balkans-1.pngC’est un épisode bien connu de la polémique sino-soviétique. L’Albanie d’Enver Hoxha est dans le camp chinois, les communiqués officiels saluent le régime chinois, Mao Zedong, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

Puis, en 1976, à la mort de Mao Zedong, c’est la volte-face. Enver Hoxha sort des « réflexions sur la Chine » censées consister en des notes des années 1960 et 1970, où il apparaît que la Chine vise à être une superpuissance, ce que confirmerait la « théorie des trois mondes ».

Assimilant Mao Zedong au révisionniste Deng Xiao Ping, Enver Hoxha s’érige alors en marxiste-léniniste orthodoxe et rassemble autour de lui des organisations présentes un peu partout dans le monde.

Pourtant, quiconque voit les écrits d’Enver Hoxha voit que ceux-ci ne consistent qu’en les réalisations économiques en Albanie, quelques dénonciations de l’impérialisme américain et du social-impérialisme chinois, et beaucoup de dénonciations de la Yougoslavie.

C’est bien là la clef. Si Enver Hoxha ne parle jamais du matérialisme dialectique, ni du réalisme socialiste, etc., c’est parce que son marxisme-léninisme est le masque historique du patriotisme albanais faisant face à l’expansionnisme yougoslave.

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C’est l’URSS de Staline qui avait empêché l’annexion de l’Albanie par la Yougoslavie de Tito, aussi pour Enver Hoxha, tout retour en arrière par rapport à Staline signifiait le danger de mort de se retrouver face à la Yougoslavie. Voici un petit aperçu de cet épisode historique.

L’Albanie est un pays des Balkans, historiquement dominée par la République de Venise à partir du 10e siècle, et ensuite par l’empire ottoman à partir du 15e siècle, qui mena une politique de négation absolue de la culture albanaise, de sa langue notamment.

Lorsque l’empire ottoman perdit de sa puissance, il y eut les guerres balkaniques en 1912 et 1913 sur initiative de la Serbie, du Monténégro, de la Bulgarie et de la Grèce, avec le soutien de la Russie. L’Albanie, déjà en révolte, se souleva et devint indépendante, mais sous l’impulsion de forces féodales et cléricales, dirigées notamment par Ismail Qemali, qui ne pouvaient assurer un réel développement et le pays passa alors immédiatement sous la coupe impérialiste, principalement de l’Italie.

Il s’ensuivit une série de révoltes populaires, avec une dimension national-démocratique importante, portée notamment par Fan Noli, chef historique de l’Église Orthodoxe Albanaise, représentant de la fraction démocratique petite-bourgeoise la plus avancée et soutenu par l’impérialisme US. Le point culminant fut la révolution de juin 1924.

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Suite à une intervention armée quelques mois plus tard, c’est néanmoins la fraction bourgeoise conservatrice, devenant bureaucratique, qui prend le pouvoir avec l’appui central des grands propriétaires terriens. On a là une situation semi-coloniale semi-féodale typique, l’Albanie étant soumise à la Yougoslavie, l’Italie et la Grande-Bretagne, sous l’égide d’Ahmet Zogu qui devint le roi Zog Ier et forma une véritable administration à partir de 1928.

C’est l’Italie qui avait la principale part, possédant 51 % de la banque nationale, ainsi que le monopole du tabac et du sel, installant des routes militaires, etc., dans un pays d’un million d’habitants où les principaux quotidiens tiraient à 8 000 exemplaires, avec une population illettrée dans son écrasante majorité, qui pratiquait trois religions dont le clergé dépendait d’autres pays : l’Islam, les catholicismes romain et orthodoxe.

La situation était dramatique ; Zog Ier capitula d’ailleurs toujours davantage devant l’Italie fasciste cherchant le contrôle total et l’obtenant en 1939, le roi italien Vittorio Emanuele devenant celui de l’Albanie, puis s’ensuivit l’occupation par l’Allemagne nazie en 1943.

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Il apparaît ainsi que la bataille pour l’indépendance nationale ne pouvait consister qu’en une révolution démocratique, visant à la fois la bourgeoisie bureaucratique et les féodaux. Ce n’est pourtant pas ce qui va se passer : en effet, dans la guerre partisane anti-nazie, menée triomphalement et libérant elle-même le pays, les communistes vont se poser comme un mouvement de libération nationale seulement.

La question nationale fut considérée comme aspect principal et suffisant et il se passa alors exactement la même chose qu’en Yougoslavie, le Parti Communiste devenant un front des intérêts nationaux.

Le Parti Communiste d’Albanie né en novembre 1941 – c’est-à-dire après la fondation en septembre d’un Front de Libération Nationale – devint pour cette raison en 1948 le Parti du Travail d’Albanie (PTA), dirigeant le pays à travers un « front démocratique ». Le choix du nom et la date – le premier congrès du Parti eut lieu en 1948 seulement – ont tout un arrière-plan historique ; de fait, dans les dans les années 1920-1930, l’Albanie fut le seul pays balkanique sans Parti Communiste.

Les raisons de cette situation historique après 1945 sont doubles, consistant tant en une nature petite-bourgeoise d’un côté de la part d’Enver Hoxha, que d’une pression à l’arrêt de toute politique et de toute idéologie exercée par la Yougoslavie de l’autre. Le paradoxe est ici que la dépolitisation va profiter à la fraction nationale petite-bourgeoise d’Enver Hoxha.

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Dès 1944-1945, donc, le Parti Communiste de Yougoslavie avait commencé des grandes manœuvres pour absorber l’Albanie, alors que le sud de la Yougoslavie, le Kosovo, avait déjà une population albanaise.

L’Albanie avait connu une résistance victorieuse, capable de battre les armées nazies et d’aider la résistance yougoslave. Mais sa situation était dramatique : dans ce pays déjà misérable, 37 % des bâtiments avaient été détruits pendant la guerre, ainsi que 35 % des arbres fruitiers et des oliviers. Les rares industries et mines avaient été détruites aussi, il n’y avait plus de ponts, plus d’installations portuaires.

Le nouveau régime donna donc la terre aux paysans et nationalisa l’économie pour organiser la construction du pays ; il refusa la pression anglo-américaine d’accueillir 1700 officiers et d’abandonner la gestion des ports. Il sut résister au coup de pression de l’automne 1946, alors que 23 avions militaires accompagnés de navires de guerre britanniques entrèrent dans les eaux albanaises devant le port de Saranda, prétendument pour une opération de déminage.

Il faut également noter que la Grèce exerçait une pression énorme pour « récupérer » la région dite de « l’Épire du Nord », et l’Albanie n’établit pas de relations diplomatiques avec la Grèce avant 1987. A cela s’ajoute bien entendu, dans ce climat, l’épisode héroïque que fut la lutte révolutionnaire en Grèce face à l’occupant nazi, puis juste après 1945 les forces britanniques et américaines.

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L’impérialisme US passa ensuite par la Yougoslavie et la Grèce pour tenter de restaurer la monarchie ; des débarquements eurent lieu en octobre 1949, des passages de frontières à l’été 1950, des parachutages à partir de novembre 1950. Des infiltrations, des sabotages, des corruptions avaient lieu, ainsi que la constitution de fractions dans le PTA.

La principale fut organisée autour de Koçi Xoxe, secrétaire d’organisation du Comité Central du Parti Communiste d’Albanie, chef de gouvernement, ministre de l’intérieur et responsable de la sécurité intérieure.

Son objectif était l’intégration dans la « fédération balkanique » promue par la Yougoslavie, et cette dernière « fusionna » sa banque centrale avec celle d’Albanie, participait de plain-pied dans la production de pétrole, mit en place une union douanière, organisa des taux fixes entre les monnaies nationales ainsi que des prix communs, multiplia les spécialistes et conseillers notamment dans l’armée, etc.

Pour cette raison, en 1947-1948, le secteur pétrolier fut efficace mais tout partit pour la Yougoslavie, l’Albanie n’ayant même plus de raffinerie et le secteur productif en général étant d’une faiblesse complète. La Yougoslavie bloquait également les réparations allemandes destinées à l’Albanie, se procurait les machines sous prétexte de les réparer, et n’accordait bien entendu aucun prêt.

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Lorsque le Kominform lança sa dénonciation du titisme en 1949, il y avait ainsi un espace historique qu’Enver Hoxha occupa. S’associant à la critique, il réussit à faire passer en jugement Koçi Xoxe et la clique pro-yougoslave, en juin 1949.

Le Parti Communiste d’Albanie tint alors ensuite seulement son premier congrès, où il changea de nom, devenant le Parti du Travail d’Albanie. Le pays reçut une aide massive : l’URSS fournit des usines (sucre, textile, chaussures, ciment, bois, électricité), des tracteurs et d’importants crédits, la Pologne des bateaux, la Tchéquoslovaquie des camions, la Hongrie du matériel télégraphique, la Roumanie et la Bulgarie de la nourriture et des outils.

Le soutien effectué par l’URSS fut donc ici vital et sa dénonciation des activités yougoslaves un facteur essentiel de l’identité du régime albanais. Aussi, l’annonce du processus de « déstalinisation » fut considéré comme une véritable catastrophe. Cela signifiait tout d’abord que la Yougoslavie ne serait plus rejetée, et ensuite que la centralisation du pays, considéré comme sa seule défense nationale, serait à remettre en cause.

Pour cette raison, l’Albanie s’opposa absolument à Khrouchtchev. Il existe donc une différence de fond essentielle par rapport à la Chine populaire. Ce dernier pays s’opposa au révisionnisme soviétique, avec la démarche de Mao Zedong : il y a la défense des éléments idéologiques du matérialisme dialectique : la dialectique de la Nature, le réalisme socialiste, le refus de la biologie et de l’astrophysique tels que conçus par les scientifiques au service de la bourgeoisie, etc.

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On ne trouve absolument rien de cela dans la position d’Enver Hoxha, dirigeant du PTA. L’Albanie a diffusé massivement sa presse en langues étrangères, ainsi qu’utilisé des émissions de radio, mais jamais le contenu du matérialisme dialectique ne fut mis en avant.

Pour cette raison, dans cette optique de rejet de Khrouchtchev, l’Albanie, passée de « république populaire » à « république socialiste » sans que cela reflète sa réelle base économique, sociale et culturelle, entretint d’excellents rapports avec la Chine populaire. Il y eut même une certaine division du travail en ce qui concerne les liaisons internationales avec les communistes anti-révisionnistes, l’Albanie jouant un rôle naturellement central en Europe.

Si la presse bourgeoise des années 1960 parlait des étudiants « pro-chinois », au sens strict ils étaient autant « pro-albanais », leur identité étant de toutes manières le marxisme-léninisme. L’Albanie et la Chine populaire faisaient front commun et ce fut d’autant plus vrai qu’avec le conflit idéologique avec l’URSS, celle-ci rompit les liens avec l’Albanie dont 50 % des échanges extérieurs étaient justement avec elle.

Toutefois, l’approche idéologique était très différente. La Chine populaire considérait qu’elle en était au stade démocratique et populaire, alors que l’Albanie se voyait déjà comme socialiste, malgré son niveau économique extrêmement faible. L’Albanie se proclama même officiellement athée et lança une répression sévère contre les religions, alors que la population des campagnes était deux fois plus grande que celle des villes, que les femmes ne composaient que 12,5 % du PTA.

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Le nationalisme était de fait une constante au coeur de la démarche d’Enver Hoxha. Il fut expliqué que les Albanais descendaient des Illyriens et étaient donc présents dans la région avant les Slaves et les Grecs. L’antiquité grecque était censée elle-même être un produit de la culture illyrienne et l’Albanie est la continuatrice de celle-ci depuis des centaines d’années, sans interruption (en Roumanie, le révisionniste Ceauscescu fit de même en revendiquant une origine nationale roumaine dacienne).

Enver Hoxha et le PTA révélaient ici qu’au lieu de dépasser le semi-colonialisme et le semi-féodalisme par le développement des forces productives et des révolutions culturelles, c’était l’exaltation nationale qui devait permettre d’avancer, d’unifier au-delà des clans du nord du pays, des structures féodales-cléricales musulmanes du sud avec une division entre traditionalistes sunnis et soufis bektachis, des franges cultivées liées aux Églises catholiques romaine et orthodoxe.

Le but du PTA était de forger une nation, au-delà de l’absence de littérature, de bourgeoisie historique authentique, de noblesse historique authentique. La figure du rebelle anti-ottoman du 15e siècle Skanderberg fut ainsi stylisée dans le sens d’une mythologie.

Au lieu de développer la culture nationale, il était affirmée qu’il y en avait une qui existait depuis longtemps – alors que l’albanais ne fut pas mis à l’écrit de manière unifiée, avec un alphabet formé pour l’occasion, avant 1908.

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C’est le sens de la construction, entre 1972 et 1983, de plus de 700.000 bunkers dans tout le pays, un pour quatre habitants, pour permettre de se confronter à une éventuelle invasion.

Trois types de bunkers existait : ceux par une personne placés en groupe de trois reliés par un petit tunnel et placés tous les 150 mètres ou bien en ligne serrée sur les côtes et aux frontières principalement, ceux pouvant abriter quelques personnes, ceux pouvant abriter du matériel militaire en nombre. Cela coûta une fortune, avec plus de béton que deux fois la ligne Maginot.

Enver Hoxha et le PTA se considéraient comme des éducateurs et des modernisateurs, ce qui était un point de vue démocratique bourgeois. Il n’y avait pas d’analyse des étapes dans la progression des forces productives, avec des considérations culturelles et idéologiques spécifiques. Il n’y avait pas non plus, pour appuyer cette révolution démocratique nécessaire, de base idéologique matérialiste dialectique réelle ; les références au marxisme-léninisme se limitaient à l’économie et la politique, ce qui est une abstraction.

La déclaration suivante d’Enver Hoxha est exemplaire de cette vision de réformes révolutionnaires par en haut, cherchant à former des citoyens moderne :

chine-albanie-7.png« Nous devons nous montrer réalistes, la lutte contre les vieilles coutumes, traditions et normes, contre les conceptions religieuses du monde… n’est pas terminée. C’est une longue lutte, complexe et ardue.

Aussi notre travail d’éducation et de persuasion, notre propagande athéiste, doivent-ils se poursuivre sans interruption pour consolider les succès obtenus, pour tenir les engagements pris dans les réunions et les assemblées populaires, pour promouvoir constamment la lutte contre tout ce qui est étranger et néfaste à notre cause, pour inculquer à nos hommes notre nouvelle conception du monde, une conception révolutionnaire, marxiste-léniniste, les habitudes, les coutumes et les normes nouvelles, socialistes.» (Rapport sur le rôle et les tâches du Front Démocratique dans la lutte pour le triomphe complet du socialisme en Albanie, présenté au IVe Congrès du FDA, 14 septembre 1967)

Le thème de la « révolutionnarisation » fut développé par Enver Hoxha et le PTA, mais sans aucun contenu idéologique ou culturel, à l’opposé donc du principe chinois de la grande révolution culturelle prolétarienne, où le contenu était toujours détaillé. La raison était simple : malgré l’arriération albanaise, le PTA et Enver Hoxha s’imaginait pouvoir instaurer la dictature du prolétariat en gérant juste la croissance des forces productives et en supprimant par en haut ce qui n’était pas conforme à cette perspective.

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La « révolutionnarisation » n’était que le masque de la modernisation.

Aussi, une fois le révisionnisme ayant triomphé en Chine populaire à la mort de Mao Zedong, Enver Hoxha pouvait tenir subitement un discours radicalement inverse sur le plan idéologique : cela ne modifiait en rien la nature bourgeoise nationaliste de son projet.

Il fut d’autant plus agressif qu’il pouvait s’approprier tout le réseau marxiste-léniniste anti-révisionniste en Europe avec qui l’Albanie avait contact, afin de l’utiliser comme aide à la politique internationale de l’Albanie.

Cela eut un grand succès en France, où historiquement les pro-Enver Hoxha furent à partir de 1976 bien plus présents et nombreux que les pro-Mao Zedong. Le hoxhaisme attirait, en effet, des gens pétris d’esprit formaliste-cartésien, cherchant des formulations rigides surtout économiques, dans le mépris total des traditions historiques de la social-démocratie de la fin du 19e siècle, ainsi que du matérialisme dialectique en tant que science de la loi de la contradiction.

En France, le Parti Communiste des Ouvriers de France eut donc une base forte, disposant d’une librairie, d’une imprimerie et de locaux à Paris, d’une reconnaissance internationale, etc. L’Albanie disposait dans de nombreux autres pays de tels relais.

Ainsi en Belgique, une évolution tout à fait similaire fut effectuée par Jacques Grippa et son PCB et, plus tard, par le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, avec également dans ce dernier cas, l’existence de moyens financiers et logistiques considérables provenant d’Albanie et permettant l’implantation de librairies dans plusieurs villes, la création d’une imprimerie, etc.

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Enver Hoxha chercha également à utiliser les organisations en Afrique, en Asie, en Amérique Latine. Pour cela, Enver Hoxha affirma que tous les pays étaient capitalistes et qu’il fallait participer à des sortes de fronts de masse électoraux formant un bloc se proposant comme alternative « révolutionnaire ». C’était un moyen de se mettre à la remorque de fractions de bourgeoisies bureaucratiques, ce qui ne manque pas d‘attirer des forces opportunistes.

Sur le plan intérieur, il était cependant évident que ce positionnement nationaliste bourgeois n’allait pas sans affrontements entre fraction.

Ainsi, en juin 1974, Bekir Ballaku, membre du Bureau politique depuis 1949, vice-président du Conseil et ministre de la Défense depuis 1953, disparaissait puis fut exécuté.

Il en alla de même en 1975 pour Abdyl Këllezi, qui avait été ministre des finances entre 1948 et 1953 et entre 1954 et 1958, président de la Commission de planification entre 1968-1975, premier ministre entre 1958 et 1966, président de l’association d’amitié sino-albanaise de 1959 à 1975, membre du Comité Central de 1956 à 1975, membre du Bureau Politique de 1971 à 1975, président du parlement de 1966 à 1969.

Furent également exécutés Petrit Dume qui était le chef des armées depuis 1953, le lieutenant général Hito Çako, Koço Theodhosi qui était membre du Bureau politique et ministre de l’industrie et des mines.

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Il n’y eut pas d’explication officielle avant le 7e congrès du PTA en 1976, dans un discours de quinze heures d’Enver Hoxha.

L’apogée de ce processus se réalisa avec le « suicide » en 1981 de Mehmet Shehu, accusé par la suite d’avoir toujours été un espion au service de la Yougoslavie, du KGB et de la CIA. Or, Mehmet Shehu avait participé à la guerre d’Espagne, il avait été le responsable militaire de la guerre anti-nazie ; il avait été nommé depuis le début à tous les plus hauts postes en tant que numéro deux juste derrière Enver Hoxha, dont il avait toujours été présenté comme le successeur.

Ramiz Alia prit alors la position de numéro deux, succédant à Enver Hoxha à sa mort en 1985, gérant la transition « démocratique » à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989. Quelques années plus tard, l’État albanais s’effondrait, notamment lors de la crise économique de 1997, redevenant le bastion des clans et des mafias, ainsi que des religions.

Le « hoxhaisme » s’effondra évidemment parallèlement, cherchant pour ses restes à reformuler une idéologie d’esprit « unitaire », avec une idéologie pratiquement trotskyste de soutien aux régimes de « gauche » pour les déborder, de considération que tous les pays sont capitalistes, etc.

L’histoire de l’Albanie est, en ce sens, un terrible contre-exemple.


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