Le congrès se termine, le 7 août, par une session spéciale commune à l’Internationale Communiste, au Comité Central exécutif russe, au Soviet de Moscou, des syndicats et des conseils d’entreprises. Mais au-delà des documents votés concernant les lignes dans différents domaines, il fut procédé à la mise en place de « conditions » d’appartenance à l’Internationale Communiste.

Ce sont les communistes russes qui en sont à l’origine et le fait de les faire voter est une exigence de reconnaissance de leur statut d’avant-garde sur le plan international.

Les 21 conditions exigent en effet un remodelage complet des organisations existantes, qu’elles aient adhéré ou pas à l’Internationale Communiste, avec une discipline et une centralisation qui, dans les faits, sont étrangers à la tradition social-démocrate d’Europe et ce malgré ses prétentions sur ce plan.

Il va de soi que c’est encore pire pour ce qui ne relève pas de cette tradition, comme les socialistes français avec leur tradition de fédéralisme, leur refus catégorique de la discipline, etc.

Les communistes russes mettent ainsi la pression. Si le premier congrès n’avait pas atteint cette dimension en termes de structuration, l’idée est que, maintenant que l’Internationale Communiste se concrétise, ceux qui veulent en faire partie doivent assumer.

Zinoviev, dans sa présentation des 21 conditions, explique d’ailleurs qu’il ne suffira pas de les accepter pour être « baptisé » communiste. Les choses seront vérifiées.

En ce sens, les 21 conditions sont une offensive très claire contre le « centre », qui affirme rejeter les réformistes, mais sans concrétiser sa démarche au point de réellement rejoindre les communistes.

Dans ses documents du deuxième congrès, l’Internationale Communiste valorise ainsi les 21 conditions en soulignant que c’est un garde-fou :

« L’Internationale Communiste est, d’une certaine façon, à la mode.

Le désir de certains groupes dirigeants du « centre » d’adhérer à la III° Internationale nous confirme indirectement que l’Internationale Communiste a conquis les sympathies de la grande majorité des travailleurs conscients du monde entier et constitue une puissance qui croît de jour en jour.

L’Internationale Communiste est menacée de l’envahissement de groupes indécis et hésitants qui n’ont pas encore pu rompre avec l’idéologie de la II° Internationale.

En outre, certains Partis importants (italien, suédois), dont la majorité se place au point de vue communiste, conservent encore en leur sein de nombreux éléments réformistes et social-pacifistes qui n’attendent que l’occasion pour relever la tête, saboter activement la révolution prolétarienne, en venant ainsi en aide à la bourgeoisie et à la II° Internationale.

Aucun communiste ne doit oublier les leçons de la République des soviets hongroise. L’union des communistes hongrois avec les réformistes a coûté cher au prolétariat hongrois.

C’est pourquoi le 2° Congrès international croit devoir fixer de façon tout à fait précise les conditions d’admission des nouveaux Partis et indiquer par la même occasion aux Partis déjà affiliés les obligations qui leur incombent. »

Ces 21 conditions devinrent la grande actualité du mouvement ouvrier.


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