Comme on le sait, Lénine a théorisé que l’impérialisme était le stade suprême du capitalisme. Son raisonnement se fonde bien sûr directement sur les enseignements de Karl Marx.

Ce dernier a constaté, en effet, que la chute tendancielle du taux de profit ne donnait pas naissance qu’à des moyens « rationnels » de la contrecarrer, encore qu’on puisse parler de rationalité puisque la bourgeoisie ne comprend par définition strictement rien au mode de production capitaliste.

Le chaos prime également.

Voici ce qu’enseigne Karl Marx :

« Si le taux de mise en valeur du capital total, le taux de profit, est bien l’aiguillon de la production capitaliste (de même que la mise en valeur du capital est son unique fin), sa baisse ralentira la constitution de nouveaux capitaux autonomes et elle semble dès lors menacer le développement du procès de production capitaliste, elle favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la constitution de capital excédentaire à côté d’une population en excédent. »

Ce n’est pas tout. Plus les forces productives se développent, plus est flagrante l’étroite base de la consommation. Le besoin de la socialisation de la production et de la consommation devient toujours plus frappant, en tant que besoin du communisme.

Il est facile de voir au XXIe siècle comment la haute technologie est appliquée à des choses inutiles, des gadgets ultra-technologiques pour la haute bourgeoisie, pour son apparence, son style de vie décadent, etc.

On peut se douter également, et on en revient ici à la question des monopoles, que plus le capital est fort, plus il est dirigé d’une main de fer, de manière centralisée. Comme le constate Karl Marx :

« La masse du profit augmente bien avec la grandeur du capital investi, même si le taux [de profit] est moins élevé. Mais ce fait entraîne en même temps une concentration du capital puisque les conditions de production commandent alors l’emploi de capitaux massifs.

Il conditionne aussi la centralisation, c’est-à-dire l’absorption des petits capitalistes par les gros et la décapitalisation des premiers. »

Décharges-2L’élévation des moyens de production va donc de pair avec une si haute productivité sociale que ce sont les monopoles qui prédominent. On comprend que les banques jouent historiquement un rôle central, de par leur fonction dans l’organisation du capital. Inévitablement le capital bancaire et le capital industriel s’entrecroisent à un moment.

C’est d’autant plus vrai que les petits capitalistes jouent sur la spéculation, mettant leur capital au service des vastes projets des grands capitalistes, tentant d’en grappiller une part de succès, c’est-à-dire de profits.

Imaginons également que le processus s’approfondisse tellement que les capitalistes ne sauraient plus où placer leur capital. On aurait alors une situation de surproduction de capital.

Dans le socialisme, ce capital serait redirigé socialement, mais cela ne saurait être le cas dans une économie où les moyens de production relèvent de la propriété privée. Cela renforce le chaos général et l’exportation des capitaux – ce que Lénine décrit dans son ouvrage sur l’impérialisme.

Karl Marx dit ainsi :

Décharges-3« Surproduction de capital ne signifie jamais autre chose que surproduction de moyens de production – moyens de travail et de subsistance – pouvant exercer la fonction d’être utilisés pour exploiter le travail à un degré d’exploitation donné; cependant que, si ce degré d’exploitation tombe au-dessous d’une certaine limite, cette chute provoque des perturbations et des arrêts de la production capitaliste, des crises, une destruction de capital.

Il n’y a pas de contradiction dans le fait que cette surproduction de capital s’accompagne d’une surpopulation relative plus ou moins grande.

Les mêmes circonstances qui ont augmenté la force productive du travail, multiplié la masse des produits-marchandises, élargi les marchés, accéléré l’accumulation du capital en masse et en valeur, et abaissé le taux de profit, ont donné naissance à une surpopulation relative et l’engendrent en permanence; les ouvriers en surnombre ne sont pas employés par le capital en excédent en raison du faible degré d’exploitation du travail auquel on pourrait seulement les employer, ou du moins en raison du faible taux de profit qu’ils fourniraient pour un degré d’exploitation donné.

Si on exporte des capitaux ce n’est pas qu’on ne puisse absolument les faire travailler dans le pays. C’est qu’on peut les faire travailler à l’étranger à un taux de profit plus élevé. »

Le mode de production capitaliste capitalise ainsi le travail, au lieu de le rendre utile, et produit des marchandises en trop, alors qu’en même temps les masses sont toujours plus appauvries.


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