Un autre ouvrage, qui ne fait pas partie de la Bible, a marqué le mysticisme juif : le Livre hébreu d’Hénoch, appelé aussi Livre des Palais ou III Hénoch, qui existe également dans une version éthiopienne, et a sans doute été écrit entre le quatrième et le huitième siècle à Babylone.

Dans le Livre hébreu d’Hénoch, on a donc Rabbi Ismael qui est « emmené » par « Métatron », et raconte son expérience, en nous priant de le croire :

« Or, je vous le jure, ô justes, par la grandeur de sa splendeur, par son royaume et par sa majesté ; je vous jure que j’ai eu connaissance de ce mystère, qu’il m’a été donné de lire les tables du ciel ; de voir l’écriture des saints, de découvrir ce qui y était inscrit à votre sujet. »

« Métatron » l’a emmené en fait « en haut », où il a pu compléter le secret :

« Ensuite je vis les secrets des cieux et du paradis dans toutes les parties, et les secrets des actions humaines, chacune selon leur poids et leur valeur. Je contemplai les habitations des élus, les demeures des saints. Là aussi mes yeux aperçurent tous les pécheurs qui ont repoussé et nié le Seigneur de gloire, et qui en ont été repoussés. Car le châtiment de leurs crimes n’avait pu encore être décrété par le Seigneur des esprits.

Là encore mes yeux contemplèrent les secrets de la foudre et du tonnerre, les secrets des vents, comment ils se divisent quand ils soufflent sur la terre ; les secrets des vents, de la rosée et des nuées. Je vis le lieu de leur origine, l’endroit d’où ils s’échappent, pour aller se rassasier de la poussière de la terre.

Là je vis les réceptacles d’où sortent les vents en se séparant ; les trésors de la grêle, les trésors de la neige, les trésors des nuages, et cette même nuée qui, avant la création du monde, planait sur la surface de la terre.

Je vis également les trésors de la lune, où ses phases prenaient naissance ; leur commencement, leur glorieux retour ; comme l’une est plus brillante que l’autre ; leur progrès éclatant, leur cours invariable, leur amitié entre elles, leur docilité, et leur obéissance qui les porte sur les pas du soleil, d’après l’ordre du Seigneur des esprits. Oh ! que son nom est puissant dans tous les siècles ! »

Ce « Métatron » a une importance considérable, ou centrale, selon les interprétations de la religion juive. Le principe est le suivant : dans la Bible, on peut lire « Et Énoch marchait avec Dieu, et il ne fut plus car Dieu le prit » (Genèse 5, 24), et cela fut prétexte à assimiler Énoch (ou Hénoch) à Métatron, une sorte de super ange que l’on peut, en réalité, assimiler à l’intellect chez Aristote, mais en mode religieux, en tant qu’ange.

Hénoch emporté par Dieu, par le peintre néerlandais Gerard Hoet (1648-1733)

Hénoch emporté par Dieu, par le peintre néerlandais Gerard Hoet (1648-1733)

D’ailleurs, Metatron dit même dans cet ouvrage :

« Il (le Saint béni soit-Il)… m’a appelé « le petit YHVH ». »

Et naturellement, ce Métatron est le « moyen » de s’élever spirituellement, de rejoindre en fait le Chariot de Dieu, car Métatron a été pris par Dieu et a traversé six palais célestes, afin d’arriver au bout.

Pour passer les palais, il fallait affronter les questions mystiques des anges : on a ici une base de « l’angélogie », qui joue un rôle central tant pour le judaïsme que l’Islam chiite. Naturellement, les « puissances » en jeu sont énormes. Un texte cabaliste raconte ainsi :

« Rabbi Akiba demanda à Rabbi Eliezer le grand : « comment peut-on faire descendre l’Ange de la Présence (Sar ha-Panim, le « Prince de la Contenance ») sur terre afin de révéler aux hommes les mystères de l’En haut et de l’En bas, et sur les spéculations de la fondation des choses terrestres et célestes, et sur les trésors de la sagesse ? »

Il me dit alors : « Mon fils ! Je l’ai fait descendre une fois, et il a presque détruit le monde, car il est un prince puissant et plus grand que toutes les cohortes célestes, et il administre sans cesse devant le Roi de l’Univers, avec pureté et avec peur, car la Shekhinah est toujours avec lui »

Et au sujet de Rabbi Akiva, la légende racontée parle Talmud et le Zohar veut que :

« Nos Sages ont enseigné : 4 hommes sont entrés au Pardès : Ben Azaï, Ben Zoma, A’her et Rabbi Akiva.

Rabbi Akiva leur dit : « Lorsque vous arriverez devant des pierres de marbre pur, ne dites pas : ‘ De l’eau, de l’eau », car il est dit : ‘Celui qui débite des mensonges ne subsistera pas devant Mes yeux » (Psaumes 101:7).

Ben Azaï contempla (la gloire divine) et mourut. A son propos, il est écrit : « Une chose précieuse aux regards de l’Eternel, c’est la mort de ses pieux serviteurs » (Psaumes 116:15). Ben Zoma contempla et perdit ses esprits.

A son propos, il est écrit : « As-tu trouvé du miel, manges-en à ta suffisance, mais évite de t’en goinfrer, tu le rejetterais » (Proverbes 25:16). A’her coupa les racines (renia sa foi). Rabbi Akiva entra en paix et sortit en paix. »


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