Le 1er mai dernier, la propagande des eurocrates nous annonçait en fanfare la « réunification » de l’Europe. Cette propagande, complaisamment relayée aux quatre coins de l’Europe par les médias unanimes, célébrait l’extension de leur grand marché capitaliste en mettant l’accent sur le terme de « réunification européenne », soulignant à cette occasion la victoire du « monde libre » sur les systèmes des pays de l’ancien bloc soviétique. Cette réunification est présentée comme la réalisation d’un ancien et grand rêve. Pour la mémoire européenne, ce vieux rêve a des relents de cauchemars. Après tout, la précédente « réunification » de l’Europe date de 40-45, quand quelques bourgeoisies impérialistes s’étaient, à ce moment aussi, entendues entre elles. Elles avaient sponsorisé les mouvements nazis et fascistes, mis en en place une exploitation féroce des travailleurs, et entrepris une politique annexionniste en direction des puissances plus faibles et de l’Union Soviétique.

Cette Europe pour laquelle on nous demande de voter est elle aussi foncièrement étrangère aux intérêts de l’immense majorité des Européens. Elle orchestre l’accroissement de la compétitivité, de la productivité, de la flexibilité de la main-d’œuvre, donc de l’exploitation, dans son grand marché capitaliste. Elle porte la guerre dans les pays qu’elle domine ou veut dominer. Elle pousse les pays membres à adopter des lois policières et anti-démocratiques.

L’Union Européenne : c’est une exploitation accrue pour les travailleurs européens

Depuis sa création en tant que CEE, l’Union Européenne n’a eu de cesse de dévaster les acquis économiques, politiques et syndicaux que les travailleurs avaient obtenu de haute lutte.

Dans une recommandation de la Commission européenne (adoptée par le Parlement en mai 2003), concernant les orientations des politiques économiques, la Commission recommande, pour la période 2003-2005 de « veiller à ce que les hausses de salaires nominaux restent modérées […] ceci afin de permettre des marges bénéficiaires de nature à soutenir la croissance. […] Veiller aux réglementations trop rigides, protégeant les salariés en place mais décourageant les entreprises de procéder à de nouvelles embauches […] Promouvoir une organisation du travail plus souple et revoir la législation du travail, notamment celle relative aux contrats de travail en tenant compte des besoins de flexibilité […] favoriser un allongement de la vie professionnelle, accroître la capitalisation et adapter les régimes de retraites à la flexibilisation croissante du marché de l’emploi. »

Le traité européen de Lisbonne commande l’imposition d’une grande flexibilité du travail, qui se traduit par l’encouragement d’emplois à temps partiels ou intérimaires. L’Union européenne a mis en place un système de dérégulation des horaires de travail, permettant d’une part un recours plus important aux horaires de nuit, et d’autre part la possibilité de dérogations importantes aux heures maximum de travail. Au niveau des retraites, l’Union européenne favorise la mise en œuvre de la libre prestation des services, afin de démolir le système de retraite par répartition. Cela veut dire un détricotage de l’assistance gérée par l’Etat et de la solidarité intergénérationnelle basée sur un financement de la protection sociale. Cela veut dire confier l’argent des pensions à une poignée de monopoles capitalistes.

Le dernier projet des eurocrates est la directive Bolkenstein. Ce projet vise à la dérégulation et à la libéralisation de toutes les activités économiques, prenant également comme cible les services publics, c’est-à-dire la santé, l’éducation, la culture… Ceux-ci sont considérés comme des marchandises, et seraient ainsi soumis aux lois du marché. Cela veut d’abord dire qu’une entreprise lettone pourra exercer ses activités en Belgique sur base des lois sociales lettones en envoyant sur le chantier ses propres travailleurs (salaire horaire lettons : 3,42 h !) L’inspection sociale du chantier en Belgique est réservé aux contrôleurs du pays d’origine ! Les conséquences pour les travailleurs seront catastrophiques : les entreprises délocaliseront leur siège légal dans les pays où la législation sociale est inexistante, et essaimant en Europe, embauchant des gens sous la législation ultra libérale du pays où elles sont enregistrées.

L’Union Européenne, c’est la guerre pour les peuples de sa périphérie
Au nom de la promotion des droits de l’Homme, du « droit d’ingérence humanitaire », l’Union européenne affiche son ambition de puissance impérialiste. Elle intervient là où « ses intérêts et ses valeurs sont directement en cause » en Irak, Afghanistan, Haïti, Bosnie, Kosovo, Macédoine, Serbie…Mais aussi dans les pays néo-coloniaux d’Afrique de l’Est pour la Grande-Bretagne, d’Afrique de l’Ouest pour la France, et en République Démocratique du Congo pour la Belgique… La majorité des Etats européens soutient inconditionnellement les agressions nord-américaines, et quand l’Union européenne prétend à une certaine autonomie par rapport aux USA, c’est pour déployer une politique non moins criminelle, non moins prédatrice.

Le Haut représentant pour la politique extérieure de l’Union Européenne et ancien secrétaire-général de l’OTAN, Javier Solana, définit la stratégie européenne de « défense » : « …en agissant ensemble, l’Union européenne et les Etats-Unis peuvent constituer une formidable force au service du bien dans le monde »… Imitant la politique américaine, Solana critique la « mauvaise gestion des affaires publiques » de certains pays qui « sapent la gouvernance mondiale ». Ces pays (en fait, leur peuple) « auront un prix à payer ». Solana veut « propager la bonne gouvernance, soutenir les réformes sociales et politiques » c’est-à-dire la politique des multinationales, les privatisations et le perfectionnement des Etats policiers. On préconise ouvertement « l’action préventive », des interventions militaires et policières, précoces, rapides et « vigoureuses ».

Ceux qui présentent l’Union européenne comme l’Europe de la paix, (ONG, médias « démocratiques », partis politiques, syndicats réformistes, etc.) ont été complices de la guerre d’agression contre la Yougoslavie. Pour mener cette guerre, ils ont trompé l’opinion publique européenne de la manière la plus éhontée, en usant des pires procédés de Goebbels, multipliant par cent et parfois par mille le nombre des victimes albanaises des chauvinistes serbes, et faisant le silence le plus total sur les massacre et l’épuration ethnique perpétrée par leurs alliés : les milices fascistes croates. Kouchner, paladin du droit d’« ingérence humanitaire », avait célébré cette guerre en déclarant : « L’Europe est née à Pristina »., applaudi par des prétendus « pacifistes », par les partisans de la prétendue « Europe contrepoids à la toute puissance américaine ».

L’Union Européenne, c’est la dictature directe du grand capital.
Le 11 décembre 2003, le parlement belge votait la loi sur les infractions terroristes. Aucun député ne semble s’être demandé si cette loi était vraiment nécessaire. Le code pénal belge contient pourtant suffisamment de lois qui rendent le terrorisme punissable (comme celle sur les associations de malfaiteurs, sur les homicides, etc.). Cette loi n’a de sens que pour donner à l’intention politique d’un acte délictueux le caractère d’une circonstance aggravante. Ainsi, le même fait est plus sévèrement puni s’il est politique (donc « terroriste ») plutôt que criminel ou mafieux. Ce vote a fait suite à une décision-cadre du conseil de l’Union Européenne qui impose aux Etats membres de l’UE d’introduire la notion de « terrorisme » dans leur loi nationale.

Selon le texte adopté par le parlement, est terroriste l’infraction qui, «de par sa nature ou son contexte, peut porter gravement atteinte à un pays ou à une organisation internationale et est commise intentionnellement dans le but d’intimider gravement une population ou de contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte, ou de gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale.» La personne qui commet une infraction reprise dans la liste du projet de loi avec cette intention particulière, pourra être considérée comme terroriste. Outre, par exemple, le détournement d’avion, ou l’utilisation d’armes nucléaires, la liste mentionne entre autres les infractions suivantes: coups et blessures volontaires, destruction ou dégradation de bâtiments, ou de monuments et autres sites d’utilité publique, destruction, dégradation ou inondation d’un bien public ou privé lorsque des vies humaines sont mises en danger ou que l’infraction occasionne des dégâts économiques considérables.

Ainsi, une personne ayant écrit sur un mur : « A bas le capitalisme ! » pourrait être considérée comme un terroriste ! Il suffit que le juge considèrent que ces dégradations ont causé « des pertes économiques considérables » et ont été faites avec l’intention de « détruire les structures fondamentales économiques du pays ». Tombe également sous le coup de ce projet de loi, la menace de commettre une telle infraction (même si elle n’est pas suivie d’effet) et le fait d’aider un « groupe terroriste ». Toute forme de soutien à ces organisations peut entraîner une peine effective de dix ans de prison.

Pour montrer à quel point la notion de « terrorisme » prend un sens large, il suffit de lire le texte du Groupe Terrorisme du Conseil de l’Union Européenne relatif au « formulaire type destiné aux échanges d’information concernant les incidents terroristes » : « le groupe constate qu’au fil des différentes manifestations et réunions au sommet de l’union européenne, on a pu observer une augmentation progressive des actes de violence et de vandalisme criminel commis par des groupes extrémistes radicaux et que ces actes ont clairement suscité des vagues de panique au sein de la société. Les médias s’en sont fait largement l’écho et la crainte s’est installée parmi les citoyens de l’Union. Ces faits se déroulent dans un « contexte flou » dans la mesure où le phénomène s’abrite derrière divers paravents sociaux. Par « contexte flou », il faut entendre les organisations qui, sous couvert de leur caractère légal, se livrent à des actions en marge de leurs activités déclarées, aidant ainsi indirectement les organisations terroristes à parvenir à leur fin ».

Cette loi est clairement conçue par les eurocrates comme arme politique et d’abord contre les opposants à leur grande-Europe impérialiste. C’est un procédé classique : l’État turc voulait mettre Médecins sans Frontières sur la liste des organisations terroristes parce qu’elle soignait des Kurdes et dans les années 80, Thatcher n’a pas hésité à utiliser en Grande Bretagne la loi anti-terroriste contre les mineurs en grève. L’Union européenne, dans cet exemple et dans bien d’autres, est l’agent actif de la transformation des Etats-membres en Etats policiers.

Ne votons pas, luttons !
La liste de ces mesures, de ces programmes et de ces directives est longue. Il faut souligner que ces décisions ont été avalisées par tous les partis politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, et dans la plus parfaite entente entre Commission et Parlement. De « gauche » ou de droite, les parlementaires européens discutent, blablatent, pour tenter de faire croire qu’ils défendent le bien commun. Et toujours accompagnent les décisions qui détruisent les services publics. Ils soutiennent les privatisations pendant la journée et sont « socialistes » le soir ou pendant la campagne électorale. Services publics ? Le Parlement déclare : « les prestations de services par le secteur privé, et notamment par les indépendants, semblent mieux rencontrer les intérêts d’un service de haut niveau et de l’efficacité économique servie par la mise en œuvre raisonnable des mécanismes de marché »

Derrière son lénifiant baratin sur l’Union, la Démocratie et la Paix, l’Union européenne vise essentiellement à mettre en place les outils de profits croissants pour les entreprises, et d’exploitation grandissante des travailleurs. En demandant aux travailleurs européens de voter pour cette Union Européenne, on leur demande de tresser la corde qui servira à les pendre !

Les procédés pour duper les Européens ne manquent pas. Dans les pays où le référendum a conclu à l’adhésion, l’adhésion a été décidée sans autre discussion. Dans les pays où l’adhésion a été rejetée, un nouveau référendum a été organisé après une campagne de propagande pro-européenne outrancière. Et là où le peuple a rejeté l’Europe une deuxième fois, (ainsi au Danemark) un troisième referendum est projeté !

Le projet européen est, dès sa conception, un projet capitaliste qui va donc à l’encontre de leurs intérêts. La lutte des travailleurs ne peut pas être efficace aujourd’hui par la participation aux élections bourgeoises. Les acquis des travailleurs ont été gagnés par la lutte, et non par les manœuvres parlementaires des partis politiques actuellement présents sur la scène politique, même s’ils se proclament « progressistes ». Participer aux élections européennes c’est cautionner l’Europe du fric et des flics, la grande-Europe impérialiste, belliciste et policière.

La lutte des travailleurs aujourd’hui doit donc être comprise en termes de rupture, notamment par rapport au mode consensuel imposé par les directions syndicales et leur système de concertation sociale, directions syndicales faisant partie intégrante du système.

Contre la logique capitaliste !
Contre le système capitaliste !
Contre les larbins du capitalisme !
La lutte des classes !
Et jusqu’au communisme !

Bloc Marxiste-Léniniste
1er juin 2004

Comment voter nul ?
Entrez dans l’isoloir. Pliez votre carte pour rendre illisible la piste magnétique. Sortez et remettez à l’assesseur la carte pliée. L’assesseur vous donnera alors une seconde carte. Entrez dans l’isoloir et renouvelez l’opération. Selon les consignes données aux assesseurs, un vote doit être considéré comme nul lorsque, par deux fois, la carte a été rendue illisible. Plus simplement, nous avons la possibilité de refuser d’aller voter. Le vote est obligatoire en Belgique et refuser de voter peut exposer à un amende (mais cela est extrêmement rare). Reste aussi la possibilité de voter « blanc », une case est prévue pour cela. Tout un discours visant à dissuader le vote blanc est fondé sur le report des voix selon le mode de scrutin proportionnel. Ne vous laissez pas intoxiquer : les votes blancs sont comptabilisés comme tels et ils constituent autant de désaveux du système.


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