre la nécessité de s’unir avec les communistes. Ce mot d’ordre fut régulièrement mis en avant et s’adressait aux confrères de « Clarté ». Envers les groupes d’étudiants révolutionnaires qui voulaient se lier à la classe ouvrière et dont la plupart s’orientaient vers le marxisme-léninisme, il exprima surtout son mépris, utilisant contre eux les arguments des social-démocrates et les traitant de « petits groupes irresponsables » (49, 1971) qui, « bien que se disant révolutionnaires, refusent la base même du marxisme-léninisme … et ne peuvent fournir un travail révolutionnaire conséquent au service du peuple » (32, 1970) ou encore de « petits rigolos »… qui font des démonstrations savantes aux ouvriers ». » (11, 1971)

Aujourd’hui, le développement et la lutte pour l’unité des véritables marxistes-léninistes, ainsi que la scission survenue dans « L’Exploité », ont considérablement affaibli ce groupe. Cette nouvelle situation amène les dirigeants actuels à prendre un ton conciliant de fausse modestie. Ils conviennent de certaines faiblesses, reconnaissent quelques erreurs et « appellent à l’unité du mouvement », acceptant la discussion avec certaines organisations marxistes-léninistes, la refusant avec d’autres… Pour se blanchir, ils présentent leur Parti comme un petit groupe naïf, ayant réalisé une expérience parmi d’autres, mais rien n’indique que ces dirigeants sont prêts à faire une autocritique réelle portant sur le révisionnisme du « PCBML », complice et continuateur du grippisme. Au contraire, ils feignent de ne voir comme seuls obstacles à l’unité des marxistes-léninistes que « (des) habitudes profondément enracinées, (des) suspicions et procès d’intention, extrêmement tenaces, (des) tendances au « bluff » suscitées par la crainte de se trouver en position de faiblesse face à l ’interlocuteur – ce qui indique, tout compte fait, une vue petite-bourgeoise du problème de l’unité. » (11, 1973)

De telles déclarations peuvent expliquer ce qui oppose « L’Exploité » et « Clarté », mais ne définissent aucunement les contradictions existant entre la ligne de « L’Exploité » et la ligne marxiste-léniniste, qui sont des contradictions de classe, des contradictions entre révisionnisme et communisme.

3. Le « PCMLB » (« Clarté ») est l’autre caricature du « PCB » (« Voix du Peuple »)

Le seul objectif des dirigeants de « Clarté » était de reconstituer un « Parti », en reprenant la coquille « marxiste-léniniste » que Grippa leur avait abandonnée.

Plus subtils que leurs confrères de « L’Exploité » et plus soucieux qu’eux de leur façade internationale, les dirigeants de « Clarté » ont publié occasionnellement quelques fausses « autocritiques » pour faire oublier leurs origines et leur histoire. Ils reconnaissent que le Parti présente des aspects négatifs, en ajoutant aussitôt que ces défauts sont en train d’être « corrigés ». Leur Parti est évidemment le seul Parti « authentique », et ils ont toujours considéré avec mépris leurs frères ennemis de « L’Exploité ». Envers les révolutionnaires, leur attitude fut double. Ils les traitèrent d’abord avec paternalisme, essayant de les attirer dans leur Parti. Ils soutinrent ainsi des groupes spontanéistes − Studentenvakbeweging, Université-Usines-Union − sans faire une critique sérieuse de ce courant antimarxiste.

Lorsque les tentatives de rapprochement et de recrutement échouèrent, lorsque les spontanéistes adhérèrent au marxisme-léninisme tout en s’opposant d’une façon de plus en plus conséquente au néo-révisionnisme, ils changèrent de tactique et n’usèrent plus que de l’insulte et de la calomnie. Récemment ils se sont attaqués à Alle Macht aan de Arbeiders et à l’Union des Communistes (marxistes-léninistes) de Belgique, en lançant des accusations complètement mensongères. Ils allèrent jusqu’à monter un complot visant à faire passer l’UC(ML)B pour une organisation anti-albanaise !

Lorsque l’UC(ML)B a fait le bilan du « PCMLB » (bulletin marxiste-léniniste 2), celui-ci n’a rien pu répondre.

Après cinq années d’existence, il a tenu son premier Congrès, en juillet 1972. Ce Congrès sera bientôt soumis à la critique marxiste-léniniste ; il confirme pleinement la nature bourgeoise, révisionniste des dirigeants de Clarté et de leur programme.

La ligne de « Clarté » est très variable. D’abord le programme du « PCB » (« Voix du Peuple ») fut repris pour l’essentiel ; ensuite « Clarté » a estimé que l’ennemi principal est non l’impérialisme américain, mais la bourgeoisie belge. Cette transformation s’est évidemment faite sans analyse scientifique et sans la moindre autocritique.

L’activité de « Clarté » est très limitée, mais pas sa prétention. « Clarté » affirme souvent être à l’avant-garde dans des luttes où ils ne sont pratiquement pas présents (un exemple récent est celui de General Motors-Anvers). Grâce à leur bluff, ils espèrent tromper des révolutionnaires belges et passer à l’étranger pour un Parti « actif » et « dynamique ».

En résumé, il n’y a pas eu de rupture politique et idéologique entre le « PCB » (« Voix du Peuple ») et le « PCB » (« Drapeau Rouge »), de même, « L’Exploité » et « Clarté » font du grippisme sans Grippa. Il est impossible de dissocier ces trois Partis : ils forment une seule ligne révisionniste, bourgeoise complètement opposée à la ligne marxiste-léniniste authentique.

Le « PCB » (« Voix du Peuple ») a causé au mouvement révolutionnaire belge un tort énorme. Il a empêché pendant plusieurs années la construction du Parti communiste (marxiste-léniniste) ; il a trompé et opprimé des centaines de militants et d’ouvriers avancés, en leur présentant le marxisme-léninisme sous les apparences détestables du révisionnisme. L’aventure du grippisme a été une entreprise criminelle d’arrivistes bourgeois qui se sont servis de la révolution à des fins contre-révolutionnaires. Pour construire correctement le véritable Parti, nous devons en premier lieu tirer toutes les leçons de l’histoire de notre mouvement et dénoncer fermement le néo-révisionnisme. Sinon ce serait comme laisser la porte ouverte à la bourgeoisie. La poussière ne s’en va que si on la balaie. Nous devons donc épurer notre mouvement et en chasser les imposteurs qui depuis 1963 ont sciemment trompé la classe ouvrière sur ses objectifs et sur les idéaux du communisme. Transiger avec l’ennemi, tenir pour peu de chose les contradictions fondamentales existant entre la ligne communiste (marxiste-léniniste) et la ligne révisionniste serait un signe de grande faiblesse idéologique envers la bourgeoisie.

Telle est la position de principe des communistes envers le révisionnisme.

Quant aux personnes, il faut évidemment faire la distinction entre les arrivistes qui, consciemment, ne cherchent qu’à satisfaire leurs intérêts égoïstes et les militants qui, de bonne foi, sont trompés par ces imposteurs. Avec ces militants honnêtes, aussi graves que puissent être leurs erreurs, il est du devoir des communistes de les critiquer fraternellement, de les aider à voir clair dans les manœuvres du néo-révisionnisme et de les engager à rectifier leurs idées et leur pratique.

B. LES ORGANISATIONS COMMUNISTES (MARXISTES-LÉNINISTES)

1. Le comité Joseph Staline pour l’Unité Rouge

Après la débâcle du « PCB » (« Voix du Peuple »), un groupe marxiste-léniniste se forma et définit la tâche de construction du Parti, tout en limitant son activité à des discussions théoriques. Ce groupe se défit, mais certains de ses membres formèrent en 1969 le comité Joseph Staline pour l’Unité Rouge (UR) . UR entreprit la critique du néo-révisionnisme et se donna pour tâche de construire le Parti en s’appuyant sur les principes.

Ce cercle s’est consacré surtout à l’étude. Il eut le mérite de formuler les bases de principe de l’activité marxiste-léniniste, en dénonçant le néo-révisionnisme, en critiquant le spontanéisme, et en mettant l’accent sur les tâches théoriques à l’étape actuelle de la construction du Parti, mais il refusa de mener une lutte idéologique conséquente et patiente avec les révolutionnaires et il s’abstint presque complètement d’avoir une pratique dans la classe ouvrière. UR suivait une ligne dogmatique et sectaire, qui avait défini correctement les tâches principales mais qui ne les accomplit guère. Il méprisait les révolutionnaires (à l’époque, les spontanéistes) et les masses, et il était très satisfait de lui-même.

C’est pourquoi ce cercle ne put unir les marxistes-léninistes ni les ouvriers avancés, et il n’approfondit pas la compréhension du néo-révisionnisme et des tâches de construction du Parti.

UR vivota, replié sur lui-même, jusqu’au moment où d’autres marxistes-léninistes apparurent en dehors d’eux, regroupés dans d’autres organisations.

2. Les organisations marxistes-léninistes sorties de la lutte contre le spontanéisme

En 1970 et 1971, le mouvement ouvrier spontané a connu un grand essor. La grève des mineurs du Limbourg, les grèves sauvages de Michelin, Citron, Clabecq… ont incité plusieurs organisations révolutionnaires à se lier à la classe ouvrière.

Ces organisations prirent d’abord une orientation spontanéiste. Elles s’intéressaient uniquement à la lutte pour l’amélioration des conditions de travail, estimant que la révolution sera le résultat spontané de la combativité ouvrière. Le programme des spontanéistes consiste à penser que les luttes d’usines, en se durcissant, en échappant à l’emprise syndicaliste, en s’amplifiant mèneront d’elles-mêmes au renversement de l’État et à la prise du pouvoir. Le spontanéisme est le mépris de la théorie marxiste-léniniste. Il nie dans les faits la leçon la plus importante du mouvement communiste international, à savoir que la classe ouvrière ne peut faire la révolution, prendre le pouvoir et le conserver, sans un Parti armé de la théorie scientifique du communisme.

Le spontanéisme est un courant « de gauche » en apparence, de droite en réalité, défendu surtout par des petits-bourgeois impatients, indisciplinés. la plupart d’entre eux se prétendent « marxistes-léninistes » ou « maoïstes », mais courir de grève en grève, de luttes en luttes est leur seule activité et construire des « comités à la base », des « comités de lutte » est leur seul objectif. Il faut peu de temps pour que les spontanéistes convaincus deviennent anticommunistes, parce que, méprisant la théorie et le Parti, ils en viennent facilement à croire que la classe ouvrière aussi ne s’intéresse pas au socialisme et aux moyens d’y parvenir. Ils pensent que la classe ouvrière et son avant-garde sont aussi arriérées qu’eux-mêmes.

Dans le domaine de l’organisation, les spontanéistes rejettent le centralisme démocratique ; ils préfèrent un fonctionnement anarchisant, inefficace, mais qui ne « brime » pas leur individualisme petit-bourgeois.

Plusieurs organisations d’étudiants révolutionnaires : Studentenvakbeweging (SVB) et Mouvement syndical étudiant (MSE) de Louvain, Université-Usines-Union (UUU) de Bruxelles, Garde Rouge (GR) de Liège, participèrent activement aux luttes spontanées de la classe ouvrière. Elles eurent le mérite de soutenir activement la lutte, mais elles se tenaient à la queue du mouvement, n’offrant aucune perspective révolutionnaire au prolétariat.

Dès la fin de 1970, une partie de ces organisations et de ces militants prirent conscience des limites de l’activité spontanéiste. Ils comprirent que leur ligne ne menait pas à la révolution socialiste. Ils mirent à l’ordre du jour la question du Parti et la question de la théorie. Dès lors, il se forma un mouvement communiste marxiste-léniniste, politiquement et, idéologiquement uni par le désir de construire le véritable Parti communiste sur la base des principes du socialisme scientifique et par le refus d’adhérer aux « Partis » néo-révisionnistes.

SVB fut le premier à vaincre le spontanéisme et à se mettre sur des positions communistes. Il prit le nom de Alle Macht aan de Arbeiders (AMADA).

A l’intérieur d’UUU, une lutte interne opposa militants spontanéistes et militants marxistes-léninistes. Ceux-ci, majoritaires, se séparèrent de l’aile opportuniste et formèrent une nouvelle organisation, Tout le Pouvoir aux Travailleurs (TPT), en janvier 1971.

GR rejoignit un peu plus tard les rangs des marxistes-léninistes. Pendant l’année 1971, un groupe de militants, en butte au bureaucratisme de « Clarté », se fit exclure et forma le cercle Ouvrier en Colère (OC).

Enfin, en 1972, Lutte Communiste (marxiste-léniniste) (LC) se constitua à son tour, en se détachant d’une organisation étudiante progressiste.

Le mouvement marxiste-léniniste avait émergé de l’opportunisme, mais il était encore divisé en six organisations autonomes.

C. LA LUTTE POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI CONTRE L’ESPRIT DE CERCLE

Face aux Partis néo-révisionnistes, le mouvement marxiste-léniniste connaît un développement incessant. Pour construire le Parti, les organisations doivent à présent se démarquer complétement du néo-révisionnisme et réaliser leur unification.
Il n’y a que deux voies. La voie marxiste-léniniste est la voie de l’unification ; la voie révisionniste est la voie du scissionnisme. Les organisations se situent actuellement au carrefour de ces deux voies, et elles sont obligées de choisir tôt ou tard leur orientation.

Les véritables organisations marxistes-léninistes adhèrent sincèrement aux principes du communisme défendus par Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Tsé-toung, Enver Hoxha, et s’efforcent de les appliquer. Elles se sont donné pour tâche principale actuelle de construire l’authentique Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique. Par-là elles se sont, tout au moins dans les faits, démarquées du néo-révisionnisme, même si certaines organisations n’ont pas encore tiré contre l’ennemi et elles une délimitation idéologique conséquente. Ces organisations sont, par conséquent, unies sur l’essentiel de la stratégie et de la tactique. Les marxistes-léninistes adhèrent à la théorie de la dictature du prolétariat par la voie armée, et au principe de l’internationalisme prolétarien. La tactique, à l’étape actuelle, définit les tâches de la construction du véritable Parti communiste (marxiste-léniniste) et de l’opposition résolue au néo-révisionnisme.

Il existe des divergences entre les organisations sur la façon de concevoir et d’accomplir ces tâches. Mais ce qui les divise est secondaire par rapport à ce qui les unit. Dès lors, il faut appliquer l’enseignement suivant de Lénine :

« L’unité dans la question de programme et de tactique est la condition nécessaire, mais insuffisante de l’unification du Parti, de la centralisation de son travail. Pour obtenir ce dernier résultat, il faut encore l’unité d’organisation, inconcevable dans un parti dépassant tant soit peu le cadre étroit d’un cercle sans des statuts validés, sans soumission de la minorité à la majorité, de la partie au tout : Tant que nous n’avions pas d’unité dans les questions fondamentales de programme et de tactique, nous disions tout net que nous vivions à l’époque de la débandade et des cercles ; nous déclarions franchement qu’avant de nous unir, il fallait nous délimiter. » (Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière, t.7, p.405)

Lorsque le néo-révisionnisme et le spontanéisme dominaient, il fallait avant tout se démarquer radicalement d’eux. C’est en accomplissant cette tâche que le véritable mouvement marxiste-léniniste s’est constitué. Cette étape franchie, notre mouvement, uni pour l’essentiel sur les principes stratégiques et tactiques fondamentaux, a pour première tâche de réaliser son unité organisationnelle. Lorsqu’elle sera faite, le véritable Parti communiste sera créé.

1. Les principes léninistes de la construction du Parti : l’esprit de parti doit l’emporter sur l’esprit de cercle ; le Parti, se construit à partir du sommet ; le fonctionnement du Parti est régi par le centralisme démocratique.

L’esprit de parti contre l’esprit de cercle

Les organisations marxistes-léninistes ont un aspect positif : elles sont issues d’une lutte contre la collaboration de classe, contre le révisionnisme. Elles se sont démarquées (de façon encore inégale) des courants bourgeois, pour prendre la voie révolutionnaire. Par-là, elles sont-unies sur les positions communistes fondamentales : la dictature du prolétariat, l’internationalisme prolétarien, la nécessité du Parti.

Mais elles ont aussi un aspect négatif. Ces groupes dispersés, désunis ont un horizon politique étroit, leur travail manque d’envergure, ils sont faibles devant la répression, certains conservent une mentalité de chapelle.

Le progrès politique du mouvement impose de briser ces limites trop étroites pour l’accomplissement de l’activité révolutionnaire. La lutte pour l’unification est la question principale. Il faut briser l’esprit de cercle et imposer l’esprit de parti.

Qu’est-ce que l’esprit de cercle ?

Son essence est l’individualisme. Il consiste à faire passer les « intérêts » privés du groupe avant les intérêts de la classe ouvrière.

L’esprit de cercle est semblable à l’égoïsme petit-bourgeois accroché à la propriété privée, à ses privilèges et méprisant l’esprit collectif.

Au point de vue théorique, l’esprit de cercle s’écarte du marxisme-léninisme, parce qu’il refuse de partir des intérêts de l’ensemble et d’y subordonner ses intérêts particuliers ; il relève d’une vue subjective, empirique de la réalité : au lieu de faire une analyse scientifique et systématique du mouvement en son ensemble et des deux lignes qui le constituent, l’esprit de cercle envisage chaque problème à partir de son point de vue étroit, et il cherche à se tirer d’affaire par des expédients, des solutions de facilité, improvisées au jour le jour.

Les cercles ne s’élèvent pas au niveau des intérêts généraux de la lutte révolutionnaire. Ils favorisent les conceptions sectaires ; souvent leurs positions varient selon les conditions locales, ils défendent une compréhension étroite des problèmes de la révolution. Ils regardent avec hauteur, présomption les autres cercles qui « réussissent » moins bien qu’eux. Chaque cercle s’imagine facilement détenir la vérité, avoir le « monopole » du marxisme-léninisme. Il considère de haut les difficultés des autres cercles.

L’esprit de cercle prétend qu’il faut « d’abord résoudre chacun ses problèmes avant de pouvoir unir les communistes ». Il défend l’idée qu’il est nécessaire de développer des cercles locaux qui « doivent faire leurs preuves avant de pouvoir s’unir ». Tous ces « arguments » ne sont que des prétextes pour refuser l’unité nationale et internationale des communistes. Il est faux d’affirmer que pour s’unir il faut d’abord se renforcer, chacun de son côté. C’est l’inverse qui est vrai : aucune force n’est plus puissante pour unir la classe ouvrière et le peuple que l’unité des communistes. Rien ne peut résister à cette unité. Elle seule permet aux communistes de résoudre réellement les problèmes de la révolution et de faire leurs preuves dans la lutte. L’esprit de cercle appartient à une époque révolue, dépassée du mouvement. Il doit être liquidé, et il le sera par la victoire de l’esprit de parti.

Qu’est-ce que l’esprit de parti ?

C’est l’esprit du prolétariat uni, discipliné, capable d’abattre le capitalisme et de construire le socialisme. L’esprit de parti réunit les qualités immenses du prolétariat, mises en œuvre pour défendre ses intérêts et libérer l’humanité.

Il nécessite qu’en toute chose, on parte des intérêts des peuples du monde, qu’on s’oppose de toutes ses forces à la bourgeoisie, qui tente de diviser le peuple et les communistes. Il demande qu’on étudie les principes léninistes de la construction du Parti et qu’on accepte de les appliquer. Il signifie qu’on se lie aux masses, que l’on mène une lutte idéologique active et que l’on soit prêt à reconnaître franchement ses erreurs. Il suppose modestie et honnêteté prolétariennes.

L’unité du Parti est son bien le plus précieux. Elle est indispensable à la victoire. Un état-major divisé pendant la bataille est un état-major battu, il ne peut conduire ses troupes qu’à la défaite. Le Parti mène une lutte ininterrompue contre la bourgeoisie ; il doit rester uni pour remplir toutes ses tâches. Il représente et organise la volonté unique du prolétariat, sa force principale, invincible dans l’unité.

L’esprit de cercle, au contraire, divise les communistes, il fait passer les intérêts particuliers et locaux avant l’intérêt de la Révolution. Il apporte une aide à la bourgeoisie et conduit à l’échec de la Révolution.

Comment transformer l’esprit de cercle en esprit de parti ?

Passer de l’esprit de cercle à l’esprit de parti exige l’abandon total de l’individualisme et de l’égoïsme, de l’indiscipline, du sectarisme et de la prétention. Ces défauts bourgeois doivent être abattus, et il faut les remplacer par le désir profond de l’unité avec le peuple et les communistes. Il faut abandonner l’orgueil et la présomption à l’égard des communistes et du peuple, et les remplacer par la confiance dans le peuple et dans le Parti.

Lorsque le désir d’unité l’emporte, il reste à suivre la voie indiquée par Lénine pour dissoudre les cercles et faire l’unité en toute clarté politique :

« Avant de nous unir, et pour nous unir, nous devons commencer par nous démarquer nettement et résolument. » (Lénine, Déclaration à la rédaction de l’Iskra, t.4, p.368)

Chaque cercle doit, vis-à-vis de tous les autres, définir les divergences qui l’opposent à chacun d’entre eux et discuter de ces divergences, dans le but déclaré de s’unir.
Ensuite, il faut s’unir. Les cercles se dissolvent et se constituent en Parti.

Les communistes qui refusent l’unité avec persistance et qui mettent leur cercle au-dessus du Parti, s’orientent vers le scissionnisme bourgeois.

Lorsque le désir d’unité est superficiel et lorsque l’esprit de cercle, la vanité, le sectarisme sont profonds, le cercle dégénère inévitablement et sombre dans le révisionnisme. Lénine donne un exemple d’une telle évolution : « Toute petite divergence peut prendre une importance énorme, si elle sert de point de départ à une volte-face vers certaines conceptions erronées et si celle-ci, du fait de nouvelles divergences complémentaires, se combinent avec des actes anarchistes conduisant le Parti à la scission. » (Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière,t.7,p.21)

Lorsqu’une organisation met l’accent sur les divergences, les grossit démesurément, s’en sert pour refuser l’unification des communistes, le sectarisme l’emporte, au point que cette organisation sabote gravement l’unité des communistes. Il ne faut que peu de temps pour qu’elle se change en un groupe scissionniste anticommuniste.

Refuser de s’unir aux communistes après s’être démarqué, est la preuve que l’orgueil et le sectarisme sont plus forts que la modestie et le dévouement à la Révolution. L’individualisme petit bourgeois est la source du scissionnisme, parce qu’il incite le groupe à se replier sur lui-même et à considérer les autres organisations communistes avec mépris.

L’histoire du communisme montre que les groupes sectaires disparaissent, alors que le Parti communiste véritable naît et se développe. La fondation du Parti résulte toujours d’une lutte victorieuse pour l’esprit de parti et contre l’esprit de cercle. Cette lutte reçoit l’appui de la classe ouvrière et du peuple ; elle est par conséquent invincible.

Le Parti se construit à partir du sommet

La lutte pour l’unité reçoit son impulsion de l’avant-garde du mouvement, c’est-à-dire les éléments qui remplissent avec le plus d’esprit de suite les tâches principales de la construction du Parti : ceux qui effectuent correctement la démarcation avec toutes les formes du révisionnisme, ceux qui éduquent le mouvement sur l’esprit de Parti, qui l’appellent avec le plus de con tance à s’unifier et qui indiquent les moyens corrects de l’unité.

Lorsque les communistes, après s’être démarqués par la lutte idéologique, sont décidés à s’unir, ils tiennent un Congrès afin d’unifier leurs positions. A ce moment, l’avant-garde qui s’est constituée en centralisant le mieux les idées justes de l’ensemble du mouvement, doit s’efforcer de gagner à ses conceptions tous les membres du mouvement.

Le Congrès est composé des délégués élus par les cellules (organismes de base). Ces délégués ont la confiance de l’ensemble des communistes. Ils sont chargés de donner au Parti sa plate-forme et ses statuts et d’élire ses dirigeants. Les délégués défendent leurs propres positions, sans avoir de mandat impératif (c’est-à-dire sans devoir suivre la discipline de leur organisation). La raison de cette règle est qu’un délégué au Congrès est mieux placé qu’une cellule pour avoir une vue d’ensemble des intérêts du Parti : la lutte idéologique au Congrès est donc nécessairement plus féconde et d’un niveau idéologique et politique plus élevé que la lutte idéologique dans chaque cellule. (Un mandat impératif enlèverait tout son sens à la discussion, puisque les délégués n’auraient pas la possibilité de changer d’avis pendant le Congrès.)

Le Congrès débat de façon approfondie des principales divergences. Il confronte les différentes propositions de plate-forme et de statuts ; il jauge chaque candidat aux fonctions dirigeantes. Il définit la ligne du Parti et il élit le comité central. Toutes les décisions sont prises à la majorité des voix.

C’est de cette façon qu’a été créé le Parti communiste de Russie (nommé à l’époque Parti Ouvrier Social-démocrate de Russie), fondé en 1898 par 9 délégués et consolidé en 1903 par 43 délégués représentant 25 cercles. De même, le Parti communiste chinois fut fondé en 1921 par 12 délégués représentant 57 communistes appartenant à 7 groupes régionaux.

La construction du Parti à partir du sommet s’oppose à toutes les conceptions qui tendent à faire du Parti une simple addition d’éléments hétéroclites. La lutte pour l’unité reçoit son impulsion de l’avant-garde ; il faut ensuite que les idées justes provenant de l’ensemble des communistes puissent être centralisées. La lutte idéologique générale précédant le Congrès et le Congrès lui-même sont une garantie que les idées fausses, bourgeoises seront combattues et que l’avant-garde aura la possibilité de faire triompher ses conceptions.

Le fonctionnement du Parti est régi par le centralisme démocratique

Ce qui unit les communistes est toujours plus important que ce qui les divise. Cependant, les divergences peuvent être parfois très importantes. Comment faut-il les résoudre dans un esprit d’unité ? En appliquant le centralisme démocratique.

Le centralisme démocratique est le principe communiste d’organisation. Il assure l’unité du Parti et lui permet de construire et d’appliquer la ligne politique.

Le centralisme est assuré par la soumission de la minorité à la majorité. L’adoption du programme et des statuts, l’élection de dirigeants se font à la majorité des voix au Congrès. La ligne définie par le Congrès lie toute l’organisation jusqu’au Congrès suivant. La minorité garde à tout moment le droit de réserver et de défendre son opinion, mais elle est tenue d’appliquer la ligne majoritaire et de se plier à la discipline unique de l’organisation. Le Parti applique comme un seul homme une volonté unique.

Certains intellectuels bourgeois et petits-bourgeois prétendent que la soumission de la minorité à la majorité est une atteinte à ce qu’ils appellent la « démocratie » et que c’est un principe « formel et bureaucratique ». Ils voudraient que la minorité puisse se réunir à part, avoir son programme à elle et l’appliquer. Une minorité ayant son programme et sa discipline est une fraction. C’est un Parti dans le Parti ! Ce fractionnisme rompt l’unité des communistes. Comment un Parti pourrait-il opposer une force unie à la bourgeoisie, comment pourrait-il avoir une volonté unie, une activité unie s’il était divisé en plusieurs fractions agissant chacune selon son gré ? Ce serait le retour aux cercles, à l’éparpillement des forces qui fait au prolétariat le plus grand tort. L’esprit de fraction, c’est l’esprit de cercle à l’intérieur du Parti. Il conduit au scissionnisme, de la même façon que l’esprit de cercle.

Les communistes sont attachés au centralisme, à la discipline. Ils s’opposent à l’anarchisme petit-bourgeois et à l’arrivisme bourgeois. La cohésion sert le prolétariat, la division nuit à sa cause :

« … la discipline de fer n’exclut pas, mais présuppose la soumission consciente et librement consentie, car seule une discipline consciente peut être réellement une discipline de fer. Mais une fois la lutte d’opinions terminée, la critique épuisée et la décision prise, l’unité de volonté et l’unité d’action de tous les membres du Parti sont la condition indispensable sans laquelle on ne saurait concevoir ni parti uni, ni discipline de fer dans le Parti. » (Staline, Des principes du léninisme, p.115)

La démocratie dans le Parti est assurée par l’élection des organes dirigeants et la protection des droits de la minorité. Chaque communiste est responsable devant le peuple, et il doit se poser la question du pourquoi devant chaque problème nouveau. En toute chose, il doit partir des intérêts de l’ensemble et agir de façon à renforcer l’unité de la classe ouvrière.

2. Les premières tentatives d’unification des marxistes-léninistes

Dès la formation du mouvement marxiste-léniniste, Unité Rouge (UR) avait affirmé la nécessité d’unir tous les communistes et de dénoncer les néo-révisionnistes. Il engagea des discussions avec plusieurs organisations. Pour la première fois, UR sortait de son isolement. Cependant ce progrès était freiné par le fait qu’UR ne reconnaissait pas le dogmatisme et le sectarisme de sa ligne.

Le groupe Ouvrier en Colère (OC), qui avait rompu avec « Clarté », désirait également unir les marxistes-léninistes et cherchait la discussion avec certaines organisations. Il était cependant encore fort sectaire, taxant la majorité du mouvement d’« anarcho-syndicalisme » (une sorte de spontanéisme) et exigeant pour s’unifier un accord complet sur sa ligne. Les caractéristiques principales de sa ligne tenaient dans le désir d’intensifier la pratique de masse et dans la sous-estimation des tâches d’unification et des tâches théoriques. En particulier, OC jugeait que la dénonciation du néo-révisionnisme était une tâche secondaire, alors que lui-même en était issu et qu’il avait eu des responsabilités dans la conduite de l’activité à « Clarté » !

Au cours de l’été 1971, UR et OC s’unirent en rejetant le sectarisme. Ce fut la première victoire de la ligne marxiste-léniniste pour l’unité. Depuis ce moment, l’unification des communistes est devenue un objectif concret, pressant et a cessé d’être un but lointain, à réaliser à une date indéfinie. Pour la première fois, le sectarisme était vaincu dans la pratique. UR et OC en s’unissant, se mettaient à l’avant-garde du mouvement et lui indiquaient l’exemple à suivre.

Mais ces deux groupes ne suivirent pas la ligne marxiste-léniniste jusqu’au bout. Ni l’un ni l’autre n’avaient une conscience claire de l’importance de leur unité. UR y voyait surtout le moyen de se renforcer numériquement et d’avoir une pratique dans la classe ouvrière. Ces considérations lui avaient fait négliger la défense des aspects positifs de sa ligne : la nécessité primordiale de l’unité de tous les marxistes-léninistes, la dénonciation du néo-révisionnisme, l’importance des tâches théoriques. De ce fait, l’unification d’UR et OC n’avait pas été précédée d’une démarcation et elle comportait des « malentendus », c’est-à-dire des divergences non clarifiées, dont la plus importante était précisément le désaccord sur la question de l’unité.

Certains membres de l’ex-UR, quand ils se rendirent compte que l’organisation unifiée suivrait une orientation fort différente de leur ancienne ligne, firent marche arrière. Ils constituèrent une fraction pour prendre le pouvoir.

Les fractions sont « des groupes présentant un programme particulier, tendant à se replier jusqu’à un certain point sur eux-mêmes et à créer leur propre discipline de groupe. » (Lénine au Xe congrès du Parti communiste russe, t.32, p. 252)

Le programme défendu par la fraction était une série de positions de l’ex-UR (unité du mouvement, importance de la théorie marxiste-léniniste). Deux éléments fractionnels s’étaient repliés sur eux-mêmes pour écrire leur texte en commun et suivaient leur propre discipline. Ils gagnèrent un troisième membre de l’ex-UR à leurs vues.

Constituer une fraction, c’est rompre l’unité. C’est affirmer pratiquement que la lutte idéologique dans le cadre du centralisme démocratique est impossible ou inutile. Faire une fraction signifie que l’on estime que la confiance dans l’organisation n’est plus fondée, que seule la révolte peut encore donner des résultats. L’organisation est traitée en ennemie. Dans une organisation marxiste-léniniste, le fractionnisme est un acte bourgeois visant à imposer une ligne par la force. Dans une organisation marxiste-léniniste, les contradictions doivent être résolues par la discussion patiente menée dans un esprit d’unité.

La fraction empêche justement de traiter les divergences. Elle conduit à la scission, au démantèlement de l’organisation. A qui un fractionniste fera-t-il croire qu’il est possible de discuter d’une question donnée (en ce cas, l’unité des marxistes-léninistes) tandis qu’il prétend tout régler dans les coulisses, qu’il renie la discipline, qu’il agit comme bon lui semble ? Dans de pareilles conditions, parler de l’unité des marxistes-léninistes ou de toute question autre que la dissolution de la fraction, est une phrase creuse et mensongère.

Staline, en condamnant le fractionnisme, a déclaré : « l’existence de fractions est incompatible avec l’unité du Parti et avec sa discipline de fer. Il est à peine besoin de démontrer que l’existence de fractions entraine la formation de plusieurs centres ; or l’existence de plusieurs centres signifie l’absence d’un centre commun dans le Parti, la division de la volonté unique, le relâchement et la désagrégation de la discipline… Le Parti, c’est l’unité de volonté excluant tout fractionnisme et toute division du pouvoir dans le Parti.(…)

C’est pourquoi Lénine réclame la ’suppression complète de tout Fractionnisme’ et la ’dissolution immédiate’ de tous les groupes sans exception qui se sont constitués sur telle ou telle plateforme’, sous peine ’d’exclusion certaine et immédiate du Parti’ ». (Staline, Des principes du léninisme, p.116-117)

Pourquoi ces membres de l’ex-UR avaient-ils constitué une fraction ? Au fond, ils étaient fort orgueilleux, présomptueux envers les autres marxistes-léninistes et, de ce fait, poussés vers le sectarisme. Ce mépris pour les marxistes-léninistes avec lesquels ils avaient des désaccords, prouve que le néo-révisionnisme était influent. Grossir les divergences entre marxistes-léninistes au point de faire une fraction, de préparer la scission, ressemble fort au scissionnisme néo-révisionniste !

Les membres de l’ex-UR avaient abandonné leur sectarisme pendant un temps, mais ils ne s’étaient pas suffisamment démarqués du néo-révisionnisme et ils ne comprenaient pas à fond l’importance de l’unité des marxistes-léninistes.

La réaction des membres de l’ex-OC fut tout aussi sectaire. Après une seule réunion, ils décidèrent de rompre. L’ex-OC refusa la lutte idéologique ; il n’exigea même pas que la fraction soit dissoute, et il reconstitua tout de suite son groupe.

Cette première unification réalisée dans le mouvement avait été très fragile, parce que le désir d’unité lui-même était encore moins fort que l’individualisme et la prétention.

Aussi graves qu’aient été les erreurs d’UR et d’OC, leur sectarisme ne les a pas fait sortir du mouvement marxiste-léniniste.

Il n’est pas possible de considérer que le scissionnisme fait basculer des communistes dans le révisionnisme, s’il n’est pas l’objet d’une sérieuse lutte idéologique. Or, ni UR ni OC ne se donnèrent la peine de chercher la discussion, et cette attitude fut partagée par tout le mouvement, les autres organisations s’abstenant de toute critique à l’égard de ce qui venait de se passer. Elles attachaient encore moins d’importance à l’unité qu’UR et OC eux-mêmes !

Cet échec resta cependant secondaire par rapport à la première victoire remportée sur la division : OC et UR avaient ouvert le chemin de l’unité, et c’était le devoir des autres organisations de faire le bilan des aspects positifs et des aspects négatifs de l’unification-scission.

OC allait se dissoudre peu après la séparation, montrant ainsi que le sectarisme est une voie décourageante et privée de perspectives.

Dès sa formation, Tout le Pouvoir aux Travailleurs (TPT) rechercha l’unité des marxistes-léninistes, mais cette tâche passa d’abord au second plan, et le sectarisme dominait.

Lors de sa scission avec les spontanéistes, TPT avait lutté contre l’économisme en suivant l’exemple d’Alle Macht aan de Arbeiders (AMADA) qui était à l’avant-garde du mouvement dans cette question. Dès que TPT fut constitué, il proposa à AMADA de préparer la fusion des deux organisations, mais AMADA refusa, se désintéressant totalement de la question. TPT, de son côté, n’insista pas.

Peu de temps après, TPT engagea des discussions avec d’autres organisations marxistes-léninistes, mais sans y attacher encore une très grande importance. Lorsque UR et OC s’unirent, TPT réagit d’une façon profondément sectaire et considéra cette fusion avec mépris. Lorsqu’elle échoua, TPT approuva que cette « unité sans principe »fut rompue, au lieu d’exhorter UR et OC à conserver leur précieuse unité et de se fonder sur elle pour accélérer l’unification de tout le mouvement. A ce moment, TPT eut un rôle négatif, en rejetant unilatéralement la responsabilité de la rupture sur OC seul. TPT était sectaire envers OC dont les positions étaient plus éloignées des siennes que celles d’UR. Pour cette raison, il accepta aveuglément les « justifications » de scissionnisme d’UR. Ce fait montre que TPT, malgré un désir certain d’unité, était encore dominé par le sectarisme.

Garde Rouge (GR) était un petit groupe tout influencé par le spontanéisme et qui vivotait à Liège. La lutte contre le spontanéisme lui fit rejoindre le mouvement marxiste-léniniste.

Mais le groupe se démarqua mal du néo-révisionnisme ; il ne voyait pas réellement l’ampleur des tâches de construction du Parti et son activité était réduite.

D’emblée il avait adopté une attitude ouverte envers les autres marxistes-léninistes, mais il ne recherchait pas réellement l ’unité avec eux, adoptant une position d’attente.

Alle Macht aan de Arbeiders (AMADA) eut, après la grève du Limbourg en 1970, l’initiative de réunir tous les groupes se réclamant du marxisme-léninisme. Il s’agissait de marxistes-léninistes, de spontanéistes et de néo-révisionnistes. En complet désaccord sur la stratégie et la tactique, ces groupes ne purent parvenir à aucune unité, et la tentative échoua. Depuis lors, AMADA s’est replié sur lui-même et a construit une ligne sectaire.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, il refusa d’entendre la proposition de fusion de TPT. Sous quel prétexte ? AMADA prétendit qu’il fallait d’abord résoudre ses problèmes intérieurs avant de s’unir avec d’autres communistes. Comme chaque organisation a évidemment toujours des problèmes intérieurs, cette position revient à remettre indéfiniment l’unité à plus tard. Le point de vue d’AMADA est le point de vue habituel des sectaires qui tiennent avant tout à préserver leur isolement. Les sectaires ont toujours de graves problèmes intérieurs et, avec les autres, des divergences très, très importantes ! En réalité, ils sont surtout imbus d’eux-mêmes et méprisants envers les autres.

Ils sont incapables de voir que l’unification renforcera la lutte révolutionnaire de tout le mouvement et qu’elle seule permettra de résoudre correctement les problèmes et les divergences. Ils voudraient que les contradictions se résolvent d’abord et que l’unité (le centralisme démocratique) s’ensuive. Mais la réalité est tout autre. S’il n’y a pas au préalable désir d’unité, les contradictions, au lieu de se résoudre, mènent à l’antagonisme, qu’on le veuille ou non : « … la formule : ’Unité-critique-unité’…, c’est partir du désir d’unité et arriver, en résolvant les contradictions par la critique ou la lutte, à une nouvelle unité reposant sur une base nouvelle… L’essentiel est ici de partir du désir d’unité. Car s’il n’y a pas subjectivement ce désir d’unité, la lutte une fois déclenchée, les choses finissent toujours par se gâter irrémédiablement. » (Mao Tsé-toung, De la juste solution des contradictions au sein du peuple, p.9-10)

Mais les sectaires refusent d’admettre que l’unité des communistes est à tout moment une nécessité impérieuse que rien ne peut retarder ou affaiblir. La prétention d’AMADA est telle qu’il n’accepte qu’avec peine les discussions entre marxistes-léninistes. Il considère ceci comme une tâche de cinquième ou de sixième ordre. Sur l’unification OC-UR et UR-TPT il n’a même pas émis d’avis.

Le sectarisme d’AMADA a causé et cause un grand tort au mouvement marxiste-léniniste. AMADA est, en effet, l’organisation la plus développée, ce qui lui confère une responsabilité particulière dans la construction du Parti.

Pressé par les marxistes-léninistes, AMADA donna en octobre 1971 son point de vue sur l’unification du mouvement. Il proposa de former deux centres, l’un en Wallonie, l’autre (qui ne serait autre qu’AMADA lui-même) dans la partie flamande du pays. AMADA avait trouvé là, la meilleure façon de se retirer « sur ses terres » et de se décharger des tâches d’unification sur les groupes francophones. Le mouvement rejeta ces combinaisons politico-linguistiques et AMADA lui-même laissa d’ailleurs rapidement ses propositions sur le côté pour ne plus s’occuper que de « ses » problèmes.

A la même époque, un groupe se constitua à l’intérieur d’AMADA et mit à l’épreuve la volonté d’unité de l’organisation.

Ce groupe engagea la bataille sur une question de stratégie : à son avis, l’impérialisme américain serait l’ennemi principal du peuple belge. Là-dessus, il quitta l’organisation, puis y revint quelques jours après. Entretemps il avait abandonné sa position et trouvé une autre pomme de discorde. En fait, ce groupe refusait le centralisme et la discipline communistes. Il était dirigé par un scissionniste qui rêvait d’avoir son propre groupe, sa ligne et sa pratique. Comment réagit AMADA ?

AMADA ne comprit pas clairement que le danger principal était le scissionnisme et il accepta par conséquent de se battre sur le terrain arbitrairement choisi par l’adversaire : il démontra longuement, à coups de citations, pourquoi l’impérialisme américain n’est pas l’ennemi principal. La contradiction centrale apparut clairement quand les opposants se mirent à refuser ouvertement de reconnaître le centralisme démocratique : ils tenaient à « faire leur propre expérience » « afin de pouvoir démontrer la justesse de leur ligne » !

AMADA défendit alors l’esprit de parti contre l’esprit de cercle. Mais comme il était lui-même sectaire, il saisit mal ce maillon principal de la chaîne : il traita cet aspect de la question de façon superficielle. C’est qu’à son propre niveau, il défendait l’esprit de cercle en écrivant : « De toepaesing van het marxisme-leninisme in Vlaanderen is alleen mogelijk in een gecentraliseerde partij-organisatie. » (L’application du marxisme-léninisme en Flandre(!) n’est possible que dans un parti centralisé.)

Le groupe scissionniste se sépara d’AMADA et prit le nom de « De Vonk » (L’Etincelle). Cette scission, dont AMADA ne mesure pas bien la portée, est un succès du néo-révisionnisme et un recul du mouvement marxiste-léniniste. Pourquoi ? Parce que la scission n’a pas éduqué l’ensemble des marxistes-léninistes sur l’importance de l’esprit de parti, sur la lutte contre le sectarisme. AMADA n’en a pas tiré la leçon qu’il est essentiel et urgent d’unir les communistes pour opposer un front solide au scissionnisme bourgeois. Cette première scission à l’intérieur d’une organisation marxiste-léniniste prouve que la ligne sectaire est faible devant le scissionnisme qu’elle alimente elle-même en n’attaquant pas ses racines de façon conséquente. Ceux qui suivent une ligne sectaire sont désarmés devant l’arrivisme des scissionnistes, parce qu’ils tendent à aller dans le même sens qu’eux par suite de leur présomption. Ils ne démasquent pas l’essence du scissionnisme, car cela les obligerait à corriger leur propre sectarisme.

Cette première période de lutte pour la construction du Parti se caractérise par le rejet du néo-révisionnisme dans les faits et par un premier effort d’unification du mouvement marxiste-léniniste. A l’intérieur des rangs communistes, le sectarisme est encore largement dominant, même en ce qui concerne les deux organisations qui ont tenté de s’unifier.

3. La lutte conséquente pour l’unité des marxistes-léninistes

a. Les deux lignes sur le front de l’unité sont nettement délimitées

En janvier 1972, TPT publiait son premier appel à l’unité des marxistes-léninistes (bulletin marxiste-léniniste, 1). Cet appel soulignait l’impérieuse nécessité d’unir les communistes pour construire le Parti. Il dénonçait le révisionnisme moderne et le néo-révisionnisme, et il mettait le mouvement en garde contre le sectarisme.

TPT mettait aussi en évidence que pour construire le Parti, il faut s’appuyer solidement sur la théorie marxiste-léniniste.

TPT se plaçait ainsi sur une ligne marxiste-léniniste ; le sectarisme était relégué à la seconde place.

Depuis ce moment, l’unité des marxistes-léninistes est une question posée consciemment, ouvertement en tant que la tâche principale actuelle de tous les communistes. Cette question est devenue l’objet d’un débat général dans tout le mouvement, et deux lignes sont nettement apparues : la ligne marxiste-léniniste défendant l’esprit de parti et la ligne sectaire s’accrochant à l’esprit de cercle.

UR adhéra à la ligne marxiste-léniniste. La lutte idéologique entre ce groupe et TPT posa un certain nombre de divergences importantes. Le dogmatisme d’UR fut critiqué, ainsi que son mépris des révolutionnaires et de la pratique de masse. Cependant, la démarcation ne fut pas poussée jusqu’au bout, parce que TPT lui-même n’était pas encore entièrement débarrassé du sectarisme et qu’il ne pouvait donc pas encore critiquer à fond le dogmatisme et la présomption.

L’essentiel est qu’une volonté d’unité réelle animait les deux organisations, et que cette volonté entièrement justifiée se concrétisa par l’unification organisationnelle d’UR et de TPT, faite en avril 1972.

Cette deuxième unification qui se produisait dans le mouvement était, celle-ci, réalisée consciemment. Elle avait été précédée par la démarcation par rapport au révisionnisme, et les divergences avaient été mises sur le tapis. Ces divergences avaient été situées à leur juste place : après la nécessité de l’unité, et elles ne pouvaient donc pas constituer un obstacle à l’unification. Le sectarisme était une nouvelle fois vaincu.

L’organisation unifiée prit le nom d’Union des Communistes (marxistes-léninistes) de Belgique (UC(ML)B) et poursuivit l’accomplissement des tâches d’unification du mouvement. Dans un premier temps, elle se démarqua radicalement du néo-révisionnisme en faisant le bilan complet du grippisme, afin d’armer les marxistes-léninistes et les ouvriers conscients (bulletin marxiste-léniniste, 2). Ensuite l’UC(ML)B critiqua les organisations marxistes-léninistes, dans un esprit d’unité, tout en les mettant en garde contre le danger révisionniste (bulletin marxiste-léniniste,3).

AMADA, dans ce travail de démarcation et dans cette lutte pour l’unité, resta absent. Il ne saisit pas l’importance de la question et ne soutint pas la ligne marxiste-léniniste.
Quelle fut sa réponse au premier appel l’unité de TPT ?

AMADA répondit non. Il se borna à étaler des divergences, sans même préciser qu’elle était sa conception de l’unification, sans définir quels étaient à son avis les amis et les ennemis et sans indiquer quel chemin il fallait suivre pour unir les amis. AMADA décréta que la ligne d’unification de l’UC(ML)B est une ligne « métaphysique ». Sur la tâche de l’unification, il ne prenait même pas position. C’est complètement sectaire.

Entre AMADA et l’UC(ML)B il existe un accord suffisant sur la stratégie, sur les objectifs fondamentaux des communistes, mais le désaccord est complet sur la question du centralisme démocratique NATIONAL. AMADA y oppose le « centralisme démocratique » régional, l’esprit de cercle.

Au lieu de construire ses positions sur l’unité des marxistes-léninistes et sur le néo-révisionnisme, AMADA essaie de s’en tirer au jour le jour, par exemple en disant que le « PCMLB » (« Clarté ») est révisionniste, mais situant le « PCBML » (« L’Exploité ») dans le camp des marxistes-léninistes authentiques, sans analyse systématique des deux lignes dans le mouvement, sans tracer de ligne de démarcation générale entre marxisme et révisionnisme. Cet empirisme résulte d’une vue partielle de la révolution, du repli sur soi-même. Le mépris des marxistes-léninistes et du peuple s’y retrouve, ainsi que l’intérêt exclusif porté à sa région, son groupe, sa pratique. La ligne sectaire subit l’influence du révisionnisme et elle y conduit, si elle n’est pas corrigée.

Lutte communiste (marxiste-léniniste) (LC), au sortir d’une organisation étudiante progressiste, s’est placé sur les positions principales du marxisme-léninisme. Mais ces positions furent, elles aussi, depuis le commencement entachées de sectarisme.
Dès sa formation, au début de 1972, il voulut tenter sa « propre » expérience, sans chercher d’abord à rejoindre une organisation marxiste-léniniste.

Dès le début, LC a voulu centrer la discussion sur la « méthode d’analyse » utilisée par chaque cercle. Il restait encore, à l’époque, dans le vague quant à la question de l’unité.

L’instabilité idéologique, le manque de fermeté à l’égard du révisionnisme se marque par l’influence que ce groupe subit de la part de « penseurs » tels qu’Althusser (« théoricien » du Parti « communiste » français). Cette déviation se manifeste par du sectarisme envers les autres organisations, soupçonnées de mal comprendre et de mal appliquer la théorie marxiste-léniniste.

Pendant les premiers temps de son existence le groupe sous-estima gravement l’importance de la pratique dans la classe ouvrière.

Garde Rouge (GR) a rejoint le camp néo-révisionniste. Il acceptait de bon gré les discussions avec les marxistes-léninistes, tout en refusant de s’unir à eux. Pendant plus d’un an, il se rapprocha de LC, puis de l’UC(ML)B, mais il trouvait chaque fois de nouveaux prétextes pour refuser l’unité organisationnelle. Chaque fois, l’esprit de cercle l’emportait, c’est-à-dire la volonté de conserver son « royaume » indépendant, opposée à l’esprit de parti, à l’unité communiste. Il suffisait d’une petite divergence (par exemple, un désaccord sur un tract de propagande) pour qu’aussitôt les pourparlers d’unification soient rompus.

GR acceptait aussi très mal la critique, et lui-même ne fit jamais d’autocritique sérieuse. Lorsque TPT releva sa déviation spontanéiste et son refus d’unité, il riposta par des contre-critiques relatives à des questions secondaires (les longs cheveux de certains camarades…) et les amplifia pour se couvrir lui-même.

GR dénonça toujours le « PCB » (« Voix du Peuple »), ainsi que le « PCMLB » (« Clarté »). Mais, à mesure que la lutte idéologique dévoilait sa ligne sectaire, son mépris de la théorie et de la pratique, GR changea ses positions. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que « Clarté » soit considéré par lui comme le « Parti marxiste-léniniste » et pour que les communistes soient attaqués et traités de « petits-bourgeois »

Le refus de l’unité, le refus de l’autocritique, l’abandon de la pratique dans la classe ouvrière firent rapidement dégénérer le groupe. GR voulait un Parti qui préserve son orgueil et son esprit de clocher en lui offrant une certaine autonomie et sans exiger trop de pratique, sans exiger un style de travail communiste. Un tel Parti ne pouvait être qu’un Parti bourgeois, néo-révisionniste. C’est pourquoi, GR, au bord de l’effondrement, s’est réfugié sous l’aile bourgeoise du « PCMLB » (« Clarté »). Le scissionnisme avait vaincu.

Les défauts bourgeois qui nourrissent le sectarisme sont de grands obstacles à la construction du Parti. Ils favorisent le révisionnisme au sein des marxistes-léninistes. L’exemple négatif d’UR ne peut pas être oublié : il est une importante leçon pour tous les marxistes-léninistes et une sérieuse mise en garde contre le sectarisme.

b. La proposition de l’unité organisationnelle

En novembre 1972, l’UC(ML)B publia la « Proposition de l’UC(ML)B à tous les communistes (marxistes-léninistes)de Belgique la réalisation de leur unité » (Unité rouge,22).

Cet appel est la systématisation de la lutte pour l’unité des marxistes-léninistes, il donne une base solide pour combattre le sectarisme et le scissionnisme et il propose un processus pratique d’unification.

La proposition suit le principe « unité-critique-unité ».

Il faut partir du désir d’unité, parce que les organisations marxistes-léninistes – AMADA, LC et UC(ML)B − sont d’accord sur la nécessité de s’appuyer sur les principes du marxisme-léninisme et qu’elles se donnent pour tâche immédiate de construire le véritable Parti communiste en s’opposant de fait aux Partis néo-révisionnistes. Les divergences existant entre ces trois organisations sont des divergences secondaires, des divergences entre communistes. (C’est élémentaire, puisque le seul fait d’affirmer que ces organisations sont marxistes-léninistes revient à reconnaitre qu’elles sont idéologiquement et politiquement unies pour l’essentiel.)

« Partir du désir d’unité » signifie que l’objectif fixé à la discussion est l’unité organisationnelle, la seule unité qui n’est pas encore réalisée.

Pour que le désir d’unité puisse être réalisé correctement, sans opportunisme, il faut 1) que les amis (AMADA, LC, UC(ML)B) soient clairement définis, ainsi que les ennemis (les Partis et les groupes néo-révisionnistes), 2) que les divergences qui divisent les communistes soient subordonnées à l’accord fondamental qui les unit. C’est à cette étape que la critique revêt une importance décisive. Elle permet de poser clairement les contradictions. L’expérience des unifications mal faites − comme celle d’OC et d’UR, par exemple − montre que si les divergences sont insuffisamment cernées avant l’unification, le risque de fractionnisme et de scissionnisme reste très grand. En effet, lorsque de nombreuses divergences non posées au préalable apparaissent après l’unification, la confiance, le désir d’unité peuvent être ébranlés et se transformer, sous l’influence de l’idéologie bourgeoise, en méfiance et esprit de cercle.

La critique et l’autocritique doivent être faites systématiquement devant le mouvement et devant la classe ouvrière. Tout élément d’avant-garde doit connaître exactement la situation du mouvement marxiste-léniniste pour y jouer un rôle positif. Chaque militant, chaque ouvrier conscient doit apporter sa pierre à la construction du Parti.

Mais à aucun moment, il ne faut prendre prétexte des divergences (et il y en a beaucoup) pour refuser l’unité, pour traiter une autre organisation marxiste-léniniste en ennemi. Dans le camp de l’ami, il peut y avoir beaucoup de contradictions sans qu’elles ébranlent le désir d’unité.

Lorsque la démarcation est nette, claire, il est possible et nécessaire de passer à une unité supérieure, à l’unité organisationnelle. Elle est le terme du processus unité-critique-unité entre les organisations marxistes-léninistes. L’unité organisationnelle est le pas décisif à franchir pour fonder le PC(ML)B authentique, parce qu’elle met fin à l’éparpillement des marxistes-léninistes. Dès que le centralisme démocratique s’applique à l’ensemble du mouvement, l’édification du Parti de la classe ouvrière commence.

Les communistes seront tenus par une ligne unique, une pratique unique, une discipline unique. Leur organisation sera une force puissante pour unir le prolétariat contre la bourgeoisie. Toutes les tentatives scissionnistes échoueront ; en s’y opposant, le Parti trempera encore mieux son unité et celle de la classe ouvrière. La classe ouvrière possédera enfin son Parti ; elle ne sera plus déchirée entre différentes organisations qui jettent la confusion dans ses rangs, qui obscurcissent la définition de l’ami et de l’ennemi, qui retardent la révolution socialiste. Il y aura d’un côté la bourgeoisie et ses Partis, de l’autre le prolétariat et son Parti.

Concrètement, l’UC(ML)B propose l’unification en deux phases. La première phase est la démarcation.

Les trois organisations (AMADA, LC et l’UC(ML)B) doivent présenter chacune sa plate-forme, ses statuts et le bilan de son activité. Ensuite, chaque organisation critiquera les autres pour faire apparaitre toutes les divergences importantes, avant l’unification.

Cette démarcation a déjà commencé à se faire, mais elle n’est pas encore systématique, large et intensive, et elle n’est pas faite par tous dans le but de s’unir organisationnellement.

La lutte idéologique et la critique serviront à définir les contradictions ; elles ne suffisent pas à les résoudre toutes. Ceux qui veulent que les divergences principales soient aplanies avant l’unité, en réalité refusent l’unité, parce qu’une telle exigence est utopique. Si l’on pouvait résoudre les contradictions sans appliquer le centralisme démocratique, sans discipline, sans liaison de la pratique et de la théorie au sein d’une organisation unie, si l’on pouvait faire cela, le Parti serait inutile. Dans la situation présente, seule la lutte idéologique contre le sectarisme, pour l’unité organisationnelle fera progresser le mouvement dans la construction du Parti et dans la solution des contradictions.

Nous disons que cette discussion entre les communistes doit se terminer par l’unification organisationnelle et que cet objectif doit être clairement affirmé par les participants à la discussion ; sinon, il ne s’agit pas de démarcation, mais d’agissements sectaires. Il est bon qu’un délai soit fixé à la discussion.

La deuxième phase est l’unification organisationnelle, réalisée par le Congrès de fondation du Parti.

Le Parti se construit à partir du sommet, par les meilleurs représentants du prolétariat. Il faut donc que les délégués des cellules de base tiennent un Congrès unificateur. A ce Congrès, les trois organisations seront dissoutes. Les délégués n’auront pas de mandat impératif ni de leur cellule ni de leur organisation. Le Congrès sera le lieu d’une large lutte idéologique. Les délégués adopteront la plate-forme et les statuts du nouveau Parti, et ils éliront les organes dirigeants.

Le centralisme démocratique, légalisé par les statuts, garantira l’unité du Parti, parce que la minorité se soumettra à la discipline de la majorité. La minorité défendra son point de vue, sans se livrer à des manœuvres fractionnelles ni provoquer de scission.

Le Parti sera ainsi guidé par une volonté unique et soudé par une discipline de fer. Il sera armé pour accomplir ses tâches révolutionnaires et renforcera progressivement son unité.

Cette proposition trace un chemin précis jusqu’à l’unification des marxistes-léninistes, qui s’appuie sur les principes. Elle s’attaque surtout aux sectaires qui acceptent (parfois de mauvais gré) les discussions, mais qui aussitôt mettent en avant les divergences pour refuser l’unité.

Elle prévient aussi le danger d’une unification faite sans démarcation suffisante et elle évite ainsi d’ouvrir une brèche au fractionnisme et au scissionnisme.

L’UC(ML)B montra encore, dans la pratique, que l’unité est un bien précieux. C’est pourquoi elle s’attaque à l’intérieur aux idées bourgeoises qui sont à l’origine du sectarisme et qui conduisent au scissionnisme. Cette lutte interne démasqua un arriviste et renforça dans toute l’organisation le désir d’unité avec les marxistes-léninistes.

Comment l’arriviste fut-il démasqué ?

Lorsqu’il eut accumulé quelques « critiques » à la direction et à la ligne, il constitua une fraction et se lança à l’assaut du pouvoir. Son programme était de renverser la direction et de se substituer à elle. Il accusa l’UC(ML)B de fonctionner suivant le « centralisme bureaucratique » et d’appliquer « une ligne coupée de la pratique ». La fraction qu’il dirigeait prétendait représenter « les revendications de la base ».

L’arriviste espérait que la volonté d’unité serait assez faible dans l’organisation pour qu’il puisse provoquer une révolte anarchiste dés « mécontents » contre la direction. Il s’appuya sur la déviation anarchisante de certains éléments avec lesquels il se replia pour composer son programme destructeur et s’apprêter à l’attaque. En même temps, il préparait l’opinion en allant dans les cellules pour faire une « enquête » sur tous les sujets de mécontentement. Pendant cette préparation, la fraction, suivant sa propre discipline, s’abstint de porter la moindre critique à la direction.

Une telle attaque contre la direction, menée en grossissant démesurément des erreurs (qui avaient d’ailleurs été reconnues) et en formant une fraction, ouvrait la porte à la scission.

Dès qu’elle en eut connaissance, la direction décida de dissoudre la fraction et commença la lutte idéologique afin de « guérir la maladie pour sauver l’homme ». La lutte idéologique isola complétement l’arriviste et mit en évidence son orgueil et sa présomption envers les marxistes-léninistes. Il se plaçait au-dessus de la légalité communiste, en défendant le principe du fractionnisme dans une organisation marxiste-léniniste, en refusant de reconnaitre franchement qu’il avait comploté pour prendre le pouvoir. Pour se défendre, il invoquait des « divergences politiques » qu’il soulevait au fur et à mesure qu’il était démasqué, dénoncé. Il refusait de reconnaître que la plus grande divergence existante était celle qui opposait fractionnisme et centralisme démocratique !

Se sentant acculé par la critique de toute l’organisation, l ’arriviste réussit à détourner du marxisme-léninisme un petit nombre d’éléments instables et à les entraîner dans le scissionnisme.

En cette occasion, l’UC(ML)B a prouvé la force de son désir d’unité. Le fractionnisme a été condamné catégoriquement. Il est considéré comme une aide directe au néo-révisionnisme, affaiblissant l’unité des marxistes-léninistes, jetant la suspicion à l’intérieur de leurs rangs, démantelant l’organisation.

Les scissionnistes ont rejoint la voie néo-révisionniste, après avoir essayé en vain de diviser les marxistes-léninistes. Tel est le lot des sectaires qui, pour protéger leur individualisme, n’hésitent pas à s’opposer rageusement au centralisme démocratique.

En rompant avec l’UC(ML)B, le petit groupe scissionniste, composé de membres de l’ex-UR, a voulu reprendre ce nom et faire comme s’il reconstituait un groupe « marxiste-léniniste » sur la base de leur ancienne ligne. Mais la situation a changé. UR a été définitivement dissout, en même temps que TPT, au moment de leur unification dans l’UC(ML)B, en avril 1972. Certains de ses anciens membres ont ensuite sciemment renié cette unité communiste, et ont pris la voie du scissionnisme. Ils ont ainsi rejoint la voie du néo-révisionnisme. Tout ce qu’il y a été assimilé et intégré par l ’UC(ML)B ; et tout ce qu’il reste aux scissionnistes d’aujourd’hui à reprendre et à « développer », c’est le sectarisme et l’orgueil de leur ancienne ligne. Tout ce qu’il y eut de positif dans l’ex-UR a été assimilé et intégré par l’UC(ML)B ; et tout ce qui reste au scissionnistes aujourd’hui à reprendre et à « développer », c’est le sectarisme et l’orgueil de leur ancienne ligne.

AMADA n’a pas renoncé à sa ligne sectaire. Ceci se manifeste surtout dans le refus de proposer un chemin pour arriver à l’unité organisationnelle et par une attitude généralement passive dans le mouvement. Par exemple, un texte de critique lui a été adressée en été 1972 par l ’UC(ML)B, ainsi que la proposition d’unité, en octobre. Après 9 et 6 mois, aucune réponse n’est encore parvenue.

A l’intérieur de l’organisation, l’éducation n’est pas assurée dans l’esprit d’unir tous les communistes ; aucune analyse n’a encore été faite des organisations marxistes-léninistes ni des organisations révisionnistes. Beaucoup de militants d’AMADA ignorent l’existence, les positions et l’activité des autres organisations marxistes-léninistes.

Cependant, certains progrès sont à souligner.

AMADA a commencé à se démarquer du « PCMLB » (« Clarté ») et, pour la première fois, son journal vient de signaler l’existence d’autres organisations marxistes-léninistes. Ces progrès indiquent un début de lutte contre le sectarisme. L’idéologie marxiste-léniniste d’AMADA l’emportera certainement sur le mépris des communistes. La volonté d’unité qui vit profondément dans la classe ouvrière finira par liquider le sectarisme petit-bourgeois et le scissionnisme bourgeois.

La ligne de LC est aussi dominée encore par le sectarisme. LC refuse de tracer une démarcation idéologique avec le néo-révisionnisme, qu’il place dans le camp des marxistes-léninistes authentiques. Ce libéralisme trouve son pendant dans les exigences mises par LC à l’unification. LC veut, en effet, un accord maximum (il faut adhérer à sa « méthode d’analyse », c’est-à-dire, jusqu’à preuve du contraire, a toute sa ligne). LC ne propose encore aucune voie concrète menant à l’unité organisationnelle et se satisfait de déclarations sur son désir d’unité.

La position de compromis qu’il a envers le « PCMLB (« Clarté ») et le « PCMLB » (« Voix du Peuple ») montre qu’il saisit mal l’essence idéologique du révisionnisme : la soumission à la bourgeoisie, l’arrivisme, la présomption. Sa ligne sectaire est la manifestation la plus flagrante de cette faiblesse.

D’autre part, des aspects positifs sont apparus depuis sa formation. LC a publié sa plate-forme (octobre 1972) et reconnaît la tâche d’unir les marxistes-léninistes. Dans sa pratique, LC se rapproche de la classe ouvrière.

Comme pour AMADA, la volonté marxiste-léniniste finira par l’emporter sur l’esprit de cercle. Tel est l’espoir de la classe ouvrière et des marxistes-léninistes.

L’UNITÉ DES MARXISTES-LÉNINISTES ET DU PEUPLE EST UN FACTEUR ESSENTIEL DE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE.

Tant que les communistes seront divisés, ils ne pourront unir la classe ouvrière. Tant que la classe ouvrière ne sera pas unie, il lui sera impossible de vaincre l’ennemi.

Tant que les communistes seront divisés, l’opportunisme, le sectarisme domineront dans le mouvement. Le sectarisme résulte de l’esprit de cercle, de la prétention à l’égard des marxistes-léninistes et du peuple. Le sectarisme dominant pose une entrave à la construction du Parti, et des pans entiers du mouvement, influencés par la bourgeoisie, risquent de prendre le chemin du scissionnisme, du révisionnisme, parce que le sectarisme est déjà une concession au révisionnisme et qu’il finit par y mener s’il n’est pas corrigé a temps. Déjà GR, De Vonk et les scissionnistes de l’UC(ML)B ont pris ce chemin et ont rejoint le marais du néo-révisionnisme.

Contre eux l’unité des marxistes-léninistes progresse. Deux unifications se sont produites et ont ouvert la voie à l’unification complète.

Les scissionnistes dans l ’UC(ML)B ont fait l’unanimité contre eux. Cette lutte a renforcé l’organisation dans sa volonté d’unité et dans la compréhension et l’application du centralisme démocratique.

La « Proposition de l’UC(ML)B a tous les communistes marxistes-léninistes de Belgique pour a réalisation de leur unité synthétise la ligne marxiste-léniniste. Elle appelle à la lutte contre le sectarisme et le scissionnisme, indique la voie de l’unité organisationnelle et conduit à la fondation du PC(ML)B.

Le devoir d’AMADA, de LC et de l’UC(ML)B est de rejeter résolument l’esprit de cercle et de le remplacer par l’esprit de parti.

VIVE L’UNITÉ DES MARXISTES-LÉNINISTES !

A BAS LE SECTARISME, LE FRACTIONNISME, LE SCISSIONNISME

12 mars 1973


PROPOSITION DE L’UNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LÉNINISTES) DE BELGIQUE A TOUS LES COMMUNISTES (MARXISTES-LÉNINISTES) DE BELGIQUE POUR LA RÉALISATION DE LEUR UNITÉ.

Il n’existe pas d’opposition fondamentale d’intérêts au sein de la classe ouvrière. L’unité du prolétariat est un des facteurs décisifs de sa victoire dans la lutte de classes.

Dans chaque pays, il ne peut y avoir qu’un seul Parti communiste. La tâche des communistes, à toutes les étapes de leur activité, est d’être l’instrument de l’unité de la classe ouvrière sur la base de l’idéologie prolétarienne. Il est impossible aux communistes d’assurer correctement la réalisation de cette tâche, s’ils ne sont pas eux-mêmes unis.

Par conséquent, lorsque dans un pays, les marxistes-léninistes sont encore dispersés ou regroupés en différentes organisations, leur premier devoir est de chercher et de réaliser leur unité. Il ne peut exister entre les communistes de contradiction justifiant le maintien d’une désunion politique et organisationnelle qui ne profite qu’à la bourgeoisie.

En Belgique, la situation du mouvement communiste (marxiste-léniniste) est actuellement caractérisée par une telle désunion. Des organisations se sont constituées indépendamment les unes des autres, et un certain nombre de camarades militent de façon inorganisée.

Les organisations ALLE MACHT AAN DE ARBEIDERS, LUTTE COMMUNISTE et l’UNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LENINISTES) DE BELGIQUE se sont placées sur les positions communistes minimums, en s’orientant sur les principes du marxisme-léninisme-pensée-maotsétoung, en s’assignant pour tâche principale de construire l’authentique Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique et en se démarquant dans les faits de la voie bourgeoise dans le mouvement marxiste-léniniste, incarnée par les soi-disant « PCBML » néo-révisionniste (Clarté) et « PCBML » néo-révisionniste (L’Exploité).

Il existe encore entre ces organisations des contradictions importantes dans la conception qu’elles se font, tant de leurs tâches que des méthodes à suivre pour les accomplir.

Mais il s’agit de contradictions au sein du peuple, de contradictions entre communistes, qui doivent être résolues par la méthode unité-critique-unité. Ceci signifie en premier lieu qu’au départ doit exister le désir d’unité entre tous les camarades. C’est là le point essentiel. Cette volonté se fonde sur la nécessité objective du centralisme démocratique dans le mouvement et doit se concrétiser politiquement par l’unité organisationnelle des communistes. Ensuite, l’approfondissement de l’unité politique et idéologique continuera à se faire par la lutte idéologique au sein de l’organisation unifiée.

Il faut vouloir s’unir. Nous demandons à tous les camarades de prendre ce principe pour règle directrice de toute leur activité. « Il faut encourager chaque camarade à tenir compte des intérêts de l’ensemble. Chaque membre du Parti, le travail dans chaque secteur, chaque parole ou acte, tout doit avoir pour point de départ les intérêts de l’ensemble du Parti. Nous ne tolérerons pas la moindre infraction à ce principe. » (Mao Tsé-toung, Pour un style correct de travail dans le Parti, Œuvres choisies, t.3, p.41)

Pour s’unir sur une base politique juste, il faut se démarquer du camp révisionniste et définir les deux lignes à l’intérieur du mouvement communiste (marxiste-léniniste) authentique. Une lutte idéologique active et ample permettra de déterminer clairement les contradictions ; l’application du centralisme démocratique permettra de les résoudre.

Notre but est d’édifier le Parti communiste. L’accomplissement de cette tâche suppose l’unification des marxistes-léninistes. Aucun obstacle ne justifie que quiconque mette un frein à notre unification. Nous devons à présent passer de l’esprit de cercle à l’esprit de Parti, et mettre tout en œuvre pour que les idées justes soient désormais centralisées à l’échelle nationale.

Pour la réalisation pratique de l’unification des communistes, l ’UC(ML)B propose à tous les communistes d’accomplir le processus suivant.

Première phase

1. Dans le but déclaré de s’unir, les organisations et militants marxistes-léninistes décident d’engager entre eux une lutte idéologique systématique sur toutes les questions importantes de la construction du Parti. Il est désirable que la discussion progresse selon un ordre adopté de commun accord. Nous demandons à cette fin que chaque organisation et militant individuel présente le bilan de son activité politique et l’ensemble de ses positions dans une plate-forme dont nous proposons ci-après le plan général.

2. L’organisation de la discussion serait prise en main par un comité composé d’un membre d’AMADA, d’un membre de LC et d’un membre de l’UC(ML)B représentant chacun son organisation et doté chacun d’une voix.

Ce comité serait chargé d’appliquer le plan de la lutte idéologique aussitôt qu’il serait adopté par les trois organisations citées, et d’en contrôler l’exécution.

Les décisions du comité se prendraient à la majorité des voix.

3. La lutte idéologique se mènerait au niveau des dirigeants et des responsables pendant un temps prévu (par ex. de 3 à 6 mois). Des rencontres régulières (par ex. une fois par semaine) réuniraient par petits groupes les dirigeants et les responsables des trois organisations, pour débattre des bilans et de chacun des points de la plate-forme de discussion.

Le même processus de discussion devrait être réalisé ensuite afin de mener la lutte idéologique sur les statuts.

4. Pendant que se mèneraient les discussions internes au mouvement, les trois organisations feraient une campagne dans la classe ouvrière et parmi les militants sur la construction du Parti et ils diffuseraient activement l’information sur le travail d’unification entrepris.

Deuxième phase

5. Au terme de cette prem1ere phase de la lutte idéologique, le mouvement tiendrait le Congrès de fondation du Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique – Kommunistische (marxistisch-leninistische) Partij van België, qui dissoudrait toutes les organisations communistes (marxistes-léninistes) et qui unifierait tous les communistes du pays en conformité avec les principes du centralisme démocratique. Le Congrès adopterait la plate-forme et les statuts du Parti.

6. Le Congrès serait préparé par un comité d’organisation mis sur pied par AMADA, LC et l’UC(ML)B. Ce comité fixerait les règles de participation et de discipline générale du Congrès. Il fonctionnerait de la même manière que le comité prévu pour l’organisation de la lutte idéologique précédant l’unification. Il s’en tiendrait au principe qu’il ne pourra y avoir au Congrès de mandat impératif d’aucune organisation.

L’UNION DES COMMUNISTES (MARXISTES-LENINISTES) DE BELGIQUE, en proposant ses services à tous les communistes pour l’organisation pratique des tâches essentielles de l’unification, insiste sur l’importance primordiale qui existe pour toutes les organisations et pour tous les militants communistes de n’avoir en vue que les besoins du peuple et d’abandonner résolument toutes les idées et pratiques sectaires qui ont pu se développer à la faveur de notre désunion et qui constituent un important appui objectif à la bourgeoisie et aux révisionnistes de toutes sortes.

Les intérêts de la classe ouvrière commandent toute notre activité. C’est pourquoi nous devons nous unir aux masses et aux cadres. L’unification politique et organisationnelle des communistes (marxistes-léninistes) est actuellement le pas que nous devons franchir pour faire progresser de façon décisive la construction du Parti.

VIVE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE

VIVE L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN

VIVE LA GLORIEUSE PENSÉE DE MARX, ENGELS, LÉNINE, STALINE, MAO TSE-TOUNG, ENVER HOXHA !

EN AVANT POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI COMMUNISTE (MARXISTE-LÉNINISTE) DE BELGIQUE !


PROPOSITION POUR LE PLAN DE LA PLATE-FORME DE DISCUSSION

1. Situation internationale du mouvement communiste et ouvrier.

2. Situation de la lutte de classes en Belgique.

Situation du mouvement communiste en Belgique. Tâches actuelles de la construction du Parti.

– tâches d’édification du noyau communiste (marxiste-léniniste)

– tâches politiques tâches idéologiques tâches théoriques

– tâches organisationnelles

– tâches de la pratique dans la classe ouvrière

– propagande et agitation

– organisation

3. Situation du mouvement communiste (marxiste-léniniste) de Belgique dans le mouvement communiste international


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