La Russie est une terre de prédilection pour la musique classique. Mikhail Glinka (1804-1857) fut celui qui ouvrit la perspective spécifiquement russe, ce qui permit l’émergence d’une première vague, consistant en le « groupe des cinq » – l’expression est du critique d’art Vladimir Stassov, qu’on retrouve également en rapport avec la peinture réaliste des « ambulants ».

Voici un extrait de Rouslan et Ludmila, datant de 1837-1842, de Mikhail Glinka avec une Anna Netrebko divine, en 1995 au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg (qui fut auparavant, à partir de 1935, le Kirov de Leningrad).

Le groupe des cinq fut composé de :

– Alexandre Borodine (1833-1887),

– César Cui (1835-1918),

– Mili Balakirev (1837-1910),

– Modeste Moussorgski (1839-1881),

– Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908).

César Cui rédigea leur manifeste, tout à fait dans l’esprit romantique-national :

1. La nouvelle école veut que la musique dramatique ait une valeur propre de musique absolue, indépendamment du texte qu’elle accompagne. Un des traits caractéristiques de cette école est de s’insurger contre la vulgarité et la banalité.

2. La musique vocale, au théâtre, doit se trouver en parfait accord avec la signification du texte chanté.

3. Les formes de la musique lyrique ne sont nullement déterminées par les moules traditionnels de la routine : elles doivent naître librement, spontanément, de la situation dramatique et des exigences particulières du texte.

4. Il est essentiel, fondamental, de traduire musicalement et avec un maximum de relief le caractère et le type des divers personnages. Ne jamais commettre d’anachronisme dans les œuvres de caractère historique. Restituer fidèlement la couleur locale.

Très proche du groupe des cinq et de fait leur prédécesseur direct, Alexandre Dargomyjski (1813-1869) avait initialement mis l’accent sur la dimension nationale et sur le réalisme des œuvres ; la grande figure musicale qui prolongera cette lancée est Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), dont Le lac des cygnes est mondialement connu.

Cette première vague, portée par l’élan démocratique, fut suivie d’une seconde vague qui, elle, fut largement travaillée au corps par tout une tendance à un intimisme pessimiste.


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