[Publié pour la première fois sur agauche.org]

Les uns après les autres, les pays tombent dans le protectionnisme, le repli stratégique du soir, l’accumulation de forces pour le repartage du monde. Le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) était l’expression d’une tendance de fond en ce sens.

Depuis, la crise est arrivée en 2020 et les portes des enfers se sont ouvertes. Plus rien ne tient dans le grand jeu d’équilibre des forces, chacun tente de profiter de la situation pour se frayer un passage. Et surtout, tous les pays s’alignent directement ou indirectement sur les deux grandes superpuissances que sont les Etats-Unis et la Chine.

La réélection de Donald Trump en 2024 est l’expression de ce basculement. Le président précédent, Joe Biden, exprimait la tentative de réimpulser le capitalisme américain de l’intérieur, au moyen du turbocapitalisme : migrants, LGBT, cannabis, industrie de l’armement (60 milliards de dollars d’investissements en armes rien que pour l’Ukraine)…

Donald Trump ne représente pas cette ligne. Il exprime l’agressivité d’une superpuissance qui ne veut pas perdre sa place et qui ne compte pas attendre que la Chine se soit renforcée. Ce n’est pas quelqu’un qui compte trouver des moyens indirects. C’est quelqu’un qui va appliquer des mesures protectionnistes, centraliser les directions au niveau du pays, mobiliser dans le sens de l’affrontement avec la Chine.

C’est le sens de sa victoire, d’ailleurs assez large, avec le Sénat devenu républicain, et la Chambre des représentants selon toute vraisemblance. Donald Trump n’est pas une anomalie : il est l’expression cohérente de la superpuissance américaine qui se ratatine et qui veut se maintenir coûte que coûte au premier plan.

Pour cette raison, il est complètement faux de dire que rien ne s’est passé avec cette élection, que les deux candidats Donald Trump et Kamala Harris représentaient finalement la même chose. C’est ce qu’on lit systématiquement à gauche, à gauche de la gauche (par exemple Lutte Ouvrière, le PRCF, Révolution permanente). L’un ou l’autre défendraient, somme toute, la même chose, les mêmes intérêts.

C’est là un point de vue unilatéral, anti-dialectique. C’est nier qu’il y a des affrontements très durs au sein de la bourgeoisie américaine, des divergences très grandes d’intérêts. Kamala Harris et les Démocrates entendaient maintenir l’ordre mondial tel qu’il est, en colmatant les brèches. Donald Trump est celui qui est prêt à faire sauter l’ordre mondial pour en instaurer un nouveau, où la superpuissance américaine réinstalle son hégémonie. C’est totalement différent !

Tout cela a d’autant plus importance qu’avec Emmanuel Macron, la France est devenue un satellite de la superpuissance américaine. Même l’armée française, auparavant très nationaliste, s’est totalement soumise techniquement et idéologiquement à l’Otan.

Le camp nationaliste, que ce soit Marine Le Pen, Jordan Bardella ou Eric Zemmour, est pro-américain, et soutient le régime ukrainien. Il en va de même pour la Droite, pour les socialistes, et même pour La France Insoumise ou le PCF, qui ont voté les crédits pour le régime ukrainien tout pareillement.

Toute la bourgeoisie française de toutes façons s’est « américanisée ». Toute la population française en général s’est « américanisée » ! L’individualisme règne et la « gauche » s’est transformée en version française des « Démocrates » américains.

Mais l’Histoire de la lutte des classes en France est puissante. Et il y a encore des gens pour porter les valeurs de la Gauche historique ! La recomposition du prolétariat est donc possible – à condition d’un décrochage avec les valeurs décadentes de la société capitaliste de consommation.

L’élection de Donald Trump met d’ailleurs ici un terme aux rêves petits-bourgeois d’un monde « pacifié » sous supervision de la superpuissance américaine. La fiction d’une société occidentale « inclusive » s’effondre, à la grande amertume des petits-bourgeois français « de gauche » qui comptaient profiter du système encore longtemps.

Trump de nouveau président, c’est le le basculement vers la guerre de repartage. La catastrophe est en cours. Maintenant, c’est le Socialisme ou le retour à la barbarie !


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