[Pour archive, ce document de Jacques Grippa constitué du chapitre VII de son livre inédit Révolution et contre-révolution en Chine, ouvrage anti-maoïste contre-révolutionnaire se voulant tel, achevé le 20 juin 1977 et déposé en 1999 au CArCoB (Centre des Archives du communisme en Belgique lié au vieux PC). Dans le texte original, ce chapitre représente les pages 90 à 114.]
VII. POLÉMIQUES ET SCISSIONS
Le contexte
En ce début des années 60, la discussion au sein du Parti Communiste de Belgique entre marxisme-léninisme et révisionnisme se fait de plus en plus âpre.
Les divergences couvrent en fait tous les domaines de la lutte de classes, notamment en ce qui concerne :
– le but final du Parti et le projet de société socialiste ;
– les fondements théoriques de notre action, les traits universels du marxisme-léninisme pour notre époque ;
– le rôle d’avant-garde prolétarienne que le Parti doit s’efforcer d’assumer ; l’exercice du centralisme démocratique en son sein ;
– l’action de la classe ouvrière et le contenu de la politique des alliances ; l’aspect international de la lutte de classes ;
– l’internationalisme prolétarien et ce qui devrait être sa plus haute expression, les rapports entre partis communistes ;
– le caractère de classe de tout État ;
– la nature de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme ;
– le contenu de la politique de coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents ;
– la place de chef de file de la réaction mondiale assumée par l’impérialisme américain ;
– la persistance du colonialisme et du néo-colonialisme, nonobstant un certain recul de ceux-ci ;
– l’indispensable solidarité avec les mouvements révolutionnaires nationaux et démocratiques, antiféodaux et anti-impérialistes.
Et, bien entendu, cette confrontation ne porte pas que sur le plan idéologique, théorique. Elle a lieu sur presque toutes les positions à adopter dans l’activité politique concrète, dans les luttes de classes quotidiennes, tant sur le plan social intérieur que sur les questions internationales, notamment en matière d’internationalisme socialiste.
Si je traite sommairement ce chapitre, c’est que, comme déjà dit, ce livre n’a pas pour but d’établir un bilan de tous les événements des vingt dernières années : il se limite à un témoignage sur le maoïsme.
J’ai par ailleurs beaucoup écrit au sujet des dégâts imputables à l’opportunisme, notamment dans mon livre Marxisme-léninisme ou révisionnisme publié en 1963 1, et par la suite dans le journal La Voix du Peuple. Et ce n’est pas là une question qui n’intéresserait que les marxistes, une « dispute » idéologique ne concernant que les communistes. Tous les démocrates, tous les progressistes ont lieu de s’inquiéter lorsque est mise en cause par les révisionnistes, comme c’est le cas alors, la lutte conséquente pour les intérêts immédiats et futurs des travailleurs de notre pays, pour la solidarité anti-impérialiste internationale, pour la paix et pour l’indépendance nationale.
La question n’est pas ici de savoir si au nom de l’unité des communistes, et en général de tous les progressistes, il faudrait éviter de poursuivre une polémique remontant à près de vingt ans. Encore que la critique du révisionnisme en dépit des facteurs nouveaux de la situation, reste nécessaire, y compris pour assurer l’efficacité du rassemblement des progressistes. La question n’est cependant pas de procéder dans ce livre à cette démonstration.
Mais en tout état de cause, pour respecter la vérité historique, cette chronique se doit de mentionner le contexte d’une action qui d’abord nous rapproche du Parti Communiste Chinois, puis amène à la dénonciation du maoïsme.
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La direction de quelques partis communistes attaque publiquement les positions marxistes-léninistes du Parti Communiste Chinois.
Celui-ci y répond par la publication de sept articles 2 polémiquant avec des aspects opportunistes de la politique de certains de ces partis.
Les vues qui sont exprimées dans ces brochures vont dans le sens des critiques que les marxistes-léninistes de Belgique formulent à l’égard des conceptions politiques de certains dirigeants de leur Parti.
La scission du Parti Communiste de Belgique
Une tribune de discussion étant ouverte dans Le Drapeau rouge du début 1962, j’envoie ma contribution le 21 janvier, sous le titre significatif : « Pour l’unité marxiste-léniniste du Parti et pour l’unité marxiste-léniniste du mouvement communiste international ». Ce texte paraît le 22 février et rencontre des échos très favorables dans le Parti. C’est un début de déroute pour les révisionnistes. Dès lors, ils est mis fin à cette « tribune », sans faire paraître ni ma réponse à une réplique du Bureau politique, ni nombre d’autres contributions allant dans le même sens que mon article.
Je suis exclu du Comité central pour ne pas m’être incliné devant l’exigence du Bureau politique d’avoir à désavouer deux résolutions 3 impeccablement internationalistes, que j’avais d’ailleurs votées en Bureau fédéral dont je faisais alors partie.
Dès lors, les chefs de file du révisionnisme empêchent le débat au sujet des questions en cause, et accentuent encore les brimades et les sanctions antidémocratiques à l’égard de ceux qui s’opposent à leurs vues et à leurs pratiques.
Puis, en 1963, à l’occasion d’un congrès du Parti Communiste de Belgique, les révisionnistes entendent imposer non seulement l’approbation de leurs positions du moment, mais encore ils veulent faire consacrer par de nouveaux statuts le renoncement à l’action d’avant-garde révolutionnaire qui devrait inspirer nos décisions et l’abandon de nombre d’autres notions fondamentales du socialisme scientifique.
Au réformisme de ces statuts modifiés, les marxistes-léninistes opposent un contre-projet que j’ai rédigé.
Enfin, les révisionnistes procèdent au coup de force scissionniste. En violation des règles démocratiques les plus élémentaires, de la lettre même des statuts alors encore en vigueur, ils rejettent a priori la participation au congrès de ceux qui s’opposent aux vues du Bureau Politique.
Et cela aboutit à « l’exclusion » par voie administrative, sans discussions et sans appel, de dizaines de militants et d’organisations entières.
Il ne restait aux marxistes-léninistes qu’une issue : lutter pour la reconstitution d’un parti qui, en théorie et en pratique, s’inspirerait des conceptions du socialisme scientifique. En juin 1963, c’était réalisé à Bruxelles, en décembre à l’échelle nationale 4.
Il faut souligner, pour éliminer toute équivoque, que les marxistes-léninistes avaient agi de leur propre chef, et non à l’instigation du Parti Communiste Chinois. Les marxistes-léninistes n’ont pas à demander l’autorisation à l’étranger, fût-ce à des camarades proches idéologiquement, pour décider ce qu’ils ont à faire, pour savoir quel est leur devoir.
Ce ne sera d’ailleurs qu’en mai-juin 1964 que je me rendrai en Chine, dirigeant une délégation officielle de notre Parti reconstitué 5.
À cet égard, il faut réaffirmer que notre Parti a toujours rejeté l’appellation « tendance Pékin » que nous donnent alors la presse bourgeoise et la radio. Tout en marquant notre solidarité avec la République populaire de Chine, pays socialiste, avec le Parti Communiste Chinois, parti dont les positions fondamentales dans les problèmes internationaux correspondent alors aux nôtres, nous avons toujours protesté contre cette appellation qui tendait à estomper la nature marxiste-léniniste de notre Parti et à le faire passer mensongèrement pour un « porte-parole » d’une puissance étrangère.
Des questions de principe
Il y a lieu de revenir ici sur quelques-unes des positions politiques défendues par les marxistes-léninistes de Belgique, en polémique avec les révisionnistes, du fait que trois ans plus tard, Kang Cheng 6 et d’autres maoïstes proclameront leurs divergences de principe avec nous, notamment sur ces questions.
En tête du contre-projet de statuts que je souhaite voir discuter en 1963 par le Parti, se trouve un préambule qui définit en somme notre programme général, avec la critique fondamentale de l’impérialisme, le but final de l’action historique de la classe ouvrière, les voies et moyens d’y parvenir.
S’y trouve un chapitre relatif au rôle du Parti, dont je reproduis ici quelques extraits :
« Le léninisme enseigne, et l’expérience historique démontre, que la victoire décisive de la classe ouvrière sur la bourgeoisie monopoliste et la construction du socialisme nécessitent l’existence d’un parti marxiste-léniniste, d’un parti communiste, avant-garde militante et combative de la classe ouvrière, organisant les éléments les plus conscients de la classe et du peuple, appliquant la théorie marxiste-léniniste d’une façon créatrice aux conditions concrètes et particulières du pays et du moment.
Ce parti est édifié sur les principes du centralisme démocratique. Il pratique l’internationalisme prolétarien.
(…).Les intérêts du Parti Communiste concordent avec les intérêts du peuple. En étant lié intimement aux masses, le Parti Communiste apporte son appui et sa participation aux luttes quotidiennes et immédiates des masses, ( … ).
Les Partis communistes défendent, mettent en avant et font valoir les intérêts supérieurs de l’ensemble du mouvement ouvrier et des masses laborieuses.
(…).Pour acquérir les connaissances et l’expérience nécessaires, pour éduquer et élever la conscience des masses, le Parti doit constamment partir des masses pour retourner aux masses.
Le Parti Communiste et ses membres doivent pratiquer la critique et l’autocritique pour éliminer leurs défauts et leurs erreurs dons le but de s’éduquer et d’éduquer le peuple.
(…).Les partis marxistes-léninistes du monde entier sont unis par l’idéologie et la lutte communes.
Les partis marxistes-léninistes sont tous indépendants et égaux en droits.
Choque Parti est responsable devant la classe ouvrière, devant les travailleurs de son pays et devant l’ensemble du mouvement communiste et ouvrier international. Il est un élément constitutif et organique du mouvement marxiste-léniniste international. 7«
La douloureuse expérience de l’étouffement de la discussion par les révisionnistes m’a confirmé plus que jamais qu’un parti marxiste-léniniste se doit de donner l’exemple d’un fonctionnement interne démocratique.
C’est ce qui me fait dire dans Marxisme-léninisme ou révisionnisme 8.
« Un parti marxiste-léniniste veille (…) à ce que le contrôle et les opinions ne viennent pas seulement des organismes de direction vers la base, mais aussi DE LA BASE VERS LA DIRECTION.
Il veille à ce que l’élaboration, l’application et la vérification de la ligne du parti soient le fait, non seulement des organes dirigeants, mais de TOUT LE PARTI. Il soumet l’activité et les positions politiques de chacun des dirigeants (…) à l’appréciation DU PARTI, régulièrement consulté, RÉELLEMENT INFORMÉ et pouvant donc se prononcer politiquement en connaissance de cause.
Il veille aussi à ce que l’activité créatrice et la critique de la base SOIENT ENCOURAGÉES et NON BRIMÉES.
LA CONDITION DE L’UNITÉ ET DE LA COHÉSION POLITIQUE DU PARTI DANS ET POUR L’ACTION, EST :
1° que toute son activité, sa politique soient guidées par l’idéologie marxiste-léniniste ;
2° que son fonctionnement soit aussi conforme au marxisme-léninisme et soit notamment basé sur le centralisme démocratique. »
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Comme, en polémique avec les maoïstes, il est question aussi du contenu donné au vocable « dictature du prolétariat », et sans entrer dans le vif de la discussion actuelle en 1975 9, dans des partis communistes occidentaux, il est utile de reproduire la mention qui en est faite dans ce préambule de notre projet de statuts :
« La condition préalable à la construction du socialisme est que la classe ouvrière et ses alliés brisent la machine d’État bourgeoise, que le prolétariat conquière le pouvoir politique dans chaque pays, que la classe ouvrière s’érige en classe dirigeante de la Nation.
C’est l’instauration de la dictature du prolétariat, allié aux autres couches de la population laborieuse, c’est-à-dire de la démocratie la plus complète que n’importe quelle démocratie antérieure, la démocratie pour et par le peuple travailleur, et la répression des tentatives de la contre-révolution intérieure et internationale.
(…).Son aboutissement est la libération complète de la Nation, la disparition de la division de la société en classes, donc de toute domination de classe.
(…).Alors l’État lui-même s’éteindra. 10«
C’est en résumé, la conception que Marx – et Lénine – ont donnée de cette phase transitoire nécessaire pour briser les menées du Capital – de l’intérieur ou de l’extérieur – visant à empêcher la marche vers le progrès socialiste.
Comme on le voit, il est faux d’opposer la dictature du prolétariat aux conceptions démocratiques. En réalité, les communistes se doivent d’être les démocrates les plus conséquents. Si nous parlons de dictature du prolétariat, c’est que nous entendons que la démocratie la plus large, par et pour les travailleurs, classe ouvrière en tête, soit effective, que la volonté populaire de passer à la transformation socialiste de la société ne soit pas mise en échec par les manœuvres de la réaction, qu’elle devienne réalisation.
L’on peut discuter de l’opportunité politique de remplacer le vocable « dictature du prolétariat », qui peut éventuellement être mal compris face aux calomnies des politiciens bourgeois, par un autre tel que « démocratie populaire », marquant par là le critère démocratique des alliances du prolétariat, ou si l’on veut mettre l’accent sur le rôle de la classe révolutionnaire la plus conséquente, « démocratie prolétarienne ».
Ce n’est pas ici non plus le propos de disserter sur les conditions qui doivent permettre à un stade de développement socialiste de considérer que les notions de peuple et de prolétariat s’identifient. Ou encore d’examiner si dans les pays où la classe ouvrière, au sens marxiste du mot, constitue la majorité de la population, ou même seulement lorsque l’option socialiste est adoptée fermement par la majorité des travailleurs – prolétaires ou non -, il y a lieu encore de parler de dictature d’une classe, ou s’il n’est pas plus conforme à de telles situations socio-politiques de souligner que le passage au socialisme est l’expression de la volonté populaire.
Mais que l’on nous concède que les termes marxistes « dictature du prolétariat » constituent une appellation scientifique d’une conception hautement démocratique.
À l’opposé, tant que le grand Capital dispose du pouvoir économique, il exerce en fait une suprématie politique, sa dictature.
À cet égard, les travailleurs peuvent constater que ce sont les politiciens au service du grand Capital qui tendent à réduire jusqu’à souhaiter les annihiler, les libertés démocratiques conquises jusqu’ici.
Et la force sociale fondamentale qui peut s’opposer aux menaces de dictature fasciste, c’est précisément le peuple travailleur.
Ces considérations ne sont pas étrangères à l’objet de ce livre, parce qu’elles montrent que les marxistes-léninistes ont à dénoncer l’abus perpétré par les maoïstes quand ils s’approprient les termes de « dictature du prolétariat » pour appeler ainsi l’absolutisme de leur clan, exercé contre les travailleurs.
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Encore, en polémique avec les révisionnistes, notre Parti reconstitué sur la base du marxisme-léninisme, est aussi amené à préciser sa conception des contradictions principales et de la contradiction essentielle de notre époque, ainsi que le sens de sa lutte pour la paix, contre les agressions impérialistes, pour l’internationalisme prolétarien.
Et si j’en parle assez longuement ici, c’est que par la suite, sur ces questions, apparaîtra une incompatibilité fondamentale entre le maoïsme et nos positions correspondant, elles, à l’intérêt et aux aspirations des peuples.
L’analyse scientifique de la situation mondiale fait apparaître quelles sont les contradictions fondamentales du monde contemporain sur la base desquelles se déroule la lutte des classes à l’échelle internationale. Elles peuvent se classer en quatre catégories :
– contradiction entre le camp socialiste et le camp impérialiste ; contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie ayant comme groupe dirigeant l’oligarchie financière, dans les pays capitalistes ;
– contradiction entre les nations opprimées et les impérialistes dont le chef de file est l’impérialisme américain ;
– contradiction entre pays impérialistes, entre groupes monopolistes.
Et dans la période actuelle, le front uni mondial anti-impérialiste des peuples est l’expression internationale de l’alliance du prolétariat avec les autres classes et couches s’opposant au capital financier, aux impérialistes ayant à leur tête, maintenant, l’impérialisme américain.
C’est l’impérialisme, par nature exploiteur, agressif, et usant de violence en permanence, qui est la cause des guerres – qu’elles soient inter-impérialistes ou dirigées contre des peuples libérés ou en lutte pour leur libération. Les révolutionnaires conséquents condamnent aussi tout acte inconsidéré, aventuriste, provocateur, qui pourrait servir de prétexte aux oppresseurs. Ce n’est pas seulement sur le plan de la guerre ou de la paix que ce problème se rencontre : les travailleurs dans leurs luttes quotidiennes, même au niveau de la revendication économique, savent d’expérience que la provocation est un procédé que l’adversaire capitaliste utilise pour tenter de désorienter, d’isoler, de diviser et enfin de battre les exploités.
Mais ceci dit, il ne faut pas que le danger de diversions servant objectivement l’adversaire impérialiste, fasse perdre de vue le sens même de la lutte des peuples dans la période actuelle.
Quand un peuple est contraint de prendre les armes comme seule possibilité pour se libérer, pour briser la violence des impérialistes et pour répliquer à leur agression, il entreprend une juste lutte.
La capitulation devant la violence et l’agression impérialistes n’est pas la paix, car on ne peut appeler ainsi la perpétuation de l’oppression à l’égard des peuples.
Mais la paix dans le respect de leur dignité, de leur indépendance nationale, de leur autodétermination, de la possibilité pour eux d’opérer les transformations sociales progressistes les libérant de l’oppression et de l’exploitation, est une juste aspiration.
C’est pourquoi, la lutte pour la paix, a dans les métropoles capitalistes le sens précis d’un combat contre les agressions perpétrées par les impérialistes et pour dissuader ceux-ci d’en commettre de nouvelles. C’est pourquoi aussi toute victoire, remportée pacifiquement ou non, par des forces révolutionnaires dans le monde, tout coup porté aux impérialistes et principalement à leur chef de file yankee, est un pas vers la conquête de la paix mondiale. Autrement dit, la lutte pour la paix est liée à l’ensemble de l’action contre la cause ultime des guerres à notre époque : l’impérialisme. Et c’est bien pourquoi les communistes sont des combattants conséquents pour la paix.
D’autre part, les marxistes-léninistes dénoncent comme une calomnie les propos des impérialistes les accusant de vouloir exporter la révolution.
Par contre, ils appellent les peuples du monde entier à s’unir sur la base de la solidarité anti-impérialiste en s’aidant mutuellement dans la mesure de leurs possibilités, en s’opposant en commun aux tentatives, réelles elles, d’exportation de la contre-révolution par l’impérialisme.
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En ce qui concerne le mouvement communiste international, dès le moment où les marxistes-léninistes de Belgique s’affirment en reconstruisant la Fédération bruxelloise du Parti Communiste, ils soulignent qu’un des aspects de leur lutte sur le plan international est la reconstitution de l’unité sur la base du marxisme-léninisme; à l’opposé des révisionnistes qui, eux, pratiquent la scission et manifestent le plus grand sectarisme, un arrogant dogmatisme contre tous ceux qui marquent leur désaccord avec leur politique de collaboration de classes.
C’est pourquoi, même au plus fort de la polémique publique contre le révisionnisme, nous avons toujours réaffirmé la solidarité avec tous les pays socialistes contre les impérialistes ayant les U.S.A. comme chef de file.
Au Congrès extraordinaire de la Fédération bruxelloise en juin 1963, il est dit :
« Pour elle (la Fédération bruxelloise), l’internationalisme prolétarien reste un des fondements essentiels de notre idéologie et de notre action. Pour elle un précepte fondamental de la politique des pays socialistes doit être la solidarité et l’aide mutuelle sur une base d’égalité (…). Nous réaffirmons notre approbation au contenu révolutionnaire de la « Déclaration de 1957 » et de la « Déclaration des 81 Partis communistes et ouvriers » de 1960. 11«
Dans la résolution du Comité fédéral de Bruxelles en date du 15 août 1963, en réponse à la « lettre ouverte » du Parti Communiste d’Union soviétique 12, dans un chapitre intitulé « Gloire à la Grande Révolution socialiste d’octobre ! », il est rappelé différents épisodes particulièrement saillants de la solidarité manifestée par les travailleurs de Belgique, et il est notamment dit que :
« L’existence de l’Union soviétique, puis la formation du camp socialiste mondial sont la principale conquête de la classe ouvrière mondiale (…). La défense résolue de tout le camp socialiste, de tous les pays formant ce camp, la sauvegarde de l’unité marxiste-léniniste du camp socialiste, sont de nos jours la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien pour chaque parti communiste. 13«
Nous n’oublions pas que les peuples d’Union soviétique, en défendant héroïquement leurs conquêtes révolutionnaires – et leur pays -, ont apporté par là-même une aide inestimable à la révolution prolétarienne mondiale. Il ne faut pas oublier les grands sacrifices consentis par les peuples d’Union soviétique au cours de la guerre civile et dans le combat contre les interventionnistes étrangers à la fin et après la première guerre mondiale, ainsi que lors de la grande guerre antifasciste. Et il faut encore parler des efforts titanesques pour amener, grâce à la supériorité du système socialiste, cet immense pays économiquement sous-développé en 1917, à son niveau de développement industriel actuel, et ce en dépit d’un long encerclement capitaliste et malgré les lourdes dépenses d’armements imposées pour faire face aux menaces impérialistes. C’est pourquoi on doit comprendre – et approuver – que les peuples d’Union soviétique soient particulièrement attachés à la défense de la paix.
Je puis dire que cette position de solidarité à l’égard de l’Union soviétique, grand pays socialiste, était aussi la position des marxistes-léninistes chinois. Les positions ouvertement proclamées aujourd’hui par les maoïstes, qui sont à l’opposé de cette position, dévoilent un de leurs points de désaccord fondamental avec la position marxiste-léniniste du Parti Communiste Chinois à l’époque.
Le Parti Communiste Chinois précise ses positions, puis le maoïsme réapparaît
Au fil des mois jusqu’à sa chute en octobre 1964 14, Khrouchtchev me paraît prendre de plus en plus, tant en politique intérieure qu’en politique internationale, des décisions contraires aux intérêts de l’Union Soviétique et du socialisme en général.
Il ne s’agit pas ici d’entrer dans une polémique historique sur l’appréciation de la politique khrouchtchévienne. Je ne crois pas d’ailleurs qu’aujourd’hui il y ait encore des communistes niant que Khrouchtchev ait commis des erreurs. Et si les avis divergent sur la nature et l’importance de celles-ci, ce ne peut être un obstacle pour juger correctement de l’évolution du maoïsme. Car il faut être clair. Mao a certes habilement exploité les erreurs de Khrouchtchev. Mais ceci ne peut en aucun cas constituer une circonstance atténuante pour le maoïsme évoluant de plus en plus vers des positions anticommunistes. En fin de compte, il s’est avéré que « l’antirévisionnisme » de Mao n’était qu’une manœuvre pour camoufler un tout autre projet.
Pour la compréhension de ce livre, et du processus de ma connaissance du maoïsme, il n’est donc pas nécessaire d’approfondir plus la critique de Khrouchtchev.
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Dans ce contexte, le 14 juin 1963, le Comité central du Parti Communiste Chinois publie, sous forme de réponse au Comité central d’Union soviétique, des Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international 15. L’exposé qui y est fait est subdivisé en 25 points et c’est sous cette dernière dénomination qu’il sera couramment désigné au sein du mouvement communiste international.
C’est un appel à l’unité des Partis communistes sur la base des principes révolutionnaires du socialisme scientifique. C’est un grand encouragement pour les marxistes-léninistes du monde entier.
Suivent neuf réponses détaillées sur les diverses questions résumées dans les « 25 points ». Les huit premières contiennent nombre de démonstrations intéressantes.
Elles constituent encore aujourd’hui une preuve de la fermeté des opinions révolutionnaires, marxistes-léninistes, de la majorité du Parti Communiste Chinois à l’époque, en démontrant ainsi combien seront calomniatrices les accusations de « révisionnisme », de « capitulationnisme », portées plus tard par les maoïstes contre les porte-parole de cette majorité, notamment contre Liou Chao-chi 16 et Teng Siao-ping 17.
Dans sa septième réponse (4 février 1964), le Parti Communiste Chinois critique notamment certains actes néfastes des révisionnistes de Belgique.
Il y est encore exprimé en ces termes la solidarité du Parti Communiste Chinois à l’égard de notre action :
« Voyons par exemple la lutte au sein du Parti Communiste de Belgique. Les divergences au sein de ce Parti ne datent pas d’hier.
(…)Face à ces actes de trahison des intérêts de la classe ouvrière belge et du prolétariat international, il est tout naturel que les marxistes-léninistes belges ayant à leur tête le camarade Jacques Grippa aient combattu sérieusement cette clique révisionniste. Ils ont démasqué et critiqué ses erreurs, ils ont résisté et se sont opposés résolument à sa ligne révisionniste.
Il est donc clair que la lutte à l’intérieur du Parti Communiste de Belgique se livre entre la ligne marxiste-léniniste et la ligne révisionniste. 18 »
La 9e réponse du Parti Communiste Chinois est publiée le 14 juillet 1964 sous le titre Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons qu’il donne au monde. 19«
Certains passages de ce texte sont discutables, d’autres laissent perplexe. Ainsi dans le chapitre « Classes antagonistes et lutte de classe en Union soviétique », des exemples de dilapidation de la propriété socialiste, de vols et d’escroqueries – dénoncés par la presse et les autorités soviétiques – et réprimés – sont cités comme preuves de l’existence de classes antagonistes en U.R.S.S. Or, l’existence de tels éléments dégénérés, même s’ils devaient se constituer en gangs, même s’il s’agit d’un phénomène social inquiétant, ne peut en aucun cas amener à la conclusion qu’il y a formation d’une nouvelle classe sociale bourgeoise : des voleurs et des escrocs ne remplissent pas une fonction sociale.
Il faut certes s’inquiéter de savoir si un tel phénomène n’est pas lié à l’existence d’une classe ou d’une couche sociale dominante exploiteuse et oppressive comme c’est le cas en régime capitaliste. Mais alors, le fond de la question est de savoir quelle est la nature de classe de l’État et, en soi, l’existence de voleurs et d’escrocs ne permet pas d’apporter une réponse à cette question. La seule chose qu’on puisse en déduire, c’est la nécessité de maintenir un appareil d’État de dictature – démocratique – du prolétariat, d’en parfaire le fonctionnement en relation avec l’élévation de la vigilance et du niveau de conscience des masses, c’est la nécessité de poursuivre la révolution sur les fronts politique, culturel et idéologique.
Le chapitre de cette réponse, intitulé « Les enseignements historiques de la dictature du prolétariat » ne manque pas de susciter certaines questions. Ainsi il y est dit :
« Les fusils doivent être à jamais entre les moins du Parti et du peuple et on ne peut en aucun cas les laisser devenir l’instrument des arrivistes. 20«
Les fusils n’étaient-ils pas, en Chine, entre les mains du Parti et du peuple lorsque, à tous les échelons, le fonctionnement correct des organisations du parti marxiste-léniniste garantissait le loyalisme de cette armée à l’égard de la République populaire, lorsque les marxistes-léninistes en avaient le commandement, lorsque les milices populaires constituaient une partie importante des forces armées ?
Effectivement, les événements ultérieurs ont appris que Mao a utilisé cette phrase contre les marxistes-léninistes de l’Armée Populaire de Libération de Chine, qualifiés calomnieusement d’ « arrivistes ».
Plus loin il est dit, d’une façon analogue :
« Les organismes de la sécurité publique du peuple doivent être maintenus sous la direction du parti prolétarien et la surveillance des masses populaires. 20«
Il n’en fut certainement plus ainsi au moment de la contre-révolution maoïste avec Kang Cheng et Sie Fou-che 21.
Enfin, abordant le problème des jeunes générations et de l’avenir du parti, il est dit :
« Quelles sont les conditions requises des dignes successeurs de la couse révolutionnaire du prolétariat ?
Ils doivent être d’authentiques marxistes-léninistes et non, comme Khrouchtchev, des révisionnistes se parant du marxisme-léninisme.
(…).Ils doivent être particulièrement vigilants vis-à-vis des arrivistes et des conspirateurs du genre Khrouchtchev et les empêcher d’usurper la direction du parti et de l’État à tous les échelons. (…). Ils ne doivent pas, à l’instar de Khrouchtchev, saper le centralisme démocratique du Parti, se prévaloir d’un pouvoir autocratique, attaquer les camarades par surprise, refuser de comprendre et agir en dictateurs.
Ils doivent être modestes et prudents, se prémunir contre l’arrogance et la présomption, être capables de se soumettre à l’autocritique et avoir le courage de corriger toutes les insuffisances et erreurs dons leur travail. Ils ne doivent en aucun cas celer leurs erreurs, s’attribuer tous les mérites et rejeter toutes les fautes sur autrui, à l’exemple de Khrouchtchev. 22«
Incontestablement, il faut se garder à l’égard de tels personnages. Mais contre qui s’adressait cet appel à la vigilance ?
Je crois que l’on peut dire que dans cette « 9e réponse », apparaît le reflet d’une lutte interne intense au sein du Parti Communiste Chinois, les marxistes-léninistes approfondissant la connaissance de ce qu’il y avait d’inadmissible pour le prolétariat, pour le socialisme scientifique, dans le maoïsme.