[Issue des archives du Carcob, cette brochure fut publiée dès après la prestation de serment du Prince Baudoin, le 11 août 1950. Quelques jours plus tard, le 18 août 1950, Julien Lahaut, président du Parti Communiste de Belgique sera assassiné par les monarcho-fascistes devant son domicile de Seraing.]
11 août 1950. Le Prince Royal prête serment devant les Chambres réunies.
Julien Lahaut, Président du Parti, se lève et, soutenu par le groupe parlementaire communiste tout entier, lance, à pleine voix, notre mot d’ordre de : « VIVE LA REPUBLIQUE ! »
Le cardinal, les diplomates chamarrés, les beaux messieurs et les belles dames, les députés et sénateurs catholiques, libéraux et socialistes restent un instant éberlués devant cette poignée d’hommes qui ont osé clamer, dans une réunion aussi solennelle, ce que pensent obscurément dans le pays, des milliers de travailleurs et de gens de petite condition.
La Radio Nationale, relayée par les postes étrangers, a popularisé, sans le vouloir, le cri de notre cher Lahaut, et, dans d’innombrables pays, le : « Vive la République » a retenti avec éclat.
Aujourd’hui, Léopold III signe son abdication.
Le 17 juillet, son fils doit lui succéder et monter sur le trône en prenant le nom de Baudouin 1er.
Plus que jamais, le mot d’ordre de : A BAS LA MONARCHIE ! VIVE LA REPUBLIQUE ! se justifie.
Nous voulons, dans cette courte brochure, faire connaître, à tous, les raisons profondes qui justifient l’abolition de la monarchie et son remplacement par la République. Nous voulons faire comprendre pourquoi la position républicaine défendue par le Parti Communiste est celle qui correspond le mieux aux intérêts des travailleurs de notre pays.
Nous voulons montrer comment elle se relie aux grands mots d’ordre de :
DEFENSE DE LA LIBERTE et de DEFENSE DE LA PAIX qui sont l’expression même des aspirations les plus profondes de notre peuple.
LA ROYAUTE EST UN INSTRUMENT ENTRE LES MAINS DES CLASSES POSSEDANTES. La royauté a toujours un caractère réactionnaire.
Elle est une survivance du passé. Et seules les classes possédantes ont intérêt à s’accrocher au passé. Les classes montantes, la classe ouvrière surtout, regardent résolument vers l’avenir. Elles savent qu’il leur appartient.
Les travailleurs ne peuvent être que républicains.
Ils savent que les rois ont toujours été et sont toujours du côté des oppresseurs contre les opprimés.
Avant la Révolution française, les rois étaient avec les nobles, contre les manants. Depuis, ils sont avec les capitalistes, contre les travailleurs.
Ils disposent, eux-mêmes, de fortunes énormes. Ils sont, eux-mêmes, des capitalistes.
II y a des gens qui disent : « Monarchie ou République, tout cela c’est la même chose. Tout cela c’est des régimes bourgeois ».
Ce n’est pas exact. Il est faux de croire que tous les régimes bourgeois se valent.
Les formes extérieures de ce régime sont d’une grande importance pour les travailleurs. Ce sont elles qui déterminent la plus ou moins grande liberté d’action qui leur est laissée. On ne lutte pas avec la même facilité sous les différentes formes de gouvernement.
La pire forme que puisse revêtir un Etat bourgeois, c’est évidemment le fascisme : dictature sanglante ou les travailleurs ont été privés de tous leurs droits, où les ouvriers, quand ils luttent, sont jetés dons des camps de concentration.
C’est le régime qu’ont connu l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini. C’est le régime que connait aujourd’hui encore la malheureuse Espagne de Franco.
La monarchie se situe immédiatement après le régime fasciste.
Certes, les travailleurs y ont certaines libertés. Mais le roi y sert de paravent aux capitalistes pour mieux tromper, pour exploiter plus aisément les masses laborieuses.
En outre, dès que celles-ci usent effectivement des droits qui leur sont consentis, ces droits sont aussitôt remis en question.
Dès que la situation devient dangereuse pour la bourgeoisie, on voit le souverain augmenter ses prérogatives, instaurer le pouvoir personnel et recourir au fascisme pour maintenir, par la force, le capitalisme dont la chute entrainerait la sienne.
C’est ce qu’ont fait Alphonse XIII d’Espagne, Carol en Roumanie, Georges en Grèce, Victor-Emmanuel en Italie … et tant d’autres.
C’est dans une république démocratique, que les travailleurs luttent avec le moins de difficulté pour le renversement du capitalisme et pour l’instauration du socialisme qui les libérera définitivement.
Quand les chefs socialistes, avant la guerre de 1914, étaient encore de vrais socialistes, quand ils défendaient encore la classe ouvrière, quand ils n’avaient pas encore sombré dans la collaboration avec les capitalistes, alors ils étaient républicains.
Ils le disaient dans leurs meetings. Ils l’écrivaient dons leurs journaux.
Aujourd’hui, qu’ils sont devenus, comme l’avouait Léon Blum, les « gérants loyaux du capitalisme », ils sont devenus royalistes.
Les travailleurs socialistes, eux, qui ont leur pain à détendre et leurs libertés à préserver, disent, avec les travailleurs communistes, avec tous les hommes épris de justice et de progrès social :
A BAS LA MONARCHIE ! VIVE LA REPUBLIQUE !
La Monarchie est une institution périmée
Elle ne pouvait se justifier que quand les hommes croyaient que c’était Dieu lui-même qui choisissait une famille pour régner sur un pays.
C’était la royauté de « droit divin ».
Personne ne croit plus aujourd’hui à cette mission céleste. Les rois eux-mêmes n’osent plus s’en prévaloir.
Dire qu’un pays a « eu la chance avec ses rois », c’est avouer qu’un bon roi est une question de chance.
Un roi n’est pas élu pour ses qualités personnelles. Il n’a en rien mérité par lui-même le pouvoir dont il est investi et dont il abuse si souvent.
On nait roi. Ça ne veut pas dire que l’on soit capable de gouverner. L’histoire nous enseigne, ou contraire, que la plupart des rois ont été de très mauvais souverains : des incapables ou des tyrans.
On a vu sur le trône de véritables monstres, des malades, des fous authentiques. En règle générale, ce sont des hommes quelconques. Et ce sont toujours des hommes que leur formation particulière et que leur manque absolu de contact avec les masses populaires rend totalement incapables de les comprendre.
Le seul « bon roi » que nous avons eu, le roi Albert, était précisément un homme qui n’avait pas été formé pour devenir roi et qui ne s’attendait pas à monter sur le trône. Il a fallu, pour qu’il règne, une série de hasards extraordinaires. On ne peut, à chaque coup, compter sur tant de hasards accumulés.
LES UNS APRES LES AUTRES LES PEUPLES SE DEBARRASSENT DE LEURS ROIS
II y a cent ans, il y avait en Europe une centaine de rois, d’empereurs, de princes et de grands ducs en exercice.
En 1914, il en restait une vingtaine.
L’Europe ne compte plus que sept rois. Les peuples se sont débarrassés des autres.
En 1917, ce fut le tsar qui disparut. En 1918, le sultan de Turquie, l’empereur d’Allemagne et l’empereur d’Autriche.
En 1930, Alphonse XIII, roi d’Espagne, fut forcé de quitter son pays.
Sentant la colère du peuple et craignant de perdre leur trône à leur tour, la plupart des rois qui restaient au pouvoir s’accommodèrent du fascisme.
Certains l’appelèrent ouvertement. Ils espéraient ainsi mater les travailleurs et retarder le moment de leur chute.
Rien n’y fit. A l’issue de la guerre où ils avaient précipité leur pays, l’indignation populaire les balaya.
Ils sont aujourd’hui en exil.
La première chose que fait un peuple qui se libère, c’est de se débarrasser de ses monarques. Ainsi va l’histoire. Elle n’est guère favorable aux rois et elle marche dans le sens de la république.
Aujourd’hui, sept trônes seulement se sont maintenus, les uns par la force de la tradition, comme en Angleterre, les autres par le soutien de l’étranger, comme en Grèce.
Chez nous, pendant onze ans, on s’est, en fait, passé de roi. Rien ne justifie le rétablissement coûteux d’une institution inutile.
LES ROIS, CA COUTE CHER
Le pays a été détruit par la guerre, pillé par l’ennemi. Ses ruines commencent à peine à se relever.
Il faudrait bâtir des dizaines et des dizaines de milliers d’habitations nouvelles.
Les bâtiments scolaires, dans la plupart des régions, devraient être restaurés. Les hôpitaux, rééquipés. Des centaines de crèches devraient être construites.
La sécurité sociale est compromise. Les vieux travailleurs vivotent péniblement avec des pensions de famine. Les chômeurs se multiplient et leurs allocations sont insuffisantes.
Les veuves de guerre, les invalides, les rescapés des bagnes allemands, les prisonniers de guerre réclament en vain le rajustement de leurs pensions.
Le gouvernement crie sûr les toits qu’il n’a pas d’argent pour tout cela.
C’est le moment que l’on choisit pour ajouter un nouveau roi à la liste des princes que nous entretenons déjà.
Depuis onze ans, Léopold III n’a plus régné. Mais, pendant onze ans, il a continué de passer à la caisse.
Il abdique aujourd’hui, mais il continuera d’être payé. Nous avons actuellement trois générations de rois à entretenir.
Il y a le nouveau roi, Baudouin 1er.
Il y a son père, Léopold III.
Il y a la femme de Léopold, l’« illustre » princesse de Réthy, célèbre pour ses besoins de vie fastueuse.
Il y a les enfants de Léopold – les anciens et les nouveaux.
Il y a la Reine-mère.
Il y a l’ancien Prince Régent.
Tous ces gens – sans emploi − vivent grassement aux frais de l’Etat.
Ils habitent de somptueux palais, offerts et entretenus par le pays.
Ils voyagent. Ils jouent ou golf. Ils sont à Antibes, à La Havane, à Monte-Carlo. Ils dépensent énormément d’argent.
Notre argent.
On s’est bien gardé jusqu’à présent de nous dire combien tout cela coûte et coûtera.
La totalité de ces dépenses est estimée à quelque 75 millions de francs par an…
Se rend-t-on compte de ce que signifient 75 millions ?
Cela fait : 290.000 francs par jour, 12.000 francs par heure. C’est le prix de 200 maisons ouvrières.
C’est le montant de la pension de 3.000 veuves de guerre. Les rois sont un luxe qui coûte cher.
L’heure n’est pas, pour, la Belgique, aux dépenses de ce genre.
LES GLOIRES DE LA DYNASTIE BELGE LEOPOLD II – LE NEGRIER LEOPOLD III – LE COLLABORATEUR
Léopold II avait toujours vécu à l’étranger quand, à 30 ans, en 1865, Il monta sur le trône, Même devenu roi, on ne le vit pas beaucoup à Bruxelles. Il partageait son temps entre les palaces et les boites de nuit de Nice et de Paris.
Tant que deux partis bourgeois seulement, catholiques et libéraux, se disputaient le pouvoir, il se désintéressa de la lutte politique.
Mais quand le parti socialiste grandit et devint une puissance, Léopold II, capitaliste avant tout, fit appel aux cléricaux, les mit au gouvernement et combattit implacablement les travailleurs. C’est sous son règne qu’eurent lieu les fusillades de Liège, de Roux et de Louvain.
Il se servit de son titre de roi pour arrondir sa fortune personnelle. Homme d’affaire rapace, il jeta ses regards sur le Congo qu’il fit explorer, qu’il se fit attribuer comme propriété privée et dont il exploita les habitants avec une férocité inouïe. Il y plaça d’énorme capitaux. Il fit suer aux nègres l’ivoire et le caoutchouc. Ceux qui ne pouvaient pas payer leur impôt de dents d’éléphant et de latex furent traqués. Il instaura en Afrique le règne de la chicotte et du bourreau. On coupait les mains et les oreilles des indigènes révoltés. Des villages furent incendiés, des populations entières massacrées.
Le roi, pendant ce temps, empilait de l’or en barre.
Mais les « civilisateurs » allèrent trop loin. Leurs atrocités finirent par révolter la conscience mondiale. Le scandale éclata. La presse se déchaîna contre le négrier. Il prit peur et, pour tenter de se réhabiliter, abandonna le Congo à la Belgique. Mais il continua d’en tirer des millions. Il bourrait ses coffres et faisait la noce pour se distraire.
Voilà l’homme qui donna une colonie à la « Société Générale de Belgique », et que la bourgeoisie appelle un « grand roi ».
Léopold II fut le plus vaniteux, le plus autoritaire et aussi le plus lamentable de nos rois.
Dès avant la guerre, il ne cachait pas son admiration pour les régimes fascistes. Il avait la nostalgie du « pourvoir fort » et supportait mal la tutelle des Chambres et des ministres.
Dès 1936, alors que la seule chance d’éviter la guerre et l’invasion était d’organiser contre Hitler et Mussolini la sécurité collective, il prit l’initiative d’une politique d’isolement de la Belgique qui aida les maitres du IIIème Reich à déclencher leur criminelle agression.
Il ne douta pas un instant de la victoire d’Hitler.
Quand la Belgique fut envahie, il capitula et considéra la guerre comme terminée. Il appela le peuple à travailler pour les Allemands. Il prit, contre l’avis de ses ministres, la décision de se constituer prisonnier, et choisi comme prison son palais de Laeken. Il en sortait à son gré pour aller se faire soigner à Vienne ou pour chasse avec les officiers de l’occupant.
Pendant que ses soldats croupissaient dans les stalags et que les résistants étaient torturés dans les camps de concentration, il se consolait avec Liliane Baels, la fille d’un fonctionnaire qu’il avait révoqué avant la capitulation. Quand elle fut enceinte, elle parvient à se faire épouser et devint princesse de Réthy.
Pour conserver son trône, il sollicite une entrevue avec Hitler et alla voir le bourreau de notre peuple dans son repaire de Berchtesgaden. Il reprit, à cette occasion, son titre de prince allemand de Saxe Cobourg.
La Résistance ne reçut de lui aucun encouragement. Il préférait réserver ses bonnes grâces à des traitres comme Poulet et De Becker.
Quand la libération fut proche, il suivit les Allemands dans leur retraite.
La guerre finie et gagné malgré lui, il divisa systématiquement le pays, exigea une « consultation populaire » et, répudié par près de la moitié de son peuple, résolu néanmoins de remonter sur le trône.
Quand les travailleurs se dressèrent contre lui, il les fit charger par ses gendarmes. Son obstination coutât, à Grâce-Berleur, la vie de quatre ouvriers.
Et maintenant, on installe sur le trône Baudoin 1er. C’est un gamin dont même son entourage reconnait qu’il n’a pas la moindre personnalité et qu’il est d’une intelligence au-dessous de la moyenne.
Il a été élevé loin de notre pays, dans un milieu malsain et équivoque de Léopold et de la princesse de Réthy.
C’est avec ça que l’on prétend faire un chef d’Etat.
ET MAINTENANT ? LA « CONCORDE NATIONALE », L’UNION SACREE DES CATHOLIQUES, LIBERAUX ET SOCIALISTES AUTOUR DU ROI, POUR QU’IL PUISSE SERVIR A IMPOSER A NOTRE PEUPLE LA POLITIQUE DE MISERE ET DE GUERRE VOULUE PAR LES AMERICAINS
Le but des banquiers américains sont évidents :
Ils ont d’abord exigé que, dans les pays d’Europe occidentale, les communistes soient éloignés du pouvoir. Puis, ils ont lancé le plan Marshall et asservi économiquement ces pays. Par le Pacte atlantique, ils les entrainent dans la préparation de leur guerre.
Cette guerre, ils veulent la déclencher contre l’Union Soviétique et les pays de démocratie populaire.
Tel est leur intérêt, car la guerre rapporte des bénéfices énormes et ils espèrent, par elle, retarder la crise qui les guette.
Cette politique se révèle dès à présent désastreuse pour les travailleurs de Belgique.
Depuis qu’elle est menée, le chômage à triplé.
Le coût de la vie a augmenté de près de 26%. En trois ans, l’index est passé de 330 à 415,5.
Impôts directs et impôts indirects se sont faits de plus en plus écrasants. Un tiers du revenu des travailleurs retourne aux caisses de l’Etat.
Le décalage, entre les prix en hausse constante et les salaires, traitements et pensions quasi stationnaire, ne fait que s’accentuer.
Cette politique-là, les chefs P.S.C., socialiste et libéraux sont d’accord pour l’accepter.
Tous se sont mis à la remorque des Américains. Ensemble, ils ont éloigné les communistes du pouvoir. Ensemble, ils ont accepté les désastreuses meures économiques du plan Marshall.
Ensemble, ils ont ratifié le Pacte atlantique. Ensemble, ils ont accepté d’envoyer des mercenaires belges en Corée. Ensemble, ils ont admis que notre armée soit commandée par un général étranger. Ensemble, ils ont accepté la reconstitution de l’armée allemande. Ensemble, ils sont d’accord pour réarmer le pays et pour dépenser, au cours de la seule année 1951, 23 milliards au budget militaire.
Le P.S.C. est au gouvernement alors que les libéraux et les chefs socialistes sont dans l’opposition. Peu importe. Car, s’ils se chamaillent sur les questions de détail, quand il s’agit de choses vraiment importantes, et particulièrement de la préparation de l’agression contre les pays socialistes, alors ils ne se disputent plus, ils votent ensemble.
Dans la réalité, P.S.C. libéraux et chefs socialistes mènent la même politique.
Une seule ombre au tableau : la question royale, le problème de Léopold III.
En effet, le P.S.C. entendait se servir de celui-ci pour obtenir la majorité absolue et tenter de gouverner seul.
Les chefs socialistes, eux, n’acceptaient pas de collaborer sous la direction de Léopold III. Le personnage avait vraiment trop mauvaise presse. Près de la moitié du pays, et particulièrement les travailleurs, n’en voulaient à aucun prix.
LE P.S.C. TENTE SA CHANCE
Le P.S.C. a voulu imposer sa solution par la force.
Il a tenté sa chance le 22 juillet 1950, en ramenant, par surprise, entre les gendarmes, son candidat dictateur dans le palais de Laeken.
Il a raté son coup.
Il n’est parvenu qu’à dresser contre lui la classe ouvrière unie et tout ce que le pays compte de démocrates et de citoyens épris de liberté. Ce fut l’admirable grève générale de juillet au cours de laquelle les travailleurs firent front en commun avec une clairvoyance, une décision et un courage admirables.
Mais, au moment décisif, au moment où lo volonté populaire allait acculer le roi à la fuite, les chefs socialistes de droite ont eu peur de la classe ouvrière.
Ils ont craint que les travailleurs règlent la question à leur manière, qu’ils mettent en échec toute la politique de guerre et de misère voulue par les Américains, qu’ils mettent en question à leur manière le sort même de la dynastie des Saxe-Cobourg et du principe monarchique.
Ils ont craint que la classe ouvrière, si on l’acculait à lutte prolongée, finisse par exiger et imposer la République.
Ils n’étaient pas seuls à éprouver ces craintes. Les dirigeants américains les éprouvaient aussi, C’est alors que le colonel Armstrong, attaché militaire des Etats-Unis en Belgique, intervint.
Il fut obéi et les parties conclurent un compromis.
Ce compromis va maintenant porter ses fruits.
LA « RECONCILIATION » AUTOUR DU TRÔNE Léopold III abdique. Les Américains l’ont abandonné quand ils se sont aperçus qu’il ne pouvait plus servir et qu’il n’était pas de taille à imposer leur politique.
C’est autour de Baudouin qu’ils espèrent voir se réaliser la « réconciliation » de tous ceux qui sont d’accord avec eux pour préparer la guerre contre I’U.R.S.S.
Ce que l’avènement du « jeune roi » doit rendre passible, c’est l’« union sacrée − qu’ils osent appeler « union nationale » − des socialistes et des réactionnaires autour de la monarchie replâtrée.
On compte − après quelques tiraillements, peut-être même après de nouvelles élections − former un gouvernement à trois qui faciliterait davantage encore la collaboration de la Belgique ou dispositif agressif américain.
On espère, par la participation des socialistes au pouvoir, tromper quelque temps encore les travailleurs et leur foire accepter les conséquences inévitables de cette politique : impôts de réarmement, vie chère, bas salaires et misère pour le peuple. Avec la guerre au bout.
Vive la République !
Les communistes haïssent la guerre. Ils veulent la paix. Ils la voient menacée. Ils sont décidés à tout mettre en œuvre pour la sauver.
Ils savent que lutter, aujourd’hui, contre la monarchie, c’est lutter contre la guerre et c’est lutter contre les conséquences de la préparation de la guerre. C’est lutter pour le pain des travailleurs et pour la liberté.
Quand ils crient : « Vive la République ! », ils sont conscients de renouer avec la tradition des meilleurs défenseurs du peuple, avec la tradition des Demblon, des Defuissaux, avec la tradition de tous ceux qui considèrent que se mettre au service de la classe ouvrière, la libérer et la mener au pouvoir, est la plus haute tâche qu’un homme puisse se proposer.
Ils appellent les travailleurs socialistes, les républicains épars dans le pays, tous les hommes épris de poix, de liberté, de progrès social à se grouper et à lutter ensemble pour l’instauration en Belgique d’une République fédérative et démocratique.