publié dans PTO-AMADA n°67, 1er septembre 1976

En 1963, Jacques Grippa scissionna du faux PC avec un grand nombre de militants, et forma la première organisation marxiste-léniniste de Belgique. Grippa lui-même n’a jamais rompu à fond avec le révisionnisme, ce qui fit qu’il se tourna contre la Chine en 1967.

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Le groupe Clarté continua le parti de Grippa. Clarté ne fit pas d’autocritique sur le révisionnisme du PC et de Grippa. Clarté était en 1967 la seule organisation qui se réclamait du marxisme-léninisme et le Parti communiste de Chine entreprit des relations avec Clarté.

Dans la période 1969-1973, les bases d’un vrai parti marxiste-léniniste furent posées par la lutte que TPO-AMADA mena contre l’économisme, le réformisme et l’anarcho-syndicalisme, positions qui, à ce moment étaient surtout exprimées par Clarté. Clarté fit une unité sans principe avec l’Exploité, organisation qui scissionna de Grippa en 1967.

En juillet, le groupe Clarté a éclaté en deux fractions.

TPO-AMADA a décidé de renforcer le travail préparatoire pour la fondation du parti communiste unifié de Belgique. Nous devons accorder de l’attention aux organisations qui se réclament du marxisme-léninisme pour unir tout ce qui peut être uni.

Nous publions les points de vue des deux fractions pour information.

version du groupe autour de l’exploité

Le 7 juillet, 3 membres du Bureau politique excluent deux autres membres ; ces derniers exigent une réunion du Comité central.

« Il est clair que le Bureau politique modèle réduit qui prétend assurer aujourd’hui la direction du Parti ne tient nullement à réunir le Comité central et veut conserver pour lui seul, pendant une longue période, tous les pouvoirs dans le Parti. Ce n’est d’ailleurs là qu’une étape de plus sur le chemin du pouvoir personnel ou, à tout le moins, familial, dans le Parti. Nous en sommes arrivés à une curieuse période où la direction du Parti ne répond plus qu’aux règles du « bon plaisir » de la famille régnante et de son bailleur de fonds. »

Le 18 mai, Lucienne Rapsaert refuse de parler de la clandestinité au Comité central ; quelques jours plus tard, elle charge E.R. de la tâche de former une organisation clandestine à Charleroi.

« (…) le premier secrétaire et son épouse décident de créer un réseau clandestin dans la région de Charleroi sans en informer le responsable politique de cette régionale. »

Qui fut contacté pour l’édification de cette « organisation clandestine » ? E.R. contacta son fils, et un camarade qui n’était membre de Clarté que depuis juin ; aussi un ancien résistant, qui n’est pas membre de Clarté et qui n’est pas d’accord avec la ligne ; enfin un jeune ouvrier d’un comité d’usine qui sympathise avec Clarté.

« C’est que l’organisation clandestine en question (n’est) que la mise en route d’une régionale de remplacement pour le cas où la régionale actuelle connaîtrait des « difficultés » comme… l’élimination de la totalité de sa direction.

(…) A l’appui de cette hypothèse, il y a :

– la remise de cartes spéciales aux membres du « réseau » ;

– l’interdiction absolue de souffler mot de cette opération aux « gens de l’Exploité » ;

– le lien direct entre le « réseau » et le premier secrétaire, à l’insu de la direction régionale régulièrement élue. »

Depuis un an, une délégation de Clarté était invitée en Chine. Lefebvre convoqua fin mai un bureau politique.

« (…) en quelques heures, sous l’aiguillon du premier secrétaire piaffant d’impatience, il fallut désigner définitivement les camarades devant faire partie de cette délégation. Aucune consultation du Comité central. Aucune consultation des régionales. Obligation de se prononcer en quelques heures. Voilà comment on envoie une délégation en République populaire de Chine. (…) Sur sept camarades, la liste proposée par Fernand Lefebvre comportait deux permanents du Parti et un semi permanent (qualifié d’« ouvrier mineur » à l’hilarité générale… !) Nous exigeons une plus large participation de travailleurs, et, (…) une composition plus représentative du Parti. »

Le conflit devint violent en raison de l’acharnement du premier secrétaire à défendre la participation à la délégation de son secrétaire particulier (…). Ce camarade n’a aucune pratique sociale (…) puisque étant passé de l’état d’inactivité professionnelle à celui de permanent du Parti, sa liaison avec les masses, sa connaissance de la base ouvrière sont totalement nulles. »

« Il est évident qu’un Parti communiste marxiste-léniniste ne peut accepter pareilles méthodes de direction. (…) Les tolérer, c’est accepter que le Parti devienne un Parti de type fasciste. (…) Le Parti est dans son immense majorité uni sur une ligne politique et organisationnelle qui se confirme chaque jour par de nouveaux succès dans toutes les régionales du Parti. Une infime minorité de saboteurs font le jeu de la bourgeoisie en semant la division dans le Parti. (…) Nous exigeons dans les plus brefs délais la tenue d’un comité central qui liquidera le quartier général de la bourgeoisie dans le Parti qu’est devenu le Bureau politique. »

(Citations du texte de M.N. et M.B. (11 juillet) et du texte de JP d’H.)

version du groupe autour de clarté

« Le CC… dénonce la constitution d’une fraction scissionniste anti-Parti violant systématiquement le centralisme démocratique, visant à saper l’activité du Parti et à le conduire dans la voie révisionniste.

I. Cette activité objectivement contre-révolutionnaire a commencé lorsque le Parti a précisé sa ligne en matière de lutte contre les deux superpuissances, pour l’indépendance nationale.

(…) Ils trouvent surtout insupportable la désignation du social-impérialisme soviétique comme le plus grand danger pour l’Europe et le principal foyer de guerre dans le monde.

(…) Ils ont soutenu et répandu l’idée qu’en Belgique, le révisionnisme ne constitue pas le principal danger pour le mouvement révolutionnaire, mais bien la social-démocratie.

II. « Les règles du centralisme démocratique :

– les locaux du Parti ouverts à tous, membres et non-membres du Parti, sans le moindre contrôle ;

– les réunions ouvertes aux non-membres du Parti ; aucune réunion réservée uniquement aux membres du Parti ;

– la consommation de grandes quantités de boissons alcooliques pendant les réunions ;

– la divulgation sans contrôle y compris en dehors du Parti du contenu des réunions des organes de direction du Parti ;

– l’absence de cloisonnement entre régionales, certains éléments qui leur sont inféodés assistant aux réunions dans plusieurs régionales et leur servant ainsi d’informateurs. »

III. « Un déviationniste (…) a saboté l’envoi des journaux et documents du Parti au Parti communiste chinois (…) ; il a délaissé systématiquement le travail de liaison et d’organisation (…) entre les différentes régionales.

Un déviationniste (…) a utilisé le CILA (…) pour se rendre maître des relations extérieures du Parti. »

IV. « Trois scissionnistes (…) révélaient l’existence d’un des secteurs clandestins du Parti et mettaient en accusation le Premier secrétaire devant un auditoire comprenant des non-membres du Parti.

Ils mènent une campagne de mensonges, de calomnies et d’invectives contre le Premier secrétaire, les membres du Bureau politique.

(…) Le groupe scissionniste (…) s’est transformé en une secte anti-Parti, anti-communiste allant jusqu’à tenter de saboter et de désagréger la délégation des cadres invitée en Chine… »

V. Les dirigeants de l’Exploité n’ont en 1973 « accepté l’unité que par opportunisme, sous la pression de la base. »

« Les scissionnistes n’ont pu égarer qu’un petit nombre de militants »

position du comité central de TPO

I. Lors de la constitution du groupe Clarté en 1967, la volonté de faire « carrière » dans le Mouvement Communiste International a joué un grand rôle. Des buts arrivistes du même genre − surtout par rapport aux camarades chinois − ont joué un rôle décisif dans l’unification entre Clarté et l’Exploité en 73.

2. L’éclatement du PCMLB prouve que cette organisation n’a jamais acquis une véritable unité marxiste-léniniste dans le domaine politique, idéologique et organisationnel.

Dans le domaine idéologique : la tâche de la transformation systématique et permanente des cadres supérieurs par la participation à la lutte de classe et par l’étude du marxisme-léninisme n’a jamais été posée ; la lutte pour découvrir l’essence du révisionnisme de Grippa et pour pratiquer l’autocritique sur cette base, n’a jamais été menée.

Dans le domaine politique : la lutte entre les deux lignes n’a jamais été organisée de façon consciente comme une lutte entre deux classes ; les différents points de vue politiques n’ont jamais été clairement délimités ni unis par la lutte ; il n’y avait aucune lutte pour la mise en pratique effective de la ligne, au cours de la lutte de classe.

Dans le domaine organisationnel le libéralisme et l’anarchie complètes : pas de directives contraignantes pour la pratique de tous les membres, ni de contrôle, aucune construction systématique de cellules d’usine, dirigée à partir du sommet, pas d’édification et de fonctionnement du comité central et du bureau politique fondés sur les principes.

3. Nous espérons que l’éclatement du PCMLB aura pour conséquence que les camarades comprendront la faillite des conceptions sur la construction du parti qui datent du temps de Grippa et qui ont été maintenues après 1967. Nous espérons qu’ils comprendront qu’il y a quelque chose de fondamentalement faux dans les conceptions sur le parti, qui ont eu cours jusqu’à présent : il s’agit principalement des problèmes de la transformation des plus hauts cadres, de la lutte consciente contre le révisionnisme dans ses propres rangs, et de l’édification de l’organisation du parti, avec une grande fermeté sur les principes, et dirigée à partir du sommet.

Les critiques essentielles que TPO-AMADA a portées dans son analyse de Clarté gardent toute leur valeur. Il faut étudier le développement de la ligne idéologique, politique et organisationnelle de TPO-AMADA et de Clarté entre 1967 et 1976 : l’ensemble de ce développement montre que la ligne que TPO-AMADA a élaborée est correcte et que la ligne que Clarté a élaborée est erronée.

4. TPO-AMADA veut mener des discussions aussi bien avec des militants individuels qu’avec les deux groupes. Nous voulons mener ces discussions dans l’intention d’arriver à une compréhension commune de l’opportunisme et à une unité marxiste-léniniste ; nous devons unir tout ce qui peut être uni pour pouvoir fonder dans l’année ou les deux ans à venir le parti communiste unifié.

5. Nous appelons tous les camarades de TPO-AMADA à mener des discussions avec les militants des deux groupes du PCMLB sur la base de ces principes. Le CC de TPO-AMADA concentrera l’expérience et les idées de tous les membres du parti et élaborera une résolution du parti sur les relations entre TPO-AMADA et les deux groupes du PCMLB.


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