Nous avons choisi de relayer l’article publié le 21 juillet 2014 sur le site « Les Matérialistes » lié au Parti Communiste Marxistes-Léniniste-Maoïste de France puisque, comme le plus souvent avec le PCMLM, nous pensons que nous avons là une position éminemment correcte, reflétant une approche basée sur le matérialisme dialectique concernant la montée de l’antisémitisme et du racisme en France en particulier, et en Europe en général.
Sommes-nous, en Belgique, dans une situation proche de celle évoquée dans l’article des camarades de France ? Oui et non.
Non parce qu’en Belgique, nous ne sommes pas aujourd’hui encore totalement submergés par l’énorme vague réactionnaire déferlant sur la France.
Oui, parce que les idées d’un Dieudonné – idées relevant de la décadence, du refus de la culture − font ici aussi des ravages tant dans les masses populaires qu’au sein d’une extrême-gauche prisonnière du pourrissement du capitalisme, de sa désintégration à l’époque de sa crise générale.
Ainsi, nous avons pu constater, lors de la manifestation pour la Palestine s’étant déroulée ce samedi 19 juillet à Bruxelles, qu’une large partie des organisations d’extrême gauche présentes considéraient les islamistes comme des alliés possible à la cause du progrès.
Cela est-il correct ? Absolument pas ! Et c’est justement parce que les trotskystes du Parti « socialiste » de lutte (P«S»L) sont incapables de comprendre que les islamistes représentent un aspect féodal qui est à rejeter, que nous les avons vu tendre complaisamment le mégaphone de leur organisation aux islamistes, permettant que soit scandé à plusieurs reprises les cris de « Allah Akbar » et « Mort aux juifs », cris ensuite repris par la foule des islamistes présents.
Souhaitant nous assurer qu’il ne s’agissait pas là d’un « incident de parcours », le militant P«S»L porteur du mégaphone aurait pu être surpris par les slogans antisémites − bien que lesdits slogans aient été proférés à plusieurs reprises −, nous nous sommes donnés la peine de consulter leur site pour nous assurer qu’un communiqué condamnant ce déplorable incident y était bien publié.
Nous n’en avons trouvé aucune trace.
Pas de trace non plus d’une prise de position par rapport à l’antisémitisme suintant pourtant par tous les pores de la société belge, ni même concernant les exécutions sommaires pratiquées au musée juif de Bruxelles le 24 mai dernier.
Nous en concluons que l’attitude du P«S»L quant aux slogans proférés relève de la complaisance envers les mœurs féodales, les superstitions religieuses et l’antisémitisme.
L’ultime agression de la soldatesque sioniste contre le peuple de Gaza ne change rien au fait que antisémitisme − comme toutes les forme de racisme − est inacceptable. Que l’avenir appartient non pas à antisémitisme, mais à la bataille pour la révolution socialiste.
Cela est pathétique et terrible, car cela signifie que le P«S»L ne ne conçoit pas l’antisémitisme comme l’arme actuelle et traditionnelle du capitalisme en crise afin de dévier les coups des masses ; que l’antisémitisme n’est qu’un paratonnerre pour empêcher la lutte des classes de se diriger vers la bourgeoisie.
Cela est pathétique et terrible mais n’a cependant rien d’étonnant venant des trotskystes qui rejette par principe les traditions de la classe ouvrière, son histoire, ses valeurs, mais affirment pourtant qu’il faut soutenir les islamistes, comme le Hamas par exemple, par esprit « anti-colonial ».
Dans un article assumant la négation par rapport à la nécessité de la construction d’un front antifasciste récemment publié sur son site, le P«S»L affirme:
(…)
« L’establishment capitaliste se sert du racisme et de la logique de division pour affaiblir la résistance contre le système. L’Histoire nous démontre en outre que face à des mouvements de lutte large qui menacent le système capitaliste, les grands patrons, actionnaires, etc. se rallieront à l’extrême-droite qui, elle, ne remet pas en cause la nature du système. Bien au contraire, elle agit en tant que milice privée du capital. »
Nous avons là toute la conception trotskyste considérant le fascisme comme une domination d’aventurier existant « en dehors » de l’impérialisme et contre lequel un large front antifasciste ne serait pas nécessaire en regard, selon eux, de la composition de classe petite-bourgeoise du fascisme.
Il n’est pas difficile de comprendre que, partant d’une telle position, les trotskystes se trouvent sempiternellement en porte-à-faux par rapport à la compréhension du fascisme et de l’islamisme.
Durant la seconde guerre mondiale, les trotskystes se sont ainsi opposés à la Résistance, considérant que les soldats allemands étaient des ouvriers en uniformes et qu’il fallait les enjoindre à rejoindre le camp de la révolution.
Au Centre MLM, notre conception du fascisme comme expression de « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaire, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier » est celle de Dimitrov et s’oppose très exactement à celle de Trotsky et du P«S»L.
En réalité, le comportement totalement complaisant du P«S»L par rapport aux slogans antisémites proférés converge ici simplement avec la décomposition de la société bourgeoise, la négation du matérialisme, la notion même de progrès historique, et s’inscrit contre la nécessité de la construction d’un Parti Communiste assumant Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Zedong.
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [B]
22 juillet 2014
La vague antisémite s’impose donc ; à la suite du triomphe de Dieudonné, la haine des personnes juives se propage sans limites, avec une situation toujours plus tendue, où il est évident que bientôt les premiers morts arriveront. Les fait sont là, impitoyables. Le PCMLM avait averti plus d’une fois à ce sujet, et les faits sont là, et ce n’est que le début.
Car c’est un acte éminemment provocateur, dans le contexte actuel, d’organiser une manifestation soi-disant pour la Palestine en plein Sarcelles, que même le journal bourgeois Le Monde appelle « la petite Jérusalem ». L’on voudrait pousser au pogrom qu’on ne s’y prendrait pas autrement, mais telle est en pratique clairement la ligne des islamistes ( de la mouvance des Frères Musulmans surtout) et de leurs alliés objectifs du Nouveau Parti Anticapitaliste.
Ces gens veulent faire monter la sauce, à tout prix. La Palestine n’est qu’un prétexte, d’ailleurs si tel n’était pas le cas l’objectif serait de rallier les masses populaires juives de Sarcelles (et d’ailleurs), et non pas de les pousser dans les bras du sionisme. En ce sens, les islamistes sont de puissants aides à la « Ligue de Défense Juive », qui a amené des gens pour protéger la synagogue située avenue Paul Valéry à Sarcelles.
Les faits parlent ici d’eux-mêmes : sans la police pour s’interposer, il y aurait un affrontement ouvert, avec la synagogue comme cible ouverte. De fait, il faut objectivement considérer comme relevant de l’esprit pogromiste l’attaque du Simply market et de différents magasins, d’une pharmacie, d’un bureau de tabac, d’une banque, ou encore de la gare de Garges avec même un arrachage de rails du tramway. L’épicerie casher, déjà attaquée à la grenade en 2012, est partie en fumée, formant une cible « de choix » tout comme les pharmacies tenues par des commerçants juifs, également incendiées.
Après la mémoire, l’antisémitisme s’attaque aux choses, avant de cibler les individus, puis enfin la communauté en tant que telle. Seulement, nous sommes en France en 2014, pas en Allemagne en 1932. La population française sait ce qu’est l’antisémitisme et elle n’en veut pas. Tant chez les bourgeois que chez les prolétaires, les influences catholiques et communistes font que l’antisémitisme est considérée comme une horreur.
C’est pour cela que Manuel Valls a ce même dimanche, hier donc, tenu un discours à l’occasion de la commémoration du soixante-douzième anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv’, au square parisien de la place des Martyrs-Juifs-du-Vélodrome-d’Hiver. Est-ce une bonne chose? Oui, c’est une bonne chose, Manuel Valls exprime ici la pression démocratique dans les masses, comme au moment de l’affaire Dieudonné.
Cet aspect positif est rejeté par les anarchistes et les trotskystes, pour qui les personnes juives n’existent pas (voire, dans un antisémitisme ouvert, ne devraient pas exister). On a déjà vu cela au moment de l’affaire Dreyfus, avec une ultra-gauche délirante niant la réalité de la lutte des classes en France.
La question de l’antisémitisme relève en effet bien de la lutte des classes. Ceux qui nient l’antisémitisme ou bien le propagent, ceux qui n’ont que le sionisme à la bouche, tous ces gens font de la diversion pour empêcher la révolution socialiste. Ils reflètent la décomposition de la société bourgeoise.
Mais la société française, aussi malade qu’elle soit du capitalisme pourrissant, aussi contaminé par un individualisme sordide qu’elle soit, ne veut pas de guerre ethnique, elle ne veut pas d’extermination. Les acquis démocratiques et révolutionnaires permis par les luttes de classe, par le Parti Communiste français notamment avec le Front populaire, bloquent l’esprit pogromiste.
Cela ne veut pas dire que l’antisémitisme ne tuera pas, ni qu’il n’a pas touché déjà une partie significative des masses et de la bourgeoisie. Mais il y aura affrontement avec lui ; l’esprit de la démocratie populaire s’opposera à l’esprit pogromiste et au fascisme.
Cela se fera bien entendu sans les trotskystes, qui ont choisi leur camp, et sans Manuel Valls aussi car entre sa carrière dans les institutions et une lutte tranchante contre l’antisémitisme, il aura vite choisi. Cela se fera sans une large partie des anarchistes, à l’esprit typiquement proudhonien et faisant de l’antisémitisme au kilomètre avec leur démarche petite-bourgeoise.
Cela se fera avec les larges masses, qui considèrent que les tendances négatives sont insupportables, que si c’est cela la direction que prend la société, alors c’est non. Rassembler ce « non », le rendre conscient, le formuler dans un projet de démocratie populaire, voilà le projet progressiste de notre époque.
21 juillet 2014