Pour le Drapeau Rouge, Quotidien du Parti communiste de Belgique,
patrons, syndicats, ouvriers, tout le monde il est gentil

Publié dans La Parole au Peuple, Journal communiste prolétarien n° 13, septembre 1974

Le Parti « Communiste » n’avait pas prévu la grève à la FN. Il n’y est d’ailleurs pour rien. Plus soucieux de se faire reconnaître, par le parti socialiste et les syndicats, comme un partenaire responsable et digne d’entrer au gouvernement, que d’être résolument du côté de la lutte ouvrière, le PC n’aime pas les grèves « sauvages » que les appareils ne peuvent contrôler et détourner.

Car dans les mouvements « brutaux », ceux qui au lieu de se battre, négocient, eux qui au lieu de résister, capitulent inconditionnellement, ceux-là se démasquent et sont emportés par la tempête. Et le parti « communiste » choisit toujours la négociation et la capitulation.

Pour le PC, la lutte de classe, la guerre ouverte des ouvriers contre leurs exploiteurs, c’est ce qu’il y a de plus mauvais au monde.
En parole, il l’exalte, dans la pratique, il la combat.

Seulement voilà, ni la CSC, liée au gouvernement par l’intermédiaire du pacte catholique, ni la FGTB, et le parti socialiste, qui voudrait être admis comme interlocuteur au sein d’un organisme de concertation avec les autres grands partis, ne désirent que se répète un nouveau 1960. Parce qu’ils risqueraient tous d’être balayés dans la grande lessive.

Les grévistes auraient mieux fait d’attendre qu’une force mystérieuse mobilise d’un coup, d’un seul et au même moment, toute la classe ouvrière contre la vie chère. Mais pas les gauchistes. Ceux-là, ils sont toujours là quand il faut pas. D’ailleurs, même si les syndicats ne reconnaissent pas la grève, de toutes leurs forces « s’appuient ».

Non, puisqu’il n’y a pas d’action syndicale nationale, la grève de la FN sert les gauchistes, les fascistes et le patron.

Il vaut mieux reprendre tout de suite le travail comme les polisseuses qui montrent fièrement l’exemple.

Pour lui, il vaut toujours mieux dialoguer « sans bousculade » avec le patron : le patron de la FN, par exemple, il ne faut pas trop lui en vouloir s’il ne comprend pas la révolte des ouvrières. Que le patron soit seulement juste et donne 10 francs aux ouvriers. Alors, tout le monde se rendra compte qu’il est pour la justice et qu’au fond, il les aime bien les ouvriers.

Les ouvrières ont-elles eu raison de partir en grève contre la vie chère? Non, franchement non. Non parce que les syndicats ne reconnaissent pas la grève et que « les femmes parlent d’une chose et les délégations d’autre chose ».

Non parce que la lutte contre la vie chère doit être menée au niveau national.

Qui peut mener cette lutte ? Les syndicats et l’urgence d’une telle action est évidente.

Que les ouvrières suivent leurs syndicats et les syndicats les ouvrières et tout ira très bien dans le meilleur des mondes.

Maintenant, si les ouvrières décident de lutter seules sans les syndicats qui enchaînent les ouvriers avec les conventions patronales, si elles jouent un rôle immense pour dégager des perspectives dans la lutte contre la vie chère, à l’échelle de tout le « pays », si elles montrent la voie de la résistance, et qu’au vote « démocratique » organisé par la FGTB et la CSC unies pour tenter de liquider la grève, il y a 53% pour la reprise du travail, c’est une victoire pour qui ?

Pour les 43% de grévistes qui ont voté non, pour le millier de femmes qui est resté à la maison refusant de participer à cette mascarade ? Non ! Pour le PC, ceux qu’il faut d’abord féliciter, ce sont celles et ceux qui ont « courageusement » voté la reprise.

D’ailleurs, « unies plus que jamais, titre le DR, les grévistes reprennent le travail ! »

En chantant …


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