La guerre atroce qui depuis plus de cinq ans accumule en Europe et dans le monde les deuils, les souffrances et les ruines est la conséquence directe de la politique de conquêtes et de rapines menée par les puissances fascistes, et avant tout par l’Allemagne hitlérienne.
La politique néfaste des puissances de proie a été encouragée et facilitée par certains gouvernements des pays démocratiques qui firent preuve, à l’égard des agresseurs fascistes, d’une bienveillance, sinon d’une complicité, que leurs peuples payèrent chèrement. La résistance aux agresseurs fascistes par l’organisation de la paix collective fut sabotée systématiquement par des hommes d’Etat qui prétendaient calmer le fauve en lui jetant de temps en temps un os à ronger, mais qui, en réalité, entendaient ménager l’Allemagne hitlérienne, chien de garde de la réaction et des prérogatives de l’oligarchie financière.
La politique de concessions à Hitler s’avéra néfaste, chaque concession nouvelle augmentait l’appétit de l’ogre nazi. De concession en concession on en vint à la capitulation de Munich qui, loin de sauver la paix comme on le prétendit faussement, fut en réalité le signal du déclenchement de la deuxième guerre mondiale dont les guerres d’Espagne et de Chine avaient été le prélude.
LA PREMIERE PHASE DE LA GUERRE
Ceux qui avaient mis tout en œuvre pour pousser les autres dans le bourbier de la guerre, se trouvèrent pris à leur propre jeu et tombèrent victimes de leurs propres machinations. La catastrophe du début de septembre 1939 était l’accomplissement fatal de la politique réactionnaire et impérialiste, caractérisée par une hostilité et une méfiance marquées à l’égard de l’Union Soviétique, que menèrent les grandes puissances pendant la période trouble de l’entre-deux-guerres, inaugurée par le trop fameux traité de Versailles.
Pendant la première période du conflit, qu’on a appelée la drôle de guerre, les Munichois, qui avaient été entraînés contre leur gré dans la guerre contre l’Allemagne, se gardèrent bien d’attaquer l’ennemi, réservant leurs coups à ceux qui n’avaient cessé de mettre en garde contre le danger de l‘agression raciste et à appeler à l’union de toutes les forces saines du pays pour la sauvegarde de la paix.
En réalité, les réactionnaires de la haute finance, partisans ·de la non-résistance à l’Allemagne hitlérienne, n’avaient pas renoncé à l’espoir de détourner le danger de leurs frontières et de transformer la guerre entre impérialismes rivaux en une croisade contre le pays du socialisme.
Le dessein de certains milieux réactionnaires d’isoler l’Union Soviétique et de lancer contre elle l’Allemagne hitlérienne avec l’appui des autres grandes puissances capitalistes, était déjà apparu clairement au cours des pourparlers menés à Moscou pendant l’été de 1939. Ces plans furent déjoués par la conclusion du pacte de non-agression germano-soviétique.
A ce propos, nous écrivions dans la « Voix du Peuple» du 25 août 1939 :
« La conclusion du pacte a déchaîné la rage des Munichois qui espéraient échapper aux griffes des fauves fascistes en leur jetant le pays du socialisme en pâture. Le dépit leur fait perdre la tête. Ils bavent des imprécations incohérentes. Ils répandent sur l’URSS les plus abjectes calomnies, espérant ainsi cacher le fait qu’ils ont trahi leurs peuples, les conduisant dans l’impasse tragique où ils se trouvent aujourd’hui. Car, s’il est vrai que la conclusion du pacte de non-agression représente une lueur d’espoir ; si l’URSS a réussi à faire échec sur son front, aux plans guerriers des agresseurs, il n’en est pas moins vrai moins vrai que par ailleurs, la situation reste particulièrement angoissante et la paix ne tient plus qu’à un fil.
Tandis que l’URRS, grâce à sa fermeté, a su faire reculer les fauteurs de guerre, les capitulards n’ont cessé d’encourager le IIIe Reich.
Pendant qu’Hitler recule, effrayé, devant la puissance résolue de l’Union Soviétique, il redouble d’arrogance à l’égard des Munichois.
Cette double attitude comporte un précieux enseignement : pour sauver la paix, il faut s’inspirer de l’exemple de l’URSS.
Il faut unir la classe ouvrière et les peuples pacifiques pour enlever les leviers de commande à ceux qui ont conduit leurs pays à deux doigts de l’abîme. Il faut remplacer les capitulards complices par une politique de fermeté, seule capable de faire reculer les fauteurs de guerre. »
De nouvelles tentatives d’ameuter le monde contre l’Union Soviétique furent faites lorsque l’Armée Rouge pénétra en Ukraine et en Biélorussie occidentale après que !e gouvernement des colonels eut abandonné son peuple qu’il avait entraîné dans une aventure sans issue. Plus tard, lorsque l’URSS répondit aux provocations du gouvernement philo-fasciste d’Helsinki en prenant les mesures de sauvegarde qui s’imposaient, les puissances dites démocratiques prirent fait et cause pour le vassal d’Hitler et furent à deux doigts d’envoyer en Finlande des contingents forts de plusieurs divisions.
La politique caractérisée par la non-résistance à l’agression fasciste et l’hostilité marquée à l’égard de l’Union Soviétique conduisit à l’écrasement de la Pologne, à l’occupation de la Hollande et de la Belgique et à l’effondrement de la résistance française.
Au fur et à mesure que le fléau de la guerre s’étendait à de nouveaux pays, que de nouveaux peuples d’Europe étaient soumis à l’oppression barbare des puissances de proie, le conflit se transformait en une guerre nationale pour la pour la libération des pays occupés, pour la liberté et l’indépendance des peuples menacés par l’agression fasciste.
L’AGRESSION CONTRE L’UNION SOVIETIQUE
L’offensive brusquée contre l’Union Soviétique, déclenchée le 22 juin 1941, démontra aux plus incrédules que l’Allemagne était résolue à mettre tout en œuvre pour imposer au monde l’hégémonie hitlérienne. A la lueur du nouvel et immense brasier qui s’allumait à l’Est de Europe, la signification réelle d’une victoire hitlérienne apparut clairement ; le péril imminent ainsi que le magnifique exemple donné par l’URSS entraînèrent la mobilisation de forces nouvelles et ainsi apparurent les premiers éléments de la victoire.
Devant l’agression perfide de l’Allemagne, les troupes soviétiques furent obligées de se replier, mais chaque pouce de terrain fut payé chèrement. Depuis juin 1941, le plus gros des forces armées de l’Allemagne, aussi bien que de ses satellites, s’est trouvé massé sur le front de l’Est. L’héroïque résistance de l’Armée Rouge avec à sa tête notre génial camarade Staline, a donné aux puissances anglo-saxonnes le temps nécessaire pour réaliser la mobilisation totale de leur potentiel de guerre.
Dès l’hiver 1941 les hordes nazies avaient été arrêtées devant Moscou et Stalingrad. En novembre 1942, la VIe armée allemande, accrochée depuis des mois devant Stalingrad fut complètement anéantie. Stalingrad représente en même temps que le point culminant de l’offensive allemande le premier élément décisif de la défaite hitlérienne ; Stalingrad mettant fin à la légende de l’invincibilité de la Wehrmacht galvanisa tous les peuples épris de liberté.
Vous connaissez tous cette grandiose offensive, unique dans l’histoire, dont Stalingrad fut le prélude et vous m’excuserez donc de ne pas en rappeler ici les principaux épisodes, malgré toute la joie que nous procurerait l’évocation de ces glorieux et si réconfortants souvenirs.
Les exploits épiques de l’Armée Rouge contribuèrent dans une large mesure à renforcer l’alliance anglo-soviéto-américaine ; ils aidèrent, puissamment à développer dans les pays subissant le joug hitlérien, la résistance active à l’occupant.
Stalingrad fut suivi du débarquement en Algérie et au Maroc, qui conduisit à la libération complète du continent africain. Puis vinrent les débarquements en Sicile et en Italie. Plus tard encore, en juin 1944, se produisit le débarquement sur la côte atlantique de l’Europe que tous les antihitlériens réclamaient depuis deux ans avec insistance. Comme M. Churchill lui-même l’a reconnu en maintes occasions, c’est dans une large mesure sur les champs de bataille de l’Union Soviétique que furent créées les conditions indispensables à la mise sur pied d’une entreprise aussi vaste.
A l’effort fourni par les armées alliées, auxquelles je suis heureux de pouvoir rendre hommage, il faut associer l’action héroïque menée par les peuples opprimés, qui furent, dans une très large mesure, les artisans de leur libération. La résistance croissante à l’occupant, l’activité grandissante déployée par les partisans dans toute une série de pays et de territoires occupés, furent des facteurs Importants du tournant favorable dans la marche de la guerre.
L’exemple donné par les Partisans soviétiques a porté ses fruits. Ce fut d’abord la Yougoslavie, où la résistance armée se transforma rapidement en une insurrection qui permit au peuple yougoslave de libérer, par ses propres forces, une partie importante du territoire. En Corse, le soulèvement national libéra l’île avant l’arrivée des premiers contingents − d’ailleurs peu importants − de troupes régulières. Et que dire du rôle magnifique joué par ceux du maquis en France, en Belgique et ailleurs? En fixant des forces ennemies importantes, en détruisant les communications de l’ennemi, en menaçant ses arrières, les soldats sans uniforme l’empêchèrent d’utiliser, comme il l’aurait voulu, les ressources économiques et la main-d’œuvre des pays occupés. Lorsque le deuxième front fut créé, ceux du maquis aidèrent puissamment les troupes de débarquement et facilitèrent leur avance. Ce sont les forces intérieures qui libérèrent Paris et chacun de vous connaît le rôle joué par nos Partisans, par les Milices Patriotiques ainsi que par les autres forces armées de la Résistance au cours de la phase décisive de la libération.
Comme il fallait s’y attendre, la série des défaites retentissantes subies par l’Allemagne provoqua la défection de la plupart de ses vassaux. Après l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie et la Finlande quittèrent tour à tour le navire en détresse et aujourd’hui les divisions finlandaises, bulgares et roumaines luttent contre les envahisseurs hitlériens tandis que la Hongrie essaye par tous les moyens de sortir de la guerre.
Depuis quelque temps, le régime hitlérien laisse apparaître les premières fissures de la désagrégation. L’opposition au régime se développe. Je vous rappelle la constitution à Moscou du comité National Allemand de la Libération, du Bond der Deutsche Offiziere ; vous avez eu connaissance des déclarations hostiles à Hitler et en faveur de la paix faites à la Radio de Moscou par toute une série de généraux allemands. Le complot contre Hitler, qui a eu un certain retentissement a démontré qu’une partie de l’armée aussi bien que du peuple allemands, considère la défaite du IIIe Reich inéluctable.
Il est clair que la clique hitlérienne, pour se maintenir, recourt de plus en plus à la terreur contre son propre peuple.
LA PHASE FINALE DE LA GUERRE
Nous nous trouvons à présent engagés dans la phase finale de la guerre. Le développement de cette dernière étape, qui risque d’être fort dure, constituera un des éléments principaux de l’organisation de la paix à venir.
Il ne faut pas se tromper sur la signification réelle de certains mots d’ordre chauvin ne réclamant rien moins que l’extermination du peuple allemand tout entier. Cette démagogie n’est qu’un brouillard artificiel destiné à cacher les préparatifs de sauvetage du régime nazi et de son noyau agissant, le grand capital allemand. La deuxième guerre mondiale n’a pas disloqué l’internationale de la haute finance.
La réaction se prépare à défendre ses privilèges, elle rêve de maintenir son hégémonie, elle n’abandonnera pas volontairement un régime qui n’a pas mal défendu la cause de la réaction. Les ennemis du progrès, qui sont en même temps les ennemis du peuple, n’ont pas renoncé à l’idée du « cordon sanitaire » protégeant l’Europe Occidentale contre le « virus bolchevik » et ils estiment que le sauvetage des débris du régime hitlérien permettrait de consolider sérieusement ce fameux « cordon sanitaire ».
Mais les peuples qui connaissent depuis plus de cinq ans les affres de la guerre, ne veulent pas d’une paix de maquignons dont ils seraient une fois de plus les dupes. Ce qu’ils veulent, ce qu’ils exigent avec une farouche intransigeance, c’est une paix solide et durable qui puise servir de base à l’édification d’un monde nouveau cimenté par la collaboration fraternelle de tous les peuples épris de liberté.
Une telle paix implique que soient définitivement mis hors d’état de nuire ceux qui portent la responsabilité de la guerre actuelle. Et les responsables, ce ne sont pas seulement les chefs hitlériens et leurs commanditaires, les réactionnaires allemands, ce sont également ceux qui par leur politique de capitulation devant le fascisme ont facilité, préparé et, dans une large mesure, provoqué l’agression hitlérienne.
Pour que la paix soit solide et durable, elle doit être basée sur l’alliance loyale et fraternelle de tous les peuples démocratiques et plus particulièrement sur la collaboration étroite des grandes puissances démocratiques : l’URSS, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France. Il ne faut pas que cette alliance forgée au cours de la guerre, et qui a permis de porter au IIIe Reich des coups décisifs, se désagrège lorsque se sera apaisé le tumulte des combats.
Il ne faut pas que le monde à nouveau se sépare en blocs rivaux, se disputant l’hégémonie mondiale. Il ne faut pas que de nouvelles lignes Maginot ou Siegfried se hérissent de casemates, de canons et de barbelés.
Un bloc évoque l’idée d’un autre bloc ennemi en puissance. Les blocs, s’ils sont basés sur la rivalité entre les nations, ne peuvent être que générateurs de querelles et de guerres. Une telle politique est particulièrement néfaste pour les petites nations dont elle fait l’instrument des grandes puissances rivales.
A ce propos, il est bon de mettre en garde contre les tendances qui se sont manifestées dans des discours et déclarations plus ou moins officiels et qui visent apparemment à entraîner la Belgique dans une alliance unilatérale avec la Grande-Bretagne. Ces projets, qui ne s’inspirent nullement de l’intérêt réel de la Belgique, bénéficient d’une assez large propagande aussi bien chez nous qu’Outre-Manche.
Les petites nations ont tout à gagner à ce que soit maintenue et renforcée l’union des peuples pacifiques épris de liberté et d’indépendance et ce serait de leur part politique de suicide que de participer à des combinaisons internationales qui aliéneraient leurs libertés et hypothéqueraient dangereusement leur indépendance.
Dans le cadre des événements internationaux, le Parti Communiste de Belgique a rempli dignement son rôle de défenseur des intérêts du pays et des masses laborieuses. Dès avant la guerre le Parti avait mobilisé toutes ses forces et bandé toutes ses énergies dans la lutte contre l’agresseur hitlérien ; il avait soutenu et défendu sans relâche la paix collective, seule capable de barrer la route au fléau de la guerre ; il avait dénoncé sans relâche la politique criminelle des Munichois.
Au VIIe Congrès, tenu en août 1939, le camarade Relecom, secrétaire politique du Parti, déclarait dans son rapport :
Les dictatures fascistes veulent liquider les difficultés intérieures inextricables du régime fasciste par le pillage d’autres peuples. La complaisance des gouvernements des pays démocratiques bourgeois a permis à l’Allemagne hitlérienne, avec la complicité de l’Italie et du Japon, de démolir tout le système des rapports internationaux issus des traités de paix 1918-19.
Si le monde se trouve vingt-cinq années après 1914, plongé à nouveau à la veille d‘une nouvelle guerre mondiale, c’est la conséquence de la politique de capitulation des gouvernements des puissances occidentales. Craignant de voir s’écrouler les régimes fascistes, les tristes héros de Munich espèrent enliser les pays fascistes dans des guerres coûteuses et détourner la poussée de leurs agressions vers l’Union Soviétique.
Cette politique ne fait que renforcer la puissance militaire et les positions stratégiques des agresseurs. En poursuivant une telle politique, les puissances occidentales, loin de se garantir contre l’agression, creusent leur propre tombe comme l’a lumineusement démontré le camarade Staline dans son rapport au 18ème Congrès du parti Bolchevik.
Des couches de plus en plus larges comprennent aujourd’hui que l’URSS et les communistes ont raison de proposer l’organisation d’un front commun de résistance aux agresseurs fascistes, que seul un tel front peut déjouer leurs plans d’asservissement et sauver la paix. Mais les gouvernements des puissances occidentales, contraints de négocier avec l’Union Soviétique, freinent et sabotent l’accord et entravent l’organisation d’un front solide de la paix.
Moins d’un mois plus tard, ce que nous avions prévu et prédit devenait une tragique réalité.
La réaction ne nous pardonna pas d’avoir eu une fois de plus raison, d’avoir prédit au pays où devait fatalement conduire la politique de non-résistance à l’agresseur fasciste, de complicité avec les fauteurs de guerre. Dès le début de septembre 1939, les communistes furent placés au ban de la société par les suppôts de la réaction. En novembre 1939, notre presse centrale était interdite et nous fûmes obligés de la publier clandestinement. Dès mars 1940, de nombreux communistes, parmi lesquels plusieurs rédacteurs de la « Voix du Peuple » étaient incarcérés. Par contre, Rexistes, Dinasos et V.N.V., agents du IIIe Reich pouvaient, tout à leur aise, poursuivre le travail de désagrégation et de démoralisation auquel ils se livraient pour compte de l’ennemi.
A l’aube du 10 mai, le Parti Communiste était mis hors la loi. L’auditeur général, M. Ganshof van der Meersch lançait par milliers des mandats d’arrêt contre tous les communistes connus. Plusieurs milliers de nos camarades furent arrêtés, des centaines d’entre eux furent déportés, soumis à un traitement inhumain et internés pendant des mois dans des camps de concentration du midi de la France. La tripartite, de sinistre mémoire, était alors au pouvoir et M. Pierlot présidait un cabinet ministériel dont faisaient partie plusieurs socialistes.
Le déni de justice dont ils étaient victimes, ne découragea pas les communistes, n’atténua en rien leur indéfectible attachement au peuple et au pays, attachement dont ils avaient donné tant de preuves dans le passé et qu’ils allaient à nouveau démontrer d’éclatante façon tout au long de l’occupation.
Alors que les partis traditionnels, dès le début de l’occupation, s’inclinaient devant les ukases de l’ennemi, admettant ainsi implicitement l’inutilité de la Résistance, alors que De Man, d’un trait de plume, liquidait le P.O.B. et passait à l’ennemi, le Parti Communiste refusa de s’incliner.
Mettant à profit les enseignements de l’histoire du mouvement ouvrier international, le P.C.B. passa progressivement à l’illégalité complète, ce qui lui permit d’amorcer dès la première heure la lutte implacable et sans merci contre l’occupant, lutte qu’il ne cessa d’étendre et de renforcer tout au long de plus de quatre années d’occupation. Même aux heures les plus sombres de la tragique épreuve, nous avons, dents serrées, poings crispés, conservé intacte notre volonté de poursuivre la lutte en même temps que nos certitudes de la victoire.
D’aucuns nous pardonnent difficilement d’avoir démontré d’aussi éclatante façon où se trouvaient les vrais patriotes. Il leur est particulièrement désagréable de s’entendre rappeler que les communistes faisaient sans hésiter le sacrifice de leur liberté et de leur vie à une époque où eux-mêmes, désireux de ne s’engager qu’à bon escient, se retranchaient prudemment dans l’attentisme.
Il est des envieux à qui le prestige grandissant de notre Parti dérange la bile et fait secréter des calomnies. Il y a quelques jours à peine, l’un d’eux sortait de l’armoire aux accessoires la vieille rengaine des communistes « tard-venus de la Résistance », insinuant une fois de plus que notre Parti aurait attendu l’entrée en guerre de l’Union Soviétique pour passer à l’action résolue contre l’occupant.
Des centaines de faits dont le pays tout entier fut témoin, s’inscrirent en faux contre cette méprisable calomnie. C’est dès l’été de 1940 que le Parti Communiste appelait la classe ouvrière à ne pas produire pour la machine de guerre allemande, à résister par la grève aux ordonnances de l’occupant. N’est-ce pas à l’appel du Parti Communiste que fut déclenchée à Liège, en mai 1941, la magnifique grève des 100.000 qui arracha à l’occupant la hausse de 8 % de tous les salaires, et dont les répercussions s’étendirent bien au-delà de nos frontières ? Est-ce parce qu’ils avaient pratiqué l’attentisme que nos camardes Dillen et Lenaerts, membres de la direction du P.C. flamand, Neuray, secrétaire général de Liège, Borremans, député, Vander Linden, dirigeant de la Fédération bruxelloise et tant d‘autres de nos militants étaient arrêtés avant le 22 juin 1941 ?
Les Communistes, des tard-venus de la Résistance … Vraiment, des calomnies aussi basses n’éclaboussent que leurs auteurs.
Notre Parti revendique hautement l’honneur d’avoir été dès la toute première heure et d’être resté constamment à la tête du combat.
Nous avons appelé les travailleurs à la grève à un moment où maint patriote d’aujourd’hui qualifiait cette forme de lutte d’acte insensé, sinon de provocation. Nous avons été les premiers à préconiser et à organiser le sabotage de la production et des transports de guerre, alors que les attentistes, qui voudraient aujourd’hui oublier leur peu glorieux passé, le déconseillaient comme inutile et dangereux… à cause des représailles qu’il entraînerait.
C’est le Parti Communiste qui préconisa le premier l’action armée contre l’occupant et ses complices et prit l’initiative de la constitution de cette glorieuse Armée des Partisans Belges qui fut, pendant plusieurs années, quasi seule à combattre l’ennemi, les armes à la main. Au sein de l’Armée Belge des Partisans, des patriotes appartenant à toutes les couches de la population et se réclamant des tendances politiques et philosophiques les plus diverses, se sont unis en un commun élan d’héroïque sacrifice. C’est cette union magnifique, réalisée dans les combats, dans les souffrances et jusque dans la mort, qui explique le large appui trouvé par les Partisans auprès de toutes les couches de la population.
Ce n’est pas sans fierté que nous rappelons avoir été les promoteurs du Front de l’Indépendance qui groupe aujourd’hui la très grosse majorité des patriotes belges. L’ont-ils assez vilipendé et calomnié, ce Front de l’Indépendance, les patriotes de la dernière heure contre lesquels notre camarade Marteaux nous mettait en garde dans l’allocution qu’il prononça à la radio de Londres au début de cette année.
LE ROLE JOUE PAR LES C.L.S.
Alors que le retraite prudente de la plupart des chefs syndicalistes et la trahison de certains d’entre eux provoquaient le découragement et la résignation parmi les travailleurs, ce furent les communistes qui, dans les entreprises rassemblèrent les forces éparses et démoralisées, leur rendirent courage et, se plaçant à leur tête, les ramenèrent au combat. Cette activité syndicale permit d’isoler les Utmistes et de les démasquer comme des agents de l’occupant trahissant leur patrie aussi bien que les travailleurs.
Ce sont les communistes qui prirent l’initiative de la constitution des Comités de Lutte Syndicale (C.L.S.) groupant tous les travailleurs de l’entreprise dans la lutte contre l’occupant et les patrons collaborateurs. C’est dans une large mesure grâce au C.L.S. que la classe ouvrière de Belgique put jouer un rôle de tout premier plan dans la lutte libératrice. Les avantages, nettement insuffisants d’ailleurs, concédés par l’occupant et ses valets furent dus en ordre principal à l’action énergique des C.L.S. C’est l’unité d’action réalisée par les C.L.S. qui a conduit à l’irrésistible poussée vers l’unification syndicale à laquelle nous assistons en ce moment.
LE SOULÈVEMENT NATIONAL
C’est le Parti Communiste qui a lancé le mot d’ordre de la lutte implacable contre les traîtres et les collaborateurs ainsi que contre les attentistes, continuateurs de la politique de Munich.
Ce sont les communistes qui ont préconisé le soulèvement national comme le plus sûr moyen de hâter la libération du pays, comme le seul moyen de reconquérir son indépendance. Si le peuple belge s’est soulevé contre l’occupant, s’il a, par sa vaillance et le sacrifice des meilleurs de ses fils démontré de façon éclatante son droit à la liberté et à l’indépendance, c’est parce que, au cours des mois de juillet et août de cette année, les communistes alertant toutes les forces patriotiques, réussirent à déjouer les manœuvres des attentistes. Ceux-ci, faisant appel à l’instinct de conservation des hommes et à l’égoïsme de l’individu, proposaient de substituer le sauve-qui-peut général au soulèvement national. Cette offensive contre le soulèvement national, inspirée par la peur panique de l’action des masses, reçut du gouvernement belge de Londres un appui sérieux bien que discret qui contrastait étrangement avec les appels belliqueux lancés à la Radio. Ce n’est qu’après le soulèvement victorieux du peuple parisien que les torpilleurs du soulèvement national se mirent à hésiter et lorsque, quelques jours après, le soulèvement national gagna notre pays, adorant ce qu’ils avaient brûlé, les attentistes se lancèrent, cocarde à la boutonnière, au secours de la victoire.
LES SACRIFICES DU PARTI COMMUNISTE
Le rôle glorieux joué par le Parti Communiste n’a pas été sans comporter de très lourds sacrifices. La plupart de nos camardes dirigeants ont été arrêtés ; plusieurs centaines de nos militants ont été fusillés, abattus ou torturés à mort ; des milliers ont été arrêtés, ignoblement maltraités, emprisonnés, déportés.
Nous établirons un jour le glorieux martyrologue de notre Parti qui a payé à la patrie un tribut inégalé.
Dès le début, la Gestapo s’acharna contre le Parti, employant pour le combattre ses meilleurs limiers et ses méthodes de répression les plus raffinées. Mais la bestialité nazie n’eut pas raison des communistes de Belgique. L’immense majorité de nos camarades arrêtés se sont comportés courageusement, forçant l’admiration de leurs ennemis eux-mêmes. Ils ont résisté héroïquement aux privations, aux mauvais traitements, aux pires tortures ; leur admirable attitude au cours des interrogatoires, devant leurs juges, en prison, dans les camps de concentration aussi bien que devant le peloton d’exécution, fait honneur à leur Parti. Et ce n’est pas la misérable poignée de lâches et de traîtres, capitulant ignominieusement devant l’ennemi qui ternira la pure gloire de nos héros.
Sous les coups répétés, nous avons parfois baissé la tête, mais nous l’avons toujours aussitôt relevée avec un courage et une ardeur renouvelés. Malgré l’arrestation d’un nombre considérable de nos dirigeants, la continuité dans la direction ne fut pas interrompue un seul instant. Malgré les coupes sombres pratiquées dans nos rangs, nos organisations, non seulement, se maintinrent, mais se renforcèrent. Les militants arrêtés furent chaque fois remplacés par des forces nouvelles ; le mari tombait, la femme reprenait sa place : le fils mourait, le père jurait de le venger et adhérait au Parti et c’est ainsi que, malgré des pertes énormes, nous étions, au jour de la libération, plus nombreux que jamais auparavant.
Privés de la plupart de ses dirigeants aguerris, le Parti ne se laissa pas abattre et, en pleine bataille, il réussit à former des cadres nouveaux qui surent poursuivre dignement la tâche de leurs aînés.
LA PRESSE COMMUNISTE PENDANT L’OCCUPATION
Pendant toute la durée de l’occupation, la presse communiste, tant nationale que régionale, a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l’occupant. Je rends ici hommage à la mémoire des camarades qui, à Liège, Bruxelles, Anvers, Verviers et ailleurs ont donné leur vie pour que vive la presse communiste. Je rends hommage aux modestes héros qui, par centaines, par milliers, se sont dépensés sans compter, faisant modestement le sacrifice de leur liberté et de leur vie pour rédiger, imprimer, transporter, diffuser les journaux communistes. Grâce à leur admirable dévouement, les mots d’ordre du Parti ne cessèrent pas d’être propagés jusque dans les coins les plus retirés de notre territoire.
Nous avons le droit, camarades, d’être fiers de notre beau Parti, du parti des Jacquemotte, des Relecom… Il a brillamment subi l’épreuve du feu. Par le dévouement et le courage de nos militants, par la dignité et la souffrance de nos martyrs, par le sang et le sacrifice de nos morts, nous avons cloué à jamais au pilori les infâmes calomniateurs anticommunistes.
La population belge connaît par sa propre expérience le fascisme hitlérien, sa démagogie et sa terreur. Plus que jamais les masses populaires haïssent l’esclavage fasciste, plus que jamais le pays est décidé à repousser toute tentative de rétablir les méthodes de démagogie et de domination fascistes.
La guerre a démontré à quel point l’ancien régime était vermoulu et impotent. Les remous de l’occupation ont fait monter à la surface toute la pourriture, toutes les turpitudes, les bassesses et les lâchetés d’un passé sans gloire et sans grandeur.
Au feu du combat l’air s’est purifié, un vent frais souffle sur le pays, chassant devant lui les miasmes putrides de la réaction. Le fraternel coude-à-coude des batailles a forgé des liens indissolubles ; aux heures les plus sombres de l’occupation, s’est trempée la volonté farouche de balayer le sordide passé, de bâtir un monde nouveau, de préparer des lendemains qui chantent, comme l’écrivait, quelques heures avant d’être fusillé notre camarade et ami Gabriel Péry.
La Résistance incarne ce désir ardent d’un avenir plus lumineux, plus heureux et plus digne. La Résistance a réhabilité la Belgique, elle est le plus sûr garant de sa restauration, de son indépendance et de sa liberté.
La Résistance qui fut, au cours de l’occupation, le plus sûr facteur de la victoire, entend parachever son œuvre, malgré les attaques sournoises, les calomnies et les bassesses des forces obscures de la Réaction.
La Résistance, c’est le pays, c’est le peuple, ce sont les masses laborieuses, c‘est l’union de tous les hommes de bonne volonté, de tous ceux pour qui la patrie n’est pas un vain mot.
Dans sa haine du peuple, la réaction : trusts, monopoles et haute finance, rejoint la 5e colonne au service d’Hitler. Les profiteurs de la misère des autres, tremblent à la vue de ces masses populaires conscientes de leurs droits et capables de les faire respecter. Ils constatent avec terreur que les revendications sociales des travailleurs se sont intégrées aux aspirations patriotiques des peuples de Belgique. Aussi ont-ils mobilisé toutes leurs forces pour désarmer, diviser et détruire la Résistance. Mais la Résistance est de taille à leur tenir tête, elle ne se laissera ni désarmer ni diviser ni détruire. Elle entend poursuivre plus résolument que jamais les tâches qu’elle s’est assignées. Elle entend mettre tout en œuvre pour que la Belgique participe de toutes ses forces et avec tous ses moyens à la poursuite de la guerre, jusqu’à ce que soit définitivement écrasée l’Allemagne hitlérienne.
C’est pourquoi la Résistance réclame la constitution d‘une armée nouvelle, armée démocratique débarrassée de cet esprit de caste qui a conduit le pays à la capitulation de 1940. Les formations armées de la Résistance doivent être incorporées dans l’armée nouvelle qui bénéficiera de leur expérience et s’inspirera de leur attachement désintéressé à la cause de la patrie.
Pour écraser la Ve colonne dont l’audace ne cesse de croître, il est indispensable que les autorités compétentes s’appuient sur les forces de la Résistance. Il ne s’agit pas, comme l’insinue perfidement la réaction, d’entretenir des milices de parti, mais bien de permettre aux formations patriotiques de continuer à jouer leur rôle dans la lutte implacable contre l’ennemi extérieur et ses complices de l’intérieur.
IL FAUT DÉVELOPPER LA PRODUCTION
Mais pour poursuivre la guerre et écraser la Ve colonne, il ne suffit pas de disposer de soldats. Il faut en outre leur procurer ce dont ils ont besoin pour combattre.
C’est pourquoi tout doit être mis en œuvre pour que la production de guerre démarre au plus tôt. Il est grand temps de balayer les éléments qui depuis trop longtemps déjà freinent la reprise. Il faut renvoyer chez eux les incompétents, mettre au pas les saboteurs conscients ou non qui se retranchent derrière une légalité caricaturale et totalement périmée. Foin d’une légalité qui empêche la machine de tourner et retarde ainsi la fin victorieuse de la guerre. Foin des mandats qui servent de justification à l’incompétence ou à la mauvaise volonté.
Actuellement, les mines, pour ne citer que cet exemple, produisent cinq fois moins qu’avant-guerre, quatre fois moins qu’à la fin de l’occupation. Le manque de charbon entraîne la disette de gaz et d’électricité, la production tout entière en pâtit terriblement. Les collaborateurs d’hier – dont la place est en prison – sont les saboteurs d’aujourd’hui. Ceux qui, sous l’occupation, ont poussé à la production pour Hitler, freinent maintenant la production qui doit aider à battre Hitler.
Nous nous trouvons incontestablement devant un plan soigneusement établi, en faisant baisser la production, les magnats de l’industrie et de la finance pratiquent un véritable chantage à l’égard du Gouvernement. Ils espèrent ainsi lui arracher des subsides, faire fixer des prix élevés, obtenir des garanties qui assureraient le maintien de leurs privilèges.
Les ennemis du peuple briment les ouvriers, affament la population, provoquent le pays dans l’espoir de pousser à des actes inconsidérés les masses laborieuses auxquelles ils endosseraient la responsabilité du chaos dont ils sont les principaux responsables.
Le manque d’énergie, d’audace et de compétence dont font preuve certains ministres, facilite la manœuvre réactionnaire. Le Gouvernement s’obstine à repousser la collaboration de la Résistance et des organisations professionnelles. Au lieu de favoriser la reprise en prenant des mesures hardies, le Gouvernement l’entrave par de nouvelles restrictions.
Pourtant les éléments nécessaires à la reprise existent. Nous avons nos mines, elles sont en ordre de marche ; les matières premières peuvent être obtenues pour la plupart des entreprises principales ; les moyens de transport ne font pas défaut quoi qu’on en dise ; les ouvriers ne demandent pas mieux que de travailler. Mais tout cela ne servira à rien aussi longtemps que les saboteurs de la production continueront de bénéficier de l’impunité la plus complète.
Le salut du pays exige que les saboteurs soient mis au pas sans retard, il faut réquisitionner immédiatement les mines et les entreprises dont les propriétaires freinent la production. Il faut consulter les organisations professionnelles et les délégués du personnel au sujet des problèmes que posent la reprise et le développement de la production. Il faut, par l’intermédiaire de délégués démocratiquement désignés, associer les techniciens et les ouvriers à la gestion des entreprises.
Les ouvriers de la région du Centre viennent de nous prouver que les masses laborieuses sont capables de déjouer les plans des saboteurs de la reprise.
La baron Janssen, magnat de l’industrie chimique, donnait, il y a quelques jours, à plusieurs de ses usines, l’ordre de cesser le travail sous prétexte qu’il était impossible de débloquer l’argent nécessaire au paiement des salaires. Mais les ouvriers ne se prêtèrent pas à cette manœuvre. Afin de poursuivre la production nécessaire à la conduite de la guerre, ils occupèrent l’usine, qui fut placée sous la garde des forces armées de la Résistance. Le personnel de l’usine envoya une délégation auprès du bourgmestre et du ministre du Travail afin d’obtenir que l’entreprise soit réquisitionnée.
Le gouvernement belge ferait bien de s’inspirer de ce qui se passe en France, où les usines Renault ainsi que des charbonnages du Nord furent réquisitionnés et où les résultats obtenus dans les entreprises gérées par les délégués des ouvriers et des techniciens sont excellents.
LE RAVITAILLEMENT
La proximité du front, les nécessités de la guerre, les difficultés que comportent les transports tant maritimes que terrestres entravent sérieusement le ravitaillement. Nul ne songe à sous-estimer les difficultés et le pays est prêt à donner un coup de main pour les surmonter. Mais en attendant, il constate, non sans amertume et colère, que six semaines après la libération, la situation est plus mauvaise que jamais, alors que les Boches ne sont plus là pour nous piller et nous rançonner.
La classe ouvrière a fourni des preuves suffisantes de son patriotisme désintéressé, elle n’exige nullement le superflu mais comment voulez-vous que des hommes travaillent, le ventre creux ? Il serait vain d’espérer un démarrage sérieux et un développement adéquat de la production aussi longtemps que subsistera, dans le domaine du ravitaillement, l’actuelle pagaille. Aussi est-il grand temps d’y mettre fin.
Nous proposons que les masses laborieuses soient, par l’intermédiaire des organisations de la Résistance, étroitement associées à l’organisation du ravitaillement. Cette collaboration des masses populaires s’avère plus que jamais indispensable. Nous réclamons la constitution, sur le plan national, provincial, cantonal et local de commissions dont feraient partie, outre les délégués des autorités compétentes, les représentants des paysans, des commerçants et des consommateurs.
Ces commissions, auxquelles il y aurait lieu d’accorder des pouvoirs très étendus, seraient habilitées :
a) Pour procéder immédiatement et dans un délai de quelques jours au recensement complet de tous les stocks de denrées alimentaires ;
b) Pour procéder aux réquisitions nécessaires, non seulement des vivres mais aussi des moyens de transport ;
c) Pour assurer le transport, la répartition et la distribution des produits rationnés.
Nous exigeons en outre l’augmentation des rations, les quantités disponibles devant être plus importantes maintenant que le pays n’est plus soumis au pillage systématique des nazis et de leurs complices.
L’ÉPURATION
La Résistance qui, pendant l’occupation a dénoncé et combattu les traîtres et les collaborateurs, n’aura de cesse que les coupables aient été punis comme ils le méritent. Le châtiment exemplaire et rapide des traîtres et collaborateurs et plus singulièrement des principaux d’entre eux, apparaît comme un des éléments principaux de la poursuite victorieuse de la guerre et de la restauration.
Jusqu’ici, seul le menu fretin a été inquiété – et encore – seuls de vagues comparses ont été condamnés. Les principaux coupables continuent de bénéficier d’une impunité qui provoque l’indignation.
Est-il possible que les Secrétaires Généraux, dont le gouvernement belge à Londres soulignait il n’y a guère les lourdes responsabilités, puissent continuer à assumer leurs hautes fonctions ? Est-il possible que de gros fermiers enrichis par leurs fournitures à l’ennemi puissent continuer à saboter le ravitaillement ? Est-il possible que des directeurs de la Corporation, qui se sont plus que compromis avec l’occupant, puissent défier la justice populaire en arguant de l’impossibilité de les remplacer ? Est-il possible que des industriels qui ont poussé à la production en faveur de l’ennemi, que des patrons qui n’ont pas hésité à faire appel à la Feldgendarmerie pour briser l’action patriotique des travailleurs, puissent impunément brimer les travailleurs, freiner et saboter la reprise du travail ?
On pense rêver quand on prend connaissance de ces faits et on ne peut pas ne pas s’indigner et clamer son indignation quand on entend les arguments hypocrites invoqués pour les justifier.
FAIRE RENDRE GORGE AUX PROFITEURS
La Résistance, et avec elle le pays, exigent impérieusement que l’on fasse rendre gorge aux traîtres et aux profiteurs de guerre. On veut nous faire croire que les arrêtés pris par le ministre des Finances vont permettre de déceler les bénéfices de guerre et qu’il y a désormais moyen de frapper les profiteurs quand et comme on le voudra. Or, rien n’est plus faux et seuls les enrichis de la guerre peuvent avoir intérêt à diffuser des interprétations aussi tendancieuses, de nature à endormir la vigilance populaire. En réalité, depuis que le Gouvernement est revenu de Londres, rien de décisif n’a été entrepris contre les profiteurs de guerre.
Les mesures d’assainissement monétaire ont, jusqu’ici, frappé beaucoup plus durement les petites gens que les grosses fortunes. Certes, l’immense majorité des ouvriers ne possèdent que leurs bras pour travailler, mais nous ne sommes pas seulement le Parti des ouvriers, nous sommes également les défenseurs des petites gens, de ces couches de la population laborieuse que la guerre a si durement éprouvées. Nous sommes les partisans et les défenseurs de l’Alliance des ouvriers, des paysans et des couches moyennes qu’unit une incontestable communauté d’intérêts.
Certes les gros capitalistes seront provisoirement gênés par le blocage d’une partie de leur fortune, mais le coup est infiniment plus dur pour quantité de petites gens dont les avoirs étaient à ce point réduit que la moindre amputation entraîne des conséquences souvent irréparables.
Les ministres communistes n’ont marqué leur accord avec les arrêtés financiers qu’après avoir reçu la promesse que les petits avoirs – nous avons proposé 50.000 francs – seraient rapidement et entièrement débloqués. Jusqu’ici ces promesses n’ont pas été confirmées publiquement ; nous devrons, le moment venu, exiger qu’elles soient tenues.
Les mesures prises jusqu’ici, ainsi qu’une série d’autres indices, permettraient de supposer qu’en haut lieu on a l’intention de se décharger une fois de plus des frais de la guerre sur le dos des masses laborieuses.
Il ne faut pas qu’il en soit ainsi !
Ce sont les profiteurs, ce sont les magnats de la haute finance et de l’industrie – profiteurs de guerre par définition – qui devront cette fois payer les frais de la guerre et de l’occupation. C’est chez eux qu’il faudra prendre l’argent nécessaire pour dédommager autant que faire se peut les victimes de la guerre et de l’occupation ainsi que leurs familles.
POUR LA DÉFENSE DE LA DÉMOCRATIE
Il ne faut pas que nous retombions dans les erreurs de 1918 qui ont coûté si cher aux peuples. C’est pourquoi il est indispensable d’extirper tout ce qui, dans le passé, a été source de faiblesse et de trahison. Les ferments de la désagrégation qui, dans le passé, ont conduit à la deuxième guerre mondiale, c’est dans l’hégémonie exercée par le grand capital qu’il faut les chercher. C’est en dénaturant la démocratie, c’est en servant des tripotages indignes, des compromis peu ragoûtants de la tripartite que la réaction a pu poursuivre la sinistre besogne qui a conduit le pays à deux doigts du désastre.
Ces forces néfastes de la réaction, il faut les briser une fois pour toutes ; il faut en finir avec l’oligarchie financière, avec l’internationale de la haute finance qui a dominé, pressuré et trahi les peuples ! Il faut arracher à ces ennemis de la nation les leviers de commande.
Il serait dangereux de sous-estimer les tendances autoritaires et les velléités dictatoriales qui se manifestent dans le pays. La droite réactionnaire voudrait voir interdire toute manifestation publique, réduire à zéro le rôle des masses populaires groupées dans la Résistance. Des forces obscures s’emploient à restreindre davantage encore les libertés démocratiques, à discréditer davantage encore le Parlement en étendant les pleins pouvoirs du Gouvernement. Dans certains milieux haut placés, on s’agite beaucoup en vue de préparer l’instauration d’une dictature royale qui coïnciderait avec le retour de « l’auguste prisonnier ».
La réaction, pour discréditer la démocratie, évoque avec complaisance de pénibles souvenirs d’avant-guerre. Certes, la démocratie, chez nous, était bien malade, mais ce n’était pas d’une croissance trop rapide qu’elle souffrait, c’était les entraves qu’on lui imposait qui l’étouffaient. Les institutions démocratiques s’étiolaient parce qu’elles se trouvaient sous l’emprise de l’oligarchie financière, parce que la bureaucratie et les pouvoirs spéciaux accordés au Gouvernement paralysaient de plus en plus le Parlement ; parce que les mandataires échappaient au contrôle de leurs mandants.
POUR UNE POLITIQUE SOCIALE PROGRESSISTE
Voilà le mal qu’il faut extirper pour en arriver à une démocratie réelle.
Cette démocratie réelle doit nécessairement s’accompagner d’une politique sociale qui renverse le Mur d’Argent et donne aux masses laborieuses les garanties indispensables. La politique sociale que nous préconisons assurerait du travail à chacun ; des salaires et des pensions garantissant non seulement la subsistance matérielle, mais encore la satisfaction des besoins culturels des travailleurs ; des assurances sociales dont la charge ne retomberait pas sur les couches laborieuses. Mais le social découle de l’économique. Une politique sociale progressiste postule une base économique saine. La politique économique du pays ne devra plus, comme par le passé, avoir pour seul objectif le maintien des dividendes d’une poignée de magnats, elle devra, tenant compte des réalités concrètes, s’inspirer uniquement des intérêts du pays, du bien-être et de l’avenir de son peuple.
C’est ainsi que l’on chassera les miasmes du défaitisme et de la trahison, que l’on fera souffler dans la maison un vent frais et vivifiant. C’est ainsi que l’on renforcera le pays, qu’on le rendra capable de marcher, libre et indépendant, vers un destin meilleur.
L’UNION DES PATRIOTES
Pour pratiquer la politique de rénovation hardie que nous venons d’esquisser, il faut pouvoir compter sur la confiance entière du pays, et cette confiance, ce n’est pas avec les méthodes faisandées de l’avant-guerre qu’on l’obtiendra. Pour gagner et conserver la confiance du peuple, il faut s’appuyer sur les forces jeunes, audacieuses et généreuses à la fois qui se sont cherchées et trouvées dans la bataille.
Ce courant puissant, balayant sur son passage les vestiges vermoulus du passé, a fait la force et la grandeur de la Résistance.
C’est sur la Résistance que nous devons pouvoir compter pour jeter les fondations de la nouvelle maison que nous voulons construire. Nous devons bâtir sur l’union des patriotes qui est aussi l’union des démocrates.
C’est incontestablement le F.I., qui, à l’heure actuelle, incarne le mieux l’union des patriotes réalisée au cours de la guerre. Le F.I., qui groupe déjà une partie considérable des forces saines du pays, doit être élargi davantage encore.
Sous l’égide du F.I., doit se constituer le Conseil National de la Résistance, rassemblant toutes les organisations armées de la Résistance, les partis politiques se réclamant de la démocratie et acceptant le programme de la Résistance, les organisations syndicales ; en un mot : tout ce qu’il y a de forces saines dans le pays.
L’UNITE SYNDICALE
Également dans le domaine syndical, nous constatons une volonté nettement affirmée de rompre avec un passé de faiblesse, de compromis et de capitulations. Les pénibles expériences des années qui précédèrent la guerre, la carence totale, au cours de l’occupation, de la plupart des dirigeants syndicalistes, la trahison d’un certain nombre d’entre eux ont conduit la classe ouvrière au bord du gouffre fasciste. Mais les travailleurs se sont ressaisis, abandonnés par des chefs pusillanimes ou félons, ils se sont serré les coudes et, dans leur union, ils se sont forgé de nouvelles armes.
La lutte menée en communion, pendant l’occupation, a fait naître un courant unitaire particulièrement important qui s’est manifesté avec la puissance d’un torrent dès le lendemain de la libération. Les mots d’ordre d’unification de toutes les forces syndicales lancés par les C.L.S. ont trouvé partout un accord des plus favorables et, dans de très nombreuses usines, des syndicats uniques, groupant la quasi-totalité du personnel, se sont constitués.
La Conférence Nationale des C.L.S. qui s’est réunie récemment à Bruxelles a voté dans l’enthousiasme les projets de statuts de structure et de programme proposés comme base pour l’unification syndicale. Nous croyons utile d’insister sur l’importance capitale pour la classe ouvrière de la réalisation de son unité sur le plan syndical. Il s’agit d’utiliser au maximum les possibilités nouvelles ; ce qui ne signifie toutefois pas qu’il faille rejeter de façon sectaire l’ensemble du passé avec l’acquit d’expériences qu’il contient.
Il ne s’agit pas de constituer des syndicats uniques aux allures de squelette, qui feraient figure de nouveaux éléments de division de la classe ouvrière ; il s’agit encore moins de créer des syndicats communistes s’isolant volontairement d’une partie importance des travailleurs.
Ce n’est pas contre les anciennes organisations qu’il faut réaliser l’unification mais autant que possible avec elles. Cette unification doit avoir pour base les statuts et la structure préconisés par la Conférence Nationale des CLS. Ces statuts assurent la démocratisation radicale et complète des syndicats plaçant ceux-ci sous le contrôle direct et constant des affiliés. La structure nouvelle prévoit le syndicat d’industrie. Le syndicat unique d’entreprise groupe tous les travailleurs sans distinction, manuels et intellectuels, de l’entreprise. Les divers syndicats uniques d’une même industrie se groupent régionalement en fédération et constituent sur le plan national, la Centrale (Centrales des mines, de la métallurgie, des transports, etc.).
Sur le plan régional se constitue en outre l’Intersyndicale groupant les différentes fédérations ; enfin une Confédération Générale unit les diverses Intersyndicales et Centrales.
Notre travail en faveur de l’unité syndicale ne doit pas nous faire perdre de vue la lutte revendicative. C’est dans l’action qu’est née la poussée vers l’unification syndicale que nous constatons aujourd’hui ; c’est par l’action que doit être renforcée cette poussée, car une unification des forces syndicales qui n’aurait pas l’action pour base et le renforcement de l’action pour résultat, serait vaine et éphémère.
La lutte revendicative est étroitement liée à la poursuite de la guerre. L’action en faveur d’un minimum vital aussi bien que l’action pour un meilleur ravitaillement sont étroitement liées à la lutte contre les patrons qui freinent et sabotent la reprise.
Il est urgent de procéder à l’établissement d’un index familial du coût de la vie. Et pour que cet index soit honnête, il est indispensable que les délégués des organisations professionnelles participent à son élaboration.
Récemment les métallurgistes de la vallée de la Senne, répondant à l’appel de leurs C.L.S., défilèrent à plus de trois mille dans les rues de la capitale, réclamant du travail et la mise au pas de patrons sabotant la production de guerre. Ils manifestèrent aux cris de : Nous voulons travailler avec les Alliés contre Hitler ; Du travail ; Chômer c’est faire le jeu d’Hitler.
Voici une illustration particulièrement instructive de l’actuelle lutte revendicative.
NOTRE PARTICIPATION AU GOUVERNEMENT
Le nouveau gouvernement Pierlot ne constitue pas un gouvernement idéal. La Résistance y est insuffisamment représentée, il comprend trop de gens qui ont préparé Munich, facilitant ainsi l’agression hitlérienne, trop de gens qui soutinrent Burgos contre l’Espagne Républicaine, trop de gens qui rêvent encore d’une dictature fasciste plus ou moins larvée, trop de représentants de la réaction.
Ce n’est pas là un gouvernement qui répond aux vœux du pays et pourtant, nous avons accepté d’en faire partie Pourquoi ? Parce que nous considérons que le Parti Communiste qui, pendant toute la durée de l’occupation, s’est trouvé à la tête du combat, ne peut se dérober en refusant de participer au pouvoir alors que nous sommes entrés dans la phase finale de la guerre.
Nous avons subordonné notre participation au pouvoir à l’acceptation et à l’application du programme que nous proposions.
Ce programme préconisait :
La poursuite de la guerre jusqu’à l’écrasement complet de l’Allemagne hitlérienne ;
La mobilisation de toutes les forces armées du pays ;
La rénovation et la démocratisation de l’armée par l’incorporation en groupes des formations armées de la Résistance ;
La mobilisation de l’industrie pour les besoins de la guerre ;
Le châtiment rapide et exemplaire des traîtres et collaborateurs, la confiscation de leurs avoirs, la réquisition de leurs entreprises ;
Une meilleure organisation du ravitaillement et une augmentation substantielle des rations en vue d’assurer aux masses laborieuses un minimum vital qui leur permette de vivre décemment et de travailler efficacement.
Au cours de l’occupation, nous avons tout subordonné aux exigences de la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. Notre attitude n’a pas changé et pour cause : Hitler n’est pas écrasé, la guerre n’est pas finie.
Prétendre s’atteler à la réalisation immédiate du socialisme aussi longtemps que n’est pas extirper le chancre fasciste, c’est ou bien vain bavardage, ou bien œuvre de diviseurs et de provocateurs visant à détourner les masses des tâches préalables et principales.
Pour nous, communistes, la participation au Gouvernement n’a nullement la même signification que pour les autres partis politiques. Nous n’entrons pas dans un gouvernement dans le but de bénéficier de prébendes et de pots de vin, c’est pourquoi nous n’avons pas à sacrifier la moindre parcelle de notre liberté. Ceux qui s’imaginent que nous allons nous laisser utiliser pour faire la sale besogne de la réaction ou pour lui servir de paravent, se trompent lourdement.
Il est certain que notre position actuelle n’est pas comprise par tout le monde ; d’aucuns craignent des reniements, parlent de retraite, de capitulations ultérieures. Il existe parmi les travailleurs de ce pays une très grande méfiance à l’égard de tout ce qui se rattache de près ou de loin à la participation au Pouvoir. Cette méfiance est le résultat d’expériences pénibles. On nous a rappelé avec amertume l’exemple du P.O.B. qui s’est corrompu par la participation au Pouvoir. On nous a mis en garde contre la tentation que constituent les postes officiels grassement rétribués. Il n’y a rien à craindre de ce côté. Nous avons dans notre parti des traditions que nous entendons faire respecter. Si nous pratiquons bien souvent le cumul des tâches, nous ne cumulons pas les traitements. Le barème s’applique chez nous à tous les militants y compris les députés et les ministres.
Notre participation au pouvoir n’entrave en rien notre entière liberté d’action, nous ne renions en rien notre programme, nous ne renonçons à aucune de nos revendications fondamentales. Nous continuerons à dire la vérité au pays et aux masses laborieuses, nous continuerons à défendre leurs intérêts. Notre attitude au cours des cinq dernières semaines le prouve.
Il ne faut pas attendre de notre participation au pouvoir plus qu’elle ne peut donner dans les circonstances présentes. Il ne faut pas perdre de vue la composition de ce gouvernement hétéroclite qui, sur dix-neuf membres, ne compte que deux communistes. Mais bien que constituant une très petite minorité au sein du Gouvernement, nos amis ont néanmoins réussi à y faire de la besogne utile. Ils ont résisté et réagi à certaines tendances réactionnaires qui existent incontestablement dans les milieux gouvernementaux et qui ne demanderaient qu’à s’affirmer. La réaction épouvantée par la mobilisation des masses populaires, voudrait à tout prix démobiliser les forces armées de la Résistance. Autour et au sein même du Gouvernement, les émissaires du passé pourri, les avocats de la haute finance agissent en vue de sauver les traîtres et les collaborateurs ; des manœuvres s’ébauchent qui tendent à endosser aux masses laborieuses les frais de la guerre et de l’occupation ; des Van Zeeland sont mis en avant comme les représentants les plus qualifiés du pays.
Tout cela est peu conforme aux promesses faites par leurs collègues à nos camarades ministres. Ceux-ci sauront exiger que les promesses faites soient tenues. Pour que les efforts aboutissent, il est indispensable qu’ils soient soutenus par l’action résolue du Parti et des masses.
CONCENTRATION DÉMOCRATIQUE
Comme nous l’avons dit plus haut, il est certain que la composition actuelle du Gouvernement ne correspond pas aux vœux du pays. Aussi est-il souhaitable que les forces démocratiques et progressistes du pays, agissant en collaboration étroite avec les organisations de la Résistance, réussissent à créer les conditions nécessaires au développement d’une action gouvernementale plus hardie, plus constructive, plus démocratique, plus progressiste.
La classe ouvrière constitue l’aile marchante de la Résistance, elle se trouve à la tête de la lutte contre l’Allemagne hitlérienne et ses complices de l’intérieur. De même, la classe ouvrière doit être le noyau solide et compact de la concentration démocratique.
C’est pourquoi nous entendons poursuivre inlassablement nos efforts en vue de réaliser le Front Unique, réunissant fraternellement dans l’action, socialistes et communistes. Le désir de réaliser l’unification des forces ouvrières est plus ardent que jamais, l’irrésistible poussée à laquelle nous assistons sur le plan syndical en est, parmi d’autres, une preuve éclatante.
Dans de nombreuses régions du pays, les Comités de Front Unique ont été constitués et presque partout les ouvriers souhaitent que l’unité d’action conduise au plus tôt à l’unité organique.
Les communistes doivent œuvrer avec enthousiasme à la réalisation du F.U. et combattre énergiquement toute déviation sectaire dans ce domaine. Nous ne devons pas nous laisser rebuter par la résistance de certains dirigeants socialistes, qui ne semblent pas encore s’être rendus compte des changements importants survenus au cours des dernières années.
La classe ouvrière veut l’unité et cette unité se réalisera avec les dirigeants qui en ont compris la nécessité, contre les dirigeants assez peu clairvoyants pour s’y opposer.
L’unité de la classe ouvrière donnerait à la concentration démocratique une base particulièrement solide. Nous, communistes, sommes décidés à aider de notre mieux à la réalisation de cette concentration de toutes les forces saines du pays, capable de terminer victorieusement la guerre, d’écraser la Ve colonne, de faire échec à tout retour agressif de la réaction complice et alliée du nazisme.
Le programme qui servira de plate-forme à la concentration démocratique, ne peut être que le résultat d’un échange de vues loyal entre les différents participants. Nous croyons néanmoins pouvoir indiquer les éléments principaux pouvant servir de base à une telle discussion.
PROJET DE PROGRAMME
I) Participation efficace de la Belgique à la guerre contre l’Allemagne hitlérienne
1. Constitution et mise en ligne d’une armée belge rénovée, dans laquelle seront incorporées collectivement les forces armées de la Résistance.
2. Remise en marche de la production en subordonnant tout intérêt privé aux exigences que pose la poursuite de la guerre.
Réquisition des charbonnages et autres entreprises importantes dont les propriétaires freinent ou sabotent la production.
Association des techniciens et ouvriers à la gestion des entreprises.
Adaptation des salaires et appointements au coût réel de la vie : établissement d’un index familial reflétant fidèlement le mouvement des prix.
3. Organisation rationnelle du ravitaillement et augmentation progressive des rations.
Instauration de Comités de ravitaillement à l’échelle nationale, provinciale, cantonale et communale, Comités composés de délégués de l’autorité publique, de la Résistance, de la paysannerie, des commerçants et consommateurs.
Accorder aux dits Comités des pouvoirs très étendus les habilitant notamment : à procéder au recensement immédiat de tous les stocks disponibles, ainsi qu’à la réquisition des produits alimentaires et des moyens de transport ; à organiser et à contrôler les livraisons, la répartition et la distribution des produits rationnés.
4. Epuration rapide et implacable. Accélération des procédures judiciaires. Mise sous séquestre des biens des traîtres et des collaborateurs économiques.
Constitution, dans les institutions publiques, les entreprises et les communes, de Commissions d’Epuration composées des représentants de l’autorité publique et de la Résistance.
Destruction de la Ve colonne avec la participation active de la Résistance.
5. Assainissement des finances de l’Etat, par la confiscation des biens des traîtres ainsi que des bénéfices résultant de la collaboration avec l’ennemi.
Imposition rapidement progressive des autres bénéfices de guerre.
Maintien du blocage des avoirs des traîtres, collaborateurs et profiteurs de guerre ; déblocage rapide et intégral des petits avoirs ne dépassant pas 50.000 francs.
6. Aide substantielle aux victimes de la guerre et de l’occupation.
7. Respect des droits de la Résistance.
8. Reconnaissance des C.L.S. et Syndicats uniques comme organisations syndicales jouissant des mêmes droits et prérogatives que les syndicats constitués avant mai 1940.
9 Collaboration étroite avec toutes les puissances démocratiques en vue d’accélérer l’écrasement de l’Allemagne hitlérienne.
II) Restauration et rénovation du pays.
1. Participation à l’établissement d’une paix durable basée sur la destruction des assises impérialistes de l’Allemagne, la sécurité collective et la collaboration étroite de tous les pays pacifiques.
Maintien de l’indépendance intégrale du pays excluant toute alliance unilatérale, source de nouveaux conflits.
2. Renforcement des institutions démocratiques par :
a) l’abolition de l’emprise de la haute finance sur la vie publique ;
b) le contrôle parlementaire efficace ;
c) l’extension du droit de vote aux femmes et aux jeunes à partir de 21 ans ;
d) l’indépendance de la presse à l’égard des puissances d’argent et des influences étrangères.
3. L’instauration de la démocratie économique et sociale par :
a) l’éviction des monopoles et des trusts ;
b) l’organisation rationnelle de l’économie sur la base d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants des ouvriers, des techniciens, des classes moyennes et de la paysannerie ;
c) le retour à la collectivité des moyens de production monopolisés (charbon-électricité-gaz, compagnies d’assurance, grandes banques) les droits des petits actionnaires étant sauvegardés ;
d) la participation des ouvriers, employés et techniciens à la gestion des entreprises.
4. Rationalisation de la production belge en l’orientant vers la fabrication des produits finis et de qualité, ce qui implique l’amélioration de l’enseignement professionnel.
5. Assurer à la paysannerie une subsistance normale par :
a) une politique de prix rémunérateurs pour agriculteurs et éleveurs ;
b) le développement des coopératives agricoles gérées par les paysans eux-mêmes.
6. Amélioration de la législation sociale :
a) En assurance aux travailleurs le droit au travail et au repos ;
b) En leur garantissant la sécurité d’emploi et des salaires suffisants non seulement à leur subsistance, mais également à leur développement culturel ;
c) En instaurant un système d’assurance sociale prévoyant des pensions suffisantes pour les vieux et des allocations adéquates en cas d’incapacité de travail temporaire ou définitive ;
d) En accordant aux organisations syndicales une large participation à l’organisation de la vie économique et sociale du pays.
7. Instauration d’une fiscalité saine et largement progressive, basée en ordre principal sur l’impôt direct et en excluant la fraude fiscale.
8. Développement du niveau culturel par l’instauration de la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans, tout adolescent doué, quelle que soit la situation de fortune de ses parents, ayant la possibilité d’acquérir une instruction supérieure.
9. Élimination des conflits d‘ordre philosophique ; maintien des écoles publiques et des écoles libres avec un programme unique déterminé par l’Etat.
10. Maintien de l’union fraternelle des peuples wallon et flamand sur la base du droit de la libre disposition.
Égalité complète entre Flamands et Wallons dans tous les domaines de la vie publique et de l’activité économique et sociale.
Large autonomie pour les populations de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles dans le domaine culture et administratif.
Ce n’est pas là un programme communiste, mais un programme qui tient compte des éléments concrets de la situation présente et des possibilités qu’elle comporte.
C’est un programme capable de rassembler une très large majorité pour la réalisation d’une œuvre constructive, permettant de faire un sérieux pas en avant dans la voie du progrès social.
Malgré toutes les réserves que nous avons formulées quant à la composition du Gouvernement, nous avions espéré qu’il serait à même de réaliser ne fût-ce qu’une partie du programme qu’il s’était fixé. Force nous est de constater que l’équipe gouvernementale actuelle s’avère incapable de redresser la situation qui va en s’aggravant de jour en jour.
L’expérience faite jusqu’ici prouve :
1) Que plusieurs membres du gouvernement Pierlot, contrôlant des départements très importants, refusent de subordonner les intérêts de certains clans et groupes aux intérêts vitaux de la nation ;
2) Qu’influencé par ces éléments réactionnaires l’actuel Gouvernement n’ose pas s’appuyer sur les masses populaires et les organisations de la Résistance, alors que le concours de celles-ci s’avère cependant indispensable pour gouverner efficacement.
Si le Gouvernement, comme tout le fait craindre, s’avère incapable de surmonter les faiblesses et d’extirper les vices qui résultent de sa composition, il faudra, et cela dans un très bref délai, faire appel à une nouvelle équipe plus homogène, résolue à mener la politique énergique, audacieuse et progressiste exigée par le pays.
Au cours de l’occupation, et plus particulièrement depuis la libération, le Parti s’est profondément modifié. Alors que d’une part nous avons perdu une partie importante de nos cadres dirigeants, d’autre part, nos effectifs ont augmenté et continuent d’ailleurs d’augmenter à un rythme qui n’a jamais été approché jusqu’ici. Nos effectifs actuels représentent le quintuple du maximum atteint antérieurement. La diffusion de notre presse, d’ailleurs limitée par les difficultés de transport et d’approvisionnement en papier, est aujourd’hui quinze fois plus importante qu’en août 1939. Nos meetings en Flandre aussi bien qu’en Wallonie, attirent des masses considérables et enthousiastes. Nous avons pénétré de nombreuses régions qui étaient restées jusqu’ici farouchement fermées à toute influence communiste. Nous avons gagné l’estime et la confiance de large couches de la population ; nombreux sont les petits commerçants, les artisans, les paysans, les petits industriels, les intellectuels qui rejoignent nos rangs. Parmi les nouveaux membres, il est pas mal de catholiques auxquels nous demandons uniquement d’accepter le programme communiste et de l’appliquer loyalement, tout en s’abstenant de toute propagande religieuse au sein du Parti.
Malgré les résultats acquis, nous ne devons pas nous déclarer satisfaits ; là où il n’y a plus de progrès, il y a déjà recul. Il ne faut pas que ces résultats satisfaisants dans leur ensemble, nous fassent perdre de vue les progrès médiocres réalisés jusqu’ici par certaines fédérations ; nous devons rester attentifs au retard considérable qui subsiste en Flandre Il est vrai que ce retard a tendance à diminuer, et dans certaines régions flamandes, nous enregistrons une magnifique poussée qui illustre les énormes possibilités et nous permet de bien augurer de l’avenir.
Le recrutement doit être poursuivi plus résolument, plus audacieusement que jamais. Il faut que les portes du Parti soient largement ouvertes à tous ceux qui n’ont pas fait le jeu de l’ennemi pendant l’occupation. Mais cela ne signifie nullement que la vigilance doive être mise en veilleuse. Il faut veiller à ce que les provocateurs, les espions, les désagrégateurs, les agents de la Ve colonne ne pénètrent pas dans nos rangs.
Il faut également barrer la route aux beaux parleurs, aux vains phraseurs qui remplacent l’action par des discours ; aux arrivistes échevelés qui rejoignent notre Parti dans l’espoir d’y faire une rapide et brillante carrière.
Partout, quel que soit le milieu où il se trouve, quelle que soit la couche sociale à laquelle il appartient, le communiste se doit d’affirmer fièrement son appartenance au Parti.
Nous devons veiller avec sollicitude sur nos cadres aguerris, trempés par la dure illégalité ; ils sont et doivent rester l’armature de notre Parti.
D’immenses possibilités s’offrent actuellement à nous.
Ces possibilités, nous ne pourrons les mettre à profit qu’à condition de maintenir le contact étroit avec les masses.
C’est en connaissant les besoins et les aspirations des masses que nous réussirons à conserver leur confiance, à les grouper, les unir, à les organiser pour atteindre avec elles les objectifs fixés, pour les conduire à la victoire.
Quelles sont les tâches qui se posent aujourd’hui devant les masses et comment le Parti peut-il les aider à les réaliser ?
La poursuite victorieuse de la guerre implique la mobilisation des forces armées, la lutte contre Ve colonne, l’intensification de la production. Ce sont des buts qu’on ne pourra atteindre sans une participation des larges masses. Les communistes doivent appuyer et populariser les Partisans et les Milices Patriotiques, les soutenir aussi efficacement que possible dans leur lutte contre la Ve colonne, dans leur résistance aux tentatives de démobilisation auxquelles se livre la réaction.
LE TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES
L’intensification de la production se rattache à la lutte contre les patrons collaborateurs d’hier, saboteurs d’aujourd’hui, ainsi qu’à l’action pour un ravitaillement mieux organisé pour l’obtention de rations plus abondantes et une adaptation des salaires en vue d’assurer aux travailleurs un minimum vital qui leur permette de vivre décemment et de produire efficacement.
Ce sont là des questions qui intéressent l’ensemble de la population, mais plus particulièrement les travailleurs. Par un travail systématique au sein des entreprises, les communistes grouperont les ouvriers au sein des CLS, des organisations syndicales, afin de réaliser l’unité la plus large dans l’action. Le travail syndical reste la tâche principale de toutes nos sections d’entreprise, elle doit retenir l’attention de tous les militants dirigeants du Parti.
L’EPURATION
L’épuration indispensable ne pourra être menée à bonne fin qu’à condition d’y associer les masses. Les communistes, en collaboration avec le F.I. et les autres organisations de la Résistance, prendront l’initiative de la constitution de Comités d’Epuration dans les administrations et les entreprises, aussi bien que dans les communes et les quartiers. Là où de tels comités ont déjà été institués, les communistes veilleront à ce qu’ils soient reconnus officiellement et assureront leur bon fonctionnement.
Les Comités d’Epuration auront pour tâche non seulement de repérer les traîtres et les collaborateurs, mais également de veiller à ce qu’ils soient arrêtés et châtiés.
Afin de rendre gorge aux profiteurs de guerre, les communistes s’emploieront à la constitution de commissions aptes à collaborer avec les autorités compétentes en vue de procéder au recensement des bien des traîtres, collaborateurs et profiteurs, ce qui permettra la mise sous séquestre de ces avoirs.
LE RAVITAILLEMENT
Afin d’assurer un meilleur fonctionnement du ravitaillement, les communistes mettront tout en œuvre pour faire participer le représentants de la Résistance et des masses laborieuses à des commissions de ravitaillement disposant des pouvoirs nécessaires pour recenser, requérir, transporter et répartir les produits rationnés.
Les communistes prendront l’initiative de la constitution de Comités de Ravitaillement parmi les ménagères ; dans tous les domaines ils mettront tout en œuvre pour associer le peuple, aussi directement et aussi largement que possible, à la solution des problèmes cruciaux que pose actuellement le ravitaillement.
LES VICTIMES DE LA GUERRE ET DE L’OCCUPATION
Un nombre considérable de nos concitoyens ont été les victimes directes ou indirectes de la guerre et de l’occupation. Plus d’un demi-million de Belges, prisonniers de guerre, prisonniers politiques, déportés, sont encore retenus en Allemagne. Il s’agit de préparer leur rapatriement et de rechercher dès à présent la solution au problème que posera leur retour à la vie normale.
Il est du devoir du Parti de ne pas les abandonner à leur sort, de veiller à ce qu’ils obtiennent de la Nation, et cela aussi rapidement que possible, les dédommagements matériels et moraux auxquels ils ont droit. Les communistes ont donc pour tâche de soutenir par tous les moyens les victimes de la guerre et de l’occupation, d’orienter leurs démarches, de les grouper et de les organiser sous l’égide de « Solidarité ». A cet effet, les communistes prendront l’initiative de la constitution de Comités (ou tous autres organismes) groupant les sinistrés, les évacués, les prisonniers politiques et leurs familles, les prisonniers de guerre et leurs familles, les déportés et leurs familles, les familles de fusillés, etc. Les communistes participeront à l’élaboration des revendications à faire valoir par ces diverses catégories et à l’organisation de l’action à mener en vue de faire aboutir les dites revendications.
LA PAYSANNERIE
La campagne menée pendant l’occupation en vue de dresser les travailleurs de la ville contre ceux de la campagne se poursuit actuellement. Des éléments, visiblement mal intentionnés, continuent d’entretenir la confusion en mettant dans le même sac les riches fermiers collaborateurs et profiteurs et les paysans moyens et petits qui sont dans bien des cas, eux aussi des victimes de la guerre.
Il ne faut pas perdre de vue que les paysans pauvres sont les alliés naturels des travailleurs de la ville. Il faut réaliser concrètement cette alliance dans la lutte contre l’ennemi commun : la haute finance et les monopoles ; il faut dénoncer les manœuvres de ceux qui veulent faire du paysan le bouc émissaire, afin de détourner l’attention des véritables responsables.
Les communistes, tout en menant la lutte contre les gros fermiers collaborateurs et profiteurs de guerre, aideront au groupement et à l’organisation des petits et moyens paysans et soutiendront leur action en vue d’obtenir des prix rentables permettant la mobilisation totale du potentiel agricole. Les communistes ne négligeront aucun effort en vue d’unir dans la lutte commune contre l’ennemi commun les travailleurs des villes et de la campagne.
LES COUCHES MOYENNES
Notre Parti a augmenté considérablement son influence parmi les couches moyennes, commerçants, artisans, fonctionnaires, intellectuels. N’oublions pas que le Parti Communiste n’est pas seulement le Parti des prolétaires, mais le Parti de tous les travailleurs, de tous les démocrates sincères, de tous les hommes hostiles aux forces du passé : le fascisme, la haute finance, la réaction ; de tous les hommes qui sont prêts à collaborer à l’édification d’un monde meilleur.
Les communistes entendent défendre les intérêts des couches moyennes contre leurs ennemis qui sont aussi ceux de la classe ouvrière.
C’est ainsi qu’à propos des arrêtés de M. Gutt, nous avons pris résolument la défense des petites gens en exigeant le déblocage complet et rapide des avoirs non suspects de moins de 50.000 francs. Nous entendons protéger les couches moyennes contre un régime fiscal qui a pour devise : « Frapper au maximum les petits, exonérer au maximum les gros ».
Nous exigeons que soit rapportée l’interdiction d’accepter de nouvelles inscriptions au Registre de Commerce.
Nous sommes aux côtés des petits commerçants dans leur lutte contre les monopoles que constituent les grands magasins. Nous soutenons les classes moyennes dans leur action contre les trusts et les grandes entreprises capitalistes qui, pendant l’occupation, se sont emparés de la direction des Centrales et Offices. Chose inconcevable et inadmissible, ces organismes créés par l’occupant existent toujours, ils sont encore dirigés par les collaborateurs d’hier qui continuent à s’en servir à leur profit.
LES INTELLECTUELS
Au cours de la guerre, de nombreux intellectuels ont pu, à la lumière des faits, redresser leur jugement sur le Communisme et l’U.R.S.S.
Une première constatation : les communistes ont toujours rejeté les conceptions de certains socialistes sentimentaux à mentalité petite-bourgeoise, prônant l’égalité des hommes dans la médiocrité. Nous, communistes, avons toujours défendu la nécessité pour la société de se réclamer d’une organisation rationnelle, de pouvoir s’appuyer sur des élites, de vraies élites, celles de l’intelligence et du savoir. C’est le cas de l’U.R.S.S.
Dans aucun pays au monde, on ne donne aux savants, aux penseurs, aux écrivains, aux artistes, les mêmes possibilités et les mêmes appuis que dans l’Union des Soviets. Leur liberté de pensée, de recherche, y est totale, mais ce n’est pas une liberté théorique. Aucun autre Etat ne met à la disposition de ses élites intellectuelles des ressources, des moyens, une aide aussi considérables qu’en Russie.
Si les démocrates qui combattent avec les Soviets, et notamment la France, ont connu au début de cette guerre, il y a quatre ans, des échecs retentissants, il faut l’attribuer, en ordre principal, à la crise de leur fausse élite. L’U.R.S.S. doit ses succès militaires à son organisation sociale et économique, mais aussi à la totale et loyale collaboration que lui ont apportée ses savants, ses penseurs, ses écrivains, ses artistes. C’est le seul pays où se crée une véritable aristocratie, celle de l’intelligence et du travail.
LES FEMMES
Les communistes devront, plus que par le passé, s’intéresser aux problèmes spécifiquement féminins. La femme ne doit plus être un citoyen de catégorie inférieure. Il est temps de lui accorder la pleine égalité des droits dans tous les domaines. Les ménagères, les mères, les femmes et épouses des prisonniers et déportés ont des aspirations et des soucis particuliers. Nos femmes communistes doivent les connaître, les partager ; ainsi et ainsi seulement, elles pourront gagner la confiance de leurs sœurs, les grouper dans des Comités, des Ligues, des Unions de plus en plus larges ; les organiser, les former progressivement dans l’action afin de les conduire à leur émancipation totale.
Les femmes, sur qui retombent les soucis du ménage, sont les premières victimes de la situation catastrophique qui existe actuellement dans le domaine du ravitaillement. Aussi, rien d’étonnant à ce que règne parmi elles une très grande effervescence qui s’est exprimée en de nombreuses manifestations, dont certaines ont eu un caractère vraiment impressionnant. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, près de dix mille femmes du Grand-Bruxelles manifestèrent dans les rues de la capitale, réclamant « du beurre, du charbon », condamnant le marché noir. Cette manifestation, organisée par l’Union des Femmes pour la défense de la Famille, connut un très gros succès et la foule, massée sur son passage, ne cacha pas sa sympathie.
Il est clair que les femmes communistes doivent être au premier rang de la lutte pour l’amélioration du ravitaillement, pour la défense des droits de la femme, de l’enfant et du foyer.
Pour l’accomplissement des tâches qui les attendent, les femmes communistes doivent pouvoir compter sur l’appui du Parti tout entier.
LES JEUNES, GÉNÉRATION SACRIFIÉE
Je désire mentionner de façon toute spéciale les jeunes qui, plus que les autres, furent les victimes pitoyables de la guerre et de l’occupation. Plus encore que leurs aînés, les jeunes furent lésés matériellement et moralement, et cela seul suffirait pour leur valoir le bénéfice de notre sollicitude toute particulière. Mais, par le rôle qu’ils ont joué au sein de la Résistance, les jeunes ont, de plus, acquis des droits imprescriptibles sur la Nation. Les communistes devront veiller à ce qu’il en soit tenu compte.
Aux jeunes qui se sont vaillamment comportés pendant la guerre, la paix réservera des tâches plus importantes encore. Les jeunes, plus que les autres, ont accumulé en eux la haine implacable d’un passé vétuste et impotent définitivement condamné par l’histoire. Plus que les autres, les jeunes participent à l’espoir exaltant d’un monde meilleur. Aux jeunes d’aujourd’hui, qui seront les adultes de demain, incombe la tâche d’honneur d’être au premier rang des bâtisseurs du monde nouveau.
Les Jeunes Gardes Socialistes, qui ont pendant toute l’occupation, participé à la lutte contre l’occupant et œuvré à l’union des jeunes au sein du Rassemblement National des Jeunes, déploient actuellement une activité louable en vue de renforcer leurs rangs et d’élargir le rayonnement du R.N.J. Ils s’efforcent de grouper les jeunes par la création, sous l’égide du R.N.J., d’Unions de la Jeunesse dans les entreprises, dans les écoles, partout où des jeunes se trouvent rassemblés.
Nos amis J.G.S. préparent en ce moment un congrès qui aura à se prononcer sur le programme qui servira de base à leur activité future.
Il est du devoir du Parti en général et de chaque communiste en particulier d’aider et de soutenir les J.G.S., de les guider et de les appuyer constamment dans leurs efforts en vue de réaliser l’union la plus large de la jeunesse de notre pays.
LE RETOUR A LA LÉGALITÉ
Telles sont, brièvement exposées, les tâches qui se posent devant nous au lendemain du retour à la légalité et dont la réalisation nous permettra de rester en contact avec les masses, de les diriger sur la voie du progrès, de les conduire à la victoire.
Il est clair que pour être capable de réaliser ces tâches, le Parti doit adopter les formes d’organisation légales adéquates. Cela implique que nous devons tourner résolument le dos à l’illégalité, période incontestablement riche en enseignements précieux, mais à présent dépassée. C’est au grand jour que nous devons travailler maintenant en utilisant au maximum toutes les possibilités qui nous sont données de rester constamment en contact avec les souches les plus larges de la population.
Le retour à la légalité, et l’afflux considérable de nouveaux membres qui l’a accompagné, posent la question du maintien du caractère particulier du Parti qui est un des éléments principaux de sa force. Nous devons rester, et nous resterons un Parti communiste dans le véritable sens du mot ; nous continuerons à nous inspirer de l’expérience acquise dans ce domaine par le Parti bolchevik et par la IIIe Internationale dissoute au cours de la guerre. Nous devrons continuer à exiger le respect des principes fondamentaux de l’organisation du Parti : la mise au travail de tous ses membres, l’octroi à chacun d’eux de responsabilités bien déterminées, l’application du centralisme démocratique qui permet à tous les membres de participer personnellement à l’activité du Parti, et oblige les organismes supérieurs à rendre régulièrement compte de leur gestion devant les organismes qui les ont élus, ce qui implique la critique et l’auto-critique.
Nous devons veiller à ce que notre Parti reste un Parti homogène, compact, un Parti monolithe, pour reprendre la frappante image utilisée par Lénine. Il ne faut pas que notre Parti se scinde en une petite avant-garde de militants actifs et des réserves importantes qui ne sortent de leur inactivité que pour participer de loin en loin à une campagne électorale ou à quelque autre mobilisation du même genre.
Il ne faut pas que notre Parti devienne une espèce de pigeonnier où l’on pénètre et d’où l’on sort au gré de sa fantaisie.
LES FORMES D’ORGANISATION APPROPRIÉES
Les groupes dont les effectifs ne dépasseront pas vingt membres, constitueront les organismes de base du Parti. Les groupes seront réunis en sections d’entreprise et en sections locales. Là où l’importance des effectifs en fera apparaître la nécessité, des sous-sections seront formées, leur rôle sera purement de liaison, le comité de la sous-section servant de courroie de transmission entre les groupes et la section.
Nous appliquerons partout où la chose sera possible le principe général : une section par entreprise, une section par commune.
Les groupes et, là où elles existent, les sous-sections, seront basés :
a) Dans les entreprises : sur l’atelier, la pause ;
b) Dans les communes : sur le quartier, le hameau, le bloc de maisons, la rue.
Tous les communistes feront partie d’un groupe, respectivement d’une section. C’est dans le groupe que se payent les cotisations.
LES AMICALES
A côté des sections seront constituées des Amicales au sein desquelles seront groupés les communistes appartenant à des catégories déterminées. Nous aurons ainsi des Amicales de femmes communistes, de médecins communistes, de paysans communistes, de petits commerçants communistes, etc. Comme on le voit, des Amicales très diverses peuvent et doivent être constituées. Il doit toutefois être entendu que des Amicales ne seront créées que pour des catégories pour lesquelles il existe une situation particulière et des organisations de masse à caractère particulier.
Dans leurs Amicales, les communistes s’occuperont plus particulièrement des intérêts et des revendications propres à la catégorie économique, sociale ou autre dont ils font partie. Ce sont les Amicales qui organiseront et dirigeront le travail de masse à effectuer par les communistes dans les organisations hors parti (groupements professionnels, culturels, sportifs).
Les Amicales seront constituées soir sur le plan de la section, soit sur le plan de la fédération : leur activité sera vérifiée et dirigée par l’instance régulière du parti de l’échelon correspondant.
RETOUR A LA DÉMOCRATIE
Nous entendons retourner au plus tôt à la démocratie en vigueur avant-guerre et que les dures nécessités de l’illégalité nous ont obligés à restreindre temporairement. La plupart des sections ont déjà procédé en assemblée plénière à l’élection de leurs directions. Très prochainement, des Conférences Fédérales seront convoquées qui auront pour mission d’élire démocratiquement les directions fédérales.
Le retour à la démocratie intérieure, que nous voulons aussi rapide et aussi complet que possible, ne devra toutefois pas s’accompagner d’un quelconque relâchement de la discipline qui doit être partout, non seulement maintenue, mais constamment renforcée. L’obligation subsiste pour toutes les instances du Parti d’appliquer rigoureusement et sans délai les directives données par les instances supérieures.
LES CADRES ET L’ÉDUCATION
Le problème de la formation des cadres revêt dans les circonstances présentes une importance toute particulière. Au cours de l’occupation, un nombre considérable de nos militants ont été mis hors combat et la pénurie d’éléments dirigeants disposant de la formation et de l’expérience nécessaires se fait parfois durement sentir.
Il serait cependant faux de croire que les difficultés auxquelles nous avons à faire face en ce moment sont insolubles : les cadres existent, il s’agit de les trouver. Et ce n’est pas là une simple affirmation gratuite. L’expérience de l’illégalité a été concluante, elle nous a permis de constater combien riche est le matériel humain qui compose le Parti. Que de militants fournissant quelque modeste et obscur travail à la base, se sont révélés des dirigeants capables de prendre des initiatives hardies, d’organiser et de diriger l’action dans les circonstances particulièrement difficiles de l’illégalité complète.
Notre politique de cadres doit, plus que jamais, être une politique hardie qui ne s’encombre pas de considérations étriquées, mesquines et sectaires. Il ne faut pas tenir uniquement compte de la durée d’appartenance au Parti, c’est un facteur qui compte mais il n’est pas déterminant ; la qualité du travail fourni dans les rangs du Parti, l’attachement, la fidélité au Parti sont des facteurs au moins aussi importants. Mais ce qui importe avant tout pour la sélection des cadres, c’est l’activité déployée au cours de la période d’illégalité. Et à ce propos, je tiens à souligner que nous ne devons pas hésiter à confier des tâches responsables à des éléments honnêtes qui, sans appartenir au Parti, se sont bien comportés au cours de l’occupation, ont participé courageusement à la lutte libératrice, se sont affirmés dans l’action. Il est logique que parmi ces éléments audacieux, combatifs, épris de justice et de liberté, il en est beaucoup qui se sentent attirés par ce Parti qui, durant toute la durée de l’occupation, a lutté aux avant-gardes, par ce Parti des Fusillés qui est aussi le Parti de l’avenir.
Nous commettrions une lourde faute en ne réservant pas à ces combattants de la liberté l’accueil chaleureux et enthousiaste auquel ils ont droit, en ne les utilisant pas selon leurs mérites et leurs qualités.
Les cadres ne manquent pas, il s’agit de les trouver. Mais ces cadres nouveaux doivent être éduqués. Il faut leur procurer cette formation marxiste-léniniste qui est un des éléments essentiels de la force des partis communistes, de la valeur de leurs militants.
Le Parti communiste a été et est encore parmi les meilleurs défenseurs de la patrie. Nous, communistes, avons la prétention d’aimer notre patrie autant sinon mieux que quiconque. Malgré cela, ou plus exactement à cause de cela, notre Parti entend rester un parti prolétarien, un parti communiste, dans le sens exact du terme, un parti dont la structure aussi bien que le programme et l’action s’inspirent de la théorie marxiste-léniniste. C’est pourquoi nos militants doivent acquérir la formation idéologique indispensable, doivent apprendre à manier l’arme perfectionnée et redoutable que constitue la théorie marxiste-léniniste.
La formation idéologique de nos cadres apparaît comme une tâche urgente et capitale, aussi avons-nous décidé de nous y atteler immédiatement.
Dès à présent, à chaque réunion de groupe, le travail éducatif figurera obligatoirement à l’ordre du jour. De plus, des cours du soir et du dimanche seront organisés par les fédérations ainsi que par les sections importantes. Enfin, une Ecole Centrale du Parti, avec section française et flamande, fonctionnera incessamment.
Mais l’éducation ne peut se limiter à la seule formation des cadres.
Au cours des dernières semaines des dizaines de milliers de nouveaux membres sont venus grossir nos rangs. La majorité de ces adhérents n’ont qu’une idée très vague de la théorie et de la pratique communistes. Il s’agit d’assimiler au plus tôt ces nouveaux éléments, de faire en sorte qu’ils es sentent chez eux au Parti, qu’ils connaissent et comprennent son programme.
LIQUIDONS LA FAIBLESSE IDÉOLOGIQUE DU PARTI
Notre faiblesse idéologique, due dans une large mesure aux coupes sombres pratiquées dans nos rangs pendant l’occupation, a facilité le développement de déviations opportunistes ou sectaires.
Certains camardes ont tendance à pratiquer une politique de concessions successives devant conduire inévitablement à la capitulation. Ils tentent d’expliquer leur attitude capitularde par leur désir de maintenir des collaborations en principe utiles et souhaitables. Mais ces camardes ne voient pas que leur opportunisme mine la collaboration au lieu de la consolider – ils perdent de vue que seule une attitude ferme, et au besoin intransigeante, peut assurer une base solide à la collaboration, lui donner un sens, la maintenir.
Une collaboration qu’une politique de capitulation aurait vidée de son contenu, ne serait plus qu’une dangereuse illusion. Ainsi, dans le domaine de l’unité syndicale, nous avons vu des camarades s’attacher uniquement à la réalisation de l’unité sans plus se soucier du programme devant lui servir de base. Par souci de maintenir à tout prix la collaboration avec des éléments troubles, ils ont consenti à toute une série de concessions qui ont eu pour conséquence un arrêt presque complet de l’action.
S’ils n’avaient pas capitulé, nos camarades auraient réussi à démasquer la manœuvre, et loin de déforcer l’unité, ils l’auraient renforcée en maintenant et en développant l’action.
D’autres camarades reculent devant les difficultés, l’appel des masses les effraye, ils manquent de confiance en eux-mêmes, ce qui les conduit à sous-estimer nos forces et la puissance du Parti. La peur de l’action les amène à se replier sur de vieilles positions devenues sans valeur. Alors que la bataille fait rage, ils prétendent se retirer de la mêlée pour se consacrer à l’étude dans le calme et la quiétude. « Commençons par former des cadres, ensuite, nous passerons à l’action » disent ces partisans de la théorie « pure ». Ces camarades oublient que pour se maintenir et se développer, le Parti doit se lier aux masses, se mêler à elles, vivre en elles ; ils perdent de vue que la théorie se nourrit de l’expérience acquise dans la pratique et qu’une théorie qui n’est pas étroitement liée à la réalité concrète de l’action quotidienne n’est que pédant bavardage.
Rien d’étonnant à ce que certains partisans de la théorie « pure » calfeutrés dans leur tour d’ivoire, se soient mis à pérorer à contretemps sur la dictature du prolétariat et la prise du pouvoir. Ils éprouvent un besoin maladif d’étaler leur savoir, d’utiliser leur acquit théorique mal digéré, et, recourant au radicalisme verbal cher à tous ceux qui remplacent l’action par des discours, ils confrontent arbitrairement la ligne actuelle avec des positions antérieures adoptées dans des circonstances tout à fait différentes.
Quant à certains « gauchistes » ils maîtrisent difficilement la sainte indignation que provoque en eux la seule idée que des communistes font partie d’un gouvernement. Ils ne conçoivent pas que des communistes puissent ne pas être dans l’opposition. Etre « contre » par principe et d’avance, se limiter à la seule critique et se refuser, quelles que soient les circonstances, à prendre sa part des responsabilités est une position de facilité et de capitulation devant les difficultés ; c’est une position indigne des réalistes que nous sommes.
D’aucuns sont hantés par l’exemple du P.O.B. qui s’est laissé corrompre et gangrener par la participation au pouvoir, ils craignent la tentation que constituent les postes officiels grassement payés. Ceux qui réagissent de la sorte, prouvent qu’ils manquent de confiance dans le Parti ; ils ne tiennent pas compte de son passé, ils feignent d’ignorer qu’en maintes circonstances, notre Parti a prouvé qu’il n’était pas un parti ordinaire, mais bien un parti d’un type nouveau, tel que l’a défini Lénine, un parti qui a su mettre à profit l’exemple du Parti Bolchevik de l’URSS.
NOUS NE RENONÇONS PAS A NOTRE PROGRAMME
Notre activité actuelle, la tactique que nous appliquons dans la période présente, notre volonté de réaliser en toute loyauté et sans arrière-pensée, une large concentration démocratique sur la base d’un programme forcément limité, ne signifient nullement que nous ayons renoncé à notre programme fondamental et aux objectifs qu’il fixe.
En rassemblant toutes les forces saines du pays dans la lutte contre l’hitlérisme et la Ve colonne, en isolant la réaction, les collaborateurs et les saboteurs complices de l’étranger, nous entendons procéder à un regroupement de forces qui permettra de s’atteler, dans des conditions favorables, aux tâches capitales de l’organisation de la paix et de la restauration du pays.
En collaborant avec tous les démocrates sincères à la réalisation d’un programme prévoyant le renforcement de la démocratie, et s’inspirant des intérêts réels des masses laborieuses, nous avons la conviction de créer les conditions favorables à une nouvelle marche en avant.
Pour nous guider sur la voie parfois difficile et tortueuse qui, par maint détour, conduit au but, nous avons l’exemple du Parti Communiste (bolchevik) de l’URSS.
Pour nous défendre et attaquer, nous disposons de cette arme précieuse qu’est le Marxisme-Léninisme. Mais nous avons aussi et surtout notre étroit contact avec les masses auxquelles notre Parti est attaché par toutes ses fibres. Les souffrances, les aspirations, les joies, les deuils des masses sont nos souffrances, nos aspirations, nos joies et nos deuils.
Nous sommes le Parti du peuple et la confiance des masses fait notre force. Coupés des masses, nous ne sommes rien ; avec les masses, nous pouvons tout. Les masses ont les yeux tournés vers nous, elles nous font confiance, sachons garder cette confiance en nous en montrant dignes. Voilà ce qui importe avant tout, voilà ce qui nous permettra de marcher de l’avant et non pas les vains bavardages sur la prise immédiate du pouvoir pour instaurer le régime soviétique et réaliser le socialisme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Notre Parti sort de la clandestinité, couvert de cicatrices, de blessures, mais la tête haute, fier du rôle qu’il a joué dans la lutte contre l’ennemi de l’extérieur et ses complices de l’intérieur. C’est dans la lutte souterraine, lutte quotidienne et implacable contre le plus abject des ennemis, que le Parti s’est uni étroitement aux masses et a réussi à rassembler les patriotes pour l’œuvre commune de la libération. C’est avec la même ardeur et la même volonté que le Parti s’est attelé aux tâches de l’heure présente. Etroitement unis aux masses, en collaboration loyale avec tous les patriotes, nous aiderons à écraser Hitler et ses complices, nous préparerons la restauration du pays et jetterons les bases d’un monde nouveau qui doit être et qui sera un monde meilleur.
Et lorsque nous serons, camarades, arrivés au bout de l’étape, nous aurons bien mérité de la patrie et du peuple dont nous entendons être et rester les meilleurs fils et les plus fidèles serviteurs.