MONADE (du grec […] — unité) Terme philosophique prémarxiste désignant l’unité indivisible la plus simple. Dans la philosophie grecque, il signifiait la singularité considérée comme un des principes de l’être.
Dans le système de Leibniz (V.), les monades, substances spirituelles indépendantes, capables de mouvements spontanés, sont le fondement de tout ce qui existe. Leur liaison exprime l’harmonie divine préétablie.
La doctrine idéaliste des monades de Leibniz comportait des éléments de dialectique.
MONDE EXTERIEUR. Ensemble des objets matériels, des phénomènes liés entre eux et existant en dehors et indépendamment de la conscience humaine.
Pour le matérialiste le monde extérieur est la source unique de la connaissance.
Pour l’idéaliste, le monde extérieur est l’œuvre d’un esprit surnaturel (idéalisme « objectif »), ou bien le produit de la conscience d’un individu (idéalisme subjectif).
MONISME (du grec […] — seul). Doctrine philosophique qui, contrairement au dualisme (V.), pose à la base de tout ce qui existe un seul principe. Le monisme peut être matérialiste ou idéaliste.
Pour les matérialistes, ce principe, ce fondement du monde c’est la matière (V.), pour les idéalistes, c’est l’esprit. Selon Hegel (V.), moniste idéaliste, tout découle de l’idée absolue. Le monisme idéaliste défend la religion.
Seul le matérialisme dialectique, créé par Marx et Engels, est une philosophie moniste scientifique. Le monisme matérialiste soutient que le monde est matériel par sa nature, que tous les phénomènes naturels sont des formes diverses de la matière en mouvement.
Marx et Engels ont été les premiers à appliquer la doctrine matérialiste à la vie de la société.
Comme l’ont montré les classiques du marxisme-léninisme, le mode de production des biens matériels (V.) constitue le facteur déterminant du développement social.
MONOTHEISME. Doctrine religieuse qui n’admet qu’un seul dieu, contrairement au polythéisme qui en admet plusieurs.
En régime clanal, chaque clan avait à l’origine son propre dieu. Au stade supérieur de l’évolution de ce régime naquit le culte polythéiste où chaque dieu avait son nom, sa « sphère d’activité ».
L’évolution ultérieure des croyances religieuses est liée à la division de la société en classes et à l’avènement de l’Etat où surgit le culte d’un seul dieu (le monothéisme).
L’apparition des rois engendre l’idée du roi céleste. Dans sa lettre à Marx (octobre 1846), Engels écrit que « le dieu un n’aurait jamais existé
sans le roi un ».
Le monothéisme des religions contemporaines est pourtant très relatif : la croyance en dieu le père, en dieu le fils, en la sainte vierge, etc., c’est en réalité du polythéisme.
MONTESQUIEU Charles-Louis de (1689-1755). Ecrivain français, porte-parole des aspirations politiques de la bourgeoisie française du milieu du XVIIIe siècle.
Ses principaux ouvrages : « Lettres persanes » (1721), « Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains » (1734), « L’Esprit des lois » (1748) connurent, avec les œuvres de Rousseau (V.), une grande popularité, en particulier auprès des dirigeants de la Révolution bourgeoise de 1789.
Ces trois ouvrages ont été traduits en russe dès le XVIIIe siècle. Dans le premier, Montesquieu se livre à une âpre critique du régime absolutiste sous Louis XIV ; dans les deux autres, il essaye de révéler l’origine de l’Etat, d’expliquer la nature des lois afin de dresser, sur cette base « naturelle », un plan de réformes sociales. D’après Montesquieu, l’évolution obéit à des lois.
Il les définit comme les « rapports nécessaires dérivant de la nature des choses ». La loi règne également dans le domaine des rapports sociaux.
Montesquieu est un des fondateurs de la « théorie géographique » en sociologie (V.). La physionomie morale d’un peuple, le caractère de ses lois et de ses institutions sont conditionnés, selon Montesquieu, par le climat, le sol, l’étendue du territoire sur lequel ce peuple vit.
Il n’existe pas d’Etat, de religion, de lois, ni de mœurs absolument rationnels, uniquement fondés sur la Raison.
Tout dépend des conditions de vie du peuple, c’est-à-dire des conditions géographiques.
Toutefois les lois, selon Montesquieu, ne résultent pas des rapports sociaux objectifs. Elles sont établies par la raison qui doit tenir compte du génie du peuple, déterminé par le milieu géographique.
Ainsi, la doctrine de Montesquieu a un caractère idéaliste, et s’éloigne d’une compréhension scientifique des lois du développement de la société.
Mais son idée du déterminisme de l’histoire humaine, idée principale de son « Esprit des lois », marquait un progrès. Contrairement à Hobbes (V.), Montesquieu considère que l’état naturel des hommes c’est la paix et l’égalité.
Ne comprenant pas la nature historique de l’Etat, il voit dans la monarchie constitutionnelle la meilleure forme de gouvernement.
Montesquieu créa la théorie libérale des trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Il est l’un des auteurs de la théorie dite « quantitative » de l’argent.
Sans être athée, il fit une critique acerbe de l’Eglise et du clergé.