Tiré de : Étudions l’économie politique, Shanghai, 1975

La maladie incurable du capitalisme
La crise économique

Si la contradiction fondamentale du capitalisme mène forcément à la crise économique, c’est également parce qu’elle se traduit toujours par une contradiction entre le caractère organisé de la production dans les usines prises séparément et l’état anarchique de l’ensemble de la production.

La socialisation de la production resserre les relations et la dépendance mutuelle entre les différentes branches de production et entre les différentes entreprises. Par exemple : le coton nécessaire à une usine textile est fourni par le secteur agricole, ses machines par l’industrie mécanique. C’est pourquoi, pour une période donnée, la quantité de coton, de tissu et de machines nécessaires à la production sociale devra être fixée à l’aide d’un plan et d’une organisation unifiée, afin que la reproduction sociale puisse être menée à bien.

Cependant, lorsque les moyens de production sont la propriété privée des capitalistes, toute la société est divisée en d’innombrables entreprises capitalistes qui s’organisent indépendamment les unes des autres. Si nous considérons le problème au niveau de l’entreprise, les ouvriers sont sous les ordres d’un même capital, et la production à l’intérieur de cette entreprise est organisée. Mais si nous considérons le problème au niveau de toute la société, on constate que la nature et la quantité de la production sont l’affaire personnelle des capitalistes des différentes entreprises, personne n’a droit de regard sur son voisin.

Aussi toute la production sociale se déroulent elle dans un état d’anarchie. Etant donné le caractère aveugle de l’ensemble de la production sociale, chaque capitaliste en particulier est incapable d’appréhender la véritable demande de la société pour telle ou telle marchandise. S’il y a le moindre profit à l’horizon, les capitalistes entrent en concurrence et cherchent à élargir la production. En même temps, une demande illusoire peut apparaître comme le résultat des activités marchandes capitalistes, ce qui masque le véritable pouvoir d’achat dans la société.

En réalité, à ce stade, la production dépasse déjà le niveau du pouvoir d’achat des masses. Mais tant que sur le marché, la tendance à l’augmentation des prix ne s’est pas encore renversée, le capitaliste commerçant continue à passer commande auprès du capitaliste industriel, tandis que le capitaliste financier augmente le crédit au commerçant et à l’industriel. Il vient ainsi en aide à l’élargissement aveugle de la production par l’industriel, ce qui provoque une fausse prospérité sur le marché.

Cette fausse prospérité camoufle la surproduction qui existe et se développe de fait, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus être cachée et éclate au grand jour. Alors c’est l’avalanche, la surproduction se traduit par une crise économique. On peut donc voir que l’origine de la crise économique est le système capitaliste lui-même et la contradiction fondamentale, qui lui est inhérente, entre le caractère social de la production et le caractère privé du système de propriété.

Tant que subsiste le capitalisme, il y a nécessairement des crises économiques. Pour les faire disparaître, il faut faire disparaître le système capitaliste. La théorie marxiste des crises économiques a coupé court aux absurdités invoquées par la bourgeoisie pour masquer les crises Les thèses scientifiques marxistes sur les crises économiques du capitalisme suscitent frayeur et hostilité chez la bourgeoisie et ses défenseurs, qui s’efforcent de déformer la réalité par des mensonges en tous genres. Ils visent à présenter la crise comme n’ayant aucun rapport avec le capitalisme, afin de duper le peuple travailleur et de protéger ainsi ce système d’exploitation.

Certains, par exemple, présentent la crise comme une « insuffisance de la consommation », et en conséquence, ils proposent des méthodes de « stimulation de la consommation» pour mettre un terme à la crise. En fait, cette insuffisance de consommation de la part du peuple travailleur est antérieure à l’apparition du capitalisme, elle existe depuis que la société humaine s’est scindée en deux classes, les exploiteurs et les exploités ; mais la crise économique de surproduction n’intervient, elle, qu’avec la société capitaliste.

On voit donc qu’il n’est pas possible d’expliquer les crises économiques à partir d’une « insuffisance de la consommation ». Après la deuxième guerre mondiale, la militarisation des économies nationales créa pour un temps une fausse prospérité dans certains pays capitalistes. Les défenseurs de la bourgeoisie semblaient avoir trouvé le brin d’herbe qui sauve in extremis de la noyade et ils déliraient en ces termes : « Ceux qui croient que les pays capitalistes vont sombrer irrémédiablement dans le marasme économique, se trompent. »

Ils pensaient que l’État capitaliste intervenant de plus en plus dans l’économie nationale, de prétendus « mécanismes automatiques de régulation » étaient apparus et que ces mécanismes tendraient, dans une certaine mesure, à « stabiliser automatiquement » le développement de l’économie capitaliste. Cet argument est tout aussi fallacieux que le précédent. Nous savons en effet que l’appareil d’État capitaliste est au service de la bourgeoisie. Que l’État bourgeois militarise son économie nationale ou qu’il régularise la vie économique, chaque mesure qu’il adopte intensifie l’exploitation du peuple travailleur et enrichit les capitalistes.

Lénine disait : « L’Amérique comme l’Allemagne « réglementent la vie économique » de façon à créer un bagne militaire pour les ouvriers (et en partie pour les paysans), et un paradis pour les banquiers et les capitalistes. Leur réglementation consiste à « serrer la vis » aux ouvriers jusqu’à la famine et à assurer aux capitalistes (en secret, à la manière bureaucratique réactionnaire) des profits supérieurs à ceux d’avant-guerre. » (Lénine)

De fait, lorsque l’État bourgeois régularise la vie économique, il ne parvient même pas à ce que l’économie capitaliste « se stabilise automatiquement » ; c’est le contraire qui se passe, tandis que la bourgeoisie récolte des profits scandaleux, le peuple travailleur s’appauvrit davantage encore, le marché tend à se réduire, la contradiction fondamentale du capitalisme s’exacerbe, et la crise économique s’aggrave.

La tendance à l’aggravation de la crise économique du capitalisme

Les crises économiques du capitalisme éclatent de façon cyclique Tant que subsiste l’économie capitaliste, sa contradiction fondamentale est à l’œuvre. Le problème n’est pas que la crise économique éclate une ou deux fois, mais bien qu’elle ressurgît souvent et de façon périodique.

Historiquement, la première grande crise économique remonte à 1825 en Angleterre. Elle recommença en 1836, 1847, 1857, 1867, successivement, en moyenne tous les dix ans. Par la suite, elle ressurgit systématiquement et s’aggrava même de plus en plus. Le cycle d’une crise économique est la période entre deux crises successives.

Il y a généralement quatre étapes : la crise, la dépression, la reprise, l’expansion. La crise est l’étape fondamentale du cycle, elle est le point final d’un cycle et le point de départ du cycle suivant.

1) La crise : la crise intervient le plus souvent de façon soudaine. Avant qu’elle se déclare, il y a sur le marché une fausse prospérité, toutes les branches de l’industrie et du commerce sont « florissantes ». La production a déjà dépassé les besoins réels, mais comme le crédit et la spéculation sont très intenses, les usines continuent encore à tourner au maximum et produisent pour les entrepôts et les commandes.

Soudain, un maillon de la chaîne lâche, c’est la crise. Dès que la surproduction dans une branche donnée apparaît, l’écoulement des marchandises devient problématique, très vite, d’autres branches sont touchées, entraînant des réactions en chaîne.

Supposons qu’il y ait surproduction dans l’industrie automobile, on réduit ou arrête la production, cela aura obligatoirement une répercussion dans la métallurgie et l’industrie du caoutchouc. Si la métallurgie réduit ou arrête la production, les industries du charbon et de l’électricité ainsi que les transports seront à leur tour affectés.

Sur le plan commercial, les spéculateurs qui, jusque-là, ont mis de l’huile sur le feu en contribuant à la fausse prospérité, font alors volte-face, et se débarrassent des stocks qu’ils ont entre les mains. Ils n’hésitent pas à casser les prix pour vendre et, ce faisant, ils enveniment encore davantage la situation.

Les stocks s’entassent dans les entrepôts, on a du mal à les vendre et les prix s’effondrent. Pour éviter cet effondrement des prix, les capitalistes iront jusqu’à détruire artificiellement de grandes quantités de marchandises. Sous le coup de l’absence de débouchés et de la baisse spectaculaire des prix, ce sont d’abord de très nombreuses petites et moyennes entreprises qui font faillite ; de toute part, des banques ferment leurs portes, les usines qui ne ferment pas réduisent l’échelle de leur production.

À ce moment-là, dans la société, le nombre des ouvriers et travailleurs d’autres branches au chômage augmente, et toute la situation économique se détériore de façon dramatique.

2) La dépression : après l’ouragan inattendu de la crise, la vague de faillites dans les entreprises industrielles et commerciales finit par s’apaiser. Les entreprises qui ont résisté à la crise continuent la production et la distribution à une échelle moindre.

Les enseignes à la porte des magasins se rallument, on crie à la victoire, et pourtant le commerce est encore bien timide. De nombreux ouvriers restent au chômage, sans moyen d’existence. L’industrie, le commerce et les banques semblent paralysés. Mais pendant cette phase, la consommation sociale se perpétue malgré tout, les marchandises amoncelées et considérablement endommagées finissent pourtant par s’écouler lentement et à des prix très bas.

Sous l’apparente stagnation, les facteurs qui stimulent le rétablissement de la production réapparaissent progressivement.

3) La reprise : avec la diminution des stocks, les prix des marchandises remontent progressivement, ainsi que les profits. D’une part, le capitaliste intensifie son exploitation sur les ouvriers et d’autre part, il modernise ses techniques, il installe de nouvelles machines, il renouvelle son capital fixe, il cherche à remporter la victoire au milieu d’une concurrence farouche.

Ainsi, la production du Secteur I, c’est-à-dire l’électricité, l’acier, l’équipement mécanique, s’élargit peu à peu. Le nombre de travailleurs employés dans ce secteur augmente ; cette augmentation suscite à son tour un relèvement de la demande de biens de consommation, elle stimule le développement de la production du Secteur II.

De cette façon, la production se rétablit pas à pas, le chômage baisse. L’économie capitaliste qui était au comble de la dépression, reprend.

4) L’expansion : les caractéristiques fondamentales de cette étape-ci sont les suivantes : les marchandises se vendent facilement, les profits augmentent en flèche, production et circulation s’accélèrent, le crédit et la spéculation reprennent, le marché « prospère ». Tous les capitalistes élargissent la production au maximum. Derrière ce paysage de « prospérité » s’accumulent chaque jour davantage les indices d’une nouvelle crise.

Engels a ainsi décrit cet aspect florissant, de l’économie capitaliste : « Progressivement, l’allure s’accélère, passe au trot, le trot industriel se fait galop, et ce galop augmente à son tour jusqu’au ventre à terre d’un steeple chasse complet de l’industrie, du commerce, du crédit et de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus périlleux, par se retrouver dans le fossé… du krach. » (Engels, L’anti-Dühring)

Crise, dépression. Reprise. Expansion. Crise…. Ces phases sont l’expression du caractère cyclique des crises économiques et de la production capitaliste. Ceci explique pourquoi il est impossible au capitalisme de se développer sans secousse. Pourquoi il avance en louvoyant.

La crise économique du capitalisme s’approfondit de jour en jour

Les crises apparaissent de façon répétée tout au long du processus de développement de la production capitaliste. Pourtant. Chaque nouvelle crise n’est pas la simple reproduction de la précédente. Elle a tendance à s’aggraver chaque fois un peu plus. Particulièrement depuis la deuxième guerre mondiale. Les crises sont plus fréquentes et plus profondes. Voyons quels en sont les effets principaux.

Premièrement, le cycle des crises se raccourcit. Les crises sont plus fréquentes. Avant la deuxième guerre mondiale, les crises économiques étaient espacées d’environ 10ans, et dans les 20 années consécutives à la guerre, le cycle des crises s’est manifestement raccourci. D’après les tableaux ci-dessous, on peut voir que de 1948 à 1972, les U.S.A. ont traversé cinq crises économiques, soit en moyenne une crise tous les cinq ans environ ; et le Japon a traversé six crises économiques, soit en moyenne une crise tous les quatre ans environ.

Si, depuis la deuxième guerre mondiale, le cycle s’est sensiblement rétréci, c’est que, sous la domination du capital monopoliste, le peuple travailleur subit une exploitation de plus en plus marquée, que son pouvoir d’achat accuse une réduction relative et que les problèmes des marchés intérieurs s’aggravent.

Une autre raison est que l’agression et l’expansion extérieures des pays impérialistes aiguisent les contradictions entre l’impérialisme et les peuples des pays colonisés ou dépendants ; elles stimulent le développement des luttes de libération nationale de ces pays, ce qui réduit constamment les marchés extérieurs des pays impérialistes et provoquent une vente plus difficile de leurs marchandises.

C’est ainsi que la contradiction entre production et consommation s’accentue quotidiennement. Tout ceci montre bien que la contradiction fondamentale du capitalisme connaît une exacerbation de plus en plus grande et que les rapports de production font gravement obstacle au développement des forces productives.

Deuxièmement, le renouvellement aveugle du capital a pour effet que les proportions de la reproduction capitaliste sont de plus en plus inadéquates. Avant la deuxième guerre mondiale, chaque fois qu’il y avait crise, les investissements en capital fixe baissaient énormément. Mais après la guerre, le montant des investissements en capital fixe connut généralement une assez grande augmentation.

Même en période de crise, le niveau des investissements reste assez élevé. Pendant la cinquième crise américaine de l’après-guerre, les investissements en capital fixe augmentèrent même de 3,5 % entre 1969 et 1970. Au Japon, pendant la sixième crise de l’après-guerre, les investissements en capital fixe augmentèrent de 3,2 % de 1970 à 1971.

Si depuis la guerre, les investissements en capital fixe sont assez élevés en période de crise, cela signifie d’une part que la bourgeoisie monopoliste se sert de l’appareil d’Etat et intensifie son exploitation à l’égard du peuple travailleur. Elle accélère l’accumulation, transformant en capital la plus-value extorquée sur le dos des travailleurs.

Parallèlement, elle accélère la paupérisation du prolétariat et affaiblit encore le pouvoir d’achat du peuple travailleur. D’autre part cela signifie aussi que depuis la guerre, les commandes militaires ainsi que les besoins ayant trait aux préparatifs de guerre constituent l’essentiel des investissements américains en capital fixe.

De cette façon, non seulement les ressources sociales sont grandement gaspillées, mais encore on assiste à un développement aveugle du secteur l, ce qui a pour effet que les proportions de la reproduction sociale sont de plus en plus inadéquates ; les contradictions de la reproduction sociale s’aiguisent encore. Les crises, plus fréquentes, sont chaque fois plus graves.

Troisièmement, l’interaction entre crise industrielle et crise agricole approfondit l’ensemble de la crise. Dans le système capitaliste, la crise ne se cantonne pas l’industrie, elle atteint également l’agriculture. Lorsque la crise agricole éclate, on constate une augmentation rapide des stocks de produits agricoles dans les entrepôts des capitalistes agriculteurs; les prix de gros s’effondrent, la surface cultivée est réduite, et le chômage augmente chez les ouvriers agricoles ; les salaires de ceux qui ont du travail baissent et un grand nombre de cultivateurs indépendants font faillite.

On peut voir que la crise agricole, tout comme la crise industrielle est une crise de surproduction déterminée par la contradiction fondamentale du capitalisme. Tant que subsiste le système capitaliste, les crises de surproduction agricole sont tout aussi inévitables que les crises de surproduction industrielle.

Pourtant, les crises agricoles se maintiennent généralement plus longtemps que les crises industrielles. Depuis l’éclatement simultané de la crise industrielle et agricole aux U.S.A. en 1948, en l’espace de 23 ans, l’agriculture n’a jamais pu sortir de sa crise de surproduction. L’interaction entre la crise industrielle et la crise commerciale est devenue un grave problème de l’économie américaine de l’après-guerre.

À cause de ces crises industrielles, de nombreuses entreprises ferment leur porte, les commandes sont insuffisantes, les ouvriers perdent leur travail, les salaires baissent. Tout ceci a pour résultat une diminution de la demande en produits agricoles et une aggravation de la surproduction agricole.

Parallèlement, la crise agricole se répercute sur la production, les travailleurs agricoles s’appauvrissent et font faillite. La demande en moyens de production agricole et autres produits industriels est réduite, ce qui aggrave encore la crise de surproduction industrielle. Étant donné l’interaction entre crise agricole et crise industrielle, la crise économique du capitalisme s’approfondit de plus en plus.

Quatrièmement, crise de surproduction et crise financière s’entremêlent. Après la deuxième guerre mondiale les crises ont un cycle raccourci et les crises financières éclatent de plus en plus fréquemment. Une « double maladie » se déclare bien souvent : crise économique et crise financière . Toutes deux sont le résultat nécessaire de l’exacerbation de la contradiction fondamentale du capitalisme.

Les principaux effets en sont : l’insuffisance des revenus de l’État par rapport aux dépenses, la trop forte émission de billets, la montée des prix, le déficit de la balance extérieure, l’épuisement des réserves d’or et la dévaluation de la monnaie. Après la deuxième guerre mondiale, tous les pays impérialistes cherchèrent à intensifier les préparatifs de guerre afin d’échapper à la crise de jour en jour plus grave, administrant ainsi une injection de morphine pour calmer la maladie des économies nationales.

Cependant, les dépenses militaires et les coûts de la production industrielle militaire sont de plus en plus élevés et le budget de l’État connaît chaque année un déficit plus grand. Pour combler ces énormes dépenses militaires, les pays impérialistes s’efforcent d’augmenter la fiscalité, d’emprunter à l’extérieur, d’émettre du papier-monnaie.

Ils pratiquent l’inflation et provoquent ainsi de graves crises dans les finances publiques. De 1946 à 1971, les finances américaines sont déficitaires: le déficit cumulé est de 137,9 milliards de dollars, la dette publique cumulée de 442, 1milliards. Même des personnalités officielles américaines s’en alarmèrent et dirent que le « montant de la dette en Amérique est supérieur à celui de tous les autres États réunis » et que « si l’on convertit cette dette en billets d’un dollar on obtiendrait un anneau de 10 m de large qui ferait 1520 fois le tour de la terre ».

L’inflation s’aggrave de jour en jour, la monnaie perd peu à peu sa valeur et les prix montent continuellement. Autrefois, lorsque la crise éclatait, les prix baissaient généralement. Mais depuis la deuxième guerre mondiale, les États capitalistes pratiquent intentionnellement la militarisation de l’économie nationale et la politique inflationniste.

En période de crise, les prix ne baissent plus, bien au contraire, ils accusent une hausse colossale. On note, par exemple, une hausse des prix pour les crises américaines d’après-guerre, exception faite de celle de 48-49. Cela signifie qu’à chaque fois le pouvoir d’achat de la monnaie a baissé. La dévalorisation de la monnaie à l’intérieur du pays a nécessairement des répercussions sur le crédit de cette monnaie à l’étranger.

L’impérialisme américain déclenche d’incessantes guerres d’agression : les dépenses dues au stationnement de troupes à l’extérieur et aux préparatifs de guerre augmentent, provoquant la fuite massive de dollars et une perte du crédit international du dollar. Depuis la deuxième guerre mondiale, sur le marché financier, les crises éclatent sans arrêt. Suscitant des mouvements de vente de dollars d’achat d’or qui, par deux fois, à la fin de 1971 et en février 1973, contraignirent le gouvernement américain à dévaluer.

C’était là l’écroulement de la position hégémonique du dollar U.S. dans le monde capitaliste. La « double maladie » de la crise industrielle et financière plonge l’économie capitaliste dans un gouffre dont elle ne peut elle-même se sortir. D’une part, la crise économique, l’importante baisse de la production et la paupérisation qu’entraîne la crise se répercutent sur les recettes budgétaires des États capitalistes ; de là survient un déficit des finances publiques et un déséquilibre de la balance extérieure qui aggrave encore la crise financière.

D’autre part, avec l’approfondissement de la crise financière, il y a inflation, augmentation de la fiscalité et baisse du salaire réel des ouvriers; le pouvoir d’achat des masses populaires diminue de façon relative, créant obligatoirement une aggravation de la crise de surproduction. On voit donc que le caractère cyclique des crises économiques est une sorte de cercle vicieux.

Leur gravité toujours plus grande ajoute encore aux contradictions antagonistes, déjà très aiguës, inhérentes au capitalisme. Les tempêtes des crises successives font trembler le monde capitaliste. La crise économique ébranle la base de la domination capitaliste.

La crise économique accentue encore la contradiction fondamentale du capitalisme. Pendant les périodes de crise, la concurrence entre les capitalistes est à son paroxysme. Les petites et moyennes entreprises qui n’arrivent pas à résister à la concurrence des plus grandes, sont les premières à faire faillite.

Une minorité de grandes entreprises à forte compétitivité en profitent pour les racheter à bas prix, et les absorber. C’est pourquoi, à chaque crise que traverse la société capitaliste, le capital se concentre davantage dans les mains d’un petit nombre de capitalistes.

La concentration de la production et du capital redouble de vitesse. Cette concentration rapide signifie l’exacerbation toujours plus grande de la contradiction fondamentale du capitalisme, contradiction entre la socialisation de la production et le système de propriété privée. La crise provoque l’accentuation des contradictions de classes. Les capitalistes se servent toujours du peuple travailleur pour atténuer les dommages que leur cause la crise. Ils licencient de nombreux ouvriers, baissent les salaires des ouvriers qui ont du travail, utilisent l’inflation, alourdissent la fiscalité : ils cherchent par tous les moyens à faire payer la crise au peuple travailleur.

De même, en période de crise, l’exploitation de l’industrie sur l’agriculture, de la ville sur la campagne, s’intensifie, et accule de nombreux paysans à la faillite. Aussi la crise économique est-elle extrêmement grave pour la classe ouvrière et les autres travailleurs ; la contradiction entre la classe ouvrière et les capitalistes, entre les paysans et les gros propriétaires fonciers s’exacerbe un peu plus chaque jour.

La vague de lutte du prolétariat contre la bourgeoisie grossit, ébranlant la base de la domination capitaliste. Les crises économiques ont bien révélé le caractère historiquement transitoire du système capitaliste. Elles montrent qu’il existe une contradiction antagoniste entre les rapports de production et les forces productives du capitalisme.

Par rapport aux forces productives hautement socialisées, les rapports de production sont trop étroits : ils sont un grave obstacle au développement des forces productives.

En période de crise, c’est seulement lorsque les forces productives ont été profondément ruinées et que la production a été considérablement réduite, que la contradiction entre production et consommation peut trouver une résolution imposée par la force provisoire.

Dans le même temps, les éléments annonciateurs d’une nouvelle crise s’accumulent progressivement. Dans le processus de développement de l’économie capitaliste, la tendance à l’aggravation de la crise montre que les rapports de production capitalistes sont déjà pourrissants.

Ils doivent être remplacés par d’autres rapports de production adaptés aux besoins du développement des forces productives, c’est-à-dire par les rapports de production socialistes.


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