Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1968 à Kinshasa, au plus fort du régime dictatorial de Mobutu, Pierre Mulele et Théodore Bengila sont assassinés. Il y a exactement cinquante ans, jour pour jour, que ce crime ignoble fut perpétré.

La cruauté et la bestialité avec lesquelles Mulele et Bengila vont être mis à mort couvrent à jamais d’ignominie et de honte le régime bureaucratique bourgeois qui a ordonné une telle sauvagerie, car avant de mourir, Pierre Mulele et son compagnon d’infortune connaîtront des souffrances extrêmes que par respect pour leur mémoire, nous refusons d’énumérer ici.

Mulele et Begila suivent, dès 1962, une formation politique et militaire en Chine. De retour au pays, au moment même où l’on assistait à la capitulation de nombreux intellectuels congolais face au mobutisme, Pierre Mulele et Théodore Bengila – ayant pour leur part pris le maquis – discutent de la nécessité de fonder le Parti des Travailleurs.

Le 3 août 1966, Mulele signa une lettre destinée à ses amis de Brazza, où il abordait question du Parti. En voici le contenu :

Camarades,

Je saisis la présente occasion pour vous demander ce qui suit en ce qui concerne l’avenir de notre pays.

mulele-5.jpgL’époque que nous traversons exige une forte unité de toutes les forces vives de la Nation pour la bonne continuation de la lutte révolutionnaire.

A mon avis, cette unité ne pourra se créer que lorsque les natifs de ce pays ayant les mêmes visées, sauront se grouper dans un mouvement capacité d’exprimer leurs pensées.

C’est pourquoi je vous prie de lancer un appel à l’unité à tous les camarades qui sont avec vous, afin de créer un Parti révolutionnaire avancé, au sein duquel tous les révolutionnaires du Congo seront regroupés.

Pour ce faire, je vous demande d’oublier vos querelles stériles du passé, de bannir l’esprit de séparatisme et de construire l’avenir. Dans le cas où vous seriez dans l’impossibilité de créer un Parti avancé comme tel, un Front unissant tous nos partis progressistes pourra être envisagé.

Qu’il s’agisse d’un Parti ou d’un Front, l’union devra reposer sur une doctrine de base conséquente (conforme) à la ligne générale de la Révolution sur toute l’étendue du territoire congolais.

L’intérêt général de la Nation doit se placer au-dessus de toute ambition personnelle et c’est la raison pour laquelle notre lutte ne s’est appuyée sur aucun des Partis déjà existants, tels que le PSA, MNC-L, Abako, etc. Cela s’est fait à juste titre pour éviter de localiser notre mouvement révolutionnaire ainsi que (pour éviter) la méfiance des autres partis progressistes qui se verraient alors en dehors de la scène.

Après que vous aurez créé un Parti révolutionnaire avancé ou un Front, vous voudrez bien nous envoyer, ainsi qu’à la section de l’Est, les documents, pour en faire la propagande ici à l’intérieur du pays.

Mais si tout cela s’avérait difficile de votre part, veillez me le dire et nous pourrions alors nous en occuper en vos lieux et place.

J’insiste sur l’unité de tous, sans laquelle rien de constructif ne se réalisera et (sans laquelle) encore aucun appui sérieux ne vous sera donné de la part des autres révolutionnaires du monde.


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