Septembre 1973

L’Unité populaire du Chili avait commencé la lutte d’indépendance nationale contre l’impérialisme américain. Elle avait pris des mesures de nationalisation, de progrès social et de respect des libertés démocratiques. Elle a encouragé fortement la lutte d’indépendance nationale en Amérique latine. Mais l’impérialisme américain, s’appuyant sur la bourgeoisie pro-impérialiste chilienne et sur son armée, est parvenu à renverser l’Unité populaire par la violence réactionnaire. Comment ceci a-t-il été possible ?

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Les exemples victorieux de la République populaire de Chine, de la République populaire d’Albanie et d’autres pays libérés du joug impérialiste indiquent la nécessité pour le prolétariat de diriger le Front anti-impérialiste, de constituer l’armée populaire pour s’emparer du pouvoir sans partage.

Si l’Unité populaire n’a pu réaliser l’indépendance nationale jusqu’au bout, c’est surtout parce que le prolétariat ne dirigeait pas le Front et qu’il était désarmé. Le Parti communiste du Chili faisait partie du Front anti-impérialiste, mais en répandant des illusions pacifistes, il a fortement contribué à affaiblir le prolétariat.

Déjà le peuple chilien tire les leçons de la défaite de l’Unité populaire et a déclenché la lutte armée pour sa libération contre l’impérialisme et le fascisme. Il reçoit l’aide enthousiaste de tous les anti-impérialistes sincères. Les marxistes-léninistes soutiennent totalement la lutte révolutionnaire du peuple chilien. Ils dénoncent les révisionnistes belges qui refusent de manifester leur appui à la lutte armée, et continuent à répandre systématiquement des illusions réformistes et pacifistes afin de saboter la lutte anti-impérialiste et empêcher la révolution prolétarienne dans notre pays.

La contre-révolution fasciste se déchaîne au Chili. C’est l’impérialisme américain qui est l’instigateur direct du coup d’Etat du 11 septembre. Quelques jours avant le putsch, l’ambassadeur US à Santiago, N. Davis, venait chercher, à Washington, l’accord de Nixon.

Ce que les impérialistes et les fascistes veulent faire au Chili, c’est selon leurs propres paroles, « un nouveau Djakarta ». En 1966 en effet, le coup d’Etat des généraux de droite indonésiens, sur ordre de la CIA, renverse le gouvernement anti-impérialiste du président Soekarno et aboutit au massacre de plus d’un demi-million de communistes et de patriotes.

Les masses populaires du Chili résistent héroïquement à l’offensive fasciste. Le prolétariat a occupé les usines et les édifices et défend l’arme à la main les libertés démocratiques. Des milliers de travailleurs ont organisés une marche sur Santiago, le 11 septembre, tandis que des combats violents ont eu lieu le lendemain entre les troupes et les travailleurs.

Le prolétariat mondial salue les héros tombés au combat, les meilleurs fils du peuple du chili.

Les communistes (marxistes-léninistes) de Belgique mobilisent les travailleurs de leur pays pour organiser un vaste mouvement de solidarité politique et matérielle avec la lutte armée révolutionnaire des ouvriers et des paysans du Chili.

**I. La lutte anti-impérialiste du peuple chilien

En septembre 1970, Salvador Allende, dirigeant du Parti socialiste chilien et candidat de l’Unité populaire, remporte la victoire aux élections présidentielles, grâce au soutien des masses ouvrières et paysannes.

Quelle était la situation du pays avant les élections ?

Le Chili était complètement sous la domination de l’impérialisme américain et de la bourgeoisie pro-impérialiste. Les mines de cuivre sont la plus importante richesse du pays. Elles lui apportent 80% de ses devises. Le cuivre chilien représente près d’un tiers des réserves mondiales ; elles étaient d’une énorme importance pour les grands trusts américains qui contrôlaient 85 % de la production. Ces immenses richesses ne profitaient qu’aux trusts yankees Pour chaque dollar investi au Chili, le Capital étranger en retirait 3 et il réinvestissait alors 1 dollar à titre de « nouveau capital »!

Les vastes ressources agricoles du pays n’étaient pas exploitées, parce que les grands propriétaires fonciers préféraient élever du bétail sur des terres en friche plutôt que développer les cultures. Voilà pourquoi le Chili devait importer pour 10 milliards de francs par an de denrées agricoles, alors qu’il avait la capacité de nourrir trois fois sa population.

L’impérialisme exerçait sa domination sur le Chili avant tout grâce à l’appareil d’Etat pro-impérialiste et des partis au pouvoir (« Démocratie chrétienne » et « Parti national »).

Avant 1970, c’était la démocratie chrétienne d’Eduardo Frei qui se trouvait au gouvernement. Elle parlait beaucoup de « réformes », de « chilianisation », mais c’était une immense comédie. La récupération des mines de cuivre autour desquelles elle fit tant de bruit, s’est trouvée réduite aux rachats de quelques actions par l’Etat. Entretemps le monopole US Kenecott triplait ses bénéfices.

La misère du peupla s’aggravait : 5 % de possédants accaparaient 1/3 du revenu national. 20 % de la nation ne recevaient que 4 %.

A Santiago, la capitale, il y avait 232.000 chômeurs.

Les libertés démocratiques étaient supprimées, les organisations révolutionnaires comme le MIR interdites, les luttes populaires sauvagement réprimées, les prisonniers politiques torturés.

La « réforme agraire » proclamée par Frei resta sur le papier, mais les bandes armées au service des grands propriétaires se multipliaient. Tel était le vrai visage de la « révolution dans la liberté » de Frei !

C’était la même chose pour, politique internationale : le Chili s’alignait fidèlement sur l’impérieuse américain. Il participait au blocus de Cuba, il refusait de reconnaître la Chine.

Contre la domination américaine et ses instruments de la bourgeoisie chilienne, les masses ouvrières et paysannes se dressaient avec toujours plus de vigueur.

C’est la lutte des masses oui a permis la victoire électorale d’Allende et la formation du gouvernement d’Unité populaire.

Quel était le programme de l’Unité populaire ?

– Indépendance en politique étrangère.

– Nationalisations des mines et de toutes les grandes entreprises américaines ainsi que des grandes banques.

– Justice sociale.

– Réforme agraire.

Ce programme fut immédiatement appliqué, grâce au mouvement des masses : manifestations, occupations des usines et des grands domaines. La nouvelle orientation prise par le gouvernement Allende a porté de durs coups à l’impérialisme.

Le Chili à nationalisé les mines de cuivre et n’a pas indemnisé dans les faits les monopoles américains, car ceux-ci refusaient de restituer les bénéfices exorbitants et les dommages financiers et techniques causés par leur mauvaise gestion. Cela a permis à l’Etat chilien de récupérer 700 millions de dollars qu’avaient volés les yankees.

Les nationalisations ont permis à l’Etat de contrôler les secteurs vitaux de l’économie nationale réinvestir les bénéfices dans le pays.

La réforme agraire a contribué à libérer de l’oppression des grands propriétaires fonciers. Dès 1971, le gouvernement Allende avait exproprié, en 4 mois, 650.000 ha (alors que le gouvernement précédent de démocratie chrétienne Frei, n’avait exproprié que 3.500.000 ha en 6 ans).

Un fait très important est que les masses ouvrières et paysannes ont accéléré les processus de nationalisation et de réforme agraire, en occupant les usines et les terres et en exigeants l’extension des mesures du programme de l’Unité populaire ; souvent les travailleurs constituaient des milices d’auto-défense.

De nombreuses réformes sociales ont été accomplies pour les bas salaires furent augmentés de 40 % ; les prix ont été bloqués pour résister aux tentatives des réactionnaires qui voulaient augmenter leurs profits. Le nombre d’élèves dans les écoles a presque doublé.

En politique internationale, le Chili a établi des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba et la République populaire de Chine, la Corée, le Nord-Vietnam Gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam, malgré le chantage des impérialistes américains.

Enfin, le nouveau gouvernement avait fait libérer les prisonniers politiques et dissous les forces spéciales de police.

Le gouvernement de l’Unité populaire a permis aux organisations révolutionnaires d’organiser et d’éduquer la classe ouvrière, et de la préparer à l’accomplissement de ses tâches révolutionnaires.

Ces mesures ont porté de dur coups à l’impérialisme américain ! Elles l’on privé de milliard de dollar de bénéfice. Elles ont encouragé tous les peuples et tous les pays opprimés par l’impérialisme.

Aussi, dès la victoire électorale de l’Unité populaire, l’impérialisme américain a voulu liquider le gouvernement Allende, avec le soutien de la bourgeoisie pro-impérialiste.

Le jour-même des nationalisations, le porte-parole de la société de cuivre Anaconda a déclaré :

« Les actionnaires doivent être persuadés que nous n’épargnerons aucun effort pour récupérer le maximum de nos investissements au Chili ».

De son côté, l’I.T.T. complota pour abattre le gouvernement. L’I.T.T. est un trust international qui exploite 400.000 travailleurs. Il se base souvent sur des pays fascistes, pour profiter de la « paix sociale »et élever ses profits au maximum. Son conseil d’administration comprend de nombreux militaire et politiciens. En 1933, le président de l’I.T.T. rencontra Hitler pour organiser une collaboration et faire entrer un général SS dans le conseil d’administration. Après la guerre, l’I.T.T. s’attacha des gens tels que des anciens ministres de Franco ou tels que le célèbre traître social-démocrate Paul-Henri Spaak.

Actuellement, on trouve dans son conseil d’administration 3 amiraux, 2 généraux, et 22 colonels ainsi que les représentants de plusieurs grandes banques mondiales. Le trust I.T.T. est aussi en train d’installer une chaîne d’hôtels et de télécommunication. L’I.T.T. avait d’importants intérêts au Chili. Il a offert un milliard de dollar aux services secrets américains pour qu’ils établissent un plan empêchant Allende et l’Unité populaire de gouverner le pays.

Ce plan fut préparé avec l’aide de Kissinger et des ministres de Nixon. Il consiste, comme l’a avoué l’I.T.T. lui-même, à

« plonger le Chili dans un véritable chaos économique, afin d’inciter des militaires amis à faire un putsch ».

Pendant trois ans, l’I.T.T. et les autres grandes compagnies américaines ont saboté l’économie chilienne. Et cela avec la complicité de la fraction pro-impérialiste de la bourgeoisie chilienne.

La bourgeoisie pro-impérialiste, qui avait vendu le pays à l’impérialisme américain, c’est démenée pour empêcher le peuple chilien de conquérir son indépendance nationale et contrôler les ressources naturelles du pays. Dès la victoire électorale de l’Unité populaire, en septembre 1970, les impérialistes et la bourgeoisie pro-impérialiste ont saboté l’économie du pays : ils ont organisé la fuite des capitaux, fermé des entreprises, tandis que des techniciens et des ingénieurs quittaient les mines ou détruisaient les machines. Certains saboteurs ont été arrêté par les ouvriers.

Les impérialistes américains se sont aussi efforcés d’imposer un blocus du cuivre chilien afin d’affamer le pays.

La lutte anti-impérialiste du peuple et du gouvernement chiliens fait partie de la lutte du camp révolutionnaire mondial.

L’impérialisme américain ne s’y est pas trompé. Il avait placé le Chili sur sa liste rouge des pays « à danger maximum » ; il a attaqué la politique des nationalisations ; il a soutenu le coup d’Etat des fascistes de l’intérieur.

**II. Est-ce au prolétariat de suivre la bourgeoisie, ou à la bourgeoisie de suivre le prolétariat ?

La politique anti-impérialiste de l’Unité populaire plaçait le gouvernement Allende dans le camp de la révolution mondiale.

Cependant, dans le front anti-impérialiste, il existe deux voies : la voie de la classe ouvrière et la voie de la bourgeoisie progressiste.

La voie de la classe ouvrière est celle de la direction révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie. Pour vaincre, ces classes doivent créer l’armée du peuple qui arrachera le pouvoir à l’impérialisme et à la réaction intérieure. Cette voie est la voie de la victoire totale. L’Etat dirigé par les ouvriers et les paysans assurera l’Indépendance nationale et la démocratie populaire.

« Les nations et peuples opprimés d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique latine se trouvent placés devant la tâche urgente qu’est la lutte contre l’impérialisme américain et ses laquais.

L’histoire a confié aux partis prolétariens de ces régions la glorieuse mission de porter haut le drapeau anti-impérialiste, anticolonialiste et antinéo-colonialiste, le drapeau de l’indépendance nationale et de la démocratie populaire, d’être au premier rang du mouvement révolutionnaire national et démocratique, et des luttes pour l’avenir du socialisme.

Dans ces régions, des couches extrêmement larges de la population refusent l’esclavage impérialiste. Elles englobent non seulement des ouvriers, des paysans, des intellectuels et des éléments petits-bourgeois, mais aussi la bourgeoisie nationale patriote, et même certains rois, princes et aristocrates patriotes.
Le prolétariat et son parti doivent avoir confiance dans la force des masses populaires, ils doivent avant tout s’unir aux paysans pour établir une solide alliance entre la classe ouvrière et la paysannerie. Il est d’importance primordiale pour les éléments d’avant-garde du prolétariat travailler à la campagne, d’aider les paysans à s’organiser, d’élever leur conscience de classe, de stimuler leur sentiment de dignité nationale, et leur confiance en eux-mêmes.

Sur la base de l’alliance des ouvriers et des paysans, le prolétariat et son parti doivent unir toutes les couches pouvant être unies et organiser un large, front uni contre l’impérialisme et ses laquais. La consolidation et le développement de ce front uni exigent du parti prolétarien qu’il maintienne son indépendance dans les domaines idéologique, politique et d’organisation, et qu’il tienne fermement la direction de la révolution en main.

Le parti prolétarien et le peuple révolutionnaire doivent savoir mener la lutte sous toutes ses formes, y compris la lutte armée. Au cas où les impérialistes et leurs laquais recourraient à la répression armée, ils doivent vaincre les forces armées contre-révolutionnaires avec des forces armées révolutionnaires. » Parti communiste de Chine, « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international », 1963).

L’expérience des révolutions de libération nationales en Chine et en Albanie, de Corée, du Vietnam montre que le devoir du prolétariat et de son parti, est d’unir toutes les couches anti-impérialistes dans un front uni révolutionnaire.

Dans un front anti-impérialiste, la tâche du prolétariat est de prendre la direction du front et d’unir le peuple révolutionnaire autour de lui. C’est là l’essentiel.

« C’est en prenant la direction du front uni que le prolétariat chinois, sous la conduite du Parti communiste chinois, put obtenir la victoire totale contre ses ennemis » (Mao Tsé-toung « Les tâches du Parti communiste chinois dans la période de la résistance contre le Japon ».

A l’intérieur du front, la tâche du prolétariat est de soutenir l’aspect progressiste de la politique bourgeoise nationale et de combattre sa tendance au compromis avec l’impérialisme.

« Dans certains pays nouvellement indépendants, la bourgeoisie nationale patriote demeure aux côtés du peuple dans la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme et elle introduit certaines mesures favorables au progrès social. Le parti du prolétariat doit alors prendre pleinement en considération le rôle progressiste de la bourgeoisie nationale patriote et renforcer l’union avec elle » (Parti communiste de Chine, « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international », 1963)

La deuxième voie dans le front anti-impérialiste est celle de la direction de la bourgeoisie patriote nationale.

Quand cette bourgeoisie progressiste dirige le front anti-impérialiste, la lutte anti-impérialiste et la lutte pour les réformes sociales ne peuvent aboutir complètement. Cette classe hésite entre l’opposition et l’alliance avec l’impérialisme et la réaction.

« Généralement, la bourgeoisie de ces pays a un double caractère. Lorsque le parti du prolétariat forme un front uni avec la bourgeoisie, il doit adopter une politique d’union et de lutte : politique d’union vis-à-vis de la tendance progressiste anti-impérialiste et antiféodale de la bourgeoisie, et politique de lutte vis-à-vis de sa tendance réactionnaire au compromis et à la conciliation avec l’impérialisme et les forces féodales » (Parti communiste de Chine, « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international », 1963).

Au Chili, l’Unité populaire, regroupant le « Parti communiste », le Parti socialiste et d’anciens démocrates-chrétiens de gauche, malgré sa politique progressiste, ne mena pas la lutte révolutionnaire de façon conséquente. Ainsi, elle laissa en place les généraux pro-impérialistes qui, en 1969, avaient férocement réprimés les luttes populaires et les révolutionnaires.

Après l’avènement de l’Unité populaire, l’impérialisme américain avait coupé tous ses crédits au Chili a l’exception de l’aide militaire. Le Chili, avec le Venezuela, recevait des Etats-Unis, l’aide militaire la plus importante pour l’Amérique latine (1 milliard de dollar par an).

L’Unité populaire, en refusant de préparer la lutte armée pour l’indépendance nationale, a favorisé le coup d’Etat et la répression fasciste.

Le prolétariat soutien à juste titre l’Unité populaire, mais il ne put donner l’impulsion à une politique anti-impérialiste conséquente. Il n’eut pas la force de prendre la direction du front et ne put se préparer systématiquement à la lutte armée. Le « Parti communiste » du Chili, qui faisait partie du front anti-impérialiste de l’Unité populaire d’Allende, porte à ce propos une lourde responsabilité.

Selon la ligne révisionniste internationale, la tâche principale des pays du tiers-monde, c’est de consolider leur indépendance économique. Ils se taisent sur la nécessité de lutter d’abord pour le pouvoir politique.

Voici comment les camarades chinois ont réfuté cette ligne :

« La tâche première et la plus urgente qui confronte ces pays demeure le développement à donner à la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme et leurs laquais. Cette lutte se poursuit toujours avec acharnement dans les domaines politique, économique, militaire, culturel, idéologique et tous les autres domaines. Et les luttes livrées dans tous ces domaines trouvent toujours leur expression concentrée dans la lutte politique qui, bien souvent, lorsque les impérialistes recourent à la répression armée directe ou indirecte, se développe inéluctablement en lutte armée. Pour les pays nouvellement indépendants, le développement d’une économie nationale indépendante est une chose importante. Cependant, cette tâche ne peut en aucune façon être séparée.de la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme et leurs laquais. » (Parti communiste chinois, « Des défenseurs du néo-colonialisme », 1963).

La conséquence immédiate de la théorie révisionniste sur la nature de l ‘Etat, est qu’elle induit le peuple en erreur sur l’arme principale, de l’Etat, c’est-à-dire ses forces armées. Luis Corvalan, secrétaire du « Parti communiste » du Chili, déclarait :

« Pour les forces armées, la capacité de défendre la souveraineté nationale est étroitement liée au degré de développement économique du pays, à son potentiel économique. Or, les forces progressistes s’appliquent à impulser l’essor du pays. Par conséquent, les objectifs de l’armée, quand elle sert la nation, coïncident avec les aspirations patriotiques des forces révolutionnaires. »

Les révisionnistes estiment donc que le développement économique est indépendant de la lutte des classes et ils ont nié qu’au Chili l’armée « nationale » était avant tout la partie principale de l’appareil d’Etat de la bourgeoisie pro-impérialiste.

Aussi, le « Parti communiste » du Chili s’est-il, par exemple, opposé aux occupations de terre « illégales » faites par les paysans pauvres pour consolider et accélérer la réforme agraire. Généralement, ces occupations étaient confirmées par la suite par l’office de réforme agraire. Mais le « Parti communiste » du Chili estimait que c’était là un « grand danger de gauchisme » qui compromettait le respect des lois réactionnaires.

Aujourd’hui la classe ouvrière chilienne a commencé â tirer la leçon de l’expérience.
Face au coup d’Etat fasciste, des milliers d’ouvriers ont pris les armes et résistent héroïquement. L’avant-garde s ‘est mise à la tête du peuple et remplit sa tâche révolutionnaire.

**III. Les révisionnistes du monde entier se sont servis de la lutte anti-impérialiste du peuple chilien pour vendre leur camelote de « passage pacifique au socialisme » sous de nouvelles apparences.

Les révisionnistes du monde entier ont utilisé la lutte du peuple chilien pour prouver soi-disant que la révolution pacifique est « possible » que la victoire par le vote permet de « gagner la majorité du peuple » et de « neutraliser la violence réactionnaire ». Ils ont prétendu que la preuve était faite que l’on peut entamer le développement d’un processus socialiste sans guerre civile. Le révisionnisme international, le « Parti communiste » de l’Union soviétique en tête, essaie de donner consistance à la « théorie » selon laquelle la nature de l’Etat peut changer, sans qu’il soit détruit de fond en comble par le prolétariat. Trois ans durant, les révisionnistes ont trompé les travailleurs sur la ligne prolétarienne dans la lutte anti-impérialiste pour la révolution nationale ; Ils ont utilisé cet exemple pour tromper la classe ouvrière internationale, la désarmer et la détourner de la voie révolutionnaire.

Lénine a dit :

« Que l’Etat soit l’organisme de domination d’une classe déterminée, qui ne peut pas être conciliée avec son antipode (avec la classe qui lui est opposée), c’est ce que la démocratie petite-bourgeoise ne peut jamais comprendre. » (« L’Etat et la Révolution »)

Les révisionnistes veulent mettre la classe ouvrière des pays capitaliste à la remorque de l’Etat des oppresseurs et de ses lois. Les lois de l’Etat ne peuvent servir que la bourgeoisie. Il est impossible de renverser le rapport des forces dans le pays en faveur des classes opprimées, tout en respectant les lois bourgeoises.

« Les marxistes-léninistes doivent dénoncer l’hypocrisie des constitutions bourgeoises, mais ils devraient, en même temps, se servir de certains articles de ces constitutions comme d’une arme contre la bourgeoisie. Refuser, dans des circonstances ordinaires, d’utiliser la constitution bourgeoise pour mener les luttes légales possibles est une erreur, qualifiée par Lénine de maladie infantile « gauchiste ». Mais demander aux membres du Parti et au peuple d’avoir une foi aveugle dans la constitution bourgeoise, propager l’idée que pareille constitution peut apporter le socialisme au peuple, et parler du respect qu’on lui accorde, de sa défense et de son application totale comme du « pivot de tout le programme politique du Parti », ce n’est plus simplement de « la maladie infantile », mais, et toujours selon les paroles de Lénine, être moralement prisonnier des préjugés bourgeois. (Parti communiste de Chine, « Encore une fois sur les divergences entre le camarade Togliatti et nous, 1963 »)

La « théorie » de la révolution pacifique vient, une fois de plus, d’être entièrement démentie par les faits. Tous les travailleurs conscients comprennent que seule la classe ouvrière peut mener la révolution jusqu’au bout et qu’elle ne peut remplir cette tâche qu’en en opposant la violence révolutionnaire à la violence réactionnaire.

Et que disent aujourd’hui les traîtres révisionnistes à ce propos ?

Prenons l’exemple du soi-disant, « Parti communiste » de Belgique qui vient de refuser de soutenir la lutte armée du peuple chilien. Plusieurs organisations de notre pays ont proposé de faire une grande manifestation commune de soutien à la résistance armée que mènent actuellement les révolutionnaires la classe ouvrière du Chili. Les faux « communistes » ont refusé cette unité ; parce qu’ils rejettent le mot d’ordre de soutien à la lutte armée du peuple chilien.

Les révisionnistes défendent une ligne générale pacifiste et légaliste pour tous les pays soumis à l’impérialisme et au capitalisme. En Belgique, le P « C » B s’oppose à la lutte révolutionnaire du prolétariat et prétend que la classe ouvrière obtiendra la victoire grâce à la lutte parlementaire.

Fajon, un dirigeant du soi-disant « Parti communiste » français écrit :

« Les principes de notre politique et les perspectives que nous offrons aux travailleurs n’en prennent que plus de force. Ils reposent sur la nécessité pour les forces populaires de contraindre la réaction au respect de la légalité démocratique.
Nous devons isoler et affaiblir la bourgeoisie, pour la priver des moyens de recourir à la violence contre notre peuple. »

Peut-on pousser plus loin le crétinisme et la trahison ?

La vérité est que la classe ouvrière et son parti doivent désarmer la bourgeoisie : c’est là la seule façon de la contraindra au respect de la légalité prolétarienne.

Les traîtres révisionnistes, devant la faillite de leur « théories » s’empêtrent dans leurs déclarations embarrassées. Mais les ouvriers conscients voient bien qu’ils essaient là de les faire boire dans un verre vide.

Pour couvrir la défaite de leur honteuse théorie du « passage pacifique au socialisme », les révisionnistes prétendent que le coup d’Etat au Chili est le fait de « quelques officiers factieux » : ils veulent cacher que c’est la bourgeoisie réactionnaire armée qui réprime la lutte populaire.

Ils disent que l’Unité populaire est allée « trop fort », qu’elle a voulu aller « trop vite », qu’il y a eu du « gauchisme », qu’« Allende n’a pas assez respecté la loi ». Ils concluent : Nous ferons encore mieux qu’au Chili. Nous serons encore plus respectueux de la loi et de l’armée bourgeoise. Ces traîtres veulent désarmer entièrement la classe ouvrière ; leur politique ne peut avoir qu’une seule conséquence : exposer le peuple à la répression du fascisme.

Le « Drapeau Rouge » écrit :

« Sans doute, le gouvernement d’Unité populaire a-t-il commis certaines erreurs. Il n’a pas réussi à gagner les couches moyennes, ce qui a facilité le passage de l’armée au coup d’Etat. L’action des gauchistes a d’ailleurs contribué à empêcher la classe populaire des rapprocher de l’Unité populaire »

Ainsi pour les faux « communistes », le coup d’Etat aurait été provoqué par les révolutionnaires et par la politique « aventuriste » d’Allende !!!

Le peuple chilien armé a déjà fait justice aux mensonges révisionnistes. Il continue sa résistance.

Plusieurs radios émettent clandestinement depuis le territoire chilien et l’une a une a même utilisé la longueur d’ondes du réseau contrôlé par la Junte. Ces postes-annoncent que la lutte se poursuit, que groupes militaires et organisations ouvrières réclament des armes.

Le devoir de tous les révolutionnaires et de tous les anti-impérialistes est d’apporter une aide résolue, politique et matérielle, au peuple chilien en lutte.

Vive la lutte armée du peuple chilien contre le fascisme et l’impérialisme !

Seule la violence révolutionnaire peut abattre la violence réactionnaire !


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