Les Indiens des grandes plaines ont un prolongement direct en Mésoamérique, un goulot d’étranglement géographique où l’emploi d’une plante utilisé comme céréale, le maïs, a permis une formidable avancée dans l’alimentation.

La civilisation mésoaméricaine est littéralement une civilisation du maïs, base fondamentale de l’alimentation, avec une ancienneté d’environ 9 000 ans.

La production de maïs est d’ailleurs liée à celle de courges et de haricots grimpants, dans une combinaison dialectique : le haricot fixe l’azote pour le maïs, le feuillage de la courge protège les plantations, le maïs sert de tuteur aux haricots.

L’ensemble de la production permet une alimentation équilibrée, d’autant plus que le maïs est nixtamalisé : les grains de maïs sont bouillis avec un mélange de cendres de bois, afin de fragiliser leur enveloppe. Cela permet une meilleure nutrition sur le plan des acides aminés.

Les Indiens des grandes plaines ont récupéré cette utilisation du maïs à la Mésoamérique, sans toutefois atteindre le niveau de développement propre à cette zone avec l’architecture, les sciences, les arts, la production artisanale élaborée.

Chicomecoatl, déesse aztèque de la nourriture, de la fertilité et du maïs

Chicomecoatl, déesse aztèque de la nourriture, de la fertilité et du maïs

Les Mésoaméricains ont en fait systématisé la culture des Indiens des grandes plaines et l’ont développé sans commune mesure. Tout comme on trouve chez la tribu indienne des Lakotas un inipi, c’est-à-dire l’équivalent d’un sauna comme lieu de « purification », on trouve ainsi par exemple en Mésoamérique le temazcal, dont la fonction est similaire.

Les parallèles et prolongements sont réguliers, et on retrouve le même culte des hallucinations. Le niveau de développement de la Mésoamérique était cependant bien plus élevé que celui des Indiens des grandes plaines.

Alors que les Indiens des grandes plaines ou en général parvenaient avec grandes difficultés ou pas du tout à une confédération de tribus, en Mésoamérique cela devint une norme.

Cela permit l’émergence de regroupements massifs de populations fondant des villes. On parle ici des Aztèques, des Mayas, des Olmèques, des Toltèques, des Mixtèques, des Totonaques, de la civilisation de Teotihuacan, les Zapotèques, etc.

Tour à tour, ces confédérations triomphaient les unes des autres, sans parvenir toutefois à une unification générale. C’est là un paradoxe historique : les multiples mésoaméricains ont clairement les mêmes références mystico-religieuses, la même alimentation, la même esthétique malgré les nuances, le même jeu de balle, etc.

Marqueur maya de la fin du terrain de jeu de balle (wikipedia)

Marqueur maya de la fin du terrain de jeu de balle (wikipedia)

Cependant, les langues restent variées, les guerres internes permanentes, avec comme expression la plus marquée la norme des sacrifices humains systématisés. Il y a également une multitude de dieux, qui sont à mettre en parallèle avec le triomphe patriarcal : la dissolution de la gens permet à certains hommes d’apparaître comme des chefs, leur vie étant mythifiée.

Dans ce cadre, le culte des hallucinations des Indiens des grandes plaines a été systématisé. La prêtrise aztèque, dénommée tlamacazqui, utilisait des plantes hallucinogènes, des champignons hallucinogènes, avec notamment la plante Turbina corymbosa à la nature similaire au LSD et le champignon psilocybe. Le terme cérémoniel monanacahuia signifie littéralement se champignonner.

Les Mayas utilisaient également des glandes du crapaud buffle, le tabac, l’alcool, etc.

On est ici dans une véritable méthodologie des drogues, afin d’obtenir des hallucinations visuelles et une introspection mentale particulièrement puissante. Une des représentations du dieu « prince fleur » Xochipilli est tout à fait représentative de ce culte.

Xochipilli (wikipedia)

Xochipilli (wikipedia)

On a ici la solution à un problème fondamental. En effet, comme on le sait, la civilisation méso-américaine s’est effondrée comme un château de cartes en raison de la colonisation par quelques centaines de soldats espagnols partant à l’aventure. Le monothéisme catholique est alors devenu la norme, du jour au lendemain.

Cela signifie que les masses étaient prêtes pour le monothéisme, et elles le sont d’autant plus devenues en fait que les Espagnols ont amené des animaux de trait en Amérique, et avec ceux-ci les virus et les zoonoses qui y sont associés et contre lesquels les méso-américains n’avaient aucune immunité, et ont systématisé une domestication des animaux alors totalement rudimentaire.

Cela a révolutionné le mode de production en Mésoamérique, brisant le mode de production local et sa civilisation par un assaut culturel et biologique total, tout en unifiant au fur et à mesure tout le territoire.

Cela signifie que le monothéisme correspond au moment où le patriarcat l’emporte dans tous les domaines par la combinaison dialectique de l’agriculture et de la domestication des animaux.

On a le même phénomène plus au sud avec l’effondrement de l’empire inca. Celui-ci avait réussi la centralisation de tout un vaste territoire, à la différence de la situation en Mésoamérique. Mais les forces productives laissaient en place une dispersion religieuse malgré le culte forcé du soleil imposé par le pouvoir central.


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