I. LA NOUVELLE ÉPOQUE ET LE NOUVEAU PARLEMENTARISME

L’attitude des partis socialistes à l’égard du parlementarisme consistait à l’origine, à l’époque de la Première Internationale, à utiliser les Parlements bourgeois pour l’agitation.

On envisageait la participation à l’action parlementaire du point de vue du développement de la conscience de classe, c’est-à-dire de l’éveil de l’hostilité des classes prolétariennes contre les classes dirigeantes.

Cette attitude se modifia, non sous l’influence d’une théorie, mais sous celle du progrès politique. Par suite de l’augmentation incessante des forces productrices et de l’élargissement du domaine de l’exploitation capitaliste, le capitalisme et, avec lui, les États parlementaires acquirent une stabilité durable.

De là, l’adaptation de la tactique parlementaire des partis socialistes à l’action législative « organique » des Parlements bourgeois et l’importance toujours croissante de la lutte pour l’introduction des réformes dans les cadres du capitalisme, la prédominance du programme minimum des partis socialistes, la transformation du programme maximum en une plate-forme destinée aux discussions sur un « but final » éloigné. Sur cette base se développèrent l’arrivisme parlementaire, la corruption, la trahison ouverte ou camouflée des intérêts primordiaux de la classe ouvrière.

L’attitude de la IIIe Internationale envers le parlementarisme n’est pas déterminée par une nouvelle doctrine, mais par la modification du rôle du parlementarisme même.

À l’époque précédente, le Parlement, instrument du capitalisme en voie de développement, a, dans un certain sens, travaillé pour le progrès historique. Dans les conditions actuelles, caractérisées par le déchaînement de l’impérialisme, le Parlement est devenu un instrument de mensonge, de fraude, de violences, de destruction, d’actes de brigandage, œuvres de l’impérialisme ; les réformes parlementaires, dépourvues d’esprit de suite et de stabilité et conçues sans plan d’ensemble, ont perdu toute importance pratique pour les masses laborieuses.

Le parlementarisme a perdu sa stabilité de même que toute la société bourgeoise. La transition de la période organique à la période critique crée une nouvelle base à la tactique du prolétariat dans le domaine parlementaire. C’est ainsi que le parti ouvrier russe (le parti bolchévik) détermina déjà les bases du parlementarisme révolutionnaire à l’époque antérieure, la Russie ayant perdu depuis 1905 son équilibre politique et social et étant entrée dès lors dans une période de tourmentes et de bouleversements.

Quand des socialistes, aspirant au communisme, soulignent que l’heure de la révolution n’est pas encore venue dans leurs pays et se refusent à se séparer des opportunistes parlementaires, ils procèdent, au fond, d’une représentation, consciente ou inconsciente, de la période qui s’ouvre, considérée comme une période de stabilité relative de la société impérialiste et pensent pour cette raison qu’une collaboration avec les Turati et les Longuet peut donner sur cette base des résultats pratiques dans la lutte pour les réformes.

Le communisme doit prendre pour point de départ l’étude théorique de notre époque (apogée du capitalisme, tendances de l’impérialisme à sa propre négation et à sa propre destruction, aggravation continue de la guerre civile, etc.).

Les formes des relations politiques et des groupements peuvent différer dans les divers pays, mais le fond des choses reste le même partout : il s’agit pour nous de la préparation immédiate, politique et technique, du soulèvement prolétarien qui doit détruire le pouvoir bourgeois et établir le nouveau pouvoir prolétarien.

Pour les communistes, le Parlement ne peut être en aucun cas, à l’heure actuelle, le théâtre d’une lutte pour des réformes et pour l’amélioration de la situation de la classe ouvrière, comme il arriva à certains moments, à l’époque antérieure. Le centre de gravité de la vie politique actuelle est complètement définitivement sorti du Parlement. D’autre part, la bourgeoisie est obligée, par ses rapports avec les masses laborieuses et aussi par suite des rapports complexes existant au sein des classes bourgeoises, de faire approuver de diverses façons certaines de ses actions par le Parlement, où les coteries se disputent le pouvoir, manifestent leurs forces et leurs faiblesses, se compromettent, etc.

Aussi le devoir historique immédiat de la classe ouvrière est-il d’arracher ces appareils aux classes dirigeantes, de les briser, de les détruire et de leur substituer les nouveaux organes du pouvoir prolétarien. L’état-major révolutionnaire de la classe ouvrière est d’ailleurs profondément intéressé à avoir dans les institutions parlementaires de la bourgeoisie des éclaireurs qui faciliteront son œuvre de destruction.

On voit clairement dès lors la différence essentielle entre la tactique des communistes allant au Parlement à des fins révolutionnaires, et celle du parlementarisme socialiste qui commence par reconnaître la stabilité relative, la durée indéfinie du régime.

Le parlementarisme socialiste se donne pour tâche d’obtenir à tout prix des réformes ; il est intéressé à ce que chaque conquête soit mise par les masses au compte du parlementarisme socialiste (Turati, Longuet et Cie).

Le vieux parlementarisme d’adaptation est remplacé par un parlementarisme nouveau, qui est l’un des moyens de détruire le parlementarisme en général. Mais les traditions écœurantes de l’ancienne tactique parlementaire rapprochent certains éléments révolutionnaire des antiparlementaires par principe (les I.W.W., les syndicalistes révolutionnaires, le Parti ouvrier communiste d’Allemagne).

Considérant cette situation, le IIe Congrès de l’Internationale Communiste arrive aux conclusions suivantes :

II. LE COMMUNISME, LA LUTTE POUR LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT ET « POUR L’UTILISATION » DU PARLEMENT BOURGEOIS

**I

1. Le parlementarisme de gouvernement est devenu la forme « démocratique » de la domination de la bourgeoisie, à laquelle il faut, à un moment donné de son développement, une fiction de représentation populaire exprimant en apparence la « volonté du peuple » et non celle des classes, mais constituant en réalité, aux mains du Capital régnant, un instrument de coercition et d’oppression.

2. Le parlementarisme est une forme déterminée de l’État. Aussi ne convient-il en aucune façon à la société communiste, qui ne connaît ni classes, ni lutte de classes, ni pouvoir gouvernemental d’aucune sorte.

3. Le parlementarisme ne peut pas être non plus la forme du gouvernement « prolétarien » dans la période de transition de la dictature de la bourgeoisie à la dictature du prolétariat. Au moment le plus grave de la lutte de classes, lorsque celle-ci se transforme en guerre civile, le prolétariat doit bâtir inévitablement sa propre organisation gouvernementale, considérée comme une organisation de combat dans laquelle les représentants des anciennes classes dominantes ne seront pas admis ; toute fiction de volonté populaire est, au cours de cette phase, nuisible au prolétariat ; celui-ci n’a nul besoin de la séparation parlementaire des pouvoirs, qui ne pourrait que lui être néfaste ; la République des Soviets est la forme de la dictature du prolétariat.

4. Les Parlements bourgeois, constituant un des principaux appareils de la machine gouvernementale de la bourgeoisie, ne peuvent pas plus être conquis par le prolétariat que l’État bourgeois, en général. La tâche du prolétariat consiste à faire sauter la machine gouvernementale de la bourgeoisie, à la détruire, y compris les institutions parlementaires, que ce soit celles des Républiques ou celles des monarchies constitutionnelles.

5. Il en est de même des institutions municipales ou communales de la bourgeoisie, qu’il est théoriquement faux d’opposer aux organes gouvernementaux.

À la vérité, elles font aussi partie du mécanisme gouvernemental de la bourgeoisie : elles doivent être détruites par le prolétariat révolutionnaire et remplacées par les Soviets de députés ouvriers.

6. Le communisme se refuse donc à voir dans le parlementarisme une des formes de la société future ; il se refuse à y voir la forme de la dictature de classe du prolétariat ; il nie la possibilité de la conquête durable des Parlements ; il se donne pour but l’abolition du parlementarisme. Il ne peut dès lors être question de l’utilisation des institutions gouvernementales bourgeoises qu’en vue de leur destruction. C’est dans ce sens et uniquement dans ce sens que la question peut être posée.

**II

7. Toute lutte de classes est une lutte politique, car elle est, en fin de compte, une lutte pour le pouvoir. Toute grève, étendue à un pays entier, devient une menace pour l’État bourgeois et acquiert par là même un caractère politique. S’efforcer de renverser la bourgeoisie et de détruire l’État bourgeois, c’est soutenir une lutte politique. Nous devons créer un appareil de gouvernement et de coercition prolétarien, de classe, contre la bourgeoisie réfractaire ; c’est, quel que soit cet appareil, conquérir le pouvoir politique.

8. La lutte politique ne se réduit donc nullement à une question d’attitude envers le parlementarisme.

Elle embrasse toute la lutte de la classe du prolétariat, pour autant que cette lutte cesse d’être locale et partielle et tend au renversement du régime capitaliste en général.

9. La méthode fondamentale de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, c’est-à-dire contre son pouvoir gouvernemental, est avant tout celle des actions en masse.

Ces dernières sont organisées et dirigées par les organisations de masse du prolétariat (syndicats, partis, soviets), sous la conduite générale du Parti communiste, solidement uni, discipliné et centralisé. La guerre civile est une guerre. Dans cette guerre, le prolétariat doit avoir de bons cadres politiques et un bon état-major politique dirigeant toutes les opérations dans tous les domaines de l’action.

10. La lutte des masses constitue tout un système d’actions en voie de développement, qui s’avivent par leur forme même et mènent logiquement à l’insurrection contre l’État capitaliste. Dans cette lutte de masse, appelée à se transformer en guerre civile, le parti dirigeant du prolétariat doit, en règle générale, fortifier toutes ses positions légales, en faire des points d’appui secondaires de son action révolutionnaire et les subordonner au plan de la campagne principale, c’est-à-dire à la lutte des masses.

11. La tribune du Parlement bourgeois est un de ces points d’appui secondaires. On ne peut pas invoquer contre l’action parlementaire, la qualité bourgeoise de l’institution même. Le Parti communiste y entre non pour s’y livrer à une action organique, mais pour saper de l’intérieur la machine gouvernementale et le Parlement (exemples : l’action de Liebknecht en Allemagne, celle des bolchéviks à la Douma du tsar, à la « Conférence démocratique » et au « Préparlement » de Kérenski, à l’Assemblée constituante, dans les municipalités ; enfin, l’action des communistes bulgares).

12. Cette action parlementaire, qui consiste surtout à user de la tribune parlementaire à des fins d’agitation révolutionnaire, à dénoncer les manœuvres de l’adversaire, à grouper autour de certaines idées les masses qui, surtout dans les pays arriérés, considèrent la tribune parlementaire, avec de grandes illusions démocratiques, doit être totalement subordonnée aux buts et aux tâches de la lutte extraparlementaire des masses.

La participation aux campagnes électorales et la propagande révolutionnaire du haut de la tribune parlementaire ont une signification particulière pour la conquête politique des milieux de la classe ouvrière qui, comme les masses laborieuses rurales, sont demeurés jusqu’à présent à l’écart du mouvement révolutionnaire et de la politique.

13. Les communistes, s’ils obtiennent la majorité dans les municipalités, doivent : a) former une opposition révolutionnaire à l’égard du pouvoir central de la bourgeoisie ; b) s’efforcer par tous les moyens de rendre service à la partie la plus pauvre de la population (mesures économiques, création ou tentative de création d’une milice ouvrière armée, etc.) ; c) révéler en toute occasion les obstacles suscités par l’État bourgeois contre toute réforme radicale ; d) développer sur cette base une propagande révolutionnaire énergique, sans craindre le conflit avec le pouvoir bourgeois ; e) remplacer, dans certaines circonstances, les municipalités par des Soviets de députés ouvriers. Toute l’action des communistes dans les municipalités doit donc s’intégrer dans l’œuvre générale de désagrégation du système capitaliste ;

14. La campagne électorale elle-même doit être menée, non dans le sens de l’obtention du maximum de mandats parlementaires, mais dans celui de la mobilisation des masses sous les mots d’ordre de la révolution prolétarienne. La lutte électorale ne doit pas être le fait des seuls dirigeants du Parti, l’ensemble des membres du Parti doit y prendre part ; tout mouvement des masses doit être utilisé (grèves, manifestations, effervescence dans l’armée et la flotte, etc.) ; on établira avec ce mouvement un contact étroit ; l’activité des organisations prolétariennes de masse sera sans cesse stimulée ;

15. Ces conditions et celles qui sont indiquées dans une instruction spéciale étant observées, l’action parlementaire se trouve en complète opposition avec l’écœurante petite politique des partis socialistes de tous les pays, dont les députés vont au Parlement pour soutenir cette institution « démocratique », et, dans le meilleur des cas, pour la « conquérir ». Le Parti communiste ne peut admettre que l’utilisation exclusivement révolutionnaire du parlementarisme, à la manière de Karl Liebknecht, de Hoeglund et des bolchéviks.

AU PARLEMENT

**III

16. « L’antiparlementarisme » de principe, conçu comme le refus absolu et catégorique de participer aux élections et à l’action parlementaire révolutionnaire, n’est donc qu’une doctrine enfantine et naïve ne résistant pas à la critique, résultat parfois d’une saine aversion pour les politiciens parlementaires, mais qui n’aperçoit pas, par ailleurs, la possibilité du parlementarisme révolutionnaire. Il arrive, de plus, que cette opinion se base sur une notion tout à fait erronée du rôle du Parti, considéré non comme l’avant-garde ouvrière centralisée et organisée pour le combat, mais comme un système décentralisé de groupes mal reliés entre eux.

17. D’un autre côté, la nécessité d’une participation effective à des élections et à des assemblées parlementaires données ne découle nullement de la reconnaissance en principe de l’action révolutionnaire au Parlement.

Tout dépend ici d’une série de conditions spécifiques. La sortie des communistes du Parlement peut devenir nécessaire à un moment donné. C’était le cas, lorsque les bolchéviks se retirèrent du Préparlement de Kérenski, afin de le torpiller, de le rendre du coup impuissant et de lui opposer plus nettement le Soviet de Pétrograd à la veille de se mettre à la tête de l’insurrection ; c’était le cas, lorsque les bolchéviks reportèrent le centre de gravité des événements politiques au IIIe Congrès des Soviets. En d’autres circonstances, le boycottage les élections peut s’imposer, ou l’anéantissement immédiat, par la force, de l’État bourgeois et de la coterie bourgeoise ; ou encore la participation aux élections coïncidant avec le boycottage du Parlement même, etc.

18. Reconnaissant ainsi, en règle générale, la nécessité de participer aux élections parlementaires et municipales et de travailler dans les Parlements et les municipalités, le Parti communiste doit trancher la question selon le cas concret, en s’inspirant des particularités spécifiques de la situation. Le boycottage des élections ou du Parlement, de même que la sortie du Parlement, sont surtout admissibles en présence de conditions permettant le passage immédiat à la lutte armée pour la conquête du pouvoir.

19. Il est indispensable d’avoir constamment en vue le caractère relativement secondaire de cette question. Le centre de gravité étant dans la lutte extraparlementaire pour le pouvoir politique, il va de soi que la question générale de la dictature du prolétariat et de la lutte des masses pour cette dictature ne peut se comparer à la question particulière de l’utilisation du parlementarisme.

20. C’est pourquoi l’Internationale communiste affirme de la façon la plus catégorique qu’elle considère comme une faute grave envers le mouvement ouvrier toute scission ou tentative de scission provoquée au sein du Parti communiste par cette question et uniquement par cette question. Le Congrès invite tous les partisans de la lutte de masse pour la dictature du prolétariat, sous la direction d’un parti centralisé sur toutes les organisations de la classe ouvrière, à réaliser l’unité complète des éléments communistes, en dépit des divergences de vues possibles quant à l’utilisation des Parlements bourgeois.

III. LA TACTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

Les mesures suivantes s’imposent afin de garantir l’application effective d’une tactique révolutionnaire au Parlement :

1. Le Parti communiste dans son ensemble et son Comité central s’assurent, dès la période préparatoire qui précède les élections, de la sincérité et de la valeur communiste des membres du groupe parlementaire communiste ; il a le droit indiscutable de récuser tout candidat désigné par une organisation, s’il n’a pas la conviction que ce candidat fera une politique véritablement communiste.

Les partis communistes doivent renoncer à la vieille habitude social-démocrate de faire exclusivement élire des parlementaires « expérimentés », et surtout des avocats. De règle, les candidats seront pris parmi les ouvriers : on ne craindra pas de désigner de simples membres du Parti sans grande expérience parlementaire.

Les partis communistes doivent repousser avec un mépris impitoyable les arrivistes qui viennent à eux, à seule fin d’entrer au Parlement. Les Comités centraux ne doivent approuver que les candidatures d’hommes qui, de longues années durant, ont donné des preuves indiscutables de leur dévouement à la classe ouvrière.

2. Les élections achevées, il appartient exclusivement au Comité central du Parti communiste d’organiser le groupe parlementaire, que le Parti soit à ce moment légal ou illégal. Le choix du président et des membres du bureau du groupe parlementaire doit être approuvé par le Comité central. Le Comité central du Parti aura au groupe parlementaire un représentant permanent jouissant du droit de veto. Sur toutes les questions politiques importantes, le groupe parlementaire est tenu de demander les directives préalables du Comité central.

Le Comité central a le droit et le devoir de désigner ou de récuser les orateurs du groupe appelés à intervenir sur des questions importantes et d’exiger que les thèses ou le texte complet de leurs discours, etc., soient soumis à son approbation.

Tout candidat porté sur la liste communiste signe l’engagement officiel de résigner son mandat à la première injonction du Comité central, afin que le Parti ait toujours la possibilité de le remplacer.

3. Dans les pays où des réformistes, des demi-réformistes, voire simplement des arrivistes ont déjà réussi à s’introduire dans le groupe parlementaire communiste (c’est déjà le cas pour plusieurs pays), les Comités centraux des partis communistes sont tenus de procéder à une épuration radicale de ces groupes, en s’inspirant du principe qu’un groupe parlementaire peu nombreux, mais vraiment communiste sert beaucoup mieux les intérêts de la classe ouvrière qu’un groupe nombreux sans ferme politique communiste.

4. Tout député communiste est tenu, sur décision du Comité central, d’unir le travail illégal au travail légal. Dans les pays où les députés communistes bénéficient encore, en vertu des lois bourgeoises, d’une certaine immunité parlementaire, cette immunité doit servir à l’organisation et à la propagande illégale du Parti.

5. Les députés communistes sont tenus de subordonner toute leur activité parlementaire à l’action extraparlementaire du Parti. Le dépôt régulier de projets de loi purement démonstratifs conçus, non en vue de leur adoption par la majorité bourgeoise, mais pour la propagande, l’agitation et l’organisation, doit avoir lieu sur les indications du Parti et de son Comité central.

6. Le député communiste est tenu de se mettre en tête des masses prolétariennes, au premier rang, bien en vue, dans les manifestations et les actions révolutionnaires.

7. Les députés communistes sont tenus de nouer par tous les moyens (sous le contrôle du Parti) des relations épistolaires et autres avec les ouvriers, les paysans et les travailleurs révolutionnaires de toutes catégories, sans imiter en aucun cas les députés socialistes qui s’efforcent d’entretenir avec leurs électeur des relations d’affaires. Ils sont à tout moment à la disposition des organisations communistes pour le travail de propagande dans le pays.

8. Tout député communiste au Parlement est tenu de se rappeler qu’il n’est pas un « législateur » cherchant un langage commun avec d’autres législateurs, mais un agitateur du Parti envoyé chez l’ennemi pour appliquer les décisions du Parti. Le député communiste est responsable non devant la masse anonyme des électeurs, mais devant le Parti communiste légal et illégal.

9. Les députés communistes doivent tenir au Parlement un langage intelligible à l’ouvrier, au paysan, à la blanchisseuse, au pâtre, de façon que le Parti puisse éditer leurs discours en tracts et les répandre dans les coins les plus reculés du pays.

10. Les ouvriers communistes du rang doivent, même s’ils n’en sont qu’à leurs débuts parlementaires, aborder sans crainte la tribune des Parlements bourgeois et ne point céder la place à des orateurs plus « expérimentés ». En cas de nécessité, les députés ouvriers liront simplement leurs discours, destinés à être reproduits par la presse et en tracts.

11. Les députés communistes sont tenus d’utiliser la tribune parlementaire pour démasquer non seulement la bourgeoisie et sa valetaille officielle, mais aussi les social-patriotes, les réformistes, les politiciens équivoques du centre et, de façon générale, les adversaires du communisme, et, aussi, en vue de propager largement les idées de la IIIe Internationale.

12. Les députés communistes, n’y en aurait-il qu’un ou deux, sont tenus de jeter, par toute leur attitude, le défi au capitalisme et de ne jamais oublier que celui-là seul est digne du nom de communiste qui se révèle, non verbalement, mais par des actes, l’ennemi de la société bourgeoise et de ses serviteurs social-patriotes.


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