par Tcheh Kium, de l’Université de Pékin – Publié dans Pékin Information n°15, 1974
Yuang Zhixian : Une exposition pour critiquez Lin Biao et Confucius - 1974

Yuang Zhixian : Une exposition pour critiquez Lin Biao et Confucius – 1974

La règle de conduite dite « se tenir dans le juste milieu » est une partie importante des idées de Confucius et de son école. Comme toutes les classes exploiteuses réactionnaires dans l’histoire, Lin Piao, cet arriviste bourgeois, conspirateur, contre-révolutionnaire à double face, renégat, traître à la nation, et son partisan fanatique Tchen Po-ta, prônaient avec zèle cette règle, la présentant comme « raisonnable », « dialectique », comme « une des grandes vertus de notre nation ».

Ils ont dit qu’elle « avait exercé une énorme influence » sur « le développement ultérieur de la philosophie dialectique de notre pays », que cette élucubration « était un très grand exploit de Confucius dans l’histoire de la philosophie chinoise », et ainsi de suite.

Mais, en fin de compte, à quel genre de philosophie appartient cette règle de conduite ? Quel rôle a-t-elle joué dans l’histoire chinoise ? Et quelles classes sert-elle réellement ? C’est là une question de principe de la plus haute importance à laquelle nous devons donner une nette réponse.

Confucius était l’initiateur de cette règle de conduite. Il disait que « le juste milieu (tchong yong) » est une « vertu » suprême, que « dépasser la mesure » ou « ne pas l’atteindre » revient au même, et qu’il est nécessaire de bien s’en tenir au centre (tchong). Et après, son petit-fils Tse Se et Mencius, disciple de ce dernier, ont encore développé cette doctrine.

Elle était liée étroitement à tout le système idéologique de Confucius. Une de ses idées cardinales était d’en revenir aux « rites de la dynastie des Tcheou » sans tolérer la moindre violation ni le moindre écart par rapport à ceux-ci. Telle était l’exigence de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu » que Confucius appelait la « vertu » suprême. En réalité, cela signifiait restaurer dans tous les domaines la hiérarchie des titres du système esclavagiste de la dynastie des Tcheou de l’Ouest.

Au point de vue philosophique, « se tenir dans le juste milieu » consiste à perpétuer l’ancienne unité des contraires d’une contradiction et l’ancienne stabilité qualitative d’une chose. Selon cette règle de conduite, il faut absolument s’opposer à ce que la limite donnée de la qualité première d’une chose soit dépassée (« par excès »), ou qu’elle ne soit pas atteinte (« par défaut »). Seul le tchong est parfait. Une fois qu’on s’y tient exactement, les choses ne peuvent aller à l’extrême et ainsi, l’ancienne stabilité qualitative des choses ne peut être détruite.

Il va de soi qu’une qualité déterminée a ses limites déterminées en deçà desquelles elle est capable de maintenir sa stabilité. Mais la règle de conduite dite « se tenir dans le juste milieu » considère ces limites comme inviolables, et l’ancienne stabilité qualitative d’une chose, comme absolue. Par là, elle considère les vieilles choses comme une force indomptable, sacrée et éternelle. « Le Ciel est immuable, immuable est le Tao [la vertu, les normes] », Il est évident qu’il s’agit là d’une conception à cent pour cent métaphysique.

En tant que conception de l’histoire, la règle de conduite en question considère comme absolues et sacrées l’ancienne forme économique et sociale et sa superstructure. Elle nie la transformation révolutionnaire de la société, son mouvement et sa progression, elle préconise les idées conservatrices, le retour au passé, la régression. Par conséquent, elle est, à égards, une philosophie conservatrice et réactionnaire.

La dialectique marxiste estime que l’unité des contraires est relative, tandis que la lutte entre eux est absolue. La stabilité de la qualité d’une chose est relative, tandis que le bond d’une chose, de l’ancienne qualité à une nouvelle, est absolu. L’immobilité d’une chose est relative et son mouvement, absolu. La dialectique admet la stabilité de la qualité d’une chose, mais elle s’oppose à ce qu’on la considère comme un état absolu. Selon la dialectique, si la lutte entre les aspects d’une contradiction se développe à un certain degré et dépasse une certaine limite, elle détruira immanquablement l’ancienne stabilité qualitative et la vieille unité des contraires, entraînant la transformation de la contradiction, la destruction de la vieille chose et l’apparition d’une nouvelle.

Comme Engels l’a dit :

« Au cours du développement, tout ce qui était auparavant réel devient irréel, perd sa nécessité, son droit à l’existence, son caractère rationnel ; à la réalité mourante se substitue une réalité nouvelle, viable. » (Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande).

Par conséquent, aux yeux des marxistes, l’évolution de l’histoire est un processus dans lequel les choses nouvelles (la nouvelles forme sociale et économique, les nouvelles forces de classes, les nouveaux personnages et les nouvelles idées) l’emportent toujours sur les choses décadentes (l’ancienne forme sociale et économique et sa superstructure). Le nouveau est invincible.

Le « remplacement de l’ancien par le nouveau. Telle est la loi générale et imprescriptible de l’univers. » (De la contradiction).

Il en ressort que « se tenir dans le juste milieu » est tout à fait incompatible avec la dialectique révolutionnaire. Par conséquent n’est-ce pas extrêmement absurde que présenter cette règle comme conforme à l’unité des contraires, comme un concept dialectique ?

Le président Mao a indiqué :

« Seules les classes dominantes réactionnaires d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que les métaphysiciens qui sont à leur service, considère les contraires non comme vivants, conditionnés, mobiles, se convertissant l’un en l’autre, mais comme pétrifiés, et ils propagent partout cette fausse conception pour égarer les masses populaires afin de perpétuer leur domination. » (De la contradiction).

Dans l’histoire de la Chine, tous les représentants des classes exploiteuses réactionnaires, à commencer par Confucius, ont prôné cette règle de conduite dans le seul but de défendre leur domination réactionnaire, les anciens systèmes, ordre et culture, et de s’opposer à la réforme, à la révolution, au mouvement et au progrès de la société.

Confucius vivait dans une période de transition de la société esclavagiste à la société féodale. C’était une époque marquée par d’énormes changements sociaux où le système esclavagiste marchait chaque jour davantage à son effondrement. Se tenant avec opiniâtreté sur la position réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste en décrépitude, Confucius a avancé la règle de conduite « se tenir dans le juste milieu », pour tenter de sauver le régime esclavagiste moribond et de s’opposer à la transformation de la société.

Il disait : « Le juste milieux » est vraiment une « vertu » suprême. Ce qui est regrettable, c’est que depuis longtemps déjà peu de gens la pratiquent. Et Tse Se d’ajouter : « Je me rends compte enfin que la « vertu » du « juste milieu » ne peut pas être pratiquée par les gens. » Tels étaient les gémissements plaintifs poussés par ces gens devant les grands bouleversements sociaux en cours et l’écroulement du régime esclavagiste.

A leurs yeux, la société où «les rites étaient tombés en désuétude et la musique en décadence» était en plein gâchis; le présent ne valait pas le passé; la génération présente ne valait pas la génération antérieure. Les insurrections d’esclaves se succédaient. Les forces montantes de la classe des propriétaires fonciers se développaient de jour en jour. Les soi-disant rites, normes du système esclavagiste, étaient sans cesse violés. Tout cela allait à l’encontre de la règle de conduite dit « se tenir dans le juste milieu ».

Prenons un exemple : dans l’Etat de Lou, trois familles, les maisons des Kisouen, des Mengsouen et des Chousouen, représentaient les forces montantes des propriétaires fonciers féodaux. Avec l’accroissement constant de leurs terres en propriété privée et l’élargissement de leur influence, elles empiétaient sur les intérêts du souverain de l’Etat de Lou, qui représentait la domination de l’aristocratie esclavagiste.

Confucius estimait que ces trois famille allaient trop loin. En effet, seul le souverain d’un Etat pouvait établir une capitale ; cependant, les trois familles étaient allées jusqu’à en faire chacune autant. Comment tolérer ça ? C’est pourquoi Confucius poussait des gens à aller détruire les deux citadelles construites par les Kisouen et les Chousouen.

De plus, seul le souverain pouvait faire exécuter devant lui une danse avec 64 personnes ; cependant les Kisouen en firent exécuter de semblables dans leur temple ancestral. Poussé à bout, Confucius dit avec indignation : « Si l’on tolérait un tel abus, que ne pourrait-on pas tolérer ? » C’est pourquoi Confucius avança : « respecter la hiérarchie des titres ». « Le roi doit rester un roi, le ministre un ministre, le père un père et le fils un fils », tel était le code du système esclavagiste que l’on devait observer strictement, et auquel, d’après « les rites des Tcheou », on ne devait manquer ni par excès, ni par défaut.

Confucius dit plus d’une fois qu’il fallait « agir selon les rites », et ne pas aller au-delà ni en deçà de ces rites. Aller à l’encontre des « rites », cela signifiait ne pas se conformer au tchong. Et cela, on ne pouvait le permettre. L’essence de la règle de conduite dite « se tenir dans le juste milieu », c’était protéger la hiérarchie de l’ancien régime esclavagiste, en la considérant comme sacrée et éternelle.

Citons un autre exemple : Fan Siuan-tse1, de l’Etat de Tsin, élabora une loi et en fit graver les articles sur un tripode. Confucius estimait que cela pousserait les esclaves à ne pas respecter les aristocrates et entrainerait la fin de ces derniers. Il disait donc en soupirant : « L’Etat de Tsin va probablement s’éteindre, car il a perdu son « critère ».»

Par « critère », Confucius entendait les « rites » − le code du système de l’aristocratie esclavagiste. Sans « critère », la règle de conduite « se tenir dans le juste milieu » serait détruite. C’est pourquoi Confucius prêchait « se modérer et en revenir aux rites » et « ne pas regarder ni écouter ni dire ni faire ce qui va à l’encontre des rites ». Il voulait que chacun se conforme strictement, en actes et en paroles, aux règles du système moribond de l’aristocratie esclavagiste.

Tse Se, lui aussi, prônait que le peuple devait se résigner à son sort, et qu’il ne devait ni offenser ses supérieurs, ni provoquer des troubles, ni violer le code et l’ordre existant, ni aller à l’encontre des « normes » du système de l’aristocratie esclavagiste.

Il disait : « L’homme supérieur se tient dans le « juste milieu » et le menu peuple s’y oppose. » Par « hommes supérieurs », il entendait les aristocrates propriétaires d’esclaves sur le déclin, car ils s’en tenaient aux « rites des Tcheou » qui défendaient la hiérarchie du régime esclavagiste. Naturellement, leurs actes étaient conformes à la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu ».

Par « menu peuple », il entendait les esclaves rebelles et les nouvelles forces montantes du féodalisme qui « offensaient leurs supérieurs » et « provoquaient des troubles ». Ils violaient les « rites des Tcheou » du système esclavagiste prêchant la hiérarchie des titres ; leurs actes étaient donc contraires à cette règle de conduite.

Tse Se s’en prit à ces gens, prétendant que « bien qu’ignorants, ils se croient capables ; bien qu’inférieurs, ils veulent le pouvoir ». Avec ce « menu peuple », il n’y avait qu’une chose à faire : le réprimer sans pitié par la violence. Les esclaves de l’Etat de Tcheng organisèrent alors une insurrection de grande envergure. Les propriétaires d’esclaves la réprimèrent sauvagement, massacrant tous les esclaves insurgés. Confucius ne cacha pas son enthousiasme et dit : « Que c’est merveilleux ! Quand les esclaves sont traités avec trop de douceur, ils se révolteront ; on doit écraser sans merci les rébellions comme celle-ci ! »

Confucius lui-même fit exécuter Chaotcheng Mao qui préconisait des réformes. Pour le système de l’aristocratie esclavagiste, celui-ci représentait une grave menace. Confucius dit : « Ce capitaine des petites gens doit être tué. » Cette exécution était justement destinée à maintenir le système esclavagiste ; ce qui répondait aux besoins de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu ».

Tous ces faits nous permettent de constater que cette règle de conduite était effectivement une arme idéologique utilisée par l’aristocratie esclavagiste déclinante pour défendre l’ancien système et s’opposer à la réforme sociale.

Après Confucius et Mencius, les néo-confucianistes idéalistes2 de la dynastie des Song (960-1279), représentés par Tcheng Hao3, son frère Tcheng Yi et Tchou Hsi 4, portaient, eux aussi, une grande attention à la propagande de cette règle de conduite.

La lutte de classes était alors très aiguë et les insurrections paysannes éclataient les unes après les autres. Certains avancèrent des slogans, tels que « égalité des nobles et des roturiers » et « égalisation des conditions entre riches et pauvres », ébranlant la domination de la hiérarchie féodale.

En même temps, des réformistes comme Wang An-che5 faisaient leur apparition dans les rangs des classes dominantes. Soutenant que la société évolue et se transforme, Wang An-che préconisait la réforme et s’opposait à la restauration de l’ancien ordre. Il disait : « Il ne faut pas avoir peur des changements sociaux, ni suivre les anciens, ni accorder trop d’importance aux paroles d’autrui. » Cela revêtait à l’époque une certaine signification progressiste.

Dans ces circonstances, les néo-confucianistes idéalistes insistaient sur l’importance de « se tenir dans le juste milieu », disant que « l’absence d’écart est appelée tchong ; l’absence de changement, appelée yong. Tchong est la voie correcte suivie par tout le monde ; yang est le principe fixe gouvernant tout le peuple ».

La soi-disant « absence d’écart » signifie qu’il ne faut pas s’écarter du système hiérarchique féodal ; la soi-disant « absence de changement » signifie qu’on n’y peut rien changer.

Par le biais de cette règle de conduite, ils tentaient de consacrer la hiérarchie féodale et de préparer l’opinion publique à la répression des insurrections paysannes. S’opposant aux mots d’ordre des soulèvements paysans tels que « égalité des nobles et des roturiers » et « égalisation des conditions entre riches et pauvres », ils clamaient que l’ordre hiérarchique entre supérieurs et inférieurs ne pouvait pas être détruit et que, puisqu’il incarnait « l’ordre divin », comment pouvait-on aller contre sa volonté ?

Ils cherchaient à convaincre les masses populaires qu’elles devaient se résigner à leur sort et qu’elles ne devaient se laisser aller à aucun excès, afin de sauver l’ordre et les règles de la hiérarchie féodale.

Utilisant également la règle de conduite dite « se tenir dans le juste milieu » pour s’opposer à la réforme de Wang An-che, ils reprochaient aux mesures adoptées par ce dernier de « nuire aux nobles en dressant contre eux les inférieurs », de « nuire aux idées orthodoxes en recourant aux hérésies ».

A leurs yeux, tout changement dans le système et l’ordre anciens, si minime soit-il, menacerait l’existence de la hiérarchie féodale et était donc inadmissible ! De toute évidence, la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu », chez les néo-confucianistes représentés par les frères Tcheng et Tchou Hsi, était aussi une arme idéologique réactionnaire pour combattre la réforme et la révolution.

Il est à noter que, pendant la longue période de la société féodale, les dominateurs féodaux eurent recours à cette règle et l’adaptèrent constamment. A l’origine, l’accent fut mis sur le caractère absolu des limites et de la définition qualitatives des choses (chez Confucius, c’étaient les « rites » − code de la hiérarchie du régime esclavagiste) pour s’opposer au bond qualitatif, au changement révolutionnaire, au mouvement et au progrès de la société. Et plus tard, dans le même but, l’accent fut mis sur un autre aspect, c’est-à-dire la conciliation des aspects opposés d’une contradiction, l’éclectisme et la négation de la lutte entre ces aspects.

Ces adaptations commencèrent à voir le jour sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220). Prenons un exemple : Dans les notes qu’il rédigea sur Louen Yu et Tchong Yong, Tcheng Hsiuan6, de la dynastie des Han de l’Est (25-220), interprétait le juste milieu comme la conciliation des contraires. Il disait : « Le juste milieu est l’application de la conciliation des contraires. »

Dans ses notes sur le Tchong Yong, Tchou Hsi, de la dynastie des Song, soulignait : Le juste milieu comportait la conciliation des aspects opposés d’une contradiction et l’éclectisme en ce domaine, par exemple : « sans aucun écart ni aucun changement », « prendre les deux extrémités pour trouver le milieu », « accepter ce qui est déraisonnable sans s’en venger », etc. En fin de compte, tout cela avait pour but d’adapter cette règle de conduite aux besoins de la base économique de la société féodale.

Au fur et à mesure de l’exacerbation constante de la contradiction entre les propriétaires fonciers et les paysans, contradiction fondamentale de la société féodale, et, en particulier, après les grandes insurrections paysannes déclenchées à la fin de la dynastie des Ts’in7 et à la fin des dynasties des Han de l’Ouest et de l’Est 8, la classe dominante féodale se rendait compte que, outre la nécessité de souligner la nature sacrée et inviolable de la hiérarchie féodale, il était nécessaire de prôner la conciliation des classes et de nier directement la lutte de classe engagée par le peuple opprimé, dans le but de consolider sa domination et son exploitation des paysans. Voilà la raison pour laquelle ils ont adapté la règle de conduite en question et l’ont semée à tous vents.

Tchiang Kaï-chek accordait lui aussi une attention particulière à cette règle. Durant la Guerre civile de dix années (1927-37), il livra, d’une part, sur le plan militaire, des campagnes d’encerclement et d’anéantissement contre-révolutionnaires contre les forces révolutionnaires populaires dirigées par le Parti communiste chinois, et d’autre part, il colporta sans retenue cette règle de conduite, en disant qu’elle était « la philosophie de la vie la plus subtile et la plus pratique », « une excellente philosophie morale et politique» et «un principe immuable ».

Il faisait ces sermons éculés pour défendre le système social semi-féodal et semi-colonial et la dictature fasciste des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie compradore, annihiler la volonté révolutionnaire des masses populaires, leur lier poings et pieds et prévenir leurs révoltes révolutionnaires.

Il voulait, en d’autres termes, que « chacun suive sa nature et que chacun reste à la place qui lui convient de sorte qu’il n’y ait pas de conflits ». Tout cela visait à maintenir en Chine la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique. Lancer sur le plan militaire des campagnes d’encerclement et d’anéantissement et prêcher à cor et à cri la doctrine de Confucius et de Mencius, telle était la double tactique de Tchiang Kaï-chek pour réprimer la révolution.

Durant la période du socialisme, « se tenir dans le juste milieu » est devenu une arme idéologique aux mains des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie dans leur opposition à la révolution. Au cours de cette période historique, la lutte est très aiguë sur ces questions : préconiser la réforme ou le conservatisme ? faire la révolution ou pratiquer le retour au passé ? avancer ou reculer ?

Sur le plan philosophique, cela trouve son reflet dans une lutte très violente entre la dialectique et la métaphysique. Utilisant la loi marxiste-léniniste de l’unité des contraires pour analyser la société socialiste, le président Mao a formulé la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et défini pour notre Parti une ligne fondamentale valable pour toute la période historique du socialisme.

Pour défendre les intérêts politiques et économiques de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses déclinantes et moribondes, et réaliser leurs complots criminels visant à renverser la dictature du prolétariat et à restaurer le capitalisme, Liou Chao-chi, Lin Piao et d’autres chefs de file de la ligne révisionniste, comme les classes réactionnaires de l’histoire, se sont servis de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu » comme d’une importante arme idéologique pour s’opposer à la révolution prolétarienne, à la dictature du prolétariat et à la poursuite de la révolution sous cette dictature ainsi qu’à la ligne fondamentale du Parti pour toute la période historique du socialisme.

Dans son article sinistre intitulé « Pourquoi les gens commettent-ils des erreurs ? » écrit pendant la période de la révolution démocratique, Liou Chao-chi a fait grand tapage autour de « l’excès comme l’insuffisance est un défaut », et considéré comme son dogme philosophique la règle de conduite confucéenne : « se tenir dans le juste milieu ».

Lorsqu’à la lumière de la ligne générale du Parti pour la période de transition, nous procédions à la transformation socialiste du système de propriété et dans d’autres domaines, Liou Chao-chi s’empressa d’avancer le slogan dit « lutter pour consolider le système de démocratie nouvelle », s’opposant ainsi à la transformation de la propriété. Il prétendit que « le socialisme était un problème à poser dans l’avenir, mais qu’à l’heure actuelle il était trop tôt pour le poser », et que « réaliser de manière prématurée le passage à la propriété d’Etat et à la propriété collective allait à l’encontre des intérêts de la majorité du peuple et du progrès ».

Il s’opposait également à la réforme dans le domaine culturel, disant que « dans la réforme théâtrale, on ne devait ni tomber dans ce travers qu’on appelle la précipitation, ni commettre d’excès », et que « l’on ne devait entreprendre cette réforme trop tôt, et encore moins de façon à s’écarter complètement de l’original ».

Tous ces propos reviennent en fait à interdire la réforme, le changement qualitatif et le progrès ; en d’autres termes, c’était recourir à la règle de conduite dite « se tenir dans le juste milieu » pour s’opposer à la ligne générale du Parti pour la période de transition et à la transformation socialiste, dans le but de perpétuer le capitalisme dans les villes comme dans les campagnes.

Lorsqu’en 1958, à la lumière de la ligne générale du Parti pour l’édification du socialisme, tout le peuple du pays eut réalisé un Grand Bond en avant, Liou Chao-chi et Lin Piao, nourrissant une haine implacable à cet égard, se sont répandus en invectives.

Celui-là attaqua le Grand Bond en avant en le taxant de « fou », d’« outrancier » et de « véritable gâchis » ; celui-ci vilipenda la ligne générale du Parti, le Grand Bond en avant et la commune populaire en disant que tout cela était du « gauchisme », « des affaires menées à perte » et « de purs produits de la fantaisie ».

Ils se prononcèrent pour « un recul suffisant tant dans l’industrie que dans l’agriculture, y compris la fixation des normes de production sur la base de la famille et la production individuelle ».

Ils tentaient d’utiliser la philosophie réactionnaire telle que « l’excès comme l’insuffisance est un défaut », « se tenir dans le juste milieu », pour contrecarrer la ligne générale du Parti − édifier le socialisme selon les principes : déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie − s’opposer au Grand Bond en avant de l’édification du socialisme, et préparer sur une large échelle l’opinion publique à leur tentative contre-révolutionnaire visant à restaurer le capitalisme et à faire tourner à rebours la roue de l’histoire.

La lutte est devenue plus acharnée encore au cours de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, qui est menée à la lumière de la ligne fondamentale du Parti pour toute la période historique du socialisme et constitue une grande pratique de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat. Cette révolution a porté un rude coup aux impérialistes, aux révisionnistes et aux réactionnaires sur le plan international, aux forces réactionnaires des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie à l’intérieur du pays, ainsi qu’aux vieilles idées, à la vieille culture, et aux vieux us et coutumes des classes exploiteuses. D’innombrables nouvelles choses socialistes ont fait leur apparition au cours de cette révolution. Ce sont là de très profonds changements sociaux.

Comme tous les autres représentants des classes exploiteuses, Lin Piao nourrissait une haine implacable contre cette révolution. Il a prêché à cor et à cri que « se tenir dans le juste milieu » était « raisonnable » ; il a perfidement attaqué la Grande Révolution culturelle et les nouvelles choses surgies dans cette révolution, présenté sous un jour sombre l’excellente situation et répandu l’ineptie réactionnaire selon laquelle le présent ne valait pas le passé.

Il a fait de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu » un pilier théorique pour déclencher un coup d’Etat contre-révolutionnaire et un retour offensif contre le prolétariat et la Grande Révolution culturelle prolétarienne. Par là on peut constater que cette règle de conduite est devenue, durant la période socialiste, une arme idéologique réactionnaire utilisée par les réactionnaires bourgeois pour s’opposer à la ligne fondamentale du Parti, à la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et pour restaurer le capitalisme.

Mais la loi objective du développement de l’histoire est indépendante de la volonté des renégats et traîtres à la nation comme Liou Chao-chi et Lin Piao. La philosophie réactionnaire de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu », ne peut arrêter le progrès de l’histoire. Des bonds révolutionnaires se sont produits les uns après les autres, tandis que cette philosophie réactionnaire a subi échec sur échec.

Comme notre grand guide, le président Mao, l’a affirmé :

« presque partout des opportunistes cherchent à endiguer le courant, mais sans jamais y parvenir ; partout, le socialisme progresse victorieusement, laissant derrière lui tous les obstacles dressés sur son chemin ».

Bien sûr, la chute de Liou Chao-chi et de Lin Piao ne signifie pas la fin de la lutte. La lutte entre réforme et conservatisme, la révolution et la restauration, le progrès et la régression existera encore pendant longtemps dans toute la période historique du socialisme. Les forces réactionnaires bourgeoises cherchent toujours à pratiquer le retour au passé et à faire machine arrière.

Nous devons donc tenir bon devant le courant du conservatisme, de la restauration et de la régression. Utilisant le marxisme, le léninisme, la pensée-maotsétoung comme arme acérée, nous devons critiquer à fond la règle de conduite en question, stigmatiser radicalement les idées réactionnaires de Confucius et les idées glorifiant celui-ci et dénigrant l’école légaliste, et mener jusqu’au bout la révolution socialiste dans le domaine de la superstructure.

Le président Mao a dit en 1956 :

« Les choses se développent sans cesse. Quarante-cinq ans seulement se sont écoulés depuis la Révolution de 1911, et aujourd’hui l’aspect de la Chine est totalement différent. Encore quarante-cinq ans, et en l’an 2001, qui marquera l’entrée dans le XXIe siècle, la Chine aura vu de nouveaux et plus importants changements. » (« A la mémoire du Dr Sun Yat-sen »)

Il a encore dit en 1962 :

« L’époque dans laquelle nous entrons et qui s’étendra sur une cinquantaine, voire sur une centaine d’années, sera une grande époque. Elle verra un changement radical du système social à l’échelle mondiale ; ce sera une époque de grands bouleversements, une « époque sans pareille dans l’histoire. »

Nous sommes contre le conservatisme, le retour au passé et la régression. Nous préconisons la réforme, la révolution et le progrès social. Nous sommes profondément convaincus qu’aucune force ne peut empêcher la marche en avant de la roue de l’histoire.

  1. Fan Siuan-tse était chargé des affaires d’Etat dans le royaume de Tsin, un Etat esclavagiste de l’époque de Tchouen-tsieou, dans le Sud de la province du Chansi d’aujourd’hui.
  2. Néo-confucianisme : Philosophie idéaliste fondée par les frères Tcheng Hao et Tcheng Yi et développée par Tchou Hsi. C’était la philosophie officielle reflétant les intérêts des classes dominantes féodales à la fin de l’époque féodale en Chine. Cette philosophie présente la «raison» comme une constitution éternelle de l’univers et l’origine de toutes choses. Elle était une continuation du concept de la « volonté du Ciel ».
  3. Tcheng Hao (1032-1085) (alias Tcheng Po-tchouen) et Tcheng Yi (1033-1107) (alias Tcheng Tcheng-chou) étaient originaires du Honan. Sur le plan politique, ils appartenaient à l’école conservatrice et s’opposaient à la réforme. Sur le plan philosophique, ils préconisaient le rationalisme idéaliste. Leurs œuvres, dont Yi Chou (Ecrits laissés) et Wen Tsi (Recueil de textes), ont été rassemblées dans une série de livres intitulée Œuvres des deux Tcheng.
  4. Tchou Hsi (1130-1200), représentant de l’école confucéenne de la dynastie des Song du Sud, est le philosophe idéaliste qui a exercé l’influence la plus considérable à l’époque féodale après Confucius et Mencius. Il estima que tout dans l’univers et l’ordre féodal était régi par la « raison » préexistant à toutes les choses. Il considérait « les trois règles de conduite principales et les cinq vertus constantes », qui protégeaient l’ordre de la domination féodale, comme la « raison du Ciel », éternelle et immuable. Et il considérait toutes les aspirations et revendications contraires à l’ordre de la domination féodale comme de basses « passions humaines ». Il formula un point de vue réactionnaire dit « maintenir la raison du Ciel et éliminer les passions humaines » afin de jeter un fondement aux. absurdités répandues par les classes dominantes féodales telles que «on a raison d’exploiter et d’opprimer». La Collection des Annotations pour les Quatre Livres compilée par lui fut désignée par les dominateurs féodaux ultérieurs comme un manuel dont la lecture est obligatoire.
  5. Wang An-che (1019-1086) était un homme d’Etat, un idéologue et un écrivain relativement progressiste de la classe des propriétaires fonciers. Il assuma deux fois les fonctions de premier ministre sous la dynastie des Song. Et il préconisait la réforme dans le domaine politique, mettait en application les nouvelles lois et restreignait les privilèges des gros bureaucrates et des gros propriétaires fonciers.
  6. Tcheng Hsiuan (127-200), alias Tcheng Kang-tcheng, était originaire du Chantong. Il expliquait et interprétait activement les canons confucéens et dans l’étude desquels il devint un savant distingué sous la dynastie des Han.
  7. La grande insurrection paysanne de la fin de la dynastie des Ts’in fut le premier grand soulèvement paysan de l’histoire chinoise. En 209 avant J.-C. − la première année du règne de Ts’in Eul Che −, Tchen Cheng et Wou Kouang, à la tête de 900 conscrits, se rendaient à un poste frontière pour y tenir garnison ; ils s’insurgèrent contre la tyrannie de la dynastie des Ts’in dans le district de Kihsien (aujourd’hui district de Souhsien, province de l’Anhouei). Leur lutte eut un grand écho partout dans le pays. Hsiang Yu et son oncle Hsiang Liang déclenchèrent une insurrection armée à Wou (maintenant district de Wouhsien, au Kiangsou) et Lieou Pang dirigea un soulèvement à Pei (aujourd’hui district de Peihsien, au Kiangsou). L’armée de Hsiang Yu anéantit les forces principales des Ts’in, et les troupes de Lieou Pang occupèrent avant elle la région de Kouantchong et la capitale de la dynastie des Ts’in. Une lutte s’engagea alors entre Lieou Fang et Hsiang Yu qui fut vaincu et se suicida. Lieou Fang devint empereur et fonda la dynastie des Han.
  8. A la fin de la dynastie des Han de l’Ouest, l’agitation et les insurrections paysannes ne cessaient pas. En l’an 8, Wang Mang renversa la dynastie régnante, monta sur le trône et introduisit des réformes pour apaiser l’agitation paysanne. Une grave famine sévissait alors dans le Sud. Wang Kouang et Wang Feng, originaires de Sinche (aujourd’hui district de Kingchan, province du Houpei) furent élus dirigeants par les paysans affamés et se révoltèrent. Peu après, ces forces armées paysannes arrivèrent à Nanyang et furent nommées « Armée de Sinche ». Tchen Mou, originaire de Pinglin (aujourd’hui dans le Nord-Est du district de Soueihsien, province du Houpei) dirigea plus de 1000 insurgés, et leurs forces armées furent nommées « Armées de Pinglin ».

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