Les décisions du Comité Central des 14 et 15 janvier 1950

Matériel destiné aux rapporteurs aux assemblées de sections et de cellules

Ce matériel est destiné à vous aider à préparer les rapports que vous présenterez dans les assemblées de sections et de cellules.

Il va de soi que vous ne devez pas l’utiliser tel quel mais comme un simple canevas et en ayant soin de concrétiser par des exemples précis s’appliquant directement à votre cellule, à votre groupe les points soulevés dans ce matériel et les tâches qui y sont indiquées.

N’oubliez pas non plus que ce matériel constituera pour vous un aide-mémoire fort utile dans les semaines qui viennent.

Conservez-le soigneusement et relisez-le de temps en temps pour vérifier où vous en êtes, dans votre section, dans votre cellule, dans l’exécution des tâches décidées par le Comité Central.

POUR RÉALISER LES TACHES DÉCIDÉES PAR LE COMITE CENTRAL

Schéma destiné aux rapporteurs aux assemblées de sections et de cellules

Au cours de la session de Comité Central qui s’est tenue les 14 et 15 janvier, le camarade Lalmand a rappelé à deux reprises dans son rapport et dans son discours de conclusion − un passage de la résolution du Bureau d’information des Partis Communistes :

« De l’énergie et de l’initiative des Partis Communistes dépendra pour beaucoup l’issue de la bataille gigantesque et toujours plus ardente pour la Paix. »

Cette lutte pour la paix dont parle la résolution du Bureau d’Information signifie également la lutte pour la démocratie et le socialisme.

Cette appréciation du Bureau d’information détermine le sens à donner à l’ordre du jour du dernier Comité Central :

« L’importance même des tâches qui se posent nous amène à souligner la nécessité d’améliorer le fonctionnement du Parti, d’améliorer l’outil dont nous nous servons pour accomplir nos tâches. »

Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il faille dorénavant uniquement songer aux problèmes d’organisation, faire de l’organisation pour faire de l’organisation.

Ce n’est que dans la mesure où nous déclencherons des actions que nous créerons une bonne organisation, une organisation qui nous permettra de développer encore l’action.

Comment pourrait-on, du reste, songer à améliorer un outil (l’organisation du Parti) sans se préoccuper avant tout de l’usage auquel on le destine (l’application de la ligne politique, des actions donc) ?

Avant d’examiner de façon approfondie comment nous améliorerons l’organisation du Parti, rappelons donc brièvement les objectifs essentiels que se fixe aujourd’hui le Parti.

La ligne politique du Parti

A l’heure actuelle, le Parti se fixe comme tâche principale la lutte contre la politique de préparation à la guerre et de régression sociale menée par le camp impérialiste, c’est-à-dire la lutte pour la Paix, pour la démocratie, pour le socialisme.

La défense de la Paix est au centre de toutes nos préoccupations et c’est en axant notre lutte sur cet élément principal que nous devons mener la lutte sur tous les fronts.

Prenons un exemple :

Nous nous trouvons à la veille de la période de préparation de la consultation populaire qui constituera une espèce de campagne électorale. Nous devons mettre à profit cette situation particulière pour donner à la lutte contre le retour de Léopold III sa véritable signification : montrer que le retour de Léopold III, candidat dictateur, signifierait le renforcement de la politique menée actuellement par la bourgeoisie belge et son gouvernement pour compte du camp impérialiste : une politique de préparation à la guerre et de régression sociale.

Dans sa récente résolution, le Bureau d’information soulignait que « ce serait une erreur profonde et impardonnable de croire que la menace de guerre aurait diminué ».

Cet avertissement vaut pour la Belgique

– où le budget de 1950 avoue plus de 12 milliards de dépenses pour la guerre ;

– où le gouvernement fournit la totalité de l’uranium congolais aux fauteurs de guerre.

En même temps, la crise sévit dans pratiquement tous les secteurs, 300.000 chômeurs. Le pays s’embourbe dans un gâchis dont libéraux, catholiques et socialistes portent la responsabilité.

Le Bureau d’information a défini ainsi les tâches qui se posent pour nous :

« Fusionner la lutte pour l’indépendance nationale et la lutte pour la paix… expliquer et réexpliquer que la défense de la démocratie et de la paix est indissolublement liée à la défense du pain… unir toutes les forces démocratiques, patriotiques du pays. »

Cela signifie que les communistes belges ont cour mission d’unir tous les travailleurs, toutes les forces saines du pays :

– pour empêcher le retour de Léopold III, symbole de la politique de préparation à la guerre et de régression sociale ;

– pour briser l’offensive de la réaction contre les intérêts vitaux, contre le pain des travailleurs ;

– et par-dessus tout, pour empêcher que notre pays soit entrainé dans la guerre de brigandage qui se prépare.

C’est en ayant en vue des tâches importantes que nous allons, tous ensemble, améliorer les méthodes de travail du Parti et renforcer son organisation.

Ce que doit être un Parti Communiste

Dans le rapport qu’il a présenté au Comité Central, le camarade Lalmand a rappelé quelles qualités devait avoir un véritable Parti Communiste, un Parti d’un type nouveau, forgé, tel le Parti bolchevik, sur la base des enseignements de Lénine et de Staline.

Et il a montré que, malgré les efforts entrepris car le Parti Communiste Belge en vue de se développer à l’image d’un Parti d’un type nouveau, de réelles faiblesses existaient encore chez nous dans ce domaine.

Nous nous devons dès lors de surmonter au plus vite ces faiblesses, de tirer pour cela profit des précieux enseignements que comporte l’Histoire du Parti Bolchevik.

Quelles sont les caractéristiques essentielles d’un véritable Parti communiste ?

Rappelons-les :

1) Le Parti doit être un détachement d’avant-garde de la classe ouvrière.

D’où l’importance que nous devons attacher au relèvement du niveau idéologique du Parti, au travail d’éducation à tous les échelons, au travail de propagande sous tous ses aspects. (« Pour être vraiment un Parti d’avant-garde, il faut que le Parti soit armé de la théorie révolutionnaire. »)

2) Le Parti doit être un détachement organisé de la classe ouvrière.

D’où la nécessité de renforcer l’esprit de discipline et de méthode dans notre Parti, notamment de faire respecter l’article 5 des statuts qui dit : « Est membre du Parti celui qui reconnait les statuts et les décisions du Parti, travaille activement dans une de ses organisations et paie régulièrement ses cotisations ».

3) Le Parti doit incarner la liaison de l’avant-garde de la classe ouvrière avec l’ensemble de la classe ouvrière.

D’où la nécessité de renforcer notre liaison avec les masses, de développer notre travail dans les entreprises, dans les quartiers ouvriers, dans les organisations de masse.

Le Parti se fortifiera en s’épurant des éléments opportunistes

La situation qui existe au sein du Parti en fait un terrain propice pour les agents de l’ennemi de classe qui y pénètrent facilement et y opèrent sans grand risque d’être démasqués.

(Trouver ici, pour chaque fédération, des cas concrets qui montrent les conséquences funestes de notre manque de vigilance.)

Le redressent du Parti exige que nous renforcions la vigilance : la vigilance est une tâche qui incombe à l’ensemble du Parti ;

– il est nécessaire de contrôler les membres à travers leur activité ;

– il faut renforcer la discipline, recourir davantage à la critique et à l’autocritique ;

– il faut rechercher et démasquer les agents de la police, de l’ennemi de classe qui ont pu pénétrer dans nos rangs ;

– il faut lutter énergiquement contre les tendances opportunistes et sectaires.

Pour la formation de nouveaux cadres

En même temps que nous renforçons notre vigilance, nous devons nous assurer la montée de nouveaux cadres dans le Parti.

Nous y arriverons :

– en améliorant la vie intérieure dans le Parti, notamment en appliquant le centralisme démocratique qui conditionne l’unité de vues, l’unité d’action de tous les membres du Parti et qui implique le fonctionnement normal du Parti, l’exercice régulier de la critique et de l’autocritique, la pratique simultanée du double contrôle de la base vers le sommet et du sommet vers la base, la libre discussion dans le cadre des principes ;

– en améliorant le travail d’éducation à tous les échelons et en liant la théorie et la pratique dans toutes les activités du Parti ;

– en contrôlant l’activité des membres du Parti à tous les échelons, ce qui nous permettra de découvrir et d’assurer la montée de centaines de militants actifs et dévoués au Parti, à la cause des travailleurs.

En travaillant de façon coordonnée, ils éviteront de prendre des initiatives désordonnées, leurs efforts donneront de meilleurs résultats ; ils se fixeront des objectifs communs et, unissant leurs forces, leur travail aura plus d’efficacité.

Menant leur action en commun, la constitution d’une cellule d’entreprise, de division, d’atelier sera l’aboutissement logique de l’action qu’ils auront engagée. Et le fonctionnement de la cellule leur facilitera l’accomplissement de leurs taches.

3. Où la cellule d’entreprise doit-elle se réunir ?

L’organisation des cellules et des sections d’entreprise pose assurément une série de problèmes pratiques qui sont parfois compliqués.

Il est évident, par exemple, que les assemblées générales de cellules, et plus encore, de sections, à l’intérieur de l’entreprise sont pratiquement exclues.

Par ailleurs, on se heurte en pratique a de très grosses difficultés pour réunir la cellule ou la section immédiatement avant ou après la journée, à proximité de l’entreprise.

Il faut donc s’orienter vers d’autres formules, trouver d’autres formes d’organisation qui permettront de réunir les assemblées de cellules d’entreprise : par exemple en réunissant les camarades sur la base de leur lieu de résidence.

Ce sont des problèmes pour lesquels il n’y a pas de solutions toutes faites : il faut examiner chaque cas concret qui se présente (en tenant compte des particularités de l’entreprise, éventuellement des différentes pauses, etc.) et adopter chaque fois la meilleure forme d’organisation.

De toutes façons, ces difficultés ne peuvent servir de prétexte pour admettre que les cellules d’entreprise ne se réunissent pratiquement pas.

4. La cellule, organisme de base du Parti :

La cellule est en effet l’organisme de base du Parti.

C’est l’endroit où les membres du Parti discutent la ligne politique du Parti et les moyens de l’appliquer.

C’est à l’échelle de la cellule que la ligne politique du Parti se vérifie dans l’action.

La réunion régulière de la cellule est donc très importante. Elle constitue une des formes de travail collectif indispensables au Parti.

Sans vie régulière dans les cellules, l’activité des organismes de direction est paralysée et s’avère incapable de pénétrer dans les masses.

La constitution de véritables cellules est donc une des tâches essentielles que nous fixe le Comité Central.

5. Des cellules d’entreprise, de division, d’atelier vraiment liées à la masse :

Dans les entreprises, les cellules doivent autant que possible être organisées par division, par atelier.

De toutes façons, le champ de travail de la cellule doit être assez réduit pour permettre aux camarades du Parti qui y militent de connaître vraiment − personnellement, individuellement en quelque sorte − les ouvriers, d’être vraiment en contact avec eux.

Une faiblesse de beaucoup de nos sections et de nos groupes-même dans les entreprises était de mener leur travail de façon trop générale, de ne pas être suffisamment accrochés aux petites revendications concrètes qui se posaient dans les ateliers.

Nos nouvelles méthodes de travail, nos nouvelles formes d’organisation ont pour but de permettre à nos camarades d’être vraiment en contact étroit, atelier par atelier avec les travailleurs des entreprises.

6. La collaboration des sections d’entreprise et des sections locales :

Les communistes qui ne travaillent pas dans une entreprise ne peuvent pas se désintéresser de l’activité déployée par le Parti dans les entreprises établies dans leur commune ou à proximité.

De leur côté, les communistes travaillant à l’entreprise ne peuvent pas se désintéresser des problèmes qui se posent sur le plan communal. Le travail du Parti sur le terrain de la commune en particulier dans les quartiers ouvriers, constitue aussi nous allons le voir − une façon importante pour nous lier à la population.

Des mesures devront donc toujours être prises en tenant chaque fois compte de la situation précise qui se présente − pour assurer une bonne liaison entre le travail aux entreprises et le travail sur le terrain de la commune.

II. – Le travail des cellules locales (cellules de quartier, cellules de rue, etc.)

Tout ce que nous venons de dire pour les cellules d’entreprise s’applique aux cellules locales, aux cellules de quartier, aux cellules de rue.

Pour permettre aux camarades qui en font partie d’être vraiment liés à la population, il faut que le champ de travail de la cellule soit assez réduit pour que nos militants connaissent vraiment la population, vivent sa vie, soient vraiment en contact avec elle. Il faut donc créer des cellules par quartier, par rue ou même par bloc de maisons. C’est là le but vers lequel nous devons tendre : créer des cellules par rue, par bloc de maisons, afin d’être vraiment en contact étroit avec la population.

La grosse faiblesse de beaucoup de nos sections locales et même de nos groupes locaux était de rayonner sur un territoire beaucoup trop vaste où habitaient parfois des milliers ou même des dizaines de milliers d’habitants.

De même que pour les cellules d’entreprise, la formation de cellules locales est intimement liée à l’adoption de nouvelles méthodes d’action.

C’est en se groupant pour effectuer un travail du Parti sur la base d’un quartier ou d’une rue (organisation d’une pétition pour améliorer la distribution d’eau, les égouts, pour faire paver une rue, organisation d’un groupe de défense de locataires, etc.), que les camarades du Parti seront amenés à constituer leur cellule comme aboutissement logique de l’action réalisée.

III. – Les travail des communistes au sein des organisation de masse

Le Parti incarne la liaison de l’avant-garde de la classe ouvrière avec les masses. Pour que cette liaison soit réelle, il ne suffit pas que les communistes améliorent leur contact avec les masses dans leur entreprise ou dans leur quartier.

Il faut aussi qu’ils soient actifs et se montrent des camarades dignes de confiance au sein des organisations groupant de larges masses de travailleurs.
Quelles sont ces organisations ?

LES SYNDICATS

1. Le travail syndical est le prolongement naturel de l’activité déployée par les communistes au sein de l’entreprise.

Le travail dans les syndicats − principale organisation de masse de la classe ouvrière − constitue une des tâches essentielles du Parti.

2. Le rôle des communistes dans les syndicats : Les communistes · luttent pour la démocratie et l’indépendance syndicales : il leur appartient donc de les respecter.

Le Parti n’entend nullement imposer sa loi aux syndicats, mais il revendique le droit de guider, de contrôler l’activité de ses membres ; de veiller à ce que ceux-ci mettent tout en œuvre pour que l’organisation syndicale remplisse son rôle d’organisme de lutte de la classe ouvrière.

3. Affiliation syndicale obligatoire : Il importe que tous les membres du Parti qui sont syndicables soient syndiqués et· il faut vérifier si cette décision est appliquée.

4. Ne pas confondre Parti et syndicats : L’activité de la section d’entreprise ne se limite pas au seul terrain syndical. Elle ne se limite pas aux seules questions revendicatives, mais s’inspire du programme et se rattache à l’activité générale du Parti.

5. Le travail dans les syndicats chrétiens : Problème que nous avons complètement négligé, alors qu’avec ses 500.000 membres, la C.S.C. est aujourd’hui numériquement plus forte que la F,G.T.B.

Rares sont les communistes affiliés à ces syndicats, plus rares encore ceux qui y militent. Nous devons combler cette lacune dans notre activité syndicale ; il faut compter des communistes parmi les affiliés de ces syndicats, il faut que des camarades y militent au même titre que d’autres camarades militent dans les syndicats de la F.G.T.B.

COMMENT NOUS FORMERONS DES CELLULES VIVANTES :

Nous venons de voir que nous devons donner au Parti des formes d’activité nouvelles.

Pour cela − et simultanément − nous devons nous orienter, nous l’avons aussi vu, vers des formes d’organisation (les cellules) qui faciliteront cette activité.

1. Comment constituer les cellules ?

a) Ce qu’il ne faut pas faire :

Il ne servirait à rien de procéder à une division mécanique − en utilisant le fichier des membres inscrits dans la section, de répartir aussi artificiellement le plan de travail de la section ou la diffusion de la presse.

Si on procédait ainsi, il n’y aurait pas de changement, sinon un changement de nom.

C’est ainsi que nous avons trop souvent formé des groupes « sur le papier ».

Cela ne donne aucun résultat. Il faut bien se garder de le recommencer.

b) Ce qu’il faut faire :

Bien se dire que la formation d’une véritable cellule ne peut réussir que si elle est liée à l’action.

1. Il faut donc commencer par déterminer l’objectif que s’assignera l’action à déclencher (dans une usine, le vote d’un ordre du jour concernant telle ou telle revendication précise qui se pose dans l’atelier ; dans un quartier, une pétition pour obtenir la réfection d’une route boueuse, etc.).

2. Il faut ensuite trouver (dans l’usine ou dans le quartier) le ou les militants qui grouperont autour d’eux les membres du Parti de l’entreprise, de l’atelier, du quartier, de la rue, etc., et vont travailler ensemble pour réaliser l’objectif.

3. Autour de ce travail, on reverra les différents camarades qui participent à l’action pour qu’ils prennent des dispositions pour l’effectuer ensemble.

4. On mènera l’action en commun (par exemple : diffusion de tracts dans l’atelier ou vente d’un journal contenant un article spécial sur les revendications de l’entreprise. La même chose sur la base locale : distribution de tracts, récoltes de signatures pour pétition en vue d’obtenir eau potable, organisation de meetings de quartiers à jour, heure et endroit fixes, par exemple).

5. La constitution de la cellule en tant qu’organisme devient alors l’aboutissement de l’action ainsi réalisée.

REMARQUE IMPORTANTE :

Que faut-il entendre par « action », par « lutte » ?

Par « action >, on ne doit pas toujours entendre de grandes luttes (par exemple : des grèves, des manifestations de rue, etc.).

La plus petite lutte pour une revendication collective est une action qui nous permet de nous lier aux mases et d’élever celles-ci vers des luttes politiques plus importantes.

2. Comment allons-nous nous mettre au travail ?

a) Il faut commencer la formation de cellules dès maintenant, partout où il est possible d’obtenir des résultats.

Pas une section existante ne peut donc s’abstenir de commencer ce travail. (N.B. Il faut combattre la tendance qui consisterait à commencer ce travail dans certaines sections (qui serviraient d’« exemples ») et à laisser les autres sections continuer leur train-train actuel).

b) Il serait faux de se fixer des objectifs exagérés, par exemple de vouloir constituer dans une usine ou dans une commune des cellules dans toutes les divisions de l’entreprise ou dans tous les quartiers à la fois.

c) Il n’y a au fait pas de clef passe-partout ici : chaque cas doit être examiné selon ses possibilités, en respectant les critères fixés par le bon fonctionnement d’une cellule : c’est-à-dire nous fixer partout où nous disposons d’un ou de quelques camarades capables de grouper autour d’eux les membres du Parti de leur division ou de leur quartier afin de mener des actions dans le sens indiqué plus haut.

3. Fixer la vie régulière des cellules par l’application du plan de travail à l’échelon de la cellule.

a) Comme nous l’avons dit, les cellules doivent attacher une très grosse importance aux revendications immédiates et concrètes de la division d’atelier, du quartier, etc.

b) Liées à cette lutte continue, sachons aussi donner à ces cellules des activités régulières (vente de presse, soutien financier, organisation de meetings réguliers à date fixe, organisation de permanences pour la population, etc. Cela renforcera le contact permanent de la cellule avec la population.

c) Le travail d’éducation constitue également une activité régulière très importante qui contribuera à élever le niveau idéologique du Parti et qui donnera aussi à la cellule plus de cohésion, une meilleure vie intérieure.

Il faut organiser l’éducation à l’échelon de la cellule : pour cela, il faut qu’une partie éducative (causerie sur un problème d’actualité, discussion d’un article du Drapeau Rouge, etc.) soit inscrite à l’ordre du jour à chaque assemblée, etc. Il faut aussi encourager la lecture et l’étude individuelle des membres du Parti, constituer dans ce but de petites bibliothèques dans les cellules, prendre un abonnement collectif à « Communisme ».

d) Le contrôle des membres du Parti doit se faire à tous les échelons et cet aspect très important de notre travail des cadres doit normalement s’effectuer à l’échelon de la cellule.

Un aspect fort utile du contrôle de l’activité des membres, c’est la tenue régulière d’un carnet de présences de tous les membres aux réunions du Parti.

e) La direction politique des cellules :

La création de cellules amènera les comités de sections à se transformer progressivement d’organes d’exécution qu’ils étaient jusqu’ici, en organismes de direction, dirigeant et coordonnant le travail dans différentes cellules.

NOTRE TRAVAIL DE CLARIFICATION

En même temps que nous prenons les mesures voulues pour pratiquer de nouvelles méthodes de travail et que nous constituons des cellules, nous devrons nous livrer, à tous les échelons du Parti, à un travail systématique de clarification : nous devrons faire comprendre à tous les membres du Parti la portée des mesures que nous avons décidé de prendre et leur expliquer les motifs qui nous ont incités à les adopter.

Il ne s’agit en effet pas d’appliquer mécaniquement et de façon immédiate toutes les mesures adoptées (l’application de l’article 5 des Statuts, par exemple) : un travail de clarification doit d’abord être effectué.

Il faut attacher une très grande importance, soulignons-le bien, à ce travail de clarification, et précisons à ce propos pour éviter toute interprétation erronée − qu’il ne peut être question de recourir actuellement à des radiations ou à des sanctions contre les adhérents du Parti qui ne respectent pas en pratique l’article 5 des statuts.

Le Comité Central a expressément précisé qu’aucune sanction pour la non-application de l’article 5 des statuts ne pourra être envisagée avant la fin d’une période de clarification dont un prochain Comité Central fixera la date limite.

Ajoutons que, de toutes façons, toute radiation du Parti devra toujours être contrôlée par le comité de section qui devra en connaitre la cause.

Au cours de cette période de clarification. il ne peut en aucun cas être question de rayer les membres qui n’assistent par exemple pas régulièrement aux réunions. Mais nous devons mettre cette période de clarification à profit pour convaincre tous les membres indistinctement qu’il est de leur devoir d’assister aux réunions et de fournir au moins une activité pour le Parti.

C’est dans la mesure où nous ferons sérieusement ce travail de clarification que nous réaliserons notre objectif : mettre tous nos camarades au travail sans devoir recourir à des sanctions, même après la fin de la période de clarification.

MESURES PRATIQUES

l. – Les assemblées de section et de cellule :

Les assemblées de section et de cellule doivent être préparées soigneusement (invitation spéciale et personnelle à chaque membre).

Ces assemblées attireront l’attention des camarades sur l’importance des mesures élaborées. On y précisera très concrètement, par secteur, le plan des cellules à constituer. On tracera les objectifs politiques pour chacune de ces cellules en tenant compte des nouvelles formes de travail.

Nous insistons fortement pour que le travail du Parti selon les nouvelles méthodes soit lié aux activités politiques en cours et aussi aux campagnes intérieures du Parti, notamment à la campagne pour le développement de la Presse (qui a été gravement sous-estimée jusqu’à présent) et à la campagne de soutien financier du Parti qui a pris cours le 1er février.

Ainsi un certain nombre de camarades seront déjà entrainés dans l’action.

II. – Les visites à domicile :

Ces seules mesures seront néanmoins encore insuffisantes : pour faire comprendre la portée des mesures que nous avons décidées aux membres du Parti qui n’assistent pas aux réunions, pour amener ces camarades à se joindre à l’action, il faudra leur rendre visite à domicile.

Un plan de visite à domicile de tous les membres inscrits qui ne sont pas encore au travail doit donc être élaboré dans toutes les sections.

QUI SE CHARGERA D’EFFECTUER CES VISITES A DOMICILE ?

Le plus grand nombre possible de camarades. Sous la direction et le contrôle d’un camarade qui est ou qui deviendra le responsable des cadres de la section. (A l’échelon fédéral, il en ira de même ; le responsable fédéral des cadres devra contrôler comment les visites à domicile des membres inscrits s’effectuent dans toute la fédération).

COMMENT CES VISITES SERONT-ELLES EFFECTUÉES ?

Des militants qui se chargeront de visiter les membres inscrits mais inactifs le feront dans le but de rechercher pourquoi ces camarades restent inactifs. Quand ils constateront (et il en sera ainsi dans la grande majorité des cas) qu’il s’agit de travailleurs honnêtes qui sont seulement inactifs parce qu’ils n’ont pas encore compris ce que l’on était en droit d’attendre d’un membre du Parti, ils essaieront de les amener à assister de nouveau aux réunions du Parti et à assumer un travail, soit au Parti soit dans une organisation de masse.

Ces visites à domicile doivent, bien entendu, être faites avec tact, sans brusquer les camarades que l’on visite, sans jouer à l’inquisiteur, mais en s’efforçant d’apprendre à connaitre ce camarade qui est, dans la plupart des cas, un honnête travailleur, susceptible de fournir un travail utile s’il est bien orienté.

Pour faciliter le travail des camarades qui effectueront ces visites à domicile ; un questionnaire aide-mémoire leur sera fourni, Il ne s’agit bien entendu pas de le faire remplir par le membre auquel on rend visite, de procéder comme si on remplissait un formulaire de receveur des contributions.

Ce questionnaire aide-mémoire est uniquement destiné à orienter les questions que nos militants poseront aux membres qu’ils visitent. (S’ils craignent de froisser les camarades visités en remplissant le questionnaire en sa présence, ils peuvent le remplir chez eux après avoir fait leur visite).

Précisons également ce qu’il faut entendre par travail pour le Parti.

Nous disons que nos militants doivent s’assigner pour but d’amener les membres non actifs à assister aux réunions et à se charger d’un travail pour le Parti.

Que faut-il entendre par là ?

Trop souvent, nous assignons à nos camarades − même à de nouveaux camarades − des tâches qui leur paraissent immenses, trop absorbantes, et qu’ils ont l’impression qu’ils ne pourront pas accomplir. Et, en fait, du fait même que nos militants actifs sont peu nombreux, nous sommes souvent obligés de demander un gros effort à chacun d’entre eux.

Si une plus forte proportion de nos membres était active − même en se chargeant d’une petite tâche − l’effort demandé à chacun pourrait être allégé et le rendement général de l’ensemble du Parti serait nettement plus élevé !

C’est pour cela qu’il faut bien noter que, quand nous demandons à tous nos membres inscrits de fournir un travail pour le Parti, nous devons bien voir qu’au début du mois, ce camarade effectuera ce que le Parti est en droit d’exiger de lui en le chargeant d’une tâche qui, pour être modeste, sera néanmoins utile.

Donnons quelques exemples :

– Être lié avec ses compagnons d’atelier ou les gens de son quartier et leur expliquer régulièrement les mots d’ordre, le point de vue du Parti, c’est déjà faire preuve d’une certaine activité, c’est déjà faire un petit travail de propagande pour le Parti.

– Proposer à ces camarades de travail une petite action revendicative (es entrainer, par exemple, à faire une pétition pour réclamer le remplacement de quelques carreaux cassés dans un atelier) ; amener ses voisins à soutenir l’action engagée par la cellule communiste pour quelque revendication dans un quartier ouvrier (le pavage d’une rue boueuse, par exemple), c’est aussi un travail pour le Parti ;

– Être actif dans une organisation de masses (syndicats, société sportive, groupement d’anciens combattants où de prisonniers politiques, etc.), c’est encore fournir une activité ;

– Coller quelques affiches, distribuer une cinquantaine de tracts (les diffuser dans son atelier, dans sa rue), vendre régulièrement 5 ou 10 numéros du « Drapeau Rouge » à ses amis, à ses compagnons de travail, à ses voisins ; faire signer une pétition par les habitants d’une rue ou d’un bloc de maisons, c’est bien entendu aussi fournir un travail pour le Parti.

– Et il en va de même pour certains travaux moins spectaculaires encore, mais incontestablement nécessaires : le fait de taper un stencil à la machine à écrire, de tirer un tract au planeau, d’assurer le travail de classement ou de trésorerie dans un organisme du Parti ou dans une organisation de masse.

Si chaque membre du Parti fournit ainsi un travail − même modeste − le rendement de l’ensemble de notre travail, notre rayonnement, l’efficacité et l’ampleur de notre action augmenteront considérablement.

CONCLUSION

Vers le renforcement rapide du Parti

Le travail que nous entreprenons est considérable. Nous devrons secouer bien des habitudes routinières qui nous paralysent. Nous devons faire preuve d’initiative, ne pas craindre d’innover, apprendre à aller résolument de l’avant.

L’importance du travail que nous décidons de réaliser nous incitera pourtant à l’entreprendre avec enthousiasme, à ne pas ménager nos efforts.

Il est en effet certain qu’en nous engageant dans la voie que nous trace le Comité Central, nous redresserons rapidement le Parti, nous transformerons complètement son visage.

Le Parti que nous allons forger sera un véritable Parti Communiste, un pôle d’attraction pour tous les travailleurs, pour toutes les victimes du régime.

Les efforts que nous déploierons dans les semaines qui viennent en vue de redresser le Parti ne manqueront, en effet, pas de porter rapidement leurs fruits : des dizaines de milliers de travailleurs courageux et combatifs se grouperont sans aucun doute autour de nous et rejoindront nos rangs quand ils verront que notre Parti est vraiment un Parti d’un type nouveau, qu’il est vraiment l’avant-garde consciente et combative qui conduira l’ensemble de la classe ouvrière vers la victoire, vers le socialisme.


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