Traduction classique

Feuerbach résout l’essence religieuse en l’essence humaine. Mais l’essence de l’homme n’est pas une abstraction inhérente à l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux.

Feuerbach, qui n’entreprend pas la critique de cet être réel, est par conséquent obligé :

1. De faire abstraction du cours de l’histoire et de faire de l’esprit religieux une chose immuable, existant pour elle-même, en supposant l’existence d’un individu humain abstrait, isolé.

2. De considérer, par conséquent, l’être humain uniquement en tant que « genre », en tant qu’universalité interne, muette, liant d’une façon purement naturelle les nombreux individus.

Traduction corrigée

Feuerbach résout l’essence religieuse dans l’essence humaine. Mais l’essence humaine n’est pas une abstraction vivant à l’intérieur d’un individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapport sociaux.

Feuerbach, qui n’entreprend pas la critique de cet essence réelle, est de là obligé :

1. de faire abstraction du cours historique et de fixer pour soi l’esprit religieux et de présupposer un individu humain – isolé – abstrait ;

2. de ne saisir chez ce dernier, par là, l’essence humaine seulement comme « genre », comme généralité interne, muette, reliant simplement naturellement les nombreux individus.

Ludwig Feuerbach échoue à saisir de manière correcte le rapport dialectique entre l’universel et le particulier. Il est tout à fait vrai que chaque être humain relève de l’essence humaine. Cependant, cette dernière n’est pas statique. Elle existe également dans la transformation de l’humanité.

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Or, ne pas voir cela amène à l’erreur de se focaliser, en fin de compte, sur l’individu isolé, qui témoignerait de l’universel de manière suffisante. C’est d’ailleurs ce que prétendait la figure du Christ, être humain complet, tout en étant par-là même Dieu.

Et comme l’histoire consiste en une transformation de l’ensemble des êtres humains, de leur essence même, on ne doit pas voir simplement en la religion une fuite, mais également de manière dialectique le reflet d’une transformation en cours.

C’est pour cette raison que le matérialisme dialetique lit dans les différents cultes l’expression de moments historiques (la déesse-mère pour le matriarcat, le calvinisme pour le capitalisme, etc.).

C’est pour cela aussi que le matérialisme dialectique voit en l’essence humaine quelque chose d’universel à la fois dans les êtres humains, mais également dans le processus de transformation de l’humanité.

L’idéalisme nie qu’il y ait une essence humaine ; il considère que chaque individu est unique, résolument séparé des autres individus, ceux-ci se reliant à travers des intérêts partiels, sous forme de contrats pour satisfaire leurs intérêts mutuels.

Rien n’est plus éloigné du matérialisme, qui affirme qu’il y a une essence humaine. Et le matérialisme dialectique précise que cette essence humaine n’est pas quelque chose de statique, telle une sorte de dénominateur commune à tous les êtres humains, mais bien un universel en transformation, existant de manière dynamique à travers les rapports sociaux.


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