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par René Beelen, Secrétaire national du PCB

Note du Centre MLM [B] : Pour archive, voici le positionnement du vieux PC révisionniste concernant la « grève du siècle » qui s’est déroulée en Belgique durant l’hiver 1960-1961 contre le « projet de loi unique ». A l’époque, la lutte avait commencé dans l’ensemble du pays, le 20 décembre 1960, pour se poursuivre dans certaines régions jusqu’au 23 janvier 1961.

La présentation de ces événements est ici donnée par le révisionniste René Beelen.

Né à Paris en novembre 1913 d’un père belge et d’une mère française, mort lors d’un meeting dans une usine en URSS social-impérialiste en 1966, Beelen entra au Bureau Politique du PCB en juin 1954.

Contre Edgar Lalmand, « représentant d’un ligne sectaire inféodées à l’URSS de Staline », Beelen fut le « théoricien » qui, au Congrès de Vilvorde, impulsa une ligne ouvriériste de suivisme envers le syndicat FGTB.

Dans le prolongement de cet état de choses, Beelen (avec d’autres) amena le Parti Communiste de Belgique à abandonner les notions de « dictature du prolétariat » et de « parti d’avant-garde » et ce dès 1954, soit donc 14 mois avant la tenue du XXe Congrès du Parti Communiste de l’Union Soviétique et la prise du pouvoir par les révisionnistes khrouchtchéviens.


PCB : La Grande grève contre la Loi unique telle qu’elle fut

Ce qu’en pense le Parti Communiste

La grève mémorable que vient de vivre la classe ouvrière wallonne et flamande est toujours ou centre des discussions dans les entreprises. Toutefois, si la démission du gouvernement Eyskens apporte à ceux qui en doutaient encore la preuve du succès de cette action de large unité démocratique, unique dans les annales ouvrières de notre pays, les critiques émises sur la façon dont elle fut menée, les opinions divergentes sur les résultats atteints et la ligne à suivre dans l’immédiat, démontrent que des faiblesses se manifestèrent, des erreurs furent commises.

Il s’en est ensuivi un certain désarroi qui risque de compromettre les résultats obtenus et rend nécessaire, particulièrement au cours de cette compagne électorale, la reconstitution du déroulement des faits au cours des mois de décembre et janvier derniers, en vue d’éclairer les discussions.

Vous trouverez cet exposé dans la deuxième partie de cette brochure. Il vous aidera à vérifier et apprécier les réponses que notre camarade René Beelen, secrétaire national du Parti Communiste, apporte à une série de questions importantes que les ouvriers et employés se posent.

Si vous souhaitez connaître l’opinion du Parti Communiste sur d’autres questions brûlantes, écrivez ou « Drapeau Rouge » qui ouvrira ses colonnes, dans les jours à venir, pour y répondre.

1ère question :

Quels sont les résultats de la grève ?

La grève a eu pour effet de stopper la politique de régression annoncée par la loi unique. Elle a démontré, comme jamais en Belgique, que l’unité des travailleurs était une force invincible. S’il n’y avait pas eu de grève, la ponction des 20 milliards serait en cours et la politique des grandes sociétés capitalistes, qui a compromis les finances publiques, irait bon train.

En effet, si la grève n’avait pas eu lieu, la loi unique aurait passé sans difficulté et le gouvernement poursuivrait sa politique de folles dépenses militaires, de reconquête du Congo, de libéralités fiscales et d’anarchie économique. Alors qu’aujourd’hui, la grande bourgeoisie est contrainte de retirer sa confiance à Eyskens et d’attendre le résultat des élections prochaines.

Par ailleurs, il n’est pas difficile de s’imaginer que si la loi unique avait été votée sans difficulté, les patrons pourraient exercer des pressions sur les salaires et les conditions de travail afin de vaincre la concurrence et tirer un maximum de bénéfices avec un minimum d’investissements.

2e question :

Les travailleurs ne doivent donc pas regretter les sacrifices qu’ils ont consentis ?

C’est notre avis, mais il n’y a rien d’étonnant que les syndicats chrétiens et libéraux prétendent le contraire dans un but de dénigrement et de démoralisation. Après la guerre, n’a-t-on pas vu se développer une propagande destinée à miner le moral des résistants en accréditant l’idée que leurs sacrifices avaient été inutiles ? Les travailleurs qui réfléchissent (et ils sont nombreux) savent que si la loi unique était passée sans combat, ils seraient aujourd’hui acculés à se défendre le dos au mur. Car ils savent que la réaction n’a pas de pardon lorsqu’elle triomphe. Dès lors, à bien y réfléchir, la grève a évité des sacrifices bien plus durs parce que la puissance qu’elle a révélée facilitera les combats que le capitalisme aux abois imposera demain.

3e question :

Comment expliquez-vous qu’Eyskens ne cède qu’aujourd’hui alors que la loi unique est votée et que le travail a repris depuis un mois ?

Les puissances d’argent ont lâché Eyskens lorsqu’elles se sont enfin rendu compte que son équipe était incapable de rompre le front d’hostilité à la politique de la loi unique.

Elles ont lâché Eyskens parce que celui-ci s’est avéré incapable de gouverner face à une population laborieuse unie contre lui. En provoquant la dissolution, les puissances d’argent espèrent que les élections diviseront les forces démocratiques aujourd’hui unies et leur permettront de constituer un gouvernement d’alliance à deux ou à trois, capable de gouverner, pour autant qu’il se révèle capable de diviser le large courant d’opinion hostile à la loi de malheur. Toutefois, si la dissolution est un succès du mouvement populaire, elle n’entraine cependant pas l’abandon de la politique qui a imposé la loi unique à la majorité du pays.

4e question :

C’est donc parce qu’elle a spéculé sur la division des forces populaires que la réaction n’a pas lâché Eyskens plus tôt ?

Assurément, si les grandes puissances financières qui jusqu’ici ont fait et défait les gouvernements s’étaient rendu compte de l’impossibilité pour M. Eyskens de diviser les forces hostiles à la régression sociale, elles l’auraient déjà lâché bien plus tôt car ces messieurs n’aiment pas les batailles perdues.

Depuis novembre, la réaction n’a placé ses espoirs que dans la désunion de ces forces.

Elle a pris les manifestations du 21 novembre et du 14 décembre pour des démonstrations préélectorales destinées à servir de soupapes au potentiel de pressions concentrée dans les entreprises publiques et privées.

Du 20 au 23 décembre, alors que la grève s’étendait, elle a espéré que cette grève serait écourtée, par la F.G.T.B.

Du 23 décembre à, la fin de la grève, elle a spéculé sur l’usure du mouvement. Sa plus grande surprise fut la rentrée en ordre et dans l’unité des travailleurs en grève. La grève terminée, comme les peines de prison, les sanctions et les campagnes calomnieuses n’avaient pas entamé l’union des travailleurs, il a bien fallu qu’elle se rende à l’évidence de l’inanité de ses espérances.

5e question :

L’attitude des droitiers socialistes fut-elle un élément d’encouragement pour Eyskens ?

Certainement. Les droitiers socialistes sont majoritaires dans les organes de direction de la. F.G.T.B. Ce sont eux qui ont empêché la préparation de la grève par la F.G.T.B. et qui sont responsables du caractère quelque peu désordonné de son déclenchement. Ce sont eux qui pendant toute la grève se sont opposés à son extension. Ils n’ont rien fait pour qu’elle triomphe et ils ont attendu les moments de difficulté pour se présenter en négociateurs d’un mouvement qu’ils n’ont pas voulu.

6e question :

Pourquoi la F.G.T.B. liégeoise qui est pourtant dirigée par des camarades opposés aux droitiers socialistes, a-t-elle été surprise par le déclenchement de la grève ?

Si la F.G.T.B. liégeoise et André Renard n’ont reconnu la grève qu’au moment où elle était générale, c’est-à-dire le 22 décembre, cela tient en ordre principal aux insuffisances dans le fonctionnement de la démocratie syndicale.

Car s’il y avait eu consultation ouvrière comme nous l’avion réclamé, la grève eût été mieux préparée. Elle n’aurait pas surpris André Renard qui projetait la grève générale pour la mi-janvier, c’est-à-dire après le vote de la loi unique et l’échec certain de la grève générale des travailleurs communaux décidée à partir du 20 décembre.

7e question :

Les insuffisances de démocratie dans la F.G.T.B. liégeoise ont-elles entravé la conduite de la grève ?

C’est un fait que durant la grève il y eut plus de manifestations, plus de meetings que d’assemblées ouvrières où chacun avait l’occasion de se prononcer.

Cela a permis aux ennemis de calomnier le mouvement en prétendant que la grève était dirigée par des dictateurs rouges et subies par la masse, alors que, en dépit de ses insuffisances, la F.G.T.B. liégeoise a une vie intérieure bien plus démocratique que n’importe quelle autre régionale et surtout la C.S.C.

Nous pensons aussi que s’il y avait eu plus d’assemblées de grévistes, la grève eût été plus disciplinée, et il y aurait eu moins de violences inutiles, moins de menaces sans effet.

La direction de la grève et la F.G.T.B. auraient pu bénéficier davantage de l’expérience de tous.

8e question :

Les menaces d’abandon de l’outil et de fédéralisme ont-elles aidé à la victoire ?

Beaucoup de gens le pensent mais si cela était vrai, on se demande pourquoi le gouvernement a cédé à un moment où on ne parlait plus d’abandon de l’outil, et à un moment où il s’avère que le fédéralisme n’apparait pas comme une possibilité immédiate.

Si cela était vrai, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas cédé entre le, 2 et le 5 janvier, c’est-à-dire en pleine euphorie d’espoir dans l’abandon de l’outil et le second front ? Cette période fut aussi celle des discours chauvins qui laissaient entrevoir une sécession prochaine de la Wallonie.

La vérité est que la réaction n’a capitulé qu’après s’être aperçue que l’unité ouvrière avait pu survivre aux désillusions provoquées par les menaces sans suite.

C’est l’art de la réaction d’acculer l’avant-garde de ses adversaires aux propositions velléitaires, et mènent aux actes qui les isolent de la masse que cette avant-garde doit entrainer.

André Renard et ses compagnons n’ont pas assez tenu compte de l’expérience du mouvement ouvrier qui indique que les meilleurs moyens d’action sont ceux qui assurent et renforcent l’unité de la classe ouvrière.

9e question :

Oui a recherché la violence ?

Aujourd’hui, chacun se rend mieux compte que la violence est le fait des ennemis de la classe ouvrière. Que l’atmosphère d’émeute qui a suivi la manifestation du 6 janvier tout comme les bris de vitrines du 31 décembre étaient secrètement recherchés par le collège P.S.C.- libéral de la ville de Liège. M. Buisseret et ses échevins cherchaient depuis le début à justifier devant l’opinion publique les arrêtés d’interdiction à l’abri desquels pourraient exercer les pressions les plus ignobles sur les agents des services publics ; c’est ainsi que le 7 janvier il put apparaitre comme l’homme d’ordre pour une partie de la population liégeoise qui a cru que les émeutes du 6 janvier avaient été préparées par les dirigeants de la grève et le Parti communiste.

Ces mensonges ont un moment porté leurs fruits parce que l’anticommunisme et la propagande réactionnaire ont toujours présenté les révolutionnaires comme des bandits, les révolutions comme des émeutes et les hommes d’ordre comme M. Buisseret comme des sauveurs.

Alors que l’histoire indique que la terreur et les provocations font partie de l’arsenal des classes dominantes, les progressistes doivent veiller à ne point laisser dénaturer leur but en se laissant entrainer sur le terrain des violences recherchées par leurs adversaires. C’est par leur unité que les travailleurs isolent l’ennemi et atteignent leur but. Or est par leur unité dans l’action qu’ils réduisent à l’inutilité les violences de l’ennemi. Le terrorisme est l’arme des désespérés ; les travailleurs savent qu’ils sont la force d’avenir.

10e question :

Comment le Parti Communiste va-t-il agir pour que l’unité des forces progressistes puisse se maintenir après les élections ?

Puisque la balance des forces ne permet pas encore de dégager une majorité décisive pour une autre politique, il faudra la préparer en profitant de la campagne électorale.

Les travailleurs chrétiens et les démocrates libéraux, ainsi que les travailleurs socialistes et communistes, qui étaient unis contre la loi unique, ne le sont malheureusement pas encore pour imposer un gouvernement d’alliance démocratique contre le capitalisme.

La réaction sait qu’elle n’a pas à redouter de majorité socialiste absolue il lui faudrait pour ce taire recueillir 60 % des suffrages et qu’il se trouve, au sein du P.S.B., un certain nombre de ministrables sans principe.

Les revanchards de la loi unique espèrent que les divergences de programme électoral diviseront ceux qui, hier encore, étaient unis.

Nous nous efforcerons de mettre en lumière les grandes lignes du gouvernement d’alliance démocratique, que nous souhaitons.

Notre programme prévoit les réformes profondes qu’il faudra accomplir, en vue d’assurer un avenir de sécurité pour notre population laborieuse, pour la Wallonie et pour la Belgique. Mais nous savons que cette perspective ne peut pas dépendre directement du scrutin du 26 mars. Dès lors, nous insistons pour que les discussions de programmes d’avenir ne nuisent pas à l’unité qu’il faut maintenir pour empêcher la régression sociale.

C’est pourquoi nous insistons pour que la F.G.T.B. réaffirme que l’unité ouvrière sera maintenue sur les objectifs de la grève.

Nous savons que ce sera difficile car A. Renard et les dirigeants de la F.G.T.B. liégeoise sont plutôt enclins à porter l’accent sur un programme d’avenir pour la Wallonie et la classe ouvrière du pays.

Or, les perspectives wallonnes immédiates dépendent en ordre principal du succès de la lutte gui sera entreprise pour empêcher la mise en chômage des 1.500 mineurs du Gosson dont la fermeture est prévue pour Juin.

Les meilleures perspectives de réformes de structure ne dépendent-elles pas elles aussi du combat en cours pour éviter que le 20 milliards qui manquent aux finances publiques ne soient payés par les fonctionnaires, les assujettis sociaux, les petits contribuables ? Ne dépendent-elles pas encore du combat mené pour que ces 20 milliards soient prélevés en premier lieu sur la réduction des dépenses militaires, l’arrêt de la. politique d’aventure au Congo et sur les grands bénéfices capitalistes ?

Ne pas comprendre qu’on ne peut marcher de l’avant si on accepte de reculer sur ce point essentiel serait commettre l’erreur de révolutionnaires petits-bourgeois qui pensent que c’est la dégradation du pouvoir d’achat qui constitue la condition indispensable au succès des luttes pour le socialisme.

11e question :

La F.G.T.B. peut-elle agir et éviter la division alors que sa direction nationale est dominée par des droitiers diviseurs ?

Certainement. Les faiblesses de la F.G.T.B. ne l’ont pas empêchée d’être le ciment d’unité des travailleurs en grève.

Il serait faux de croire qu’il faut attendre les réformes de structure syndicales pour entrainer la F.G.T.B. dans l’action.

Le patronat, pour sa part, n’attendra pas les améliorations de structure syndicales pour exercer ses pressions. Il ne faut évidemment rien négliger pour améliorer l’action syndicale. C’est le seul moyen de battre les droitiers, toujours à l’aise quand le climat est au pessimisme. Mais s’arrêter pour corriger ses faiblesses est une vue de l’esprit qui constitue une erreur car l’ennemi, lui, ne s’arrête pas.

Il faut donc, avant tout agir pour imposer aux droitiers socialistes le respect de l’indépendance de la F.G.T.B., c’est-à-dire leur imposer le respect de la démocratie syndicale. C’est le respect de ses règles démocratiques que le mouvement syndical peut garantir son Indépendance. Des opinions diverses s’expriment à la F.G.T.B. mais le P.S.B. n’encourage pas ses membres à la démocratie syndicale.

Ce n’est pas l’opinion socialiste, ni le mandat politique de Major ou de Gallly qui sont une entrave à la démocratie syndicale mais, avant tout, leur attitude hostiles à la consultation des affiliés.

Si la direction droitière de la F.G.T.B. avait respecté la démocratie syndicale et consulté ses affiliés pendant la grève, le nombre des grévistes aurait été encore beaucoup plus important.

12e question :

Pensez-vous que le capitalisme pourra sortir de l’impasse où il se trouve ?

En effet, la réaction est dans l’impasse. Pour continuer sa politique, elle cherche une équipe ministérielle qui puisse gouverner contre le peuple, en le divisant.

Ce n’est pourtant pas la première impasse du capitalisme. Mais jusqu’ici, la bourgeoisie en était toujours sortie en entrainant les masses vers des gouvernements autoritaires qui ont conduit leurs peuples à des aventures coloniales et aux guerres.

Mais aujourd’hui, le rapport des forces dans le monde ne lui permet plus d’aller aussi facilement dans cette direction. Il lui manque pour y parvenir les conditions favorables d’autrefois : l’anticommunisme, la domination coloniale et le désespoir de la population.

En effet, si l’anticommunisme était encore aussi profitable que par le passé, il n’y aurait pas de problème pour ces messieurs. Spaak ferait un grand discours de la peur et les ceintures se serreraient pour éviter le danger soviétique. Ne vient-il pas d’ailleurs d’affirmer la nécessité, pour le pays, d’une politique d’austérité ?

D’autre part, si le peuple congolais se laissait encore tondre, comme autrefois, des discours analogues appelleraient aux sacrifices pour sauver les possessions coloniales.

Enfin, si la population, désespérée, était prête à se jeter dans les bras d’un « grand homme » pour le sauver, il n’y aurait aucun problème pour la bourgeoisie, car la galerie des sauveurs suprêmes est bien fournie, à droite comme à gauche.

Mais la réalité a bien changé et la grève a démontré que l’union dans l’action était plus efficace que toutes ces solutions éculées.

L’impasse du capitalisme belge est, en fait, celle du capitalisme mondial.

C’est pourquoi nous pensons que les possibilités d’un gouvernement d’alliance antimonopoles qui tournera résolument le dos à l’aventure, à l’anarchie et à la guerre se sont considérablement accrues. En votant communiste, vous renforcerez l’action menée par le P.C. depuis de longs mois pour faire prévaloir des solutions démocratiques concrètes et immédiates à la crise actuelle.

Rétrospective de la grève

Les finances publiques sont en difficulté. Il n’y a rien d’étonnant : on ne peut pas, indéfiniment, aggraver la dette publique. Même pour satisfaire les exigences de l’O.T.A.N. en dépenses militaires et celles des grandes sociétés, coloniales et autres qui profitent des libéralités fiscales et récompensent l’État en le fraudant à qui mieux mieux.

Le gouvernement annonce que la « loi unique » qu’il prépare augmentera les recettes de l’État par la levée de six milliards d’impôts direct et d’environ trois milliards de nouvelles taxes communales.

Cette loi comprimera aussi les dépenses de l’État d’environ dix milliards par des grignotages sur le statut des fonctionnaires, des réductions de dépenses dans les secteurs de la sécurité sociale et de l’Instruction publique, des suppressions de subsides aux communes, etc.

Annoncée au moment où le pays connait les plans de destruction de l’industrie charbonnière wallonne, la loi unique hit véritablement l’effet d’une douche froide.

L’opinion de la C.S.C.

Les dirigeants de la C.S.C. n’aiment pas la loi unique. Car elle créera des difficultés avec leurs affiliés.

Aussi, la C.S.C. déclare-t-elle que ses efforts porteront sur des démarches auprès du gouvernement en vue d’adoucir les sacrifices prévus pour les travailleurs.

Les premières protestations populaires entrainent les dirigeants de la C.S.C. à déclarer que le combat contre la loi unique est un combat « politique », auquel la C.S.C. s’oppose. Car, pour elle, s’opposer à l’appauvrissement, c’est faire de la politique surtout lorsque les ministres P .S.C. le décident.

La position des organisations de l’Action commune socialiste

Ces organisations se déclarent hostiles à la loi unique. Toutefois, les instances de direction de ces organisations préfèrent se préparer… à tirer un profit électoral d’une loi qui selon eux, serait impossible à écarter. Parmi les travailleurs, et surtout parmi ceux des services publics affiliés à la C.G.S.P., on ne l’entend pas ainsi ; on exige autre chose qu’une opposition académique et strictement limitée à la discussion parlementaire.

Le Parti communiste est aussi opposé à la loi

Ses parlementaires préparent des propositions destinées à renflouer les finances en faisant payer les grandes sociétés financières et en réduisant les dépenses militaires.

Le Parti communiste appelle les travailleurs chrétiens à se détourner des politiciens de la C.S.C., qui les trompent.

Il engage les travailleurs socialistes et communistes à s’unir dans la F.G.T.B. pour opposer une résistance massive au vote de la loi. Il leur dit que laisser passer la loi sans combattre serait la pire des erreurs. Qu’une telle attitude encouragerait le pressions du capital et de l’O.T.A.N. sur la majorité parlementaire.

Qu’elle permettrait une résistance du patronat aux revendications ouvrières.

Le Parti communiste démontre enfin que ceux qui spéculent sur le mécontentement et les déceptions pour espérer un glissement à gauche aux prochaines élections se trompent.. Au contraire de ce qu’ils croient, seuls les aventuriers de droite, habiles à prêcher en eau trouble, tireraient profit de la situation.

Il démontre enfin que les intérêts immédiats et futurs de la population laborieuse implique la nécessité de dresser un front actif contre la loi unique.

Le 8 novembre

C’est la date de la rentrée parlementaire. C’est aussi celle qu’à choisie le Comité central du Parti communiste pour appeler à l’organisation d’une première journée nationale d’action.

Les directions de la F.G.T.B. et de l’Action commune font la sourde oreille. Certaines s’opposent même aux initiatives prises au sein de la F.G.T.B. par les travailleurs d’avant-garde socialistes et communistes. Des dizaines de protestations collectives sont adressées à la Chambre. Elles impressionnent les députés. Presque toutes émanent de Liège.

La journée du 8 novembre n’est qu’un faible début.

Vers le 21 novembre

Quelques jours plus tard, le comité régional de la Centrale des métallurgistes élabore un programme d’action précis.

C’est le premier programme d’action qui a de l’ampleur. Il est adopté par une assemblée générale des militants de l’Action commune, réunis en présence d’André Renard et du président Collard.

Le Parti communiste a demandé à participer aux travaux de l’assemblée. La majorité s’y oppose.

L’assemblée se rallie au programme des métallurgistes qui prévoit l’arrêt général et limité du travail le 21 novembre, ainsi que des concentrations massives.

Les assemblées préparatoires sont organisées par l’Action commune. On s’y oppose à ce que nous y prenions la parole.

Compte tenu du souci des travailleurs liégeois de ne point être seuls le 21, le Bureau politique du Parti communiste édite et fait distribuer des centaines de milliers de tracts dans le pays, appelant à la solidarité vis-à-vis du mouvement du 21 novembre.
Les travailleurs liégeois et de nombreux militants syndicaux et socialistes souhaitent que le P.S.B. en fasse de même.

La journée du 21 novembre

Des dizaines de milliers de travailleurs se sont rassemblés, Ils ne veulent pas !aire de gymnastique électorale. Ils veulent une date pour le prochain rendez-vous d’ensemble.
André Renard, à Herstal et Hubert Rassart, à Grivegnée, proposent que le prochain rendez-vous de masse soit fixé pour le 15 décembre, date du mariage royal.

Le comité régional d’Action commune approuve l’idée le soir même. La journée du 21 a secoué l’immobilisme de certaines directions régionales de la F.G.T.B. et de différentes centrales.

Les décisions d’action se précipitent, En désordre, car le comité national de la F.G.T.B. reste hostile à une action généralisée.

Partout, on cherche une date pour agir avec ensemble. Le jour du mariage royal apparaît comme une date mal choisie. Les travailleurs redoutent qu’elle permette au gouvernement d’accréditer l’idée que Je mouvement poursuivrait d’autres buts que celui du retrait de la loi unique.

L’idée d’une action générale le jour de l’ouverture du débat

Le Comité central du Parti communiste réuni le 27 novembre est de cet avis. Il déclare que le meilleur jour est celui de l’ouverture du débat parlementaire sur la loi unique.

Il pense que ce débat pourrait intervenir début décembre et déclare toutefois que si le débat parlementaire avait lieu au moment du mariage royal la Cour n’aurait qu’à s’en prendre à ses ministres. Le Comité central souhaite la remisa immédiate d’un préavis national de grève par la F.G.T.B. et la multiplication des actions locales et régionales en préparation du mouvement général.

Le 29 novembre

Le Bureau national du secteur « Communaux » affilié à la C.G.S.P. décide de la grève pour le jour de l’ouverture du débat parlementaire. C’est la première décision de grève. Par la suite, les prises de position en faveur de la grève générale avec les communaux se multiplient.

Le Comité national de la F.G.T.B. n’en tient pourtant pas compte.

Le 14 décembre

Seconde journée d’action

Le début du mois de décembre se passe sans qu’une date ait encore été fixée pour l’ouverture du débat parlementaire sur la loi unique. Aussi, plusieurs régionales F.G.T.B., parmi lesquelles la régionale liégeoise, fixent au 14 décembre la date de leurs seconde journée d’action.

Les prises de position en faveur de la grève générale se multiplient, et elles sont nombreuses, lorsqu’on apprend que le débat parlementaire s’ouvrira le 20. Le 14, personne n’est étonné de voir une manifestation d’une puissance exceptionnelle acclamer les nombreux calicots et pancartes qui· appellent à la grève générale. La température monte malgré les oppositions qui subsistent encore au sein de l’Action commune liégeoise.

Un calicot, porté par les travailleurs de l’assistance publique de Liège, et qui réclame « la grève générale le 20 » rencontre énormément de succès.

André Renard tient compte de la volonté ouvrière et promet, aux acclamations de la foule, qu’il défendra le principe de la grève générale au Comité national de la F.G.T.B. qui se réunira le 16.

Veillée d’armes

Les communaux maintiennent leur position et le Comité national de la C.G.S.P. adopte, le 12 décembre, une attitude favorable au principe de la grève générale. Mais le 16, le Comité national de la F.G.T.B. refuse − majorité contre forte minorité − une motion liégeoise pourtant en retrait sur la volonté exprimée lors des manifestations du 14. Car elle retient le principe de la grève générale, mais pour la mi-janvier seulement.

Un congrès du P.S.B. se réunit à la même période. Il est attentif aux avertissements d’André Genot, mais ne prend position que sur les questions militaires.

Au même moment le Comité central du Parti communiste, tenant compte de la volonté des communaux et de l’aspiration à la grève générale qui se manifeste partout, mais plus spécialement à Liège, Charleroi et Anvers, propose que cette proposition soit soumise dès le lendemain aux assemblées ouvrières.

A Charleroi, une assemblée ouvrière a lieu aux A.C.E.C. C’est la seule, à notre connaissance, gui ait été convoquée en Wallonie avec celles tenues le mardi matin dans certains services de Cockerill-Ougrée, notamment aux « Centraux ».

La grève générale y est décidée démocratiquement pour le lendemain.

Aux docks d’Anvers, il y a effervescence et on s’attend à voir les dockers rejoindre, eux aussi, le mouvement des communaux.

A Liège, le Comité provincial des métallurgistes est convoqué le 19 au soir. Aucune assemblée importante ne l’a préparé. Le Comité provincial se rallie, à la quasi-unanimité, à l’opinion d’André Renard, qui croit que le bassin liégeois serait isolé s’il démarrait le lendemain. Il préfère attendre le congrès de la F.G.T .B. prévu pour le 22, et la réunion régionale wallonne. On envisage la grève générale pour la mi-janvier.

Il y a risque d’isolement des communaux. Risque aussi de voir voter la loi avant qu’on ait pu préparer la grève générale. Mais l’expérience de la grève des métallurgistes de 1957 fait craindre l’isolement du mouvement ouvrier liégeois. Aussi, le Comité provincial s’est-il rallié, sans enthousiasme, à l’organisation d’une grève générale en janvier.. et à froid, puisque la loi unique risquait d’avoir été votée pour cette date.

Le démarrage en force

Le 20, les communaux partent courageusement en grève. Les travailleurs apprennent que les A.C.E.C. de Charleroi ont débrayé aussi et qu’à Anvers, les dockers ont refusé l’embauche.

Aussi, les craintes d’isolement exprimées la veille apparaissent sans fondement aux travailleurs de Cockerill-Ougrée réunis en assemblée.

Partout, dans la sidérurgie, c’est le démarrage. Les piquets circulent, le nombre de grévistes augmente, d’autant plus vite qu’on connait le démarrage de Charleroi et d’Anvers.

Aussi, le soir même du 20, des comités syndicaux croient sincèrement qu’il faut rester sur les positions prises la veille par le Comité provincial des métallurgistes. Ils appellent même les sidérurgistes à reprendre le travail.

Le 21, la grève s’étend encore. Le 22, le congrès provincial de la F.G.T.B. doit constater que la grève est quasi générale dans la région. A. Renard en tient compte et propose que le congrès décrète la grève générale pour le retrait de la loi unique qui, précise-t-il, est l’objectif de la grève.

Le gouvernement prend peur

La Chambre connait des journées peu ordinaires. La majorité parlementaire et le gouvernement sont surpris. La plupart des députés socialistes le sont aussi. Certains applaudissent lorsque Théo Dejace déploie le calicot « grève générale le 20 » qui connut le succès aux manifestations du 14 décembre à Liège. Le gouvernement se ressaisit. Mgr Van Roey a parlé, les conciles secrets de banquiers aussi. Il décide de suspendre les travaux de la Chambre jusqu’au 3 janvier.

Manifestement, le gouvernement spécule sur l’intervention de l’Église, la mise en place d’un dispositif de répression et sur l’hostilité de la majorité du Comité national de la F.G.T.B. à la grève pour avoir le mouvement à l’usure.

Du 24 décembre au 3 janvier

La réaction passe à la contre-offensive mais le mouvement grandit encore

Mgr Van Roey intervient. La radio et la télévision sont occupées en permanence par la propagande gouvernementale et « La Wallonie » et des éditions communistes sont saisies.

L’offensive du mensonge est menée parallèlement aux répressions brutales. n y a des blessés à Gand. à Anvers et un mort à Bruxelles.

A Liège, l’intervention de Mgr Van Roey provoque la digne réaction des prêtres sérésiens et la pression policière sur les piquet de cheminots et de postiers amène la participation massive de femmes. Des manifestations puissantes ont lieu dans toutes les localités importantes du bassin liégeois.

Notre Parti insiste dans ses nombreux meetings et dans ses non moins nombreuses publications pour que les activités grévistes convergent vers des manifestations plus puissantes et bien organisées pour le jour de la reprise de la discussion parlementaire. Il insiste pour que ces manifestations soient préparées par des démarches auxquelles seraient associés des travailleurs chrétiens et des personnes d’opinion libérale.

Mais il y a aussi d’autres propositions de « durcissement » de la grève, de marche sur Bruxelles, d’utilisation du mouvement pour régler un problèmes spécifiquement wallons. Il n’y a cependant pas d’assemblées interprofessionnelles de grévistes pour trancher.

C’est ainsi que le mouvement monte, vers le 3 janvier, en même temps que des énervements et des confusions qui ternissent son rayonnement.

Marche sur Bruxelles

L’idée a des adeptes. On a oublié que celle de 1950, par son échec, a permis à la réaction de se ressaisir. La poussée vers Bruxelles est d’autant plus vigoureuse que c’est à Bruxelles qu’un gréviste a été tué le vendredi 30 décembre.

Notre Parti, contrairement à « La Gauche », n’encourage pas l’idée de la marche sur Bruxelles. D’abord parce qu’il n’y a pas de direction nationale du mouvement. Celui-ci est dirigé par un comité de coordination des régionales wallonnes, alors qu’il aurait fallu y associer les organisations syndicales des travailleurs flamands et bruxellois en grève. Il y a donc risque de mauvaise préparation, ce qui aggraverait les possibilités de provocations et de violences gouvernementales.

Notre Parti suggère une journée de délégations au Parlement qui coïnciderait avec l’organisation d’une manifestation puissante de la F.G.T.B. bruxelloise. Cela éviterait les accrochages inutiles à Ans, à Tirlemont ou à Louvain et donnerait de l’élan au mouvement ouvrier bruxellois qui ressent tout le poids de la pression gouvernementale, en a plus besoin que d’autres en ce moment.

Fédéralisme ?

Un groupe d’hommes politiques, socialistes surtout, lance un appel à la révision des structures du pays. L’idée a des adepte nombreux, car Van Roey, Eyskens et Vanaudenhove, et, il faut bien le dire, Major, Spinoy et Van Acker sont Flamands. D’autant plus d’adeptes aussi qu’il y a un plan de destruction des mines wallonnes, que les bas salaires de certaines régions flamandes agissent comme un aimant sur certaines industries.

L’appel à la satisfaction de certaines revendications wallonnes n’aide pas le mouvement. Il permet des discours échevelés d’allure d’autant plus révolutionnaire que ceux qui les prononcent ont rallié le mouvement du bout des lèvres et n’y ont rien compris. Ils oublient que si Van Roey est Flamand, son domestique de la C.S.C., Dereau, est un authentique Wallon. Que Eyskens est Flamand, mais le ministre qui orchestre les campagnes de mensonges et inspire le comité de sécurité chargé de la répression est un authentique Liégeois qui s’appelle Harmel. Ils oublient que le ministre Servais exécute les ordres de M. De Staercke qui est Flamand et chef de file des patrons catholiques et que celui qui détruit les mines wallonnes est de Verviers, tout en s’appelant Van der Schueren.

Notre Parti s’attache, lui, à faire comprendre que les intérêts de la Wallonie seront d’autant mieux assurés à l’avenir que les travailleurs flamands, wallons et bruxellois resteront unis pour empêcher le vote de la loi unique. Il insiste pour qu’on n’ajoute aucun autre objectif au mouvement, Afin de ne point permettre au gouvernement de tromper le pays en présentant sa répression comme utile à la défense du pays prétendument menacé dans son unité.

Durcissement inutile

Plus on approche du 31 décembre, plus la tension s’accroit. Les violences de Bruxelles, de Gand. On demande d’agir avec efficacité.

Certains croient que les menaces verbales de marche sur Bruxelles, de sécession de la Wallonie seront prises au sérieux par le gouvernement. C’est le moment que choisit le comité de l’Union des classes moyennes de Liège, inféodé aux politiciens P .S.C. liégeois, pour sortir une affiche provocatrice. Contrairement à ce qui se passe dans la périphérie, à Seraing et Ougrée notamment, où les commerçants ont été associés démocratiquement à la grève, c’est un accord pris entre le comité de grève et le comité des classes moyennes qui a été conclu à Liège.

Les classes moyennes de la ville n’ont pas été associées à la décision prise par leur comité qui préfère prétendre qu’il a cédé sous la pression. Quelques affiches provoquent des violences contre des vitrines. Alors qu’une manifestation est organisée spontanément pour protester contre l’assassinat du gréviste bruxellois, quelques vitrines en pâtissent. Justification rêvée par quelques commissaires de police qui n’ont pu s’exercer lors des manifestations massives. Le climat est propice aux provocations recherchées par le collège libéral-catholique qui brûle d’interdire les réunions publiques « sans doute sur les conseils de M. Harmel ».

Notre Parti, qui n’a point oublié les expériences de 1950, prévient le comité de grève de Liège et, le 1er janvier, une rencontre s’improvise entre lui et une délégation du Parti. La délégation suggère que soit organisée au plus tôt une grande assemblée interprofessionnelle des grévistes dans une grande salle de la ville ; que soit organisée une assemblée des classes moyennes et qu’une délégation aille chez le bourgmestre afin de lui signifier les responsabilités qu’il encourt lorsqu’il soutient les dictateurs de l’Union des classes moyennes. Notre délégation insiste aussi pour que désormais les manifestations prévues à Liège-Ville soient bien organisées et que la police y soit faite par les grévistes eux-mêmes.

Le comité de grève de Liège aurait transmis ces propositions à la direction centrale de grève. Nous ne savons pas quel sort celui-ci leur a donné. Les grévistes liégeois non plus. Mais Buisseret a pu, à son aise, créer un climat propice aux provocations.

Le mouvement surmonte ses difficultés

Lundi 2 janvier, un programme d’activités grévistes est fixé.

L’appel pour une journée de deuil lancé par le comité de coordination des régions wallonnes est précisé. Il y aura, le mardi 3, à Liège, plusieurs manifestations puissantes. On parle moins de marche sur Bruxelles. Les outrances wallonisantes font moins de dégâts et le lundi 2, c’est une nouvelle manifestation à Liège qui se déroule nombreuse et sans incidents.

Des démarches vers des députés de la majorité deviennent plus populaires. Ceux qui y participent les trouvent plus efficaces que les menaces irréfléchies. Le rendez-vous du 3 janvier est bien pris. Le bassin liégeois va connaitre, ce jour-là, de grandioses manifestations.

Du 3 au 7 janvier

La discussion parlementaire est reprise alors qu’il y a plus de grévistes dans le pays qu’au moment de son interruption. Le 3 dans la matinée, il y a de puissantes manifestations.

Une nouvelle menace : l’abandon de l’outil

A Yvoz-Ramet, André Renard parle devant une foule énorme.

Il dit que la marche sur Bruxelles serait une erreur et déclare que l’objectif de la grève reste : la loi unique d’abord, ce qui indique que, selon lui, les problèmes particuliers de la Wallonie doivent être réglés après. Ce qu’il confirmera en termes plus nets encore le 6.

Répondant au vœu des grévistes qui veulent un programme d’action précis, Il annonce qu’il y aura, fin de semaine, une concentration à Liège pour tout le bassin liégeois.
Toutefois, André Renard ne semble pas avoir compris l’importance des démarches auprès des parlementaires P.S.C. et libéraux.

Il s’adresse pourtant aux ouvriers de Seraing où des prêtres ont condamné Van Roey et, quelques heures plus tard, il s’adressera aux ouvriers à Grivegnée, où habite le député Olieslager, connu comme démocrate-chrétien et que les travailleurs n’assimilent ni à Harmel, ni à Herbiet.

André Renard doute-t-il de pouvoir entrainer les travailleurs chrétiens dans des démarches qui, s’il en avait pris lui-même l’initiative, auraient eu de profonds échos en Flandre et à Bruxelles ? Il sait cependant que les perspectives du mouvement ouvrier dépendent de l’alliance avec les travailleurs chrétiens.

André Renard estime sans doute que les moyens exceptionnels et même les menaces sont plus efficaces que les actions politiques qui tendent à isoler la pire réaction de la masse de la population.

Il propose l’abandon de l’outil. Les travailleurs applaudissent parce qu’ils veulent porter leurs coups principaux contre le grand capitalisme qui − ils le savent bien − dicte sa politique à Eyskens.

André Renard sent aussi que l’absence de consultation nuit à la cohésion. II fait voter sur sa proposition. Il n’engage toutefois pas les comités de grèves à organiser les assemblées de consultation indispensables à l’unité du mouvement et à l’autorité de sa direction.

Les provocateurs n’ont pas de chance, Buisseret non plus

Les manifestations du 3 furent massives. Il n’y eut point d’incidents. A Liège non plus, où le collège échevinal s’était réjoui discrètement des bris de vitrines du 31.

La preuve est faite. Lorsque les manifestations sont bien organisées et suffisamment massives, l’appareil de répression est discret et tout se passe sans violence.

En effet, les provocateurs de l’appareil de répression et de « Jeune Nation » ne peuvent agir qu’à la faveur d’énervement provoqué dans les queues de manifestations ou encore la nuit.

On barbouilla de grossiers insignes communistes les presbytères des prêtres sérésiens et des pierres furent lancées dans la Maison du Peuple. Et c’est toujours la nuit que les provocateurs salirent la gare du Palais.

Le 3 fut une mauvaise journée poux les provocateurs spécialistes de l’anticommunisme, car à Seraing, drapeaux socialistes et communistes étaient mêlés et André Renard souligna l’unité des travailleurs socialistes et communistes dans le bassin liégeois.

Les journées du 4 et du 5 furent aussi de bonnes journées.

Le 4, les instituteurs liégeois résistent aux pressions indignes de leur ancien collègue, le libéral Destenay. Le 5, à la Populaire, une manifestation enthousiaste où une ovation vibrante accueillait une délégation de grévistes anversois. Magnifique réponse aux outrances des wallonisants irresponsables. Elle confirmait celle de la veille au Perron si cher aux Liégeois, quand l’« Internationale » succéda au « Chant des Wallons » pour saluer le courageux combat des travailleurs flamands.

Seul le bureau du parti d’unité wallonne dont on ignore l’attitude du conflit trouve encore le moyen de proclamer des outrances à la mesure de son isolement.

Le congrès de l’Action commune

C’est dans cette atmosphère que se réunit, le 5 au soir, le congrès de l’Action commune.

Notre Parti y fait des propositions par écrit, car ses délégués n’y sont pas toujours admis. Propositions que nous résumons comme suit : rester ferme sur le mot d’ordre « retrait de la loi unique », organisation d’une direction nationale de grève en adjoignant aux comités des régions wallonnes qui la dirigent, des représentations des grévistes flamands et bruxellois. D’autres propositions sont aussi formulées en vue de préciser les moyens de pression sur les patrons et de bien organiser la concentration du lendemain.

André Renard accueille celles qu’il admet avec ironie et juge les autres naïves. Le congrès est plutôt porté comme lui à rechercher les moyens exceptionnels.

Les menaces de sécession de la Wallonie que d’aucuns jugeaient il y a peu encore comme susceptibles d’arracher une décision, sont démodées. L’abandon de l’outil apparait comme la super-arme offerte par les syndicalistes. Le député J.-J. Merlot, pour le parti socialiste, en offre une autre en contrepartie. Il propose la démission collective des députés socialistes en guise de second front.

Nos propositions tendent à faire participer activement les masses au mouvement et à les discipliner. Elles postulent le maintien de la solidarité interprofessionnelle et la consolidation de la sympathie acquise par le mouvement parmi les masses encore influencées par les mensonges. Elles sont écoutées avec complaisance. Car elles n’apparaissent pas suffisamment révolutionnaires à l’assemblée. Le congrès se sépare dans l’euphorie suscitée par les propositions d’André Renard et de J.-J. Merlot.

La journée du 6 janvier

C’est en masse que de tous les points de la périphérie on descend vers Liège. Les travailleurs qui s’y rendent savent que leur démonstration massive sera un encouragement pour les instituteurs et les communaux liégeois qui subissent les pressions du collège réactionnaire et un encouragement pour les cheminots et les postiers courageux dont les piquets !ont l’objet chaque jour de provocations et de brimades.

Ils savent que la ville de Liège est le siège des journaux réactionnaires qui sèment la haine depuis le début du mouvement.

Concentrés sur la place Saint-Paul, ils sont fiers de leurs drapeaux rouges socialiste et communiste qui flottent au-dessus de l’école a Hanzinelle et qui dominent un rassemblement énorme.

Mais les orateurs ne sont pas suffisamment vigilants. Ils n’ont pas tenu compte que Liège est le centre des provocateurs de tout poil.

Le président, sans doute fatigué, lève le meeting en donnant des indications pour le retour. Ses paroles n’ont pu être entendues de tous. La dislocation s’avère difficile. Les manifestants qui devaient retourner en groupe vers le lieu de leur départ, peuvent difficilement se retrouver. Il y a de la confusion, les uns voulant retourner par ici, les autres par Ià. C’est alors qu’un premier accrochage a lieu, au coin de la rue Saint-Gilles, avec un commissaire qui n’a rien compris ou qui comprend trop bien. Cela provoque du désordre, de l’énervement. Les militants présents ne peuvent plus se faire entendre. C’est l’atmosphère d’émeute qui commence.

Le collège et le gouvernement ont enfin l’atmosphère de guerre civile qu’ils espèrent pour enfoncer un coin dans le flanc liégeois en mettant la ville en état de siège. Comme d’habitude, la réaction veut rejeter la responsabilité des événements sur le Parti communiste et tenter les attardés de l’anticommunisme qui subsistent encore dans les organisations de l’Action commune.

Notre Parti réagit tout de suite. Avec l’aide quelques camarades du comité de grève de Liège, il élabore un mémorandum sur le événements, que Théo Dejace portera le soir même à l’hôtel de ville.

Le parti socialiste, pressenti, préfère agir seul et ne pas s’associer à notre initiative.
Samedi matin, c’est le deuil à Liège. Buisseret triomphe. La gendarmerie se montre particulièrement courageuse pour disperser les groupes de trois.

Dimanche matin, nous tenons une conférence de presse qui rétablit les faits et démontre de manière Irréfutable à qui l’atmosphère de guerre civile profite. Même la « Libre Belgique » n’a pas soutenu la thèse des communistes fauteurs de troubles.

Du 9 au 16 janvier

Le bloc liégeois résiste

Nous voici au vingt et unième jour de grève. Le gouvernement continue à monopoliser la radio et à l’inonder de sa propagande mensongère. Le Parti communiste a demandé de pouvoir y parler. On lui refuse l’exercice de ce droit.

Depuis le début de la grève, le gouvernement a porté le poids principal de ses pressions sur Bruxelles et les Flandres. Il les accentue encore. Il est normal que, débordé, le gouvernement fonce sur les points faibles de la grève.

L’absence de direction nationale du mouvement facilite sa tâche.

Les premières rentrées sont ainsi enregistrées à Bruxelles et dans le pays flamand, alors qu’Eyskens pensait à la retraite.

Les députés doivent reprendre leurs débats le 10. Il y a beaucoup d’activités de couloir.

Le gouvernement cherche à en sortir dans les conditions qui lui soient les plus favorables, Il croit que les premiers fléchissements de la grève et l’atmosphère de guerre civile qu’il a créée lui permettront de sauver la face et de se présenter comme ayant sauvé le pays du pire.

Le mardi, à la Chambre, Achille Van Acker, qui a rallié le mouvement parce que Bruges l’y a poussé, intervient dans le débat sur la loi unique.

Partout on lui reproche de s’être proposé comme négociateur sans accord du mouvement gréviste.

A Liège, les arrêtés Buisseret encouragent la revanche des gendarmes. Les violences et les pressions s’accentuent contre les postiers, les cheminots, le personnel enseignant.

Les arrestations se multiplient, mais la « Libre Belgique », la « Gazette de Liège » et « La Meuse » prétendent que l’ordre est rétabli.

Dans la périphérie liégeoise, à part les meetings organisés par le Parti communiste, Il n’y a pas d’activités grévistes de masse.

Çà et là quelques provocations anticommunistes échouent lamentablement. A Seraing, des patrons de café se plaignent de barbouillages effectués sur leur établissement par des groupes de provocateurs. Le comité de grève de Seraing les condamne dans des termes que nous aurions voulu plus précis. Les communistes convoquent. immédiatement une réunion des patrons de calé qui stigmatisent au cours de leurs assemblées les barbouilleurs anticommunistes.

Deux congrès

Le congrès de la F.G.T.B. régionale de Liège est convoqué pour le mardi 10.
A Liège-Ville, le grignotage de la grève s’amorce. A la faveur de l’état de siège instauré par le bourgmestre et son collège P.S.C.- libéral, les instituteurs de la ville sont soumis à des pressions intolérables. Il faudrait les aider à maintenir la solidarité interprofessionnelle. Mais le congrès se séparera sans avoir pris de mesures contre le grignotage qui commence.

C’est toujours l’abandon de l’outil qui retient l’attention. A ce propos, le congrès décide que ce sont les centrales professionnelles qui auront à décider. Beaucoup de délégués n’y croient plus.

Le congrès de l’Action commune socialiste de la région liégeoise est convoqué, lui, pour le jeudi 12. Il ne prendra aucune décision pratique. Des délégués insistent − comme nous − pour qu’on accorde pleine attention aux premières fissures : les enseignants de la ville de Liège ont repris le travail la veille. Le congrès ne tient pas compte de ces remarques. Il continue à attendre les effets de la menace d’abandon de l’outil et de démission collective des mandataires socialistes. Cette décision devait, disait-on, être prise le samedi 14.

Fin de semaine

Avec le vote de la Chambre et les mauvaises décisions que le parti socialiste a prises le 14, ce sont de nouveaux coups qui sont portés à la grève et autant d’éléments qui encouragent Eyskens à s’entêter.

Les assemblées des enseignants de la banlieue, de traminots, de travailleurs des services publics, de postiers, de cheminots se succèdent, sont, néanmoins extraordinaires. Il s’y dégage une conscience exceptionnelle.

A ces réunions assistent des délégués syndicaux de la grosse métallurgie qui ont compris que Je renforcement de la solidarité interprofessionnelle est plus efficace que lu menace de l’abandon de l’outil et, que la promesse de démission en bloc des parlementaires socialistes.

Toutes ces assemblées votent pour la continuation de la grève.

Toutefois, ces efforts sont anéantis par les responsables syndicaux affolés des tramways et des postiers de la ville. Ceux-ci contreviennent à la décision de leur assemblée, invitent – et font même pression sur leurs affiliés – pour qu’ils reprennent le travail le lundi. Et c’est ainsi que, le lundi 16, le bloc liégeois connait ses premières fissures sérieuses.

L’action du Parti communiste

Notre Parti a aussi effectué des démarches en vue de faire lever les interdictions. Il s’efforce. d’obtenir des salles, mais les pressions sur les propriétaires sont plus fortes.

Une délégation se rend au comité de grève de la ville. Ce dernier ne veut pas comprendre que l’impossibilité pour notre Parti de pouvoir s’exprimer encourage la répression contre le mouvement de grève.

Ses efforts portent aussi sur le maintien de la cohésion interprofessionnelle et pour que l’entraide entre les différents comités de grève devienne effective. Nous insistons aussi dans les meetings que nous tenons dans la périphérie, dans nos publications, pour que les incartades de Van Acker et les désillusions provoquées par les menaces non exécutées et l’attitude du P.S.B. n’aient d’incidence ni sur le moral, ni sur l’unité des grévistes et n’atteignent pas l’autorité des organisations ouvrières.

Nous lançons le mot d’ordre « dissolution ». Après le vote indigne de la Chambre, nous lançons le mot d’ordre de dissolution.

Toutes ces idées font l’objet de propositions qui ne peuvent être discutées démocratiquement, car il n’y a toujours pas d’assemblées interprofessionnelles de grévistes. Seuls les secteurs de la C.G.S.P. tiennent des assemblées d’information où l’on ne discute pas.

Notre Parti étonne ceux qui ne nous connaissent que par le déformations de la propagande anticommuniste. Y compris la masse des militants socialistes qui, au congrès de l’Action commune, furent impressionnés par la prise de position claire et énergique de syndicalistes parlant comme communistes.

De mauvaises reprises

Dimanche 15, la radio annonçait la requête au Roi du groupe des mandataires socialistes et des militants syndicaux. Requête qui formulait toute une série de propositions en vue de négociations. Dans la matinée du 16, la fédération de notre Parti l’apprend de la manière suivante :

« La déclaration laisse supposer qu’on va parler, mais tous les objectifs de grève n’y sont pas repris, car la déclaration accepte six milliards d’impôts indirects qui pourraient être trouvés en prélevant sur les super-bénéfices capitalistes ou les dépenses militaires ».

Nous disons aussi que la déclaration, qui survient après la réunion des mandataires wallons à Saint-Servais, ne souffle mot de la protection nécessaire des charbonnages wallons menacés de fermeture et nous concluons par ces termes . « Puisqu’on va négocier tes mots d’ordre sont : maintien de la grève, réussite des manifestations prévues, consultation générale des grévistes en vue du congrès de la F.G.T.B. de mercredi. Car c’est quand on négocie qu’on doit être le plus fort ».

La déclaration du P.S.B., comme celle de Saint-Servais, ne provoque guère de commentaires. Le lundi 16, ce- qui domine, c’est la rentrée des tramwaymen et des postiers de la ville. Rentrée de mauvais gré et sous pression.

La « Wallonie » du matin annonce deux décisions importantes ; une déclaration appelant enfin à la discipline interprofessionnelle et l’annonce de grandes manifestations de grévistes à Grivegnée, Ougrée et Wandre.

Le rappel à la discipline interprofessionnelle n’a pourtant point d’effet. Le comité de grève n’a pas la force de la faire appliquer parce que les assemblées ouvrières sur lesquelles nous insistions dès avant le déclenchement du conflit ne sont toujours pas organisées.

Nouveau deuil

Les grévistes de la région de Chênée qui vont au rassemblement sont surpris désagréablement à la vue des tramways qui circulent, alors que la dernière assemblée des traminots en avait décidé autrement.

Renard parle, Il commente surtout la déclaration P.S.B. F.G.T.B. Il n’insiste plus sur l’abandon de l’outil, ni sur la démission des députés, mais sur la nécessité de l’union. La foule se disperse. Un trolley stationne ostensiblement, là où il ne devrait pas être. C’est alors la fusillade à froid dont on connait l’effroyable résultat.

Les décisions prématurées du comité des tramwaymen, en l’absence de consultation régulière des grévistes ont été mises à profit par les tueurs au service d’un gouvernement affolé. Le deuil frappait une nouvelle fois la région, mais l’expérience allait démontrer à nouveau que la terreur ne payait pas.

Du 17 au 23 janvier

Le 17 au matin est marqué par un événement qui fera date.

Les cheminots liégeois, qui ne peuvent plus tenir leur grève, décident de suivre l’exemple de leurs compagnons de Tournai. Ils reprennent le travail en bloc, musique en tête, drapeaux flottants, magnifique exemple de cohésion des cheminots qui décident de continuer la lutte en proposant de soutenir tout de suite financièrement ceux qui continueront la grève.

Tous les regards sont maintenant portés sur la « Division de Fer » qui, elle, reste un bloc inébranlable.

Les autres secteurs envisagent de se regrouper comme les cheminots. Tous attendent le congrès du mercredi.

Ce mardi aussi, ce sont des rassemblements extraordinaires à Ougrée et à Wandre. Les métallurgistes de la région d’Ougrée et de Seraing qui ont conscience de ce que leur grève touche le cœur même du grand capital, celui que l’on menaçait il y a peu d’abandon de l’outil, sont fermés.

Aux rassemblements de Wandre et d’Ougrée, on apprend que Woussem est décédé. Des propositions sont faites à Wandre pour l’organisation de funérailles dignes du sacrifice du valeureux Ohênéen. Les comités syndicaux ne montrent aucun empressement à accepter et le mercredi matin, alors que le congrès de la F.G.T.B. se : réunit le soir, un article regrettable parait dans la « Wallonie » qui conseille de s’abstenir de funérailles massives. Dans la journée du mercredi, pourtant, c’est une volonté unanime qui exige qu’on se rende à Chênée comme à Grâce-Berleur en 1950.

Une affiche de deuil est proposée au comité de grève de Seraing par un de nos camarades. Le comité de grève hésite. Il n’y a pas de temps à perdre et l’affiche est éditée par nos soins.

Le soir, un congrès de la F.G.T.B. est réuni. C’est un congrès soucieux. Il y a beaucoup de déception. On envisage la consultation des grévistes avant la réunion du comité de coordination des régionales de Wallonie qui se réunira samedi, Il faut un programme d’ici samedi. Tous les délégués qui montent à la tribune proposent, contrairement à ce que la « Wallonie » suggère, des funérailles de masse pour Jo Woussem, le vendredi.

Les métallurgistes se déclarent disposés à continuer le combat.

Les autres, reprenant les propositions des cheminots, assurent qu’ils organiseront un vaste mouvement de solidarité.

L’ensemble du congrès a conscience que le dernier quart d’heure sera gagné si l’unité des travailleurs est préservée entre grévistes et ceux qui ne peuvent plus résister. Renard conclut. Il accepte des délégations aux funérailles de Jo Woussem. Il invite au soutien des décisions du comité de coordination des régionales de Wallonie qui se réunira le samedi. Il refuse la consultation préalable des grévistes.

Après le congrès de mercredi, il y a encore quelques reprises le jeudi et le vendredi, mais c’est une masse énorme qui se réunit pour saluer la dépouille de Jo Woussem.

L’unité des travailleurs n’est pas entamée. Les traminots de Seraing ont décidé de maintenir leur grève. Puis c’est le congrès des métallurgistes du samedi.

Des pétitions ont circulé pour un référendum dans la métallurgie. Le congrès doit statuer sur le référendum. La proposition n’est pas reprise, car, entre-temps, les premières indications de Charleroi sont parvenues. Renard parle beaucoup des propositions d’amélioration des structures syndicales. Le congrès n’y prête pas d’attention particulière car tous pensent à la rentrée décidée pour le lundi.

Pendant toute cette période, le Parti a fait preuve d’une activité particulièrement réfléchie, notamment par l’organisation de nombreuses publications. Jusqu’au lundi 16, tous les efforts ont tendu à assurer le regroupement de la grève, puis, dès le mardi, son attention est portée au regroupement de tous autour du « Bataillon de Fer » et pour l’unité des rentrées. Après la fusillade de Chênée et lors des deux manifestations puissantes d’Ougrée et de Seraing des tracts distribués massivement invitent à la réflexion, à la cohésion et à la discipline du mouvement.

Nos lecteurs ont encore fraiche à la mémoire la reprise effectuée dans l’ordre et l’unité. Jamais Eyskens n’aurait cru cela. La reprise lui a donné le coup de grâce parce qu’elle n’a point entamé l’unité des travailleurs.


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