Editorial du Hongqi n° 10, 28 avril 1966

En ce moment crucial pour le développement de la grande révolution culturelle prolétarienne dans notre pays, le Comité central du Parti communiste chinois vient de publier la « Décision concernant la grande révolution culturelle prolétarienne ».

Ce document a été établi sous la direction personnelle du camarade Mao Tsé-toung et en dressant d’une façon scientifique le bilan de l’expérience du mouvement de masse de la grande révolution culturelle prolétarienne au cours des derniers mois. Il constitue son programme et la conduira vers un nouveau sommet.

La décision a correctement analysé la nature, la situation et les tâches de la grande révolution culturelle prolétarienne dans notre pays et le Parti y expose les principes et la politique destinés à la guider.

Il y est dit :

« La grande révolution culturelle prolétarienne en cours est une grande révolution qui touche l’homme dans ce qu’il a de plus profond.

Elle représente une nouvelle étape, marquée par une plus grande profondeur et une plus grande ampleur, du développement de la révolution socialiste de notre pays. »

Il y a 10 ans, lorsque la transformation socialiste de la propriété des moyens de production fut pour l’essentiel achevée en Chine, le camarade Mao Tsé-toung indiquait déjà avec clairvoyance :

« La lutte de classes n’est pas encore arrivée à son terme. La lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre les diverses forces politiques et entre les idéologies prolétarienne et bourgeoise sera encore longue et sujette à des vicissitudes, et par moments elle pourra même devenir très aiguë. Le prolétariat cherche à transformer le monde selon sa propre conception du monde, et la bourgeoisie selon la sienne. A cet égard, la question de savoir qui l’emportera, du socialisme ou du capitalisme, n’est pas encore véritablement résolue. »

La grande révolution culturelle prolétarienne vise justement à trancher cette question avancée par le camarade Mao Tsé-toung ; elle doit, sous la direction de notre Parti, mobiliser entièrement les masses et régler graduellement la question de savoir qui vaincra dans le domaine idéologique.

La grande révolution culturelle est une lutte de la conception prolétarienne du monde contre la conception bourgeoise du monde, une lutte du prolétariat contre la bourgeoisie pour la direction dans le domaine idéologique.

Toutes les luttes de classes sont des luttes politiques. L’actuelle grande révolution culturelle est, en dernière analyse, une lutte à mort entre le système socialiste et le système capitaliste, une lutte où une partie vise à consolider la dictature du prolétariat et l’autre, à transformer celle-ci en dictature de la bourgeoisie. C’est une lutte clé classes extrêmement acharnée, extrêmement aiguë, extrêmement profonde.

C’est une lutte menée par le prolétariat pour empêcher la restauration du capitalisme, une lutte pour empêcher l’impérialisme et le révisionnisme moderne de mener à bien leurs complots de subversion et de réaliser l’« évolution pacifique » dans notre pays. C’est une lutte qui concerne l’avenir de notre grande patrie.

Les tâches de la grande révolution culturelle prolétarienne en cours sont, ainsi que le souligne la décision, d’abord de mettre hors d’état de nuire ceux qui détiennent des postes de direction et qui s’engagent dans la voie capitaliste ; ensuite, de stigmatiser les « sommités » académiques réactionnaires de la bourgeoisie ainsi que l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses ; enfin, de réformer l’éducation, la littérature et les arts ainsi que toutes les autres branches de la superstructure ne correspondant pas à la base économique socialiste.

En ce moment, la grande révolution culturelle prolétarienne dans notre pays est caractérisée par une excellente situation qui traduit une prospérité florissante dans les domaines politique, économique et autres de notre pays. Sans précédent dans l’histoire, cette grande révolution culturelle que dirige le Parti communiste chinois voit de nouveaux changements intervenir dans les rapports entre les différentes classes et forces politiques. Là où le mouvement de masse a réellement pris son essor, il est vigoureux et irrésistible.

Les larges masses d’ouvriers, de paysans, de soldats, d’intellectuels et de cadres révolutionnaires se sont lancées dans le torrent de la révolution et les bastions de la réaction bourgeoise ont été démantelés l’un après l’autre.

C’est là la tendance principale de la grande révolution culturelle. Mais il faut noter que la résistance au mouvement demeure encore passablement forte et opiniâtre.

Maints endroits, maints organismes de travail ne présentent encore qu’une animation apparente ou sont plongés dans une relative apathie, et le voile de la lutte de classes n’a pas encore été complètement déchiré voire pas déchiré du tout. En certains endroits, dans certains organismes de travail, il y a eu des vicissitudes, des flux et des reflux.

Leurs responsables ou ceux des groupes de travail qui y ont été envoyés en mission ont commis des erreurs quant à l’orientation et à la ligne adoptées. Ils ont organisé des contre-attaques contre les masses qui les critiquaient sur les journaux en gros caractères.

Ils ont même avancé des slogans selon lesquels s’opposer à un responsable d’un organisme ou d’un groupe de travail, c’est s’opposer au Comité central du Parti, c’est s’opposer au Parti et au socialisme, c’est faire la contre-révolution.

Ils ont pointé le fer de lance de la lutte contre des militants authentiquement révolutionnaires, traqué la gauche révolutionnaire et réprimé le mouvement révolutionnaire de masse.

Naturellement, la grande révolution culturelle prolétarienne demeure malgré tout la tendance générale et elle est irrésistible. Une fois les masses pleinement mobilisées, une telle résistance s’effrite vite. Après des vicissitudes, des flux et des reflux, le mouvement avancera de façon encore plus saine et encore plus vigoureuse.

La tâche de notre Parti, c’est de guider avec intrépidité cette grande révolution et d’y exceller. Le facteur capital et d’importance décisive dans l’exercice de sa direction, c’est d’accorder la primauté à l’audace et de mobiliser sans réserve les masses.

Le critère fondamental pour savoir si quelqu’un peut ou non diriger cette grande révolution culturelle prolétarienne — et il en est de même quant à son attitude à l’égard des autres mouvements révolutionnaires — est celui-ci : a-t-il ou non l’audace de mobiliser sans réserve les masses ?

Faire confiance aux masses, s’appuyer sur elles, respecter leur esprit d’initiative, voilà l’essence de la décision. Rejetez la crainte. N’ayez pas peur d’exprimer largement et librement les vues et les opinions. Ne redoutez pas les journaux en gros caractères et les grands débats. N’appréhendez pas le désordre. Car toutes ces craintes se ramènent à une seule, la peur des masses. Qui ne rejette pas la crainte ne peut diriger ce mouvement révolutionnaire, et deviendra même un obstacle pour le mouvement de masse. Que les masses fassent leur propre éducation, qu’elles administrent leurs propres affaires et se dressent dans ce grand mouvement révolutionnaire pour faire elles-mêmes la révolution.

Qu’au cours de la lutte révolutionnaire, les masses apprennent à distinguer le vrai du faux, l’action correcte de l’action incorrecte. On ne peut établir un ordre révolutionnaire en posant d’avance un ensemble de restrictions. Nous devons l’instaurer en nous appuyant sur les masses, en accord avec leur propre expérience dans la lutte.

Le président Mao nous a toujours enseigné ceci :

« Les masses sont les véritables héros, alors que nous sommes souvent d’une naïveté ridicule. Faute de comprendre cela, il nous sera impossible d’acquérir les connaissances même les plus élémentaires. »

Ce n’est qu’en étant d’abord élèves des masses que nous pourrons devenir leurs professeurs. Dans la grande révolution culturelle prolétarienne, certains camarades l’ont oublié. Infatués comme ils sont, ils s’estiment toujours très savants et ne croient pas en la science des masses. En fait, seules les larges masses sont savantes réellement. Elles peuvent beaucoup nous apprendre. Nous devons les écouter, étudier et comprendre leurs expériences, leurs désirs, leurs critiques, réunir tout cela, vérifier l’ensemble de leurs besoins et tout leur retourner sous la forme d’une politique. Un dirigeant qui ne va pas s’instruire à l’école des masses ne saura jamais rien.

Dans la grande révolution culturelle prolétarienne, nombre de faits nouveaux sont apparus, tels les groupes et les comités de la révolution culturelle, etc., lesquels n’ont pas été purement et simplement imaginés puis imposés aux masses par qui que ce soit, mais ont été créés spontanément par elles-mêmes au cours de la révolution culturelle.

Le président Mao et le Comité central du Parti ont résumé les expériences des masses et, dans cette décision, les ont consacrées comme quelque chose de neuf et d’une grande importance historique.

Au début, l’apparition de ces faits nouveaux n’a suscité qu’une attention minime des gens, et ils furent même étouffés et attaqués.

L’attitude qu’on prend à leur égard révèle l’attitude qu’on prend à l’égard des masses, à l’égard de la révolution et du mouvement révolutionnaire de masse.

A ce sujet, voici ce que le président Mao a souligné de façon pénétrante :

« Les masses nourrissent un enthousiasme débordant pour le socialisme. Ceux qui, en période révolutionnaire, ne savent qu’emprunter la voie routinière sont absolument incapables de discerner cet enthousiasme.

Ce sont des aveugles ; ils voient tout en noir. Parfois, ils vont jusqu’à renverser les faits et à faire passer le blanc pour le noir. N’avons-nous pas suffisamment vu de ces gens-là ?

Ceux qui ne savent que suivre les chemins battus sous-estiment toujours l’enthousiasme du peuple.

Quand une chose nouvelle apparaît, ils ne l’approuvent jamais, d’emblée ils s’y opposent. Puis, ils reconnaissent leur tort et font quelque autocritique.

Mais par la suite, en présence d’une autre chose nouvelle, ils se comportent de la même manière en reprenant ces deux attitudes. C’est de cette façon qu’ils réagissent devant toute chose nouvelle.

Ces gens-là sont toujours dans un état de passivité. Ils n’avancent jamais dans les moments décisifs. Ils ont toujours besoin qu’on leur donne un grand coup dans le dos pour qu’ils fassent un pas en avant. »

Le danger est grand de ces camarades qui se complaisent à se tenir sur de dominatrices hauteurs et à se couper des masses. Du point de vue du niveau politique et idéologique, ils traînent loin derrière les simples militants jusqu’ici inconnus et les jeunes qui osent frayer la voie. Néanmoins, ils se considèrent comme de nobles personnages dépassant leurs « subordonnés » de la tête et des épaules.

Ils gardent l’habitude de tout monopoliser, de donner des ordres et de réduire les masses à l’inaction ; du détachement à l’égard des masses, de la crainte des masses, ces gens-là passent souvent à l’opposition aux masses et à la répression contre elles.

Ils tremblent souvent devant la tempête révolutionnaire, ne sachant que faire, et à peine revenus de leur frayeur, ils s’efforceront en toute hâte de refouler le mouvement révolutionnaire.

Se tenant sur la position réactionnaire de la bourgeoisie, ils briment les révolutionnaires, ils mettent sous l’éteignoir les opinions opposées aux leurs et exercent ainsi une dictature bourgeoise.

L’expérience a montré que l’œuvre de la révolution culturelle dans les différents organismes de travail doit être menée par les masses mêmes qui y ont leur activité et ne doit pas être accaparée par les organismes supérieurs.

D’une manière générale, les organismes supérieurs ne doivent pas envoyer des groupes de travail de la révolution culturelle. Les cadres appointés par les organisations supérieures pour rester en contact avec les différents organismes ne doivent pas jouer les « envoyés impériaux », et « à peine descendus de leur char », se répandre en imprécations ou en bavardages et retirer des idées toutes faites des quelques opinions unilatérales qu’ils entendent.

Ils doivent se lier aux masses sincèrement et ardemment, s’identifier à elles, pour davantage voir, davantage demander, davantage écouter et davantage réfléchir.

Comment assurer la direction du Parti dans ce mouvement de masse d’une ampleur sans précédent qu’est la grande révolution culturelle ?

Les organisations du Parti à tous les échelons doivent tenir la pensée de Mao Tsé-toung pour leur guide dans l’action, appliquer consciencieusement la ligne, les principes et la politique corrects formulés par le Comité central du Parti dirigé par le président Mao et opposer une résistance résolue à l’exercice d’une direction erronée qui porterait préjudice à la révolution.

Pour cela, il est nécessaire de partager le lot des larges masses populaires, de les suivre dans toutes les épreuves, de venir des masses et de retourner à elles.

Certains camarades mettent en opposition la direction du Parti et la mobilisation totale des masses. C’est tout à fait erroné.

Si on veut correctement mobiliser sans réserve les masses, il faut que la politique soit remise entre leurs mains. La publication de cette décision leur apporte directement les différents principes politiques du Parti concernant la grande révolution culturelle prolétarienne. Ce qui favorisera d’autant la mobilisation sans réserve des masses.

Dans le déroulement du mouvement, il faut laisser les masses démasquer complètement les droitiers bourgeois qui n’ont pas encore été dévoilés ou complètement dévoilés, les stigmatiser à fond et les isoler au maximum. Il est donc impératif que ceux qui, étant dans les rangs du Parti, détiennent des postes de direction mais s’engagent sur la voie du capitalisme, soient identifiés d’abord, et qu’on fasse tout pour y parvenir sans erreurs, pour les démasquer ensuite complètement.

Les masses comprennent parfaitement la nécessité d’un vigoureux effort pour gagner les éléments centristes encore instables et qui ne voient pas très clair dans les questions capitales de principe.

Bien sûr, une fois les masses mobilisées, il se peut — et c’est tout à fait logique — que celles-ci désignent certains de ces éléments par leurs noms dans les journaux en gros caractères placés dans leurs organismes de travail.

Du moment que ces journaux en gros caractères ne sont pas publiés dans la presse et que ces éléments centristes sont autorisés à en composer à leur tour pour se défendre, il n’y a là rien de mauvais pour eux ; cette pratique les incitera à progresser.

Nous avons la conviction qu’au cours du mouvement, certains éléments centristes changeront et rejoindront les rangs de la gauche.

S’appuyer sur la gauche s’accorde parfaitement avec la mobilisation des masses sur une grande échelle. Ce n’est que si l’on sait bien découvrir la gauche, développer et grossir ses rangs et s’appuyer fermement sur elle que les droitiers les plus réactionnaires seront isolés complètement, les éléments centristes conquis, la majorité soudée, et l’unité de plus de 95 % des cadres et de plus de 95 % des masses réalisée à la fin du mouvement.

Au cours de la lutte, il faut élever sans relâche le niveau idéologique et politique de la gauche et l’aider à étudier et à appliquer de façon créatrice les œuvres du président Mao. Seul un contingent révolutionnaire de prolétaires, c’est-à-dire un contingent résolument de gauche, armé de la pensée de Mao Tsé-toung, extrêmement révolutionnarisé et militant à l’extrême, peut remporter la victoire dans la grande révolution culturelle.

Vive la victoire de la grande révolution culturelle prolétarienne sous le drapeau toujours triomphant de la pensée de Mao Tsé-toung !


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