Mao Zedong
La situation actuelle et nos tâches1
25 décembre 1947

I

La guerre révolutionnaire du peuple chinois est maintenant arrivée à un tournant : l’Armée populaire de Libération de Chine a repoussé l’offensive de plusieurs millions de soldats des troupes réactionnaires de Tchiang Kaï-chek, le laquais des Etats-Unis, et elle a passé elle-même à l’offensive. Déjà, pendant la première année de la présente guerre, de juillet 1946 à juin 1947, l’Armée populaire de Libération avait repoussé l’offensive de Tchiang Kaï-chek sur plusieurs fronts et l’avait acculé à la défensive. Dès les trois premiers mois de la deuxième année de la guerre, de juillet à septembre 1947, l’Armée populaire de Libération passait à l’offensive à l’échelle nationale et ruinait le plan contre-révolutionnaire de Tchiang Kaï-chek consistant à porter sans cesse la guerre dans les régions libérées pour les détruire complètement. Maintenant, la guerre se déroule principalement non dans les régions libérées, mais dans les régions qui sont sous la domination du Kuomintang ; c’est là que les forces principales de l’Armée populaire de Libération ont porté le combat2. Sur cette terre de Chine, l’Armée populaire de Libération a fait tourner en sens inverse la roue de la contre-révolution — de l’impérialisme américain et de ses laquais, la clique de bandits de Tchiang Kaï-chek — et l’a envoyée sur la voie de la destruction ; elle a poussé en avant la roue de la révolution et l’a fait rouler sur la voie de la victoire. C’est un tournant de l’histoire. C’est le tournant où la domination contre-révolutionnaire de Tchiang Kaï-chek, qui dure depuis vingt ans, passe de l’expansion à la liquidation. C’est le tournant où la domination plus que séculaire de l’impérialisme en Chine passe de l’expansion à la liquidation. C’est là un grand événement. Grand, parce qu’il se produit dans un pays de 475 millions d’habitants et qu’ayant eu lieu, il aboutira sûrement à la victoire dans l’ensemble du pays. Grand, en outre, parce qu’il se produit dans cet Orient où plus d’un milliard d’êtres humains — la moitié de l’humanité — souffrent de l’oppression impérialiste. Le passage de la défensive à l’offensive dans la Guerre de Libération du peuple chinois ne peut que remplir de joie et d’enthousiasme ces nations opprimées. Il est aussi une aide pour les peuples opprimés, actuellement en lutte dans les pays d’Europe et d’Amérique.

II

Dès le jour même où Tchiang Kaï-chek déclencha sa guerre contre-révolutionnaire, nous avons dit que non seulement nous devions le vaincre, mais encore que nous le pouvions. Nous devons vaincre Tchiang Kaï-chek, parce que la guerre qu’il a déclenchée est une guerre contre-révolutionnaire, menée sous les ordres de l’impérialisme américain contre l’indépendance de la nation chinoise et la libération du peuple chinois. Après la fin de la Seconde guerre mondiale et le renversement de l’impérialisme japonais, la tâche du peuple chinois était d’achever sur les plans politique, économique et culturel la transformation du pays dans le sens de la démocratie nouvelle, de réaliser l’unité et l’indépendance nationales et de faire de la Chine agricole un pays industriel. Mais ce fut précisément à ce moment-là, après la fin victorieuse de la Seconde guerre mondiale, antifasciste, que l’impérialisme américain et ses laquais dans divers pays, se substituant aux impérialistes allemands et japonais et à leurs laquais, formèrent un camp réactionnaire contre l’Union soviétique, contre les pays de démocratie populaire d’Europe, contre les mouvements ouvriers dans les pays capitalistes, contre les mouvements nationaux dans les colonies et semi-colonies et contre la libération du peuple chinois. C’est à ce moment-là que les réactionnaires chinois, avec Tchiang Kaï-chek à leur tête, agissant en laquais de l’impérialisme américain — exactement comme Wang Tsing-wei l’avait fait pour l’impérialisme japonais — vendirent la Chine aux Etats-Unis et déchaînèrent une guerre contre le peuple chinois pour entraver les progrès de sa libération. Si, à ce moment-là, nous avions montré des signes de faiblesse ou lâché pied, si nous n’avions pas alors osé nous lever résolument pour opposer la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, la Chine aurait sombré dans les ténèbres et l’avenir de notre nation aurait été sacrifié. Mais sous la direction du Parti communiste chinois, l’Armée populaire de Libération de Chine s’est engagée résolument dans une guerre révolutionnaire, juste et patriotique, contre l’offensive de Tchiang Kaï-chek. Ayant fait une appréciation lucide de la situation internationale et intérieure en se fondant sur la science du marxisme-léninisme, le Parti communiste chinois acquit la conviction que toutes les attaques des réactionnaires de l’intérieur et de l’extérieur non seulement devaient être, mais pouvaient être écrasées. Lorsque des nuages ont assombri le ciel, nous avons fait remarquer que ces ténèbres n’étaient que temporaires, qu’elles se dissiperaient bientôt et que le soleil brillerait sous peu. Quand Tchiang Kaï-chek et ses bandits déclenchèrent la guerre contre-révolutionnaire à l’échelle nationale, en juillet 1946, ils pensaient qu’il suffirait de trois à six mois pour battre l’Armée populaire de Libération. Ils avaient estimé qu’avec une armée régulière de 2 millions d’hommes, plus d’un million d’irréguliers et un autre million d’hommes au moins dans les organismes militaires et les unités armées à l’arrière, ils possédaient, au total, une force militaire de plus de 4 millions d’hommes ; qu’ils avaient pris le temps de terminer leurs préparatifs d’offensive ; qu’ils contrôlaient à nouveau les grandes villes; qu’ils avaient sous leur domination une population de plus de 300 millions d’habitants ; qu’ils avaient pris possession de tout l’équipement d’un million de soldats de l’armée d’invasion japonaise; et qu’ils avaient obtenu une aide militaire et financière énorme du gouvernement des Etats-Unis. De plus, ils jugeaient que l’Armée populaire de Libération était épuisée par les huit années de combats dans la Guerre de Résistance contre le Japon et qu’elle était de loin inférieure en effectifs et en équipement à l’armée du Kuomintang ; que la population des régions libérées dépassait à peine 100 millions d’habitants ; que dans la plupart de ces régions, les forces féodales réactionnaires n’étaient pas encore liquidées et la réforme agraire pas encore accomplie partout ni à fond, c’est-à-dire que les arrières de l’Armée populaire de Libération n’étaient pas encore solides. Partant de ces évaluations, la bande de Tchiang Kaï-chek ne tint aucun compte du désir de paix du peuple chinois, déchira finalement l’Accord de trêve signé par le Kuomintang et le Parti communiste en janvier 1946, ainsi que les résolutions adoptées par la Conférence consultative politique de tous les partis, et déclencha une guerre aventureuse. Nous avons dit à l’époque que la supériorité militaire de Tchiang Kaï-chek n’était que momentanée, qu’elle était un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, que l’aide de l’impérialisme américain était de même un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, alors que le caractère antipopulaire de la guerre de Tchiang Kaï-chek et les sentiments du peuple étaient des facteurs au rôle constant, et que, sous ce rapport, l’Armée populaire de Libération détenait la supériorité. Patriotique, juste et révolutionnaire de par sa nature, la guerre menée par l’Armée populaire de Libération devait forcément gagner l’appui du peuple dans le pays tout entier. C’était là la base politique de la victoire sur Tchiang Kaï-chek. L’expérience de dix-huit mois de guerre a pleinement confirmé notre jugement.

III

En dix-sept mois de guerre (de juillet 1946 à novembre 1947 ; nous n’avons pas encore ajouté les chiffres de décembre), nous avons tué, blessé et fait prisonniers 1.690.000 hommes des troupes régulières et irrégulières de Tchiang Kaï-chek, soit 640.000 tués et blessés et 1.050.000 prisonniers. Ainsi, nous avons été en mesure de repousser l’offensive de Tchiang Kaï-chek, de conserver les principaux territoires des régions libérées et de passer à l’offensive à notre tour. Du point de vue militaire, nous avons été capables de le faire, parce que nous avons appliqué une stratégie correcte. Voici nos principes militaires :

1. Attaquer d’abord les forces ennemies dispersées et isolées, et ensuite les forces ennemies concentrées et puissantes.

2. S’emparer d’abord des villes petites et moyennes et des vastes régions rurales, et ensuite des grandes villes.

3. Se fixer pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’une ville ou d’un territoire. La possibilité de garder ou de prendre une ville ou un territoire résulte de l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et souvent une ville ou un territoire ne peut être tenu ou pris définitivement qu’après avoir changé de mains à plusieurs reprises.

4. A chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue (deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet. Dans des cas particuliers, employer la méthode d’infliger à l’ennemi des coups écrasants, c’est-à-dire concentrer toutes nos forces pour une attaque de front et une attaque sur l’un des flancs de l’ennemi ou sur les deux, dans le but d’anéantir une partie de ses troupes et de mettre l’autre partie en déroute, afin que notre armée puisse déplacer rapidement ses forces pour écraser d’autres troupes ennemies. S’efforcer d’éviter les batailles d’usure dans lesquelles les gains sont inférieurs aux pertes ou les compensent seulement. Ainsi, bien que dans l’ensemble nous soyons (numériquement parlant) en état d’infériorité, nous avons la supériorité absolue dans chaque secteur déterminé, dans chaque bataille, et ceci nous assure la victoire sur le plan opérationnel. Avec le temps, nous obtiendrons la supériorité dans l’ensemble et finalement nous anéantirons toutes les forces ennemies.

5. Ne pas engager de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse ne soit pas certaine. Faire les plus grands efforts pour se bien préparer à chaque engagement, faire les plus grands efforts pour s’assurer la victoire dans un rapport de conditions donné entre l’ennemi et nous.

6. Mettre pleinement en œuvre notre style de combat — bravoure, esprit de sacrifice, mépris de la fatigue et ténacité dans les combats continus (c’est-à-dire engagements successifs livrés en un court laps de temps et sans prendre de repos).

7. S’efforcer d’anéantir l’ennemi en recourant à la guerre de mouvement. En même temps, accorder une grande importance à la tactique d’attaque de positions dans le but de s’emparer des points fortifiés et des villes de l’ennemi.

8. En ce qui concerne l’attaque des villes, s’emparer résolument de tous les points fortifiés et de toutes les villes faiblement défendues par l’ennemi. S’emparer au moment propice de tous les points fortifiés et de toutes les villes modérément défendues par l’ennemi, à condition que les circonstances le permettent. Quant aux points fortifiés et villes de l’ennemi puissamment défendus, attendre que les conditions soient mûres, et alors les prendre.

9. Compléter nos forces à l’aide de toutes les armes et de la plus grande partie des effectifs pris à l’ennemi. Les sources principales d’hommes et de matériel pour notre armée sont au front.

10. Savoir mettre à profit l’intervalle entre deux campagnes pour reposer, instruire et consolider nos troupes. Les périodes de repos, d’instruction et de consolidation ne doivent pas, en général, être très longues, et, autant que possible, il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de reprendre haleine.

Telles sont les principales méthodes appliquées par l’Armée populaire de Libération pour battre Tchiang Kaï-chek. Elles ont été forgées par l’Armée populaire de Libération au cours de longues années de combats contre les ennemis intérieurs et extérieurs et elles conviennent parfaitement à nos conditions actuelles. La bande de Tchiang Kaï-chek et le personnel militaire de l’impérialisme américain en Chine connaissent bien ces méthodes militaires qui nous sont propres. Dans l’espoir de trouver des contre-mesures, Tchiang Kaï-chek a plusieurs fois réuni pour des cours d’instruction ses généraux et officiers supérieurs et leur a donné à étudier nos publications militaires et les documents saisis pendant la guerre. Le personnel militaire des Etats-Unis a recommandé à Tchiang Kaï-chek un système après l’autre de stratégie et de tactique pour détruire l’Armée populaire de Libération ; il s’est chargé pour lui de l’instruction de ses troupes et lui a fourni le matériel de guerre. Mais ces efforts ne peuvent sauver la bande de Tchiang Kaï-chek de la défaite. C’est que notre stratégie et notre tactique reposent sur la guerre populaire ; aucune armée opposée au peuple ne peut utiliser notre stratégie et notre tactique. En se fondant sur la guerre populaire et sur les principes de l’unité entre l’armée et le peuple, de l’unité entre les commandants et les combattants et de la désagrégation des troupes ennemies, l’Armée populaire de Libération a développé son puissant travail politique révolutionnaire et c’est là un important facteur de notre victoire. Quand nous avons abandonné nombre de villes de notre propre initiative, évitant les coups mortels de forces ennemies supérieures et déplaçant nos propres forces en vue d’anéantir l’ennemi par la guerre de mouvement, nos ennemis ont triomphé bruyamment. Ils considéraient cela comme leur victoire et notre défaite. La tête leur tournait de cette “victoire” momentanée. L’après-midi du jour même où il prit Tchangkiakeou, Tchiang Kaï-chek ordonna la convocation de son Assemblée nationale réactionnaire, comme si son régime réactionnaire était devenu dès cet instant aussi inébranlable que le mont Taichan. Les impérialistes américains aussi dansaient de joie, comme si leur projet insensé de transformer la Chine en colonie des Etats-Unis pouvait dès lors se réaliser sans nul obstacle. Mais avec le temps, Tchiang Kaï-chek et ses maîtres américains se mirent à changer de ton. Maintenant, tous nos ennemis, intérieurs et extérieurs, sombrent dans le pessimisme. Ils poussent de grands soupirs, s’égosillent à parler de crise et ne montrent plus aucun signe de joie. Dans les dix-huit mois écoulés, la plupart des commandants de haut grade en campagne de Tchiang Kaï-chek ont été remplacés pour avoir perdu des batailles. Parmi eux se trouvent Lieou Tche (Tchengtcheou), Siué Yué (Siutcheou), Wou Ki-wei (Kiangsou du Nord), Tang En-po (Chantong du Sud), Wang Tchong-lien (Honan du Nord), Tou Yu-ming et Hsiong Che-houei (Chenyang) et Souen Lien-tchong (Peiping). Tchen Tcheng, chef d’état-major général de Tchiang Kaï-chek et qui assumait le commandement de tous les théâtres d’opérations, fut aussi relevé de ses fonctions et rétrogradé au poste de commandement d’un seul front, celui du Nord-Est3. Pourtant, ce fut précisément dans la période où Tchiang Kaï-chek avait pris lui-même le commandement général à la place de Tchen Tcheng que la situation changea, son armée passant de l’offensive à la défensive, et l’Armée populaire de Libération de la défensive à l’offensive. A présent, la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek et ses maîtres américains ont dû s’apercevoir de leur erreur. Ils avaient interprété comme des signes de lâcheté et de faiblesse tous les efforts pour la paix et contre la guerre civile que le Parti communiste chinois, représentant les aspirations du peuple chinois, avait longuement poursuivis après la capitulation du Japon. Ils avaient surestimé leur propre force, sous-estimé la force de la révolution et déchaîné une guerre aventureuse ; ainsi, ils se sont trouvés pris à leur propre piège. Les calculs stratégiques de nos ennemis ont totalement échoué.

IV

Les arrières de l’Armée populaire de Libération sont aujourd’hui bien plus solides qu’il y a dix-huit mois. C’est là le résultat de la réforme agraire que notre Parti a réalisée en se plaçant résolument aux côtés des paysans. Durant la Guerre de Résistance contre le Japon, notre Parti, ayant pour but de former avec le Kuomintang un front uni contre le Japon et de faire l’unité avec tous ceux qui pouvaient alors s’opposer à l’impérialisme japonais, remplaça de sa propre initiative sa politique d’avant-guerre, qui consistait à confisquer les terres des propriétaires fonciers et à les répartir entre les paysans, par la politique de réduction des fermages et du taux d’intérêt. Cela était absolument nécessaire. Après la capitulation du Japon, les paysans réclamaient avec insistance de la terre, et nous avons pris au moment opportun la décision de modifier notre politique agraire en passant de la réduction des fermages et du taux d’intérêt à la confiscation et à la répartition entre les paysans des terres de la classe des propriétaires fonciers. La directive donnée par le Comité central de notre Parti le 4 mai 19464 marque ce changement. En septembre 1947, notre Parti convoqua la Conférence nationale agraire et élabora les Dispositions générales de la loi agraire de Chine5, que toutes les régions appliquèrent aussitôt partout. Non seulement cette mesure confirma la politique énoncée l’année précédente dans la “Directive du 4 Mai”, mais encore elle corrigea, de façon explicite, ce qui n’était pas assez radical dans cette directive. Les Dispositions générales de la loi agraire de Chine prescrivent la répartition égale des terres par tête d’habitant6, répartition basée sur le principe de l’abolition du système agraire d’exploitation féodale et semi-féodale et de la mise en application du système “la terre à ceux qui la travaillent”. C’est un moyen d’abolir de la façon la plus complète le système féodal et qui répond pleinement aux demandes des larges masses paysannes de Chine. Pour appliquer résolument et à fond la réforme agraire, il est nécessaire de constituer dans les villages, en tant qu’organismes légaux pour l’application de la réforme, non seulement des unions paysannes comprenant, sur la base de masse la plus large, des salariés agricoles, des paysans pauvres et des paysans moyens, ainsi que les comités élus par ces unions, mais encore, et avant tout, des ligues de paysans pauvres, composées de paysans pauvres et de salariés agricoles, ainsi que les comités élus par elles. Ces ligues de paysans pauvres doivent constituer l’armature dans la direction de toutes les luttes à la campagne. Notre politique est de nous appuyer sur les paysans pauvres et de nous allier solidement avec les paysans moyens pour abolir le système d’exploitation féodale et semi-féodale pratiqué par la classe des propriétaires fonciers et par les paysans riches de type ancien. Il ne faut pas allouer aux propriétaires fonciers et aux paysans riches des parts de terres et de biens supérieures à celles des masses paysannes. Mais il ne faut pas répéter non plus l’erreur de la politique ultra-gauchiste appliquée en 1931-1934 : “pas de terre aux propriétaires fonciers, des terres pauvres aux paysans riches”. Bien que la proportion des propriétaires fonciers et des paysans riches dans la population rurale varie d’un endroit à l’autre, elle n’est en général que d’environ 8 pour cent (calculée sur le nombre des familles), alors que leurs propriétés représentent habituellement 70 à 80 pour cent de l’ensemble des terres. Aussi ceux qui sont les cibles de notre réforme agraire sont-ils très peu nombreux, alors que le nombre des personnes (ou des familles) qui, dans les villages, peuvent et doivent participer au front uni pour la réforme agraire atteint la proportion élevée de plus de 90 pour cent. Ici, deux principes fondamentaux sont à observer. Premièrement, les demandes des paysans pauvres et des salariés agricoles doivent être satisfaites ; c’est la tâche fondamentale de la réforme agraire. Deuxièmement, il faut s’unir résolument avec les paysans moyens et se garder de léser leurs intérêts. Tant que nous nous tiendrons à ces deux principes fondamentaux, nous pourrons certainement accomplir avec succès nos tâches dans la réforme agraire. La raison pour laquelle, en vertu du principe de répartition égale, le surplus en terres et une partie des biens des paysans riches de type ancien doivent être distribués est celle-ci : en Chine, les paysans riches présentent généralement, et à un haut degré, le caractère d’exploiteurs féodaux et semi-féodaux ; la plupart d’entre eux donnent des terres à ferme et pratiquent l’usure ; ils occupent de la main-d’œuvre à des conditions semi-féodales7. De plus, comme les paysans riches ont des terres plus étendues et meilleures8, les demandes des paysans pauvres et des salariés agricoles ne peuvent être satisfaites sans la distribution de ces terres. Cependant, conformément aux Dispositions générales de la loi agraire, les paysans riches doivent être, en règle générale, traités autrement que les propriétaires fonciers. Dans la réforme agraire, les paysans moyens approuvent la répartition égale parce qu’elle ne lèse pas leurs intérêts. Lors de la répartition égale, les terres d’une fraction des paysans moyens restent inchangées et celles d’une autre fraction se trouvent agrandies ; seule la fraction des paysans moyens aisés a un léger surplus de terre, et ils acceptent volontiers de le céder pour une répartition égale, parce qu’alors la charge de leur impôt foncier est allégée. Néanmoins, en procédant à la répartition égale des terres dans les différents endroits, il est nécessaire de prêter attention aux opinions des paysans moyens et de faire des concessions si ceux-ci élèvent des objections. Durant la confiscation et la répartition des terres et des biens de la classe féodale, il faut prendre en considération les besoins d’un certain nombre de paysans moyens. En déterminant l’appartenance de classe, on doit prendre soin d’éviter l’erreur de classer des paysans moyens parmi les paysans riches. Les éléments actifs parmi les paysans moyens doivent être associés au travail des comités des unions paysannes et à l’administration locale. En répartissant les charges de l’impôt foncier et de l’aide à l’effort de guerre, il faut observer le principe d’équité et de justice. Telles sont les mesures politiques concrètes que notre Parti doit adopter dans l’accomplissement de la tâche stratégique de s’allier solidement avec les paysans moyens. Le Parti tout entier doit comprendre que la réforme complète du système agraire est une tâche fondamentale de la révolution chinoise à son étape actuelle. Si nous pouvons résoudre partout et à fond le problème agraire, nous aurons réalisé la condition primordiale de la victoire sur tous nos ennemis.

V

Pour appliquer résolument et à fond la réforme agraire et pour consolider les arrières de l’Armée populaire de Libération, il est nécessaire d’éduquer et de réorganiser les rangs de notre Parti. Le mouvement de rectifcation9 dans le Parti durant la Guerre de Résistance contre le Japon a été dans l’ensemble couronné de succès. Ce succès réside principalement dans le fait que nos organes dirigeants et un grand nombre de cadres et de membres du Parti ont acquis une meilleure connaissance de notre orientation fondamentale, qui est d’unir la vérité universelle du marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution chinoise. A cet égard, notre Parti a fait un grand pas en avant par rapport aux étapes historiques qui précèdent la Guerre de Résistance. Mais, dans les organisations locales du Parti, spécialement dans les organisations de base à la campagne, le problème de l’élimination des impuretés dans la composition de classe de nos rangs et dans notre style de travail n’est pas encore résolu. En onze ans, de 1937 à 1947, les effectifs de notre Parti ont passé de quelques dizaines de milliers de membres à 2.700.000, et c’est là un très grand bond en avant. Cela a fait de notre Parti le parti le plus puissant qui ait jamais existé dans l’histoire de Chine. Cela nous a rendu capables de vaincre l’impérialisme japonais, de repousser les offensives de Tchiang Kaï-chek, de diriger les régions libérées avec une population de plus de 100 millions d’habitants, et de diriger une Armée populaire de Libération forte de 2 millions d’hommes. Mais avec cela, des insuffisances ont apparu aussi. C’est qu’un bon nombre de propriétaires fonciers, de paysans riches et d’éléments déclassés ont saisi l’occasion pour se glisser dans notre Parti. Dans les régions rurales, ils tiennent dans leurs mains un certain nombre d’organisations du Parti, d’organismes de l’administration locale et d’organisations populaires, abusent tyranniquement de leur pouvoir, briment le peuple, déforment la politique du Parti ; ainsi, ils détachent ces organisations des masses et empêchent que la réforme agraire soit appliquée à fond. La gravité de cette situation nous impose la tâche d’éduquer et de réorganiser les rangs de notre Parti. Nous ne pouvons pas faire de progrès à la campagne si nous n’accomplissons pas cette tâche. La Conférence nationale agraire du Parti a discuté à fond ce problème et arrêté les mesures et méthodes appropriées. Elles sont maintenant en voie d’être partout appliquées résolument, en même temps que la décision de répartition égale des terres. Il est de première importance de développer la critique et l’autocritique dans le Parti et de dénoncer sans ménagement, dans les organisations locales, les idées fausses qui s’écartent de la ligne du Parti et la situation grave qui résulte de ces écarts. Tous les camarades doivent le comprendre : éliminer du Parti les impuretés, éduquer et réorganiser ses rangs, de sorte que le Parti et les plus larges masses du peuple travailleur puissent aller tous ensemble dans la même direction et que le Parti puisse conduire les masses dans leur marche en avant, c’est un maillon décisif pour résoudre le problème agraire et soutenir une guerre de longue durée.

VI

Confisquer les terres de la classe féodale et les transférer aux paysans, confisquer le capital monopoliste dominé par Tchiang Kaï-chek, T. V. Soong, H. H. Kung et Tchen Li-fou, et le transférer à l’Etat de démocratie nouvelle, protéger l’industrie et le commerce de la bourgeoisie nationale, voilà les trois grands principes du programme économique de la révolution de démocratie nouvelle. Pendant leurs vingt années de pouvoir, les quatre grandes familles, Tchiang, Soong, Kung et Tchen, ont entassé d’énormes fortunes, évaluées à 10-20 milliards de dollars américains, et ont monopolisé les artères vitales de l’économie de tout le pays. Ce capital monopoliste, combiné avec le pouvoir d’Etat, est devenu capitalisme monopoliste d’Etat. Étroitement lié à l’impérialisme étranger et, en Chine, à la classe des propriétaires fonciers et aux paysans riches de type ancien, il est devenu le capitalisme monopoliste d’Etat, comprador et féodal. Telle est la base économique du régime réactionnaire de Tchiang Kaï-chek. Ce capitalisme monopoliste d’Etat opprime non seulement les ouvriers et les paysans, mais aussi la petite bourgeoisie urbaine, et il lèse les intérêts de la moyenne bourgeoisie. Il a atteint le point culminant de son développement durant la Guerre de Résistance et après la capitulation du Japon ; il a préparé d’amples conditions matérielles pour la révolution de démocratie nouvelle. Ce capital est appelé communément en Chine capital bureaucratique. Cette classe capitaliste, connue sous l’appellation de bourgeoisie bureaucratique, est la grande bourgeoisie de Chine. Outre qu’elle doit abolir les privilèges de l’impérialisme en Chine, la révolution de démocratie nouvelle a pour tâche, à l’intérieur, de supprimer l’exploitation et l’oppression exercées par la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie bureaucratique (la grande bourgeoisie), de mettre fin aux rapports de production compradores et féodaux, et de libérer les forces productives enchaînées. La couche supérieure de la petite bourgeoisie et la moyenne bourgeoisie, opprimées et lésées par la classe des propriétaires fonciers et la grande bourgeoisie et par leur pouvoir d’Etat, peuvent participer à la révolution de démocratie nouvelle ou rester neutres, bien qu’elles soient elles-mêmes des classes bourgeoises. Elles n’ont pas d’attaches avec l’impérialisme ou en ont relativement peu et constituent la bourgeoisie nationale authentique. Partout où s’étend le pouvoir d’Etat de démocratie nouvelle, il doit les protéger fermement, sans la moindre hésitation. Dans les régions contrôlées par Tchiang Kaï-chek, il y a dans la couche supérieure de la petite bourgeoisie et dans la moyenne bourgeoisie un petit nombre de personnes — l’aile droite de ces classes — qui ont des tendances politiques réactionnaires ; elles répandent des illusions au sujet de l’impérialisme américain et de la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek et s’opposent à la révolution démocratique populaire. Tant que leurs tendances réactionnaires peuvent agir sur les masses, nous devons les démasquer devant ceux qui sont sous leur influence politique, combattre cette influence et en libérer les masses. Mais combattre politiquement et liquider économiquement sont deux, et nous commettrons des erreurs si nous les confondons. Ce que la révolution de démocratie nouvelle vise à éliminer, c’est seulement le féodalisme et le capitalisme monopoliste, c’est seulement la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie bureaucratique (la grande bourgeoisie), et non le capitalisme en général, non la couche supérieure de la petite bourgeoisie ni la moyenne bourgeoisie. Vu le retard économique de la Chine, il sera encore nécessaire, même longtemps après la victoire de la révolution dans l’ensemble du pays, d’admettre l’existence d’un secteur capitaliste de l’économie, représenté par la couche supérieure très étendue de la petite bourgeoisie et par la moyenne bourgeoisie; et, en accord avec la division du travail dans l’économie nationale, nous aurons encore besoin d’un certain développement de tous les éléments de ce secteur capitaliste qui sont profitables à l’économie nationale. Ce secteur capitaliste sera encore un élément indispensable dans l’ensemble de l’économie nationale. La couche supérieure de la petite bourgeoisie dont il est question ici est composée de petits fabricants et commerçants employant ouvriers ou commis. De plus, il y a un grand nombre de petits artisans et commerçants indépendants qui n’emploient ni ouvriers ni commis et qui, cela va sans dire, doivent être fermement protégés. Après la victoire nationale de la révolution, l’Etat de démocratie nouvelle possédera de grosses entreprises d’Etat enlevées à la bourgeoisie bureaucratique et contrôlant les artères vitales de l’économie du pays, et il y aura aussi une économie agricole libérée du régime féodal ; celle-ci restera, il est vrai, pour un temps assez long, essentiellement dispersée et individuelle, mais pourra être plus tard amenée, pas à pas, à se développer dans la voie de la coopération. Dans ces conditions, l’existence et le développement de ces éléments, petits et moyens, du secteur capitaliste, ne présenteront pas de danger. Cela est également vrai de l’économie des nouveaux paysans riches, qui surgira nécessairement dans les régions rurales après la réforme agraire. Il serait absolument inadmissible que se répète, à l’égard de l’économie tant de la couche supérieure de la petite bourgeoisie que de la moyenne bourgeoisie, la politique erronée ultra-gauchiste, adoptée par notre Parti de 1931 à 1934, (imposer des conditions de travail anticipant sur les possibilités réelles, fixer des taux excessifs pour l’impôt sur le revenu, empiéter pendant la réforme agraire sur les intérêts des industriels et des commerçants, et, en partant d’une vue unilatérale et bornée, se donner pour but le “bien-être des travailleurs” au lieu de viser à développer la production, à faire prospérer l’économie, à tenir compte des intérêts aussi bien publics que privés et à prendre en considération à la fois le travail et le capital). Répéter ces erreurs nuirait certainement aux intérêts des masses travailleuses comme à ceux de l’Etat de démocratie nouvelle. Dans les Dispositions générales de la loi agraire de Chine, il est notamment stipulé : “La propriété et l’activité légale des industriels et commerçants seront protégées contre tout empiétement.” Par industriels et commerçants, on entend ici tous les petits artisans et commerçants indépendants ainsi que tous les éléments capitalistes, petits et moyens. En résumé, la structure économique de la Chine nouvelle comprendra : 1) l’économie d’Etat, qui est le secteur dirigeant ; 2) l’économie agricole qui d’individuelle se développera pas à pas en économie collective ; et 3) l’économie des petits artisans et commerçants indépendants et celle du capital privé, petit et moyen. Ces trois secteurs constituent l’ensemble de l’économie nationale de démocratie nouvelle. Quant aux principes guidant l’économie nationale de démocratie nouvelle, ils devront s’adapter étroitement à l’objectif général de développer la production, de faire prospérer l’économie, de tenir compte des intérêts aussi bien publics que privés et de prendre en considération à la fois le travail et le capital. Tout principe, toute politique ou toute mesure qui s’écarte de cet objectif général est erroné.

VII

En octobre 1947, l’Armée populaire de Libération lança un manifeste qui proclamait notamment :

Unir toutes les classes et couches sociales opprimées — ouvriers, paysans, soldats, intellectuels et commerçants —, toutes les organisations populaires, tous les partis démocratiques, toutes les minorités nationales, tous les ressortissants chinois à l’étranger et autres patriotes ; former un front uni national ; renverser le gouvernement dictatorial de Tchiang Kaï-chek; et constituer un gouvernement démocratique de coalition.

C’est là le programme politique fondamental de l’Armée populaire de Libération, c’est également celui du Parti communiste chinois. Notre front uni national révolutionnaire semble, à première vue, s’être à présent rétréci, par rapport à la période de la Guerre de Résistance. En fait, c’est seulement dans la période actuelle, depuis que Tchiang Kaï-chek a vendu les intérêts de la nation à l’impérialisme américain et déclenché, à l’échelle nationale, une guerre civile contre le peuple, depuis que les crimes de l’impérialisme américain et de la clique réactionnaire régnante de Tchiang Kaï-chek ont été complètement dévoilés devant le peuple chinois, que notre front uni national s’est réellement élargi. Pendant la Guerre de Résistance, Tchiang Kaï-chek et le Kuomintang n’étaient pas encore totalement discrédités aux yeux du peuple chinois et ils pouvaient encore le tromper à bien des égards. Maintenant, c’est différent : leurs propres actes ont dévoilé toutes leurs tromperies, ils ne trouvent plus aucun appui auprès des masses, ils sont complètement isolés. Contrairement au Kuomintang, le Parti communiste chinois a non seulement la confiance des plus larges masses populaires dans les régions libérées, il a aussi gagné l’appui des larges masses dans les régions et les grandes villes contrôlées par le Kuomintang. Si, en 1946, une partie des intellectuels appartenant à la couche supérieure de la petite bourgeoisie et à la moyenne bourgeoisie dans les régions dominées par Tchiang Kaï-chek se complaisaient encore dans l’idée d’une prétendue troisième voie10, cette idée a maintenant fait faillite. En adoptant une politique agraire conséquente, notre Parti a été appuyé de tout cœur par des masses paysannes bien plus larges que durant la Guerre de Résistance. Du fait de l’agression de l’impérialisme américain, de l’oppression exercée par Tchiang Kaï-chek et de notre juste politique pour la défense résolue des intérêts des masses, notre Parti a gagné, dans les régions soumises à la domination de Tchiang Kaï-chek, la sympathie des larges masses de la classe ouvrière, de la paysannerie, de la petite bourgeoisie urbaine et de la moyenne bourgeoisie. Ces masses, poussées par la faim, l’oppression politique et la guerre civile anti-populaire de Tchiang Kaï-chek qui leur a rendu la vie impossible, ont mené des luttes incessantes contre l’impérialisme américain et le gouvernement réactionnaire de Tchiang Kaï-chek ; leurs mots d’ordre fondamentaux sont des protestations contre la faim, contre les répressions, contre la guerre civile et contre l’intervention des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la Chine. Jamais leur prise de conscience n’avait atteint un tel niveau, ni avant ni pendant la Guerre de Résistance, ni même dans la période qui suivit immédiatement la capitulation du Japon. Voilà pourquoi nous disons que notre front uni révolutionnaire de démocratie nouvelle est maintenant plus large et plus solide que jamais. Ce développement n’est pas seulement lié à notre politique agraire et à notre politique dans les villes, il est aussi intimement lié à la situation politique générale — aux victoires de l’Armée populaire de Libération, au fait que Tchiang Kaï-chek a passé de l’offensive à la défensive et l’Armée populaire de Libération de la défensive à l’offensive, à une période de nouvel essor de la révolution chinoise. Les gens ont vu que la domination de Tchiang Kaï-chek était totalement condamnée, aussi placent-ils maintenant leurs espoirs dans le Parti communiste chinois et l’Armée populaire de Libération, et c’est bien naturel. Sans le front uni le plus large formé par l’immense majorité de la population, il sera impossible de remporter la victoire dans la révolution de démocratie nouvelle de Chine. Mais ce n’est pas tout. Ce front uni doit encore être placé sous la direction énergique du Parti communiste chinois. Sans cette énergique direction, aucun front uni révolutionnaire ne peut remporter la victoire. Quand l’Expédition du Nord battait son plein, en 1927, les capitulationnistes dans l’organe dirigeant de notre Parti abandonnèrent volontairement la direction des masses paysannes, de la petite bourgeoisie urbaine, de la moyenne bourgeoisie et, en particulier, des forces armées, ce qui entraîna la défaite de la révolution. Pendant la Guerre de Résistance, notre Parti combattit des idées analogues à cet esprit de capitulation, à savoir : faire des concessions à la politique antipopulaire du Kuomintang, avoir plus de confiance dans le Kuomintang que dans les masses, ne pas oser mobiliser hardiment les masses dans la lutte, ne pas oser étendre les régions libérées et les armées populaires dans les régions occupées par les Japonais, enfin céder au Kuomintang la direction de la Guerre de Résistance. Notre Parti mena une lutte résolue contre ces idées impuissantes et décadentes, contraires aux principes marxistes-léninistes ; il mit fermement à exécution sa ligne politique : “développer les forces progressistes, gagner les forces intermédiaires et isoler les forces des jusqu’auboutistes”, et il élargit résolument les régions libérées et les rangs de l’Armée populaire de Libération. Par là, notre Parti s’assura non seulement la possibilité de vaincre l’impérialisme japonais dans la période où celui-ci se livrait à son agression, mais il obtint aussi la garantie de pouvoir, après la capitulation du Japon, dans la période de la guerre contrerévolutionnaire déclenchée par Tchiang Kaï-chek, passer sans heurt et sans pertes à une guerre révolutionnaire populaire opposée à la guerre contre-révolutionnaire de Tchiang Kaï-chek, et remporter de grandes victoires en un court espace de temps. Tous les camarades du Parti doivent garder ancrées dans l’esprit ces leçons de l’histoire.

VIII

Quand la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek déclencha en 1946 la guerre civile à l’échelle nationale contre le peuple, elle osa prendre ce risque parce qu’elle comptait non seulement sur sa propre supériorité militaire, mais surtout sur l’impérialisme américain armé de ses bombes atomiques et qu’elle considérait comme “exceptionnellement puissant”, “sans égal au monde”. D’une part, elle croyait que l’impérialisme américain pourrait pourvoir à flots continus à ses besoins militaires et financiers ; d’autre part, elle se livrait à d’extravagantes spéculations sur le thème “la guerre entre les Etats-Unis et l’Union soviétique est inévitable”, “une troisième guerre mondiale doit inévitablement éclater”. Dépendre ainsi de l’impérialisme américain est le trait commun des forces réactionnaires des différents pays depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ceci reflète la gravité des coups subis par le capitalisme mondial au cours de cette guerre, la faiblesse des forces réactionnaires dans les différents pays, leur désarroi et leur perte de confiance, ainsi que la puissance des forces révolutionnaires mondiales — situation qui fait sentir aux réactionnaires des différents pays qu’ils n’ont plus d’autre issue que de compter sur l’aide de l’impérialisme américain. Mais l’impérialisme américain d’après la Seconde guerre mondiale est-il réellement aussi puissant que Tchiang Kaï-chek et les réactionnaires des autres pays se l’imaginent ? Peut-il réellement leur envoyer des approvisionnements à flots continus ? Non, ce n’est pas le cas. La puissance économique de l’impérialisme américain, qui s’était accrue pendant la Seconde guerre mondiale, doit faire face à des marchés intérieurs et extérieurs instables et qui se rétrécissent de jour en jour. Le rétrécissement plus accentué de ces marchés provoquera des crises économiques. Le boom du temps de guerre aux Etats-Unis n’était que temporaire. Leur puissance n’est que superficielle et passagère. Des contradictions inconciliables, tant à l’intérieur que sur le plan international, menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain. L’impérialisme américain est assis sur ce volcan. Cette situation a poussé les impérialistes américains à dresser un plan d’asservissement du monde, à se ruer en forcenés comme des bêtes sauvages en Europe, en Asie et dans d’autres parties du monde, à rassembler dans les différents pays les forces réactionnaires, les rebuts vomis par le peuple, en vue de former un camp impérialiste et antidémocratique contre toutes les forces démocratiques ayant l’Union soviétique à leur tête, et à préparer la guerre dans l’espoir de déclencher un jour, à l’avenir, une troisième guerre mondiale pour vaincre les forces démocratiques. C’est un plan insensé. Les forces démocratiques du monde entier doivent déjouer ce plan et peuvent certainement le faire. La puissance du camp anti-impérialiste mondial a dépassé celle du camp impérialiste. C’est nous qui détenons la supériorité et non l’ennemi. Le camp anti-impérialiste avec l’Union soviétique à sa tête est déjà formé. L’Union soviétique socialiste est un pays sans crises, en pleine marche ascendante et aimé des larges masses populaires du monde entier ; sa puissance surpasse déjà celle des Etats-Unis impérialistes, pays sérieusement menacé par des crises, qui est sur son déclin et auquel les larges masses mondiales sont hostiles. Les pays de démocratie populaire d’Europe se consolident intérieurement et s’unissent entre eux. Dans les pays capitalistes d’Europe, les forces populaires anti-impérialistes se développent, celles de France et d’Italie en tête. Aux Etats-Unis mêmes existent des forces démocratiques populaires qui grandissent de jour en jour. Les peuples de l’Amérique latine ne sont nullement des esclaves dociles aux ordres de l’impérialisme américain. A travers toute l’Asie s’est levé un grand mouvement de libération nationale. Toutes les forces du camp antiimpérialiste s’unissent et se développent. Les Partis communistes et ouvriers de neuf pays européens ont constitué un bureau d’information et lancé aux peuples du monde un appel à se dresser contre le plan d’asservissement impérialiste11. Cet appel au combat a encouragé les peuples opprimés du monde, tracé la voie à leur lutte et renforcé leur confiance en la victoire. Il a jeté dans la panique et le désarroi la réaction mondiale. Dans les pays d’Orient aussi, toutes les forces anti-impérialistes doivent s’unir, s’opposer à l’oppression de l’impérialisme et des réactionnaires de leur pays et faire de l’émancipation des peuples opprimés de l’Orient, qui comptent plus d’un milliard d’hommes, le but de leurs luttes. Nous devons prendre entièrement en main nos propres destinées. Nous devons bannir de nos rangs toute idéologie faite de faiblesse et d’impuissance. Tout point de vue qui surestime la force de l’ennemi et sous-estime la force du peuple est faux. Si, de concert avec toutes les forces démocratiques du monde, nous faisons d’énergiques efforts, nous pourrons sûrement faire échouer le plan d’asservissement impérialiste, empêcher le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, renverser tous les régimes réactionnaires et faire triompher à jamais la paix pour toute l’humanité. Nous nous rendons clairement compte que sur la route où nous avançons se dresseront encore toutes sortes d’obstacles et de difficultés et que nous devons être prêts à faire front à la résistance la plus acharnée et aux luttes les plus désespérées de tous nos ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur. Mais tant que nous posséderons la science du marxisme-léninisme, aurons confiance dans les masses, resterons étroitement unis avec elles et les conduirons en avant, nous serons pleinement capables de surmonter tous les obstacles et de venir à bout de toutes les difficultés ; notre force sera invincible. Nous vivons une époque historique où dans le monde entier le capitalisme et l’impérialisme courent à leur perte, où dans le monde entier le socialisme et la démocratie populaire marchent à la victoire. L’aube est devant nous, redoublons d’efforts.

 

  1. Ce texte est un rapport présenté par le camarade Mao Zedong à une réunion convoquée par le Comité central du Parti communiste chinois et qui s’est tenue du 25 au 28 décembre 1947 à Yangkiakeou, district de Mitche, dans le Chensi du Nord. A côté des membres et membres suppléants du Comité central en mesure d’assister à cette réunion, des camarades responsables de la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia et de la région frontière du Chansi-Soueiyuan étaient également présents. La réunion discuta et adopta ce rapport ainsi qu’un autre document écrit par le camarade Mao Zedong : “Quelques appréciations sur la situation internationale actuelle” (voir pp. 87-88 du présent tome). A propos de ce rapport du camarade Mao Zedong, la décision adoptée à la réunion déclare : “Ce rapport est un document-programme portant sur les domaines politique, militaire et économique pour toute la période dans laquelle nous luttons pour renverser la clique réactionnaire régnante de Tchiang Kaï-chek et pour fonder une Chine de démocratie nouvelle. Dans tout le Parti et dans toute l’armée nous devons mener à fond un travail d’éducation à propos de ce rapport et l’appliquer rigoureusement, en y rattachant les documents publiés le 10 octobre 1947 [c’est-à-dire: ‘Manifeste de l’Armée populaire de Libération de Chine’, ‘Mots d’ordre de l’Armée populaire de Libération de Chine’, ‘Instructions à l’occasion d’une nouvelle proclamation des trois grandes règles de discipline et des huit recommandations’, ‘Dispositions générales de la loi agraire de Chine’ et ‘Résolution du Comité central du Parti communiste chinois sur la promulgation des Dispositions générales de la loi agraire de Chine’]. Au cours de l’application de notre politique dans les différentes régions, tout écart d’avec les principes posés dans ce rapport doit être corrigé aussitôt.” D’autres décisions importantes prises au cours de cette réunion étaient les suivantes :
    1) Tout effort utile doit être entrepris pour faire progresser la guerre révolutionnaire du peuple chinois sans interruption jusqu’à la victoire complète et il ne faut pas laisser l’ennemi user de tactiques dilatoires (pourparlers de paix) qui lui donneraient le temps de reprendre haleine et de se réorganiser en vue d’une nouvelle attaque contre le peuple.
    2) Le moment n’est pas encore venu de former un gouvernement central révolutionnaire, question qui sera examinée seulement quand notre armée aura remporté de plus grandes victoires ; à plus forte raison la promulgation d’une constitution est prématurée.
    En outre, la réunion discuta en détail des tendances qui avaient cours dans le Parti et de certaines mesures politiques concrètes touchant la réforme agraire et les mouvements de masse. Les résultats de ces discussions furent par la suite exposés par le camarade Mao Zedong dans : “Sur quelques questions importantes de la politique actuelle du Parti” (voir pp. 187-195 du présent tome). Le présent rapport et les textes suivants, jusqu’à et y compris la “Circulaire sur la situation” du 20 mars 1948 (pp. 227-235), furent écrits à Yangkiakeou, district de Mitche, dans le Chensi du Nord.
  2. Pour le détail des circonstances dans lesquelles l’Armée populaire de Libération passa successivement à l’offensive sur les divers fronts et porta la guerre dans les régions du Kuomintang, voir “Sur la grande victoire dans le Nord-Ouest et le mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dans l’Armée de Libération”, note 6, pp. 224-225 du présent tome.
  3. Voici quels sont ces commandants de haut grade du Kuomintang qui ont été destitués ou rétrogradés par Tchiang Kaï-chek: Lieou Tche, commissaire de Paci-fication à Tchengtcheou, province du Honan, fut destitué en novembre 1946 pour sa défaite subie en septembre dans la bataille de Tingtao, au sud-ouest de la province du Chantong. Siué Yué, commissaire de Pacification à Siutcheou, province du Kiangsou, fut destitué en mars 1947 pour une série de lourdes défaites subies par les troupes du Kuomintang sous son commandement, dans la campagne au nord de Soutsien, province du Kiangsou, en décembre 1946, dans la campagne du Chantong du Sud, en janvier 1947, et dans la campagne de Laiwou, dans le Chantong central, en février 1947. Wou Ki-wei, commissaire adjoint de Pacification à Siutcheou, fut destitué en mars 1947 pour sa défaite dans la campagne au nord de Soutsien, en décembre 1946. Tang En-po, commandant du Ier Groupe d’Armées, fut destitué en juin 1947 parce que la 74e division réorganisée avait été anéantie en mai dans la bataille de Mengliangkou, dans le Chantong du Sud. Wang Tchong-lien, commandant du IVe Groupe d’Armées, fut destitué en août 1947 pour sa défaite dans la campagne du Chantong du Sud-Ouest en juillet. Tou Yu-ming, commandant du Quartier général pour le Maintien de la Sécurité dans le Nord-Est, et Hsiong Che-houei, chef du Quartier général du Généralissime dans le Nord-Est, furent tous deux destitués pour la sévère défaite que leur avait infligée l’Armée populaire de Libération dans son offensive d’été dans le Nord-Est, en juin 1947. Souen Lien-tchong, commandant de la XIe Zone de guerre, fut rétrogradé au poste de commissaire de Pacification à Paoting, province du Hopei, pour ses défaites dans la campagne de Tsinghsien-Tsanghsien et dans la campagne de la région de Siuchouei, au nord de Paoting, en juin 1947. Tchen Tcheng, chef d’état-major général de Tchiang Kaï-chek, fut muté au poste de gouverneur général du Nord-Est, en août 1947, pour les défaites successives des campagnes qu’il avait dirigées dans la province du Chantong.
  4. Il s’agit de la “Directive sur le problème agraire” ; voir “Bilan de trois mois”, note 4, p. 119 du présent tome.
  5. La Conférence nationale agraire du Parti communiste chinois fut tenue en septembre 1947 dans le village de Sipaipo, district de Pingchan, province du Hopei. Les Dispositions générales de la loi agraire de Chine, adoptées par la Conférence le13 septembre, furent publiées par le Comité central du Parti communiste chinois le 10 octobre 1947. Elles stipulaient ce qui suit : “Abolir le système agraire d’exploitation féodale et semi-féodale et mettre en vigueur le système agraire ‘la terre à ceux qui la travaillent’” ; “Dans les villages, les unions paysannes locales prendront possession de toutes les terres des propriétaires fonciers et de toutes les terres publiques qui seront, avec toutes les autres terres du lieu, réparties de façon égale parmi la population rurale tout entière, sans distinction de sexe ou d’âge”; “Les unions paysannes des villages prendront possession des bêtes de trait, instruments aratoires, bâtiments, grains et d’autres biens des propriétaires fonciers, réquisitionneront les excédents des mêmes biens chez les paysans riches, répartiront tous ces biens entre les paysans et autres gens pauvres qui en ont besoin, et attribueront la même part aux propriétaires fonciers”. Ainsi, les Dispositions générales de la loi agraire ne confirmaient pas seulement le principe de “confiscation des terres des propriétaires fonciers et leur répartition entre les paysans.”, principe posé par la “Directive du 4 Mai” 1946, mais corrigeaient aussi ce qui n’était pas assez radical dans cette directive, laquelle en effet prenait trop en considération certains propriétaires fonciers.
  6. Au cours de l’application ultérieure, quelques modifications furent apportées à la méthode de la répartition égale des terres telle qu’elle était stipulée dans les Dispositions générales de la loi agraire de Chine. En février 1948, le Comité central du Parti communiste chinois spécifia dans sa “Directive sur le travail de réforme agraire et de consolidation du Parti dans les régions libérées anciennes et semi-anciennes” que, dans les parties des régions libérées anciennes et semi-anciennes où le système féodal avait déjà été renversé, il n’y aurait plus lieu de procéder à une répartition égale des terres, mais que les paysans pauvres et les salariés agricoles qui ne s’étaient pas encore complètement affranchis de leur ancien état recevraient, si les circonstances l’exigeaient, une certaine quantité de terres et d’autres moyens de production par rajustement, selon la méthode qui consiste à prendre à ceux qui disposent de surplus pour donner à ceux qui n’ont pas assez, à prendre à ceux qui ont de meilleurs moyens de production pour donner à ceux qui en ont de moins bons, tandis que les paysans moyens seraient autorisés à disposer en moyenne de plus de terres que n’en recevaient les paysans pauvres. Dans les parties de ces régions où le système féodal existait encore, la distribution fut principalement limitée aux terres et aux biens des propriétaires fonciers et aux terres et biens excédentaires des paysans riches de type ancien. Dans toutes ces régions, il ne fut permis de prendre les terres excédentaires des paysans moyens et des paysans riches de type nouveau pour des buts de rajustement que si de telles mesures étaient réellement nécessaires et si les propriétaires eux-mêmes y consentaient vraiment. Au cours de la réforme agraire dans les nouvelles régions libérées, aucune terre ne devait être prise à aucun paysan moyen.
  7. La question des paysans riches dans la réforme agraire présentait en Chine des particularités résultant de conditions historiques et économiques spécifiques. Les paysans riches de Chine différaient de ceux de nombreux pays capitalistes à deux égards : premièrement, ils avaient en général et à un haut degré le caractère d’exploiteurs féodaux et semi-féodaux, et deuxièmement, leur économie n’occupait pas une place importante dans l’économie agricole du pays. Dans la lutte contre l’exploitation féodale exercée par la classe des propriétaires fonciers en Chine, les larges masses de paysans pauvres et de salariés agricoles réclamaient aussi l’abolition de l’exploitation féodale et semi-féodale pratiquée par les paysans riches. Pendant la Guerre de Libération, le Parti communiste chinois adopta la politique de réquisition des terres et biens excédentaires des paysans riches et de leur répartition entre les paysans, satisfaisant ainsi les demandes des masses de paysans pauvres et de salariés agricoles et assurant en même temps la victoire dans la Guerre de Libération populaire. En février 1948, alors que la guerre se développait victorieusement, le Comité central du Parti communiste chinois formula une nouvelle politique de réforme agraire dans les nouvelles régions libérées. Cette politique prévoyait deux étapes: dans la première étape, neutraliser les paysans riches et concentrer les coups sur les propriétaires fonciers, et tout d’abord sur les gros propriétaires fonciers; dans la seconde étape, au cours de la distribution des terres des propriétaires fonciers, répartir aussi les terres données à ferme par les paysans riches et leurs terres excédentaires, mais continuer à traiter les paysans riches autrement que les propriétaires fonciers (voir “Points essentiels de la réforme agraire dans les nouvelles régions libérées”, pp. 207-209 du présent tome). En juin 1950, après la fondation de la République populaire de Chine, le Gouvernement populaire central promulgua la Loi sur la réforme agraire ; elle stipulait que, pendant la réforme, les terres données à ferme par les paysans riches devaient être seules réquisitionnées, partiellement ou totalement, alors que le reste de leurs terres et leurs biens devaient être protégés. A l’étape suivante, celle de la révolution socialiste, l’économie des paysans riches disparut à mesure que s’approfondissait le mouvement de coopération agricole et que l’économie rurale se développait.
  8. C’est-à-dire qu’une famille de paysan riche possédait en moyenne plus de terres et de meilleures qu’une famille de paysan pauvre. Mais pour l’ensemble du pays, les moyens de production détenus par les paysans riches de Chine et leurs productions agricoles étaient de faible importance. L’économie des paysans riches n’occupait pas une grande place dans l’économie rurale du pays.
  9. Il s’agit du mouvement de rectification du style de travail mené en 1942-1943 par le Parti communiste chinois dans l’ensemble de ses rangs ; son but était de combattre le subjectivisme, le sectarisme et le style stéréotypé. Sous la direction du camarade Mao Zedong, ce mouvement de rectification adopta les principes suivants : “tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l’homme” et “éclaircir la pensée des camarades qui ont commis des erreurs et rester uni avec eux”; par la méthode de la critique et de l’autocritique, il corrigea les erreurs “de gauche” et de droite apparues en différentes occasions dans l’histoire du Parti, en remontant jusqu’à leurs racines idéologiques, si bien qu’il éleva considérablement le niveau idéologique des larges rangs des cadres du Parti, contribua grandement à l’unité idéologique du Parti sur la base du marxisme-léninisme, et amena ainsi tout le Parti à un haut degré d’unité.
  10. Dans la phase initiale de la Guerre de Libération populaire, des personnalités démocrates s’imaginèrent qu’elles pourraient trouver une prétendue troisième voie, distincte de la dictature des gros propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie exercée par le Kuomintang d’une part, de la dictature démocratique populaire dirigée par le Parti communiste chinois de l’autre. Cette voie était en fait la voie d’une dictature bourgeoise du modèle anglo-américain.
  11. Le Bureau d’Information des Partis communistes et ouvriers fut créé sur décision d’une conférence tenue à Varsovie en septembre 1947 par les représentants des Partis communistes et ouvriers de neuf pays : Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pologne, Union soviétique, France, Tchécoslovaquie, Italie et Yougoslavie. Plus tard, dans une réunion qu’il tint en Roumanie en juin 1948, le Bureau d’Information annonça l’exclusion du Parti communiste yougoslave, parce que celui-ci persistait dans sa position contraire au marxisme-léninisme et adoptait une attitude hostile à l’Union soviétique et au camp socialiste. L’appel du Bureau d’Information aux peuples du monde à se lever contre le plan d’asservissement impérialiste, appel mentionné ici par le camarade Mao Zedong, est la “Déclaration sur la situation internationale” adoptée à la conférence de septembre 1947 du Bureau d’Information.

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