On appelle classes, de vastes groupes d’hommes, qui se distinguent par la place qu’ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leurs rapports (la plupart du temps fixés et consacrés par la loi) aux moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail, et donc, par les moyens a obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, par suite de la différence de la place qu’ils tiennent dans un régime déterminé de l’économie sociale.
(Lénine)
« Par bourgeoisie, nous entendons la classe des capitalistes modernes, propriétaires de moyens de production et exploitant le travail salarié. Par prolétariat, nous entendons la classe des travailleurs modernes qui, n’ayant aucun moyen de production, sont obligés de vendre leur travail pour pouvoir vivre.»
(Note d’Engels à l’édition anglaise du « Manifeste du Parti Communiste » – 1888)
Le militant révolutionnaire se doit de connaître la composition sociale de son pays, connaissance nécessaire à la détermination d’une ligne politique correcte, notamment quant aux possibilités d’alliances de la classe ouvrière avec d’autres couches de la population et quant à leur importance, et aussi afin d’orienter au mieux ses activités politiques d’agitation, de propagande et d’organisation.
Les opportunistes de tous genres, réformistes, social-démocrates, chrétiens et révisionnistes, s’ingénient à donner une vision fausse de la structure et de la composition sociales de notre pays.
Certains d’entre eux prétendent que la classe ouvrière serait en voie de disparition pour être progressivement remplacée par ce qu’ils appellent les « classes moyennes ».
En ce qui concerne les couches intermédiaires – se situant entre la classe ouvrière et la grande bourgeoisie – ils veulent ignorer les profondes différenciations sociales qui existent parmi elles.
Certains encore, à l’opposé de vouloir élever le niveau politique des couches laborieuses non prolétariennes au niveau de la conscience de l’alliance avec la classe ouvrière et sous sa direction − sur les positions du prolétariat − s’agitent pour propager les conceptions petites-bourgeoises.
D’autres bavardant sur « le peuple tout entier » ou encore sur un prétendu « contrôle populaire » − ou « ouvrier » − dans le cadre du régime capitaliste et de son Etat bourgeois, identifient, plus ou moins ouvertement, plus ou moins explicitement − et mensongèrement − les intérêts des exploiteurs et des exploités.
Parmi ces réformistes, il y a ceux qui entendent servir plus spécifiquement les intérêts de la technocratie et de la bureaucratie d’Etat bourgeois, et présentent le développement du capitalisme monopoliste d’Etat comme étant prétendument du socialisme.
Ce sont là autant de thèmes de propagande visant à s’opposer aux luttes de la classe ouvrière, des masses laborieuses, visant à pratiquer la collaboration de classes.
En fait, les gauchistes − des trotskistes aux néo-révisionnistes − tout en parlant, eux, de la lutte de classes, rejoignent quant au fond et dans la pratique les réformistes de droite, Car ces gauchistes tentent, eux aussi, en réalité, de nier les différenciations de classes qui pourtant existent objectivement, Il en va ainsi notamment lorsqu’ils parlent des « masses » non autrement précisées. Chez eux il y a implicitement une attitude, voire une haine anti-prolétarienne qu’un Marcuse a théorisée en niant le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière et, à plus forte raison, son rôle nécessairement dirigeant dans la révolution.
Ces conceptions révisionnistes gauchistes prennent quelquefois la forme de négation de la possibilité des alliances de la classe ouvrière avec des couches non prolétariennes de la population laborieuse.
C’est notamment pour démystifier toutes ces conceptions fausses que cette étude des classes sociales en Belgique est nécessaire comme partie intégrante de la lutte sur le front idéologique, théorique.
Et n’oublions pas qu’elle doit servir aux militants révolutionnaires, à leur Parti et à leurs organisations, non seulement dans les luttes quotidiennes contre les attaques du capital, mais aussi en ayant en vue la réalisation du but final, la révolution socialiste réalisant les conditions qui permettront d’accéder au communisme.
Rappelons les paroles de Lénine :
« L’essentiel, dans la doctrine de Marx, c’est la lutte des classes. C’est ce qu’on dit et c’est ce qu’on écrit très souvent. Mais c’est inexact. Et, de cette inexactitude, résultent couramment des déformations opportunistes du marxisme, des falsifications tendant à le rendre acceptable pour la bourgeoisie. Car la doctrine de la lutte des classes a été créée non par Marx mais par la bourgeoisie avant Marx ; et elle est, d’une façon générale, acceptable pour la bourgeoisie. Quiconque reconnait uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste ; il peut se faire qu’il ne sorte pas encore du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste oui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. C’est ce qui distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi du grand) bourgeois. C’est avec cette pierre de touche qu’il faut éprouver la compréhension et la reconnaissance effective du marxisme. »
Nous allons notamment nous baser sur des statistiques officielle, quoique celles-ci soient dans certains de leurs aspects, sujettes à caution, Elles donnent néanmoins une approximation suffisante pour se faire une idée relativement proche de la réalité, de l’importance de certaines classes et couches sociales en Belgique.
Parmi les chiffres repris dans l’exposé, certains ne concordent pas parfaitement entre eux ; ceci provient de ce que nous avons repris nos données, de statistiques provenant d’organismes divers qui ne définissent pas toujours de la même façon les différentes catégories, ou encore qui ont pris des dates de référence autres (quoique suffisamment proches pour que nous puissions dire qu’il ne peut en résulter de grandes dissimilitudes. Ici encore, nous pouvons dire que nous serrons quand même la réalité d’assez près.
Nous avons été obligés aussi de reprendre dans certains cas tels quels les chiffres donnés pour certaines catégories définies selon les conceptions bourgeoise, ceci afin de pouvoir faire usage des données qu’ils fournissent. Nous avons bien entendu chaque fois qu’il en a été ainsi, apporté dans la mesure du possible, les explications nécessaires conformes à nos conceptions scientifiques marxistes-léninistes.
Nous considérons que cette étude constitue un instrument de travail utile à l’activité des militants et des organisations populaires et du Parti qui seront amenés, grâce à. leur pratique et à leurs investigations, à l’améliorer, à le compléter, à en rectifier certaines insuffisances, voire éventuellement à en corriger certaines erreurs d’appréciation toujours possibles.
Nous n’avons pas voulu nous contenter de donner les conclusions de cette étude et nous avons préféré en apporter les preuves en exposant explicitement les données numériques de base, les résonnements suivis et les interprétations données : dans une certaine mesure, ce procédé alourdit quelque peu le texte, mais par contre il en préserve le caractère rigoureux de démonstration complète. C’est un autre aspect de l’activité politique de se servir des conclusions ainsi trouvées afin d’en tirer des arguments pour le travail d’agitation.
La population active de la Belgique est de 3.812.777 personnes (au 30 juin 1967 – Statistiques du Ministère de l’Emploi et du Travail), sur une population totale de 9.556.380 habitants (au 31 décembre 1966 − Institut National de Statistiques − I.N.S.), soit approximativement 40%.
Remarquons que ces statistiques ne comptent pas comme personnes actives les ménagères femmes des travailleurs, que les carences d’équipements sociaux obligent à consacrer leur temps, leur travail, souvent dans de mauvaises conditions, aux besognes nécessitées par les besoins de la famille, mais donc en dehors de la sphère de production de biens matériels proprement dite.
D’autre part, ces statistiques n’incluent évidemment pas les « travailleurs non déclarés », généralement pour des raisons fiscales, sur exigence de leur employeur : cette remarque est valable pour la suite des chiffres cités qui sous-estiment donc de ce fait aussi le nombre de travailleurs ; mais il s’agit cependant d’un phénomène marginal relativement peu important et qui ne peut modifier profondément les données étudiées.
La population active masculine est de 2.629.974 soit environ 56% de la population masculine totale. La population active féminine est de 1.182.803 constituant environ 24% de la population féminine totale.
Par rapport à 1950, le nombre de femmes dans la population active a augmenté de 125.201, soit environ de 11,8%, contre une augmentation de 19.988 unités pour les hommes (alors que dans la même période de 1950 à 1966, le nombre de militaires de carrière a augmenté de 28,474 unités).
A titre d’indication, il faut rappeler que sur l’ensemble de la population féminine, il y a 1.014.149, soit 20,82% de femmes ayant plus de 60 ans, et sur l’ensemble de la population masculine, il y a 511.039 hommes, soit 10,91% ayant plus de 65 ans.
D’autre part, le nombre total d’enfants non encore en âge d’école et de jeunes à l’étude (enseignement ,primaire, secondaire, du 3ème niveau et de l’enseignement artistique) est environ de 2.641.787, soit 27,64% de la population totale.
En déduisant 102.306, chiffre des forces armées (miliciens et militaires de carrière) de la population active totale, l’on arrive au chiffre de 3.710.471 pour la population active civile.
Le nombre d’ouvriers occupés, recensés comme tels (ressortissant au 30 juin 66 à l’O.N.S.S -, ainsi que les mineurs ressortissant au F.N.R.O.M. et les marins ressortissant à l’O.S.S.M.M.) est de 1.558.759 soit environ 42% de la population active civile, et en augmentation d’environ 129.000 unités par rapport à. 1950.
Parmi ces ouvriers, il y a 355.827 femmes, soit 22,8% du total des ouvriers, ou encore presque. 13% des femmes entre 15 et 60 ans (2.739.341 femmes).
Au nombre des ouvriers, il y a lieu d’ajouter celui des 67.252 « demandeurs d’emploi » (chômeurs complets) à la même date du 30 juin 66, soit 1,8% de la population civile active (parmi ces chômeurs complets se trouvent 49.012 hommes et 18.240 femmes.
Notons encore 58.175 frontaliers, et 1.306 « stagiaires en formation professionnelle ».
Le nombre d’employés ressortissant à l’O.N.S.S recensés comme tels, est de 627.165 soit 16,9% de la population active. Il y a 235.125 femmes, soit 37,6% du total ou encore 8,6% des femmes entre 15 et 60 ans.
Dans le secteur public (Etat, Provinces et Communes), les parastataux et l’enseignement, l’on trouve 583.758 personnes rétribuées, chiffre dont nous soustrayons 57.460 militaires de carrière, ce qui donne 526.298 salariés et appointés, soit 14,2% de la population active civile. Dans ce secteur, il y a 157.784 femmes, soit 30% du total, ou encore 5,76% des femmes entre 15 et 60 ans.
Remarquons, pour être complets et précis, que dans les chiffres susmentionnés ne sont pas compris :
– les religieux (54.849 en Belgique, soit environ 1,48% de la population civile active, dont 35.688 femmes et 19.161 hommes ; et 8.270 religieux belges à l’étranger − dont 4.000 femmes et 4.270 hommes) parmi lesquels un certain nombre sont occupés dans l’enseignement (17.060) ou dans d’autres activités (infirmières par exemple) ;
– le personnel dit de « secteur public à caractère international », à savoir le personnel civil des bases étrangères en Belgique, le personnel des ambassades et organismes internationaux en Belgique, le personnel belge à l’étranger dans les organismes internationaux, et le personnel de la prétendue « assistance technique belge à l’étranger », qui totalisent 13.778 unités (dont 3.793 femmes, soit environ 0,37% de la population civile active.
En Belgique, le nombre total les salariés et appointés y habitant est donc de 2.838.955 (dans ce chiffre sont compris les chômeurs complets, les frontaliers, les « stagiaires en formation professionnelle », défalcation faite du nombre des militaires de carrière, de religieux et du « personne du secteur public à caractère international ».
Ainsi les salariés et appointés habitant en Belgique représentent 76,5% de la population civile active (contre 67,7% en 1953).
Ce chiffre des salariés et appointés ne comprend pas les aidants familiaux (non-salariés ni appointés) des petites exploitations dans l’agriculture, l’artisanat et le commerce.
Signalons que l’on. obtient des chiffres statistiques légèrement différents , selon la source à laquelle on se réfère, Ceci provient essentiellement de critères différents dans le champ d’application de la statistique (provenant notamment de la complexité de la législation dite « sociale »), ainsi que du fait que les relevés ne sont pas nécessairement effectués exactement à la même date. C’est ainsi que le chiffre total de salariés et appointés des différentes catégories relevées par nous, serait, d’après une statistique émanant du Ministère de l’Emploi et du Travail, inférieur de 10.000 environ au chiffre cité par nous.
La classe ouvrière, les « employés de la couche moyenne et de la couche supérieure », cadres dirigeants des grandes entreprises.
Le chiffre de 1.558.759 représentant 42% de la population active civile, donné plus haut et repris des statistiques de l’O.N.S.S., sans contestation possible, concerne des ouvriers, et compte tenu du caractère de la catégorie reprise dans cette statistique, il représente même quasi exclusivement des ouvriers manuels, exécutant un travail physique, Il donne une première idée de l’importance numérique de la classe ouvrière en Belgique.
Mais en réalité, il faut ajouter à ce chiffre un nombre (difficile à préciser) de travailleurs qui sont incontestablement des ouvriers et dont une partie exécute même un travail physique, et repris dans les statistiques officielles sous d’autres catégories ; il s’agit notamment :
– d’ouvriers de l’industrie qui sont embauchés sous le « régime employé » et qui dans les statistiques officielles sont repris sous ce vocable sans tenir compte de la réalité ;
– de certains travailleurs des services publics (de l’Etat, des Provinces et des Communes) et les parastataux (citons â titre d’exemple des ouvriers du Ministère des Travaux Publics, les ouvriers des Postes et de la régie des Télégraphes et des Téléphones, les ouvriers des services communaux d’enlèvement des immondices, etc. ; politiquement rappelons que les ouvriers communaux furent parmi les premiers à entrer dans la grande grève de décembre 60-janvier 61).
Poussons plus loin l’analyse.
Le temps est loin où l’ensemble des employés était considéré comme constituant les « cadres » de l’entreprise et formait une couche relativement privilégiée par rapport à la classe ouvrière.
Actuellement, il y a lieu de considérer que parmi les employés il y a une différenciation sociale qui s’est opérée conduisant à la classification ci-dessous :
1) « Employés de la couche inférieure ».
Ils ne sont pas mieux rétribués que la plupart des ouvriers (nombre d’entre eux gagnent même moins que le salaire moyen ouvrier). Leur travail est nécessaire A la formation du profit capitaliste ; il est souvent et même la plupart du temps, directement lié au processus de production dans le cadre de la division capitaliste du travail. Ils ne bénéficient aucunement d’une partie de la plus-value et ne sont pas privilégiés.
Ces « employés de la couche inférieure » font partie de la classe ouvrière.
2) « Employés de la couche moyenne ».
Ils constituent les « cadres », inférieurs et moyens des entreprises.
Ils bénéficient encore d’une situation plus ou moins privilégiée − notamment en matière de rétributions − ne résultant pas uniquement d’une qualification supérieure à la moyenne.
Cette couche a donc un caractère double. D’une part le travail de cette catégorie d’employés contribue généralement à produire de la plus-value (et est même souvent directement lié au processus de production), mais d’autre part ils recueillent une partie de la plus-value, minime cependant. Cette situation plus ou moins privilégiée résulte de causes économiques (notamment par suite du caractère réactionnaire, de « non-démocratisation » de l’enseignement actuel faisant des études un « investissement » personnel par suite de leur cout), ainsi que de causes sociales et politiques (le patronat essaie de se les attacher comme « commis » non pas seulement pour ses besoins de maitrise technique, mais aussi comme instruments d’un appareil de contrôle et d’oppression des masses).
C’est pourquoi nous devons considérer cette catégorie comme une couche petite-bourgeoise.
Remarquons qu’actuellement se produit un processus de prolétarisation de cette couche.
C’est une couche intermédiaire qui peut constituer une alliée de la classe ouvrière.
3) « Employés de la couche supérieure », ou cadres supérieurs, mais non dirigeants, des grandes entreprises. Cette catégorie que l’on peut qualifier de technocratique, peut être considérée comme moyenne bourgeoisie et peut éventuellement, dans certaines circonstances, être neutralisée.
4) Cadres dirigeants des grandes entreprises (ne faisant pas partie des « grandes familles » du capital financier).
Leur position de capital, les mille « grandes familles » situation fortement « fondés de pouvoir » du grand liens qui les relient â ces du capital financier, leur privilégiée, notamment en matière de revenus, le fait aussi ils s’approprient une partie de la plus-value résultant de l’exploitation de la classe ouvrière, les classe dans la grande bourgeoisie. En tant que couche sociale, elle est et restera ennemie du prolétariat.
Il y a lieu aussi de définir à quelles catégories sociales appartiennent les travailleurs salaries et appointés de la sphère des échanges et de la distribution.
Certains auteurs se disant marxistes prétendent qu’aucun travailleur des entreprises de cette sphère ne pourrait faire partie de la classe ouvrière, puisque le commerce n’ajouterait pas de plus-value li la marchandise.
En réalité, vouloir « exclure » de la classe ouvrière tout travailleur salarié ou appointé de cette sphère résulte d’une conception fausse, d’une interprétation totalement erronée du marxisme, anti-marxiste en fait, et conduisant à des conclusions absurdes. Dans quelle catégorie, autre que la classe ouvrière, ces auteurs prétendent-ils donc classer par exemple les manœuvres, manutentionnaires, magasiniers, électriciens, plombiers, ouvriers d’entretien, salariés des moyennes et grandes entreprises commerciales ?
Disons d’abord que pour Marx, et à juste titre, les transports, emballages, étiquetages, échantillonnages, stockages, etc.. nécessaires à faire passer par exemple la marchandise de l’usine au consommateur, sont considérés comme faisant partie de la sphère de production et ajoutent une plus-value aux produits, Tous les salariés effectuant un travail physique, ainsi que, comme nous l’avons expliqué plus haut, les « employé s de la couche inférieure », occupés en relation avec ces travaux, font donc partie de la classe ouvrière.
L’acte de vente, lui, n’ajoute aucune plus-value à la marchandise, Est-ce à dire cependant que les appointés et salariés dont l’activité est liée directement à l’acte de vente devraient être exclus à priori de la classe ouvrière ? Non certes. Car ces salariés et appointés produisent un profit pour le capital commercial (sans cependant inclure de la plus-value dans les marchandises finalement vendues : le mécanisme de la formation du taux moyen du profit répartit en fait la plus-value réalisée dans la production des biens matériels par l’exploitation de la classe ouvrière, en tenant compte de l’existence à la fois du capital industriel, du capital commercial et du capital bancaire, fusionnés toujours plus fréquemment dans le capital financier, ceci étant un des phénomènes propres à l’impérialisme).
A l’époque de Marx, le salarié du commerce (qui ne comprenait alors pratiquement pas de grosses entreprises) était généralement un « commis » (un seul ou tout au plus quelques-uns par magasin) dont Marx pouvait dire :
« Il entre dans la, catégorie des salariés mieux payés, de ceux dont le travail qualifié est au-dessus du travail moyen. »
Mais, comme pour les autres travailleurs,
« à mesure que se développe la production capitaliste, leur force de travail (le prix payé pour leur force de travail) subit une dépréciation ».
A l’heure actuelle, tout au moins dans les moyennes et grosses entreprises commerciales, la rétribution des centaines, voire des milliers de salariés qui sont occupés dans chacune d’entre elles, n’est certes pas plus élevée que dans la sphère de production et elle est même souvent moins élevée.
Par conséquent, nous devons considérer que les salariés et « employés de la couche inférieure », qu’ils soient occupés dans la sphère de production ou dans la sphère commerciale, appartiennent à la classe ouvrière.
Voyons maintenant comment nous pourrions chiffrer l’importance de cette couche d’« employés de la couche inférieure » de la sphère de production, d’échange et de distribution.
Nous ne pouvons, en première approximation, mais qui nous parait serrer la réalité suffisamment près, que nous baser sur l’importance des revenus des différentes. couches d’employés par rapport au revenu moyen du salarié (généralement ouvrier manuel).
Ici forcément intervient une appréciation subjective : à partir de quel taux d’appointement l’employé ne fait-il plus partie de la « couche inférieure » ?
Nous croyons donner une appréciation sociale, politique, de classe, généralement correcte en prenant comme limite supérieure de l’appointement de l’« employé de la couche inférieure », le salaire moyen de l’ouvrier tel que défini dans les statistiques de l’O.N.S.S.(rapport annuel 1966), augmenté de 50%.
Ce salaire moyen (brut) du salarié serait de 9.135 Frs. par mois.
En y ajoutant 50% nous obtenons le chiffre de 13.602,50 Frs. Afin de simplifier et de pouvoir faire coïncider le montant ainsi trouvé avec la limite d’une des catégories d’appointements des statistiques de l’O.N.S.S. nous allons l’arrondir à la somme de 14.000 Frs.
Certes, cette définition comporte une part d’arbitraire et pourrait être rectifiée en tenant compte d’autres facteurs tels que par exemple la qualification réelle de certains employés, les revenus des ménages (personnes à charge d’une part, addition éventuelle de plusieurs revenus par ménage d’autre part).
Nous pensons que la méthode utilisée plus haut nous permet néanmoins de répondre à la question posée avec une approximation suffisante et que toute autre méthode ne donnerait pas de résultats très différents.
Remarquons que les appointements (ainsi que les salaires) dont nous parlons sont des revenus bruts dont il faut défalquer les différentes retenues (sécurité sociale, taxes et impôts) pour calculer le revenu net.
Ainsi donc, nous considérons que les « employés de la couche inférieure », faisant partie de la classe ouvrière, sont ceux qui gagnent moins de 14.001 francs bruts par mois.
Répondent à cette condition. 71,13 % des employés (57,07 % pour les hommes employés et 94,48 % pour les femmes employées), qui constituent donc la catégorie des « employés de la couche inférieure » et font donc partie, selon nous, de la classe ouvrière.
Tandis que les 28,87 % restants représentent les employés faisant partie de la petite, moyenne et grande bourgeoisie (42,93% pour les hommes et 5,52% pour les femmes).
Rien qu’en ajoutant cette catégorie d’« employés de la couche inférieure » (groupant 12% environ de la population active civile) aux 42% de la population active civile constitués par les ouvriers recensés comme tels dans les statistiques de l’O.N.S.S., nous arrivons à un total de 54% de la population active civile, ce qui démontre qu’en Belgique la classe ouvrière constitue la majorité de la population active civile.
Et encore faut-il ajouter à ce chiffre, celui des chômeurs complets − 1,8% de la population active civile − qui sont quasi exclusivement des ouvriers manuels et des « employés de la couche inférieure », ainsi que les frontaliers − 1,57% de la population active civile − , et les stagiaires en formation professionnelle (0,03% de la population active civile).
N’oublions pas non plus que les pensionnés (invalides et de vieillesse), précédemment ouvriers manuels ou « employés de la couche inférieures » occupés dans les sphères de production et d’échange, doivent être considérés , politiquement, comme faisant partie de la classe ouvrière.
La classe ouvrière est donc en Belgique, non seulement comme partout ailleurs, la classe révolutionnaire la plus conséquente, « révolutionnaire jusqu’au bout », celle autour et sous la direction de laquelle se placent les masses populaires non prolétariennes pour pouvoir mener le combat victorieux contre l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme, elle représente aussi, dans notre pays, la force la plus nombreuse de ce combat populaire ; elle sera d’emblée la force la plus nombreuse de la révolution.
Mais ceci ne signifie pas qu’il faille négliger toute alliance possible, la conscience du prolétariat s’élevant notamment en fonction de son rôle d’organisateur de la lutte la plus large contre toute forme d’exploitation et d’oppression.
D’autre part, comme nous l’avons déjà fait remarquer plus haut, certaines couches d’appointés de l’État, des Provinces, des Communes et des parastataux, travailleurs manuels ou « employés de la couche inférieure » peuvent être considérés comme faisant partie de la classe ouvrière.
Faisons néanmoins remarquer que doivent de toute façon en être bien entendu exclus, quelle que soit l’importance de leurs appointements, parce que faisant partie des ennemis de la classe ouvrière, le personnel policier constituant les « groupes d’hommes armés » de l’appareil répressif bourgeois (nous avons déjà exclu les effectifs de la gendarmerie et des militaires de carrière de l’armée dans le calcul de la population active civile), celui de l’appareil de la justice de classe bourgeoise, ainsi que les stipendiés de l’appareil de propagande bourgeois (journalistes et idéologues bourgeois, membre des appareils rétribués des partis et autres organisations constituant des soutiens politiques de la bourgeoisie).
Tout au plus peut-on envisager que dans certaines circonstances dues à l’exacerbation des contradictions inter-capitalistes et des contradictions entre ces serviteurs de la bourgeoisie, une partie de ceux-ci pourrait être neutralisée ou même éventuellement, dans des circonstances exceptionnelles, constituer un allié indirect de la classe ouvrière.
Couches d’ouvriers embourgeoisés ou de « l’aristocratie ouvrière ».
Tentons aussi de chiffrer l’importance de la couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière », couche constituant le canal social par où pénètrent dans la classe ouvrière les conceptions du réformisme, le soutien social, politique du grand capital.
Quoique les privilèges dont bénéficie cette couche ne se mesurent pas uniquement en montant de revenus, et peuvent consister en d’autres avantages (travail plus léger, facilités diverses), à défaut de moyens, actuellement, de pousser plus avant nos investigations, nous nous en tiendrons au critère du revenu en nous référant à ce qui a été dit à propos des « employés de la couche inférieure ».
Nous considérerons donc que font partie de la couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière », ces salariés repris dans les statistiques de l’O.N.S.S. à la rubrique « ouvriers », dont la rémunération dépasse 14.000 Frs. par mois, et qui constituent pour le 2ème trimestre de 1966 : 2,57% du total des ouvriers (pour les hommes 3,37% et pour les femmes 0,06%).
Il est intéressant d’examiner l’évolution, au cours des dernières années, de la proportion de cette couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« ouvrière », ainsi que des couches d’employés que nous avons définis comme faisant partie de la petite, moyenne et grande bourgeoisie.
En 1958, le nombre d’ouvriers hommes, recensés comme tels, dont le salaire dépassait 7.500 Frs. par mois,(c’est-à-dire dépassait de plus de 50% le salaire moyen ouvrier à ce moment) représentait 11,86% du total des ouvriers hommes (le nombre de femmes dans ce cas était infime : 0,6% du nombre total d’ouvrières). Ce chiffre tombe huit ans après, en 1966, à 3,37% d’ouvriers hommes gagnant plus de 50% en sus du salaire moyen ouvrier de cette année, c’est-à-dire plus de 14.000Frs. par mois (le nombre d’ouvrières ce cas étant encore plus faible qu’en 1958 : 0,06%).
Le nombre d’employés hommes gagnant en 1958 plus de 7.500 Frs, par mois (appointements dépassant de plus de 50% le salaire moyen ouvrier de cette année) représentait 62,22% du nombre total d’employés hommes, et ce chiffre tombe à 42,93% en 1968 (employés hommes gagnant plus de 14.000 Frs. par mois) ; pour les femmes, ce chiffre tombe de 14,53% en 1958 à 5,52% en 1966.
Ainsi se confirme le fait de l’effritement, de la diminution numérique relative de la couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière », ainsi que de celle des employés pouvant être considérés comme privilégiés, de ces couches qui constituent la base sociale de l’opportunisme, du révisionnisme, du réformisme sous toutes ses formes.
Les couches les plus discriminées.
Dans la classe ouvrière se trouvent des couches discriminées de différentes façons, et notamment en matière de salaires ; il s’agit des jeunes travailleurs de la plupart des ouvrières, de beaucoup d’employées et d’un grand nombre de travailleurs immigrés.
En ce qui concerne ces derniers, l’on dénombrait en Belgique en 1966 environ 656.000 personnes de nationalité étrangère (soit 6,9% de la population totale), Ce chiffre comprend certes des occupants, yankees ou autres, et les technocrates « européens », qui cependant n’en constituent qu’une petite minorité.
La plupart des immigrés sont des travailleurs et leurs familles. C’est ainsi qu’au 30 juin 1967, il y avait (Bulletin Statistique n°3 de 1968 de l’I.N.S.) 157.968 travailleurs immigrés recensés comme ouvriers (dont 28.377 femmes), soit environ 10,4% du nombre total d’ouvriers recensés comme tels au 30 juin 67 par l’O.N.S.S.
L’on dénombre également parmi les immigrés 23.587 employés (dont 8.004 femmes).
Le nombre total de travailleurs étrangers se répartit en 68.159 Italiens, 25.678 Espagnols, 14.784 Français, 13.453 Néerlandais, 13.367 Marocains, 7.266 Turcs, 6.403 Grecs et 32.445 de diverses autres nationalités.
77.228 sont occupés dans les industries manufacturières, 32.222 dans les industries extractives (mines et carrières), 22.394 dans la construction, 5.545 dans l’agriculture, les transports et communications, et 44.166 dans le commerce de gros et de détail, et autres services.
En ce qui concerne une autre catégorie discriminée − les femmes − nous relevons dans les statistiques de l’O.N.S.S. (2ème trimestre 66) que :
– parmi celles recensées comme ouvrières, 97,77% gagnent moins que la moyenne du salaire ouvrier (9.000 Frs. par mois) et 57,59% moins que les deux-tiers de ce salaire (plus exactement catégorie à revenu inférieur à 6.001 Frs. par mois) ;
– parmi celles recensées comme employées, 66,66% gagnent moins que la moyenne du salaire ouvrier et 25,76% moins que les deux-tiers de ce salaire.
Parmi les hommes, nous relevons :
– 43,29 % des ouvriers recensés comme tels par l’O.N.S.S. qui gagnent moins que la moyenne du salaire ouvrier, et 6,17% qui gagnent moins que les deux-tiers de ce salaire ;
– 18,56 % des employés recensés par l’O.N.S.S. ont un appointement inférieur à la moyenne du salaire ouvrier, et 3,42 % moins que les deux tiers de ce salaire.
Répartition des travailleurs selon l’importance des entreprises.
Il est intéressant de donner aussi la répartition des travailleurs selon l’importance des entreprises afin de connaître notamment la force relative du prolétariat concentré dans les entreprises les plus importantes et pouvant jouer un rôle déterminant dans les luttes populaires.
Nous allons nous référer aux statistiques de l’O.N.S.S. (rapport annuel exercice 1966) qui donnent cette répartition en groupant ouvriers recensés comme tels et employés,
Nous donnerons la répartition par nombre de travailleurs occupés par employeur, en classant les entreprises en quatre catégories :
– très petites entreprises de moins de 5 travailleurs : 163,268 travailleurs, soit 7,7 % des travailleurs assujettis à la sécurité sociale (pour 93.847 employeurs) ;
– petites entreprises, occupant 5 à 49 travailleurs : 553.358 travailleurs, soit 26,2% des travailleurs assujettis à la sécurité sociale (pour 40.137 employeurs) ;
– moyennes entreprises, entre 50 et 199 travailleurs : 418.393 travailleurs, soit 19,8% des travailleurs assujettis à la sécurité sociale ;
– grandes entreprises, occupant 200 à 999 travailleurs : 450.472 travailleurs, soit environ 21,3 % des travailleurs assujettis à la sécurité sociale ;
– très grandes entreprises, avec plus de 1.000 travailleurs : 527.315 travailleurs, soit 25% des travailleurs assujettis à la sécurité sociale (pour 179 employeurs).
Flandre, Wallonie, Bruxelles.
Étant donné l’importance de la question nationale en Belgique, il est intéressant de connaître la répartition du nombre d’ouvriers et d’employés pour la Flandre, la Wallonie et la région bruxelloise.
En ce qui concerne cette dernière, une difficulté se présente du fait que ses limites ne sont pas déterminées : seule une consultation démocratique des habitants des communes intéressées permettrait de le faire. D’autre part, les statistiques (de l’O.N.S.S. rapport exercice 1966) auxquelles nous nous référons répartissent les communes de l’arrondissement de Bruxelles, en Bruxelles-Capitale (les 19 communes), Bruxelles-périphérie (les communes dites « à facilités » : Drogenbos, Kraainem, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse, Wemmel, Wezembeek-Oppem) et l’arrondissement de Hal-Vilvorde. Bruxelles-Capitale, telle que la bourgeoisie unitariste la définit, n’est qu’une partie de la région bruxelloise. Nous sommes cependant obligés de nous référer uniquement aux chiffres concernant « Bruxelles-Capitale », faute de données objectives suffisantes autres, et aussi pour pouvoir calculer les pourcentages des ouvriers et employés par rapport à l’ensemble de la population (à défaut d’autres données statistiques, notamment en matière
Dans ces conditions, nous trouvons :
– pour la Flandre :
804.198 ouvriers recensés comme tels, soit environ 15,17% de la population totale correspondante, 233.254 employés assujettis à la sécurité sociale, soit 4,4% de la population totale correspondante ;
– pour la Wallonie :
467.997 ouvriers recensés comme tels, soit environ 14,76% de la population totale correspondante, 143.953 employés assujettis à la sécurité sociale, soit 4,54% de la population totale correspondante ;
– pour Bruxelles-Capitale :
253.675 ouvriers recensés comme tels, soit environ 23,71% de la population totale correspondante, 234.094 employés assujettis à la sécurité sociale, soit 21,88% de la population totale correspondante.
Répétons qu’il serait préférable de calculer le pourcentage de salariés et d’appointés par rapport à la population active civile correspondante, plutôt que par rapport à la population totale, ce que nous n’avons pu faire faute des données statistiques nécessaires. Néanmoins nos calculs apportent des données approximatives permettant d’établir des comparaisons entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles concernant les caractéristiques sociales examinées.
Il en résulte qu’il n’y a plus actuellement de grandes différences à ce point de vue entre les trois parties du pays, encore qu’interviennent ici des développements capitalistes inégaux avec des régions entières restant dans le sous-développement, aussi bien en Flandre (Termonde) qu’en Wallonie (la province du Luxembourg) et avec le dépérissement − et une certaine désindustrialisation − de la Wallonie conduisant même à la mort économique de certaines régions (Borinage par exemple)et de graves menaces sur les régions du Centre et de Charleroi (mais en Flandre aussi, le Limbourg est fort menacé).
Pour les mêmes raisons, résultant de la politique du capital financier « belge », de ses gouvernements successifs unitaristes et de trahison nationale, ainsi que par suite de la colonisation économique américaine, le chômage frappe particulièrement la Wallonie avec en 1967 par exemple environ 48% (environ 461 au 30 juin 1969) des chômeurs du pays pour un nombre de salariés et appointés représente 27,7% de celui de l’ensemble du pays ; de 1964 à 1968, le nombre de chômeurs s’est accru en Wallonie de 163% avec une augmentation de 74% en Flandre.
Quoique bon nombre de très grandes entreprises soient situées en Wallonie, la composition numérique moyenne des établissements est comparable dans les trois parties du pays : en moyenne 14 ouvriers et employés par établissement en Flandre, contre 15 en Wallonie et 18 à Bruxelles-Capitale.
Ces chiffres confirment aussi que l’agglomération bruxelloise est une ville industrielle Importante : y travaillent 16% du chiffre total des ouvriers du pays recensés comme tels par l’O.NS.S. et 22,7% du chiffre total des ouvriers et employés du pays (il faut ajouter qu’environ 25% de ces travailleurs habitent hors de l’agglomération et que 80% d’entre ceux-ci sont des « navetteurs » quotidiens habitant la Flandre ou la Wallonie).
La forte proportion d’employés travaillant à Bruxelles tient évidemment à la concentration dans cette agglomération d’un grand nombre de sièges centraux d’entreprises commerciales, industrielles, bancaires et financières, ainsi qu’à la concentration opérée dans le secteur commercial de la distribution.
Rappelons que dans les chiffres cités dans cette partie de l’exposé ne sont pas compris les salariés et appointés des administrations de l’Etat, des Provinces, des Communes et des parastataux.
Passons maintenant à l’agriculture.
En ce qui concerne la main d’œuvre salariée, elle comprenait au 30 juin 67, pour l’agriculture, la sylviculture et la pêche (statistiques de la Direction de l’Étude des problèmes du Travail du Ministère de l’Emploi et du Travail), 15.453 personnes, soit environ 0,42% seulement de la population active. Encore faut-il tenir compte (statistiques I.N.S.) que 6.185 d’entre ces salariés, soit 40% sont dans l’agriculture et l’horticulture, des membres du ménage du « chef d’exploitation ».
Le nombre de « chefs d’exploitation » qui sont agriculteurs, horticulteurs et/ou éleveurs professionnels est, au 15 mai 1967, de 132.490 (dont 13.430 femmes), soit environ 3,56 % de la population active civile.
Le nombre d’aidants familiaux (non-salariés) de ces « chefs d’exploitation » est de 49.368 dont 30.653 femmes), soit environ 1,33% de la population active civile.
Le nombre total de personnes occupées dans l’agriculture et l’horticulture de façon permanente – « chefs d’exploitation », aidants familiaux, salariés et autres − est de 200.119 (au 15 mai 67 Statistiques de l’I.N.S.), soit environ 5,4% de la population active civile, avec une superficie cultivée par eux de 1.460.500 hectares (superficie moyenne d’exploitation de 10,1 ha).
La mécanisation de l’agriculture est assez poussée. C’est ainsi qu’au 15 mai 67, il y avait 64.102 charrues à tracteur (à l’exclusion des déchaumeuses).
La mécanisation se poursuit rapidement comme le démontrent les chiffres suivants concernant les faucheuses :
– au 30 mai 66, à traction animale : 36.751
à tracteur : 33.882
– au 30 mai 67, à traction animale : 31.678
à tracteur : 36.918
Classons les entreprises agricoles (agriculteurs, horticulteurs et éleveurs professionnels) en quatre catégories selon la superficie cultivée (chiffres I.N.S. pour 1967).
1. Très petites exploitations, en-dessous de 5 ha :
44.410. soit 33,5% du total des exploitations, avec une main-d’œuvre professionnelle permanente de 62.089 personnes (31% du total) et une superficie globale de la catégorie représentant environ 7,2% de la superficie totale générale des exploitations d’agriculteurs, horticulteurs et éleveurs professionnels.
2. Petites exploitations qui sont celles, d’après nous, comprises entre 5 et 12 ha. Nous ne possédons pas de statistiques correspondant à cette limite de 12 ha. C’est pourquoi nous donnons les statistiques du nombre d’exploitations de 5 à 10 ha. C’est-à-dire :
36.284, soit environ 27,4% du total des exploitations, avec une main-d’œuvre professionnelle permanente de 49.155 personnes (24,5% du total) et une superficie globale de la catégorie représentant environ 18,2% de la superficie totale.
3. Moyennes exploitations, de 12 à 50 ha. Encore à cause des catégories statistiques, nous devons prendre le nombre d’exploitations de 10 à 50 ha., c’est-à-dire :
49.463, soit environ 37,3 du total des exploitations, avec une main-d’œuvre professionnelle permanente de 82.301 personnes (4121 du total) et une superficie globale de la catégorie représentant environ 62,5% de la superficie totale.
4. Grandes exploitations, au-dessus de 50 ha : 2,333, soit environ 1,8% du total des exploitations, avec une main-d’œuvre professionnelle permanente de 6.574 personnes (3,3% du total) et une superficie globale de la catégorie représentant environ 12,1% de la superficie totale des exploitations de « professionnels ».
Nous estimons que les catégories 1 et 2 (très petites et petites exploitations) correspondent à la paysannerie pauvre, la catégorie 3 (moyennes exploitations) à la paysannerie moyenne, la catégories 4 (grandes exploitations) à la paysannerie riche ou à la grande exploitation capitaliste.
La fixation de ces diverses catégories ne peut être établie que moyennant approximations et une part d’appréciation subjective ; nous croyons cependant que ces définitions correspondent à la réalité, compte tenu de l’exploitation directe dont les paysans sont victimes de la part des grands minotiers et des sucreries, et de leur exploitation indirecte par les trusts de l’électricité, des engrais et de la chimie par les fabricants de matériel agricole, par l’Etat bourgeois (taxes et impôts), par les grossistes et les chaînes de grands magasins acheteurs ainsi que de la part du propriétaire de la terre, lorsque celle-ci est louée.
Il faut néanmoins signaler que certaines exploitations sont susceptibles d’être classées dans une autre catégorie que celle qu’indiquerait la seule importance de leur superficie, compte tenu des investissements plus importants qui y sont faits et des revenus qu’elles procurent, plus élevés que dans la moyenne des entreprises agricoles de même superficie (tel peut être le cas dans certaines cultures maraichères, dans certaines cultures de fleurs, dans les pépinières et dans les cultures sous verre, ainsi que lorsque la proportion du cheptel détenu dépasse la moyenne de la catégorie correspondante).
Néanmoins, ce fait ne peut entraîner selon nous de grandes modifications dans l’importance relative des catégories citées.
Remarquons aussi que certains de ces agriculteurs, horticulteurs et éleveurs professionnels, exercent encore en outre, à titre accessoire, d’autres professions (commerçants, artisans, ouvriers, employés).
Nous trouvons une certaine confirmation des pourcentages donnés dans notre classification en nous référant aux « revenus du travail par unité de travail » dans l’agriculture pour 1967-1968, donnés par le Ministère de l’Agriculture (Notes de l’I.E.A. juillet 1969) et en interpolant les données de cette statistique.
(Remarquons cependant que l’échantillonnage ayant servi de base à cette statistique sous-estime considérablement le nombre de très petites exploitations (de moins de 5 ha., représentées seulement par moins de 1% de l’échantillonnage). Ce fait entraine que cette statistique ne tient pas compte, pratiquement, des très petites exploitations dont les « revenus du travail par unité de travail » sont certainement en moyenne parmi les plus faibles. Il en résulte donc aussi que cette statistique conduit à une surestimation du pourcentage des revenus plus élevés et à une sous-estimation du pourcentage des revenus les moins élevés).
– Revenus par unité de travail (en 1967-68) inférieurs à la moyenne du salaire ouvrier (en 1966) :
31,8 % du nombre total d’exploitations, et revenus par unité de travail compris entre la moyenne du salaire ouvrier et cette moyenne augmentée de 50% :
33,9 % du nombre total d’exploitations, soit au total :
65,7 % correspondant, d’après nous, aux petites exploitations ainsi qu’aux très petites exploitations (parmi les moins importantes).
– Revenus par unité de travail compris entre 165.000 francs et 320.000 francs par an :
32,2 % du nombre total d’exploitations, correspondant à la plus grande partie des moyennes exploitations.
– Revenus par unité de travail supérieurs à 320.000 Frs. l’an (correspondant aux grandes exploitations) :
2,1 % du nombre total des exploitations.
Il faut ajouter aux exploitations où sont occupés les agriculteurs, horticulteurs et éleveurs professionnels, celles des producteurs « occasionnels » (dont l’activité principale est autre qu’agriculteurs, horticulteurs ou éleveurs) et qui s’élèvent à 75.054 exploitations pour une superficie cultivée de seulement 109.100 ha, 6,9% de la superficie cultivée totale dont la production est destinée à la vente), soit une moyenne de moins de 1,5 ha. Ici nous pouvons estimer que les « chefs d’exploitation » de moins de 1 ha. sont généralement des ouvriers (manuels), des « employés de la couche inférieure », des artisans, des petits commerçants, des membres des professions dites « libérales », qui se font ainsi un complément de revenus. Ce genre d’exploitations de moins de 1 ha. concerne 50.376 unités, soit 67,1 % du total des exploitations de producteurs « occasionnels » produisant pour la vente. Ce genre d’exploitations, et dont la superficie est comprise entre 1 et 10 ha., est au nombre de 23.546, soit 31,4% du total : elles peuvent être considérées, soit comme correspondant à une activité accessoire des catégories sociales énumérées pour les exploitations de moins de 1 ha., soit comme sources de revenus accessoires pour des nombres de la moyenne et de la grande bourgeoisie. Au-delà de 10 ha., les 1.132 exploitations (1,5% du total) peuvent être considérées comme appartenant généralement à la bourgeoisie.
La différence entre le Wallonie (jadis la partie industrielle du pays) et la Flandre (jadis à prédominance agraire) s’amenuise aussi en ce qui concerne l’agriculture, et ceci est un phénomène lié à l’industrialisation de la Flandre, comme à la diminution du nombre total d’exploitations agricoles et de la main-d’œuvre dans l’agriculture qui s’observe en Flandre comme en Wallonie.
La Flandre occupe 46% de la superficie cultivée, et la Wallonie 53,8%. Au 15 mai 1967, la main-d’œuvre permanente occupée dans l’agriculture était de 127.515 personnes en Flandre et de 72.604 personnes en Wallonie.
Cependant le processus de concentration dans l’agriculture est plus poussé en Wallonie qu’en Flandre : la superficie moyenne d’une exploitation agricole en Wallonie est plus de deux fois plus grande qu’en Flandre, la majorité des exploitations de plus de 15 ha. se rencontrent en Wallonie où elles constituent 64% de l’ensemble. Les unités plus petites, notamment celles de moins de 5 ha. sont plus nombreuses en Flandre, ce qui est aussi partiellement lié au genre de production. La mécanisation dans l’agriculture est aussi plus poussée en Wallonie qu’en Flandre.
Il n’existe pas de statistiques récentes sur la propriété du sol dans l’agriculture. Nous sommes obligés de nous référer à ce sujet au recensement général de l’agriculture et des forêts du 15 mai 1959, qui montre qu’en Belgique, pour toutes les exploitations dont les produits sont l’objet de ventes, que cette activité soit principale ou accessoire, 536.955 hectares (soit seulement environ 32%du total) sont la propriété des exploitants agricoles, tandis que 1.123.875 hectares (environ 68% du total des terres) sont prises en location par les paysans.
Ceci souligne l’importance des revendications des paysans, locataires de la terre à l’égard des propriétaires.
Au cours de ces dernières années, de nombreux paysans pauvres ruinés ou menacés d’être ruinés, ont abandonné l’agriculture et la concentration s’y est fortement accrue.
Le nombre d’agriculteurs, horticulteurs et éleveurs professionnels (occupés dans l’agriculture de façon permanente ou partiellement) avec leurs aidants familiaux et leurs salariés, est tombé de 448.571 unités au 31 décembre 1959 (environ 12,8% de la population active civile) à 200.119 au 15 mai 1967 (5,4% de la population civile active).
Par catégories de superficie, le nombre d’exploitations agricoles (de personnes exerçant à titre principal la profession d’agriculteurs, d’horticulteurs et d’éleveurs) a évolué comme suit :
– moins de 5 ha. 76.573 exploitations en 1959 contre 44.410 en 1967 ;
– de 5 à 10 ha. : 49.087 exploitations en 1959 contre 36.284 en l967 ;
– de 10 à 50 ha. : 46,381 exploitations en 1959 contre 49,463 en 1967 ;
– plus de 50 ha. : 2.122 exploitations en 1959 contre 2.333 en 1967.
Ces chiffres confirment la concentration qui s’opère dans l’agriculture et précisent ses caractéristiques : ruine de nombreuses petites exploitations (diminution d’environ 36% en 8 ans) accompagnée d’une augmentation des moyennes et grandes exploitations.
Nous pouvons vérifier au travers de l’ensemble de ces chiffres relatifs à l’agriculture les faits suivants bien connus.
En Belgique, l’agriculture n’occupe qu’une partie particulièrement restreinte de la population active. Mais grâce au bon entretien des terres par les paysans et à leur travail, grâce à l’emploi des engrais et des produits phytopharmaceutiques ainsi que des semences et plants sélectionnés, ainsi que par une mécanisation assez poussée, la culture intensive atteint des rendements très élevés par travailleur de la terre, permettant de couvrir une partie importante des besoins alimentaires du pays.
La grande entreprise capitaliste à la campagne est, en Belgique, encore l’exception ; l’entreprise agricole est encore généralement familiale.
L’exploitation moyenne est prédominante au point de vue superficie totale cultivée, alors que les petites et très petites exploitations (avec une superficie totale moindre) occupent plus de main-d’œuvre, ceci étant dû certes, à la différence des moyens de production mis en œuvre, mais aussi dans un certain nombre de cas, aux caractéristiques de certaines cultures intensives qui absorbent plus de main-d’œuvre (certaines cultures maraîchères, cultures de fleurs, par exemple).
L’évolution capitaliste à la campagne a amené ces dernières années, une rapide concentration dans l’agriculture se marquant par une forte régression du nombre des petites exploitations et par la ruine complète de nombre de paysans pauvres, en même temps que par une augmentation du nombre d’exploitations moyennes et grandes.
Il est vraisemblable que l’on se trouve actuellement au début d’une étape nouvelle de la concentration capitaliste à la campagne − que le plan Mansholt à la fois préfigure et prétend activer − tendant à éliminer quasi complètement la petite exploitation et commençant un processus de ruine de la moyenne exploitation, avec le développement d’exploitations tenues par des paysans riches et de grandes exploitations capitalistes sous le contrôle direct du capital financier.
Nous considérons que politiquement, socialement :
– les salariés agricoles font partie de la classe ouvrière ;
– la paysannerie pauvre est une alliée directe et sûre du prolétariat ;
– la paysannerie moyenne, au stade actuel de la lutte, peut devenir une alliée de la classe ouvrière ;
– la paysannerie riche est une couche sociale ennemie du prolétariat, du peuple travailleur, mais qui pourra éventuellement être neutralisée dans certaines phases de la lutte pour les objectifs sociaux, nationaux et démocratiques du front uni populaire, cette paysannerie riche pouvant être elle-même menacée par la grande entreprise capitaliste agricole directement contrôlée par le capital financier.
Cette étude ayant notamment pour objet de déterminer quels sont les alliés possibles du prolétariat, rappelons, avant d’aller plus loin, ce que Marx et Engels disaient dans le « Manifeste du Parti Communiste » :
« De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment, cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu’à l’intelligence théorique de l’ensemble du mouvement historique. »
Passons maintenant à l’examen de ce que la terminologie bourgeoise appelle les « indépendants » ou les « classes moyennes » en groupant en réalité sous ce vocable des couches sociales très différentes (nous n’inclurons pas dans ce chapitre les agriculteurs, horticulteurs et éleveurs, catégorie professionnelle dont nous avons analysé plus haut la structure sociale).
Nous tenterons de distinguer parmi ces « indépendants » :
– la très petite bourgeoisie que nous définirons comme étant des travailleurs « indépendants » − petits commerçants, artisans, voyageurs de commerce, etc… − n’exploitant pas de la main-d’œuvre salariée, assistés éventuellement de membres de la famille (les aidants) et dont les revenus n’excèdent pas les limites du salaire de la classe ouvrière (à l’exclusion de la couche des ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière ») : ce sont des alliés possibles du prolétariat ;
– la petite bourgeoisie, les propriétaires de très petites entreprises (définies quelque peu arbitrairement − parce que nous n’avons pas à notre disposition d’éléments statistiques autres − comme étant celles comptant moins de 5 salariés et appointés) : elle peut actuellement constituer un allié du prolétariat malgré les contradictions qui l’opposent à la classe ouvrière ;
– la moyenne bourgeoisie, par exemple les propriétaires de petites entreprises entre 5 et 49 salariés et appointés : elle peut dans certaines circonstances de la lutte du front uni populaire, être politiquement neutralisée ;
– la grande bourgeoisie ne faisant pas partie des quelques « grandes familles » constituant le grand capital, le capital financier proprement dit : sa situation sociale l’inclinera malgré certaines contradictions à être l’alliée du capital financier ;
– les quelques « grandes familles » (en Belgique, une dizaine) constituant ce capital financier qui possède et qui contrôle la plus grande partie des grands moyens de production et d’échange du pays (ce capital financier « belge » se trouvant cependant de plus en plus subordonné − dans la collaboration − au capital financier américain et subsidiairement ouest-allemand, qui contrôlent directement ou indirectement, une part croissante de l’économie du pays.
Pour poursuivre cette partie de l’étude sur les « indépendants », prenons d’abord le relevé général de ces « indépendants » donné par la statistique au 30 juin 67, du Ministère de l’Emploi et du Travail, qui donne comme définition :
« Sous le vocable ’indépendants’, sont groupés : les indépendants et les employeurs qui ont la direction de leurs propres affaires dont ils sont propriétaires ou co-propriétaires, ainsi que les personnes exerçant une profession libérale. Les employeurs engagés dans les liens d’un contrat de louage de services et chargés de la gestion journalière d’une entrepris sont repris parmi les salariés ».
D’après cette définition, est aussi bien « indépendant », le pauvre marchand ambulant, le chiffonnier, le salarié que son employeur ne veut pas inscrire à la « sécurité sociale » pour différentes raisons, notamment pour ne pas avoir à supporter les cotisations patronales, la couturière à domicile, le coiffeur ou la coiffeuse « à leur compte », le petit commerçant et le commerçant aisé, le voyageur de commerce et l’agent d’assurances, les avocats, les médecins privés non appointés, en général les intellectuels travaillant sur honoraires, les propriétaires de petites, moyennes et grandes entreprises industrielles, l’administrateur de grande société anonyme non considéré comme « appointé ». Par contre un administrateur grassement rétribué, mais inscrit comme « employé » par la firme, sera repris parmi les « salariés ».
Néanmoins nous allons tenter de tirer certaines données de ces statistiques officielles.
En dehors de l’agriculture, nous trouvons 476.144 « indépendants » (dont 145.265 femmes) soit 12,8% de la population active civile, et 124.989 aidants familiaux (dont 91,055 femmes), soit environ 3,5% de la population active civile.
Proposons-nous de déterminer l’importance approximative des diverses couches sociales se retrouvant sous ce vocable d’« indépendants ».
L’on peut dire que dans une très forte proportion, l’utilisation des aidants familiaux correspond à une très petite entreprise de l’artisanat, du commerce, de travail à domicile pour le compte d’entreprises commerciales ou industrielles importantes, ainsi que de métiers divers (plombiers, électriciens et installateurs de chauffage d’habitations, ramoneurs, etc…).
De même, compte tenu de la discrimination sociale dont la plupart des femmes sont actuellement victimes, nous devons y voir une indication que dans leur cas il s’agit généralement de personnes soit travaillant seules, soit travaillant en « indépendantes » pour le compte d’organismes plus importants qui les exploitent.
L’on peut ainsi estimer, en étant certainement en-dessous de la réalité, que 70% des « indépendants » n’ont pas de revenus supérieurs à ceux des ouvriers manuels ne faisant pas partie de la couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière ». Ainsi cette catégorie l’« indépendants » que nous disons appartenir à la très petite bourgeoisie, représenterait 9% au moins de la population civile active. Leurs conditions de vie déjà fort modestes s’aggravent constamment du fait de l’exploitation indirecte croissante par les trusts (vendeurs de matériel, grands intermédiaires commerciaux), et de charges fiscales toujours plus écrasantes ; beaucoup sont menacés de ruine par suite de la concurrence des grandes entreprises capitalistes. Cette catégorie d’« indépendants » ( de la très petite bourgeoisie) est une alliée de la classe ouvrière.
Notons ici que ce que la terminologie bourgeoise appelle les « professions libérales », c’est-à-dire essentiellement les « indépendants » médecins, architectes, avocats, etc… groupe 1,3% de la population civile active.
Nous trouvons parmi les « indépendants » qui ne font pas partie de la très petite bourgeoisie et totalisant 3,8% de la population active :
– une couche de petite bourgeoisie qui peut être une alliée de la classe ouvrière ;
– une couche de moyenne bourgeoisie qui peut être neutralisée ;
– la grande bourgeoisie, ennemie de la classe ouvrière.
Avant de conclure, nous voudrions encore citer les renseignements que l’on peut tirer de la statistique fiscale des revenus soumis à l’impôt des personnes physiques (exercice 1966, revenus de 1965 – I.N.S.).
Pour en faire une interprétation exacte, il faut tenir compte du fait que cette statistique qui concerne les revenus taxables, c’est-à-dire les revenus bruts moins certaines sommes non imposables (retenues O.N.S.S., etc…) et qu’elle a trait aux revenus de 1965, tandis que les chiffres cités précédemment dans cette étude et venant d’une autre source (O.N.S.S.) concernaient les rémunérations brutes, sans déductions et qu’elles avaient trait aux revenus de 1966.
Nous avions pris le revenu brut de 168.000 francs (revenu annuel moyen des ouvriers recensés comme tels dans la statistique de l’O.N.S.S. augmenté de 50%) comme chiffre pivot séparant la catégorie « employés de la couche inférieure » de la catégorie « employés de la couche moyenne », ainsi que comme chiffre minimum des revenus de la couche d’ouvriers embourgeoisés et de l’« aristocratie ouvrière ».
Nous estimons qu’en prenant les deux-tiers de cette somme (arrondis à 110.000 Frs. au lieu 120.000 Frs. afin de correspondre à un des « chiffres-charnière » de la statistique) comme un des chiffres-pivots lors de l’examen ci-dessous de la statistique fiscale des revenus taxables de 1965 (I.N.S.), nous apportons le correctif nécessaire pour rendre comparables les catégories établies ci-dessous avec celles établies précédemment dans cette étude.
Nous classons ci-dessous les déclarants en quatre catégories de revenus taxables, en établissant une corrélation avec telle ou telle classe ou couche sociale.
– Revenus taxables inférieurs à 110.000 Frs. l’an : 70,1% des déclarations. Cette catégorie de revenus couvre, à notre avis, la classe ouvrière,(y compris les « employés de la couche inférieure » et à l’exclusion de la couche des ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière »), la paysannerie pauvre, les « indépendants » de la très petite bourgeoisie.
39,7% de l’ensemble des déclarations correspondent à des revenus inférieurs à la moyenne du salaire ouvrier (arrondie aux 10.000 Frs. inférieurs, c’est-à-dire dans ce cas, à 70.000 Frs l’an).
21,1 % de l’ensemble des déclarations concernent des revenus égaux ou inférieurs aux deux tiers (arrondis à 50.000 Frs. l’an) de ce salaire moyen ouvrier : ces revenus sont, à notre avis, très nettement inférieurs au minimum vital, à la somme indispensable pour se procurer les moyens de subsistance nécessaires à la production de la force de travail ; ils sont généralement ceux de salariés ou d’appointés les plus atteints par la discrimination − notamment parmi les femmes, les jeunes et les immigrés (notons que l’on trouve aussi de ces discriminés dans les catégories de salaires ouvriers plus élevés) − ainsi que ceux d’un certain nombre d’« indépendants » de la très petite bourgeoisie.
– Revenus taxables compris entre 110.000 et 250.000 francs l’an : 24,5 % des déclarations. Cette catégorie de revenus couvre, à notre avis, les « employés de la couche moyenne », la paysannerie moyenne, les « indépendants » de la petite bourgeoisie, ainsi que la plus grande partie de la couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière ».
– Revenus taxables compris entre 250.000 et 750.000 Frs. l’an : 4,8% des déclarations. Cette catégorie de revenus couvre, à notre avis, les « employés de la couche supérieure », une partie de la paysannerie riche et les « indépendants » de la moyenne bourgeoisie.
– Revenus taxables supérieurs à 750.000 Frs. l’an : 0,6 % de l’ensemble des déclarations (avec une moyenne de 1 million et demi de francs l’an pour ces 18.593 déclarations). Cette catégorie de revenus correspond à la grande bourgeoisie avec, bien entendu, « au sommet » les revenus des « grandes familles » de l’oligarchie financière se chiffrant certainement pour chacune d’entre elles par centaines de millions de francs l’an.
Remarquons aussi que si, pour les petits revenus, la fraude fiscale est négligeable (elle est pratiquement impossible pour les salariés et appointés à revenus modestes du fait de la déclaration à la source), elle est d’autant plus fréquente et importante que les revenus sont grands (« frais de représentation », bénéfices cachés, revenus « anonymes » d’actions et d’obligations, ressources dues à la spéculation, placements secrets à l’étranger, utilisation de régimes fiscaux à charges dérisoires comme au Lichtenstein, etc..).
Cet examen des catégories de revenus confirme grosso-modo, comme on peut le constater, les appréciations qui précédaient quant à la classification sociale et quant à l’importance numérique des classes et couches sociales en Belgique.
Nous demandons aux organisations du Parti, à nos lecteurs militants révolutionnaires, de bien vouloir examiner attentivement cette étude qui n’est qu’une approche de l’analyse des classes sociales en Belgique, et de nous faire part de leurs remarques, de leur accord et de leurs critiques, d’apporter leur contribution à son amélioration et à son approfondissement. Nous leur demandons de nous dire comment les données de ce document peuvent les aider à orienter leurs enquêtes et investigations, peuvent contribuer à l’élaboration de leur plan de travail politique.
Cette étude pourra aussi être utilement complétée par l’approfondissement de la connaissance de ce qui est propre à la Flandre, à la Wallonie et à la région bruxelloise, ce à quoi notre Parti a déjà procédé largement dans la pratique.
Elle est en fait, aussi complétée par la pratique des militants de chaque région qui tiennent compte des précisions nécessaires et des particularités régionales : l’activité militante n’est pas identique au Borinage et à Liège, à la côte et dans le Limbourg, à Charleroi et dans le Luxembourg, à Anvers et à Louvain.
Cette étude confirme l’exactitude d’un des fondements de la juste ligne marxiste-léniniste de notre Parti : la connaissance correcte de la composition sociale de la population du pays, de l’importance des différentes classes et couches sociales, des possibilités d’alliance de la classe ouvrière avec d’autres couches de la population.
A l’oligarchie financière exploiteuse, composée d’une dizaine de familles, pratiquant une politique de trahison nationale, alliées à quelque vingt mille grands bourgeois et « grands commis », servies par quelques milliers de laquais politiques, s’appuyant sur l’appareil répressif de l’État,(quelques dizaines de milliers de policiers, gendarmes et officiers de l’armée) s’opposent les intérêts et les aspirations des millions d’hommes et de femmes composant le peuple travailleur, plus de 90% de la population active.
La victoire, à coup sûr, appartiendra aux exploités qui sont l’écrasante majorité, lorsque ceux-ci se grouperont, s’uniront autour et sous la direction de la classe ouvrière constituant d’ailleurs, en Belgique, la plus grande partie du peuple travailleur.
Le programme de cette alliance est celui du front uni populaire.
Notre Parti, tout entier avec les exploités, fait et fera son devoir, remplira sa tâche d’avant-garde révolutionnaire.
Population active : 3.812.777 personnes, sur une population totale de 9.556.380, soit environ 40%.
Population active masculine : 56 % de la population masculine totale.
Population active féminine : 24 % de la population féminine totale.
Femmes de plus de 60 ans : 20,82 % de la population féminine totale.
Hommes de plus de 65 ans : 10,91 % de la population masculine totale.
Enfants non encore à l’école et jeunes à l’étude : 27,64 % de la population totale.
Population active civile : 3.710.471.
Ouvriers occupés recensés comme tels : 1.558.759 soit environ 42% de la population active civile.
Ouvrières recensées comme telles : 22,8% du total des ouvriers.
Chômeurs complets (au 30 juin 66) : 67.252 soit 1,8% de la population active civile.
Frontaliers : 58.175 soit environ 1,57% de la population civile active.
« Stagiaires en formation professionnelle » : 1.306 soit 0,03% de la population active civile.
« Employés de la couche inférieure » du secteur « privé » : 12% de la population active civile.
Autres employés du secteur « privé » : 5,48 % de la population active civile.
Femmes employées du secteur « privé » : 37,6% du total des employés du secteur « privé ».
Couche d’ouvriers embourgeoisés ou de l’« aristocratie ouvrière » : 2,57 % du total des ouvriers.
Salariés et appointés civils du « secteur public » : 526.298 (dont 30 % de femmes), soit 14,2 % de la population active civile.
Total des salariés et appointés : 76,5% de la population active civile.
7,7% des travailleurs assujettis à la sécurité sociale sont occupés dans de très petites entreprises (moins de 5 travailleurs) ;
26,2% sont occupés dans des petites entreprises (de 5 à 49 travailleurs) ;
19,8% sont occupés dans des moyennes entreprises (de 50 à 199 travailleurs) ;
21.3% sont occupés dans de grandes entreprises (de 200 à 999 travailleurs) ;
25 % sont occupés dans de très grandes entreprises (de 1.000 travailleurs et plus).
Main-d’œuvre salariée dans l’agriculture : 0,42% de la population active civile.
Nombre total de personnes occu1ées dans l’agriculture et l’horticulture de façon permanente : 200.119, soit environ 5,4% de la population active civile.
Entreprises agricoles (de « professionnels ») :
– très petites exploitations (en-dessous de 5ha) 33,5 % du total ;
– petites exploitations (de S à 10 ha,) : 27,4 % du total ;
– moyennes exploitations (de 10 à 50 ha) : 37,3 % du total ;
– grandes exploitations (au-dessus de 50 ha.) : 1,8% du total.
« Indépendants » appartenant à la « très petite bourgeoisie » : 9% de la population active civile.
« Indépendants » autres (petite, moyenne et grande bourgeoisies) : 3,8 1 de la population active civile.
PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, PEUPLES ET NATIONS OPPRIMES, UNISSEZ-VOUS !
Groupons-nous dans un
FRONT UNI POPULAIRE
CONTRE L’ASSERVISSEMENT POLITIQUE, LA COLONISATION ÉCONOMIQUE ET L’OCCUPATION MILITAIRE DU PAYS PAR L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
CONTRE LA TRAHISON NATIONALE du capital financier « belge », acolyte de l’impérialisme américain, contre les forfaitures des gouvernements antinationaux successifs, contre les partis de la bourgeoisie collabos du fascisme yankee, CHASSONS LE SHAPE ! QUITTONS L’OTAN !
LIBÉRATION DU JOUG DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN, EXPLOITEUR ET AGRESSEUR :
– suppression de toutes les bases étrangères en Belgique,
– plus de troupes belges à l’étranger,
– réduction de 15 milliards des dépenses militaires,
– non à l’armée de métier, instrument privilégié du fascisme et troupe de choc des agressions impérialistes,
– élimination des officiers fascistes et autres collabos de l’impérialisme américain des rangs de l’armée,
– six mois de service militaire avec allocation de milicien portée à 150 Frs. par jour,
– contre les vexations, les brimades et l’arbitraire frappant les miliciens,
– contre la désindustrialisation du pays, contre le massacre de l’industrie charbonnière, contre le démantèlement de l’industrie métallurgique, des fabrications métalliques et mécaniques, contre le démantèlement des chemins de fer, contre les fermetures d’entreprises, contre l’asservissement de l’économie du pays à l’impérialisme yankee,
– contre l’agression anti-culturelle de l’impérialisme yankee.
– RECONNAISSANCE de la République Démocratique du Vietnam, du Gouvernement Révolutionnaire Provisoire du Sud-Vietnam. de la République Populaire Démocratique de Corée, de la République Démocratique Allemande et de la République Populaire de Chine.
– DÉNONCIATION de tous les accords et traités, secrets ou publics, favorisant ou consacrant l’emprise de l’impérialisme fasciste américain sur notre pays dans tous les domaines, politique, économique, militaire et culturel : le Traité de l’Atlantique Nord – l’OTAN – , les différents accords et règlements de la C.E.E. (Communauté Économique Européenne − Europe des trusts), les accords secrets Washington-Bruxelles.
A NOUVELLE OCCUPATION, NOUVELLE RÉSISTANCE !
INDÉPENDANCE NATIONALE !
CONTRE LA FASCISATION DU RÉGIME !
POUR LA DÉFENSE ET L’ÉLARGISSEMENT DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES
– ABROGATION des lois antigrèves, antipopulaires, dites « du maintien de l’ordre » bourgeois.
– DISSOLUTION et INTERDICTION des organisations fascistes.
– NON à l’armée de métier, instrument privilégié du fascisme et troupe de choc des agresseurs impérialistes.
– ABROGATION de tous les accords de trahison nationale, publics ou secrets, visant à livrer le pays à l’intervention de la soldatesque de l’impérialisme yankee et de ses alliés.
– En prison les agents de la C.I.A. et autres officines d’espionnage, d’intervention et de subversion au service de l’impérialisme fasciste américain.
– Dissolution de la Sûreté, de la autres organismes policiers de guerre civile contre le peuple travailleur et au service direct de l’impérialisme fasciste.
– SÉPARATION de l’Église et de l’État.
– Conquête du droit à l’action syndicale et politique à l’entreprise (notamment par le droit de réunion sur le lieu de travail et l’interdiction de la répression patronale).
– MAJORITÉ légale à 18 ans (y compris le droit de vote et le droit d’être élu aux législatives).
– Droit de vote, droit à l’organisation et à l’activité politiques pour les miliciens.
– Suppression de toutes les discriminations frappant la femme.
– Contre tout racisme et contre toute discrimination frappant les travailleurs immigrés.
– Contre toutes les vexations et oppressions de caractère national brimant le peuple wallon, le peuple flamand et le peuple de Bruxelles :
DROIT DU PEUPLE WALLON, DU PEUPLE FLAMAND, ET DU PEUPLE DE BRUXELLES A DISPOSER D’EUX-MÊMES !
CONQUÊTE DU FÉDÉRALISME A TROIS !
REVENDICATIONS DU TRAVAIL
PROGRAMME REVENDICATIF INTERPROFESSIONNEL
– Non aux fermetures, aux licenciements et au chômage.
– Les 40 heures payées 48.
– Abaissement de 5 ans de l’âge de la pension. Taux de la pension porté, sans discrimination entre hommes et femmes, à 75% du salaire ou du traitement des cinq années les plus avantageuses de la carrière, en le multipliant par le coefficient de l’index, avec un minimum pour les pensions ouvrières de 75.000 Frs. l’an indexées aussi. Sauvegarde des avantages acquis dans chaque secteur.
– Allocations de chômage à 75% du salaire ou du traitement, avec minimum de 1.500 Frs. par semaine pour tous, hommes, femmes et jeunes. Salaire garanti à 100% en cas de chômage partiel.
– Quatre semaines de congés avec double pécule.
– 15% d’augmentation des salaires (avec relèvement minimum de 10 Frs. l’heure ou de 2.000 Frs. par mois) sans retenue fiscale supplémentaire.
– Relèvement des allocations familiales de 10% avec minimum de 1.500 Frs. par enfant (y compris pour le premier et le deuxième enfants), relèvement de 50% des autres allocations sociales.
– A TRAVAIL ÉGAL, SALAIRE ÉGAL.
– SERVICE NATIONAL DE SANTÉ : c’est-à-dire la SANTÉ PUBLIQUE EN SERVICE PUBLIC assurant les soins médicaux et pharmaceutiques gratuits.
CONTRE LA VIE CHÈRE ET LA FISCALITÉ RÉACTIONNAIRE.
– Exonération d’impôts pour les revenus du travail inférieurs à 80.000 Frs. l’an (minimum exonérable lié à l’index).
– Suppression du cumul des revenus du travail des époux dans le calcul de l’impôt.
– Suppression de la fiscalité indirecte frappant les produits de large consommation populaire.
– Index non truqué reflétant véritablement le coût de la vie.
DÉMOCRATISATION DE L’ENSEIGNEMENT
– Prolongation de la scolarité obligatoire gratuite jusqu’à 18 ans, avec allocations d’études (en plus des allocations familiales) de 12.000 Frs, par an de 14 à 16 ans ,et de 24.000 Frs. par an de 16 à 18 ans.
– Suppression du contrat d’apprentissage, moyen de surexploitation des jeunes travailleurs.
– Réforme de l’enseignement pour permettre effectivement l’accès des enfants des travailleurs aux études moyennes et supérieures, avec égalité réelle entre filles et garçons. École unique de douze ans incluant une formation professionnelle.
– Allocation d’études généralisée égale au minimum du traitement dans les services publics pour les étudiants de l’enseignement supérieur, universitaire ou non, sans discrimination.
– Création d’une université complète à Mons et à Antwerpen.
– Contre l’étouffement de la recherche scientifique, contre le drainage des cerveaux par l’impérialisme américain ; doublement du budget de la recherche fondamentale.
TRANSPORTS EN COMMUN
Chemins de fer, transports urbains assurant la possibilité de déplacements aisés, rapides, confortables et économiques, répondant aux besoins des travailleurs. Réduction des prix de ces transports.
APPUI AUX JUSTES REVENDICATIONS DE LA PETITE PAYSANNERIE ET DES AUTRES COUCHES DE LA POPULATION LABORIEUSE NON-SALARIEE A REVENUS MODESTES.
– Contre l’exploitation par le capitalisme immobilier et par les trusts, notamment ceux de l’électricité, des engrais, de l’industrie sucrière, des machines agricoles.
– La parité.
– Protection du travail de la paysannerie laborieuse, dans la réglementation des baux à ferme.
– NON à l’« Europe Verte », instrument de l’impérialisme américain et de ses subordonnés capitalistes « européens », ruinant la paysannerie pauvre et moyenne.
– Dégrèvements des taxes et impôts frappant aussi ces catégories de travailleurs.
SOLIDARITÉ INTERNATIONALISTE
– avec les classes, peuples et nations en lutte contre l’exploitation, l’oppression et l’agression impérialiste.
– avec toutes les victimes du racisme, de l’oppression et de la répression fascistes.
– SOLIDARITÉ TOTALE AVEC L’HÉROÏQUE PEUPLE VIETNAMIEN qui, en première ligne du front uni mondial anti-impérialiste des peuples, porte des coups directs à l’impérialisme fasciste américain, principale force d’agression et de guerre dans le monde. Soutien total du combat du peuple vietnamien pour libérer le sud du pays, pour défendre le nord et réunifier sa patrie.
– DU VIETNAM A LA BELGIQUE, UN MÊME MOT D’ORDRE : U.S. GO HOME !
– HORS DU VIETNAM, HORS DE BELGIQUE LES AGRESSEURS YANKEES-NAZIS !
– SOLIDARITÉ AVEC LA LUTTE DU PEUPLE PALESTINIEN pour le salut de sa patrie.
– SOLIDARITÉ AVEC LES PEUPLES LES CORÉEN ET CUBAIN, qui sont à des avant-postes du socialisme et du front uni mondial anti-impérialiste des peuples contre leur ennemi numéro 1, l’impérialisme américain.
– SOLIDARITÉ AVEC LES PAYS SOCIALISTES.
– SOLIDARITÉ AVEC LA LUTTE DU VAILLANT PEUPLE CONGOLAIS contre le colonialisme belge « ancien » − celui de la Société Générale − , contre le néo-colonialisme yankee et contre tous leurs fantoches.
– SOLIDARITÉ AVEC LES MOUVEMENTS RÉVOLUTIONNAIRES DE LIBÉRATION NATIONALE d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
– SOLIDARITÉ avec LA LUTTE DES NOIRS AMÉRICAINS pour leur libération.
– SOLIDARITÉ AVEC LA RÉSISTANCE ANTIFASCISTE ET ANTI-IMPÉRIALISTE d’Indonésie, d’Espagne, du Portugal et de Grèce.
– ÉCHEC AU CHANTAGE ET A LA MENACE NUCLÉAIRES, INTERDICTION ET DESTRUCTION TOTALES DES ARMES NUCLÉAIRES.
POUR TRIOMPHER DES IMPÉRIALISTES AYANT COMME CHEF DE FILE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN, ET DE LEURS COLLABORATEURS :
FRONT UNI MONDIAL DES PEUPLES
DÉNONÇONS LES GOUVERNEMENTS SUCCESSIFS DE TRAHISON NATIONALE, ANTIPOPULAIRES !
P.S.B.- P.S.C. et P.S.C.- P.L.P.
Balayons les partis politiques bourgeois au service du capital financier « belge » et de son maitre américain.
Travailleurs, prenez en mains vous-mêmes l’organisation de vos luttes !
FORMEZ VOS COMITÉS D’ACTION dans les entreprises et dans les quartiers !
POUR MENER VICTORIEUSEMENT JUSQU’AU BOUT LA LUTTE POUR LES OBJECTIFS DU FRONT UNI POPULAIRE, POUR ASSURER EFFECTIVEMENT L’AUTODÉTERMINATION DU PEUPLE WALLON, DU PEUPLE FLAMAND ET DU PEUPLE DE BRUXELLES PAR LA CONQUÊTE DU FÉDÉRALISME A TROIS ET DE L’INDÉPENDANCE NATIONALE.
il faut détruire la machine de l’État bourgeois unitariste et monarchiste, instaurer LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE FÉDÉRATIVE.
Alors, cette instauration du pouvoir populaire, de la dictature du prolétariat allié aux autres couches de la population laborieuse contre les ennemis du peuple, ouvrira la voie à LA RÉVOLUTION SOCIALISTE LIBÉRATRICE,
« De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail » sera la devise mise en pratique dans la SOCIÉTÉ SOCIALISTE qui créera les conditions pour le passage au COMMUNISME inscrivant sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ! »