Mao Zedong a exprimé son point de vue sur les arts et les lettres dans les Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan, en 1942. Il donne son point de vue dans une réunion qui, selon ses propres termes, ont comme but « de faire en sorte que la littérature et l’art s’intègrent parfaitement dans le mécanisme général de la révolution. »
Quel est son point de vue sur le réalisme socialiste ? Mao Zedong dit à ce sujet les choses suivantes :
« Nous sommes pour le réalisme socialiste ; or, là encore, une partie des écrivains et artistes ne sont pas d’accord avec nous, c’est pourquoi le cadre de cette union sera encore plus restreint. Il y aura donc unité sur telle question, lutte et critique à propos de telle autre. »
Et également, dans point de vue exactement similaire aux communistes soviétiques :
« Nous étudions le marxisme afin de considérer le monde, la société, la littérature et l’art du point de vue du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, et nullement pour écrire des cours de philosophie en place d’œuvres littéraires et artistiques.
Le marxisme embrasse le réalisme en littérature et en art, mais ne peut se substituer à lui dans la création artistique, tout comme il embrasse la théorie atomique et électronique en physique, mais ne peut se substituer à elle. Les formules dogmatiques, vides et sèches, détruisent nos dispositions créatrices, et non seulement elles, mais en premier lieu le marxisme lui-même.»
Enfin, il mentionne la littérature soviétique par deux fois. Il cite le roman La Débâcle, d’Alexandre Fadéiev et traduit en chinois par l’illustre écrivain progressiste Lou Sin, grande référence pour Mao Zedong.
Et il explique que l’aspect positif l’emporte dans le réalisme socialiste :
« Depuis toujours la littérature et l’art ont représenté la lumière et les ténèbres dans une proportion égale, juste « moitié-moitié ». Il y a beaucoup de confusion dans cette affirmation. Il n’est pas vrai que la littérature et l’art aient toujours procédé ainsi.
De nombreux écrivains de la petite bourgeoisie n’ont jamais découvert la lumière ; leurs œuvres n’ont fait que de révéler les ténèbres, on les a appelées « littérature de dénonciation » ; il y en a qui vont jusqu’à répandre purement et simplement le pessimisme, le dégoût de l’existence.
Par contre, la littérature soviétique, dans la période de l’édification du socialisme, dépeint principalement la lumière. Bien sûr, elle montre aussi des insuffisances dans le travail, des types négatifs, mais uniquement dans le but de faire ressortir la lumière dans l’ensemble du tableau et pas dans la proportion « moitié-moitié ». »
Mao Zedong réaffirme la position du réalisme socialiste selon laquelle les artistes ne sont pas « au-dessus » de la réalité. Il dit :
« Ceux qui se considèrent comme des écrivains révolutionnaires marxistes, et à plus forte raison les écrivains communistes, doivent connaître le marxisme-léninisme ; mais il y a aujourd’hui des camarades qui n’ont qu’une connaissance insuffisante des conceptions fondamentales du marxisme.
Par exemple, l’une de celles-ci est que l’être détermine la conscience, que la réalité objective de la lutte des classes et de la lutte pour le salut de la nation détermine nos pensées et nos sentiments.
Cependant, certains de nos camarades posent le problème à l’envers et affirment qu’en toutes choses il faut partir de « l’amour. »
Or l’amour, dans la société de classes, ne saurait être lui aussi qu’un amour de classe.
Mais ces camarades sont à la recherche d’un amour au-dessus des classes, de l’amour dans l’abstrait, comme d’ailleurs de la liberté dans l’abstrait, de la vérité dans l’abstrait, de la nature humaine dans l’abstrait, etc. Cela montre qu’ils ont subi une forte influence bourgeoise.
Il faut liquider totalement cette influence et se consacrer sincèrement à l’étude du marxisme-léninisme. Les travailleurs littéraires et artistiques doivent apprendre l’art de créer, cela va de soi ; mais le marxisme-léninisme est une science que tous les révolutionnaires doivent étudier, et les écrivains et artistes ne font pas exception. »
En disant que les écrivains et les artistes « ne font pas exception », Mao Zedong se situe parfaitement dans la conception du réalisme socialiste. La grande question est alors : quelle est la position de Mao Zedong quant à la question de l’héritage ?
Mao Zedong, également ici, exprime le point de vue du réalisme socialiste. Il dit :
« Ce qui est dirigé par la bourgeoisie ne peut appartenir aux masses populaires. Ceci, bien entendu, est aussi vrai pour la littérature et l’art nouveaux, éléments de la culture nouvelle.
Nous devons recueillir le riche héritage et maintenir les meilleures traditions de la littérature et de l’art chinois et étrangers, mais pour les mettre au service des masses populaires.
Nous ne refusons nullement d’utiliser les formes littéraires et artistiques du passé : entre nos mains, refaçonnées et chargées d’un contenu nouveau, elles deviennent elles aussi propres à servir la révolution et le peuple.»
Mao Zedong connaissait le réalisme socialiste soviétique et le défendait.