La prise du pouvoir d’Alexander Dubček se déroula dans un moment de tension extrême, en décembre 1967 – janvier 1968. Antonín Novotný essaya en effet de parer à l’offensive slovaque.

Le responsable du Parti Communiste de Tchécoslovaquie (PCT) auprès de l’armée, Jan Šejna, organisa en décembre des manœuvres militaires dans la région de la rivière de la Vltava, débordant jusqu’en janvier avec un corps de chars atteignant Prague. Miloslav Mamula, responsable de l’administration d’État, organisa une vague d’arrestations dans les rangs d’intellectuels.

Le climat était délétère, avec parallèlement à Prague une répression d’un mouvement étudiant né d’une lutte contre les conditions insalubres de leur résidence, à la fin de l’année 1967.

Cependant, le général Václav Prchlík, responsable de l’administration politique principale de l’armée, mobilisa pour contrer les opérations de Jan Šejna. Ce dernier fit ensuite défection à l’Ouest, alors que le commandant du corps de char se suicida en mars 1968.

A la session de la fin décembre 1967, Antonín Novotný avait perdu la majorité au présidium du Comité Central ; la session de début janvier 1968 annonce qu’en raison de manquements dans la méthode et le style de travail dans le cadre de la direction et celui du centralisme démocratique, le poste de président est dissocié de celui de premier secrétaire.

Antonín Novotný

Antonín Novotný

Antonín Novotný fut alors mis de côté comme président, Alexander Dubček devenant à l’unanimité premier secrétaire du PCT. Le présidium du Comité Central accueillit quatre nouveaux membres :

– Emil Rigo, un fervent partisan de l’autonomie slovaque et un soutien de la réforme seulement dans ce cadre (il finira par soutenir par la suite l’URSS) ;

– Jan Piller, un proche d’Antonín Novotný ;

– Josef Špaček, l’un des plus proches collaborateurs d’Alexander Dubček ;

– Josef Borůvka, un partisan d’Alexander Dubček.

Deux mois plus tard, fin mars 1968, Antonín Novotný fut forcé à démissionner de son poste de président du pays.

Entre-temps, le programme économique, mis en place par le ministre des finances Bohumil Sucharda (en place depuis un an) et annoncé le 10 janvier 1968, prévoyait 44,6 % du budget pour la consommation de biens, la culture et le social et 44,2 % pour les investissements industriels. De larges achats de produits technologiques à l’Ouest étaient prévus.

Une intense campagne fut menée en Slovaquie pour annoncer la formation d’un nouveau type de régime, où la Slovaquie ne serait plus lésée. Le quotidien du PCT le Rudé právo publia le 30 janvier 1968 une lettre ouverte de 175 personnalités à Alexander Dubček exigeant le libéralisme dans les rangs du PCT.

Une décision du présidium du Comité Central du 4 mars 1968 bouleversa la censure. Un article du 8 mars du quotidien du PCT le Rudé právo appelle à une loi pour soutenir la mise en place d’artisans et de commerçants d’un secteur privé.

Le 11 mars 1968, l’idéologie du Parti Communiste Slovaque, Michal Pecho, appela au désarmement des services secrets et appela les émigrés à revenir. Le lendemain, le dirigeant des syndicats Miroslav Pastyrik démissionna avec toute son équipe.

Alexander Dubček

Alexander Dubček

Les 13 et 14 mars sont célébrés en même temps Tomáš Masaryk et Klement Gottwald, c’est-à-dire les deux grands représentants respectivement de la Tchécoslovaquie bourgeoise et de la Tchécoslovaquie communiste. Le second jour, le présidium du Comité Central du PCT salue le succès de conférences à tous les niveaux dans ses rangs, permettant un grand renouvellement.

Le 15 mars, les cadres du PCT responsables de la censure appelle à son abolition. Le même jour, l’organe de jeunesse, le Mladi Svet, appelle à la réhabilitation de Rudolf Slánský, principale figure contre-révolutionnaire tombée lors de la purge de 1952. Le même jour, le ministre de l’intérieur Josef Kudrna et le procureur Jan Bartuska sont démis de leurs fonctions.

Le 16 mars 1968, à l’occasion d’une conférence à Brno, Alexander Dubček exprime sa satisfaction devant les grands changements dans toute la vie du PCT et souligne l’importance de la séparation de la vie du PCT et de celle de l’État.


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