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Chapitre 1. Pourquoi posons-nous les problèmes stratégiques de la guerre de partisans ?

Dans la Guerre de Résistance contre le Japon, la guerre régulière joue le rôle principal, et la guerre de partisans un rôle auxiliaire. Nous avons déjà résolu correctement ce problème. Dès lors, seuls des problèmes tactiques semblent se poser dans la guerre de partisans ; pourquoi posons-nous donc aussi les problèmes de stratégie ? Si la Chine était un petit pays, où le rôle des opérations de partisans se réduit à appuyer, directement et à courte distance, les opérations des troupes régulières au cours des campagnes, évidemment il ne se poserait que des problèmes tactiques, et il ne serait aucunement question de stratégie. D’un autre côté, si la Chine était un pays aussi puissant que l’Union soviétique, de sorte que tout envahisseur pourrait en être chassé rapidement ou qu’il ne serait pas en mesure d’y occuper un vaste territoire même s’il y restait plus longtemps, les opérations de partisans ne joueraient également qu’un rôle d’appui au cours des campagnes, et il est évident que seuls des problèmes tactiques se poseraient, et qu’il ne serait pas question de stratégie.

Cependant, les circonstances suivantes font que des problèmes stratégiques se posent dans la guerre de partisans : la Chine n’est pas un petit pays, elle n’est pas non plus un pays comme l’Union soviétique ; la Chine est un pays grand, mais faible. Ce pays grand mais faible est attaqué par un autre pays, petit, mais fort ; cependant, il connaît actuellement une époque de progrès : là est toute la question.

En raison de cette situation, notre ennemi a pu occuper un territoire très vaste, et la guerre a pris le caractère d’une guerre de longue durée.

Le territoire envahi par l’ennemi dans notre grand pays est très vaste, mais du fait que nous avons pour ennemi un petit pays qui n’a pas de forces armées suffisantes et que, dans le territoire qu’il a envahi, beaucoup de régions échappent à son contrôle, la guerre de partisans antijaponaise consistera essentiellement non pas en des opérations à l’intérieur des lignes pour appuyer les opérations de campagne de l’armée régulière, mais en des opérations indépendantes, à l’extérieur des lignes.

En outre, du fait que la Chine connaît une époque de progrès, c’est-à-dire qu’il existe en Chine une puissante armée et de larges masses populaires dirigées par le Parti communiste, la guerre de partisans antijaponaise sera une guerre non pas de petite, mais de grande envergure. De là naît tout un ensemble de problèmes tels que la défense stratégique et l’attaque stratégique. Comme la guerre sera longue et par conséquent acharnée, la guerre de partisans doit accomplir un grand nombre de tâches inhabituelles ; ainsi se posent également les problèmes des bases d’appui, du passage de la guerre de partisans à la guerre de mouvement, etc.

Il en résulte que la guerre de partisans antijaponaise en Chine sort du cadre de la tactique et frappe à la porte de la stratégie ; ainsi, l’examen de la question de la guerre de partisans sous l’angle de la stratégie s’avère indispensable. Il est à noter en particulier qu’une guerre de partisans aussi étendue et d’aussi longue durée est quelque chose de fort nouveau dans toute l’histoire des guerres, quelque chose qu’on ne saurait séparer de l’époque où nous vivons ? les années 30 et 40 du XXe siècle ? ni de l’existence du Parti communiste et de l’Armée rouge.

Là est le nœud de la question. Sans doute, notre ennemi caresse encore de beaux rêves en se comparant aux Mongols qui avaient asservi la Chine au temps de la dynastie des Song, aux Mandchous qui avaient assujetti la Chine des Ming, aux Anglais qui avaient pris l’Amérique du Nord et l’Inde, aux conquérants des pays latins qui avaient occupé l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, etc.

De tels rêves n’ont plus de valeur pratique dans la Chine d’aujourd’hui, car elle présente certains facteurs qui n’existaient pas lors des événements historiques qu’on vient d’évoquer. L’un de ces facteurs est cette guerre de partisans, qui constitue un fait fort nouveau. Si notre ennemi néglige ce facteur, il le paiera cher. C’est la raison pour laquelle les opérations de partisans antijaponaises doivent être examinées sous l’angle de la stratégie, bien qu’elles ne jouent qu’un rôle auxiliaire dans l’ensemble de la Guerre de Résistance.

Alors, pourquoi n’appliquerait-on pas aux opérations de partisans les principes stratégiques généraux de la Guerre de Résistance ?

Les problèmes stratégiques de la guerre de partisans antijaponaise sont certes étroitement liés aux problèmes stratégiques de la Guerre de Résistance dans son ensemble et ont avec eux beaucoup de points communs ; mais, d’un autre côté, la guerre de partisans se distingue de la guerre régulière, elle a ses particularités.

C’est pourquoi la stratégie de la guerre de partisans possède, elle aussi, un grand nombre de caractères spécifiques. On ne peut donc pas transposer tels quels les principes stratégiques généraux de la Guerre de Résistance dans la guerre de partisans du fait des particularités qu’elle comporte.

Chapitre 2. Le principe fondamental de la guerre Conserver ses forces et anéantir celles de l’ennemi

Avant de parler concrètement de la stratégie de la guerre de partisans, il faut s’arrêter à la question fondamentale de la guerre en général.

Les règles de l’action militaire découlent toutes d’un seul principe fondamental : s’efforcer de conserver ses forces et d’anéantir celles de l’ennemi. Dans une guerre révolutionnaire, ce principe est directement lié au principe politique fondamental de la guerre. Par exemple, le principe politique fondamental de la Guerre de Résistance de la Chine contre le Japon, c’est-à-dire le but politique de cette guerre, est de chasser les impérialistes japonais et de créer une Chine nouvelle, indépendante, libre et heureuse. Cela signifie, sur le plan militaire, défendre la patrie par les armes et chasser les bandits japonais. Pour atteindre ce but, les armées doivent, dans leurs opérations, faire tout leur possible pour conserver leurs forces et anéantir les forces de l’ennemi.

Mais alors, comment expliquer l’honneur que l’on attache au sacrifice héroïque dans la guerre ? Chaque guerre demande des sacrifices, parfois même des sacrifices énormes. Cela ne serait-il pas en contradiction avec le principe de la conservation des forces ? En réalité, il n’y a là aucune contradiction ; ce sont, plus exactement, deux aspects contradictoires qui se conditionnent l’un l’autre. C’est que les sacrifices sont indispensables non seulement pour anéantir les forces de l’ennemi, mais aussi pour conserver les siennes propres ; ce renoncement partiel et temporaire à conserver ses forces (les sacrifices, ou, en d’autres termes, le prix à payer) est précisément indispensable pour conserver définitivement l’ensemble des forces. Du principe fondamental exposé ci-dessus découle toute la série des règles nécessaires à la conduite des opérations militaires, à commencer par celles du tir (se couvrir soi-même et exploiter sa puissance de feu : l’un pour conserver ses forces, l’autre pour anéantir les forces de l’ennemi), et jusqu’à celles de la stratégie, toutes sont inspirées de ce principe fondamental, et toutes sont destinées à en permettre la réalisation, qu’elles se rapportent à la technique militaire, à la tactique, aux campagnes ou à la stratégie.

Conserver ses forces et anéantir celles de l’ennemi, tel est le principe fondamental de toutes les règles de la guerre.

Chapitre 3. Six problèmes stratégiques spécifiques de la guerre de partisans contre le Japon

Examinons maintenant quelles lignes de conduite ou quels principes nous devons adopter dans les opérations de la guerre de partisans antijaponaise pour conserver nos forces et anéantir celles de l’ennemi.

Généralement, dans la Guerre de Résistance (comme d’ailleurs dans toute guerre révolutionnaire), les détachements de partisans se créent à partir de rien et, d’une petite force, se transforment en une grande ; ils doivent donc non seulement conserver leurs forces mais encore les accroître.

La question se pose par conséquent ainsi : sur quelles lignes de conduite ou sur quels principes faut-il nous appuyer pour arriver à conserver ou à accroître nos forces et à anéantir les forces de l’ennemi ? Voici quelles sont, en termes généraux, les principales de ces lignes de conduite :

1. Initiative, souplesse et plan dans la conduite des opérations offensives au cours d’une guerre défensive, des opérations de décision rapide au cours d’une guerre de longue durée et des opérations à l’extérieur des lignes au cours de la guerre à l’intérieur des lignes ;

2. Coordination avec la guerre régulière ;

3. Création de bases d’appui ;

4. Défense stratégique et attaque stratégique ;

5. Passage de la guerre de partisans à la guerre de mouvement ;

6. Etablissement de rapports justes dans le commandement.

Ces lignes de conduite constituent tout le programme stratégique de la guerre de partisans antijaponaise et la voie nécessaire pour conserver et accroître nos forces, détruire et chasser les forces ennemies, coordonner la guerre de partisans avec la guerre régulière, et remporter la victoire finale.

Chapitre 4. Initiative, souplesse et plan dans la conduite des opérations offensives au cours d’une guerre défensive, des opérations de décision rapide au cours d’une guerre de longue durée et des opérations à l’extérieur des lignes au cours de la guerre à l’intérieur des lignes

Ce chapitre se subdivise en quatre parties : 1) la liaison entre la défensive et l’offensive, entre la guerre de longue durée et les opérations de décision rapide, entre les opérations à l’intérieur des lignes et les opérations à l’extérieur des lignes ; 2) l’initiative dans toute action militaire ; 3) la souplesse dans l’utilisation des forces ; 4) l’établissement d’un plan pour chaque opération.

Voyons le premier point.

Dans la mesure où le Japon est un pays puissant et mène l’offensive, et où nous-mêmes sommes un pays faible et sommes sur la défensive, l’ensemble de la Guerre de Résistance se définit du point de vue stratégique comme une guerre défensive et de longue durée. A considérer les lignes où se déroulent les opérations, l’ennemi opère à l’extérieur des lignes et nous à l’intérieur des lignes. C’est là un aspect de la question.

Mais il y en a un autre, exactement contraire. Bien que l’armée ennemie soit forte (du point de vue de son armement, de certaines qualités de ses effectifs et de certains autres facteurs), elle est numériquement faible ; bien que notre armée soit faible (également du point de vue de son armement, de certaines qualités de ses effectifs et de certains autres facteurs), elle est numériquement très forte ; en outre, il faut tenir compte du fait que l’ennemi, qui envahit notre pays, appartient à une nation étrangère, tandis que nous résistons à l’agression étrangère sur notre propre sol.

Tout cela détermine la ligne stratégique suivante : tout en appliquant la stratégie de la guerre défensive, on peut et on doit entreprendre des campagnes et des combats offensifs ; en appliquant la stratégie de la guerre de longue durée, on peut et on doit entreprendre des campagnes et des combats de décision rapide ; et en appliquant la stratégie de la guerre à l’intérieur des lignes, on peut et on doit entreprendre, dans les campagnes et les combats, des opérations à l’extérieur des lignes.

Telle est la ligne stratégique qui doit être appliquée durant toute la Guerre de Résistance. Cela est valable aussi bien pour la guerre régulière que pour la guerre de partisans. La seule différence en ce qui concerne la guerre de partisans se trouve dans le degré et la forme de réalisation. Dans la guerre de partisans, les opérations offensives prennent généralement la forme d’attaques par surprise. Dans la guerre régulière, bien qu’on doive et qu’on puisse entreprendre aussi des attaques par surprise, on n’arrive à surprendre l’ennemi qu’à un degré moindre. La guerre de partisans exige, dans une très grande mesure, une décision rapide ; cependant, le rayon de l’encerclement dans lequel les partisans saisissent l’ennemi au cours des campagnes et des combats à l’extérieur des lignes est restreint. Tout cela distingue les opérations des partisans des opérations régulières.

II en découle que, dans leurs opérations, les détachements de partisans doivent concentrer autant de forces que possible, agir en secret et avec la rapidité de l’éclair, exécuter contre l’ennemi des raids inattendus et obtenir une décision rapide des combats ; il faut éviter par tous les moyens de rester passif dans la défensive et de prolonger les combats, et il faut se garder d’éparpiller ses forces au moment d’engager une action. Bien entendu, dans la guerre de partisans, on a recours à la défensive non seulement sur le plan stratégique mais aussi sur le plan tactique ; la fixation de l’ennemi et les opérations de protection dans les combats, l’organisation de la défense dans les défilés, dans les lieux d’accès difficile, le long des cours d’eau et dans les agglomérations rurales pour user et épuiser l’ennemi, les opérations de couverture en cas de retraite, etc. sont autant d’éléments de la défense tactique dans la guerre de partisans. Mais l’orientation essentielle doit y être l’offensive, c’est une guerre d’un caractère offensif plus marqué que la guerre régulière. En outre, l’offensive des partisans doit prendre la forme d’attaques par surprise ; ici plus encore que dans la guerre régulière, il est inadmissible de se trahir par des fanfaronnades bruyantes. Bien qu’il y ait des cas, dans la guerre de partisans, où les combats se prolongent pendant plusieurs jours, par exemple lors d’une attaque contre un ennemi peu nombreux, isolé et privé d’aide extérieure, on doit, en règle générale, y rechercher plus encore que dans la guerre régulière la conclusion rapide des combats, ce qui est imposé par le fait même que l’ennemi est fort et que nous sommes faibles.

La guerre de partisans, par sa nature même, se fait avec des forces dispersées, ce qui donne à ses opérations un caractère d’ubiquité. En outre, une série d’autres tâches qui lui sont dévolues, celles de harceler l’ennemi, de l’immobiliser, d’exécuter des sabotages et d’effectuer le travail de masse, exigent la dispersion des forces. Cependant, les détachements et les corps de partisans doivent concentrer leurs forces principales lorsqu’ils se donnent pour tâche d’anéantir les forces de l’ennemi et surtout lorsqu’ils s’efforcent de briser l’offensive de l’ennemi. « Concentrer de grandes forces pour battre de petites unités de l’ennemi » demeure l’un des principes des opérations militaires dans la guerre de partisans. Il en découle également, du point de vue de la Guerre de Résistance dans son ensemble, que l’on ne peut atteindre les buts de la défensive stratégique et parvenir à la victoire définitive sur l’impérialisme japonais que par l’accumulation d’un grand nombre de campagnes et de combats offensifs tant dans la guerre régulière que dans la guerre de partisans, c’est-à-dire en remportant un grand nombre de victoires dans ces opérations offensives. Ce n’est qu’en livrant un grand nombre de combats rapides, c’est-à-dire en remportant des succès dans des opérations de décision rapide au cours des campagnes et des combats offensifs, que l’on peut atteindre les buts stratégiques de cette guerre prolongée : d’une part, gagner du temps pour accroître notre capacité de résistance, d’autre part, attendre, tout en hâtant leur venue, des changements dans la situation internationale et l’effondrement interne de l’ennemi pour passer à la contre-offensive stratégique et chasser les bandits japonais hors de Chine.

Il faut concentrer des forces supérieures dans chaque combat et engager, aussi bien dans la période de la défensive stratégique que dans la période de la contre-offensive stratégique, des opérations à l’extérieur des lignes dans chaque campagne ou combat pour encercler l’ennemi et l’anéantir ; s’il n’est pas possible d’encercler toutes ses forces, il faut en encercler une partie ; s’il n’est pas possible d’anéantir complètement les forces encerclées, il faut en anéantir une partie ; enfin, s’il est impossible de faire prisonnières en masse ces troupes encerclées, il faut infliger à l’ennemi les plus grandes pertes possibles en tués et en blessés.

C’est seulement en livrant un grand nombre de ces combats d’anéantissement que nous pourrons changer la situation en notre faveur, rompre définitivement l’encerclement stratégique, c’est-à-dire ruiner le plan de l’ennemi qui voulait se battre à l’extérieur des lignes, et, finalement, joignant nos efforts à l’action des forces internationales et à la lutte révolutionnaire du peuple japonais, tomber de tous les côtés sur l’impérialisme japonais et lui donner le coup de grâce.

Ces résultats, nous les obtiendrons surtout par les opérations régulières, tandis que les opérations de partisans auront à jouer un rôle moins important. Les unes et les autres ont toutefois ceci de commun qu’il faudra accumuler de nombreuses petites victoires pour en faire une grande victoire. C’est dans ce sens que nous parlons du grand rôle stratégique de la guerre de partisans dans tout le cours de la Guerre de Résistance.

Passons maintenant aux problèmes de l’initiative, de la souplesse et du plan dans la guerre de partisans.

Qu’est-ce que l’initiative dans la guerre de partisans ? Dans toute guerre, les parties belligérantes s’efforcent par tous les moyens de conquérir l’initiative, que ce soit sur le champ de bataille, dans un théâtre d’opérations, dans une zone de guerre ou même au cours de toute la guerre, car initiative signifie liberté d’action pour une armée.

Quand une armée a perdu l’initiative et se trouve acculée à la passivité, elle est privée de la liberté d’action et s’expose à être défaite ou anéantie. Sur le plan stratégique, il est évidemment plus difficile de prendre l’initiative dans la guerre défensive et les opérations à l’intérieur des lignes que dans la guerre offensive et les opérations à l’extérieur des lignes. Cependant, l’impérialisme japonais présente deux points faibles principaux : premièrement, ses forces armées ont des effectifs insuffisants et, deuxièmement, il fait la guerre en terre étrangère.

En outre, la sous-estimation des forces de la Chine et les contradictions à l’intérieur du camp des militaristes japonais ont conduit le commandement japonais à commettre toute une série d’erreurs telles que de n’avoir accru ses effectifs que petit à petit, d’avoir manqué de coordination stratégique, de ne plus avoir, à certains moments, de direction d’attaque principale, d’avoir laissé passer le moment propice pour certaines opérations et de n’avoir pas su anéantir les troupes encerclées, ce qui peut, dans son ensemble, être considéré comme le troisième point faible de l’ennemi.

Ainsi, les militaristes japonais, en dépit de l’avantage qu’ils ont de faire une guerre offensive et d’opérer à l’extérieur des lignes, perdent l’initiative un peu plus chaque jour, parce que leurs effectifs sont insuffisants (le Japon est un petit pays, sa population est peu nombreuse et ses ressources insuffisantes, c’est un pays impérialiste féodal, etc.), parce qu’ils font la guerre en terre étrangère (et une guerre impérialiste, donc barbare) et parce qu’ils commettent des maladresses dans le commandement.

Actuellement, le Japon ne veut pas encore terminer la guerre et ne le peut pas. Il n’a pas arrêté son offensive stratégique, mais la situation générale lui interdit de dépasser certaines limites ; c’est la conséquence logique de ses trois points faibles. Avaler toute la Chine est au-dessus de ses forces.

Le jour viendra où le Japon perdra complètement l’initiative ; déjà on en perçoit les premiers signes. D’un autre côté, la Chine se trouvait, au début de la guerre, dans une position plutôt passive ; mais maintenant qu’elle a accumulé de l’expérience, elle commence à s’engager dans une voie nouvelle, celle de la guerre de mouvement, c’est-à-dire des opérations offensives, des opérations de décision rapide et des opérations à l’extérieur des lignes dans les campagnes et les combats, ce qui, avec la ligne de conduite de développer partout la guerre de partisans, fait passer progressivement l’initiative de son côté.

Dans la guerre de partisans, le problème de l’initiative est encore plus important. En effet, dans la plupart des cas, les détachements de partisans opèrent dans des conditions difficiles : ils n’ont pas d’arrière, ils sont faibles en face d’un ennemi puissant, ils manquent d’expérience (quand ils sont nouvellement organisés), ils sont isolés les uns des autres, etc. Il n’en est pas moins possible de prendre l’initiative dans la guerre de partisans, à condition surtout de mettre à profit les trois points faibles de l’ennemi indiqués ci-dessus.

Profitant de l’insuffisance en effectifs des forces ennemies (du point de vue de l’ensemble de la guerre), les partisans peuvent sans crainte englober dans leurs opérations de vastes territoires ; profitant de ce que l’ennemi fait la guerre en terre étrangère et qu’en outre ses méthodes sont particulièrement barbares, les partisans peuvent hardiment s’assurer le soutien de millions et de millions d’hommes ; profitant des maladresses du commandement ennemi, les partisans peuvent donner libre carrière à toute leur ingéniosité. Bien entendu, l’armée régulière doit, elle aussi, utiliser tous ces points faibles de l’ennemi pour en forger les armes de sa propre victoire, mais il importe tout particulièrement aux détachements de partisans de le faire.

Les points faibles des détachements de partisans eux-mêmes peuvent être éliminés peu à peu au cours de la lutte, et quelquefois ces points faibles sont même ce qui leur permet de prendre l’initiative. Ainsi, c’est justement grâce à leurs faibles effectifs que les détachements de partisans peuvent opérer à l’arrière de l’ennemi, apparaissant et disparaissant comme par magie et enlevant à l’ennemi toute possibilité d’action contre eux. Pareille liberté de mouvement est impossible aux troupes régulières, trop massives.

Lorsque l’ennemi dirige contre eux une offensive concentrique, en plusieurs colonnes, les détachements de partisans ont beaucoup de difficultés à garder l’initiative et ils la perdent facilement. Dans ces conditions, si l’on n’apprécie pas correctement la situation et si l’on prend des décisions erronées, on risque de tomber dans la passivité et de ne pouvoir briser l’encerclement. Cela peut aussi se produire lorsque l’ennemi se défend et que nous attaquons. Par conséquent, prendre l’initiative n’est possible que si on apprécie correctement la situation (chez soi et chez l’ennemi) et si on prend des décisions militaires et politiques justes.

Avec une appréciation pessimiste, ne correspondant pas à la situation objective, et avec les décisions de caractère passif qui en découlent, nous nous priverions certainement nous-mêmes de l’initiative et nous nous condamnerions à la passivité. De la même façon exactement, une appréciation exagérément optimiste, ne correspondant pas à la situation objective, et les décisions aventureuses (risques injustifiés) qui en découlent nous feraient perdre l’initiative et nous mettraient finalement dans la même position que les pessimistes. L’initiative n’appartient en propre à aucun homme de génie ; elle ne peut naître que d’une étude réfléchie et d’une appréciation correcte de la situation objective, des décisions militaires et politiques correctes d’un chef intelligent. Ainsi, l’initiative est le fruit d’un effort conscient, elle n’est jamais donnée toute prête.

S’il arrive que des erreurs dans l’appréciation ou dans les décisions ou encore une pression irrésistible de l’ennemi aient réduit des unités de partisans à la passivité, le problème consiste pour elles à s’efforcer d’en sortir. C’est de la situation concrète que dépend la façon d’en sortir. Dans bien des cas, il faut « se retirer ». Savoir se retirer est l’une des caractéristiques des partisans. Se retirer est le principal moyen pour sortir de la passivité et pour reprendre l’initiative. Mais ce n’est pas là le seul moyen. Très souvent, c’est au moment même où l’ennemi exerce sa pression la plus forte et où les difficultés sont pour nous les plus grandes que la situation commence à devenir défavorable pour l’ennemi et favorable pour nous. Il arrive souvent que le retour à une situation favorable et la reprise de l’initiative sont dus aux efforts que l’on fait pour « tenir encore un peu ».

Venons-en maintenant à la souplesse. La souplesse, c’est la manifestation concrète de l’initiative. La souplesse dans l’utilisation des forces est encore plus nécessaire dans la guerre de partisans que dans la guerre régulière.

Il faut que les dirigeants de la guerre de partisans comprennent que la souplesse dans l’utilisation des forces est le principal moyen pour changer la situation en notre faveur et pour nous emparer de l’initiative. Les particularités de la guerre de partisans exigent que les forces soient utilisées avec souplesse, conformément aux tâches posées et aux conditions telles que la situation de l’ennemi, la configuration du terrain et les sentiments de la population locale.

Les principales formes d’utilisation des forces sont la dispersion, la concentration et le déplacement. Le dirigeant de la guerre de partisans se sert des détachements de partisans comme un pêcheur de son filet ; le pêcheur doit savoir jeter son filet et il doit savoir aussi le ramener.

Lorsqu’il le jette, il faut qu’il connaisse parfaitement la profondeur des eaux, la vitesse du courant, qu’il sache s’il y a ou non des écueils. De même, lorsque les détachements de partisans sont utilisés en ordre dispersé, leur commandant doit veiller soigneusement à ce qu’ils ne subissent pas de pertes dues à une méconnaissance de la situation et aux opérations erronées qu’elle entraîne.

Exactement comme le pêcheur, pour ramener son filet, doit en tenir fermement les extrémités dans ses mains, ainsi, dans la guerre de partisans, le commandant doit assurer la liaison et les communications avec tous ses détachements et garder en main une partie suffisante de ses forces principales. Pour prendre du poisson, il faut changer souvent de place ; les détachements de partisans doivent aussi se déplacer fréquemment. Dispersion, concentration et déplacement sont les trois formes d’une utilisation souple des forces dans la guerre de partisans.

En général, la dispersion des forces dans la guerre de partisans, ou, comme on dit, « la division du tout en parties », s’applique principalement dans les cas suivants : 1) lorsque l’ennemi passe à la défensive, qu’il nous est temporairement impossible d’agir avec des forces concentrées et que nous voulons créer une menace pour l’ennemi sur un large front ; 2) dans les régions où les forces de l’ennemi sont faibles, lorsque nous voulons les harceler et les désorganiser partout à la fois ; 3) lorsqu’il n’est pas possible de briser une offensive concentrique de l’ennemi et qu’il y a lieu de distraire son attention pour pouvoir nous dérober ; 4) lorsque les conditions de terrain ou des difficultés de ravitaillement l’exigent ; 5) lorsque le travail de masse doit s’effectuer dans des régions étendues.

Cependant, quelle que soit la situation, lorsqu’on disperse les forces, on ne doit pas perdre de vue : 1) qu’il ne faut pas disperser les forces également partout, mais en conserver toujours une partie relativement importante dans une région propice aux mouvements, pour être en mesure de parer aux événements imprévus et pour l’employer à la principale des tâches imposées aux forces dispersées ; 2) qu’il faut donner à chacun des détachements séparés une mission bien précise, et lui indiquer son rayon d’action, la durée des opérations, un point de ralliement, les moyens de liaison, etc. La concentration des forces, ou, comme on dit, « l’intégration des parties en un tout », est une méthode employée principalement pour anéantir les forces de l’ennemi lorsqu’il déclenche une offensive. Mais elle peut quelquefois s’appliquer quand l’ennemi est sur la défensive, pour anéantir certaines de ses troupes en station.

La concentration des forces ne signifie pas une concentration absolue. On concentre les forces principales pour les utiliser dans une direction importante, tandis que, dans les autres directions, on laisse ou on envoie une partie des forces pour fixer l’ennemi, le harceler, exécuter des sabotages ou faire du travail de masse. La souplesse dans la dispersion ou la concentration des forces, en a port avec la situation, est la méthode principale de la guerre de partisans ; mais il faut également savoir déplacer (ou transférer) les forces avec souplesse. Quand l’ennemi se sent sérieusement menacé par les partisans, il ne tarde pas à envoyer des troupes pour les attaquer ou les écraser.

C’est alors que les partisans doivent juger de la situation : si le combat peut être livré, il faut le livrer sur le lieu même, sinon, il faut, sans perdre de temps, passer rapidement dans un autre lieu. ’Parfois, pour écraser les unités ennemies une à une, il faut, dès qu’on en a anéanti une en un endroit, se porter rapidement en un autre endroit pour en anéantir une seconde ; il arrive parfois aussi que, dans un endroit donné, la situation ne soit pas favorable au combat : il faut alors rompre immédiatement avec l’ennemi et aller livrer combat ailleurs.

Si la menace de l’ennemi se fait particulièrement pressante, les partisans ne doivent pas s’attarder dans un même lieu, mais se déplacer avec la rapidité du vent et du torrent. En général, le déplacement doit s’effectuer dans le secret et rapidement. Il faut recourir fréquemment à des moyens ingénieux pour tromper l’ennemi, lui tendre des pièges ou le désorienter, par exemple : faire des démonstrations d’un côté pour attaquer de l’autre, se montrer subitement ici et un moment après ailleurs, tantôt attaquer l’ennemi et tantôt rompre le combat, opérer de nuit, etc.

La souplesse dans la dispersion, la concentration et le déplacement des forces est la manifestation concrète de l’initiative dans la guerre de partisans. La routine et la lourdeur conduisent inévitablement à la passivité et à des pertes inutiles.

La valeur d’un chef intelligent se révèle non dans sa compréhension de l’importance d’employer les forces avec souplesse, mais dans son aptitude, le moment venu, à disperser, concentrer et déplacer ses forces selon la situation concrète. L’art d’apprécier une situation et de choisir avec bonheur le moment favorable n’est pas chose facile. Seuls peuvent l’acquérir ceux qui font preuve d’objectivité dans l’étude, de persévérance dans la recherche, et de pénétration. Pour que la souplesse ne se transforme pas en action impulsive, un examen sérieux de la situation est indispensable.

Passons enfin au problème du plan. Pour remporter la victoire dans la guerre de partisans on ne peut se passer d’un plan. Agir au hasard signifie jouer à la guerre de partisans, ou se comporter en profane. Les opérations, aussi bien pour toute une région de partisans que pour un détachement ou un corps isolé, doivent toujours être précédées de l’établissement d’un plan aussi poussé que possible. C’est le travail préparatoire à faire avant toute action. La connaissance de la situation, la détermination des tâches, la disposition des forces, l’instruction militaire et politique, l’approvisionnement en vivres, la mise en ordre de l’équipement, la recherche de l’appui de la population, etc., tout cela constitue le travail du dirigeant qui doit réfléchir soigneusement à tout, appliquer les décisions et en contrôler l’exécution. Sans cela, aucune initiative, aucune souplesse, aucune offensive n’est possible.

Il est vrai que les conditions de la guerre de partisans ne permettent pas l’établissement de plans aussi détaillés que celles des opérations régulières, et qu’il serait faux d’espérer élaborer un plan d’une haute précision dans la guerre de partisans, mais dans les limites fixées par la situation objective, il est indispensable d’établir un plan aussi précis que possible. La lutte contre l’ennemi n’est pas une plaisanterie. Il est bon qu’on le sache. Tout ce qui vient d’être dit sert à illustrer le premier des problèmes stratégiques de la guerre de partisans : initiative, souplesse et plan dans la conduite des opérations offensives au cours d’une guerre défensive, des opérations de décision rapide au cours d’une guerre de longue durée et des opérations à l’extérieur des lignes au cours de la guerre à l’intérieur des lignes. C’est là le principe stratégique capital de la guerre de partisans. Si ce problème est résolu, la poursuite victorieuse de la guerre de partisans, en ce qui regarde la direction militaire, sera dans une grande mesure assurée.

On a parlé plus haut de bien des choses, mais tout se rapporte à un seul et même problème : celui des opérations offensives dans les campagnes et les combats. On ne peut avoir définitivement l’initiative que si l’offensive a été victorieuse. Il faut entreprendre des opérations offensives de sa propre initiative, et non parce qu’on se trouve dans l’obligation d’attaquer.

La souplesse dans l’utilisation des forces répond à un seul problème central : la conduite d’opérations offensives ; de même, le plan est surtout nécessaire pour assurer la victoire dans les opérations offensives. La défense tactique n’a aucun sens si elle ne soutient pas directement ou indirectement une offensive. La décision rapide a trait à la durée de l’offensive, et l’extérieur des lignes à la sphère de l’offensive. L’offensive est le seul moyen pour anéantir les forces de l’ennemi en même temps que le principal moyen pour conserver les nôtres. La défense et la retraite pures et simples ne jouent qu’un rôle temporaire et partiel pour la conservation de nos forces et ne peuvent être en rien un moyen d’anéantissement des forces de l’ennemi. Le principe ci-dessus indiqué s’applique, dans l’ensemble, aussi bien à la guerre régulière qu’à la guerre de partisans, seule sa forme de réalisation diffère en degré dans l’un et l’autre cas. Mais pour conduire la guerre de partisans, il est important, indispensable, de pas perdre de vue cette différence, qui fait précisément que les méthodes de la guerre de partisans se distinguent de celles de la guerre régulière. Si l’on ignore cette différence, il est impossible de conduire la guerre de partisans à la victoire.

Chapitre 5 : Coordination avec la guerre régulière

Le deuxième problème stratégique de la guerre de partisans concerne la coordination de celle-ci avec la guerre régulière. Il s’agit de mettre en lumière le lien entre les opérations de partisans et les opérations régulières, en partant du caractère des opérations concrètes des partisans. Pour frapper l’ennemi avec efficacité, il est important de comprendre ce lien.

Il y a trois sortes de coordination entre la guerre de partisans et la guerre régulière : en stratégie, dans les campagnes et dans les combats. Prise dans son ensemble, la guerre de partisans à l’arrière de l’ennemi, dont le rôle est d’affaiblir ce dernier, de fixer ses forces et d’entraver ses communications, et qui apporte, dans tout le pays, son soutien moral aux troupes régulières et au peuple tout entier, etc. est en coordination stratégique avec la guerre régulière. Prenons pour exemple la guerre de partisans dans les trois provinces du Nord-Est. Avant le début de la Guerre de Résistance à l’échelle nationale, il ne pouvait naturellement pas être question de coordination, mais aussitôt cette guerre commencée, la signification de cette coordination devint évidente. On peut dire que chaque fois qu’ils tuent à l’ennemi un soldat de plus, obligent l’ennemi à user une cartouche de plus, attirent sur eux un soldat ennemi de plus pour qu’il ne soit pas envoyé au sud de la Grande Muraille, les détachements de partisans opérant dans ces régions contribuent à l’ensemble de la Guerre de Résistance.

On peut en dire autant de l’action démoralisatrice qu’ils font subir à l’armée et au pays ennemis, et de l’influence heureuse et exaltante qu’ils exercent sur notre armée et notre peuple. En ce qui concerne les opérations de partisans menées de part et d’autre des lignes de chemin de fer Peiping-Soueiyuan, Peiping-Hankeou, Tientsin-Poukeou, Tatong-Poutcheou, Tchengting-Taiyuan et Changhaï-Hangtcheou, le rôle stratégique de la coordination est encore plus évident.

La coordination de ces opérations de partisans avec les opérations des troupes régulières ne se borne pas au rôle qu’elle joue actuellement dans la défense stratégique, alors que l’ennemi développe une offensive stratégique ; elle fera échouer les opérations de l’ennemi lorsque celui-ci, ayant terminé son offensive stratégique, passera à la consolidation des territoires occupés ; et, lorsque l’armée régulière passera à la contre-offensive stratégique, elle permettra de chasser l’ennemi et de récupérer tous les territoires perdus. Il serait inadmissible de méconnaître l’énorme importance du rôle que joue la guerre de partisans dans la coordination stratégique. Les dirigeants des détachements de partisans et les chefs de l’armée régulière doivent bien comprendre l’importance de ce rôle.

En outre, la guerre de partisans joue un rôle dans la coordination des opérations au cours des campagnes. Par exemple, lors de la bataille de Hsinkeou, au nord de Taiyuan, les partisans détruisirent, dans les régions au nord et au sud de Yenmenkouan, la ligne de chemin de fer Tatong-Poutcheou et les routes qui passent par Pinghsingkouan et Yangfangkeou, jouant ainsi un rôle d’appui très important. Prenons un autre exemple. Après l’occupation de Fenglingtou par l’ennemi, les opérations de partisans étendues à toute la province du Chansi (réalisées essentiellement par des forces de l’armée régulière) ont joué un rôle d’appui encore plus important lors des opérations défensives sur les rives ouest et sud du fleuve Jaune, situées respectivement dans les provinces du Chensi et du Honan. De même, la guerre de partisans, s’étendant à l’ensemble des cinq provinces de la Chine du Nord, apporta un soutien important aux opérations de nos troupes régulières lorsque l’ennemi attaqua le Chantong du Sud.

Pour réaliser les tâches de coordination au cours des campagnes, les dirigeants des bases de partisans à l’arrière de l’ennemi et les commandants des corps de partisans envoyés temporairement hors des bases doivent disposer leurs forces le plus rationnellement possible. Compte tenu des conditions de temps et de lieu, ils doivent, en adoptant des méthodes différentes, déployer une action énergique contre les points vitaux et les plus vulnérables de l’ennemi, de façon à l’affaiblir, à fixer ses forces, à entraver ses communications et à galvaniser nos troupes qui combattent à l’intérieur des lignes.

Si chaque secteur de partisans ou chaque détachement de partisans agit seul, sans se préoccuper de la coordination de ses opérations avec celles des troupes régulières au cours des campagnes, il jouera bien un certain rôle d’appui dans l’ensemble de la stratégie, mais la portée en sera réduite. Tous les dirigeants de la guerre de partisans doivent prêter à cette question une attention particulière. Pour réaliser la coordination au cours des campagnes, il est absolument indispensable de munir de moyens de liaison par radio tous les détachements et corps de partisans de quelque importance.

Enfin, la coordination dans les combats, c’est-à-dire la coordination sur le champ de bataille, fait partie des tâches de tous les détachements de partisans qui agissent non loin d’un champ de bataille à l’intérieur des lignes ; cela ne s’applique naturellement qu’aux détachements de partisans opérant à proximité des troupes régulières ou à des unités temporairement détachées de l’armée régulière pour des opérations de partisans.

Les détachements de partisans doivent, dans ce cas, accomplir les missions qui leur sont assignées, sur les instructions du commandement des troupes régulières, et qui consistent habituellement à fixer une partie des forces de l’ennemi, à entraver ses communications, à effectuer des reconnaissances, à servir de guides aux troupes régulières, etc. Même s’ils n’ont pas reçu d’instructions de ce genre, les détachements de partisans n’en doivent pas moins, de leur propre initiative, accomplir ces tâches. Il serait absolument inadmissible qu’ils restent les bras croisés ou errent à l’aventure sans porter de coups à l’ennemi. les plus vulnérables de l’ennemi, de façon à l’affaiblir, à fixer ses forces, à entraver ses communications et à galvaniser nos troupes qui combattent à l’intérieur des lignes. Si chaque secteur de partisans ou chaque détachement de partisans agit seul, sans se préoccuper de la coordination de ses opérations avec celles des troupes régulières au cours des campagnes, il jouera bien un certain rôle d’appui dans l’ensemble de la stratégie, mais la portée en sera réduite. Tous les dirigeants de la guerre de partisans doivent prêter à cette question une attention particulière.

Pour réaliser la coordination au cours des campagnes, il est absolument indispensable de munir de moyens de liaison par radio tous les détachements et corps de partisans de quelque importance. Enfin, la coordination dans les combats, c’est-à-dire la coordination sur le champ de bataille, fait partie des tâches de tous les détachements de partisans qui agissent non loin d’un champ de bataille à l’intérieur des lignes ; cela ne s’applique naturellement qu’aux détachements de partisans opérant à proximité des troupes régulières ou à des unités temporairement détachées de l’armée régulière pour des opérations de partisans. Les détachements de partisans doivent, dans ce cas, accomplir les missions qui leur sont assignées, sur les instructions du commandement des troupes régulières, et qui consistent habituellement à fixer une partie des forces de l’ennemi, à entraver ses communications, à effectuer des reconnaissances, à servir de guides aux troupes régulières, etc.

Même s’ils n’ont pas reçu d’instructions de ce genre, les détachements de partisans n’en doivent pas moins, de leur propre initiative, accomplir ces tâches. Il serait absolument inadmissible qu’ils restent les bras croisés ou errent à l’aventure sans porter de coups à l’ennemi.

Chapitre 6. Création de bases d’appui

Le troisième problème stratégique de la guerre de partisans contre le Japon concerne la création de bases d’appui. Leur nécessité et leur importance découlent de la longue durée et du caractère acharné de la guerre.

Jusqu’au moment où la contre-offensive stratégique à l’échelle nationale permettra de récupérer tous les territoires perdus, le front ennemi pénétrera profondément dans la partie centrale de notre pays, le coupera en deux, et près de la moitié, voire la plus grande partie de notre territoire sera entre les mains de l’ennemi et deviendra son arrière.

Nous devrons développer la guerre de partisans sur l’ensemble de ce vaste territoire occupé et transformer en front de combat les arrières de l’ennemi, de façon qu’il soit obligé de se battre constamment sur tout le territoire qu’il aura occupé. Tant que nous n’aurons pas commencé notre contre-offensive stratégique, tant que nous n’aurons pas repris les territoires perdus, nous devrons poursuivre avec ténacité la guerre de partisans à l’arrière de l’ennemi. Bien qu’il ne soit pas possible de déterminer avec précision combien de temps durera cette période, il est certain qu’elle sera longue. Cela signifie que notre guerre sera une guerre de longue durée. En même temps, l’ennemi, s’efforçant de sauvegarder ses intérêts dans les territoires occupés, intensifiera nécessairement chaque jour sa lutte contre les partisans, les soumettant à sa répression féroce, surtout lorsque son offensive stratégique aura pris fin. Ainsi, la guerre sera non seulement longue mais encore acharnée et, sans bases d’appui, il ne sera pas possible de soutenir longtemps la guerre de partisans à l’arrière de l’ennemi.

En quoi consistent les bases d’appui de la guerre de partisans ? Ce sont des bases stratégiques sur lesquelles les détachements de partisans s’appuient pour accomplir leurs tâches stratégiques et atteindre leurs buts : conserver et accroître leurs forces, détruire et chasser celles de l’ennemi. Sans ces bases, nous ne pourrions nous appuyer sur rien pour accomplir toutes les tâches stratégiques et atteindre les buts de la guerre. A proprement parler, la guerre de partisans menée à l’arrière de l’ennemi se caractérise par des opérations militaires sans arrière, car les partisans y sont séparés de l’arrière général du pays. Cependant, sans bases d’appui, la guerre de partisans ne saurait durer longtemps ni se développer ; ces bases d’appui sont justement les arrières des partisans.

L’histoire connaît un grand nombre de guerres paysannes faites suivant la méthode des « hors-la-loi », elles furent toutes infructueuses. En notre siècle de progrès des moyens de communication et de la technique, il serait d’autant plus illusoire de compter sur cette méthode pour remporter la victoire. La mentalité de « hors-la-loi » n’en existe pas moins encore aujourd’hui chez les paysans ruinés, et leurs conceptions, se reflétant dans la conscience des dirigeants de la guerre de partisans, se manifestent par la négation de la nécessité des bases d’appui ou la sous-estimation de leur importance.

C’est pourquoi, s’orienter vers la création des bases d’appui, il faut commencer par éliminer la mentalité de « hors-la-loi » de la conscience des dirigeants de la guerre de partisans. La question de savoir si les bases d’appui sont nécessaires et comment il faut en apprécier le rôle, en d’autres termes, la lutte entre la conception des bases d’appui et la mentalité de « hors-la-loi », doit apparaître au cours de toute guerre de partisans, et la guerre de partisans contre le Japon ne saurait, jusqu’à certain point, constituer une exception. C’est pourquoi la lutte idéologique contre la mentalité de hors-la-loi est indispensable. Seules la liquidation complète de cette mentalité, la formulation et l’application d’une politique pour la création des bases d’appui permettront de soutenir avec succès une guerre de partisans de longue durée.

La nécessité et l’importance des bases d’appui une fois exposées, passons aux problèmes qui en découlent, et qu’il est nécessaire de comprendre et de résoudre lors de la création de ces bases. Ces problèmes sont les suivants : types de bases d’appui, régions de partisans et bases d’appui, conditions pour la création de bases d’appui, consolidation et élargissement des bases d’appui, types d’encerclement réalisés par nous et par l’ennemi.

Section 1. Types de bases d’appui

Les bases d’appui de la guerre de partisans antijaponaise sont principalement de trois types : bases d’appui dans les montagnes, bases d’appui dans les plaines et bases d’appui dans les régions de rivières, lacs et estuaires. Tout le monde comprend l’intérêt qu’il y a de créer des bases d’appui dans les régions montagneuses. Les bases qui ont été créées, qui se créent ou qui se créeront dans le Tchangpaichan 1, le Woutaichan 2, le Taihangchan 3, le Taichan 4, le Yenchan 5 et le Maochan 6 sont de ce type.

Ces bases deviendront les points d’appui qui permettront le mieux de poursuivre de façon prolongée la guerre de partisans antijaponaise ; elles deviendront d’importants bastions dans la Guerre de Résistance. Il nous faut développer la guerre de partisans dans toutes les régions montagneuses se trouvant à l’arrière de l’ennemi et y créer des bases d’appui. Les plaines, sous ce rapport, le cèdent naturellement aux montagnes. Mais cela ne signifie nullement que l’on ne puisse développer la guerre de partisans dans les plaines, que l’on ne puisse y créer aucune base. Dans les plaines de la province du Hopei et dans celles du nord et du nord-ouest de la province du Chantong, la guerre de partisans a déjà connu un vaste développement et cela démontre la possibilité de la développer dans les plaines. Jusqu’à présent, la possibilité de créer dans ces régions des bases durables n’a pas encore été prouvée, mais il faut noter que la possibilité d’y créer des bases temporaires est déjà établie et que celle d’y créer des bases pour de petits détachements ou des bases de caractère saisonnier semble bien devoir exister.

Cela, parce que d’une part l’ennemi ne dispose pas de forces armées en suffisance et mène une politique dont la férocité n’a jamais été égalée et que, d’autre part, la Chine a un vaste territoire et une forte population qui résiste au Japon. Il existe donc des conditions objectives pour développer la guerre de partisans dans les plaines et y créer des bases temporaires ; si, de plus, notre commandement est à la hauteur de sa tâche, nous devons évidemment considérer comme possible la création dans les plaines de bases mobiles, mais durables pour de petits détachements 7.

Lorsque l’ennemi cessera son offensive stratégique et passera à la consolidation des territoires qu’il aura occupés, il ne fait aucun doute qu’il mènera une offensive acharnée contre toutes les bases de la guerre de partisans, et celles des plaines recevront naturellement les premiers coups.

Il sera alors impossible aux grandes unités de partisans qui y opèrent de s’y maintenir longtemps et il leur faudra, dans la mesure où la situation l’exigera, se retirer progressivement dans les montagnes. Par exemple, elles se retireront des plaines du Hopei vers le Woutaichan et le Taihangchan et des plaines du Chantong dans le Taichan et la péninsule de Kiaotong.

Toutefois, on laissera encore un grand nombre de petits détachements de partisans dispersés dans divers districts des vastes plaines ; ces détachements passeront à la tactique des opérations mobiles, en d’autres termes, ils utiliseront des bases mobiles, qui s’installeront tantôt ici, tantôt là. Les conditions de la guerre nationale n’excluent pas cette possibilité. Quant aux opérations de partisans de caractère saisonnier, sous le couvert de la végétation l’été et à la faveur des cours d’eau gelés l’hiver, nul doute qu’elles ne soient possibles.

Comme l’ennemi n’a pas, à l’heure actuelle, les moyens de s’occuper des partisans et que même dans l’avenir il lui sera toujours difficile de s’en occuper suffisamment, il faut absolument s’orienter à présent, dans les plaines, vers un large développement de la guerre de partisans et vers la création de bases temporaires, et, dans l’avenir, s’orienter résolument vers une guerre de partisans avec de petits détachements du moins, une guerre de partisans de caractère saisonnier, et vers la création de bases mobiles. Les régions de rivières, lacs et estuaires offrent, par leurs conditions objectives, de plus grandes possibilités que les plaines au développement de la guerre de partisans et à la création de bases d’appui ; et elles ne le cèdent, de ce point de vue, qu’aux régions montagneuses. Les innombrables combats dramatiques menés par les « pirates » et les « bandits des rivières » tout au long de notre histoire et la guerre de partisans soutenue durant plusieurs années dans la région du lac Honghou, au temps où notre armée s’appelait Armée rouge, tout cela montre qu’il est possible de développer la guerre de partisans et de créer des bases d’appui dans les régions de rivières, lacs et estuaires. Cependant, les partis politiques et les masses qui résistent aux envahisseurs japonais continuent à accorder peu d’attention à ce problème. Bien que, dans ces régions, les conditions subjectives n’existent pas encore, il ne fait pas de doute que nous devons examiner très attentivement cette possibilité et nous mettre au travail.

Une guerre de partisans efficace doit être organisée dans la région du lac Hongtseh au nord du Yangtsé, dans la région du lac Taihou au sud de ce fleuve, et dans toutes les régions de ports et d’estuaires des territoires que l’ennemi occupe le long des cours d’eau et du littoral, et, en outre, des bases d’appui durables doivent être créées à l’intérieur ou à proximité de ces régions ; ce sera un aspect du développement de la guerre de partisans dans tout le pays. Perdre cela de vue signifierait offrir à l’ennemi la possibilité d’utiliser librement les communications par eau, ce qui serait évidemment une lacune dans le plan stratégique de la Guerre de Résistance. Il faut combler cette lacune à temps.

Section 2. Régions de partisans et bases d’appui

Dans la guerre de partisans faite à l’arrière de l’ennemi, les régions de partisans se distinguent des bases d’appui. Les territoires qui sont encerclés par l’ennemi, mais qui ne sont pas occupés par lui ou qui ont déjà été libérés, par exemple certains districts de la région du Woutaichan (c’est-à-dire la région frontière du Chansi-Tchahar-Hopei) ainsi que certains secteurs des régions du Taihangchan et du Taichan, constituent déjà des bases d’appui toutes prêtes.

En s’appuyant sur ces bases, les partisans peuvent commodément développer la guerre de partisans. Cependant, en d’autres endroits proches de ces bases, la situation est différente, par exemple, dans les parties est et nord de la région du Woutaichan, c’est-à-dire dans certains secteurs du Hopei de l’Ouest et du Tchahar du Sud, ainsi que dans de nombreux secteurs à l’est de Paoting et à l’ouest de Tsangtcheou, où les partisans, à l’étape initiale du développement de la guerre de partisans, ne peuvent pas encore occuper tout le territoire et doivent se limiter ordinairement à des raids.

Ces régions appartiennent aux détachements de partisans dès qu’ils arrivent et se retrouvent au pouvoir du gouvernement fantoche quand ils s’en vont ; elles ne sont pas encore des bases de partisans, mais seulement ce qu’on appelle des régions de partisans. Elles ne deviendront des bases d’appui qu’après avoir passé par les étapes indispensables de la guerre de partisans, lorsque des forces importantes de l’ennemi y auront été anéanties ou repoussées, que le pouvoir du gouvernement fantoche aura été balayé, que les masses populaires auront été éveillées à l’activité, que des organisations de masse pour la lutte contre les envahisseurs japonais et des forces armées populaires y auront été créées et qu’un pouvoir de Résistance y aura été instauré. L’adjonction de ces bases nouvelles à celles qui existent déjà constitue ce que l’on appelle l’élargissement des bases d’appui.

Dans certains endroits, le territoire tout entier où opèrent les partisans a été au début une région de partisans. C’est, par exemple, le cas de la partie orientale de la province du Hopei. Depuis longtemps, des organes du pouvoir fantoche y existaient en même temps qu’y opéraient les forces armées de la population locale insurgée et des détachements de partisans envoyés de la région du Woutaichan. Au début, les partisans ne pouvaient que choisir de bonnes positions dans cette région pour en faire leurs arrières temporaires ou bases temporaires.

C’est seulement quand les forces de l’ennemi sur ce territoire auront été anéanties et qu’on aura développé le travail pour mobiliser les masses populaires que cette situation caractéristique de la région de partisans prendra fin, et que le territoire deviendra une base d’appui, plus stable.

On voit par là que la transformation d’une région de partisans en base d’appui est une œuvre qui demande beaucoup d’efforts et qui ne peut se réaliser que dans la mesure où les forces de l’ennemi sont anéanties et les masses mobilisées sur le territoire de cette région.

Beaucoup d’endroits en resteront longtemps au stade de la région de partisans. L’ennemi fera bien tous ses efforts pour les maintenir sous son contrôle, mais il ne pourra pas y établir solidement le pouvoir fantoche ; de même, nous nous efforcerons de développer par tous les moyens la guerre de partisans, mais nous n’arriverons pas à y établir un pouvoir de Résistance. Les régions proches des voies ferrées et des grandes villes occupées par l’ennemi, ainsi que certaines régions de plaine en sont des exemples. Quant aux grandes villes, aux gares de chemin de fer et à certaines régions de plaine que l’ennemi contrôle avec des forces importantes, la situation y est autre : les détachements de partisans peuvent seulement s’en approcher, mais ils ne peuvent y pénétrer, un pouvoir fantoche relativement stable y étant établi.

A la suite d’erreurs dans notre travail de direction, ou sous une forte pression de l’ennemi, le processus inverse peut se dérouler : les bases d’appui se transforment en régions de partisans et les régions de partisans en régions relativement bien tenues par l’ennemi. Cette situation peut se produire, et les dirigeants de la guerre de partisans doivent être sur leurs gardes.

Ainsi, du fait de la guerre de partisans et de notre lutte contre l’ennemi, le territoire occupé par l’ennemi peut se diviser en régions de trois types différents : le premier type, ce sont les bases d’appui antijaponaises qui sont entre les mains de nos détachements de partisans et sous le contrôle de notre pouvoir ; le deuxième type, ce sont les régions occupées qui restent aux mains des impérialistes japonais et du pouvoir fantoche ; le troisième type, ce sont les régions pour la possession desquelles les deux parties sont en lutte et qu’on appelle les régions de partisans.

Les dirigeants de la guerre de partisans ont le devoir de faire tous leurs efforts pour élargir les régions du premier et du troisième type et pour réduire les régions du deuxième type. Telle est la tâche stratégique de la guerre de partisans.

Section 3. Conditions pour la création des bases d’appui

Les conditions fondamentales pour créer une base d’appui, c’est d’avoir des forces armées antijaponaises et d’utiliser ces forces pour infliger des défaites à l’ennemi et soulever les masses populaires. Ainsi, le problème de la création des bases d’appui est avant tout un problème de forces armées. Les dirigeants de la guerre de partisans doivent employer tous leurs efforts à former un ou même plusieurs détachements de partisans et en faire progressivement, au cours de la lutte, des corps de partisans, et éventuellement des unités et des corps de l’armée régulière. L’organisation des forces armées constitue le maillon essentiel dans la création de bases d’appui. Sans ces forces, ou avec des forces trop faibles, rien ne pourra se faire. Telle est la première condition. La deuxième condition indispensable pour créer des bases d’appui est d’infliger des défaites à l’ennemi en utilisant les forces armées dans des actions menées en commun avec les masses populaires.

Toute région contrôlée par l’ennemi est une base d’appui pour lui et non pour la guerre de partisans. Il va de soi qu’il est impossible de transformer une base d’appui de l’ennemi en une base d’appui de la guerre de partisans sans écraser l’ennemi. Et même des régions contrôlées par les partisans tomberont sous le contrôle de l’ennemi, si nous ne brisons pas ses attaques et ne parvenons pas à le vaincre, et alors il sera, là aussi, impossible de créer des bases d’appui.

La troisième condition indispensable pour créer des bases d’appui, c’est de soulever les masses populaires en vue de la lutte contre les envahisseurs japonais en mettant en œuvre toutes nos énergies, forces armées comprises. C’est au cours de cette lutte qu’il faut armer le peuple, c’est-à-dire créer des forces d’autodéfense et des détachements de partisans. C’est aussi au cours de cette lutte qu’il faut constituer des organisations de masse ; à mesure que s’accroissent la conscience politique et l’esprit combatif des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femmes, des enfants, des commerçants, des membres des professions libérales, il convient de les unir dans les organisations correspondantes de lutte contre les envahisseurs japonais, et d’élargir progressivement ces organisations. Si les masses ne sont pas organisées, elles ne peuvent pas manifester leur force dans la résistance au Japon. C’est encore au cours de cette lutte qu’il faut liquider tous les traîtres, cachés ou avoués, mais cela aussi n’est possible que si l’on s’appuie sur la force des masses populaires.

Il est particulièrement important d’amener les masses populaires à créer ou à renforcer dans la lutte même les organes locaux du pouvoir antijaponais. Là où les anciens organes chinois du pouvoir n’ont pas été détruits par l’ennemi, il faut les réorganiser et les renforcer avec l’appui des larges masses populaires. Là où ils sont déjà détruits, il faut faire appel à l’effort des larges masses populaires pour les rétablir.

Ce pouvoir doit appliquer la politique du front uni national antijaponais. Il doit unir toutes les forces du peuple contre l’ennemi unique : les impérialistes japonais et leurs laquais, les traîtres et les réactionnaires. Une base d’appui de la guerre de partisans ne peut être réellement établie qu’après la réalisation graduelle des trois conditions fondamentales : créer des forces armées antijaponaises, infliger des défaites à l’ennemi et mobiliser les masses populaires.

Il faut mentionner en outre les conditions géographiques et économiques. Nous avons déjà abordé la question des conditions géographiques plus haut, à la section « Types de bases d’appui », en indiquant les trois catégories de conditions. Nous nous contenterons de mentionner ici la condition principale : la nécessité d’un vaste territoire. Lorsque nous sommes cernés par l’ennemi des quatre côtés ou de trois seulement, les régions montagneuses nous offrent naturellement les meilleures conditions pour la création de bases d’appui durables ; mais ce qui est encore plus important, c’est l’existence d’un espace permettant aux détachements de partisans de manœuvrer, c’est-à-dire l’existence d’un territoire étendu.

Si cette condition est remplie, la guerre de partisans peut se développer et se maintenir même dans les plaines, sans parler des régions de rivières, de lacs et d’estuaires. Par suite de l’étendue du territoire chinois et de l’insuffisance de l’ennemi en forces armées, la guerre de partisans en Chine bénéficie déjà en général de cette condition.

Du point de vue de la possibilité de faire la guerre de partisans, cette condition est importante et même capitale. Dans les petits pays comme, par exemple, la Belgique, où cette condition n’existe pas, la possibilité de poursuivre une guerre de partisans est très réduite, voire nulle. Mais en Chine cette condition n’est pas à créer, elle ne pose pas de problème, nous la tenons de la nature et n’avons qu’à en profiter.

Pour les conditions économiques en tant que telles, il en va de même que pour les conditions géographiques. Nous examinons pour l’instant le problème de la création de bases d’appui non pas dans les déserts car dans les déserts il n’y a pas d’ennemis mais à l’arrière de l’ennemi ; or, là où l’ennemi peut pénétrer, les Chinois vivent depuis très longtemps et il y existe de toute évidence une base économique de ravitaillement ; par conséquent, la question des conditions économiques permettant de créer des bases d’appui ne se pose pas. Partout ou vivent des Chinois et où l’ennemi a pénétré, il faut s’efforcer, quelles que soient les conditions économiques, de développer la guerre de partisans et de créer des bases d’appui, permanentes ou temporaires.

Au point de vue politique, par contre, les conditions économiques posent un problème, celui de la politique économique. C’est un problème d’une haute importance pour la création des bases d’appui. Notre politique économique dans les bases d’appui de la guerre de partisans doit se conformer aux principes du front uni national antijaponais, c’est-à-dire qu’il faut répartir rationnellement les charges de la guerre et protéger le commerce.

En aucun cas, les pouvoirs locaux et les partisans ne doivent violer ces principes, sous peine d’exercer une influence négative sur la création des bases et sur la poursuite de la guerre de partisans. Une répartition rationnelle des charges de la guerre implique l’application du mot d’ordre « Que celui qui a de l’argent donne de l’argent ». Toutefois, les paysans doivent, dans une certaine mesure, approvisionner en vivres les détachements de partisans.

La protection du commerce exige que les détachements de partisans observent une stricte discipline ; ils ne doivent absolument pas confisquer les entreprises commerciales, quelles qu’elles soient, à l’exception de celles qui appartiennent à des traîtres dont le crime a été dûment prouvé. C’est une chose difficile, mais cette politique a été décidée et il faut l’appliquer.

Section 4. Consolidation et élargissement des bases d’appui

Pour enfermer l’ennemi, qui s’est introduit en Chine, à l’intérieur de ses points d’appui peu nombreux, c’est-à-dire dans les grandes villes et le long des principales voies de communication, il faut développer le plus possible la guerre de partisans dans toutes les directions à partir des bases de partisans, et faire pression sur tous les points d’appui de l’ennemi, de façon à menacer son existence et à ébranler le moral de son armée, et, en même temps, à élargir nos propres bases d’appui.

C’est là une nécessité absolue. Il faut lutter contre l’esprit conservateur dans la conduite de la guerre de partisans.

Qu’il ait son origine dans le désir d’une vie tranquille ou dans la surestimation des forces de l’ennemi, cet esprit conservateur nuit, dans l’un ou l’autre cas, à la cause de la Guerre de Résistance et exerce une influence négative sur la guerre de partisans et sur l’existence des bases d’appui elles-mêmes.

En même temps, il ne faut pas oublier de consolider nos bases d’appui, ce qui comporte comme tâches principales la mobilisation et l’organisation des masses populaires, ainsi que l’instruction des détachements de partisans et des forces armées locales. La consolidation des bases d’appui est indispensable à la conduite d’une guerre de longue durée, elle est également indispensable à l’élargissement ultérieur des bases, car il n’est pas possible de leur donner une large expansion sans les consolider.

Les détachements de partisans qui s’occuperaient uniquement d’élargir les bases d’appui, en oubliant de les consolider, seraient incapables de résister aux attaques de l’ennemi, et, par suite, ils ne perdraient pas seulement le territoire conquis lors de l’élargissement des bases, ils compromettraient encore l’existence même des bases. Le principe juste est d’élargir les bases tout en les consolidant ; tel est le bon moyen pour s’assurer la possibilité de progresser avec succès dans l’offensive et de se défendre avec succès lors de la retraite.

Du moment qu’il s’agit d’une guerre de longue durée, le problème de la consolidation et de l’élargissement des bases d’appui se pose en permanence devant chaque détachement de partisans.

Sa solution concrète dépend des circonstances. Dans telle période, on mettra l’accent sur l’élargissement des bases, c’est-à-dire sur l’extension des régions de partisans et l’accroissement des détachements de partisans. Dans telle autre, on mettra l’accent sur la consolidation des bases, c’est-à-dire sur l’organisation des masses populaires et l’instruction des détachements armés.

Comme la tâche d’élargissement et celle de consolidation sont de caractère différent, les dispositions militaires et les tâches correspondantes seront différentes, elles aussi. Ce problème ne peut être résolu avec succès que si l’on insiste sur l’une ou l’autre de ces deux tâches suivant le moment et la situation.

Section 5. Types d’encerclement réalisés par nous et par l’ennemi

Si l’on considère la Guerre de Résistance dans son ensemble, il ne fait pas de doute que nous nous trouvons stratégiquement encerclés, puisque l’ennemi se livre à une offensive stratégique et opère à l’extérieur des lignes, et que nous sommes sur la défensive stratégique et opérons à l’intérieur des lignes. C’est le premier type d’encerclement de nos forces par l’ennemi. Mais comme, de notre côté, nous adoptons à l’égard d’un ennemi qui, opérant à l’extérieur des lignes, marche sur nous en plusieurs colonnes le principe d’opérations offensives à l’extérieur des lignes dans les campagnes et les combats, nous pouvons encercler, avec des forces supérieures en nombre, chacune des colonnes ennemies qui progressent dans notre direction. C’est le premier type d’encerclement de l’ennemi par nous.

D’autre part, si l’on considère les bases d’appui de la guerre de partisans situées à l’arrière de l’ennemi, chacune de ces bases isolées est cernée par l’ennemi soit des quatre côtés, comme la région du Woutaichan, soit de trois seulement, comme celle du nord-ouest du Chansi. C’est le deuxième type d’encerclement de nos forces par l’ennemi.

Toutefois, si l’on considère toutes les bases de la guerre de partisans dans leurs liaisons mutuelles, et chaque base dans ses liaisons avec le front de l’armée régulière, on constate qu’un grand nombre d’unités ennemies sont encerclées par nous. Par exemple, dans la province du Chansi, nous avons déjà cerné de trois côtés (de l’est, de l’ouest et du sud) la ligne de chemin de fer Tatong-Poutcheou, et nous avons complètement investi la ville de Taiyuan ; dans les provinces du Hopei et du Chantong, on trouve également un grand nombre d’encerclements de ce genre. C’est le deuxième type d’encerclement de l’ennemi par nous. Ainsi, ces deux types d’encerclement mutuel rappellent le jeu de weiki 8 les campagnes et les combats que l’ennemi mène contre nous et que nous menons contre l’ennemi ressemblent à la prise des pions, et les points d’appui de l’ennemi et nos bases de partisans ressemblent aux « fenêtres » sur l’échiquier. La nécessité de se ménager des fenêtres montre toute l’importance du rôle stratégique des bases d’appui de la guerre de partisans à l’arrière de l’ennemi.

L’examen de cette question au point de vue de la Guerre de Résistance nous montre que les autorités militaires supérieures du pays, d’une part, et les dirigeants de la guerre de partisans dans les différentes régions, d’autre part, doivent mettre à l’ordre du jour le développement de la guerre de partisans à l’arrière de l’ennemi et la création de bases d’appui partout où cela est possible, et qu’ils doivent passer à la réalisation de cette tâche en la considérant comme stratégique.

Si nous réussissions, par notre action sur le plan international, à créer dans le Pacifique un front antijaponais auquel la Chine participerait en tant qu’unité stratégique et au sein duquel l’Union soviétique et les autres pays qui pourraient s’y intégrer constitueraient d’autres unités stratégiques, nous aurions sur l’ennemi l’avantage d’un encerclement de plus : il se créerait dans la région du Pacifique une ligne extérieure à partir de laquelle nous pourrions encercler et anéantir le Japon fasciste. Cette question n’a évidemment pas encore une portée pratique aujourd’hui, mais une telle perspective n’est pas exclue.

Chapitre 7. Défense stratégique et attaque stratégique dans la guerre de partisans

Le quatrième problème stratégique de la guerre de partisans concerne la défense stratégique et l’attaque stratégique. Il consiste à savoir comment, dans la guerre de partisans contre le Japon, appliquer concrètement, dans la défensive comme dans l’offensive, le principe des opérations offensives exposé ci-dessus à propos du premier problème.

Dans la défense stratégique et l’attaque stratégique (il serait plus juste de dire la contre-attaque stratégique) à l’échelle nationale s’inscrivent la défense stratégique et l’attaque stratégique réalisées à petite échelle dans la région de chaque base d’appui de partisans et autour d’elle.

Dans le premier cas, il s’agit de la situation stratégique qui se crée lorsque l’ennemi attaque et que nous sommes sur la défensive, et de notre stratégie pour cette période. Dans le second cas, il s’agit de la situation stratégique qui se crée lorsque l’ennemi est sur la défensive et que nous attaquons, et de notre stratégie pour cette période.

Section 1. La défense stratégique dans la guerre de partisans

Lorsque la guerre de partisans aura commencé et atteint une certaine ampleur, et surtout lorsque l’ennemi aura mis fin à son offensive stratégique contre l’ensemble de notre pays et passé à la défense des territoires occupés, l’offensive de l’ennemi contre les bases d’appui de la guerre de partisans deviendra inéluctable. Il est indispensable de le comprendre, car dans le cas contraire les dirigeants de la guerre de partisans ne se tiendraient pas sur leurs gardes, et face à une offensive sérieuse de l’ennemi, ils seraient saisis de panique et se feraient battre.

Pour liquider la guerre de partisans et ses bases d’appui, l’ennemi aura souvent recours à l’attaque concentrique : par exemple, des expéditions punitives » ont déjà été lancées quatre ou cinq fois dans la région du Woutaichan, et pour chacune d’elles, le plan prévoyait une attaque simultanée conduite en trois ou quatre, et même en six ou sept colonnes. L’ennemi attaquera les partisans et leurs bases d’appui avec un acharnement d’autant plus grand que la guerre de partisans se sera développée plus largement, que les bases d’appui en seront devenues plus importantes par leur position et que ses propres bases stratégiques et voies de communication importantes se trouveront plus menacées.

Par conséquent, plus les attaques ennemies contre les partisans sont acharnées dans une région, plus les succès de la guerre de partisans s’y avèrent grands et plus sa coordination avec les opérations régulières s’y révèle efficace.

Dans le cas d’une attaque concentrique de l’ennemi en plusieurs colonnes, le principe des opérations de partisans consiste à briser cette attaque concentrique en passant à la contre-attaque. Il est facile de la briser si les colonnes de l’ennemi qui avance ne représentent chacune qu’une unité, grande ou petite, sans forces d’appui, et s’il n’a pas la possibilité de laisser des garnisons, de construire des fortifications et des routes carrossables le long de sa ligne d’attaque. L’ennemi mène alors des opérations offensives et à l’extérieur des lignes, tandis que nous nous trouvons sur la défensive et opérons à l’intérieur des lignes.

La disposition de nos troupes doit être calculée de façon à en utiliser une petite partie pour fixer les forces de plusieurs colonnes de l’ennemi, et à lancer nos forces principales contre une seule de ces colonnes, en adoptant dans nos campagnes et nos combats la méthode des attaques par surprise (essentiellement des embuscades) et en frappant l’ennemi pendant qu’il est en marche. Soumis à toute une série d’attaques par surprise, l’ennemi, quoique fort, s’affaiblit et souvent se replie sans avoir pu atteindre ses buts. A ce moment, les détachements de partisans, tout en le poursuivant, peuvent continuer de l’affaiblir en lui portant des coups inattendus.

Quand l’ennemi n’a pas encore arrêté son attaque ou qu’il n’a pas encore effectué son repli, il occupe toujours les chefs-lieux de district et les bourgs sur le territoire de nos bases d’appui. En ce cas, nous devons encercler l’ennemi dans ces chefs-lieux de district ou ces bourgs, le couper de ses sources de ravitaillement et détruire ses voies de communication ; puis, lorsqu’il ne peut plus se maintenir et commence à se replier, c’est le moment à saisir pour le pourchasser. Une fois l’ennemi défait dans une direction, il faut porter rapidement nos forces dans une autre direction, et défaire ainsi par fractions l’ennemi qui se livre à une attaque concentrique.

Une vaste base d’appui, comme par exemple la région du Woutaichan, constitue une « région militaire » qui se divise en quatre, cinq « sous-régions militaires » ou davantage, chacune comprenant des détachements armés opérant de façon indépendante. En appliquant les méthodes d’opérations décrites plus haut, ces détachements brisent ouvrent en même temps ou successivement les attaques de l’ennemi.

Dans un plan d’opérations visant à repousser une attaque concentrique, nos forces principales sont généralement disposées à l’intérieur des lignes. Dans le cas où nous disposerions de forces suffisantes, il faut en utiliser une faible partie (par exemple des détachements de partisans de districts et d’arrondissements, et éventuellement, des unités détachées des forces principales) à l’extérieur des lignes pour détruire les voies de communication de l’ennemi et immobiliser ses renforts. Si l’ennemi se maintient longtemps sur le territoire de nos bases d’appui, nous pouvons adopter une tactique inverse, c’est-à-dire laisser une partie de nos forces à l’intérieur de ces bases d’appui pour investir et harceler l’ennemi, et attaquer avec le gros de nos forces la région d’où il est venu, y développer notre activité militaire et contraindre de la sorte l’ennemi à se retirer de nos bases pour aller attaquer le gros de nos forces. C’est ce qu’on appelle « attaquer la principauté de Wei pour sauver celle de Tchao » 9.

Durant les opérations visant à briser une attaque concentrique de l’ennemi, les forces d’autodéfense antijaponaises locales et toutes les organisations locales de masse doivent être totalement mobilisées pour prendre part aux opérations ou activités militaires et aider par tous les moyens nos troupes dans la lutte contre l’ennemi. Pour combattre l’ennemi, il est important de prendre deux mesures : décréter localement l’état de siège et, dans la mesure du possible, « consolider les remparts et vider les champs ». La première mesure est nécessaire pour réprimer l’activité des traîtres à la nation et priver l’ennemi de la possibilité d’obtenir des renseignements, la deuxième pour appuyer les opérations de nos troupes (consolider les remparts) et pour priver l’ennemi de ravitaillement (vider les champs). Par « vider les champs », il faut entendre rentrer la moisson dès qu’elle est mûre.

Souvent, pendant sa retraite, l’ennemi brûle les maisons dans les villes qu’il abandonne et les villages situés le long de sa ligne de retraite, dans le but de ruiner les bases d’appui de la guerre de partisans, mais ce faisant, il se prive d’habitations et de ravitaillement lors de sa nouvelle attaque et se nuit à lui-même. C’est là un exemple concret qui montre comment une seule et même chose comporte deux aspects contraires.

Les dirigeants de la guerre de partisans ne doivent pas envisager l’idée d’abandonner leur base d’appui et de passer à une autre, sans avoir effectué des tentatives répétées pour repousser la puissante attaque concentrique de l’ennemi et sans avoir acquis la conviction qu’il est impossible de la briser en cet endroit. Dans de telles circonstances, il ne faut pas se laisser aller au pessimisme. En général, dans les régions montagneuses, il est toujours possible de briser l’attaque concentrique de l’ennemi et de tenir les bases d’appui, à condition toutefois que le commandement ne commette pas d’erreurs de principe. Ce n’est que dans les régions de plaine et dans les conditions d’une forte attaque concentrique de l’ennemi qu’il faut, partant de la situation concrète, envisager la solution suivante : laisser dans cette région un grand nombre de petits détachements de partisans en vue d’opérations dispersées et transférer temporairement les grosses unités de partisans dans les régions montagneuses, de façon qu’elles puissent revenir déployer leurs activités dans les plaines après le départ des forces principales de l’ennemi.

Par suite de la contradiction entre l’étendue du territoire de la Chine et l’insuffisance des forces de l’ennemi, ce dernier ne peut pas, en règle générale, recourir à la méthode de la « guerre de blockhaus », que le Kuomintang a appliquée dans la période de la guerre civile en Chine. Nous devons cependant considérer que l’ennemi peut, dans une certaine mesure, se servir de cette méthode contre des bases de partisans qui menacent particulièrement ses points vitaux. Nous devons, même dans ce cas, être prêts à poursuivre fermement la guerre de partisans.

Si nous avons été capables de poursuivre une guerre de partisans même dans les conditions de la guerre civile, il est certain que cela est d’autant plus réalisable dans une guerre nationale. Car même si l’ennemi parvient à mettre en ligne contre certaines de nos bases d’appui des forces d’une supériorité écrasante, en qualité comme en quantité, les contradictions nationales entre l’ennemi et nous n’en resteront pas moins entières et les fautes du commandement des troupes ennemies n’en seront pas moins inévitables. Nos victoires sont fondées sur un sérieux travail parmi les masses et sur des méthodes de guerre pleines de souplesse.

Section 2. L’attaque stratégique dans la guerre de partisans

Après que l’attaque de l’ennemi a été brisée et avant qu’il n’en entreprenne une nouvelle, il y a une période où il se trouve sur la défensive stratégique et où nous passons à l’offensive stratégique.

En une telle période, notre ligne d’opérations ne consiste pas à attaquer un ennemi qui tient fermement ses positions défensives et e nous ne sommes pas sûrs de vaincre, mais à détruire ou à chasser systématiquement hors de régions déterminées les forces ennemies eu considérables et les troupes fantoches dont les détachements de partisans peuvent venir à bout ; de même, nous devons élargir les territoires occupés par nous, soulever les masses populaires dans la lutte contre l’envahisseur, compléter et instruire les détachements de partisans et en organiser de nouveaux. Si, une fois ces tâches réalisées jusqu’à un certain point, l’ennemi est toujours sur la défensive, nous pouvons entreprendre un nouvel élargissement des régions occupées par nous, attaquer les villes et les voies de communication tenues par des forces ennemies peu importantes et les occuper pour un temps ou pour une longue période, suivant les circonstances.

Telles sont les tâches de l’attaque stratégique, dont le but est de mettre à profit la période où l’ennemi se trouve sur la défensive pour accroître avec efficacité nos forces armées et la force des masses populaires, ainsi que pour réduire avec efficacité les forces de l’ennemi et pour nous mettre en mesure de briser, par des opérations planifiées et vigoureuses, la nouvelle attaque qu’entreprendra l’ennemi.

Le repos et l’instruction des troupes sont nécessaires. La période où l’ennemi passe à la défensive est le meilleur moment pour le repos et l’instruction. Mais il ne s’agit pas de s’occuper exclusivement de cela, en se désintéressant de tout le reste ; il faut trouver du temps pour le repos et l’instruction au cours même de l’élargissement du territoire occupé par nous, de l’anéantissement des petites unités ennemies et du travail pour la mobilisation des masses. C’est habituellement à ce moment-là que l’on résout les difficultés dans l’approvisionnement en vivres, vêtements, couvertures, etc.

C’est aussi le moment de détruire sur une vaste échelle les voies de communication de l’ennemi, de paralyser ses transports et d’apporter par là une aide directe aux troupes régulières au cours de leurs campagnes. Alors, dans toutes les bases de partisans, toutes les régions de partisans et tous les détachements de partisans, se manifeste un enthousiasme général, et les régions saccagées par l’ennemi se relèvent peu à peu des ruines et renaissent à la vie. Dans les régions occupées par l’ennemi, les masses populaires s’en réjouissent aussi, partout s’étend le prestige des détachements de partisans.

Dans le camp de l’ennemi et de ses laquais, les traîtres, grandit la panique, s’aggrave la désagrégation, en même temps que s’accroît la haine pour les partisans et les bases d’appui et que s’intensifient les préparatifs contre les partisans C’est pourquoi, lors de l’attaque stratégique, les dirigeants de la guerre de partisans doivent se garder de chanter victoire, de sous-estimer l’ennemi, de négliger le renforcement de l’union dans leurs rangs et la consolidation des bases et des détachements de partisans.

En un tel moment, ils doivent savoir observer chaque mouvement de l’ennemi et découvrir les signes annonciateurs d’une nouvelle attaque, de façon à pouvoir, dès que celle-ci commence, mettre fin en bon ordre à leur attaque stratégique, passer à la défensive stratégique et briser au cours de celle-ci l’attaque de l’ennemi.

Chapitre 8. Passage de la guerre de partisans à la guerre de mouvement

Le cinquième problème stratégique de la guerre de partisans contre le Japon est le passage de la guerre de partisans à la guerre de mouvement. La nécessité et la possibilité d’un tel passage découlent également de la longue durée et du caractère acharné de la guerre.

En effet, si la Chine pouvait rapidement remporter la victoire sur les bandits japonais et recouvrer les territoires perdus et si, en conséquence, la guerre n’était pas longue et n’avait rien d’acharné, la transformation de la guerre de partisans en guerre de mouvement ne serait pas une nécessité.

Mais comme, au contraire, la guerre se révèle longue et acharnée, on ne peut s’y adapter qu’à la condition de transformer la guerre de partisans en guerre de mouvement. Dans la mesure où la guerre est longue et acharnée, elle permettra aux détachements de partisans d’acquérir la trempe nécessaire et de se transformer peu à peu en unités régulières ; en conséquence de quoi les formes de combat qu’ils utilisent se rapprocheront aussi, peu à peu, de celles des unités régulières, et la guerre de partisans se développera en guerre de mouvement.

Les dirigeants de la guerre de partisans doivent voir clairement cette nécessité et cette possibilité, alors seulement ils pourront s’en tenir fermement à la ligne de la transformation de la guerre de partisans en guerre de mouvement et la mettre systématiquement en pratique. Actuellement, dans nombre de régions, par exemple dans la région A Woutaichan, la guerre de partisans doit son développement à l’envoi de forts détachements de l’armée régulière. Bien que les opérations militaires dans ces régions soient en général des opérations de partisans, elles contiennent cependant dès le début des éléments de la guerre de mouvement. Pour autant que la guerre se prolongera, ces éléments augmenteront progressivement.

C’est en cela que consiste l’avantage de la présente guerre de partisans antijaponaise, avantage qui non seulement favorisera son développement rapide, mais encore l’élèvera rapidement à un niveau supérieur ; la présente guerre de partisans se fait dans des conditions nettement plus favorables que n’en ont connu les partisans des trois provinces du Nord-Est.

La transformation des détachements de partisans, qui font actuellement une guerre de partisans, en des unités régulières, qui feront une guerre de mouvement, exige deux conditions : l’accroissement de leurs effectifs et l’élévation de leur qualité. Pour accroître les effectifs, outre l’enrôlement direct de la population dans les détachements, on peut fusionner de petits détachements ; l’élévation de la qualité exige qu’au cours de la guerre les combattants se trempent et que leur armement soit amélioré.

En procédant à la fusion des petits détachements, il faut, d’une part, se garder du régionalisme, qui ne compte qu’avec les intérêts locaux et s’oppose pour cela à cette fusion, et, d’autre part, lutter contre l’esprit purement militaire, qui ne tient pas compte des intérêts locaux. Le régionalisme se manifeste au sein des détachements locaux de partisans et des organes locaux du pouvoir. Souvent, on s’y préoccupe uniquement des intérêts locaux et on oublie les intérêts généraux, ou bien, n’ayant pas l’habitude de l’action collective, on cherche à agir seul. Les chefs des forces principales de partisans ou des corps de partisans doivent en tenir compte et appliquer une méthode de fusion progressive et partielle, de façon à laisser aux autorités locales des forces suffisantes pour le développement ultérieur des opérations de partisans. Pour réaliser la fusion des petites unités, il faut tout d’abord leur faire entreprendre des actions concertées, puis les intégrer dans les grandes unités sans toutefois détruire la structure organique de ces détachements et sans changer leurs cadres.

A l’opposé du régionalisme, l’esprit purement militaire est le point de vue erroné de ceux qui, au sein des forces principales, cherchent uniquement à augmenter leurs unités sans se préoccuper d’aider les forces armées locales. Ils ne comprennent pas que le passage de la guerre de partisans à la guerre de mouvement ne signifie point l’abandon de la guerre de partisans, mais la formation graduelle, au cours d’un large développement de la guerre de partisans, de forces principales qui soient capables de conduire une guerre de mouvement et autour desquelles doivent continuer à exister un grand nombre de détachements menant une guerre de partisans étendue.

Ces nombreux détachements de partisans constituent une puissante force auxiliaire autour des forces principales et représentent en même temps une source intarissable pour l’accroissement ultérieur de celles-ci.

C’est pourquoi un dirigeant de forces principales qui manifesterait un état d’esprit purement militaire, sans tenir compte des intérêts de la population locale et des organes locaux du pouvoir, aurait à surmonter cette erreur, afin qu’aux deux aspects de cette tâche l’élargissement des forces principales et l’accroissement du nombre de détachements armés locaux soit donnée la place qui leur revient.

Pour élever la qualité des détachements de partisans, il faut effectuer un bon travail politique et d’organisation dans leurs rangs, améliorer leur équipement, leur technique militaire, leur tactique et renforcer leur discipline, en prenant progressivement modèle sur l’armée régulière et en éliminant les habitudes de partisans.

Dans le domaine de l’éducation politique, il faut s’efforcer de faire comprendre aux commandants et aux combattants la nécessité d’élever les détachements de partisans au niveau des troupes régulières, il faut encourager tout le monde à travailler dans ce sens et assurer la réalisation de cet objectif par le travail politique.

Dans le domaine du travail d’organisation, il faut pourvoir progressivement les détachements de partisans de tout ce que doit comporter une formation régulière, à savoir un appareil militaire et politique, des cadres militaires et politiques, des méthodes de travail correspondantes et un système permanent d’approvisionnement, de service sanitaire, etc.

En ce qui concerne l’équipement, il faut améliorer la qualité et augmenter la variété de l’armement, et accroître les moyens de transmission indispensables. Dans le domaine de la technique militaire et de la tactique, il faut élever les détachements de partisans au niveau des corps de troupes régulières.

Quant à la discipline, il faut en élever le niveau jusqu’à obtenir que des règles uniformes soient observées et que les ordres et instructions soient strictement exécutés ; il faut déraciner le laisser-aller et l’esprit d’indiscipline. L’accomplissement de ces tâches exige de longs efforts et n’est pas l’affaire d’un jour, mais c’est dans ce sens qu’il faut agir.

C’est le seul moyen pour permettre à chaque base d’appui de la guerre de partisans de constituer des troupes régulières et d’accéder aux formes de la guerre de mouvement capables de frapper l’ennemi avec encore plus d’efficacité. Là où opèrent des détachements ou des cadres envoyés par l’armée régulière, il est relativement facile de parvenir à ce but. Il en résulte que toutes les troupes régulières ont l’obligation d’aider les détachements de partisans à se transformer en unités régulières.

Chapitre 9. Rapports dans le commandement

Le dernier problème stratégique de la guerre de partisans contre le Japon porte sur les rapports dans le commandement. Sa solution correcte est l’une des conditions nécessaires pour développer avec succès la guerre de partisans.

Comme les détachements de partisans sont la forme inférieure d’organisation des forces armées et que leur caractéristique est l’éparpillement des opérations, la guerre de partisans ne permet pas le commandement hautement centralisé propre à la guerre régulière. Si l’on tente de transposer dans la guerre de partisans les méthodes de commandement de la guerre régulière, on restreindra inévitablement la grande mobilité de la guerre de partisans, et celle-ci perdra son dynamisme.

Le haut degré de centralisation du commandement est en contradiction directe avec cette grande mobilité. Non seulement il ne convient pas, mais encore il est impossible d’appliquer un système de commandement hautement centralisé à la guerre de partisans, caractérisée par sa grande mobilité.

Cela ne signifie cependant pas que la guerre de partisans puisse se développer avec succès sans aucun commandement centralisé. Dans les conditions où de vastes opérations de partisans et de vastes opérations régulières sont en cours en même temps, une coordination appropriée est indispensable entre elles. Il faut alors un commandement pour coordonner les opérations régulières avec les opérations de partisans, il faut, en d’autres termes, une direction stratégique unique assurée par l’état-major général et les commandements des zones d’opérations.

Lorsqu’il existe dans une région ou une base de partisans un grand nombre d’unités de partisans parmi lesquelles il y a d’ordinaire un ou plusieurs corps principaux de partisans (parfois des corps de l’armée régulière y opèrent aussi) et nombre de détachements de partisans, grands et petits, jouant un rôle auxiliaire et qu’il s’y trouve de nombreuses forces armées de la population non détachées de la production, l’ennemi adopte généralement un dispositif unique pour toutes ses forces en vue d’une action concertée contre les partisans.

C’est pourquoi, dans de telles régions de partisans ou bases d’appui, se pose le problème d’un commandement unique, c’est-à-dire d’un commandement centralisé.

Il en résulte que le principe du commandement dans la guerre de partisans consiste, d’une part, à s’opposer à la centralisation absolue et, d’autre part, à s’opposer à la décentralisation absolue ; il exige un commandement centralisé en stratégie et un commandement décentralisé dans les campagnes et les combats.

Le commandement centralisé en stratégie implique : à l’échelle nationale, l’établissement du plan d’ensemble et la direction générale des opérations de partisans, la coordination des opérations de partisans et des opérations régulières dans chaque zone de guerre, et enfin, dans chaque région de partisans et dans chaque base d’appui, la direction unique de toutes les forces armées antijaponaises.

Ici, l’absence d’accord et d’unité, l’absence de centralisation est nuisible, et c’est pourquoi il faut réaliser par tous les moyens l’accord, l’unité et la centralisation. Pour toutes les questions générales, c’est-à-dire les questions d’ordre stratégique, les échelons inférieurs doivent en référer aux échelons supérieurs et se soumettre à leur direction pour réaliser une coordination efficace.

Mais la centralisation du commandement doit s’en tenir là. Franchir ces limites, s’ingérer dans le détail concret des affaires des échelons inférieurs, par exemple dans les dispositions spécifiques d’une campagne ou d’un combat, est tout aussi nuisible.

Les affaires concrètes doivent en fait être réglées en fonction des situations concrètes qui varient selon le temps et le lieu et ne peuvent être connues des échelons supérieurs, fort éloignés. Cela exige la décentralisation du commandement dans les campagnes et les combats. Ce principe s’applique également, d’une façon générale, aux opérations régulières, surtout si les moyens de transmission sont insuffisants.

En un mot, nous sommes pour des opérations de partisans menées avec indépendance et initiative, sous un commandement stratégique unique. Il se crée, dans les bases de partisans, une région militaire qui se divise en plusieurs sous-régions militaires ; chacune de celles-ci se subdivise en districts et chaque district en arrondissements.

A cette division correspond un système de subordination respective des autorités, de celles de l’arrondissement à celles du district, de celles du district au commandement de la sous-région militaire, de celui-ci au commandement de la région militaire, et les forces armées sont subordonnées à ces différents échelons suivant leur caractère. Les rapports entre les échelons ci-dessus s’établissent conformément au principe énoncé plus haut, de façon que la ligne de conduite générale soit fixée car l’échelon supérieur et l’action concrète entreprise, selon les données de la situation concrète, par les échelons inférieurs, qui ont ici le droit d’agir indépendamment.

Lorsque l’échelon supérieur a des remarques à faire à l’échelon inférieur à propos d’une action concrète, il peut et doit les exprimer sous forme d’ »instructions », mais jamais sous forme d’ »ordres » catégoriques. Plus la région est étendue, la situation complexe et l’échelon supérieur éloigné, plus le commandement local doit avoir de liberté dans l’action concrète, pour adapter celle-ci plus étroitement aux conditions locales et aux exigences de la situation locale.

Cela est nécessaire pour permettre aux échelons inférieurs et au personnel local de développer leur aptitude à travailler dans l’indépendance, à faire face à des situations complexes et à mener avec succès la guerre de partisans. Si une unité ou un corps est engagé dans une action unique, les rapports dans le commandement s’y établissent sur le principe de la centralisation, car le commandement supérieur est alors au courant de la situation ; mais si cette unité ou ce corps passe aux opérations dispersées, c’est le principe de la centralisation pour les questions générales et de la décentralisation pour les questions concrètes qui s’applique, car la situation concrète ne peut alors être suivie par le commandement supérieur. Si ce qui doit être centralisé ne l’est pas, cela indique que les échelons supérieurs ont manqué à leur devoir et que les échelons inférieurs ont outrepassé leurs pouvoirs. Cela est inadmissible dans les rapports d’un échelon supérieur quelconque avec un échelon inférieur, et particulièrement entre échelons militaires. Si ce qui doit être décentralisé ne l’est pas, cela indique que les échelons supérieurs monopolisent le pouvoir et que les échelons inférieurs n’ont pas d initiative.

Cela est également inadmissible dans les rapports d’un échelon supérieur avec un échelon inférieur, et tout particulièrement dans les rapports de commandement dans la guerre de partisans. Le problème des rapports de commandement ne peut être résolu correctement que sur la base du principe exposé ci-dessus.

  1. Le Tchangpaichan est une chaîne de montagnes à la frontière nord-est de la Chine.Après l’incident du18 septembre 1931, il devint une base de partisans, dirigée par le Parti communiste chinois, dans la lutte contre les envahisseurs japonais.
  2. Le Woutaichan est une chaîne de montagnes à la limite du Chansi, du Hopei et de l’ancienne province du Tchahar. En octobre 1937, la VIIIe Armée de Route, dirigée par le Parti communiste chinois, a entrepris la création de la base antijaponaise du Chansi-Tchahar-Hopei, centrée sur le Woutaichan.
  3. Le Taihangchan est une chaîne de montagnes à la limite des provinces du Chansi, du Hopei et du Honan.En novembre 1937, il devint le centre de la base antijaponaise du Chansi du sud-est, créée par la VIIIe Armée de Route.
  4. Le Taichan se trouve dans la partie centrale de la province du Chantong et constitue l’une des hauteurs principales de la chaîne montagneuse du Taiyi. Au cours de l’hiver 1937, les détachements des partisans, dirigés par le Parti communiste chinois, ont entrepris la création de la base du Chantong central, centrée sur la région du Taiyi.
  5. Le Yenchan est une chaîne de montagnes à la limite du Hopei et de l’ancienne province de Jéhol. Au cours de l’été 1938, la VIIIe Armée de Route à entrepris la création de la base antijaponaise du Hopei de L’Est, centrée sur la région du Yenchan.
  6. Le Maochan se situe dans le sud de la province du Kiangsou. En juin 1938, la Nouvelle IVe Armée, dirigée par le Parti communiste chinois, a entrepris le création de la base antijaponaise du Kiangsou du Sud, centrée sur la région du Maochan.
  7. L’expérience ultérieure de la Guerre de Résistance a montré qu’il est possible de créer dans les régions de plaines des bases d’appui durables, et, en beaucoup d’endroits, des bases d’appui permanentes. Cela a été possible grâce aux conditions suivantes:l’étendue du territoire de la Chine, l’importance de sa population, la juste politique du Parti communiste chinois, l’ampleur de la mobilisation du peuple, l’insuffisance des forces armées de l’ennemi, etc. Par la suite, le camarade MaoTsé-toung a confirmé avec précision ce point dans des directives concrètes.
  8. Le Weiki est un jeu d’origine chinoise très ancienne. Chacun des deux joueurs s’efforce d’encercler avec ses pions les pions de l’adversaire. Si un pion ou un groupe de pions de l’un des joueurs se trouve encerclé par les pions de l’adversaire, ce pion ou ce groupe de pions est « mangé ». Toutefois, tant qu’il existe à l’intérieur du groupe de pions encerclés une case libre (« une fenêtre »), les pions encerclés ne peuvent être « mangés » et continuent à « vivre ».
  9. En l’an 353 av. J.C, les troupes de la principauté de Wei assiégèrent la ville de Hantan, capitale de la principauté de Tchao. Le prince de Tsi ordonna à ses généraux Tien Ki et Souen Pin de porter secours à la principauté de Tchao. Souen Pin, tenant compte de ce que les troupes d’élite de Wei combattaient de la principauté de Tchao et que la principauté de Wei se trouvait sans défense, attaqua cette dernière. L’armée de Wei revint alors en arrière pour sauver son pays ; les troupes du prince de Tsi, profitant de l’épuisement de l’armée ennemie, infligèrent à celle-ci une lourde défaite à Koueiling (dans la partie nord-est de l’actuel district de Hotseh, province du Chantong) ; ainsi, le siège fut levé devant la capitale de Tchao. Depuis lors les stratèges chinois appellent toute tactique similaire la méthode « attaquer la principauté de Wei pour sauver celle de Tchao ».

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