Pour le XIIe anniversaire de la révolution d’Octobre

Pravda, n° 259, 7 novembre 1929

Importance décisive, on peut ramener les succès de notre offensive sur ce front, nos réalisations de l’année écoulée, à trois éléments essentiels.

L’année écoulée fut celle d’un grand tournant sur tous tes fronts de construction socialiste. Ce tournant s’est poursuivi et se poursuit encore sous le signe d’une offensive résolue du socialisme contre les éléments capitalistes de la ville et de la campagne. Cette offensive a ceci de caractéristique qu’elle nous a déjà donné une série de succès décisifs dans les principaux domaines de la transformation (reconstruction) socialiste de notre économie nationale.

Il s’ensuit que le Parti a su utiliser efficacement le recul opéré aux premiers stades de la Nep pour, ensuite, à ses stades ultérieurs, organiser le tournant et engager une offensive victorieuse contre les éléments capitalistes.

Lors de l’institution de la Nep, Lénine disait :

« Nous reculons actuellement, nous semblons reculer, mais nous le faisons pour ensuite prendre notre élan et bondir avec plus de force en avant. C’est à cette seule condition que nous avons reculé en appliquant notre nouvelle politique économique… pour, après le recul, commencer une offensive des plus opiniâtres. (« Discours à l’Assemblée plénière du Soviet de Moscou », t. XXVII, pp. 361­-362, éd. Russe.)

Les résultats de l’année écoulée attestent incontestablement que le Parti, dans son travail, applique avec succès cette indication décisive de Lénine. » Si l’on prend les résultats de l’année écoulée dans le domaine de l’édification économique, qui est pour nous d’une ???

I – ­DANS LE DOMAINE DE LA PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL

staline-grand-tournant.jpgOn ne peut guère douter que l’un des faits les plus importants, sinon le plus important de notre œuvre constructive dans l’année qui vient de s’écouler, c’est que nous avons réussi à opérer un tournant décisif dans le domaine de la productivité du travail. Ce tournant s’est traduit par une accentuation de l’initiative créatrice et un puissant élan de travail des masses innombrables de la classe ouvrière sur le front de construction socialiste. Là est notre première et principale réalisation de l’année écoulée.

L’initiative créatrice et l’élan au travail des masses furent stimulés principalement dans trois directions : a) en luttant contre le bureaucratisme qui enchaîne l’initiative et l’activité des masses dans leur travail, — par l’autocritique ; b) en luttant contre les tire-au-flanc et destructeurs de la discipline prolétarienne du travail, — par l’émulation socialiste ; enfin c) en luttant contre la routine et l’inertie dans la production, par l’organisation de la semaine de travail ininterrompue. [Semaine de travail ininterrompue. Les entreprises (les institutions) travaillent tous les jours ; les ouvriers bénéficient d’un jour de repos à tour de rôle, tous les cinq jours. (N. des Trad).]

Comme résultat, nous enregistrons un immense succès sur le front du travail : l’enthousiasme au travail et l’appel mutuel au travail des masses innombrables de la classe ouvrière sur tous les points de notre pays immense.

Or, la portée de ce succès est véritablement inappréciable, car seuls l’élan et l’enthousiasme au travail des masses innombrables peuvent assurer la montée continue de la productivité du travail, sans quoi la victoire définitive du socialisme sur le capitalisme ne saurait se concevoir.

« La productivité du travail, dit Lénine, c’est, en dernière analyse, ce qu’il y a de plus important, d’essentiel pour la victoire du nouvel ordre social. Le capitalisme a créé une productivité du travail inconnue sous le servage. Le capitalisme peut être définitivement vaincu et le sera définitivement, parce que le socialisme crée une productivité du travail nouvelle, beaucoup plus élevée. » (« La grande initiative », t. XXIV, p. 342, éd. Russe.)

Partant de là, Lénine estime que :

« Nous devons nous pénétrer de cet enthousiasme au travail, de cette volonté de travail, de cette opiniâtreté dont dépend désormais le salut le plus prompt des ouvriers et des paysans, le salut de l’économie nationale. » (« Le IIIe anniversaire de la Révolution d’Octobre. Discours à l’Assemblée plénière du Soviet, du Comité du Parti et du Conseil des syndicats de Moscou », t. XXV, p. 477, éd. Russe.)

Telle est tâche que Lénine a posée, devant le Parti.

L’année écoulée a montré que le Parti accomplit cette tâche avec succès, en surmontant résolument les difficultés dressées sur ce chemin.Voilà ce qu’il en est de la première réalisation importante du Parti, pour l’année écoulée.

II -­ DANS LE DOMAINE DE L’ÉDIFICATION INDUSTRIELLE

A cette première réalisation du Parti se rattache étroitement sa deuxième réalisation.

Cette deuxième réalisation du Parti, c’est que nous avons obtenu, au cours de l’année écoulée, une solution favorable, dans l’essentiel, du problème de l’accumulation pour les grands travaux de l’industrie lourde ; que nous avons adopté un rythme accéléré pour le développement de la production des moyens de production, et créé les conditions nécessaires à la transformation de notre pays en un pays métallurgique. Là est notre deuxième réalisation essentielle pour l’année écoulée.

Le problème de l’industrie légère ne présente pas de difficultés particulières. Nous l’avons déjà résolu il y a quelques années. Plus difficile et plus important est le problème de l’industrie lourde. Plus difficile, parce que celle-ci exige d’énormes investissements de capitaux ; de plus, ainsi que le montre l’histoire des pays arriérés sous le rapport industriel, l’industrie lourde ne peut se passer d’énormes emprunts à long terme.

Plus important, parce que sans développer l’industrie lourde, nous ne pouvons construire aucune industrie, nous ne pouvons procéder à aucune industrialisation. Et comme nous n’avions et n’avons ni emprunts à long terme, ni crédits quelque peu prolongés, l’acuité du problème devient pour nous plus qu’évidente.

C’est ce qui guide précisément les capitalistes de tous les pays, lorsqu’ils nous refusent emprunts et crédits ; ils croient que nous ne pourrons venir à bout, par nos propres forces, du problème de l’accumulation, que nous nous enferrerons sur le problème de la reconstruction de l’industrie lourde et serons obligés d’aller les trouver chapeau bas, de nous livrer à leur merci.

Or, que nous disent à ce propos les résultats de l’année écoulée ? L’importance de ces résultats, c’est qu’ils mettent en pièces les calculs de messieurs les capitalistes.

L’année écoulée a montré que, malgré le blocus financier, avoué ou secret, de l’U.R.S.S., nous ne nous sommes pas livrés à la merci des capitalistes, et que nous avons résolu avec succès, par nos propres forces, le problème de l’accumulation, en jetant les fondations de l’industrie lourde.

C’est ce que désormais ne peuvent nier même les ennemis jurés de la classe ouvrière. En effet, si les investissements dans la grande industrie ont été, l’an dernier, supérieurs à 1.600 millions de roubles, dont 1.300 millions environ sont allés à l’industrie lourde, et que les investissements dans la grande industrie, cette année, sont supérieurs à 3.400 millions de roubles, dont plus de 2.500 millions iront à l’industrie lourde ; si la production globale de la grande industrie accusait l’an dernier une augmentation de 23 %, — la part d’accroissement de l’industrie lourde étant de 30 %, — tandis que la production globale de la grande industrie doit fournir, cette année, un accroissement de 32 %, la part d’accroissement de l’industrie lourde devant être de 46 %, — n’est-­il pas clair que le problème de l’accumulation pour la construction de l’industrie lourde ne présente pas pour nous de difficultés insurmontables ?

Comment peut-­on douter que nous avançons à une allure accélérée, dans la voie du développement de notre industrie lourde, que nous dépassons les anciens rythmes et laissons derrière nous notre retard « séculaire » ?

Peut-on s’étonner après tout ce qui vient d’être dit, que les prévisions du plan quinquennal aient été dépassées dans l’année écoulée, et que la variante optima du plan quinquennal, que les écrivassiers bourgeois tiennent pour «chose fantastique, inaccessible» et dont s’épouvantent nos opportunistes de droite (groupe Boukharine), soit devenue en fait la variante minima du plan quinquennal ?

« Le salut pour la Russie, dit Lénine, n’est pas seulement dans une bonne récolte de l’économie paysanne — cela ne suffit pas encore — et pas seulement dans le bon état de l’industrie légère qui fournit aux paysans les articles de consommation – cela non plus ne suffit pas encore, — il nous faut également une industrie lourde…

Si nous ne sauvons pas l’industrie lourde, si nous ne la rétablissons pas, nous ne pourrons construire aucune industrie et, à défaut de celle-ci, c’en sera fait de nous, en général, comme pays indépendant…

L’industrie lourde a besoin de subventions de l’État. Si nous ne les trouvons pas, c’en est fait de nous comme Etat civilisé, je ne dis même pas socialiste. » (« Cinq années de révolution russe et les perspectives de la révolution mondiale ». Rapport présenté au IVe congrès de l’I.C., t. XXVII, p. 349, éd. Russe.)

C’est en ces termes catégoriques que Lénine formule le problème de l’accumulation et la tâche du Parti, quant à la construction de l’industrie lourde.

L’année écoulée a montré que le Parti s’acquitte avec succès de cette tâche en surmontant résolument les difficultés de toute sorte dressées sur ce chemin.

Cela ne signifie évidemment pas que l’industrie ne rencontrera plus de sérieuses difficultés.

La construction de l’industrie lourde ne se heurte pas seulement au problème de l’accumulation. Elle se heurte encore au problème des cadres, au problème consistant :

a) à associer à la construction socialiste, des dizaines de milliers de techniciens et spécialistes attachés au régime soviétique et

b) à former de nouveaux techniciens et spécialistes rouges choisis au sein de la classe ouvrière.

Si on peut considérer le problème de l’accumulation comme résolu pour l’essentiel, par contre le problème des cadres attend encore d’être résolu.

Or maintenant que s’effectue la reconstruction technique de l’industrie, le problème des cadres est le problème décisif de la construction socialiste.

« Ce qui nous manque surtout, dit Lénine, c’est la culture, c’est l’art de diriger… Économiquement et politiquement, la Nep nous assure pleinement la possibilité de bâtir les fondements de l’économie socialiste. Il s’agit « seulement » de créer les forces cultivées du prolétariat et de son avant-garde. » (« Lettre au camarade Molotov sur le plan du rapport politique au XIe congrès du Parti », t. XXVII, p. 207.)

Évidemment, il s’agit ici, avant tout, des « forces cultivées », des cadres pour la construction économique en général, pour la construction et la direction de l’industrie en particulier.

Il s’ensuit donc que, malgré les réalisations éminemment sérieuses en matière d’accumulation, et qui ont une importance essentielle pour l’industrie lourde, on ne peut considérer le problème de la construction de l’industrie lourde comme entièrement résolu, tant que ne sera pas résolu le problème des cadres.

D’où la tâche du Parti : serrer de près le problème des cadres et emporter cette forteresse coûte que coûte.

Voilà ce qu’il en est de la deuxième réalisation du Parti, pour l’année écoulée.

III -­ DANS LE DOMAINE DE L’ÉDIFICATION AGRICOLE

Enfin, la troisième réalisation du Parti dans l’année écoulée, réalisation organiquement liée aux deux premières.

Je veux parler du tournant radical opéré dans le développement de notre agriculture,allant de la petite économie individuelle arriérée à la grosse agriculture collective avancée, au travail de la terre en commun, aux stations de machines et de tracteurs, aux artels et kolkhoz basés sur la technique moderne, enfin aux sovkhoz géants pourvus de centaines de tracteurs et de moissonneuses-batteuses.

La réalisation du Parti, ici, c’est que dans nombre de régions, nous avons réussi à détourner les masses paysannes fondamentales de l’ancienne voie capitaliste de développement, — qui ne profite qu’à une poignée de richards-capitalistes, tandis que l’énorme majorité des paysans est réduite à végéter dans le dénuement, — vers la voie nouvelle, la voie socialiste de développement, qui évince les richards-capitalistes et ré-outille d’une façon nouvelle les paysans moyens et pauvres, les pourvoit de nouveaux instruments, les pourvoit de tracteurs et de machines agricoles, afin de leur permettre de se tirer de la misère et de l’asservissement au koulak, et de s’engager sur la large voie du travail par association, du travail collectif de la terre.

La réalisation du Parti, c’est que nous avons réussi à organiser ce tournant radical au sein même de la paysannerie et à entraîner derrière nous les grandes masses de paysans pauvres et moyens, en dépit de difficultés incroyables, en dépit de la résistance désespérée des forces occultes de toute sorte, depuis les koulaks et les popes jusqu’aux philistins et aux opportunistes de droite.

Voici quelques chiffres. En 1928, la surface ensemencée des sovkhoz était de 1.425.000 hectares, avec une production marchande de plus de 6 millions de quintaux de céréales ; la surface ensemencée des kolkhoz atteignait 1.390.000 hectares avec une production marchande d’environ 3 millions et demi de quintaux de céréales.

En 1929, la surface ensemencée des sovkhoz était de 1.816.000 hectares avec une production marchande de près de 8 millions de quintaux de céréales, tandis que la surface ensemencée des kolkhoz était de 4. 262.000 hectares avec une production marchande s’élevant à près de 13 millions de quintaux de céréales.

Dans l’année 1930 qui vient, la surface ensemencée des sovkhoz doit atteindre, selon les prévisions du plan, 3.280.000 hectares, avec une production marchande de 18 millions de quintaux de céréales, tandis que la surface ensemencée des kolkhoz doit atteindre 15 millions d’hectares avec une production marchande de 49 millions de quintaux environ.

Autrement dit, dans l’année 1930 qui vient, la production marchande des céréales dans les sovkhoz et les kolkhoz doit s’élever à plus de 65 millions de quintaux, c’est-à-dire au-delà de 50 % de la production marchande de céréales de toute l’économie rurale (sans compter la consommation sur place).

Il faut reconnaître que des rythmes de développement aussi impétueux sont inconnus même de notre grande industrie socialisée, dont les rythmes de développement se distinguent en général par leur grande envergure.

N’est-il pas clair que notre grande agriculture socialiste (kolkhoz et sovkhoz), qui est jeune, a devant elle un bel avenir, qu’elle fera des miracles de croissance ?

Ce succès sans précédent de la construction des kolkhoz s’explique par toute une série de raisons, dont il conviendrait de signaler au moins les suivantes.

Il s’explique d’abord par ceci que le Parti a réalisé la politique léniniste d’éducation des masses, en conduisant de façon conséquente les masses paysannes vers les kolkhoz par l’établissement de sociétés coopératives.

Il s’explique par ceci que le Parti a mené avec succès la lutte contre ceux qui cherchaient à devancer le mouvement et à forcer à coups de décrets le développement des kolkhoz (les phraseurs «de gauche»), de même que contre ceux qui essayaient de tirer le Parti en arrière et de rester à la queue du mouvement (les brouille-tout de droite). Sans une telle politique, le Parti n’aurait pu transformer le mouvement de collectivisation en un véritable mouvement de masse des paysans eux-mêmes.

« Lorsque le prolétariat de Pétrograd et les soldats de la garnison de Pétrograd ont pris le pouvoir, dit Lénine, ils savaient parfaitement que l’édification à la campagne rencontrerait de grandes difficultés ; qu’il fallait avancer ici plus graduellement ; que c’eût été la plus grande bêtise de vouloir ici essayer d’introduire à coups de décrets et de lois le travail collectif de la terre ; que seule une quantité infime de paysans conscients pouvaient y consentir, mais que l’immense majorité des paysans ne posaient point ce problème.

Et c’est pourquoi nous nous sommes bornés à ce qui était absolument nécessaire au développement de la révolution : ne devancer en aucun cas le développement des masses, mais attendre que de la propre expérience de ces masses, de leur propre lutte, naisse un mouvement en avant. » (« Discours sur l’anniversaire de la Révolution au VIe congrès extraordinaire des Soviets de la R.S.F.S.R. », t. XXIII, p. 252, éd. Russe.)

Si le Parti a remporté une très grande victoire sur le front de la construction des kolkhoz, c’est parce qu’il a appliqué exactement cette indication tactique de Lénine.

Ce succès sans précédent dans la construction de l’agriculture s’explique, en second lieu, par le fait que le pouvoir des Soviets a su tenir compte du besoin grandissant de la paysannerie en nouveau matériel agricole, en nouveaux moyens techniques ; il a su tenir compte, de façon juste, de la situation sans issue où se trouvait la paysannerie avec ses vieilles formes du travail de la terre et, tenant compte de tout cela, il a organisé à temps une aide pour elle sous forme de postes de location, de colonnes de tracteurs, de stations de machines et de tracteurs ; sous forme d’organisation du travail de la terre en commun, par l’établissement des kolkhoz, enfin sous la forme d’une aide multiple de sovkhoz à l’économie paysanne.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un pouvoir est apparu, le pouvoir des Soviets, qui, pratiquement, a montré sa volonté et sa capacité de prêter aux masses travailleuses de la paysannerie une aide systématique et durable en matière de production.

N’est-il pas clair que les masses travailleuses de la paysannerie, qui souffrent depuis toujours de la pénurie de matériel agricole, ne pouvaient manquer de se saisir de cette aide, et de s’engager dans la voie du mouvement de collectivisation agricole ?

Et peut-on s’étonner que, désormais, le vieux mot d’ordre des ouvriers : «Face à la campagne» soit complété par le nouveau mot d’ordre des paysans-kolkhoziens : «Face à la ville» ? Ce succès sans précédent de la construction des kolkhoz s’explique, enfin, par ceci que les ouvriers avancés de notre pays ont pris l’affaire en main.

Je veux parler des brigades ouvrières disséminées par dizaines et par centaines dans les principales régions de notre pays. Il faut reconnaître que de tous les propagandistes existants et possibles du mouvement de collectivisation agricole parmi les masses paysannes, les propagandistes ouvriers sont les meilleurs.

Qu’y a-t-il donc d’étonnant si les ouvriers ont réussi à convaincre les paysans de l’avantage que la grosse économie collective a sur la petite économie individuelle, d’autant plus que les kolkhoz et les sovkhoz existants sont une preuve évidente de cet avantage ?

Voilà sur quel terrain ont été remportés nos succès dans l’œuvre de construction des kolkhoz, succès qui, à mon sens, sont les plus importants et les plus décisifs de ces dernières années.Les objections de la «science» contre la possibilité et l’utilité d’organiser de grandes fabriques de céréales, de 50 et 100.000 hectares, se sont effondrées, disséminées en poussière.

La pratique a réfuté les objections de la «science» ; elle a montré une fois de plus qu’elle ne doit pas seule faire son profit de la «science», mais que la «science» aussi ne ferait pas mal de profiter des enseignements de la pratique.

Dans les pays capitalistes les fabriques géantes de céréales ne s’acclimatent pas. Mais notre pays n’est pas un pays capitaliste. Il ne faut pas oublier cette «petite» différence.

Là-bas, chez les capitalistes, il est impossible d’organiser une grande fabrique de céréales sans acheter quantité de terrains ou sans payer une rente foncière absolue, ce qui grève forcément de frais énormes la production, puisque là-bas existe la propriété privée de la terre.

Chez nous, au contraire, il n’existe ni rente foncière absolue, ni achat et vente de terrains, ce qui crée forcément des conditions favorables au développement des grandes exploitations de céréales, puisque chez nous la propriété privée de la terre n’existe pas.

Là-bas, chez les capitalistes, les grandes exploitations de céréales ont pour objet de réaliser le maximum de profit ou, tout au moins, de réaliser des profits correspondant à ce qu’on appelle le taux moyen du profit, faute de quoi le capital n’a pas intérêt en général à se mêler d’organiser des exploitations de céréales.

Chez nous, au contraire, les grandes exploitations de céréales, qui sont en même temps des exploitations d’État, n’ont besoin pour se développer ni d’un maximum de profit, ni du taux moyen du profit, elles peuvent se contenter d’un profit minimum et, parfois, se passer même de tout profit ; les conditions restent cependant favorables au développement des grandes exploitations de céréales.

Enfin, en régime capitaliste, il n’existe, pour les grandes exploitations de céréales, ni facilités de crédit ni dégrèvements spéciaux, alors qu’en régime soviétique, qui vise ai soutien du secteur socialiste, ces facilités existent et continueront d’exister. Tout cela la vénérable « science » l’a oublié.

Les affirmations des opportunistes de droite (groupe Boukharine) se sont effondrées et disséminées en poussière, affirmations qui prétendaient :

a) que les paysans n’iraient pas au kolkhoz ;

b) que le rythme accéléré du développement des kolkhoz ne pouvait que provoquer un mécontentement de masse et la désunion entre la paysannerie et la classe ouvrière ;

c) que ce ne sont pas les kolkhoz, mais la coopération qui représente la « grand’route » du développement socialiste à la campagne ;

d) que le développement des kolkhoz et l’offensive contre les éléments capitalistes de la campagne pouvaient laisser le pays sans pain.

Tout cela s’est effondré et disséminé en poussière, comme un vieux fatras de libéralisme bourgeois.

Premièrement, les paysans ont pris le chemin des kolkhoz, ils l’ont pris par villages, par cantons, par rayons entiers.

Deuxièmement, le mouvement kolkhozien de masse, loin d’affaiblir, fortifie l’alliance de la ville et des campagnes en lui assignant une nouvelle base, une base de production.

Même les aveugles voient maintenant que si un mécontentement quelque peu sérieux se manifeste dans les masses paysannes fondamentales, il ne concerne pas la politique de collectivisation pratiquée par le pouvoir des Soviets, mais le fait que ce dernier (quant à l’approvisionnement des paysans en machines et tracteurs), a du mal à suivre le progrès du mouvement kolkhozien.

Troisièmement, la discussion relative à la «grand’route» du développement socialiste des campagnes est une discussion scolastique, digne des jeunes libéraux petits-bourgeois du type Eichenwald et Slepkov. Il est clair que tant qu’il n’y avait pas de mouvement kolkhozien de masse, la «grand’route» était représentée par les formes inférieures de la coopération, par la coopération d’achat et de vente.

Mais lorsque sur la scène apparut la forme supérieure de la coopération, la forme kolkhozienne, elle devint la «grand’route» du développement. Pour parler sans guillemets, la grand’route du développement socialiste des campagnes, c’est le plan coopératif de Lénine, plan qui englobe toutes les formes de la coopération agricole, depuis les formes inférieures (achat et vente) jusqu’aux formes supérieures (de production kolkhozienne).

Opposer les kolkhoz à la coopération, c’est se moquer du léninisme et avouer sa propre ignorance.

Quatrièmement, même les aveugles voient maintenant que sans une offensive contre les éléments capitalistes de la campagne, et sans le développement du mouvement des kolkhoz et des sovkhoz, nous n’aurions aujourd’hui ni les succès décisifs que nous avons remportés au cours de cette année dans les stockages de blé, ni les dizaines de millions de quintaux de blé — réserves intangibles — accumulés déjà entre les mains de l’État.

Bien plus, on peut affirmer que grâce à la croissance du mouvement des kolkhoz et des sovkhoz, nous sortons définitivement, ou même nous sommes déjà sortis, de la crise du blé.

Et si le développement des kolkhoz et des sovkhoz se poursuit à une allure accélérée, il n’y a aucune raison de douter que notre pays deviendra, dans quelque trois ans, un des plus grands, sinon le plus grand producteur de blé du monde.

Qu’y a-t-il de nouveau dans l’actuel mouvement des kolkhoz ? Ce qu’il y a de nouveau et de décisif dans le mouvement actuel des kolkhoz, c’est que les paysans y entrent non par groupes isolés,comme cela se faisait auparavant, mais par villages, par cantons, par rayons, voire par arrondissements entiers.

Qu’est-ce à dire ? C’est que le paysan moyen a pris le chemin des kolkhoz. Là est la base du tournant radical qui s’est opéré dans le développement de l’agriculture et qui constitue une réalisation capitale entre toutes du pouvoir des Soviets, pour l’année écoulée.

On voit s’effondrer et se briser en éclats la «conception» menchévique du trotskisme, selon laquelle la classe ouvrière est incapable d’entraîner derrière elle les masses paysannes fondamentales dans le domaine de la construction socialiste. Même les aveugles voient maintenant que le paysan moyen s’est tourné vers les kolkhoz.

Maintenant il est clair pour tous que le plan quinquennal de l’industrie et de l’agriculture est celui de la construction de la société socialiste, que les gens qui ne croient pas à la possibilité de construire intégralement le socialisme dans notre pays, n’ont pas le droit de saluer notre plan quinquennal.

On voit s’écrouler et se réduire en poussière l’espoir ultime des capitalistes de tous les pays, qui rêvent de restaurer en U.R.S.S. le capitalisme, le «principe sacré de la propriété privée. » Les paysans qu’ils considèrent comme un engrais destiné à préparer le terrain pour le capitalisme, abandonnent en masse le drapeau tant vanté de la «propriété privée» et s’engagent dans la voie du collectivisme, dans la voie du socialisme. Il croule, l’espoir ultime de voir restaurer le capitalisme.

C’est ce qui explique, entre autres, les tentatives désespérées des éléments capitalistes de notre pays pour dresser contre le socialisme en marche toutes les forces du vieux monde, tentatives aboutissant à aggraver la lutte de classes. Le capital ne veut pas s’ «intégrer» dans le socialisme.

C’est aussi ce qui explique les hurlements de fureur que poussent ces derniers temps contre le bolchévisme, les chiens de garde du Capital, tous ces Strouvé et Hessen, ces Milioukov et Kérenski, ces Dan et Abramovitch. Pensez donc ! L’espoir suprême de restaurer le capitalisme disparaît.

Que peuvent encore attester cette rage furieuse des ennemis de classe et ces hurlements frénétiques des laquais du Capital, si ce n’est que le Parti a remporté effectivement une victoire décisive sur le front le plus difficile de la construction socialiste ?

« C’est seulement dans le cas où nous réussirons à montrer en fait aux paysans les avantages de la culture en commun, collective, par associations, par artels ; c’est seulement si nous réussissons, à aider le paysan à s’organiser en associations, en artels, que la classe ouvrière, tenant en mains le pouvoir d’État, prouvera réellement au paysan qu’elle a raison, attirera réellement à ses côtés, de façon durable et effective, la masse innombrable des paysans.» (« Discours au congrès des communes et artels agricoles », t. XXIV, p. 579, éd. Russe.)

C’est ainsi que Lénine pose la question des moyens à employer pour gagner les millions de paysans à la classe ouvrière, pour faire passer la paysannerie sur la voie de la construction des kolkhoz. L’année écoulée a montré que le Parti s’acquitte de cette tâche avec succès, en surmontant résolument les difficultés de toute sorte, dressées sur ce chemin.

« La paysannerie moyenne dans la société communiste, dit Lénine, ne se rangera à nos côtés que lorsque nous aurons allégé et amélioré les conditions économiques de son existence. Si demain nous pouvions fournir 100.000 tracteurs de premier ordre, les pourvoir en essence, les pourvoir en mécaniciens (vous savez fort bien que pour l’instant c’est de la fantaisie), le paysan moyen dirait : « Je suis pour la commune » (c’est-à-dire pour le communisme).

Mais pour ce faire, il faut d’abord vaincre la bourgeoisie internationale, il faut l’obliger à nous fournir ces tracteurs, ou bien il faut élever notre productivité du travail de telle sorte que nous puissions les fournir nous-mêmes. C’est ainsi seulement que cette question sera bien posée. » (« Rapport sur le travail à la campagne au VIIIe congrès du P. C. (b) R. », t. XXIV, p. 170, éd. Russe.)

C’est ainsi que Lénine pose la question des voies à suivre pour ré-outiller techniquement le paysan moyen, la question des voies à suivre pour le gagner au communisme.

L’année écoulée a montré que le Parti s’acquitte également avec succès de cette tâche. On sait qu’au printemps de l’année 1930 qui vient, nous aurons sur nos champs plus de 60.000 tracteurs ; l’année d’après, plus de 100.000 tracteurs, et au bout de deux années encore, plus de 250.000 tracteurs. Ce que l’on tenait pour une « fantaisie » il y a quelques années, nous avons aujourd’hui toute possibilité d’en faire une réalité.

Telle est la raison pour laquelle le paysan moyen s’est tourné vers la «commune». Voilà ce qu’il en est de la troisième réalisation du Parti. Telles sont les principales réalisations du Parti, pour l’année écoulée.

CONCLUSION

Nous marchons à toute vapeur dans la voie de l’industrialisation, vers le socialisme, laissant derrière nous notre retard «russe» séculaire. Nous devenons le pays du métal, le pays de l’automobile, le pays du tracteur.

Et quand nous aurons installé l’U.R.S.S. sur l’automobile, et le moujik sur le tracteur, qu’ils essayent de nous rattraper, les honorables capitalistes qui se targuent de leur « civilisation ». Nous verrons alors quels pays on pourra « qualifier » d’arriérés, et lesquels d’avancés.


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