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26 avril 1982

FAIRE LE PROCÈS DE LA RÉVOLUTION EST IMPOSSIBLE !

Le procès que la bourgeoisie impérialiste estime aujourd’hui devoir et pouvoir célébrer est une étape fondamentale du procès de refondation de l’État impérialiste des multinationales en État pour la guerre totale contre le prolétariat métropolitain. La bourgeoisie impérialiste s’illusionne de pouvoir, de cette manière, liquider définitivement la stratégie de la lutte armée ! Depuis désormais des mois, un message est martelé à travers les scribes de régime, en un crescendo continu, à l’égard de tous les prolétaires : « La guérilla est désormais liquidée ! » Cela serait démontré — selon la propagande bourgeoise — par les centaines d’arrestations de ces derniers mois : la guérilla serait maintenant isolée des masses. La Campagne de Printemps 1 aurait été « le début de la fin ».

À partir de là, les ruptures se seraient succédées et, en conséquence, même les secteurs de mouvement les plus proches de la guérilla auraient progressivement abandonné l’hypothèse stratégique lancée par les Brigades Rouges avec la Campagne de Printemps et synthétisée dans les deux mots d’ordre : « Porter l’attaque à l’État impérialiste des multinationales », et « Unifier le mouvement révolutionnaire en construisant le Parti communiste combattant ».

Pour exagérer les défaites tactiques de la lutte armée, la bourgeoisie se fait forte des saloperies écrites par les traîtres que les médias bourgeois obstinent à appeler « repentis ».

Le « projet repentis », qui s’articulait uniquement autour de l’usage du tristement célèbre article 42, a été profondément désarticulé par une vaste et incisive initiative qui s’est développée à l’intérieur du mouvement révolutionnaire et des mouvements de masse contre les infâmes de tout acabit (de l’exécution de Waccher à celle de Viele), qui a culminé avec la Campagne Peci et a ensuite été développée par les prolétaires prisonniers de Cuneo avec l’exécution du crocodile infâme Soldati3

Pour cela, la bourgeoisie redéfinit aujourd’hui sa tentative de battre la guérilla de son sein autour d’un nouveau projet : la stratégie de reddition. Les formes de la dissociation et de la collaboration active s’articulent ainsi du « projet repentis » jusqu’à la « solution politique au terrorisme », entendue comme tractation entre État et individus, entre État et Organisation communiste combattante. Et c’est ainsi que les traîtres et les rendus sont utilisés pour soutenir les thèses de la bourgeoisie sur la liquidation de la guérilla : de Savasta à Buonavita, de Peci à Buzzati4. L’État confie à chacun d’eux un rôle précis pour la reconstruction d’une mémoire sur les Brigades Rouges et sur le mouvement révolutionnaire qui doit démontrer la faillite et l’absence totale de perspectives de la stratégie guérillera. Nous ne connaissons que trop bien la rengaine : le bilan que les infâmes et les rendus tracent à partir de la mémoire hallucinée de leur expérience dans les Organisations communistes combattantes doit démontrer que la guérilla s’est totalement détachée des motivations sociales qui l’ont produite. Une soudure gagnante entre initiative de Parti et mouvement de masse serait impossible, et pour cela la seule issue resterait la tractation de la reddition à travers la négociation politique avec l’État.

La bourgeoisie veut à tout prix démontrer l’impossibilité de la transition au communisme comme unique perspective pour le prolétariat métropolitain de sortir de la crise. Pour opérer cette mystification, elle utilise tous les instruments qu’elle a à sa disposition et elle n’a pas manqué de les mettre en œuvre à l’occasion de ce procès.

Nous laissons aux idiots leurs illusions : le mouvement révolutionnaire et le Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain se chargeront de démontrer quelle est la réalité.

Dans cette conjoncture, la refondation de l’État impérialiste des multinationales est le programme à travers lequel la bourgeoisie impérialiste redéfinit — par une série d’interventions économiques, politiques, militaires, etc. — son État en État pour la guerre totale au prolétariat métropolitain.

La contre-offensive bourgeoise qui s’incarne dans ce projet est la réponse à la maturité politique atteinte par les mouvements de classe de notre pays et à la crise économique et sociale qui les produit, dans le cadre de la crise plus générale qui, de manière croissante, est en train de secouer violemment l’impérialisme et le social-impérialisme.

Le projet de refondation de l’État impérialiste des multinationales en État pour la guerre totale au prolétariat métropolitain est profondément défensif.

En effet, il accentue encore plus les contradictions, tant au niveau économique — en reproduisant à une échelle toujours plus grande les contradictions produites par la crise historique générale que nous sommes en train de traverser — qu’au niveau social, puisque la crise de l’impérialisme agonisant dans la phase de la domination réelle totale du capital se manifeste comme inimitié absolue entre bourgeoisie et prolétariat dans tous les rapports sociaux.

Les puissantes causes objectives qui poussent la bourgeoisie impérialiste à anéantir le prolétariat métropolitain travaillent pour la révolution sociale totale et poussent le prolétariat métropolitain à anéantir la bourgeoisie.

De la Campagne de Printemps 78 aux Campagnes Printemps-Été 815, la bourgeoisie est contrainte à suivre l’initiative révolutionnaire ! En cela, la refondation de l’État a un caractère irrémédiablement défensif.

Le projet de refondation de l’État impérialiste des multinationales en État pour la guerre totale au prolétariat métropolitain, justement parce que son contenu est profondément défensif, recouvre des formes extrêmement offensives.

Comme dit Mao : « Tous les réactionnaires ont une double nature : ils sont en même temps de vrais tigres et des tigres de papier ».

Le programme du gouvernement Spadolini, en particulier dans le saut de qualité développé en janvier, a montré et montre encore les « dents d’acier » du vrai tigre.

En effet, de janvier à aujourd’hui, ce ne sont pas peu de cartes qui ont été jouées :

– l’institutionnalisation de la torture donnant carte blanche aux corps spéciaux antiguérilla ;

– l’extension maxima de la différenciation et de l’isolement des prisonniers à partir de l’application de l’article 906 dans les prisons spéciales, à l’isolement prolongé pour les nouveaux arrêtés, à l’abolition de fait de l’institution de l’avocat défenseur ;

– la plus grande articulation de la différentiation dans les usines à travers l’usage calibré et raffiné de la cassa integrazione, des licenciements, de la mobilité territoriale ;

– le développement toujours plus raffiné de la contre-guérilla psychologique à travers la création de faux repentis et l’utilisation des saloperies des infâmes ;

– la mise en vigueur de la super-instruction pour insurrection armée contre l’État, gérée pour le compte de l’Exécutif par les diligents magistrats de guerre du Parquet de Rome qui ont la prétention d’instruire un procès définitif de la guérilla métropolitaine afin d’émettre une sentence de mort à l’encontre de la guerre de classe pour le communisme.

Mais, à la dialectique crise-restructuration-destruction-anéantissement de la bourgeoisie impérialiste s’oppose la dialectique destruction-construction du prolétariat métropolitain.

Dans la destruction du système de pouvoir bourgeois vit la construction du système du pouvoir rouge !

Dans la construction du système du pouvoir rouge se concrétise la destruction du pouvoir bourgeois !

Pour battre la contre-offensive de l’État impérialiste des multinationales, relancer l’offensive révolutionnaire !

Reprendre l’offensive pour organiser la transition au communisme et construire le système du pouvoir rouge !

De nouveaux mouvements de masse se sont développés dans les derniers mois, produits par la radicalisation de la crise de l’impérialisme. Le tournant dans la politique économique engagée par Reagan, centrée sur le soutien au dollar, a mené les U.S.A. à décharger sur les « alliés » les coûts de la crise. Notre pays, comme anneau faible de l’impérialisme, se retrouve à payer les prix les plus lourds et à subir les contradictions les plus déchirantes. Tout cela produit des mouvements de masse qui, par-delà leur apparente absence d’homogénéité et les différents niveaux d’antagonisme qu’ils expriment, se définissent comme des mouvements durables et unitaires, parce qu’unifiés par la cause objective qui les produit : la crise historique générale du mode de production capitaliste actuel.

De Turin à Naples, de la multinationale Fiat à celles de l’État, du cœur de la classe aux marginaux, des grandes maisons d’arrêt métropolitaines au circuit des prisons spéciales, les mouvements de masse s’annoncent plus vivaces que jamais en ce printemps 82 : cela en dépit des velléités de l’État qui voudrait assécher l’eau dans laquelle nage le poisson rouge de la guérilla, en dépit des funérailles que les infâmes voudraient faire au mouvement révolutionnaire, le plus vite possible. Ces mouvements se définissent potentiellement comme mouvement de masse révolutionnaire en ce qu’ils s’opposent de manière offensive au mouvement de restructuration-destruction du capital, en le bloquant ; en ce sens, ils se situent directement sur le terrain du pouvoir. C’est à partir de leur pratique que nous saisissons les aspirations profondes du prolétariat métropolitain, auxquelles seul le communisme, en tant que mouvement réel qui abolit l’ordre établi, peut donner une réponse.

C’est à ces mouvements que nous nous adressons dans notre pratique sociale qui vit dans cette salle dans les formes du procès guérilla, et qui, de cette manière, contribue à construire le Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain.

En pratiquant le procès-guérilla, nous faisons vivre, aujourd’hui ici, dans le concret de la pratique sociale, le mot d’ordre reprendre l’offensive et nous dialectisons avec l’initiative de la guérilla qui, avec l’attaque contre ce bunker dans lequel vous êtes réduits à célébrer le procès, a plus que jamais démontré sa vitalité.

Reprendre l’offensive signifie développer les trois lignes directrices au long desquelles se réalise le Programme politique général de conjoncture :

– l’attaque au cœur de l’État, c’est-à-dire l’attaque au projet stratégique de la bourgeoisie impérialiste, dans sa dimension conjoncturelle.

Ce qui signifie aujourd’hui désarticuler et détruire le projet de refondation de l’État impérialiste des multinationales, en liquidant et dispersant le parti-régime, la D.C. La D.C. est l’axe porteur de la refondation de l’État impérialiste des multinationales. Désarticuler et liquider la D.C. veut dire attaquer la refondation de l’État impérialiste des multinationales !

– la recomposition du prolétariat métropolitain dans la construction du système du pouvoir rouge. Ce qui signifie, aujourd’hui, dialectiser l’initiative de parti avec les mouvements de masse du prolétariat métropolitain, en construisant l’anneau manquant du système du pouvoir rouge : les organismes de masse révolutionnaires (OMR).

– la redéfinition pratique d’un authentique internationalisme prolétarien, à partir du développement de la révolution dans notre pays. Ce qui signifie aujourd’hui, contre les asphyxiantes théorisations sur l’internationalisme combattant, développer la dialectique entre Parti et mouvement de masse qui lutte contre l’impérialisme et le social-impérialisme. Construire l’unité des guérillas qui combattent au cœur des métropoles pour le communisme. Soutenir la lutte des peuples et des pays qui luttent contre l’impérialisme et le social-impérialisme. Anéantir tout type d’impérialisme.

Ou il y aura le communisme pour tous, ou il n’y aura de communisme pour personne !

Consolider le Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain, aller au-delà de l’agir en Organisation communiste combattante (OCC).

Dans le mouvement révolutionnaire, les derniers mois ont été riches de transformations et de développements. Nous avons assisté à la défaite du militarisme qui, à cause de son réductionnisme, ne peut que se vriller sur lui-même dans la reproduction d’actions qui se préoccupent uniquement d’attaquer l’appareil de la bourgeoisie impérialiste, à des niveaux toujours plus élevés, en niant la dialectique entre parti et besoins immédiats du prolétariat métropolitain. À partir de la défaite politique et militaire subie avec l’action Dozier, le militarisme campe sur la « retraite stratégique », en se faisant l’illusion que l’unique possibilité de définir une riposte adéquate à la contre-offensive bourgeoise soit en se « retirant », en se dissolvant au sein des masses et en arrêtant sa propre initiative pour élaborer une théorie révolutionnaire adéquate.

Ces camarades ne comprennent pas que l’unique théorie révolutionnaire ne peut naître et vivre que dans la dialectique constante avec la praxis révolutionnaire. Ils ne comprennent pas que la praxis est vérification de la théorie, mais aussi procès de transformation de la réalité et, en ce sens, procès de transformation du parti lui-même pour l’adapter aux tâches complexes de transformation de la matière sociale.

Il n’y a pas de praxis révolutionnaire sans théorie révolutionnaire !

Il n’y a pas de théorie révolutionnaire sans praxis révolutionnaire !

Mais, il y a plus : dans la métropole impérialiste, il n’existe pas de zones de neutralité ni de zones libérées dans lesquelles la guérilla pourrait se retirer.

Là où le Pouvoir Rouge n’arrive pas à détruire le pouvoir bourgeois, le pouvoir bourgeois croît en extension et en profondeur !

L’existence de la guérilla dans la métropole ne peut être donnée que par sa capacité à être constamment à l’offensive et à la tête des mouvements de masse du prolétariat métropolitain.

Il n’existe donc pas, pour la guérilla dans la métropole, de possibilités de se retirer dans le cours de la guerre de classe pour la transition au communisme et la construction du système du pouvoir rouge.

Dans la métropole, la retraite — à plus forte raison si elle est retraite stratégique — est la mort pour le prolétariat ! Mort de ses rapports sociaux en transformation, mort des besoins évolués qui mûrissent dans les luttes, acceptation de la rationalité nécrophile du capital, jusqu’à la véritable mort physique

La perspective de la retraite stratégique dans la métropole n’est donc pas la condition de la reprise de l’offensive, comme elle pouvait l’être lors de la révolution chinoise, mais le plan incliné qui mène nécessairement à la liquidation du projet guérillero.

Au cours de ces mois, nous avons assisté à l’immobilisme forcené des lignes qui se sont arrêtées à l’agir en Organisation communiste combattante, en s’arrêtant dans le processus de construction du système du pouvoir rouge.

Cet immobilisme est dû à l’incapacité-impossibilité d’affronter et de trancher les nœuds que la guerre de classe met à l’ordre du jour, à travers les lignes subjectivistes — oscillant constamment entre économisme et militarisme — ou même des lignes néo-révisionnistes.

Ces lignes finissent, en fait, par enfermer sa propre pratique sociale dans des secteurs de classe particuliers, à l’intérieur desquels elles réussissent sûrement à consolider une dialectique concrète et propositive par rapport aux mouvements de masse particuliers — par exemple le prolétariat prisonnier, ou même des secteurs particuliers de la classe ouvrière — sans cependant réussir à pratiquer le terrain aujourd’hui indispensable pour être parti : l’attaque au cœur de l’État à l’intérieur de la recomposition du prolétariat métropolitain pour la construction du système du pouvoir rouge, dans la guerre de classe pour la transition au communisme.

La ferme critique de Parti à ces lignes erronées, « d’Organisation communiste combattante », est aujourd’hui le présupposé pour construire l’unité de toutes les forces sincèrement révolutionnaires, en les positionnant sur la ligne aujourd’hui la plus avancée.

Mais l’élément aujourd’hui dominant dans le mouvement révolutionnaire est le saut de qualité que la guérilla a accompli au cours de ces mois en commençant à affirmer avec clarté l’identité politique du Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain !

La ligne de Parti, même si elle vit parmi mille difficultés, s’est construite à partir de la Campagne d’Urso7, à travers les Campagnes Cirillo et Peci, en se caractérisant par la continuité de l’attaque au cœur de l’État, en se caractérisant par la multi-dimensionnalité de sa pratique sociale, en se caractérisant par sa capacité à être le parti qui construit le parti en constante interaction dialectique avec les mouvements de masse et les organismes de masse révolutionnaires du prolétariat métropolitain, en se caractérisant enfin par l’importance qu’elle assigne à l’étude de la conception matérialiste de l’histoire, du matérialisme dialectique et de son développement dans le cours de la révolution prolétarienne, comme base indispensable à la construction d’une adéquate théorie révolutionnaire et de parti.

Dans la lutte contre les lignes erronées, au cours de la dernière année s’est construit un collectif de cadres communistes qui a dirigé les pratiques sociales les plus mûres des Campagnes Printemps-Été 81 et qui, à partir de cela, a déjà commencé à effectuer le saut de Organisation communiste combattante à Parti.

Comme il n’y a pas eu de continuité linéaire entre la naissance et l’explosion du mouvement de masse de 68/69, la naissance et la croissance des « groupes », la naissance de la lutte armée et des Brigades Rouges en particulier en 1970, de même aujourd’hui, il n’y a pas de linéarité dans le saut de Organisation communiste combattante à Parti ! Avec la rupture opérée par la ligne de Parti vis-à-vis des lignes erronées, dans le feu de la pratique sociale des Campagnes Printemps-Été 81, l’avant-garde communiste n’a bien sûr pas construit le Parti, mais elle a démarré un processus de fondation-construction du Parti à partir d’un corps de thèses organiques. La Résolution de la direction stratégique de 81, journal no 4 des Brigades Rouges8, qui synthétise de manière organique ce corps de thèses, est pour nous un point d’arrivée décisif dans la bataille politique contre les lignes erronées, en particulier militaristes, organisativistes, subjectivistes et néo-révisionnistes. Elle est un instrument indispensable pour la fondation du Parti.

Le saut de qualité est un processus de construction qui a un point de départ historiquement défini, objectif et subjectif. En ce sens, la rupture par laquelle nous avons affirmé la fin historique du cycle d’Organisation communiste combattante est déjà le début du Parti : le parti qui construit le Parti !

Après la rupture que représente la première étape du saut au parti, il y a le parti, mais il est encore une Organisation communiste combattante en ce sens qu’il représente le nouveau qui vit encore dans l’ancien. Saisir le nouveau qui avance et détruire le vieux qui n’est pas encore mort et ne peut être mort, non seulement dans le rapport entre Parti et Organisation communiste combattante, mais aussi dans le Parti lui-même ! Rien ne doit subsister de l’agir en Organisation communiste combattante ! Combien est longue et complexe la route pour atteindre cet objectif, le démontrent les défaites tactiques que la guérilla a subi après la grande offensive des Campagnes Printemps-Été.

Ces défaites n’arrêtent pas la croissance du mouvement révolutionnaire, elles ne peuvent interrompre la construction du Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain, elles ne sont que des batailles perdues, des défaites tactiques inscrites dans le saut que l’ensemble du mouvement révolutionnaire, à partir de son avant-garde communiste, a fait et continue de faire.

En 81, un cycle du processus révolutionnaire dans notre pays s’est clos par une rupture avec le passé : les Brigades ont démontré, dans leur pratique sociale, la capacité à être parti, en se posant comme direction du mouvement révolutionnaire et en déterminant les lignes directrices portantes du Programme politique général de conjoncture.

Le saut d’Organisation communiste combattante à Parti ne peut être refait à l’envers, il est définitivement fixé dans la pratique sociale et dans la théorie des Brigades Rouges. Le Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain a commencé à parcourir sa route pour organiser la transition au communisme et construire le système du pouvoir rouge ! Les défaites tactiques sont des moments inévitables qui doivent être transformés en moments de réflexion et de croissance sur le plan stratégique. La défaite tactique de janvier n’est pas le fruit d’erreurs techniques, militaires, mais la démonstration que le parti n’avait pas encore résolu les problèmes essentiels de son identité-capacité de projet. Apprendre de cette vague d’arrestations momentanée a signifié pour nous consolider le parti, en faisant un saut de qualité dans le processus de sa construction.

Comme dit Mao : « Découvrir la vérité à travers la pratique et à travers la pratique développer la vérité et le point de vue de la vie, de la pratique, doit être le point de vue premier et fondamental de la théorie de la connaissance ».

La défaite tactique de janvier9 est le fruit d’un rapport incorrect entre théorie et praxis qui vivait dans le parti. En ce sens, la consolidation du parti n’est pas un moment organisationnel, mais un saut dialectique qui redéfinit un rapport correct entre théorie et praxis.

Aux vautours idiots de la bourgeoisie impérialiste, à ceux qui croient pouvoir désarmer le prolétariat métropolitain et abattre les Brigades Rouges, nous rappelons que l’occupation et le déménagement de Santa Maria Capua Vetere et l’attaque contre ce bunker menée par des détachements armés de notre parti représentent la continuité et la relance de la guérilla à partir de la réaffirmation de la validité du Programme politique général de conjoncture, sanctionné par la Direction stratégique de 198110.

Comme le disent justement les camarades dans le tract du 14 avril, « le cycle commencé en 68 ne peut maintenant continuer qu’en accomplissant un saut de qualité : de premiers noyaux de guérilla, les Brigades Rouges deviennent maintenant Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain ».

Ce qui est en cours de manière permanente est le procès de la révolution à la contre-révolution !

Comme le disent encore les camarades : « Avec le « procès Moro », la bourgeoisie impérialiste a tenté de libérer ses propres songes de l’assaut de la guerre de classe. Le « procès Moro » devait et veut être non seulement le procès des Brigades Rouges, de la guérilla métropolitaine et du mouvement révolutionnaire, mais aussi le procès d’une hypothèse révolutionnaire, la guerre de transition au communisme.

Le « procès Moro » devait ratifier et sanctionner l’acte de mort de la révolution, mais le procès de la révolution est impossible ! »

Le procès d’Aldo Moro ne s’est pas conclu il y a quatre ans, parce qu’il était en réalité le procès d’une classe politique et du projet que celle-ci gère pour le compte de la bourgeoisie impérialiste.

Le procès d’Aldo More a continué avec le procès Cirillo et continue sans interruption depuis quatre ans, même si les formes du projet ont changé : en 78, c’était le projet d’unité nationale autour de l’embrassade interclassiste D.C. − P.C.I., aujourd’hui c’est le projet de la refondation de l’État impérialiste des multinationales en État pour la guerre totale au prolétariat métropolitain, autour de l’inamovibilité forcenée confirmée par des culs-de-pierre démochrétiens.

Le procès de cette classe politique qui gère le projet de la bourgeoisie impérialiste vit aujourd’hui dans le pays, comme il vit dans les formes du procès guérilla à l’intérieur de cette salle d’audience.

Tout comme le « procès Moro » est un moment de la refondation de l’État, notre procès guérilla est un moment de la construction du parti !

Pour nous, aujourd’hui, pratiquer le procès guérilla ne signifie pas uniquement donner la parole aux mouvements de masse et relancer les mots d’ordre que la guérilla lance avec son initiative externe.

Procès guérilla, pour nous, aujourd’hui, signifie être un point de référence clair pour la classe en développant une pratique sociale de guerre jusqu’à l’intérieur de cette salle d’audience.

À l’intérieur des rapports de force plus généraux entre bourgeoisie et prolétariat, reprenons l’offensive contre l’éphémère contre-offensive ennemie !

Nous travaillerons dans cette salle d’audience pour reconstruire une mémoire prolétaire de 12 années de lutte armée : c’est à partir de ce terrain que notre présence dans ce bunker recouvre un caractère offensif et fait peur aux esclaves de la bourgeoisie, en ce qu’il détruit le projet de l’État qui voudrait nier l’histoire, l’identité et les motivations sociales de la guérilla, en la réduisant à une histoire de crimes sans perspectives !

Le pouvoir sur la mémoire est un aspect fondamental du contrôle social dans la métropole.

La mémoire est fonction de la projetualité et, pour cela, l’issue de la révolution sociale dans la métropole dépend aussi de la solution de la lutte de classe sur ce terrain. La mémoire bourgeoise tente de programmer les comportements prolétaires avec l’objectif précis de rendre les tensions de classe compatibles, mais cette tentative butte inexorablement contre l’irréductibilité de l’antagonisme prolétarien, fruit du caractère irrésolvable de la crise.

Le génocide de la mémoire prolétaire est pour la bourgeoisie la condition du contrôle préventif des comportements du prolétariat métropolitain. C’est la mémoire du possible pour ce mode de production, et non de celui de la transformation révolutionnaire qui avance sur le mot d’ordre : l’impossible pour ce système est notre possible !

Le Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain, au contraire, doit être capable de stimuler la construction des multiples interconnexions entre Parti et mouvements de masse, entre les divers mouvements de masse, entre les divers organismes de masse révolutionnaires, en construisant la communication sociale transgressive et en reconstruisant à l’intérieur de ces riches connexions, à partir et en fonction de celles-ci, une mémoire prolétaire de la lutte armée. Cette mémoire est un instrument indispensable pour transformer l’antagonisme prolétarien en une stratégie politico-militaire, pour la construction du pouvoir-savoir social du prolétariat métropolitain. Cette mémoire n’est donc pas uniquement reconstruction historique de notre passé : elle est mémoire tournée vers le futur. Plus encore : elle est mémoire d’évènements futurs !

Elle est un instrument indispensable à la capacité de projet du parti, ou mieux, à sa capacité à résoudre les problèmes stratégiques de la transition et les problèmes des masses à travers la définition des programmes.

Elle est un se rappeler pour transformer, non pour conserver ; se rappeler pour accélérer et massifier la transition au communisme. Combattre contre l’usine bourgeoise de la mémoire collective et audiovisuelle, contre les rapports sociaux de sa production-circulation, pour une autre mémoire, est une question vraiment décisive. Cela signifie construire un rapport avec le passé tourné vers la transition révolutionnaire au communisme, en reconnaissant dans notre passé les germes des événements futurs !

C’est à partir de cette mémoire qu’aujourd’hui nous voyons la grande et victorieuse Campagne de Printemps 78 comme l’offensive qui a posé les présupposés pour le saut à une phase plus avancée de la guerre de classe pour la transition au communisme : de la phase de la propagande armée à la phase de la construction du système du pouvoir rouge, et en particulier du Parti et des organismes de masse révolutionnaires.

La Campagne de Printemps est contemporainement un point d’arrivée et un point de départ.

Un point d’arrivée de huit ans au cours desquels l’avant-garde guérillera, avec à sa tête les Brigades Rouges, a su enraciner la stratégie de la lutte armée dans le prolétariat métropolitain, à partir de la classe ouvrière des grandes usines, en s’étendant progressivement au prolétariat marginal et extralégal et en abattant le mur qui divisait les prisons du reste de la société.

Un point de départ pour de nouveaux pas en avant accomplis par la guérilla de 78 à aujourd’hui et synthétisés avec une évidence particulière dans les Campagnes de Printemps-Été 81. C’est la Campagne de Printemps qui posa les éléments pour son propre dépassement, en imposant un saut de qualité dans le rapport masses-parti-masses et en mettant à l’ordre du jour le problème de la continuité de l’attaque à l’État, entendue comme continuation du procès d’Aldo Moro dans ses plus profonds contenus.

Ce sont justement les résultats politiques obtenus par la Campagne de Printemps et développés au cours des années suivantes que la bourgeoisie veut effacer avec ce procès.

L’unique chose que cette cour puisse faire est administrer des siècles de prison ! Les seules qui puissant réaffirmer la vérité révolutionnaire sont les Brigades Rouges : c’est cette vérité que nous voulons revendiquer dans ce procès, contre le génocide de la mémoire prolétaire perpétré par la justice bourgeoise !

Dans cette salle d’audience, unis au mouvement révolutionnaire, nous continuons le procès du régime et de ses esclaves. Pour cela, nous n’avons aucun besoin d’avocats puisque nous n’avons à nous défendre de rien.

Nous révoquons donc le mandat de nos avocats de confiance et nous défions quiconque de parler en notre nom !

Relancer l’offensive prolétarienne sur le terrain du Programme politique général de conjoncture, pour battre la contre-offensive de l’État impérialiste des multinationales !

Rome, 26 avril 1982
Les militants du Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain

  1. La « Campagne de Printemps » est celle qui, en 1978, trouva son point le plus élevé dans l’enlèvement d’Aldo Moro, Secrétaire général de la Dc, et l’anéantissement de son escorte, via Fani à Rome le 16 mars, alors qu’il se rendait à la séance inaugurale de la « majorité de solidarité nationale », avec l’appui du PCI, construction dont il était le principal artisan. Il sera exécuté par les Brigades Rouges 55 jours plus tard, au terme d’un retentissant procès prolétarien.
  2. L’article 4 de la loi spéciale sur les « repentis » prévoit de considérables réductions de peine pour les traitres qui apportent une « contribution remarquable » à la lutte contre leurs camarades
  3. La « Campagne Peci est celle au cours de laquelle le « Front des prisons » des Brigades Rouges a enlevé, le 10 juin 1981, Roberto Peci, frère du traitre Patrizio, qui fut exécuté au terme d’un procès prolétarien, après avoir révélé que Patrizio Peci avait été recruté par la Digos (police politique) plusieurs mois avant son arrestation « officielle » en février 1980. Giorgio Soldati, ancien militant de Prima linéa, a été exécuté dans la prison de Cuneo, le 10 décembre 1981, par les militants du Parti-Guérilla qui le soupçonnait de trahison.
  4. Il s’agit d’anciens dirigeants des Brigades Rouges qui, dans des conditions toutefois différentes, sont passé à la collaboration avec l’ennemi.
  5. Les Campagne printemps – été 81 ont vu se dérouler pour la première fois dans l’histoire de la guérilla italienne, quatre opérations contemporaines. Le 27 avril, la colonne napolitaine enlève Cirio Crillo, conseiller DC de Campanie. Il sera libéré le 24 juillet, en échange de l’attribution de nombreux logements aux victimes du tremblement de terre et d’une forte rançon. Le 20 mai, à Mestre, c’est la colonne de Vénétie qui séquestre le directeur de l’usine pétrochimique Montedison, Giuseppe Tarliercio, qui sera abattu le 6 juillet. Le 3 juin, c’est au tour de Sandro Sandrucci, responsable de l’organisatiopn du travail à l’Alfa Romeo, d’être enlevé par la colonne Walter Alasia, à Milan. Il sera relâché après 51 jours de détention, après que les Brigades Rouges aient obtenu la suppression des mises en cassa integrazione dans les établissements Affa. La dernière opération est selle cité plus haut contre Roberto Peci.
  6. L’article 90 prévoit l’application provisoire, en situation d’urgence, de mesures extrêmement strictes à l’intérieur des prisons, sur décision des administrations pénitentiaires.
  7. Le 12 décembre 1980, le juge Giovanni d’Urso, haut fonctionnaire au Ministère de la Justice, où il est responsable des conditions de détention, est enlevé à Rome par un noyau des Brigades rouges. Cette initiative se dialectisera avec les prisonniers de la superprison de Trani qui, au cours d’une importante révolte, prendront 19 gardiens en otage. Dès lors, les Br et des prisonniers de Trani, rejoints par ceux du camp de Palmi, sont les mêmes : ils obtiendront ainsi la fermeture de la prison de l’île de l’Asinara, véritable enfer. La révolte de Trani sera brutalement écrasée par les carabiniers, qui paieront néanmoins cet « exploit » de la vie de l’un de leur généraux, Enrico Galvaligi, exécuté deux jours plus tard à Rome par les BR. Le juge d’Urso sera finalement relâché le 15 janvier, après que les Comités de Lutte des prisonniers de Trani et de Palmi lui aient accordé la « suspension » de la condamnation à mort prononcée à son encontre par les Br.
  8. La Résolution de la Direction Stratégique de décembre 1981 est un volumineux document par lequel le courant des Brigades Rouges qui allait donner naissance au Parti-Guérilla sanctionne les divergences apparues au cours du débat qui traversa l’organisation durant de nombreux mois.
  9. Au cours du mois de janvier 1982, à la suite de la découverte du lieu où les Br pour la construction du Parti Communiste Combattant retenaient prisonnier le général yankee J-L Dozier, et du passage immédiat à l’ennemi de plusieurs des militants qui le gardaient, plusieurs centaines de militants sont arrêtés dans toute l’Italie. A Rome, un important coup est porté au Parti-Guérilla, dont plus de dix militants sont arrêtés, parmi lesquels des dirigeants, dont Giovanni Senzani, l’un des fondateurs, tandis qu’un important matériel est saisi. Le groupe de militants arrêtés s’apprêtait à effectuer d’importantes opérations.
  10. Le 8 février, un noyau des Br pour le Parti-Guérilla attaqua la caserne de Santa Maria Capua Venere, près de Naples, et y dérobe une importante quantité d’armes lourdes. L’autre action à laquelle il est fait référence, et qui constitue le véritable acte de naissance du Parti-Guérilla, à lieu à la veille de l’ouverture du « Procès Moro ». Le 12 mars, alors que Rome est placée en état de siège, un noyau armé attaque le bunker du Foro Italico où doit se dérouler le procès et blesse trois carabiniers en mitraillant un de leur camions.

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